This exhibition at the Fondation Louis Vuitton highlights the work of French artist Simon Hantaï (1922-2008). It includes over 130 of his works spanning 1957-2000, many being shown for the first time. The exhibition focuses on key periods in Hantaï's practice, from his gestural paintings to his pioneering folded canvas technique. Influences from artists like Matisse and Pollock are also explored. The exhibition provides crucial context on Hantaï's experimental practice and his questioning of the conventions of painting.
4. Simon HantaÏ
Le XXe siècle aura été celui de la remise en
question totale de l'art. Marcel Duchamp
proclama très tôt et à contre-courant, qu'il ne
voulait pas produire un « art rétinien » autrement
dit, un art fait pour séduire l'oeil. A sa façon,
l'artiste français d'origine Hongroise Simon
Hantaï (1922-2008) suivit ce précepte
choisissant de peindre à l'aveugle, avec ses
mains plutôt que ses yeux.
En 1960, Simon Hantai commence à appliquer le
geste osé du pliage comme méthode générale
de sa création.
Hantaï, artiste ascétique, se complet dans une
attitude répétitive qui tient de l'artisanat. Il
n'abandonne pas le principe de la peinture sur la
toile, il en fait la matière première de ses
transformations.
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6. Biographie
Simon Hantaï, né en1922 en Hongrie et
mort en 2008 à Paris, est un peintre français
d'origine hongroise.
Son œuvre étonne par les multiples chemins
artistiques du xxe siècle parcourus (peinture
surréaliste, gestuelle, all-over, d'écriture, par
pliage…).
Hantaï fascine par les sommets de ses
différentes périodes, des peintures
résolument singulières, inédites dans
l'histoire de la peinture occidentale .
Il interroge aussi par le silence, la réserve où
il s'est tenu : en 1982, Hantaï, au faîte de la
reconnaissance, se retire de la scène
artistique pendant de longues années.
7. La période hongroise(1922-
1848)
Simon Hantaï est le deuxième de trois enfants d'une
famille d'origine souabe, de confession catholique et
de langue allemande.
Il n'apprend le hongrois qu'à l'école. Il change de
patronyme en 1938, son père ayant préféré utiliser le
patronyme Hantaï, à consonance plus hongroise, en
réaction à la politique allemande.
Destiné à des études d'ingénieur, Hantaï s'inscrit
contre toute attente à l'École des beaux-arts de
Budapest. La guerre est pour lui l'occasion de prises
de position politiques (soutien des Russes contre les
Allemands) et artistiques : il est arrêté par les Croix
fléchées, pour une harangue antiallemande tenue à
l'École des beaux-arts et réussit à s'échapper.
Ses œuvres hongroises sont figuratives, porteuses
d’influences diverses, principalement celles d'Henri
Matisse et des peintres nabis. L'accent n'est guère
mis sur les personnages, de peu de volume, mais
davantage sur les fonds travaillés.
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9. Les débuts parisiens (1848-1951)
En 1948, avec son épouse Zsuzsa Biro, jeune peintre
rencontrée aux Beaux-Arts de Budapest, il projette de
séjourner à Paris, grâce à une bourse promise dans leur
pays. Dans l'attente d'un visa français qui tarde à leur
parvenir, le couple décide de partir pour Rome et
parcourt l’Italie, où Hantaï découvre « Piero della
Francesca, Masaccio, la Madonna bleu-
noir de Giotto aux Offices ». Rejoignant Paris à
l'automne, ils apprennent que leur bourse leur est
finalement refusée et qu’ils doivent rentrer en Hongrie.
Ils prennent la décision de rester en France.
Installés d'abord dans une chambre d'hôtel, ils
aménagent finalement , dans le 17e arrondissement;
une plaque commémorative lui rend depuis hommage.
Hantaï découvre le Louvre, le musée de l'Homme et fait
de très nombreuses découvertes : notamment les
papiers découpés de Matisse exposés pour la première
fois en 1949, Max Ernst, Wols, Jean
Dubuffet, Picasso, André Masson, etc. Hantaï – selon
ses propres dires – expérimente alors en tous sens, sur
tout type de support, différentes techniques : « collage,
frottage, grattage à l’aide de lames de rasoir, coulures et
même pliage » .
