Investir dans la région MEDA: Pourquoi, Comment?. Etude sur les opportunités d\'investissements dans les pays du Sud de la Méditerranée: Algérie, Autorité Palestinienne, Egypte, Israël, Jordanie,
Liban, Libye, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie. Publiée par Sonia Bessamra en 2007 pour le compte d\'ANIMA.
3. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ? Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
Israël ..................................................................................... 101 Panorama général ........................................................................ 272
Panorama général ........................................................................ 101 Comment investir dans les territoires palestiniens ? .............. 281
Comment investir en Israël ? ...................................................... 109 Opportunités dʹaffaires en Palestine.......................................... 291
Opportunités d’affaires en Israël ............................................... 122 Une success story : un « mall » à Ramallah attire les
Une success story : Tel Aviv‐Grenoble, alliance high tech investisseurs du Golfe ................................................................. 311
planétaire....................................................................................... 148 Syrie ...................................................................................... 312
Jordanie ................................................................................. 150 Panorama général ........................................................................ 312
Panorama général ........................................................................ 150 Comment investir en Syrie ?....................................................... 318
Comment investir en Jordanie ?................................................. 157 Opportunités dʹaffaires en Syrie ................................................ 326
Opportunités d’investissement en Jordanie ............................. 165 Une success story : l’espagnol Aceites del Sur croit en
Une success story : Land Rover fait un investissement l’huile d’olive syrienne ................................................................ 330
stratégique tout terrain…............................................................ 176 Tunisie................................................................................... 332
Liban ..................................................................................... 178 Panorama général ........................................................................ 332
Panorama général ........................................................................ 178 Comment investir en Tunisie ?................................................... 343
Comment investir au Liban ? ..................................................... 186 Opportunités d’affaires en Tunisie ............................................ 354
Opportunités d’investissement au Liban.................................. 195 Une success story : le groupe espagnol Uniland investit
Une success story : Ipsos sonde tout le Moyen‐Orient dans les cimenteries d’Enfidha................................................... 364
depuis Beyrouth ........................................................................... 199 Turquie .................................................................................. 366
Libye ..................................................................................... 201 Panorama général ........................................................................ 366
Panorama général ........................................................................ 201 Comment investir en Turquie ?.................................................. 375
Comment investir en Libye ?...................................................... 207 Opportunités d’affaires en Turquie ........................................... 388
Opportunités d’affaires en Libye ............................................... 216 Une success story : Schneider Turquie........................................ 416
Maroc .................................................................................... 232
Panorama général ........................................................................ 232
Comment investir au Maroc ? .................................................... 238
Opportunités d’affaires au Maroc.............................................. 251
Une success story : Telefonica investit le marché marocain
des mobiles et des centres d’appels ........................................... 270
Palestine (Autorité) ................................................................. 272
5 6
4. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
Acronymes
AA : Accord d’Association Evolution de la conjoncture
économique dans les pays
ALE : Accord de libre‐échange
API : Agence de Promotion des Investissements
MEDA en 2005
BEI : Banque européenne d’investissement
BM : Banque mondiale
CE : Commission Européenne
CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le
Développement
CSP : Document de stratégie nationale (Country Strategy Paper) Synthèse globale
EUR : Euro Les accords d’association et de libre‐échange conclus entre les pays
FMI : Fonds monétaire international de la rive sud et est de la Méditerranée et l’UE sont entrés en
MENA : Région du Moyen Orient et Afrique du Nord (Middle East
vigueur dans tous les pays à l’exception de la Syrie. Dans cette
and North Africa)
édition 2007, la Libye, qui dispose actuellement d’un statut
MEPP : Processus de paix au Moyen‐Orient (Middle East Peace
Process) d’observateur mais pourrait à moyen terme adhérer au partenariat
MIGA : Agence multilatérale de garantie des investissements (groupe euro‐méditerranéen, a été incluse au sein de l’ensemble MEDA.
Banque Mondiale)
MIPO : Observatoire de l’investissement en Méditerranée Une croissance appréciable
OCDE : Organisation pour la coopération et le développement
économiques La population totale des pays MEDA est estimée à 265 millions
ODM : Objectifs de développement du millénaire (Millenium dʹhabitants en 2005, et le PIB global a atteint 864 milliards d’USD
Development Goals) (avec la Libye mais hors Autorité Palestinienne). Le revenu national
OMC : Organisation Mondiale du Commerce brut par habitant exprimé en parité de pouvoir dʹachat (PPA.) est
ONG : Organisation non gouvernementale cependant très disparate, allant de 3 847 USD par habitant pour la
PIB : Produit intérieur brut
Syrie à 23 416 USD par habitant pour Israël.
PIN : Programme indicatif national
PIR : Programme indicatif régional La stabilité macroéconomique et le rythme soutenu des réformes
PME : Petites et moyennes entreprises économiques ont permis de relever sensiblement le niveau de
PMI : Programme de modernisation industrielle revenu par tête dʹhabitant des pays MEDA. Au‐delà des réformes
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement en cours, ces bons résultats sʹexpliquent en grande partie par
RSP : Document de stratégie régionale (Regional Strategy Paper)
lʹouverture croissante de la région et, en particulier, par son
UE : Union Européenne
intégration économique accrue avec lʹUnion Européenne dans le
USD : Dollar des Etats‐Unis
ZLE : Zone de libre échange
cadre des accords dʹassociation.
7
5. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ? Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
La croissance dans les pays MEDA suit, depuis quelques années, Des revenus extérieurs en augmentation sensible
une courbe ascendante et la tendance s’est confirmée en 2005. Si la Si les sorties de capital restent importantes (ordre de grandeur de 8
palme revient incontestablement à la Turquie, dont le PIB réel a milliards d’USD par an pour les placements à l’étranger en
augmenté de 7,4% (et 8,9% en 2004), tous les autres pays n’en ont provenance du Maghreb central, venant grossir un stock de 100
pas moins enregistré une assez robuste croissance aux alentours de milliards, selon l’IE‐Med, dividendes rapatriés par les entreprises
5%, liée à une conjoncture mondiale favorable ‐évolution du étrangères de l’ordre de 1,5 milliard d’USD pour la seule Tunisie),
marché pétrolier, reprise du secteur du tourisme, augmentation des les capitaux entrants sont en forte augmentation. Ceci en particulier
fonds rapatriés par les travailleurs et afflux d’aide extérieure lié à grâce aux IDE (passés de moins de 10 milliards d’USD pour la
des facteurs politiques (Jordanie). En Algérie, la reprise de région en 2002 à environ 30 milliards en 2005) et aux recettes de
l’expansion du secteur énergétique s’est répercutée sur la tourisme (qui ont plus que doublé entre 1995 ‐12,5 milliards
croissance économique durant l’année 2005 et le taux de croissance d’USD‐ et 2004 ‐28 milliards‐). L’aide au développement et les
a atteint 5,1%. Victime d’une mauvaise performance du secteur transferts des émigrants plafonnent par contre à leur niveau des
agricole et de l’augmentation de la facture pétrolière en raison de la années 2000.
