A quelques jours de l'élection au comité directeur de la LNR, le patron du RCT se confie au Midol.

1. 30/09/2016 Detaille Article
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MOURAD BOUDJELLAL ­ PRÉSIDENT DE TOULON À L’AUBE DU CHOC DE LA
MÉDITERRANÉE ENTRE LE RCT ET LE MHR, LE PATRON DU CLUB VAROIS SE
LIVRE SUR SON AVENIR AU RCT, SA VISION DE LA POLITIQUE ET AFFIRME
QUELQUES VÉRITÉS PAS TOUJOURS BONNES À ENTENDRE. IL NOUS A REÇUS
LONGUEMENT JEUDI MATIN SUR PARIS. RENCONTRE.
« Je suis devenu nuisible pour le
RCT »
Propos recueillis par Pierre­Laurent GOU
pierre­laurent.gou@midi­olympique.fr
Cinq jours après l’annonce, êtes­vous toujours aussi
décidé à vendre vos parts dans le RCT ?
Plus que jamais. Je veux changer de vie et c’est une réalité.
Après, je ne veux pas faire n’importe quoi parce que je suis
conscient que j’ai construit quelque chose et je ne suis pas dans
la logique : après moi le déluge ! Non, l’idée, c’est après moi, il
faut que cela soit mieux. Je pars du principe que je suis devenu
nuisible pour le RCT parce que ma personne focalise trop de
haine à la LNR et à la Fédération. Par rapport à cela, je subis un
véritablement harcèlement localisé qui a pour but de me faire
lâcher. Et même si je suis un battant, je ne vais pas me pourrir la
vie pour eux. Je n’ai tué personne ! J’ai monté une entreprise, créé 150 emplois et sorti les plus beaux
bilans du rugby depuis six ou sept ans sans mettre un rond, l’un des plus beaux palmarès de ces
dernières années. Canal a reconnu que les droits TV avaient augmenté grâce au RCT. J’apporte de la
richesse à tous nos adversaires, parce que partout où l’on se déplace, on fait guichets fermés. Et par les
temps qui courent, ce n’est pas rien. Je m’attendais à ce que l’on me convoque pour me remettre une
médaille, plutôt que de me juger.
Quand vous êtes­vous résolu à passer la main ?
Cet été. C’était quelque chose que j’avais en tête mais ce n’était pas formalisé. Je regardais, j’écoutais
mais je ne donnais pas suite aux éventuels démarchages. Seulement, il y a eu l’histoire des 100 000 €
d’amende pour dépassement du Salary Cap. C’est là que j’ai basculé ! Annoncer une amende de cet
ordre sans en donner le motif et à cette date… Le mois d’août est celui de la vacation judiciaire, il n’y a
pas de contrôles fiscaux, ni d’Urssaf. On donne le droit aux gens durant quinze jours à avoir une trêve,

2. 30/09/2016 Detaille Article
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comme entre les fêtes de fin d’année. Pas pour moi ! Un mois après on apprend que c’est pour 41 000 €
de dépassement. C’est très rare en justice que l’on prenne plus que ce que l’on nous reproche. 41 000 €
sur 10,4 millions de masse salariale cela fait 0,4 % ! Ils avaient décidé de me faire dépasser d’un euro le
Salary Cap pour m’infliger une amende.
Réfutez­vous ce dépassement ?
Oui, le RCT vient de subir un contrôle Urssaf. Les fonctionnaires chargés de le faire se sont marrés et
n’ont pas trouvé où le cabinet Deloitte et la DNACG l’avaient trouvé ! Je n’ai pas le droit de faire des
affaires.
Comprenez que cela suscite des interrogations quand vous annoncez payer un joueur
international moins cher que dans son précédent club ?
Mais une de mes stratégies était la mise en place des primes dites de finale, où j’offrais à mes joueurs de
très grosses primes pour qu’ils acceptent d’avoir un fixe moins important. Mais on a mis en place un
amendement spécial RCT pour m’empêcher de poursuivre dans cette voie. L’an passé, si nous avions
été champions de France, des joueurs auraient gagné beaucoup d’argent. Bon…
Vous parlez de harcèlement, mais comment cela se concrétise­t­il ?
Pour notre joker médical, Matt Carraro, par exemple, que nous avons engagé pour deux mois ; alors que
nous avons un budget prévisionnel très largement excédentaire, et bien nous n’avions pas de réponse de
la Ligue pour la validation de son contrat. On nous a rétorqué que le cabinet Deloitte avait besoin de se
positionner sur ce dossier par rapport au Salary Cap. Seulement, les jokers médicaux ont leur salaire pris
en compte dans celui­ci dès le début de la saison. Il a fallu que j’insiste auprès de la DNACG qui a fait
pression pour débloquer le dossier. Pour nous, tout est difficile.
Pouvez­vous affirmer que le RCT ne dépasse pas le Salary Cap ?
Des clubs paient via l’Espagne, Andorre ou même Hong Kong et on n’en parle jamais. Et tout le monde le
sait. J’optimise le Salary Cap. Je joue avec ses règles mais sans franchir la ligne rouge. Quand le groupe
Savare défiscalise 480 millions d’euros en Belgique il y a deux ans. Il n’a pas fait de fraude fiscale, il a
optimisé. J’ai fait la même chose, avec mes primes de victoire, j’arrivais à contourner le Salary Cap tout
en restant dans les règles. Je n’ai pas de société à l’étranger !
Votre décision est­elle irrévocable ?
À moins d’un miracle mardi prochain à l’élection du comité directeur, oui. D’ailleurs les discussions sont
bien engagées avec certains investisseurs et pourraient aboutir très rapidement. Il faut comprendre que
l’on a pourri mes quelques jours de vacances, notamment avec ma fille de 13 ans.
Pourquoi tenez­vous à être élu au comité directeur, vous qui, depuis toujours, vous vantez d’être
hors système ?

