EXTRAIT du roman « Némésis » de Xavier MasséTaurnada
4e de couverture : « David… ? C'est moi, c'est Vincent ! Il faut que tu viennes ! Il faut que tu me rejoignes dans notre village d'enfance… il s'est passé quelque chose… c'est horrible, je n'ai jamais vu ça !… » Une disparition anormale, un meurtre sans précédent, un village divisé entre croyances et superstitions, une atmosphère étouffante… David et Vincent, deux gosses d'Assieu devenus flics, vont s'immerger dans cette enquête, et sans le savoir vont descendre aux portes de l'enfer… (Disponible le 5 novembre 2020 papier et numérique.)
EXTRAIT du roman « Les Couloirs démoniaques » de Jean-Marc DhainautTaurnada
4e de couverture : Le Foyer des Galibots, une maison de retraite paisible située dans le Nord de la France, ferma ses portes en 1992 après une effroyable série de morts mystérieuses. Des suicides, selon l'enquête. Détails troublants : certains pensionnaires avaient témoigné de présences effrayantes, et une aide-soignante avait affirmé avoir été attaquée par une force invisible. Alan Lambin, enquêteur en paranormal, sent que cet endroit, construit sur les ruines d'un hôpital exploré quinze ans plus tôt, a besoin de lui. A-t-il oublié la menace qui y rôde ? (Disponible le 2 juillet 2020 papier et numérique.)
EXTRAIT du roman « Némésis » de Xavier MasséTaurnada
4e de couverture : « David… ? C'est moi, c'est Vincent ! Il faut que tu viennes ! Il faut que tu me rejoignes dans notre village d'enfance… il s'est passé quelque chose… c'est horrible, je n'ai jamais vu ça !… » Une disparition anormale, un meurtre sans précédent, un village divisé entre croyances et superstitions, une atmosphère étouffante… David et Vincent, deux gosses d'Assieu devenus flics, vont s'immerger dans cette enquête, et sans le savoir vont descendre aux portes de l'enfer… (Disponible le 5 novembre 2020 papier et numérique.)
EXTRAIT du roman « Les Couloirs démoniaques » de Jean-Marc DhainautTaurnada
4e de couverture : Le Foyer des Galibots, une maison de retraite paisible située dans le Nord de la France, ferma ses portes en 1992 après une effroyable série de morts mystérieuses. Des suicides, selon l'enquête. Détails troublants : certains pensionnaires avaient témoigné de présences effrayantes, et une aide-soignante avait affirmé avoir été attaquée par une force invisible. Alan Lambin, enquêteur en paranormal, sent que cet endroit, construit sur les ruines d'un hôpital exploré quinze ans plus tôt, a besoin de lui. A-t-il oublié la menace qui y rôde ? (Disponible le 2 juillet 2020 papier et numérique.)
« Alan Lambin et l'esprit qui pleurait » de Jean-Marc DhainautTaurnada
4e de couverture : Région de Caen, novembre 1982. Brice, 16 ans, se réveille installé à son bureau, un crayon à la main. Perplexe, il observe son lit défait dans lequel il s'est pourtant couché la veille. Que fait-il assis là ? En posant soudain les yeux sur la couverture de son livre de mathématiques, il peut y lire : « Je m'appelle Rose Feibelman, et je suis morte dans cette maison. » Un événement étrange qui vient s'ajouter à tous ceux qui frappent la famille Chanal depuis quelque temps. En arrivant sur place, Alan Lambin, spécialiste en phénomènes de hantises, ignore encore le rendez-vous que l'Histoire lui a fixé depuis cette nuit d'été 1944. (Nouvelle - Version intégrale - 113 pages.)
« Alan Lambin et le fantôme au crayon » de Jean-Marc DhainautTaurnada
4e de couverture : 6 ans avant « La Maison bleu horizon », Alan Lambin était déjà confronté à l'impensable. Une enquête inédite explorant le monde du paranormal avec sensibilité et émotion... (Nouvelle - Version intégrale - 29 pages.)
EXTRAIT du roman « Les Galeries hurlantes » de Jean-Marc DhainautTaurnada
4e de couverture : Karine, dix ans, joue avec un ami imaginaire. Tout ce qu'elle sait, c'est son âge et qu'il n'aime pas Alan Lambin, le spécialiste en paranormal que son père, désemparé et dépassé par une succession de phénomènes étranges, a appelé à l'aide. Et si l'origine de tout cela se trouvait dans les anciennes galeries minières existant toujours sous ce village du Nord ? Le seul moyen d'accéder à ce dédale oublié de tous serait les sous-sols d'un hôpital abandonné et hanté par le souvenir de tous ceux qui y laissèrent leur vie, un matin d'hiver, treize ans plus tôt. (Disponible le 4 juillet 2019, papier et numérique.)
EXTRAIT du roman « Haut le chœur » de Gaëlle Perrin-GuilletTaurnada
4e de couverture : « Quand je sortirai, tu seras la première prévenue… Je saurai te retrouver. » Depuis qu'Éloane Frezet, la tueuse en série la plus abjecte de ces dernières années, a prononcé ces mots, Alix Flament vit dans l'angoisse que la criminelle sanguinaire s'évade de prison... Alors, quand la journaliste reçoit un coup de téléphone d'Éloane en pleine nuit, elle comprend que la meurtrière va honorer sa promesse... Une promesse de sang... (Disponible le 14 mars 2019, papier et numérique.)
Mike, la quarantaine en crise, tourmenté par une hypocondrie inspiratrice, décide de consulter un éminent virologue. Cette rencontre singulière bouleverse le cours de son existence et le précipite dans l’univers déjanté du couple formé par le docteur Ernst Richmond et sa femme Charlène, succube incarnée.
