Histoire du Chantier racontée par Jacques Passicousset,
ayant reçu les confidences et explications de
Messieurs Jeannot Broqua, Christian Dubernet, Jean Lortie et Jeannot Taris
2. Le premier chantier naval testerin Boyé fut créé en 1862 par
Jean dit Rémi Boyé. Son fils, Thomas Boyé dit Gabriel créa
son chantier en 1890, à l'âge de 21 ans sur le port de
La Teste de Buch. Spécialisé dans la construction de bateaux
en bois pour le travail local de pêche et d'ostréiculture, de la
réparation et de gardiennage au début, l'entreprise se
diversifiera en ajoutant à son carnet : vedettes, yachts,
embarcations coloniales.
5. En 1938 Henri Boyé (né en 1903) succède à son père et
dirige à son tour le chantier naval qui fera travailler
bon nombre de Testerins. Certains de ces charpentiers de
marine créeront des chantiers plus modestes mais
renommés pour leurs réalisations, comme par exemple
les chantiers Darnaud-Guilhem ou Christian Raba.
Le chantier Henri Boyé fermera ses portes au début de
l'année 1965. Les bâtiments existent toujours sur le port,
certains servent à la réparation et au gardiennage de
bateaux, l'esprit est respecté. Les vieux Testerins disent
toujours « Boyé » en parlant de ces lieux.
6. En clair le
nouveau
bâtiment de
Henri Boyé,
à gauche les
anciens, il n'y
avait pas
encore la route
dite nationale :
l'actuel
boulevard de
Curepipe.
7. Henri Boyé était un homme
attachant, très humain, proche de
ses ouvriers et de leurs familles ;
à l'atelier, il n'hésitait pas à
prendre les outils.
Très compétent, au tout début
il dessinait lui même les bateaux ;
plus tard il laissera à son fils
Jacques le poste de dessinateur
au bureau d'étude.
8. Arbre de Noël dans le chantier naval Henri Boyé pour les enfants du personnel.
9. Sanz, Taris, Déligey, Fouet, Gilles, Cussac, Soubie père, Raba, Broqua, Vignaux
et Bougon, Ducourneau, Soubie fils accroupis, des noms Testerins bien connus.
10. Des pinasses, des bateaux de plaisance à moteurs, des chalutiers,
des sardiniers pour le Maroc, des vedettes de lamanage pour Djibouti,
des bateaux ravitailleurs « phare et balises avec bouées », des thoniers
et vers la fin, des dragueuses suceuses que l'on disait du type Castor,
ont fait le renom de ce chantier naval du bassin d'Arcachon.
11. La vedette « Les Saurelles » en attente du lancement.
12. 24/4/1952 – Avant la mise à l’eau de la vedette « Les Saurelles »,
Soubie, Deligey, Fouet, Cussac, Gilles, Vergnac, Sanz, Raba, Riou et Taris.
18. Ce que l'on sait moins ou que l'on a oublié, c'est qu'il y avait, jouxtant le
chantier naval « bois », un chantier naval « fer » .
Créée au début des années 50 par Henri Boyé qui l'avait mise
sous la responsabilité de son fils Jacques, la nouvelle société répondant au
nom de Forges & Chantiers du Sud-Ouest,
avait pour directeur Monsieur Privat.
Dès 1951 ce chantier doit construire des vedettes pour le Laos.
Ces bateaux sont conçus pour naviguer en rivière, pour les patrouilles,
la surveillance du nord-est du pays proche de la
Chine et du Nord-Vietnam et doivent être équipés d'un mortier
et d'une mitrailleuse avant embarquement à bord d'un cargo à Bordeaux.
19. Courant 1951, les bateaux sont fabriqués deux par deux, en extérieur le
long du chantier bois qui lui est couvert et continue sa propre production.
20. Dans la cabine le poste de radio
et le tableau électrique.
21. Dans la timonerie, ou poste de pilotage,
devant la barre à roue, double instrumentation
et double commande pour les deux moteurs
diesel deux temps, de marque Grey Marine
filiale de l'Américain Général Motors.
On aperçoit les 2 arbres de transmission.
