Wie is Albert Frère: man van staal, 'uitverkoper van België' of 'pleger van de hold-up van de eeuw op de Belgische schatkist'?
Qui est vraiment Albert Frère: "homme d'acier", "liquidateur de la Belgique" ou "auteur du hold-up du siècle sur le trésor belge" ?
2. Pas mal pour quelqu'un qui est décrit comme 'a self-made billionaire who has invested his money wisely' (un
milliardaire parti de rien qui a investi son argent intelligemment').
Albert Frère en zoon Gérald
Le journaliste flamand Ludwig Verduyn, qui constitue depuis 15 ans déjà des listes des Belges les plus riches
en tenant également compte des actifs non cotés en bourse, évalue même les avoirs de Frère à 6,2 milliards
d'euros. Seules les familles de Spoelberch, de Mévius et Vandamme, actionnaires du groupe brassicole AB
Inbev, sont selon lui encore plus riches, avec 42 milliards, mais elles doivent répartir cette fortune entre 170
héritiers.
Avant l'été, Albert Frère a quitté la tête du holding belge Groupe Bruxelles Lambert (GBL), ce qui a
officiellement mis fin à sa carrière dans la finance internationale. Cela ne signifie pas qu'il prend sa pension.
"Ce n'est pas un adieu au monde des affaires", a-t-il déclaré. "Je n'ai encore rien changé à mes habitudes de
travail et je reste à disposition des gestionnaires du Groupe au sens large."
3. Albert Frère en zoon Gérald
Il a souligné qu'il reste président de Frère-Bourgeois et Erbe, deux importants holdings de son vaste empire.
Bref, cet homme de 89 ans n'est pas encore vraiment parti. Dans le journal français Le Figaro, il disait: "Je vais
continuer à travailler en m'amusant et je vais continuer à m'amuser en travaillant". Lorsque la RTBF radio lui a
demandé en 2009 si "comme Molière, il voulait mourir sur scène", Frère a répondu simplement "oui".
Ça fait presque 50 ans qu'Albert Frère imprime de son cachet le paysage économique et financier de notre pays.
Sa vie est entourée de beaucoup de mythes. Pendant longtemps, l'histoire a circulé qu'il a démarré sa carrière
chez un marchand de ferraille.
Busé en mathématique et en commerce
La réalité est autre: Albert Frère est né le 4 février 1926 à Fontaine-l'Évêque dans le Hainaut, fils d'Oscar
Frère, qui avait un commerce de produits issus de la sidérurgie. Il vendait des clous et des chaînes que des
ouvriers manuels produisaient à la maison dans la région. Son père est décédé alors qu'il n'avait que 4 ans. Sa
mère, Madeleine Bourgeois, a poursuivi l'affaire, avec l'aide de son frère, directeur d'une banque locale.
Le petit Albert n'était pas très brillant à l'école. Un bulletin retrouvé de sa première année secondaire nous
apprend qu'il pouvait suivre en éducation physique et en religion, mais la gestion commerciale et les
mathématiques - les branches dans lesquelles il excellerait plus tard en tant que financier - étaient un désastre
4. absolu. En gestion commerciale, il a obtenu 294 points sur 630 et en mathématiques 130 sur 450. Frère
n'obtiendra jamais son diplôme de l'enseignement secondaire inférieure. "La seule université où je suis allé, c'est
celle du sens commun", a-t-il dit au cours d'une de ses rares interviews.
Frère n'était pas un génie, mais il avait un flair pour les affaires. Après la guerre, il a rejoint l'affaire familiale et
a rapidement essayé de vendre ses marchandises partout dans le monde - selon certains, aussi à la Chine
communiste pendant la Guerre de Corée. Des centaines d'entreprises de par le monde furent bombardées de
télex remplis d'offres de Frère et de ses collaborateurs, non seulement pour des clous et des chaînes, mais pour
tout ce qui pouvait se vendre avec profit. Cela s'est poursuivi jusqu'à ce qu'un contrat se présente.
