1. La nature Il pleut. J’entends le bruit égal des eaux ;Le feuillage, humble, et que nul vent ne berce,Se penche et brille en pleurant sous l’averse.Le deuil de l’air afflige les oiseaux.La bourbe monte et tourbe la fontaine,Et le sentier montre nu ses cailloux.Le sable fume, embaume, et devient roux ;L’onde à grand flots le sillonne et l’entraîne.Tout l’horizon n’est qu’un blême rideau ;La vitre tinte et ruisselle de gouttes,Sur le pavé sonore et bleu des routesIl saute et luit des étincelles d’eau.
2. Le long d’un mur, un chien morne à leur piste, Trottent mouillés de grands bœufs en retard ;La terre est boue et le ciel est brouillard,L’homme s’ennuie. Oh ! que la pluie est triste !Sully Prudhomme (Poésies, Lemerre, édit.). Les idées : Le poète décrit la pluie triste, monotone et ennuyeuse. Tous les traits de ce tableau couleurs, bruit, ainsi que le rythme même du poème et le choix des mots aux syllabes sourdes, renfoncent cette impression générale de tristesse et d’ennui. Ecoutez « le bruit égal des eaux » ; voyez le « feuillage humble », qui « pleure sous l’averse », puis le « deuil de l’air », le « blême rideau » que forme l’horizon, enfin le chien triste, les bœufs mouillés.Cette lassitude des êtres et des choses est bien rendue par les deux derniers vers, qui résument la poésie.
3. L'admiration ne va pas seulement aux choses humaines apparentes mais au fond des choses. Voilà ce qui distingue l'admiration du respect.