Découvrez en avant première le prologue et les 2 premiers chapitres !
Cortèges existe en version brochée et numérique. Il est en vente sur http://www.amazon.fr/Cort%C3%A8ges-Olivier-Sourisse-ebook/dp/B01AWIDPX8?ie=UTF8&qid=&ref_=tmm_kin_swatch_0&sr=
Heavy-Duty and High torque-to-weight ratios bundled together in a compact motor. Visit hydraulicmotorpump.com to get a hagglands motor if you require a machine to work in toughest conditions being a lightweight machine.
Top 10 bugs in C++ open source projects, checked in 2016PVS-Studio
While the world is discussing the 89th Ceremony of Oscar award and charts of actors and costumes, we've decided to write a review article about the IT-sphere. The article is going to cover the most interesting bugs, made in open source projects in 2016. This year was remarkable for our tool, as PVS-Studio has become available on Linux OS. The errors we present are hopefully, already fixed, but every reader can see how serious are the errors made by developers.
The Nifty closed up slightly at 8927. Most trading activity was concentrated in the 9000 call and 8800 put options for the March expiry. The maximum open interest for calls was at the 9000 strike price and for puts was at 8700. Nifty futures saw an addition of over 5.8 lakh open interest contracts. Among stocks, Reliance Industries and Vedanta witnessed significant increase in open interest futures contracts for March, while SBI saw a large decrease. The India Volatility Index increased and the Nifty put-call ratio was below 1.
The Indian rupee remained under pressure against the US dollar, depreciating marginally to 66.72. Investors remained cautious ahead of upcoming domestic economic data releases and the US Federal Reserve's interest rate decision. The US dollar index declined due to rising risk appetite and negative US economic data, while the euro strengthened against the dollar on upbeat sentiment and French labor market data. The Japanese yen weakened on improving risk sentiment and a plunge in Japan's manufacturing index.
This document performs various natural language processing and text analysis techniques on a news article text such as sentiment analysis, part-of-speech tagging, topic modeling using LDA, text summarization, text classification using naive bayes, text similarity measures like Levenshtein distance and cosine similarity. It cleans the text by removing HTML tags and formatting, performs word stemming and lemmatization. It also calculates various readability statistics of the text.
The document discusses plans for a film project focusing on the backwood and redneck subgenre. It notes an understanding of the conventions of this subgenre and aims for a realistic yet unpredictable plot of high quality. Some concerns are raised that the planned plot may be too long, have too many characters, and need an ambiguous ending to better fit the short film format. Advice is also given to use believable blood props sparingly and ensure antagonists have suitable costumes and weapons.
The document provides a daily market summary and analysis for March 10th, 2017. It discusses the performance of world markets including the US, Asia, and India. It also provides technical analysis recommendations to buy two Indian stocks (PIIND and ITDCEM) based on chart patterns and indicators. In addition, it lists upcoming corporate actions and results calendars.
Yashshree Competition Zone is a leading institution for competitive exam preparation in Maharashtra. It has helped over 3000 students secure positions in prestigious government organizations through its training programs and mentorship. The organization's vision is to help aspiring students succeed in competitive exams and become the "right candidate" for jobs. It aims to "prepare, practice, and perform" to make students winners who can get selected for roles in public sector banks, the IBPS exam, SBI, RBI, SSC, and the CSAT exam. The document provides details on these exams and the average salaries offered for bank jobs. Yashshree Competition Zone has branches in Nagpur and Bhandara and helps students discover their talents to
Evernote allows users to synchronize notes across all their devices, share information by email, create reminders, and organize notes into groups that automatically update across connections. LinkedIn is a professional networking platform where users can post their resumes and work experience for others to see. It recommends growing one's professional network by sending connection requests, checking account updates, sharing accurate personal information, and searching for new contacts to improve job opportunities and visibility to other professionals within the LinkedIn network.
- The document provides a technical analysis of gold, silver, copper, crude oil, and other base metals and energy commodities on the MCX.
- It finds that gold, silver, copper, and crude oil prices have all broken down from rising trends and channels on daily charts and are expected to move lower in the near term.
- Specific downside price targets are provided for each commodity along with upside reversal levels.
« Alan Lambin et l'esprit qui pleurait » de Jean-Marc DhainautTaurnada
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Lo cual tiene como propósito promover la convivencia estudiantil entre la Licenciatura en Ecología e Ingeniería Ambiental, la creación de proyectos ecológicos para la protección y uso sustentable de los recursos naturales, así como fomentar actividades enfocadas a la conservación del ambiente y la educación ambiental para toda la comunidad universitaria de la UES
4e de couverture : Une petite fille aux étranges pouvoirs vient au monde. Autour d'elle, c'est l'Espagne du Moyen Âge, barbare autant que raffinée, à la fois religieuse et brutale, où la reine Isabelle la Catholique s'apprête à chasser tous les Juifs du royaume. La petite Alma, celle qui parle avec Dieu, deviendra-t-elle le guide dont son peuple a besoin, ou bien sera-t-elle comme tant d'autres balayée par le vent mauvais de l'Histoire ? L'épouvante se mêle au comique, les destins s'enchevêtrent, aussi grandioses que pitoyables, dans un récit haletant, à la force d'une légende.
Pour venir télécharger gratuitement toutes les collections des livres dont vous etes le héros, venez sur mon blog:
Le Blog Dont Vous Etes Le Heros
http://bdveh.blogspot.com
Découvrez les premières pages du roman Dix-Neuf, de Sami Mokaddem. Comar d'or découverte 2015. Plongez dans un jeu de pistes haletant à la découverte d'un des secrets les plus terribles de Carthage.
Visitez notre site pour plus d'informations : http://pop-libris.wix.com/site
Similar to "Ni armes ni violence et sans haine" (20)
1. “Ni armes, ni violence et sans haine”.