'Le fils du marchand de clous'
À mesure que son commerce sidérurgique croissait, Frère acquérait davantage d'intérêt pour la production
sidérurgique. Il désirait devenir moins dépendant des livraisons des usines et se mit à la recherche de sa propre
industrie sidérurgique. En 1954, Frère avait alors 28 ans, il a pu, grâce au bénéfice issu de son commerce,
acquérir un de ses fournisseurs principaux, les Laminoirs et Boulonneries de Ruau à Monceau-sur-Sambre.
C'était une des plus importantes entreprises sidérurgiques du bassin de Charleroi, mais qui nécessitait une
modernisation rapide. Frère frappa alors à la porte du ministre libéral de l'Economie de l'époque, Jacques Van
der Schueren. Par l'intermédiaire d'une institution publique de crédit, il obtint 40 millions de francs (1 million
d'euros). C'était la première fois, et certes pas la dernière, que Frère se tournait vers le monde politique afin de
mettre en oeuvre ses plans d'affaires.
En silence, Frère continua à élargir ses intérêts dans l'acier. Cela impressionna le holding financier Paribas, qui
confia ses participations sidérurgiques belges à Frère. C'est ainsi que Frère devint le magnat du bassin
sidérurgique de la région de Charleroi. Il pouvait de plus compter sur la force de frappe financière de Paribas,
qui le soutint financièrement pour chaque nouvel investissement. Grâce à cette collaboration avec Paribas, Frère
s'est enfin senti pris au sérieux par le monde financier. Pendant longtemps, il avait été décrit par la haute finance
bruxelloise comme 'le fils du marchand de clous'.
Les liens étroits entre le groupe Frère et Paribas (BNP Paribas depuis 1999) allaient perdurer pendant des
décennies. Ce n'est qu'en 2013 que Frère racheta la banque complètement. C'est caractéristique de l'approche de
Frère: dès que vous avez acquis sa confiance, vous êtes parti pour un long parcours.
5. Dans ses entreprises sidérurgiques, Frère instaura rapidement son système de commission: l'entreprise Frère-
Bourgeois recevait sur chaque transaction, aussi sur celles entre ses propres usines, entre 2 et 2,5% de
commission. Il fut ainsi veillé à ce que Frère-Bourgeois gagne toujours de l'argent sur chaque tonne de métal
vendue, également lorsque les entreprises sidérurgiques wallonnes enregistraient de lourdes pertes. Les
syndicats et les politiciens n'en parlaient pas.
"Le hold-up du siècle sur le trésor belge"
Début des années 70, l'industrie sidérurgique est entrée en récession. Ce fut un drame pour la Wallonie, qui
n'avait pas encore totalement digéré la fermeture des mines de charbon dans le Borinage. En 1978, Willy Claes,
ministre socialiste des Affaires Economiques de l'époque, vient avec le Plan sidérurgique. Des dizaines de
milliards furent injectés dans le secteur, sans guère beaucoup de succès.
En 1979, Frère vendait déjà ses participations dans l'industrie sidérurgique pour un beau montant: l'Etat Belge a
payé 735 millions de francs (18 millions d'euros) pour 49% de Frère-Bourgeois Commerciale. Quatre ans plus
tard, les autorités ont acheté le reste pour 1,125 milliards de francs (27 millions d'euros). "Frère a commis le
hold-up du siècle sur le Trésor belge", résumait l'homme politique flamand Hugo Schiltz.
Les critiques disent encore souvent que Frère devint riche grâce à l'argent des autorités, alors que les entreprises
étaient saignées à mort et que les ouvriers sidérurgiques perdaient leur travail. Dans la biographie tout juste
parue De flair van een miljardair. Albert Frère, de man en de mythes (Le flair d'un milliardaire. Albert Frère,
l'homme et les mythes), écrite par le journaliste du Tijd Jean Vanempte, Frère nie cela formellement: "C'est un
mythe que je sois devenu riche de l'acier. Je n'ai jamais voulu le rectifier, mais j'étais en ce temps-là déjà actif
depuis longtemps dans le monde financier. J'avais déjà à l'époque gagné beaucoup d'argent avec les transactions
boursières. Maintenant, il existe beaucoup de règles, entre autres au sujet du délit d'initié, mais à l'époque, tout
cela se déroulait de manière souple."