flambée du cours du baril, le Maroc arrive en avant‐dernière
position, avec un taux de 1,8% et une croissance du PIB non Figure 2. Ordre de grandeur des principaux revenus extérieurs de la
agricole qui pourrait dépasser 4,6% et une baisse de la valeur région MEDA
ajoutée du secteur agricole qui se situerait entre 12% et 15% selon en million Investissement Revenus du Transferts des Aide publique Total *
les chiffres provisoires. Enfin, la croissance du Liban demeure US$ direct étranger tourisme émigrants au
développement
volatile (4,9% en 2003, 6,3% en 2004, entre 0 et 1% en 2005)
Année 2005 2004 2004 2004
soutenue par une consommation privée supérieure à la production Source CNUCED OMT B. Mondiale Banque Mondiale
intérieure, alimentée par des transferts massifs de la diaspora. Algérie 1 0 81 105 2 460 313 3 959
Egypte 5 376 4 924 3 341 1 458 11 758
Figure 1. Croissance en 2005 dans les pays MEDA Israël 5 587 1 918 398 479 8 382
Jordanie 1 532 664 2 288 581 5 0 65
8% 7,4% Liban 2 573 1 0 27 5 723 265 9 588
6% 4,8% 5,0% 5,1% 5,2%
3,5% 3,8% 4,2% Maroc 2 933 3 152 4 221 706 11 0 12
4% 1,8% A. Palestine ‐ ‐ 692 1 136 1 828
1,0% Syrie 500 1 785 855 110 3 250
2%
Tunisie 782 1 536 804 328 3 450
0%
Turquie 9 681 12 773 692 257 23 403
MEDA‐10 30 0 45 27 884 18 133 5 633 81 694
rie
n
e
oc
te
Tu l
ie
sie
e
ie
aë
by
ui
ba
ér
yp
an
ar
Sy
% 37% 34% 22% 7% 100%
Isr
ni
rq
Li
Li
lg
M
rd
Eg
Tu
A
Jo
* Ce total doit être considéré avec précaution, car les données agrégées portent
malheureusement sur des années différentes (derniers chiffres obtenus par l’équipe
ANIMA). Les recettes de privatisation sont inclues dans les IDE.
9 10
6. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ? Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
Les pays producteurs d’hydrocarbures comme la Libye et l’Algérie, et la supervision prudentielles. Les agréments ont été retirés à
et dans une moindre mesure l’Egypte ou la Tunisie (gaz), ont Khalifa Bank, à la Banque commerciale et industrielle d’Algérie
amélioré leurs recettes grâce à l’augmentation du prix mondial du (BCIA) et à deux autres banques privées. L’Etat prévoit la cession
pétrole qui est passé de 39 USD en 2004 à 53 USD en 2005 de certaines banques publiques à des repreneurs étrangers
(dépassant même les 70 dollars en 2006). La gestion prudente de la stratégiques. Le Crédit populaire d’Algérie (CPA) et la Banque de
rente pétrolière actuellement en œuvre a permis de réduire développement local (BDL) ont bénéficié d’un assainissement en
l’endettement tout en maintenant les réserves à un niveau vue de leur privatisation.
appréciable. Parallèlement, les pays non‐producteurs de pétrole ont Le bilan des privatisations dans la région est pour l’instant mitigé :
souffert de cette flambée du pétrole et n’ont pu pallier ce déficit que certains programmes sont au point mort, tandis que d’autres ont
grâce aux revenus tirés des transferts financiers des travailleurs donné des résultats positifs, notamment au Maroc, en Jordanie et
expatriés (ils ont atteint par exemple en 2005 2,978 milliards de en Turquie (importantes opérations dans le téléphone mobile en
dollars au Maroc et 2,904 milliards de dollars en Egypte) ou du 2005). Par ailleurs, plusieurs pays ont créé des incitations pour
tourisme et aux investissements venus du Golfe (le stock de encourager l’initiative privée, faciliter le droit d’établissement aux
pétrodollars disponible pour des investissements à l’étranger était entreprises étrangères et améliorer l’accès au marché. Ainsi, en
estimé à 620 milliards d’USD par le FMI en 2006, et une partie s’est Algérie, l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les
incontestablement portée sur la région MEDA). hydrocarbures, qui vise à ouvrir le secteur aux investissements
La plupart des pays ont poursuivi les réformes structurelles privés, offre des perspectives prometteuses. De même, au Maroc,
engagées pour améliorer le climat de l’investissement. Plusieurs l’amélioration du fonctionnement du marché du travail, la
pays de la région ont mis en œuvre des réformes budgétaires rationalisation des procédures d’investissement et la mise en œuvre
comme l’Algérie qui a amélioré sa transparence budgétaire et créé de réformes judiciaires sont des progrès non négligeables. Par
un fonds de régulation des recettes pétrolières pour constituer des ailleurs, le démantèlement tarifaire et la suppression des licences
réserves. En Jordanie, les mesures budgétaires adoptées par le d’importation sont en cours dans la plupart des pays signataires
gouvernement pour accroître les recettes fiscales et juguler les des accords d’association.
dépenses courantes ont sensiblement amélioré la situation Bien que l’état des réformes et la volonté des gouvernements de s’y
budgétaire. Plus récemment, l’Egypte a engagé une profonde tenir soient variables, les mesures adoptées jusqu’à présent ont déjà
réforme de la fiscalité et des douanes et un programme de permis d’améliorer le climat de l’investissement dans la région et
restructuration financière tandis que le Maroc s’est lancé dans ont suscité des réactions positives de la part des investisseurs
l’élaboration d’une stratégie visant à réduire son déficit budgétaire privés. De fait, depuis 2001, la région reçoit des flux croissants de
structurel en coopération avec la Banque mondiale et le FMI. Le capitaux privés tant sous la forme de titres de dette que de prises
Maroc a également commencé à restructurer ses banques publiques de participations.