(Albert SPAGGIARI-1976)
Ça avait commencé par une minuscule goutte de sueur, à peine un soupçon d'eau, une
caricature de transpiration, un nanocéan salé avec l'ombre d'une pointe d'acidité, qui de
par sa faible constitution, n'osa même pas ébaucher une amorce de glissade, se
contentant d'apparaitre.
Bien qu’elle sût pertinemment qu'elle fût la seule à la sentir, l'impudence du fait lui
crispa immédiatement les abdos. Son transverse sollicité, elle rentra instinctivement un
peu plus le ventre, alors que son sourire doux et légèrement détaché des contingences
terrestres, continuait à flotter sur ses traits sereins. Son pouls, admirablement contrôlé
par des années de pratiques ascétiques, ralentit même au gré d'une respiration gérée
comme un lancement à Cap Canaveral. Sa totale maîtrise de la sophrologie lui permit en
2. un temps record de détendre les abdos, redonner un peu de volume au ventre tout en
maintenant une respiration des plus paisibles. Elle abaissa même la température de son
corps de quelques millièmes, ce qui eut pour conséquence le retour à l’aridité frontale.
L’alerte n’avait en rien été dangereuse et aucun drame évité, vu la micro proportion de
ladite goutte, néanmoins, elle sentit du coin de l’œil, la bouche noire vorace et mutique
de l’une des caméras zoomer vers son visage. Elle posa les yeux sur ses mains. Trois
superbes spécimens de scorpions africains luisant de noirceur et deux énormes mygales
velues se promenaient tranquillement sur ses mains posées à plat dans un bac en verre.
Elle avait étudié les arachnéens et savait quels risques elle courait. Ou pas. Ces animaux
à la réputation exécrable, attaquaient rarement, sauf s’ils se sentaient menacés. Leur
piqure était certes douloureuse mais prise à temps et soignée, sans grand risque pour la
victime, à moins d’être allergique ou victime d’une attaque groupée. Une micro caméra
installée dans chacune des cages en verre saisissait le moindre détail anatomique des
bestioles. Pour l’instant, une des mygales tâtait de ses pattes duveteuses, l’anneau
d’argent qu’elle portait au pouce. L’analyse dut la décevoir car elle s’en détourna sans
plus de façons et repartit arpenter les phalanges. Les scorpions eux, se faisaient face
dans une danse mortelle, dard érectile dressé, pinces ouvertes. Elle ne leur accorda
qu’une attention distraite. Contrôle de la respiration, de la transpiration, absence totale
de parfum, de pilosité ou de déodorant, vêtements en fibres naturelles, tout avait un
sens, un but, une finalité. N’agresser les animaux avec aucun effluve, aucune empreinte
olfactive belliqueuse, comme les dresseurs face aux fauves. Etre neutre, le plus neutre
possible.
En face d’elle, le Japonais trapu tout en muscles et tatouages, semblait afficher une
totale indifférence au monde. Ses mains carrées, aux ongles longs, disparaissaient
presque sur les tatouages qui recouvraient l’intégralité de son corps, ne laissant qu’à
peine deviner les agresseurs potentiels qui s’y promenaient. Ses yeux rapprochés aux
lourdes paupières ourlées restaient fixés sur l’horizon. Elle savait qu’il avait étranglé et
décapité nombre d’autres yakuza comme lui, ou de simples mortels, et qu’après ces
meurtres, il trempait longuement ses mains de tueur dans un bain de lait de vaches de
Kobi, rares et prisées, adouci de fleurs de cerisiers tout juste écloses qu’il faisait venir à
grands frais d’une pagode quasi secrète de Nagasaki jusqu’à Tokyo, par jet privé. Tant de
délicatesse dans la superstition la rassérénait sur le genre humain. Ils n’avaient pas
échangé un seul mot, à peine un regard, depuis le début de l’épreuve. Les adversaires se
jaugent, ne se jugent pas, disait son mentor. « Qui connaît l’autre et se connaît lui-
même, peut livrer cent batailles sans jamais être en péril. Qui ne connaît pas l’autre
mais se connaît lui-même, pour chaque victoire, connaîtra une défaite. Qui ne connaît
ni l’autre ni lui-même, perdra inéluctablement toutes les batailles.», dit Sun Tzu dans
« L’Art de la Guerre », l’un de ses plus anciens livres de chevet. Ainsi, elle en savait sur
son adversaire japonais beaucoup plus que lui-même devait en savoir sur elle, si tant est
qu’il se fut un tantinet renseigné. Sa discrétion et son absence de vie sociale officielle,
3. son goût prononcé pour le mystère dont elle s’entourait, le vide numérique qui
recouvrait sa vie, tout cela avait été soigneusement pensé, savamment orchestré,
méticuleusement établi. Pas de portable, pas de GPS, pas de cartes de fidélité, pas de
cartes bancaires (payer en liquide) … Son empreinte numérique comme carbonique était
quasi nulle.