6. Frère voit les opportunités longtemps avant les autres
Le livre détaille largement la reprise en 1982 du holding GBL, que Frère a transformé en holding devenu le plus
important du pays, après la Société Générale.
En 1989, GBL devint le principal actionnaire du groupe pétrolier Petrofina, alors la plus importante entreprise
du pays, ce qui fut immédiatement la victoire la plus importante pour Frère. Ensuite, Frère a encore pris le
contrôle de la banque BBL, du groupe Tractebel, de l'assureur Royale Belge et du groupe de média RTL.
Toute sa vie, Frère a été un opportuniste, d'abord dans la sidérurgie, ensuite dans les actions et les entreprises.
Sa devise était simple: "Acheter bon marché pour vendre cher". Frère lui-même à ce sujet: "C'est beaucoup plus
facile d'acheter que de vendre, mais c'est lorsqu'on achète que les bénéfices ou la perte ultérieurs sont
déterminés." Frère voit les opportunités longtemps avant les autres, disent ses amis: "Frère voit un lapin sortir
de son terrier avant que l'animal n'ait bougé."
7. Les trois piliers du succès
D'après Frère, la clé de chacun de ses succès se résume à "travailler, travailler, travailler". Il y a tout de même
d'autres facteurs qui expliquent son ascension rapide. Le premier facteur est la manière dont il a construit son
empire financier, avec la dénommée méthode de la cascade: une cascade de holdings, dans lesquelles à chaque
étage une autre partie co-investit. Frère pouvait ainsi exercer un maximum d'influence avec un minimum de
moyens.
Frère pouvait aussi compter sur un certain nombre d'alliances, le deuxième pilier de son succès. Paribas a été
son allier pendant longtemps, mais une alliance peut-être encore plus importante de Frère est celle avec la
famille canadienne Desmarais. Les deux familles ont convenu qu'elles continueraient à faire des affaires
ensemble certainement jusqu'en 2029.
Un troisième pilier du succès de Frères est son réseau étendu. Son mandat en tant que régent de la Banque
Nationale de Belgique (BNB) fut capital pour cela.
'Liquidateur de la Belgique'
Jusque tard dans les années 80, les holdings comme GBL dominaient le tissu économique belge. Quand
l'Europe a évolué vers un marché unique, les entreprises ont dû commencer à penser de manière plus
internationale. Ca, Albert Frère l'a rapidement compris.
Il voyait deux options: soit rendre ses propres filiales plus internationales et plus grandes, soit les vendre à une
entreprise internationale. Frère a choisi la deuxième option et en échange des ventes, il a presque toujours
acquis une participation dans les acteurs internationaux majeurs. Ainsi, il a vendu Petrofina à Total, la Royale
Belge à Axa, la BBL à ING, Tractebel à Suez et RTL à Bertelsmann.
Ce n'est pas pour rien que Frère a été surnommé "le liquidateur de la Belgique", mais il ne se soucie pas de cette
critique: "Il ne s'agit pas de ventes mais d'associations, de fusions, pour former des champions." Et d'ajouter:
9. Son propre porte-monnaie
Albert Frère a atteint le top absolu dans le monde économico-financier, comme sa place sur la liste Forbes des
personnes les plus riches du monde l'illustre. Mais qu'a-t-il en fin de compte apporté à l'économie belge ? De
l'argent qu'il a reçu lors de la vente des fleurons des entreprises belges, il n'y a que très peu qui ait été réinvesti
dans notre pays. Le journal économique De Tijd est récemment parvenu à la conclusion que "pour notre
économie, Frère a détruit plus de valeur qu'il n'en a créée".
Le journal chiffrait également la valeur de l'avantage pour les investisseurs qui ont accompagné Frère dans son
élévation. Celui qui a investi 100 euros dans GBL il y a 20 ans a aujourd'hui 555 euros en poche. Celui qui, au
cours de la même période, a mis 100 euros dans un panier d'actions du Bel 20, en retire aujourd'hui 526 euros.