spécialisées. Enfin, l’Algérie a récemment pris des mesures pour
renforcer les systèmes de paiement et améliorer la réglementation
11 12
7. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ? Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
Les investissements étrangers dans la région ont pris la forme de profit de TeCom Dig (Dubaï) a généré 3,050 milliards DT de
fusions‐acquisitions (Israël), nouveaux projets ‐greenfield projects recettes (2,3 milliards d’USD), dépassant l’ensemble des recettes de
(Turquie et Maroc) ou alliances stratégiques et licences (Israël, privatisations depuis 1987. Au Liban, les investissements étrangers
Maroc, Jordanie). Les raisons pour lesquelles les grandes ont atteint 288 millions d’USD hors investissements immobiliers et
entreprises s’installent sont à la fois les débouchés (marchés en la majorité des IDE est dirigée vers l’immobilier et le secteur
expansion, plateforme pour la réexportation, taille du marché) et touristique en plein essor. La Syrie a quant à elle, enregistré 700
l’existence d’avantages comparatifs (faible coût de la main l’œuvre, millions de dollars d’IDE en 2005 et 6,3 milliards de dollars
proximité géographique avec le marché européen). d’investissements domestiques (contre 3,7 milliards de dollars en
En Egypte, de nouveaux records ont été enregistrés en 2004‐2005 2004).
avec un flux d’investissements directs étrangers de 2,134 milliards
d’USD et l’année 2006 s’avère aussi prometteuse avec 2,554 La conjoncture économique en 2005 par pays
milliards d’USD déjà déclarés au cours du premier trimestre. Le
Les réformes structurelles menées en Algérie ont permis le
volume des IDE vers la Turquie atteint une moyenne annuelle d’un
rétablissement des équilibres macroéconomiques, l’amélioration
milliard de dollars et enregistre une croissance constante avec 2,8
des performances en termes de croissance du PIB et le
milliards d’USD en 2004 et 9,7 milliards d’USD en 2005 (2,6% du
développement d’un secteur privé plus dynamique, entraînant un
PNB) soit une croissance de 239%. Le nombre de sociétés à capitaux
plus grand flux entrant dʹinvestissements directs étrangers. Le taux
étrangers a atteint 11 685 dont 2 825 créées en 2005 et le pays
de croissance du PIB est passé de 3% par an en 2000‐02 à près de
pourrait recevoir au minimum 11 milliards d’USD d’IDE en 2006.
6% en 2003‐04 et 5,1% en 2005, soutenu essentiellement par
Les investissements étrangers en Israël ont été soutenus par de
l’augmentation de la production des hydrocarbures et des cours
nombreuses prises de participation et fusions‐acquisitions. Les
mondiaux du pétrole qui ont permis de réaliser d’appréciables
investissements étrangers ont atteint 9,66 milliards d’USD en 2005,
excédents de la balance courante (les recettes des hydrocarbures
une croissance de 67% par rapport aux 5,8 milliards enregistrées en
représentent 97% des recettes d’exportation des biens et services
2004 et les IDE ont atteint 5,71 milliards d’USD. L’année 2006
non‐facteurs). Les projections pluriannuelles de la loi de finances
s’annonce prometteuse puisqu’une importante prise de
pour 2005 tablent sur un taux moyen de 5,3% par an sur la période
participation de 4 milliards d’USD a déjà été enregistrée. En
2005‐2009. La politique budgétaire expansionniste orchestrée
Jordanie également les investissements étrangers affichent une
depuis 2001 autour du Plan de Soutien à la Relance Economique,
reprise avec 562 millions d’USD en 2005 principalement des
PSRE (6,9 milliards d’USD entre 2001 et 2004), suivi du Plan
investissements en portefeuille et des investissements dans
Complémentaire de Soutien à la Croissance, PCSC (80 milliards
l’immobilier. Au Maroc et en Tunisie, les nombreuses opérations de
d’USD étalés sur la période 2005‐2009) contribue à soutenir la
privatisations ont dopé les IDE notamment grâce au secteur des
croissance : la demande publique permet ainsi de tirer vers le haut
télécoms. Les IDE se sont établis à 3 milliards d’USD au Maroc en
la contribution à la croissance des secteurs hors hydrocarbures. La
2005. Début 2006, la vente de 35% du capital de Tunisie Telecom au
13 14
8. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ? Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
valeur ajoutée dans les services a ainsi progressé de plus de 60% en croissance spectaculaire du PIB de 7,7% en 2004 contre 4% en 2003,
5 ans, le BTP a, quant à lui, enregistré une croissance de 40% de sa la situation économique s’est détériorée en 2005 à cause de
valeur ajoutée. L’inflation a baissé à 1,6% contre 2,7 % en 2004 en l’augmentation de la facture d’importations des hydrocarbures et
raison de la baisse des prix des produits alimentaires. Les réserves une baisse inattendue de l’aide internationale, qui a représenté
en devises ont dépassé les prévisions avec 56,2 milliards d’USD environ 700 millions d’USD en 2005, contre 1,3 milliards en 2004.
atteints fin 2005 (les prévisions tablaient sur 55,6 milliards d’USD De plus les tensions dans la région ont contribué à la détérioration
soit l’équivalent de 21 mois d’importations de biens et services). des revenus touristiques et la réduction sensible de lʹintérêt des
En Egypte, la nouvelle équipe issue du remaniement ministériel de investisseurs étrangers. Les estimations de la croissance
jordanienne pour 2006 s’établissent autour de 5 à 6%.
juillet 2004 s’est attachée à faire progresser la libéralisation
commerciale et financière et le programme de réformes Le Liban a connu une croissance soutenue d’une moyenne de 6 à
économiques et structurelles. Entre 2000 et 2003, le pays a 7% entre 1992 et 1997, tirée notamment par la reconstruction du
enregistré un taux de croissance moyen de 3,5% en raison pays après 15 ans de guerre civile, et le secteur financier, ce qui a
notamment de chocs exogènes, tels que les attentats du 11 entraîné un véritable relèvement du PIB pour atteindre environ
septembre et la guerre en Irak. Cependant, bénéficiant de la reprise 22,3 milliards d’USD en 2005 (+6%). Cependant, la dette publique
mondiale et de la dépréciation de la livre, la croissance ne cesse de située à 34,5 milliards de dollars fin 2005, soit 180% du PIB ne cesse
s’améliorer avec 4,1% enregistrée en 2004, des prévisions de 4,8% d’augmenter. La conférence de Paris II de 2002 a permis une forte
en 2005 et de 5% en 2006, dopée par les recettes touristiques (6,4 mobilisation de la communauté internationale pour restructurer la
milliards d’USD en 2004‐2005), les transferts des travailleurs dette libanaise. Au total, le Liban a ainsi obtenu des financements
émigrés (4,3 milliards d’USD), les recettes du Canal de Suez (3,3 de 10,1 milliards d’USD (32% de la dette globale).