Se détournant du yakuza, elle posa un regard sans expression sur l’Africain. Il avait
pénétré le labo dans une véritable mise en scène, hululant et psalmodiant à la fois des
chants d’origine inconnue, agitant une sagaie sanglante, un collier fait d’os et d’un crâne
d’enfant tombant sur sa poitrine maigre. Personne n’avait fait attention à lui, à part les
caméras scrutatrices et inquisitrices placées tout autour d’eux. Grand, presque osseux, le
crâne rasé et scarifié, des tatouages ethniques lui couvrant le menton, il se tenait penché
au-dessus de son bac en verre, ses lèvres sèches et violettes semblant ne pas pouvoir
s’arrêter de bouger. Prières, incantations, menaces muettes ? Après tout, peu importait
la méthode, pourvu que chacun y puise la force ou la foi. Mais l’homme paraissait tout
de même fortement agité. Le petit crâne humain suspendu à son cou claquait des
mâchoires au même rythme que ses lèvres. Elle regarda dans le bac et comprit la cause
de son trouble. Les mygales se balançaient d’avant en arrière sur leurs pattes, leur
ventre poilu frottant les mains de papyrus de l’homme. L’un des scorpions gisait sur le
dos, se contorsionnant d’agonie, alors qu’un autre, le dard gigantesque, menait une
chorégraphie victorieuse sur l’avant-bras. L’homme, debout, était cassé en deux au-
dessus du bac, son torse grêle et nu et ses aisselles détrempés par ses tentatives de
garder le contrôle de son angoisse. Un filet continu, fait d’aigreur et de peurs devenues
panique, tomba soudainement sur les arachnéens. Toute l’acidité déferla sur les insectes,
avec une telle violence que l’une des mygales bondit en l’air avec une soudaineté qui eut
pour effet de plonger les scorpions dans une peur guerrière et défensive. Comme si les
mygales n’attendaient que ça, dans une bacchanale de mort et de désolation, les
arachnéens et les scorpions effrayés piquèrent simultanément et à plusieurs reprises la
peau parcheminée et déjà grise de l’Africain. Celui-là hurla, gesticulant comme un fou,
les bras raides mais les mains effarouchées, le scorpion et les mygales terrorisés et
nerveux faisant des bonds, le tout dans un fracas de verre brisé et de cris affreux. Deux
militaires apparurent comme par magie, empoignant l’Africain sous les bras, le traînant
hors de vue, les mâchoires du crâne d’enfant ouvertes pour l’éternité sur un dernier
hurlement silencieux. Le tout n’avait duré qu’une poignée de secondes et avant même
qu’il n’ait quitté la pièce elle sut que l’homme était mort, le cœur ayant lâché. Seul le
couinement de rotation des caméras l’accompagna.
Elle avait été témoin de la scène sans états d’âme, le Japonais continuant à fixer
l’horizon, aucun des deux n’ayant esquissé le moindre mouvement pour venir en aide à
l’homme dont le souvenir s’estompait déjà en eux comme une brume matinale. Un bip
retentit, à peine sonore, une vibration, presqu’un ultrason qui eut pour effet immédiat
d’éloigner les scorpions et les mygales de leurs mains toujours immobiles et de rétracter
4. les caméras dans les bacs. Elle sortit lentement les mains de la cage, releva les bras et se
tourna vers le fond du hangar, où se dirigeait déjà le Japonais, toujours aussi mutique,
toujours aussi détaché. La première épreuve s’achevait par l’élimination d’un adversaire,
encore qu’elle n’eût point considéré l’Africain comme tel, son apparente faiblesse
d’esprit et son manque total de préparation l’ayant déjà classé, dès le début des épreuves,
comme peu susceptible de faire partie des redoutés.
La deuxième épreuve l’avait opposée à une Slovaque massive, avec un torse de lutteur de
foire, des cuisses de joueuse de tennis, des avant-bras musculeux et un incroyable visage
tout en finesse, des flots de cheveux blonds soleil et un regard cobalt tellement
incongrus qu’on aurait cru la tête d’une autre greffée sur ce corps. La Slovaque était
muette et étonnamment bruyante comme savent l’être les sans-voix. L’épreuve intitulée
sobrement « Jungle », consistait à traverser une sorte de jungle totalement improbable,
comme sortie de l’imagination d’un pervers et sans doute, était-ce le cas.
Elle avait identifié la Slovaque grâce au petit drapeau qui ornait sa combinaison noire.
Amenées en hélicoptère et jetées d’une hauteur de trois mètres dans une rivière glacée,
les mains sommairement liées dans le dos, les yeux bandés, un bâillon sur la bouche,
elle avait dû faire appel en elle à des ressources de survivaliste pour éviter de paniquer.
Le choc avec la surface l’avait presque assommée et elle en fut reconnaissante au bâillon
de lui éviter de se casser les dents en les entrechoquant si brutalement. Mais le bâillon
salvateur se révéla rapidement être aussi un étouffoir qui se gorgea d’eau, une eau sale,
boueuse, parasitaire, tentant de se frayer un chemin à travers sa gorge nouée. Il fallait
qu’elle sache rester calme. Elle réussit à basculer sur le dos, et à force de contorsions,
aidée comme elle pouvait par ses avant-bras, à faire glisser le bandeau de ses yeux. Elle
découvrit ce bras de fleuve, incroyablement froid, cette jungle inextricable et
farouchement hostile, ces rives si lointaines érigées sur une boue rougeâtre et prégnante,
où elle le savait, des caméras enregistraient et diffusaient en direct des images sans filtre,
ces rochers déchiquetés dressés comme autant de mouroirs en puissance, et surtout, ces
troncs, faux espoirs à écailles et tout en dents, se laissant glisser dans l’eau, sans hâte,
comme certains de l’inéluctabilité du destin réservé aux deux femmes.
