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MOTS
Quelques
mots
pour apaiser les maux.
Un peu de poésie dans un
monde qui en manque
parfois.
2022.02.04 /oma@omacinem.fr
Juste les mots mais,
des mots justes.
Si j'avais le pouvoir, je
commencerais par redonner
leur sens aux mots.
(Confucius)
Le mot que tu retiens entre tes
lèvres est ton esclave.
Celui que tu prononces est ton
maître.
(Proverbe arabe)
Quand les
hommes ne
peuvent changer
les choses,
ils changent les
mots.
(Jean Jaurès)
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant?
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Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
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Je me souviens
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Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
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Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
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Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps
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Quand je serai fatigué
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Quand je serai fatigué
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J'irai dormir chez la dame de Haute-
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Il ne faut pas laisser les intellectuels
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Parce que Messieurs quand on le
laisse seul
Le monde mental Messieurs
N'est pas du tout brillant
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Travaille arbitrairement
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Répétons-le Messsssieurs
Quand on le laisse seul
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Ment
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Je suis de la couleur de ceux qu’on persécute
Sans aimer, sans haïr les drapeaux différents,
Partout où l’homme souffre il me voit dans ses rangs.
Plus une race humaine est vaincue et flétrie,
Plus elle m’est sacrée et devient ma patrie.
(Toussaint Louverture (1850), II, 4, par Alphonse de Lamartine)
Vers la fin d'un discours extrêmement
important
le grand homme d'Etat trébuchant
sur une belle phrase creuse
tombe dedans
et désemparé la bouche grande
ouverte
haletant
montre les dents
et la carie dentaire de ses pacifiques
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L'Empereur Waterloo ! Waterloo ! morne plaine !
Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine,
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La pâle mort mêlait les sombres bataillons.
D'un côté c'est l'Europe, et de l'autre la France !
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O, Waterloo ! je pleure, et je m'arrête, hélas !
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Le soir tombait; la lutte était ardente et noire.
Il avait l'offensive et presque la victoire;
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La mêlée, effroyable et vivante broussaille,
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L'Empereur Soudain, joyeux, il dit: Grouchy ! - C'était
Blücher !
L'espoir changea de camp, le combat changea
d'âme.
…
(Victor Hugo, Les châtiments)
Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.
Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l’habitude
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Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
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J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !
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Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !
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Impose ta chance,
serre ton bonheur
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à te regarder, ils
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La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
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Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
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Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
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Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
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…
Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices;
Suspendez votre cours !
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….
(Lamartine, Le Lac)
Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,
Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
L'Ennui, fruit de la morne incuriosité,
Prend les proportions de l'immortalité.
(Charles Baudelaire, Spleen)
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
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Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
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Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
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Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
(Charles Baudelaire, Spleen)
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
(Joachim Du Bellay : Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage)
Oh ! combien de marins, combien de capitaines
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Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l’aveugle océan à jamais enfouis !
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J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.
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C'est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune.
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Où comme des remords se traînent de longs vers
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Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées,
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,
Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.
Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,
Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
L'ennui, fruit de la morne incuriosité,
Prend les proportions de l'immortalité.
- Désormais tu n'es plus, ô matière vivante !
Qu'un granit entouré d'une vague épouvante,
Assoupi dans le fond d'un Saharah brumeux ;
Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,
Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche
Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche.
(Charles Baudelaire)
Out of the night that covers me,
Black as the Pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul.
In the fell clutch of circumstance
I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
My head is bloody, but unbowed.
Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds, and shall find, me unafraid.
It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate:
I am the captain of my soul
C'est une folie d'haïr toutes les roses,
Parce que une épine vous a piqué,
D'abandonner tous les rêves,
Parce que l'un d'entre eux ne s'est pas réalisé,
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Win#25 mots maux

  • 1. MOTS Quelques mots pour apaiser les maux. Un peu de poésie dans un monde qui en manque parfois. 2022.02.04 /oma@omacinem.fr
  • 2. Juste les mots mais, des mots justes. Si j'avais le pouvoir, je commencerais par redonner leur sens aux mots. (Confucius) Le mot que tu retiens entre tes lèvres est ton esclave. Celui que tu prononces est ton maître. (Proverbe arabe)
  • 3. Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots. (Jean Jaurès)
  • 4.