milliards d’USD) et les exportations de pétrole (1,2 milliard d’USD). La levée des sanctions onusiennes qui frappaient la Libye depuis
En Israël, après une baisse de la croissance en 2001‐2003 (1,3%) du 1992 et la levée de l’embargo a contribué au redémarrage de
à la forte crise liée à la seconde Intifada dans les territoires relations économiques et financières internationales normales. Les
palestiniens et l’éclatement mondial de la bulle technologique en résultats économiques du pays ne cessent de s’améliorer grâce à la
2000, une reprise sensible s’est amorcée en 2004 et 2005 avec un remontée de la production de pétrole, la reprise des exportations
taux de croissance du PIB de 4,3% et de 5,2% respectivement. Les pétrolières et la hausse du cours du baril depuis 2003. Cette
moteurs majeurs de cette croissance ont été les exportations (+15%), conjoncture internationale a permis la croissance du PIB de 9,1% en
la consommation privée, ainsi que la rapide expansion des 2003 à 4,6% en 2004 et 3,5% en 2005 et devrait s’établir à 5% en
industries de pointe ‐ domaine d’excellence de l’économie 2006.
israélienne ‐ et du tourisme. Le Maroc a accompli des avancées significatives en matière de
La Jordanie a été le pays le plus exposé à la guerre en Irak, qui démocratisation de la vie publique, d’éducation et de santé, et de
représentait son principal marché dʹexportation. Après une renforcement des infrastructures de base. Cependant la croissance
15 16
9. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ? Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
du PIB reste volatile. Après une croissance de l’économie de 4,5% de 2001 grâce à la politique d’assainissement macroéconomique.
pendant la période 2001‐04, elle s’est contractée à 1,4% en 2005, en Soutenue par une demande intérieure dynamique, lʹéconomie
raison des mauvaises performances agricoles, la faible croissance connaît un remarquable redressement avec une croissance
du secteur hors agriculture, la lente transformation de l’épargne spectaculaire du PIB de 8,9% en 2004 et de 7,4% en 2005.
nationale en investissements productifs et la faible compétitivité L’amélioration de la confiance intérieure et internationale
des entreprises marocaines dans l’économie mondiale malgré la consécutive à l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’UE
mise en place du programme de mise à niveau des entreprises. devrait maintenir cette croissance aux alentours de 6% en 2006‐
Le paysage économique syrien, qui dépend largement du secteur 2007.
public, est en train de changer grâce à un programme soutenu de Figure 3. Evolution du PIB des pays MEDA (en milliards d’USD, prix
réformes structurelles qui vise à créer un environnement courants). Source WDI 2006
économique favorisant davantage le secteur privé sans négliger
0 100 200 300 400 500
lʹéquilibre social. La croissance suit une courbe ascendante passant
de 1,3% en 2002 à 3,8% en 2005 soutenue par l’agriculture et le A lg é rie
secteur de la construction et des services. Le PIB s’élève à 26,2 E g yp te
milliards d’USD en 2005 contre 20,3 milliards d’USD en 2002. Isra ë l
Jo rd a n ie
La Tunisie a opté très tôt pour le développement d’une économie 2003
de marché et pour une intégration progressive dans l’économie L ib a n
2005
mondiale. Entre 1992 et 2004, le PIB a augmenté de 4,1% par an en L ib ye 2007
moyenne avec 6% enregistrée en 2004. En dépit de l’intensification M a ro c
de la concurrence internationale et de la flambée des prix du S yrie
pétrole, les résultats de 2005 sont globalement positifs (4,2% du T u n isie
PIB) et ce, en raison de l’évolution favorable des services comme le T u rq u ie
tourisme (6,4 millions de touristes et 2,563 millions DT soit 12,5%
des recettes courantes), le transport aérien, les télécommunications
et les nouvelles technologies. Pour l’année 2006, les autorités
tablent sur une croissance du PIB de 5,8%.
Pays candidat à lʹentrée dans lʹUnion Européenne depuis 1999, la
Turquie est officiellement en négociations pour devenir membre de
l’UE depuis le 3 octobre 2005 et est engagée dans un long processus
de réformes basé sur 35 points conformes aux critères de
Copenhague. La Turquie se remet peu à peu de la crise économique
17 18
10. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
Le partenariat euro-
méditerranéen et la nouvelle
politique de voisinage
Le cadre du partenariat euro-méditerranéen
La déclaration de Barcelone a été adoptée le 28 novembre 1995 par
les ministres des Affaires étrangères des 15 États membres de
l’Union Européenne et de 12 États du Sud et de l’Est de la
Méditerranée (Algérie, Chypre, Égypte, Israël, Jordanie, Liban,
Malte, Maroc, Territoires palestiniens, Syrie, Tunisie, Turquie). Des
accords d’association lient désormais l’Union Européenne avec la
quasi‐totalité des pays tiers méditerranéens. Chypre et Malte font
partie depuis le 1er Mai 2004 des dix nouveaux Etats membres de
l’Union Européenne. La Turquie qui était liée à l’UE par une union
douanière depuis 1995, est officiellement en négociations
d’adhésion à l’UE depuis le 3 octobre 2005. Ces trois pays sont
désormais gérés par la direction « Elargissement de l’UE » de la
Commission Européenne.
Le Partenariat euro‐méditerranéen, enclenché par la Conférence de
Barcelone en novembre 1995, substitue aux accords commerciaux
bilatéraux existant auparavant des accords d’association qui ont
une approche globale et multilatérale sur trois volets :
19
11. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ? Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
la définition d’un espace commun de paix et de stabilité par le Dans cette perspective, l’UE propose à ses voisins à l’Est et à ceux
renforcement du dialogue politique et de sécurité (volet du Sud de la Méditerranée une perspective de participation au
politique) ; marché intérieur européen, et de bénéficier ainsi de la libre
la mise en place d’un partenariat économique et financier et circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes
l’instauration progressive d’une zone de libre‐échange d’ici (les quatre libertés).