3. 30/09/2016 Detaille Article
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Le RCT n’a jamais été convié au comité directeur de la Ligue. Ne devrait­il pas y avoir une certaine
tournante au niveau des gens qui détiennent le pouvoir des clubs. Certaines personnes sont là depuis dix
ou vingt ans, et d’autres qui n’y sont jamais alors qu’ils apportent beaucoup pour notre sport. Nous avons
un président de la LNR, Paul Goze, qui ne peut pas s’enorgueillir de son expérience perpignanaise. C’est
comme si on nommait le patron de la banque Lheman Brothers ministre du Budget aux États­Unis.
Qui peut ou va racheter vos parts ?
La décision finale est ouverte. Il y a un projet avec Lucien Simon en tête de prou, même si ce n’est pas lui
qui mettrait au pot, avec qui je discute. Il y a également un fonds de pension qui réfléchit pour investir
dans le club. Depuis dimanche dernier, j’ai l’impression d’avoir passé une annonce sur leboncoin.fr, car
des entreprises se sont aussi manifestées. J’aurai le choix. Je regarde jusqu’au 4 octobre (date des
élections du comité directeur de la LNR, N.D.L.R.) et déciderai. Je dois aussi discuter avec les partenaires
du club, et le maire de la ville Hubert Falco pour être le plus transparent. Son avis sera déterminant.
Finirez­vous la saison président ?
Oui dans tous les cas, sauf si je fais un AVC. Mais oui, j’irai jusqu’au bout et pourquoi pas partir sur un
titre ?
Avec Diego Dominguez comme manager ?
Oui, sauf si… (rires).
Pourquoi avoir démenti à nos confrères de L’Équipe le fait que Lucien Simon soit le possible
futur président, alors que dans le même temps, nous révélions qu’il était à la tête du projet le plus
crédible ?
J’ai démenti parce que, dans ma tête, être président d’un club c’est en être le propriétaire. Or il ne le sera
pas car il n’en a pas les moyens et ne s’en cache pas d’ailleurs. Il peut être directeur général, car si c’est
son projet qui l’emporte, il aura quelqu’un au­dessus à qui il devra rendre des comptes.
Combien cela coûte­t­il pour racheter vos parts ?
J’ai déjà dit que je n’en ferai pas une affaire d’argent.
On parle d’une fourchette entre 10 et 30 millions d’euros ?
Si quelqu’un me propose 10 millions d’euros et s’engage à investir dans le club pour le laisser tout en
haut du Top 14, je lui laisse ma place sans problème et sans état d’âme. Pas question de faire une plus­
value sur le dos du club.
Quelle sera la masse salariale du RCT cette saison ?