22. La mitrailleuse sur la tourelle et le mortier installé
à l’arrière avaient été prêtés par
la Marine Nationale
pour pouvoir confectionner les gabarits,
les vedettes recevaient
l'armement officiel à Bordeaux.
23. Ouvriers du « bois » et du « fer » posent avec la direction et le personnel féminin.
24. Les ouvriers « bois » Taris, Déligey,Cussac, Ducourneau, Dupouy et Raba
travaillaient main dans la main avec ceux du « fer » au 1er plan Broqua.
25. Le port est pavoisé pour le lancement officiel avec personnalités civiles
et militaires, en présence d'une des épouses du Roi du Laos.
28. Et logiquement, la deuxième W2 ici amarrée et
dont on continue l'aménagement intérieur.
29. Voici les deux vedettes, W1 W2 dans le port de La Teste de Buch.
30. En 1952, petite évolution: les deux vedettes suivantes sont construites sous abris.
Pour plus d’explications sur cette histoire, lire le bulletin n°148 de la Société
Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch.
31. Mais ce contrat ne dura pas longtemps, les
troupes du Vietminh entrèrent au Laos
en 1953, puis la chute deDiên-Biên-Phu le 7 mai
1954 et la signature des accords de Genève le 20
juillet sur la cessation des hostilités en Indochine,
ont fait que la France dut retirer ses aides, ses
troupes et les 1500 instructeurs mis à la
disposition de l'armée et laissèrent la place à l'aide
américaine.
La page des vedettes « fer »
du Laos s'est définitivement refermée .
Drapeau du Laos
de 1952 à 1975.
Le Laos et ses voisins.
34. Le chantier Henri Boyé a continué à construire
d'autres bateaux de plaisance, vedettes, sardiniers
ou thoniers en bois ou fer selon la demande.
Derniers préparatifs pour la mise à l'eau
de ce thonier.
35. On passe du suif sur la rampe pour le lancement prévu samedi 18 h à marée haute.
36. On s'active mais
ce n'est pas
encore l'heure,
la marée n'est pas
assez haute .
37. Voilà la marée est haute, les Testerins ont les pieds dans l'eau.
40. Ensuite il fallait continuer l'aménagement, le thonier étant amarré le long du quai.
41. Un autre thonier sorti
du chantier couvert,
en attente de mise à l'eau.
Des thoniers furent construits
pour Saint Jean de Luz,
Bayonne et pour
Les Sables d'Olonne.
50. Sardiniers en acier
en cours de construction
il y avait 3 unités
de montage en
même temps,
17m de long, 5,30 de large,
jauge brute de 39 tonneaux,
pour des armateurs du Maroc.
51. Un remorqueur « fer » construit au chantier d'Henri Boyé, toutes les productions
acier sortaient sous l’appellation « Forges et Chantiers du Sud-Ouest ».
61. Voici une « Castor » presque terminée, un castor est peint sur la porte et le
nom est inscrit sur le flanc entouré d'un liseré sur le pourtour de la drague.
71. Le chantier d'Henri Boyé fermera définitivement au début de l'année 1965. Mais il aura
marqué son temps, sa plus grande réussite fut en 1955 la sortie du premier thonier
français à appât vivant, suivi de plusieurs autres.
Henri Boyé fit construire la rampe de lancement
face au chantier et comme ses navires étaient
imposants il fut le premier à lancer les bateaux
l'avant le premier afin que le gouvernail et l'hélice
ne soient pas endommagés compte tenu du peu
de profondeur du port de La Teste de Buch.
Monsieur Henri Boyé est décédé le 18 janvier 1986,
avec lui disparaît toute une tradition qu'il s'ingéniait
à perpétuer même à la retraite en faisant partie
d'une association maritime à qui il confiait ses
souvenirs pour les bulletins.
72. Images : collection famille Boyé,
Christian Dubernet et Jean Taris
Confidences et souvenirs de :
Nicole Rey/Capus, Jeannot Broqua,
Christian Dubernet, Jean Lortie,
Christian Raba et Jean Taris
anciens du chantier Henri Boyé
73. Si vous avez apprécié
ce diaporama,
faire suivre à vos connaissances
et amis,
c'est le patrimoine Testerin.
Jacques Passicousset.
nouvelle réalisation
octobre 2020