2010 (volet économique) ; Le Conseil européen de juin 2004 a approuvé le principe d’une
le rapprochement entre les peuples et les échanges entre les adoption, en concertation avec chaque pays ayant déjà un accord
sociétés civiles (volet social, culturel et humain). en vigueur avec l’UE, des plans d’action visant à progresser dans la
mise en œuvre de ces accords. Sept plans d’action, d’une durée de 3
L’objectif fixé sur le plan commercial est la création d’une zone de ans, ont été adoptés fin 2004 (5 pays MEDA, Israël, Jordanie,
libre‐échange qui doit être réalisée à travers les accords euro‐ Maroc, Tunisie et Autorité Palestinienne et l’Ukraine et la
méditerranéens et des accords de libre‐échange à conclure entre les Moldavie) et des discussions sont en cours avec l’Egypte et le
pays MEDA eux‐mêmes (coopération sud‐sud). Lʹannée 2010 a été Liban. Outils opérationnels élaborés avec les pays partenaires de la
retenue comme date objectif pour instaurer progressivement cette Méditerranée, les plans d’action identifient des priorités en matière
zone qui doit couvrir lʹessentiel des échanges dans le respect des de réforme dans le domaine politique et économique et de la
obligations découlant de lʹOrganisation Mondiale du Commerce coopération renforcée. Les actuels instruments financiers de l’UE
(OMC). Ainsi, les obstacles tarifaires et non tarifaires aux échanges (MEDA, TACIS) doivent soutenir la mise en œuvre des plans
des produits manufacturés seront progressivement éliminés selon d’actions jusque fin 2006.
des calendriers à négocier entre les partenaires. Une libéralisation
progressive du commerce des produits agricoles est également En ce qui concerne MEDA, 45 millions d’euros ont été dédiés à la
envisagée, ainsi que pour le commerce des services, au sens de PEV pour la période 2004‐2006 : infrastructures dans le domaine de
l’article V de l’accord général sur le commerce des services (AGCS). l’énergie (18,5 millions d’euros), des transports (24 millions
d’euros), de la coopération transfrontalière entre le Maroc et
Anticipant l’évolution des frontières de l’Union Européenne après l’Espagne (2 millions d’euros) et entre le Maroc et Gibraltar (0,4
l’élargissement au 1er mai 2004, la Commission Européenne a millions d’euros).
initié, le 11 mars 2003, la définition d’une nouvelle politique de
Un des objectifs de la PEV est de renforcer la coopération entre les
voisinage (NPV) appelée à renforcer les liens avec les pays voisins
pays dans le cadre du processus de Barcelone et de promouvoir la
de l’UE élargie : elle propose à ses voisins de nouvelles
coopération régionale et sous‐régionale. A partir de 2007, la
perspectives d’intégration économique en contrepartie de leurs
Commission prévoit la création d’un unique instrument européen
progrès concrets dans les domaines du respect des valeurs
de voisinage et de partenariat (IEVP) couvrant à la fois le soutien
communes et de la mise en œuvre des réformes politiques,
de lʹUE aux pays de la PEV et la coopération transfrontalière de
économiques et institutionnelles, notamment dans l’harmonisation
ceux‐ci avec les Etats membres. Les montants dédiés à l’IEVP ainsi
de leur législation avec l’acquis communautaire.
21 22
12. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ? Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
que la répartition entre ses composantes dépendra de la En conformité avec les conclusions du rapport PNUD sur le
négociation sur les prochaines perspectives financières de l’UE développement humain dans le monde arabe, la Commission a
pour 2007‐2013. récemment adopté une communication intitulée ʺDonner une
Les autres orientations politiques concernent : le sommet de Doha nouvelle impulsion aux actions de lʹUE dans le domaine des droits
et le commerce, les questions de justice et affaires intérieures, la de lʹhomme et de la démocratisation, en coopération avec les
promotion dʹune meilleure gouvernance, les droits de lʹhomme et la partenaires méditerranéensʺ visant à maximiser lʹefficacité des
démocratisation dans la région MEDA, et les initiatives instruments à la disposition de lʹUE et de ses partenaires
environnementales convenues au sommet de Johannesburg sur le méditerranéens dans le domaine des droits de lʹhomme et de la
développement durable. démocratie. La communication définit des orientations de travail en
vue de promouvoir les droits de lʹhomme et les libertés
Le lancement du nouveau round de lʹOMC, lʹAgenda de Doha, fondamentales en coopération avec les partenaires méditerranéens.
comporte à la fois de nouvelles ouvertures du marché et la Elle propose dix recommandations concrètes pour améliorer le
définition de règles supplémentaires, soutenues par lʹengagement dialogue politique entre lʹUE et ses partenaires méditerranéens,
de renforcer lʹassistance matérielle vis‐à‐vis des pays en ainsi que la coopération financière de lʹUE sur les questions de
développement en vue de renforcer leur capacité. Lʹobjectif droits de lʹhomme. Le rapport Banque mondiale 2003 sur la
principal du nouveau round est de soutenir lʹintégration des pays gouvernance dans la région MENA constitue également une
en développement dans le système dʹéchanges mondial dʹune référence importante. La programmation 2005‐2006 a largement
manière qui les aidera à combattre la pauvreté. pris en charge ces questions primordiales à travers les programmes
Les conclusions du Conseil de Tampere (1999), Santa Maria Da de management de lʹéconomie, ONG II, Police II et Proximité
Feira (2000) et Séville (2002) ont défini une politique commune rurale.
concernant lʹintégration des questions justice et affaires intérieures Un engagement global à la cause du développement durable fut
dans la politique externe de lʹUE. réitéré au sommet de Johannesburg, sous forme dʹun programme
Le plan dʹaction adopté à Valence (2002), en plus de la déclaration pragmatique et ambitieux démontrant lʹimportance croissante des
de Barcelone, fournit des orientations supplémentaires pour la questions environnementales dans la réalisation des objectifs de
coopération renforcée dans la région MEDA et ce, dans trois développement pour le millénaire « Millenium Development
secteurs principaux : migration, réforme de lʹappareil judiciaire et Goals ». Les secteurs clés pour lʹaction de lʹUE sont lʹeau et
lutte contre la criminalité. Une meilleure gouvernance, la lʹénergie. À Johannesburg, lʹUE a lancé deux partenariats, lʹun
promotion de la démocratie et le respect des droits de lʹhomme concernant lʹeau, lʹautre lʹénergie. Lʹinitiative européenne de lʹeau
constituent des objectifs de base dans la politique extérieure de « Water for Life » coordonne les mécanismes de financement
lʹUE. existants avec un accent particulier sur trois paramètres:
approvisionnement, hygiène et gestion intégrée des ressources. À
lʹheure actuelle, le suivi concret concernant les pays méditerranéens
23 24
13. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ? Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
se déroule dans le cadre de lʹinstrument de financement existant, En outre, le processus de libéralisation du commerce des produits
MEDA. agricoles est lui aussi largement opérationnel. Plus de 80% des
Pour plus d’informations, se rapporter au document Partenariat produits agricoles importés des rives méditerranéennes entrent
Euro‐Med, Programme Indicatif Régional 2005‐2006 de la ainsi dans l’Union Européenne en franchise de droits de douanes
Commission Européenne à l’adresse suivante : ou à taux préférentiels. Réciproquement, un tiers des exportations
européennes de produits agricoles bénéficient de préférences
http://ec.europa.eu/comm/external_relations/euromed/rsp/meda_ni tarifaires dans les pays méditerranéens.