La Slovaque. Où était la Slovaque ? Elle avait entendu le bruit de son impact dans l’eau,
mais ses mains entravées gênaient toute manœuvre giratoire. L’instant n’était pas au
questionnement, mais à l’action. Elle flottait, ballottée, toujours sur le dos. Elle fit jouer
les liens qui lui enserraient les poignets, risquant de basculer à tout moment, ce qui était
hors de question. Elle se sentait entrainée sans échappatoire possible par le courant vers
ce qui devait être des chutes. Un drone surgi de nulle part bourdonnait au-dessus de sa
tête, son zoom accrochant chacun de ses gestes, chacun de ses traits. Elle l’ignora. Le
bruit terrifiant de l’eau se fracassant plusieurs dizaines de mètres plus bas, la bruine
incessante et glacée lui balayant le visage, les tourbillons la malmenant comme un
simple morceau de bois, la menace imminente des crocodiles rôdant autour,
5. charognards au sourire perpétuel ; cette conjugaison d’insensé et de très réaliste lui
donnèrent avec tout autant de violence que le déchainement des éléments autour d’elle,
une impulsion d’énergie, un sursaut de survie, une décharge d’adrénaline qui l’électrisa
littéralement. Une contorsion souple et rapide des épaules générée par des années
d’assouplissements lui permit en un temps record de faire passer les bras par-dessous
les jambes et les liens se défirent alors avec une facilité déconcertante. Bien sûr. L’idée
n’était pas d’amener à une mort rapide et peu spectaculaire, mais au contraire, de
pousser la résistance jusqu’au bout. Débarrassée des liens, elle arracha le bâillon
lorsqu’elle ressentit une brutale poussée dans le dos. On venait de la heurter violemment,
et elle tourbillonna davantage avant de voir la Slovaque dériver, débarrassée elle aussi
de son bandeau, de ses liens et de son bâillon grâce à sa musculature, encore plus
désorientée, la bouche tordue sur un cri d’impuissance. Plus qu’un cri, des sons
inarticulés, rage, colère et volonté étroitement entremêlées. Comme pour l’Africain, elle
l’élimina de ses priorités et se mit à nager avec le courant. Tenter l’inverse comme la
Slovaque était suicidaire, mais la musculature impressionnante de celle-ci lui offrait
l’opportunité d’essayer. Quant à elle, elle évaluait la distance la séparant des rapides au
bruit infernal qui se rapprochait et aux tourbillons de plus en plus nombreux qui
jetaient autant d’obstacles sur sa folle dérive. Elle ne doutait pas qu’une solution existât,
proche et éloignée à la fois, de par les conditions extrêmes de l’épreuve. Elle savait que
les crocodiles ne se risqueraient pas trop à approcher des rapides, mais attendraient
patiemment près des rives. Rester concentrée, connectée, malgré les chocs répétés, le
froid qui engourdit les jambes, les spasmes de peur qui les traversent, la boue qui adhère
au pantalon, l’eau s’insinuant partout dans ses oreilles, son nez, ses yeux.
Et soudain, elle la vit. Une grosse corde tressée qui traversait la rivière de part en part.
La porte de sortie. Là, devant elle, à quelques vingt-cinq mètres. Assez proche des
rapides dont elle percevait l’effrayante imminence, pour qu’en cas d’échec, il lui restât
peu de temps de mortification. Tendue basse, donc saisissable, à condition d’impulser
un mouvement hors de l’eau. La rater, c’était le plongeon de la mort, et la noyade, due
au choc, à la perte de connaissance, à l’overdose d’eau. Son cerveau ne disposa que de
quelques secondes pour jauger, évaluer, analyser et décider. Torsion du corps,
basculement arrière d’une épaule, tirer sur la manche, arracher l’autre, saisir fermement
la chemise en coton du Nil d’une main, battre des jambes et donner avec la vraie énergie
du désespoir - et non cet ersatz littéraire sur-consumérisé- l’attendue impulsion,
balancer dans le même mouvement par-dessus la corde, la chemise fermement amarrée
au poing fermé, rattraper l’autre manche in extremis, l’enrouler hâtivement mais
fermement, poing serré convulsé. Son corps s’arcbouta, violemment freiné, arrêté dans
son élan tandis qu’elle bénissait une fois de plus l’extrême solidité de ces chemises
taillées pour l’aventure. C’était elle l’obstacle désormais, à peine accrochée au-dessus de
l’eau, qui redoublait de violence pour la gifler, la fouetter avec fureur, tenter de
l’arracher à la corde salvatrice. A la force des bras (les années de pratique de paddle
6. intensif lui avaient forgées des muscles moins exubérants que ceux de la Slovaque mais
visiblement fiables), elle se hissa vers la corde jusqu’à l’enlacer, puis commença à
remonter une jambe puis l’autre, cramponnée comme pour des exercices militaires. Son
pantalon trempé et gorgé d’eau ne lui facilitait pas la tâche mais pouce à pouce, elle
parvint à se hisser toute entière, tête en bas battue par les flots, toujours soumise aux
bourrasques. Elle souffla cinq longues minutes, régulant son pouls, son stress, éliminant
l’adrénaline qui avait envahi ses vaisseaux, puis releva la tête. Il était temps de quitter
cette baignade revigorante et un coup d’œil circulaire lui apprit trois choses : les
crocodiles attendaient d’un air ennuyé leur déjeuner accroché et récalcitrant, la corde
était tendue sur un plan incliné vers les charmants sauriens et une petite caméra était
placée sur la corde, captant impudiquement son combat. Ses mains blessées et
mouillées glissaient légèrement sur la corde, dont elle s’aperçut avec l’acuité des futurs
condamnés, que sa trame, loin d’être neuve, paraissait déjà s’effilocher par endroits.
Quitter ce pseudo sentiment de sauvegarde et ramper vers la rive opposée aux gros
lézards, qui étaient ressortis de l’eau, gueule terrifiante grande ouverte, aux aguets
malgré leur apparente nonchalance. Tenir compte du dénivelé de la corde, coordonner
bras et jambes, ses bras râpés et écorchés sur les aspérités du tressage grossier, faire
jouer les muscles de la nuque menaçant le torticolis, économiser son souffle mais pas sa
hargne de s’en sortir, commencer à ramper, oublier les écorchures des mains, le froid et
l’eau qui les rendaient léthargiques. Chaque centimètre la rapprochait de l’autre rive.