Mais celui qui a par exemple investi 100 euros, il y a 20 ans, dans le holding Ackermans & van Haaren, a
aujourd'hui 1.600 euros.
Albert Frère n'était donc pas le meilleur choix pour les investisseurs qui lui sont restés fidèles. Albert Frère a
toujours servi un seul objectif: son propre porte-monnaie.
16. toekomstige winst of verlies wordt bepaald.' Frère ziet opportuniteiten lang voor de anderen, zeggen vrienden:
'Frère ziet een konijn uit zijn pijp komen nog voor het beest beweegt.'
Drie pijlers van succes
Volgens Frère ligt de sleutel van ieder succes in 'werken, werken, werken'. Toch zijn er nog andere factoren die
zijn steile opgang verklaren. Een eerste factor is de geslepen manier waarop hij zijn imperium financieel in
elkaar zette met de zogenaamde cascademethode: een 'waterval' van holdings, waarin telkens een andere partij
mee investeert. Zo kon Frère met een minimum aan middelen maximale invloed uitoefenen bij de bedrijven die
de holding onderaan in de cascade overnam.
Delen
De cascademethode, zijn bondgenootschappen en zijn netwerk: de drie pijlers van Frère's succes
Frère kon ook rekenen op een aantal bondgenootschappen, een tweede pijler van zijn succes. Hij trok
jarenlang op met Paribas, maar wellicht nog belangrijker was Frères alliantie met de Canadese
ondernemersfamilie Desmarais. Waar Albert Frère kwam, kwam Paul Desmarais - en omgekeerd. De twee
families hebben afgesproken dat ze zeker tot 2029 samen zaken blijven doen. En het principe dat hen bindt, is
doodsimpel: 'Om een deal te sluiten moeten beide akkoord gaan, maar één volstaat om het af te schieten.'
Een derde pijler van Frères succes is zijn uitgebreide netwerk. Vooral zijn mandaat als regent bij de
Nationale Bank van België (NBB) was daarbij belangrijk.
De Nationale Bank: een familieaangelegenheid
In de Regentenraad zitten vertegenwoordigers van de werkgevers- en werknemersorganisaties, samen met de
gouverneur en de directieleden van de NBB. De raad vormt dus een uitgelezen kransje van mensen uit de
sociaal-economische wereld, waar cruciale informatie over de economie wordt uitgewisseld. Albert Frère was
zeer gehecht aan dat mandaat.
In het boek van Vanempten staat daarover een opmerkelijke passage. Toen Frère in 1995 zijn mandaat wegens
het bereiken van de leeftijdsgrens moest neerleggen, drong hij erop aan dat zijn zoon hem zou opvolgen: 'Voor
mijn vader was het mandaat in de NBB een familieaangelegenheid', zo wordt Gérald Frère geciteerd. 'Hij vond
dat ik recht had op dat zitje als hij met pensioen ging. Toen hij dat eens hardop zei bij de Nationale Bank,
leverde dat de nodige hilariteit op. Men maakte hem toen duidelijk dat het benoemingsmechanisme zo niet
werkt.'
Uiteindelijk werd Gérald Frère in 1998 wel regent bij de NBB, op voordracht van de minister van Financiën -
dat kan een vorm van nepotisme worden genoemd.
'Het is tegen mijn principes om politici om gunsten te vragen'
Frère kende, zoals eerder gemeld, ook zijn weg in de politieke wereld. Zeker in de periode dat de
herstructurering van de staalsector op de regeringstafel lag, maar ook daarna is de overheid vaak vrijgevig
geweest voor de Waalse ondernemer. Vier jaar geleden onthulde Knack nog dat de Belgische overheid in 2010
een buitengewoon gunstige ruling had afgesloten voor Total België - het vroegere Petrofina, waarvan Albert
Frère de belangrijkste aandeelhouder was: dat bleek zijn ruwe olie aan te kopen op de Bermuda-eilanden, een
notoir belastingparadijs waar geen druppel olie wordt opgepompt. De regeling met de fiscus kostte de Belgische
schatkist enkele miljarden euro's.