En 1950, à la suite de sa rencontre avec la peintre Joan
Mitchell, il est invité à participer à une exposition
collective à la galerie Huit, au milieu de peintres
américains.
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11. La période surréaliste (1952-1955)
En 1952 Hantaï dépose un petit tableau-objet non
signé devant la porte d’André Breton. Il lui propose sa
première exposition personnelle, qui aura lieu en
1953. Cependant, adoptant une attitude critique
envers le groupe.
L'œuvre de Marcel Duchamp La Mariée mise à nu
par ses célibataires, même est citée comme la voie à
suivre. Devant l'absence de réactions et en raison de
profonds désaccords sur les objectifs de toute
peinture, Hantaï s'éloigne alors peu à peu du groupe.
Il pense alors que la seule voie possible passe par la
dissolution du groupe surréaliste et veut en
convaincre Breton.
La dernière exposition de Hantaï sous l'étiquette
surréaliste est Alice in Wonderland (1955) . Elle
associe peintres surréalistes et peintres d'autres
tendances et met particulièrement en avant les
œuvres de Hantaï en tant que pont entre l'art
surréaliste et les tendances les plus modernes
(peinture abstraite, gestuelle, tachisme…). En mars
1955, Hantaï annonce à Breton par lettre sa décision
de quitter le groupe .Hantaï entame une série
d’actions plus ou moins provocantes destinées, selon
lui, à marquer de manière définitive sa rupture avec
le groupe : « Il me fallait cette situation impossible, la
fuite en avant, indéfendable, compromettante,
irrémédiable, outrance obscène, chiffon rouge agité
devant les yeux des surréalistes et des autres, après
l'ennui et l'effort naïve et inutile pour changer la vie
du groupe » (HantaÏ)
13. La période gestuelle (1955-1957)
Depuis quelque temps, Hantaï peaufine une nouvelle
méthode de peindre : il peint d'abord l'ensemble de la
surface avec des couleurs vives, puis la recouvre d'une
couche grasse foncée allant du brun au noir, qu'il va ensuite
travailler dans le frais, la raclant en de grands gestes amples
à l'aide de divers ustensiles (rasoir, pièce détachée d'un
réveille-matin…), raclures qui prennent la couleur de la
couche colorée. Le résultat est tout à la fois un « all-over » à
la Pollock, une peinture négative et une peinture gestuelle
puissante.
L'influence de Pollock et Mathieu se manifeste pleinement
lors de sa deuxième exposition particulière Sexe-Prime.
Hommage à Jean-Pierre Brisset et autres peintures de Simon
Hantaï à la Galerie Kléber, chez Jean Fournier, début d'une
collaboration qui ne s'achève qu'à la mort de ce dernier en
2006.
Hantaï, qui participe en réalité très peu au projet - se
brouillant rapidement et définitivement avec Mathieu, veut
poser la question de la religion - l'«ultime tabou» surréaliste
selon lui.
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15. La période scripturale. Écriture rose
(1958-1959)
Cette période, de complète remise en cause constituée
d’une vingtaine de toiles, bon nombre ayant été
détruites – s’articule autour de deux œuvres majeures
Peinture 1958-59 dite Écriture Rose et A Galla
Placidia.
L’Écriture Rose a été réalisée pendant 365 jours (une
année liturgique entière) : chaque matin Hantaï
recopiait les textes quotidiens du missel en y ajoutant
un ensemble de textes de philosophes et de mystiques
principalement. L’œuvre a été réalisée à l’encre de
Chine de différentes couleurs (rouge, vert, violet, noir)
– selon le temps liturgique mais elle paraît rose. Cette
couleur rose est en quelque sorte une couleur
épiphanique, non utilisée par le peintre.
Si le matin était consacré à l’Écriture rose, l’après-midi
l’était à A Galla Placidia. Œuvre d’une finesse extrême
constituée d’une infinie multitude de petits traits de
différentes couleurs, elle offre un « velours » unique, où
jouent des nuances subtiles d’ombres et de lumières.
Le nom de l’œuvre renvoie aux jeux de couleurs
propres aux mosaïques du mausolée de Galla Placidia,
à Ravenne. « C'est ma peinture, je l'ai beaucoup
regardée. Elle m'échappe et m'impressionne ».