p05_06_fr.pdf
Cependant, l’espace méditerranéen connaît une intégration
régionale encore assez embryonnaire. Le commerce intra‐régional
Bilan des accords d’association Euro-Med reste en dessous des 8% du commerce total de la zone, chiffre le
L’année 2005, qui avait été déclarée « Année de la Méditerranée », plus faible au monde pour un ensemble économique de cette taille.
s’est conclue par la célébration du 10ème anniversaire de la Or, un espace économique régional plus intégré passe
Déclaration de Barcelone durant le sommet euro‐méditerranéen qui nécessairement par la conclusion d’accords de libre‐échange entre
s’est tenu à Barcelone les 27 et 28 novembre. A cette occasion, un pays sud‐méditerranéens (relations Sud‐Sud) en complément des
programme de travail à 5 ans, qui fait une large place à accords d’association (relations Nord‐Sud). Si un certain nombre
l’investissement étranger, au suivi des réformes et à l’innovation, a d’accords de libre‐échange Sud‐Sud sont récemment entrés en
été adopté par la Chefs d’Etat. vigueur, à l’instar de ceux conclus entre la Turquie et la Tunisie, ou
entre la Turquie et le Maroc, leur portée est limitée (règles d’origine
Tous les pays sud et est‐méditerranéens peuvent à présent restrictives, exclusion de l’agriculture).
bénéficier des accords d’association euro‐méditerranéens : de
l’Algérie à la Turquie en passant par l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Par ailleurs, l’Accord d’Agadir, signé entre la Tunisie, le Maroc, la
Liban, le Maroc, l’Autorité palestinienne, la Tunisie. Seul l’accord Jordanie et l’Egypte le 25 février 2004, engage les parties à éliminer
d’association avec la Syrie paraphé en octobre 2004 n’est pas encore lʹessentiel des droits de douane sur leurs échanges réciproques dès
entré en vigueur. le 1er janvier 2005 et à intensifier leur coopération économique en
matière de normes et de procédures douanières. L’accord n’a pas
Dix ans après le lancement du processus de Barcelone, la encore été ratifié par le Maroc.
libéralisation du commerce des produits industriels est devenue
une réalité tangible : tous les produits en provenance des pays
méditerranéens ont accès au marché de l’Union Européenne en Les instruments financiers MEDA, FEMIP et les
franchise de droits de douane. Réciproquement, les pays jumelages institutionnels
méditerranéens ont mis en place un processus de démantèlement
Les accords d’association du Partenariat euro‐méditerranéen
progressif de leurs tarifs douaniers qui s’étale généralement sur
prévoient également des outils de coopération financière de l’UE
une douzaine d’année.
25 26
14. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ? Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
pour appuyer la mutation économique dans les pays partenaires constructions d’infrastructures à l’appui du développement du
méditerranéens. Ils s’articulent autour de MEDA et de la FEMIP. secteur privé, les projets privés locaux, les projets
Décidé par le Conseil de Cannes en juin 1995, le programme environnementaux, le développement des marchés de capitaux.
MEDA constitue le cadre financier principal de la mise en œuvre Depuis sa création en octobre 2002, la FEMIP s’est progressivement
renforcée, sans toutefois devenir une banque de développement
du Partenariat euro‐méditerranéen. La Commission Européenne,
euro‐méditerranéenne à part entière –son capital reste détenu par
en étroite coopération avec chacun de ses partenaires
les pays européens et sa capacité d’expertise est surtout tournée
méditerranéens et en tenant compte de leur diversité, élabore, selon
vers les infrastructures et les grands projets publics. Peu de pays
la démarche «bottom‐up», des programmes d’aide à la transition
soutiennent la constitution, pourtant emblématique, d’une banque
économique, financés au titre de MEDA. Ils prennent la forme,
euro‐méditerranéenne « intégrale » (en commençant par une filiale
entre autres, d’appui aux réformes et de développement du secteur
à participation majoritaire de la BEI) qui supposerait de libérer un
privé (soutien aux PME et à l’industrie, modernisation du secteur
capital important (compte tenu de l’encours BEI sur la région
financier, aide à la privatisation et appui à la participation du
MEDA), impliquerait une hausse des taux de prêt (baisse du rating,
secteur privé aux investissements d’infrastructure, mesures visant à
coûts de fonctionnement) et obligerait à la co‐décision avec les
faciliter les échanges). Avec MEDA II, une déconcentration a été
nouveaux actionnaires. La BEI et certains Etats membres tentent
préconisée au profit d’une gestion locale des programmes MEDA
cependant d’avancer en consolidant les acquis, en améliorant
par les délégations de l’UE dans les pays récipiendaires. Le
l’intégration de la FEMIP (bureaux locaux, comité d’experts
montant total des fonds engagés pour la période 1995‐2006 s’élève
évoluant vers un comité de pilotage associant les pays du sud), en
à environ 8,8 milliards d’euros et ils bénéficient tant aux autorités
envisageant de nouveaux outils (système de garantie, par exemple)
étatiques (nationales et locales) qu’au secteur privé et aux acteurs
et surtout en orientant de plus en plus les activités vers le difficile
de la société civile.