Faire abstraction du mugissement des eaux vives. Rester centrée sur l’objectif.
Crapahuter, glisser, se tracter, mains, avant-bras, bras, torse, bassin, cuisses, jambes,
chevilles : son corps autant que son cerveau étaient réduits à une dictature musculaire à
laquelle elle se pliait sans états d’âme. Elle avançait misérablement mais certainement.
Pour éviter que ses mains ne glissent, elle s’était enroulée, lovée autour de la corde rêche,
qui lui déchirait la poitrine et le ventre. L’œil béant de la caméra semblait fasciné et
zoomait sans arrêt. Elle avançait à reculons, les pieds vers la rive faussement salvatrice
mais toujours moins angoissante que l’autre. Au prix d’efforts immodérés et après ce qui
lui parut une éternité, elle sut qu’elle avait avancé de dix ou douze mètres. Elle ne
pouvait s’accorder de pause malgré les hurlements de ses muscles qui tétanisaient puis
se relâchaient : la corde menaçait toujours de rompre.
Elle reprit sa reptation, le deuxième souffle peinant à s’installer. Elle sentit avant même
qu’elle ne la vit, une forme noire surgir hors de l’eau et se jeter sur ses jambes. Malgré
toute sa concentration, elle ne put réfréner un cri et faillit lâcher la corde, autant de peur
que de surprise. Elle s’attendit à ressentir la morsure cruelle de cette mâchoire
dantesque lui arrachant les chairs et hurla autant de rage que de frustration. Ce qui
s’agrippait à ses jambes portait une combinaison noire déchirée et répondit à son cri de
rage par un hurlement de victoire guttural et primitif. La Slovaque. Elle l’avait radiée de
ses pensées et voilà qu’elle s’accrochait telle une sangsue vorace à ses jambes, ses
muscles bandés, balançant la tête comme une furie, les ongles étonnement longs plantés
7. dans ses côtes, ahanant sous l’effort. La Slovaque, qui avait dû utiliser toute sa force et
sa puissance après sa tentative de nager à contre-courant, pour hisser sa masse hors de
l’eau, devait être éreintée après tant d’efforts. Et elle menaçait terriblement la solidité de
la corde et son propre équilibre.
Sa réaction fut proportionnée au choc provoqué par le surgissement soudain de la
Slovaque, dont le visage congestionné était fouetté par l’eau tumultueuse. Elle se
cramponna à la corde par un avant-bras, détendit ses doigts par des claquements
rapides et rapprochés, en figea deux dans un ciseau rigide, repliant les autres doigts. Elle
visa les yeux de la Slovaque et lui envoya les doigts raidis dans les orbites. Elle les sentit
s’enfoncer sans résistance et ressortir dans un bruit hideux de succion tandis qu’elle
rattrapait la corde à une vitesse folle due autant au stress qu’au soulagement et au
dégoût. L’orbite myosotis pendait lamentablement de l’œil gauche et semblait
l’interroger d’un air hébété sur tant de haine. L’étau de métal des cuisses autour de ses
jambes sembla accuser le coup et déjà se relâchait l’impétueuse pression. Dans un
grincement atroce, des brins de plus en plus épais de corde commençaient à casser sec.
Le drone resurgit et se plaça face à la Slovaque : elle pouvait presque ressentir la
fascination morbide de la lentille qui faisait le point sur les filaments baveux de l’œil
énucléé. Il fallait en finir, et vite, la fatigue, voire la lassitude autant morale que
physique menaçait de rompre le fragile équilibre des forces. D’un coup de coude asséné
avec force mais sans méchanceté, elle explosa le délicat nez fin de la Slovaque, déjà hors
combat, qui se laissa glisser dans l’eau en douceur, son corps massif laissant des trainées
rouges sanguines dans l’eau. L’heureuse perspective d’un festin offert aux sauriens les
jeta dans les eaux troubles qui tourbillonnèrent sous leurs grands coups de queue et
leurs revirements spectaculaires. Le drone suivit dans un joyeux vrombissement le
déchiquetage appliqué de la Slovaque. Le souffle court, les doigts visqueux et poisseux
de sang, elle reprit sa reptation. La corde céda à quatre mètres du rivage, à un endroit
plus ou moins à l’abri du courant et elle regagna la rive épuisée mais vainqueur. Le
drone, pareil à une mouche entêtante, ronronnait au-dessus de sa tête. La berge boueuse,
sadiquement glissante, en pente et hérissée de rochers, fut pénible à grimper. Ses
muscles endoloris, ses chairs brutalisées, ses doigts recroquevillés sous l’effort, sa peau
agressée par le froid, l’humidité et le stress, se couvrit de chair de poule presque
douloureusement. Elle sut que le pire était passé, que la traversée de la jungle n’en serait
pas une, que l’épreuve était terminée. La végétation dense s’ouvrit sur deux militaires
dont l’un lui tendit un blouson sans un mot. Elle l’enfila et les suivit en silence jusqu’à
une jeep et ainsi s’acheva la deuxième épreuve.
Les épreuves se succédèrent, plus ou moins espacées, jamais monotones, toujours
jusqu’au-boutistes. Elle les affronta une à une, sans états d’âme, sa rage de vaincre
toujours intacte quand ses plaies saignaient encore. Elle se frotta à un ordinateur retors
lors de parties d’échecs simultanées, affronta des émeutiers doublés de casseurs, déroba
8. et força un coffre-fort, sauta à l’élastique attachée à un cadavre d’ours et tant d’autres
choses... Les caméras faisaient tellement partie du paysage qu’elle ne les voyait plus.