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17. Le pliage comme méthode (1959-1982)
Bien qu’utilisé dans plusieurs
œuvres antérieures comme un
procédé parmi d’autres, le
pliage va être systématisé par
Hantaï à partir de 1960 : la toile
pliée, froissée, est peinte, puis
dépliée. La couleur, qui s'est
déposée de façon discontinue,
apparaît en éclats répartis à
travers l'espace de la toile et fait
jouer sur le même plan les
réserves.
À partir de 1960, il décline ses
abstractions par séries, tantôt
très blanches, tantôt plus
colorées, brutes ou fines,
flottantes ou géométriques qu'il
poursuit jusqu'en 1974.
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20. Le retrait (1982-2008)
Pendant quinze ans, le retrait de Hantaï est complet : il refuse toute proposition d'exposition,
ne s'exprime plus publiquement. Les expositions réalisées pendant cette période (jusqu’en 1997)
le seront en dépit de sa volonté et sans sa participation.
Les interlocuteurs de Hantaï sont alors des philosophes (parmi lesquels Hélène Cixous, Gilles
Deleuze, Jacques Derrida, Georges Didi-Huberman, Jean-Luc Nancy…) avec lesquels il
échange et participe à la rédaction d’ouvrages. Puis Hantaï entreprend un travail réflexif,
principalement sur ses œuvres de grands formats des années 1981-82 : il enterre certaines de
ses œuvres dans son jardin , en détruit d'autres, ou encore les découpe .
Dans cette ultime série, Hantaï semble parachever son propre retrait de peintre dans ses
œuvres mêmes.
Enfin, l’ultime exposition de grande ampleur réalisée du vivant de Hantaï a lieu du 8 mai au 8
août 1999 dans un musée qu’il a choisi après sa rencontre avec son conservateur, Erich Franz.
C’est au Westfäliches Landesmuseum für Kunst und Kulturgeschichte de Münster qu’est
organisée cette rétrospective importante de ses œuvres (de 1960 à 1995 ).
En 2005, la galerie Jean Fournier confronte les œuvres de Hantaï et Rouan. La participation de
Hantaï consiste en deux œuvres de 1964 et surtout en des petits « Suaire » dénommés Hebel
(2004), Hbl ou Hobol.
Simon Hantaï s'éteint à Paris le 12 septembre 2008 à 85 ans.
28. Simon Hantaï
A l’occasion du
centenaire de la
naissance de l’artiste
(1922-2008), la
Fondation présente une
exposition rétrospective
inédite, organisée en
collaboration avec la
famille Hantaï,
rassemblant plus de 130
œuvres de l’artiste dont
beaucoup jamais
exposées, pour la plupart
de grands formats et
centrée sur les années
1957-2000.
Simultanément, la
Fondation présentera
l'exposition "La Couleur
en fugue", où les
couleurs et supports
s’inventent une liberté
nouvelle en envahissant
l’espace de la Fondation.
29. L’exposition prend comme point
de départ de son parcours
didactique la peinture Écriture
rose (1958 – 1959, donation de
l’artiste à l’État. Musée national
d’art moderne / CNACGP) et
couvre les grandes périodes
successives de son œuvre
depuis les Peintures à signes,
Monochromes, Mariales,
Catamurons, Panses, Meuns,
Études, Blancs, Tabulas,
Peintures polychromes,
Sérigraphies et Laissées pour
se conclure sur le « dernier
atelier ».
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31. Les influences
Les influences artistiques décisives au développement de Hantaï sont mises en valeur à
travers la présentation d’œuvres de Henri Matisse et de Jackson Pollock. Enfin, les
relations d’amitié et de travail nouées au début des années 1960 entre Simon Hantaï et
les jeunes artistes de son entourage à la Cité des Fleurs, Michel Parmentier et Daniel
Buren sont évoquées dans l’exposition par des confrontations. Une intervention in situ
inédite de Daniel Buren, intitulée Mur(s) pour Simon, travaux in situ et en six mouvements
et conçue comme un hommage à Hantaï, est présentée dans le parcours de l’exposition.
Henri Matisse Jackson Pollock