marché des PME et de l’investissement privé. A ce titre, la FEMIP
Mise en place à la Banque européenne d’investissements (BEI) lors accentue ses efforts vers le secteur productif, non seulement en
de la conférence euro‐méditerranéenne de Barcelone le 18 octobre ouvrant des lignes de crédit à des banques commerciales chargées
2002, la Facilité euro‐méditerranéenne d’investissement et de de financer l’industrie, mais aussi en participant à des fonds de
partenariat, FEMIP, a financé 7,2 milliards d’euros à fin 2005 pour capital investissement. A l’avenir, elle pourrait jouer un rôle encore
77 opérations en faveur de la modernisation de l’économie, de plus efficace si elle pouvait prêter en monnaie locale et s’appuyer
l’établissement d’un climat propice à l’investissement, du sur des équipes permanentes plus étoffées et plus proches des
développement du secteur privé et de la création d’emplois dans clients méditerranéens (la BEI est, de loin, la banque de
les pays bénéficiaires. développement dont l’effectif de personnel est le plus faible par
Confortée à l’issue de diverses conférences ministérielles Ecofin (en rapport aux crédits consentis, et cela peut poser problème pour
particulier, en juin 2006 à Tunis), la FEMIP déploie ses actions de suivre des dossiers de PME).
financement dans plusieurs domaines prioritaires : les
27 28
15. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ? Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
Le volume de prêts octroyés au bénéfice des pays partenaires projets représentant au total 930 millions d’euros), 38 % au Proche‐
méditerranéens (MEDA) a atteint 1,8 milliards d’euros en 2003, 2,1 Orient (10 projets pour un montant total de 834 millions d’euros) et
milliards en 2004 et 2,2 milliards en 2005. Pour cette dernière année, 20 % au Maghreb (7 projets totalisant 430 millions d’euros). Enfin,
51 % des ressources sont destinés à l’appui du secteur privé. Près la FEMIP a financé dans les territoires palestiniens deux opérations
de 35 % de ces opérations ont été menées avec le secteur bancaire destinées à améliorer les infrastructures électriques et à soutenir les
local, afin de renforcer sa capacité à financer des investissements PME.
productifs réalisés par des PME. Parallèlement, la FEMIP a appuyé La panoplie diversifiée d’instruments de la FEMIP permet de
des investissements dans des infrastructures de base relevant des répondre aux besoins des économies locales. Elle fournit, en effet,
secteurs de l’énergie (Égypte, Gaza‐Cisjordanie, Syrie), de des produits financiers tels que des prêts à long terme, capital‐
l’environnement (Turquie, Liban, Maroc), et des transports et risque etc., à des conditions financières attractives. Le Fonds
communications (Syrie, Liban, Maroc et Turquie). L’année 2005 a d’assistance technique de la FEMIP a signé en 2004 sa première
été en outre marquée par la reprise des opérations de financement année d’existence, 20 contrats pour un total de 13,8 millions €
dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, avec l’octroi de deux prêts (dons). Enfin, le Fonds fiduciaire de la FEMIP, opérationnel depuis
pour contribuer à l’amélioration concrète des conditions de vie des début 2005 (contributions des Etats Membres de 30 M€), a élargi la
Palestiniens grâce à la fourniture d’électricité et à la mise en place gamme des instruments financiers de la FEMIP.
d’un fonds de garantie à l’appui des PME.
Davantage de moyens seront également consacrés à l’assistance
Figure 4. Répartition des prêts FEMIP par pays en 2005 (en millions technique pour permettre l’émergence de projets, notamment dans
d’euros) les domaines sociaux et de réduction de la pauvreté. En outre, pour
marquer sa présence physique sur la rive sud de la Méditerranée, la
BEI a fait le choix d’implanter des bureaux de la FEMIP dans trois
Tunisie (260) Turquie (930)
capitales (Le Caire, Tunis et Rabat). Enfin, une évaluation globale
du fonctionnement de la FEMIP a été réalisée en décembre 2006,
permettant en particulier d’examiner les diverses options pour
Algérie (10)
Syrie (300) l’avenir de cet instrument.
Egypte (309) Afin d’identifier de nouvelles manières de développer la
Maroc (160) coopération financière sur la base des avantages comparatifs et
Palestine (55) Liban (170) d’élargir le champ de ses opérations, la FEMIP a renforcé sa
coopération avec d’autres bailleurs de fonds présents dans la
région en signant des accords avec les institutions européennes de
Pour ce qui est de la répartition géographique de la FEMIP (cf. financement du développement (EDFI). Cette mesure permettra
figure 4), 42 % des signatures concernent des projets en Turquie (6 d’amplifier le soutien qu’apporte l’UE au développement
29 30
16. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ? Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
économique des pays partenaires méditerranéens, d’éviter le d’Agadir, en tant qu’initiative intra‐régionale Sud‐Sud lancé entre
double emploi de ressources et de maximiser l’impact des activités le Maroc, la Tunisie, l’Égypte et la Jordanie en mai 2001 à Agadir,
des États membres de l’UE dans la région. constitue une démarche volontaire entreprise par ces quatre
Outre ses opérations de financement, la FEMIP a réalisé une étude partenaires en vue d’établir entre eux une zone de libre‐échange.
des marchés de la dette publique dans les pays méditerranéens (qui L’accord vise dans un premier temps la création d’une zone de
a été publiée en décembre 2005) et a défini un programme de libre‐échange de manière progressive, pendant une phase
travail ambitieux sur l’accès des entreprises au crédit. Elle a transitoire ne devant pas dépasser la date du 01/01/2005 à compter
également publié la première analyse détaillée sur les envois de de la date de son entrée en vigueur. Cet accord devra permettre de
fonds des travailleurs de pays méditerranéens émigrés en Europe. dynamiser les échanges commerciaux, de développer le tissu
Le 13 mars 2006, la FEMIP a signé un accord de partenariat avec le industriel, soutenir l’activité économique et l’emploi, augmenter la
réseau euro‐méditerranéen des instituts économiques (FEMISE), productivité et améliorer le niveau de vie dans les pays signataires.