Même quand elle dormait ou se reposait, cet entêtant ronronnement et cette béance
obscure ne lui laissaient pas de répit. Elle ne recroisa qu’une fois le Japonais, et jamais
deux fois les mêmes adversaires. Les règles et le mode de sélection et d’éviction étaient
totalement opaques. Quelles règles, d’ailleurs ?
La dernière épreuve n’en paraissait pas une au prime abord, mais elle savait que toute la
perversité du jeu consistait justement à varier et moduler les plaisirs et elle s’était
préparée patiemment, longuement, méticuleusement, intelligemment et non
exhaustivement, telle une Spartiate.
Elle fut introduite dans une pièce aussi longue que large, tellement blanche et
réfléchissante que s’annihilait tout angle, tout relief. Une lumière crue tombait du
plafond sans aucun tamis qui l’adoucît. Seules les caméras éclaboussaient d’une tache
sombre l’immense hangar. Son regard se posa sur un petit groupe d’enfants. Ils lui
tournaient le dos mais elle devinait leur jeune âge à leur petite taille et à la finesse de
leurs membres. Ils étaient extrêmement silencieux, assis par terre en demi cercle, dos
vouté, regardant quelque chose qu’elle ne voyait pas pour l’instant. Elle s’avança à pas
feutrés. Quelque chose dans l’attitude de ces enfants était étrangement dérangeant. Cet
épais silence. Cette immobilité. Ses chaussures crissèrent légèrement sur le sol lui aussi
immaculé, mais pas un enfant ne se retourna. Elle continua à s’approcher, son regard
inquisiteur se posant sur chacune des nuques, des dos. Cheveux courts, longs, épais,
bruns ou frisés. Ils portaient tous un tee-shirt identique, noir, assez moulant, sur lequel
était inscrit un mot qu’elle parvint à déchiffrer lorsqu’elle ne fut qu’à quelques pas des
enfants : VOLUNTEER. Volontaire à quoi ? De quel type d’expériences des enfants
pouvaient-ils être volontaires ? Elle gardait les yeux fixés sur les dos jusqu’à presque
pouvoir entendre leur souffle. Quel souffle ? Des enfants ne montait aucune expiration,
pas le moindre frissonnement de mouvement, pas un tressaillement, pas le moindre
début de geste d’impatience. Leurs nuques et leurs regards semblaient converger vers un
point central, un petit boîtier carré où un compte à rebours digital semblait entamé. 4:27.
4 minutes 27 secondes avant quoi ? Elle les contourna par la droite, et contempla enfin
les enfants. Entre 4 et 10 ans. Yeux et bouche clos. Cousus, en fait. Un gros fil qui
traversait leurs minuscules lèvres de part en part, comme s’ils s’étaient cousus eux-
mêmes, en une mauvaise caricature de poupée vaudou. Encore eût-il fallu qu’ils y voient.
Un affreux adhésif marron leur barrait les yeux, biffait leurs regards, annihilait leur vue.
Un autre morceau placé sur leur petit nez les condamnait à respirer difficilement. Mais
dans ce cas, comment n’avait-elle entendu la moindre respiration ? Le chronomètre
continuait à défier l’immortalité. Elle se pencha vers l’enfant le plus proche, une petite
fille, rousse, cheveux frisés d’Irlandaise et peau tachetée de léopard, 5 ou 6 ans, assise en
lotus, les mains posées sur les genoux. Elle saisit en un instant la portée de l’épreuve.
9. « Choix ». Une dague très fine et extrêmement pointue était posée en équilibre précaire
dans le creux de la minuscule trachée de l’enfant. Sa lame acérée étirait la peau
diaphane, opalescente, guettant le moment de déchirer ces tendres chairs. Une simple
ébauche de mouvement et elle s’enfoncerait, pénètrerait, se ficherait, se planterait sans
retour possible. Un rapide coup d’œil lui apprit que c’était le cas pour tous les enfants.
Elle porta ses mains à sa bouche pour ne pas hurler. Son cri aurait immédiatement
condamné les enfants à mourir empalés. 2 :12. « Choix ». Ces enfants ETAIENT
volontaires. Elle saisit brutalement. L’épreuve consistait à en sauver un, le plus possible
ou aucun. Question de choix, question de temps.
Autre question : comment ces enfants aveuglés, bâillonnés, pouvaient respirer par la
bouche sans avoir immédiatement la gorge transpercée ? Elle s’accroupît auprès de la
petite fille et se pencha vers sa bouche, en tendant l’oreille et en cherchant la palpitation
d’une veine. Rien. Pas le moindre ersatz d’air n’entrait ni ne sortait. Rien ne soulevait la
petite poitrine : l’enfant était morte, et il tenait du miracle que sa tête n’ait point encore
basculé vers l’avant. 1:44. Vite, un autre enfant. En se penchant pour chercher une trace
de souffle, sa main effleura l’enfant et le petit garçon s’empala sans autre forme de
procès sur la dague. Elle contempla nauséeuse la petite tête brune quand brusquement,
elle réalisa que pas une goutte de sang n’avait giclé. Mort. L’enfant était mort avant
même de mourir. Doublement macabre mise en scène. Ce devait être le cas pour tous les
enfants. Tous, sauf un. Ou une. Ou plus. Ou aucun. 1:18. Il restait une demi-dizaine
d’enfants et une maigre poignée de secondes. Combien encore en vie ? « Choix ». 0:49.
Elle se releva, se plaça devant les enfants, les observa un court instant et cria à pleins
poumons. Trois enfants, les plus faibles, les moins tenaces, sursautèrent dans une
surprenante coordination et basculèrent immédiatement de surprise vers la lame, à
peine un gargouillis de sang inondant une carotide. Les lames étaient si affutées qu’elles
traversaient sans encombre les fines membranes. 0:11. Il restait deux enfants, les plus
coriaces, les plus résistants. Un jeune garçon d’une dizaine d’années. Blond, bien bâti,
cheveux tombant sur les yeux. Le parfait modèle aryen. Un futur champion universitaire,
le garçon le plus populaire du lycée. Et une fille, 8 ans environ, métisse Latino ou Black,
mince, peau pain d’épices. « Choix ». Elle ne pourrait sauver les deux. « Choix ». 0:08.