4. 30/09/2016 Detaille Article
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Inférieure très clairement aux 10 millions. Je ne laisserai pas de cadavres dans les placards à mon
successeur. Il n’aura pas d’amende à payer.
Qu’allez­vous faire après ?
J’ai une ambition politique qui se réveille parce que j’ai un nom qui peut rappeler celui de mecs qui se
mettent une bombe autour de la taille. Et que ce qui se passe en France depuis 24 mois a éveillé une
certaine conscience politique. Nous avons tous une responsabilité par rapport à ces événements. Et je
me dis, est­ce que je peux être utile ? C’est aux gens de ma génération d’apporter un autre discours et
des solutions à des jeunes qui sont livrés aux chiens.
Vous êtes plutôt catalogué comme un homme de sensibilité de gauche mais, aux dernières
élections régionales, vous avez apporté votre soutien au Républicain, Christian Estrosi. Pour qui
pourriez­vous, vous engager ?
Ma conception de la gauche, ce n’est pas celle qui est appliquée actuellement. L’argent qui créé de
l’emploi doit être moins taxé que celui qui est utilisé dans l’économie virtuelle. Quand la gauche reviendra
à ce principe, je pourrais revenir avec eux.
De là à vous investir avec Les Républicains…
Mais n’oubliez pas le contexte non plus ! Je suis prêt à m’investir sur le plan national uniquement. C’est là
où l’on peut agir. Aujourd’hui, nous avons une montée des extrêmes liés à la misère économique et
idéologique. Il faut lutter contre les deux.
Voterez­vous aux primaires des Républicains ?
Non, j’ai été approché par des candidats de tous bords (selon nos informations, il a rencontré les équipes
d’Alain Juppé et de Nicolas Sarkozy, N.D.L.R.).J’ai eu des contacts étroits avec certains d’entre eux, mais
je n’ai pris aucune décision si ce n’est de m’engager en politique et plutôt de leur côté.
Aux Républicains, vous pourriez retrouver votre ancien manager, Bernard Laporte ?
Qui a repris contact avec moi, cette semaine, juste après ma sortie médiatique de dimanche. J’attendais
son coup de fil depuis le soir de la finale. Je suis content qu’il ait fait le premier pas. Nous avons
longuement discuté, de rugby, du RCT mais pas seulement. On peut dire que l’on s’est retrouvé. Bernard
est un gars bien.
Le soutiendriez­vous pour sa campagne pour la FFR ?
Oui, des deux mains.
Pourquoi feriez­vous un meilleur président que Paul Goze ?

5. 30/09/2016 Detaille Article
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Déjà, avec moi, la Ligue ne serait pas dirigée par des technocrates avec, à leur chef, le nouveau cardinal
Richelieu. Goze ne voit pas que le rugby des clubs est à un tournant et qu’il y a pas mal de travail pour
poursuivre son développement et pas seulement sur les droits TV, dont les audiences chutent ! Il n’est
pas dans cette logique. Lui, il a dépensé sans compter à l’Usap pour être champion de France, en
s’appuyant sur le travail de Marcel Dagrenat. Mais ensuite cela a explosé ! Et le Top 14 y va tout droit ! Il
veut seulement vendre de l’artifice, c’est là­dessus qu’il assure sa réélection. Il n’a pas de vision sur notre
sport. Avec le cardinal Richelieu, il gère la Ligue comme une petite épicerie. Ils remarqueront s’il leur
manque une boîte de conserve, mais ils ne verront pas l’hypermarché se construire à côté.
Que ferez­vous si vous êtes élu au comité directeur ?
Les harceler et amener des idées. Je crois avoir démontré que, dans ma tête, cela va assez vite. Même
s’il m’arrive de dire des conneries et de reconnaître que toutes mes initiatives ne sont pas toujours
bonnes. Je suis capable de me battre pour des problématiques communes. Quand il y a eu la
suppression des DIC (Droits à l’Image Collective), sur les droits TV quand Canal n’avait pas de
concurrent, j’ai mouillé le maillot pour tout le monde.
Avec qui pourriez­vous travailler ?
Jacky Lorenzetti et Thomas Savare par exemple. Même si l’on n’est pas toujours d’accord sur tous les
sujets, il y a plein de points où nous avons des positions communes. Si on avait mis Lorenzetti comme
représentant français pour les Coupes d’Europe, cela aurait été une autre limonade. Lui est capable de
se mettre debout sur la table pour défendre les clubs français. Laurent Marti ne fait pas beaucoup de
bruit mais c’est quelqu’un de précieux pour notre sport. Derrière, il y a plein de présidents, notamment en
Pro D2, passionnés, capables de défendre leur intérêt et qui trouveraient de la place à ma table.
Si vous vendez, disparaîtrez­vous complètement du paysage rugbystique français ?
Absolument. Je n’ai pas remis un pied dans un festival de bandes dessinées depuis quatre ans. Il ne faut
pas vivre dans le passé. Mon départ va faire plaisir à plein de gens. L’espace médiatique que j’occupe va
leur revenir.
Qu’est­ce qui vous manquera ?
J’ai la nostalgie de mes deux années en Pro D2. Je suis d’ailleurs encore les résultats et je fais partie
parfois des rares téléspectateurs des matchs du jeudi soir ! Le Top 14 n’était pas fait pour moi. Le Pro D2,
nous allions dans des villes improbables avec des publics qui avaient des étoiles dans les yeux. Je me
rappelle de mes déplacements à Aurillac, Blagnac, Limoges ou Oyonnax avec des garçons qui avaient
gagné une ou deux Coupes du monde. C’était magique !