permettant une coopération sur l’analyse macro‐économique des De même il devra favoriser la coordination des politiques macro‐
pays MEDA et l’évaluation des politiques financières. économiques et sectorielles, notamment dans les domaines du
commerce extérieur, de l’agriculture, de l’industrie, de la fiscalité,
Les jumelages institutionnels des finances, des services et de la douane, en plus de sa
Le principe des jumelages, mis en œuvre dès 1998 dans les pays contribution à l’harmonisation des législations dans le domaine
PHARE (Europe centrale et orientale), a été étendu aux économique des pays signataires. Concernant les dispositions
programmes MEDA en2004, dans le cadre des programmes relatives à la libéralisation du commerce extérieur, les pays
d’appui aux accords d’association, essentiellement en vue de contractants ont adopté un calendrier prévoyant une exonération
réformes des structures administratives des pays partenaires totale des produits industriels à partir du 01/01/2005. Il a, par
méditerranéens. Les montants varient de 5 à 20 millions € sur trois ailleurs, été convenu de libéraliser le commerce des produits
ans selon les pays. La gestion est déléguée localement à des unités agricoles et agro‐industriels conformément au programme exécutif
de gestion de programmes (UGP). La Commission considère cet de l’accord de gestion et le développement des échanges
instrument comme un précurseur de la politique de voisinage en commerciaux entre les pays arabes pour la création de la Grande
matière de renforcement et de modernisation des administrations Zone arabe de libre‐échange (GAFTA). Le secteur des services sera,
des pays partenaires méditerranéens. Le programme pourrait, à quant à lui, libéralisé conformément aux termes de l’accord général
terme, être ouvert aux opérateurs privés. du commerce des services de l’Organisation Mondiale du
Commerce (OMC). Les termes de l’accord stipulent également
l’application des règles d’origine arabo‐méditerranéennes qui
La coopération Sud-Sud devront être mise en conformité aux règles d’origine euro‐
La signature de l’Accord d’Agadir le 25 février 2004 marque une méditerranéennes.
étape dans la progression de l’intégration Sud‐Sud. Le processus
31 32
17. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ? Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
Pour ce qui est de lʹadhésion à lʹaccord dʹAgadir, il a été convenu Figure 5. Principaux accords de libre‐échange bilatéraux et régionaux
que tout pays arabe membre de la Ligue Arabe et de la Grande entre les pays MEDA
Zone arabe de libre échange et lié par un accord dʹassociation ou de AA Autres Algé‐ Egyp‐ Israël Jordanie Li‐ Maroc Sy‐ Pales Tuni‐ Tur‐
avec ALE rie te ban rie ‐tine sie quie
libre‐échange avec lʹUnion Européenne peut adhérer à lʹaccord UE
dʹAgadir après consentement de tous les pays membres. Algé‐ S 4/02
GAFTA UMA UMA
rie V 9/05 S S 2/89 S 2/89
L’accord permet de créer un marché de plus de 100 millions Egyp‐ S 6/01
GAFTA Agadir Agadir Agadir S
d’habitants dans les quatre pays concernés, entraînerait des gains te V 6/04
V 1/05 S 2/04 S 2/04 S 2/04 12/05
USA
dʹefficience et rendrait la région plus attrayante pour les Israël S 11/95 USA ALE S 94 S 3/96
investisseurs étrangers dans cette région. V 6/00 S 12/04 V 95 V 5/97
Jorda‐ S 11/97 GAFTA Agadir ALE ALE Agadir Neg.
L’Union Européenne s’est engagée à appuyer le processus d’Agadir nie V V 1/05 S 2/04 S S 6/98 S 2/04 06
tant sur le plan financier que sur le plan technique. Le programme 05/02 USA 12/04 Agadir ALE
10/00 S 2/04 S 98
«Aide aux signataires d’accords d’association pour le V 6/99
développement du libre‐échange entre eux et avec l’Union Liban S 06/02 S 9/98
EV V 2/99
Européenne» a été approuvé dès 2003. Ce programme, doté d’une 04/06
enveloppe financière de 4 millions d’euros et financé au titre de Maroc S 2/96 GAFTA UMA Agadir Agadir Agadir S 4/04
MEDA, vise à encourager le commerce et l’intégration Sud‐Sud, en V 3/00 V 1/05 S2/89 S 2/04 S 2/04 S 2/04 V 1/06
USA UMA
commençant au niveau intra‐régional, ce qui ne peut que 6/04 S 2/89
contribuer à améliorer l’attractivité des IDE dans cet espace Syrie S 10/04 GAFTA
V 1/05
économique. Le commerce intra‐régional est encouragé dans le Pales‐ S 2/97 GAFTA S 94 S 7/04
cadre de l’accord d’Agadir, de la grande zone arabe de libre‐ tine AI V V 1/05 EV 95
échange (GAFTA) et de l’union douanière du Conseil de 7/97
Tuni‐ S 7/95 GAFTA UMA Agadir Agadir Agadir S11/0
coopération du Golfe (CCG). sie V 3/98 V 1/05 S02/ S 02/04 S 2/04 S 2/04 4
89 ALE UMA V7/05
Le tableau ci‐après (figure 5) récapitule les accords de commerce S 03/98 S 2/89
signés au sein de la région MEDA et avec leurs principaux Tur‐ UD S 12/05 S 3/96 Neg. Neg S 4/04 S S 7/04 S 11/04
quie S 96 V 97 V 1/06 12/ V V 7/05
partenaires extérieurs.
V 96 04 6/05
Source : The Euromed process in the trade area, update 03/06 et mise à jour ANIMA, Déc. 2006.
Légende : AA : Accord d’association avec l’UE ; AI : Accord Intérimaire ; S : Signé ; V : En vigueur ; UD :
Union douanière ; Neg. : En négociation ; USA : accord de libre‐échange avec les Etats‐Unis
GAFTA : Convention de facilitation et de développement des échanges commerciaux interarabes du
17/02/1981. En vigueur depuis le 1er janvier 2005. Les 18 pays signataires sont l’Arabie Saoudite, Bahreïn,
l’Egypte, les Emirats arabes unis, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye, le Maroc, Oman, la
Palestine, le Qatar, la Somalie, la Syrie, et le Yémen. Le Soudan et la Tunisie sont en cours de ratification.
L’Algérie, les Comores, Djibouti et la Mauritanie n’ont pas approuvé l’accord.
33 34
18. Investir dans la région MEDA, pourquoi, comment ?
Les opportunités d’affaires
dans les pays MEDA
Algérie
Panorama général
Repères
Capitale Alger
Superficie 2 382 000 km2
Population 33,9 millions d’habitants (2005)
Langues Arabe, français, berbère.
PIB (dollars) 102 milliards (2005)
PIB per capita (dollars)
3 0 85 USD – 7 189 ppp. USD (2005)
Monnaie (2005) Dinar algérien (DZ).
1 Euro = 87,01 DZ – 1 USD = 73,37 DZ
Religion Musulmane (99%).
Fête nationale 5 juillet (Indépendance en 1962).
Accord d’Association Signé en 2002, entré en vigueur le 1er
avec l’UE Septembre 2005.
Site web de la Délégation de l’UE :
http://www.deldza.cec.eu.int
Adhésion à l’OMC Observateur depuis 1985. Accession en
cours de négociation.
Sources : Banque Mondiale, FMI, World Development Indicators 2006 et FMI,
Article IV Consultation 2005, Country report.
35