  • 5. Cette pluie sur la mer Sur l'arsenal Sur le bateau d'Ouessant Oh Barbara Quelle connerie la guerre Qu'es-tu devenue maintenant Sous cette pluie de fer De feu d'acier de sang Et celui qui te serrait dans ses bras Amoureusement Est-il mort disparu ou bien encore vivant? (Jacques Prévert, Rappelle-toi Barbara)
  • 6. Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. Car elle me comprend, et mon coeur, transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore. Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues. (Paul Verlaine, Mon rêve familier)
  • 7. La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ; Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ? Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être ! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! (Charles Baudelaire, A une passante)
  • 8. Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. (Baudelaire, L’invitation au voyage)
  • 9. Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid ! L’un agace son bec avec un brûle-gueule, L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait ! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l’archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. (Charles Baudelaire, l’Albatros)
  • 10. Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici : Une atmosphère obscure enveloppe la ville, Aux uns portant la paix, aux autres le souci. Pendant que des mortels la multitude vile, Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci, Va cueillir des remords dans la fête servile, Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici, Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées ; Surgir du fond des eaux le Regret souriant ; Le Soleil moribond s'endormir sous une arche, Et, comme un long linceul traînant à l'Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche. (Charles Baudelaire, Recueillement)
  • 11. Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : » Souviens-toi ! Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d’effroi Se planteront bientôt comme dans une cible, Le plaisir vaporeux fuira vers l’horizon Ainsi qu’une sylphide au fond de la coulisse ; Chaque instant te dévore un morceau du délice A chaque homme accordé pour toute sa saison. Trois mille six cents fois par heure, la Seconde Chuchote : Souviens-toi ! – Rapide, avec sa voix D’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois, Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde ! Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor ! (Mon gosier de métal parle toutes les langues.) Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or ! Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi, Le jour décroît ; la nuit augmente; souviens-toi ! La gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard, Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge, Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !), Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! (Charles Baudelaire, l’horloge)
  • 12. Les sanglots longs Des violons De l’automne Blessent mon coeur D’une langueur Monotone. Tout suffocant Et blême, quand Sonne l’heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure Et je m’en vais Au vent mauvais Qui m’emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte. (Paul Verlaine, Chanson d'automne)
  • 13. Il pleure dans mon coeur Comme il pleut sur la ville. Quelle est cette langueur Qui pénètre mon coeur ? (Paul Verlaine, Il pleure dans mon coeur)
  • 14.
  • 15. Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit. Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. (Victor Hugo, Demain, dès l'aube)
  • 16. Quand je serai fatigué De sourire à ces gens qui m'écrasent Quand je serai fatigué De leur dire toujours les mêmes phrases Quand leurs mots voleront en éclats Quand il n'y aura plus que des murs en face de moi J'irai dormir chez la dame de Haute- Savoie (La Dame De Haute-savoie, Francis Cabrel)
  • 17. Il ne faut pas laisser les intellectuels jouer avec les allumettes Parce que Messieurs quand on le laisse seul Le monde mental Messieurs N'est pas du tout brillant Et sitôt qu'il est seul Travaille arbitrairement S'érigeant pour soi-même Et soi-disant généreusement en l'honneur des travailleurs du bâtiment Un auto-monument Répétons-le Messsssieurs Quand on le laisse seul Le monde mental Ment Monumentalement. (Jacques Prévert, Il ne faut pas)
  • 18. Je suis de la couleur de ceux qu’on persécute Sans aimer, sans haïr les drapeaux différents, Partout où l’homme souffre il me voit dans ses rangs. Plus une race humaine est vaincue et flétrie, Plus elle m’est sacrée et devient ma patrie. (Toussaint Louverture (1850), II, 4, par Alphonse de Lamartine)
  • 19. Vers la fin d'un discours extrêmement important le grand homme d'Etat trébuchant sur une belle phrase creuse tombe dedans et désemparé la bouche grande ouverte haletant montre les dents et la carie dentaire de ses pacifiques raisonnements met à vif le nerf de la guerre la délicate question d'argent. (Jacques Prévert, Le discours sur la paix)
  • 20. L'Empereur Waterloo ! Waterloo ! morne plaine ! Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine, Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons, La pâle mort mêlait les sombres bataillons. D'un côté c'est l'Europe, et de l'autre la France ! Choc sanglant ! des héros Dieu trompait l'espérance Tu désertais, victoire, et le sort était las. O, Waterloo ! je pleure, et je m'arrête, hélas ! Car ces derniers soldats de la dernière guerre Furent grands; ils avaient vaincu toute la terre. Chassés vingt rois, passé les Alpes et le Rhin, Et leur âme chantait dans les clairons d'airain ! Le soir tombait; la lutte était ardente et noire. Il avait l'offensive et presque la victoire; Il tenait Wellington acculé sur un bois. Sa lunette à la main, il observait parfois Le centre du combat, point obscur où tressaille La mêlée, effroyable et vivante broussaille, Et parfois l'horizon, sombre comme la mer. L'Empereur Soudain, joyeux, il dit: Grouchy ! - C'était Blücher ! L'espoir changea de camp, le combat changea d'âme. … (Victor Hugo, Les châtiments)