Son regard tomba sur les mains de la petite fille. Posées à plat sur les genoux comme
pour tous les enfants. Mais main droite paume ouverte, tournée vers le ciel. Un
frémissement. Un majeur qui se tend vers le ciel, en un ultime doigt d’honneur.
« Choix ». Elle bondit et se jeta sur la fillette, main tendue vers le menton qu’elle releva
en même temps qu’elle écartait la lame de la gorge palpitante. Une fine rayure carmine
outragea la jeune gorge mais la fillette était sauve. 0:00. Comme un enfant exténué qui
s’endort à table, le jeune garçon bascula vers l’avant, s’embrochant sans effort sur la
dague, offrant sa gorge palpitante au mortel poinçon. Fin des espoirs, mort des
projections parentales et sociétales. Elle s’agenouilla auprès de la fillette, replia le doigt
tendu et releva son corps souple. Elle détacha avec précautions le sparadrap du nez et
10. aussitôt, l’enfant prit une profonde inspiration. Puis, avec le plus de douceur possible,
elle lui décolla le ruban adhésif des yeux. La fille cligna des yeux et planta son regard
mordoré et ferme dans le sien. Elle se redressa, tendit la main à l’enfant et elles sortirent
ensemble sans un regard pour les petits corps désarticulés, tous affalés désormais,
dérisoires marionnettes abandonnées sur le sol. Volontaires. Volontairement cousus,
volontairement sacrificiels. Pour elle.
L’immaculé silence fut souillé de mille bruits et dévasté par des cris, des exclamations.
Elle cligna plusieurs fois des yeux devant les flashs, alors que l’enfant ne cilla pas. Une
foule se pressait devant elles, se fendant à leur passage et se refermant derrière elles.
Elle fut touchée, palpée, effleurée, serrée, embrassée, ovationnée, félicitée. On se jeta à
ses pieds, on la salua respectueusement. Des inconnus voulurent la porter en triomphe,
elle sentit la petite main glisser hors de la sienne, l’enfant lui fut arrachée et déjà, elle
était juchée sur de solides épaules. Elle se vit partout, démultipliée, agrandie, disséquée,
sur des écrans géants. Chaque pore de son visage était exposé à tous. Son nom en
immenses lettres d’or s’étalait sans modestie. Des jingles triomphants résonnaient et
venaient s’écraser à ses oreilles. Elle voulut se retourner pour essayer de voir où était
passée l’enfant, mais déjà, on la posait au pied d’un escalier menant à une estrade. Des
milliers de confettis joyeux s’accrochaient à ses cheveux, à ses vêtements. Elle vit les
membres du Comité des Sages qui l’attendaient, triomphants en haut de l’estrade.
Elle monta les marches sans hâte, une à une, savourant les cris, les vivats, son nom
répété ad nauseum, vers son destin. Elle se voyait partout, sous tous les angles,
démultipliée et unique. Son moment. Elle atteignit l’estrade ou trônait un pupitre et
devant lequel se tenait, les yeux mi-clos et le sourire modeste, le Grand Représentant du
Comité. Il ouvrit les bras pour une accolade et elle sentit très distinctement les effluves
discrets du musc et du thé vert. Une immense acclamation monta de la foule, presque
une collective hystérie, dont elle était le récipiendaire. L’homme, après l’avoir étreinte,
se détacha un peu d’elle et lui leva le bras gauche en signe de triomphe. Le tumulte
indicible l’attint comme une balle. Elle se voyait, bras dressé, face à des milliers de
gorges ouvertes, hurlant son nom.
L’homme abaissa son bras et extraordinairement, le silence tomba d’un coup. L’homme
s’approcha du micro et sa voix s’éleva, reprise et amplifiée par des haut-parleurs,
résonnant au creux de ses os : « En ce jour exceptionnel de Juvénile 2026, Nous,
représentant du Comité des Sages, t’accueillons parmi nous pour célébrer ta victoire.
Pour acter ton triomphe, Nous te prions de lire la Déclaration Universelle du Monde
Nouveau et du Nouvel Ordre. »
Déjà, un général se présentait, un parchemin posé sur un coussin écarlate. Il s’inclina
respectueusement devant elle et lui tendit le document en silence. Sa main ne trembla
pas lorsqu’elle effleura la trame sacrée. Elle l’ouvrit, s’approcha du micro et lança d’une
voix claire, forte, assurée :
11. SI…
Si tu peux détruire l’ouvrage d’une vie
Et faire cents hommes le rebâtir,
Ou perdre en un coup le gain de cent miséreux
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être forte sans jamais être faible,
Si tu peux être forte sans jamais de remords,
Et, te sentant haïe, haïr à ton tour,
Toujours lutter et te défendre ;
Si tu ne peux supporter que d’entendre tes paroles
Etre idolâtrée par des gueux et exciter des sots,
Et t’entendre mentir à leurs bouches folles
Sans te renier toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester maitre en étant populaire,
Si tu peux tromper le peuple en défaisant les rois,
Et si tu peux manipuler les soi-disant sincères,
Sans que personne ne soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais cesser d’être sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser comme seuls les libre-penseurs ;
Si tu peux être dure sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudente,
Si tu sais être ferme, si tu sais être sage,
Sans être morale ni pédante ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
12. Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras Présidente, ma fille.
Bettina Cadinouche
Storyteller, copywriter