Le plus frappant dans l'évolution de notre système social est l'augmentation du nombre d'allocations accordées aux ménages aux revenus les plus faibles. Le poids budgétaire de ces aides n'a jamais été aussi lourd, et le maquis de leur multitude est devenu inextricable. D'autant plus que certaines sont des aides nationales, d'autres locales, dépendant de l'État ou du département, de la CAF ou de la DDASS…
Notre estimation du montant de ces aides non-contributives et sous conditions de ressources tourne autour de 90 milliards d'euros distribués par an. Nous sommes donc déjà dans la société du « care » chère à Martine Aubry. Problème : une grande partie de cette redistribution se fait non depuis la richesse produite mais depuis l'emprunt. Les chiffres parlent d'eux-mêmes ; déficit de l'État : 119 milliards d'euros en 2010, déficit de la Sécurité sociale : 28 milliards d'euros. Alors même que nous nous endettons pour financer la redistribution, la France plonge dans un nouveau concept de la philosophie redistributive : à chacun selon ses besoins, en fonction du nombre d'enfants, du revenu du foyer… Et ce, sans plafond maximum par foyer.
Le RSA, s'il cherche à harmoniser les aides, ne va pas alléger l'addition, au contraire, car il est le symbole de l'adaptation aux besoins de chacun des aides sociales et la future prestation « dépendance » s'annonce aussi d'un coût vertigineux.
Le risque d'un dérapage encore plus lourd est à nos portes. La France n'a plus les moyens d'une politique si généreuse. Ce dossier vous propose un voyage inédit au coeur des aides sociales sous conditions de ressources. Un sujet qui devient bientôt budgétairement incontournable.