  • 21. Il meurt lentement celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas, celui qui n’écoute pas de musique, celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux.Il meurt lentement celui qui détruit son amour-propre, celui qui ne se laisse jamais aider. Il meurt lentement celui qui devient esclave de l’habitude refaisant tous les jours les mêmes chemins, celui qui ne change jamais de repère, Ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements Ou qui ne parle jamais à un inconnu Il meurt lentement celui qui évite la passion et son tourbillon d’émotions celles qui redonnent la lumière dans les yeux et réparent les coeurs blessés Il meurt lentement celui qui ne change pas de cap lorsqu’il est malheureux au travail ou en amour, celui qui ne prend pas de risques pour réaliser ses rêves, celui qui, pas une seule fois dans sa vie, n’a fui les conseils sensés. Vis maintenant! Risque-toi aujourd’hui! Agis tout de suite! Ne te laisse pas mourir lentement! Ne te prive pas d’être heureux! (Pablo Neruda)
  • 22. Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal ; J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ; Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées ! Mon unique culotte avait un large trou. – Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. – Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ; Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur ! (Arthur Rimbaud, Ma bohème)
  • 23. Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque: à te regarder, ils s’habitueront. (René Char, Les Matinaux)
  • 24. La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu. Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, Ailes couvrant le monde de lumière, Bateaux chargés du ciel et de la mer, Chasseurs des bruits et sources des couleurs, Parfums éclos d’une couvée d’aurores Qui gît toujours sur la paille des astres, Comme le jour dépend de l’innocence Le monde entier dépend de tes yeux purs Et tout mon sang coule dans leurs regards. (Paul Eluard, La courbe de tes yeux)
  • 25. Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages, Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges Jeter l'ancre un seul jour ? … Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ; On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux. Tout à coup des accents inconnus à la terre Du rivage charmé frappèrent les échos ; Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère Laissa tomber ces mots : … Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices; Suspendez votre cours ! Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours ! …. (Lamartine, Le Lac) Rien n'égale en longueur les boiteuses journées, Quand sous les lourds flocons des neigeuses années L'Ennui, fruit de la morne incuriosité, Prend les proportions de l'immortalité. (Charles Baudelaire, Spleen)
  • 26. Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ; Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris ; Quand la pluie étalant ses immenses traînées D'une vaste prison imite les barreaux, Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux, Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrement. - Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. (Charles Baudelaire, Spleen)
  • 27. Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestuy-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge ! (Joachim Du Bellay : Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage) Oh ! combien de marins, combien de capitaines Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines, Dans ce morne horizon se sont évanouis ! Combien ont disparu, dure et triste fortune ! Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune, Sous l’aveugle océan à jamais enfouis ! (Victor Hugo, Oceano nox)
  • 28. J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans. Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans, De vers, de billets doux, de procès, de romances, Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances, Cache moins de secrets que mon triste cerveau. C'est une pyramide, un immense caveau, Qui contient plus de morts que la fosse commune. - Je suis un cimetière abhorré de la lune, Où comme des remords se traînent de longs vers Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers. Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées, Où gît tout un fouillis de modes surannées, Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher, Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché. Rien n'égale en longueur les boiteuses journées, Quand sous les lourds flocons des neigeuses années L'ennui, fruit de la morne incuriosité, Prend les proportions de l'immortalité. - Désormais tu n'es plus, ô matière vivante ! Qu'un granit entouré d'une vague épouvante, Assoupi dans le fond d'un Saharah brumeux ; Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux, Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche. (Charles Baudelaire)
  • 29. Out of the night that covers me, Black as the Pit from pole to pole, I thank whatever gods may be For my unconquerable soul. In the fell clutch of circumstance I have not winced nor cried aloud. Under the bludgeonings of chance My head is bloody, but unbowed. Beyond this place of wrath and tears Looms but the Horror of the shade, And yet the menace of the years Finds, and shall find, me unafraid. It matters not how strait the gate, How charged with punishments the scroll, I am the master of my fate: I am the captain of my soul
  • 30. C'est une folie d'haïr toutes les roses, Parce que une épine vous a piqué, D'abandonner tous les rêves, Parce que l'un d'entre eux ne s'est pas réalisé, De renoncer à toutes les tentatives parce qu'une a échoué. C 'est une folie de condamner toutes les amitiés Parce qu'une vous a trahi, De ne croire plus en l'amour juste Parce qu'un d'entre eux a été infidèle, De jeter toutes les chances d'être heureux juste Parce que quelque chose n'est pas allé dans la bonne direction. Il y aura toujours une autre occasion, un autre ami, un autre amour, une force nouvelle. Pour chaque fin il y a toujours un nouveau départ. ( Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince)