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1
Florian Brunner
La doctrine
Trump:
le Great Hard
Power

Les identités stratégiques
dans les Relations
Internationales
2
Florian Brunner
La doctrine Trump :
le Great Hard Power
Auteur
Président-Fondateur du Think Tank Europe et Démocratie,
Florian Brunner mène des travaux consacrés aux enjeux
européens, à l’analyse des questions internationales et de
gouvernance mondiale. Dans ce contexte, il organise et anime
de nombreuses Conférences, avec des organisations
partenaires, au Parlement Européen ou au Collège Doctoral
Européen à Strasbourg. Florian Brunner a réalisé de
nombreux Travaux d’étude et de prévision, dans le domaine
des Affaires Européennes et Internationales, à travers une
approche multidisciplinaire qui combine les niveaux local,
national et global.
SOMMAIRE
05 La tradition d’un hard power
américain
06 Du hard power au Great Hard
Power
08 Le Great Hard Power de Donald
Trump et le refus de croiser le fer
09 Le smart power de Barack Obama
et le Great Hard Power de Donald
Trump : la collision identitaire de
deux modèles de politique étrangère
12 Le Great Hard Power, ébranlé par
la crise du Coronavirus
14 L’affirmation de la rivalité sino-
américaine, comme perspective de
l’après 2020
« A la guerre, le nombre n’est
pas un facteur décisif ; il
convient avant tout de ne pas
rechercher les hauts faits
d’armes. Pour le reste, il suffit
de savoir concentrer ses
forces, évaluer l’adversaire et
se gagner le cœur des
hommes. Mais qui ne réfléchit
pas et méprise l’ennemi sera
vaincu. »
Sun Tzu, L’Art de la Guerre,
Chapitre IX
5
Donald Trump porte une doctrine de politique étrangère, consistant à
accentuer le hard power et à le faire évoluer vers une forme plus extrême, le
Great Hard Power. Cette nouvelle approche des Relations Internationales, se
heurte à une absence d’efficacité et d’aboutissements opérationnels.
La tradition d’un hard power américain
Lors des élections présidentielles américaines de 2016, le candidat Donald
Trump prétendait incarner une forme de rupture avec les codes traditionnels de
la politique et des Relations Internationales. Cet homme n’a pas résulté d’un
néant politique, il est la continuité d’une approche néo-conservatrice des
Relations Internationales dont il a prononcé et singularisé certains aspects. Au
XXIème siècle, George W. Bush a exclu l’approche multilatérale et a incarné un
unilatéralisme américain exacerbé, avec le déclenchement de l’invasion de l’Irak
en 2003, en l’absence d’un mandat de l’ONU. Le Président français, Nicolas
Sarkozy s’inscrira dans ce prolongement, en voulant défaire l’héritage
chiraquien et le gaullo-mitterrandisme, en adoptant une politique étrangère
affairiste, résolument atlantiste et en menant une tentative de « rupture » néo-
conservatrice. Les aspects fondamentaux de la révolution Bush1, se sont ancrés
dans le temps et George W. Bush qui était déjà considéré par certains experts en
2008, comme un « exemple extrême » a été dépassé par Donald Trump qui a
réussi à devenir l’incarnation absolue d’un unilatéralisme américain
paroxystique. Donald Trump a su, en personnalisant excessivement son action
politique, marquer la subjectivité des citoyens du monde. Il est un acteur sur
scène, qui calcule l’impact de ses déclarations théâtralisées. Il est la
représentation humaine d’une approche des Relations Internationales qui a
existé avant lui et qui se maintiendra après son passage à la Maison Blanche,
d’une tradition d’un hard power américain.
1
ZABOROWSKI Marcin, « Affaires étrangères : l'héritage de la révolution Bush », Politique étrangère, 2008/3
(Automne), pages 519 à 531
6
Contrairement à ce que de nombreux observateurs prétendent, comme l’ancien
conseiller du Président John Bolton2, Donald Trump a bien conçu une doctrine
structurée, une vision élaborée de son action internationale, celle d’un Great
Hard Power, synthétisé par la formule America First.
Du hard power au Great Hard Power
Le hard power se matérialise, lorsqu’un acteur est animé par une volonté de
domination qu’il n’exprime pas directement, mais que ses partenaires sont
supposés cerner très nettement. Le hard power se caractérise par une
détermination à vouloir impacter considérablement les Relations
Internationales, en définissant sa propre lecture politique du monde, jusqu’à
tenter de créer une réalité planétaire qui corresponde précisément à ses
desseins. A cette fin, l’usage de la force est une possibilité mais il ne s’agit pas
d’une exclusivité. Un hard power peut également s’accomplir par un recours à
des moyens de coercition. Un acteur du hard power délimite très clairement la
frontière qui sépare ce qui le constitue et le spécifie (« nous »), de l’extérieur et
des autres acteurs (« eux »). En outre, cet acteur dominant inscrit une nette
distinction entre ses amis et ses ennemis, au centre de son action politique3. La
doctrine de Donald Trump a consisté à se saisir du hard power américain et à en
accentuer tous les paramètres, en évitant de recourir à la force militaire et en
privilégiant la coercition économique. Dans un contexte de réaffirmation des
grands Etats-Nations et d’accroissement de la multipolarité à l’échelle mondiale,
Donald Trump a mis en œuvre une stratégie de Great Hard Power et a tenté de
développer une mécanique de configurations asymétriques systématiques, où
les Etats-Unis ont voulu affirmer leur primauté. Avec la Chine d’abord et
l’enclenchement d’un affrontement commercial, aux résultats mitigés.
2
John Bolton : pourquoi la Chine n'a pas peur d'une réélection de Donald Trump, Interview de John Bolton, Le Point,
Propos recueillis par Julien Peyron, 04/08/2020. John Bolton : « L'Europe doit vraiment comprendre cela : il n'y a pas
de doctrine Trump, il n'y a pas de politique Trump. Ce n'est qu'une série de déclarations ou de décisions ad hoc, qui ne
reflètent pas un chemin de pensées consistant. »
3
LAÏDI Zaki, La norme sans la force (L’énigme de la puissance européenne), France, Editions Presses de Sciences Po,
2005, 3ème édition augmentée parue en 2013
7
Avec l’Iran, autre adversaire visé et donc atteint par la capacité de coercition
américaine, notamment économique. Avec l’Union européenne, nouvelle
ennemie, signifiée comme telle par Donald Trump lui-même, lors d’une
interview donnée à la chaîne de télévision CBS en 20184. Avec la Russie, dans la
continuité de l’approche américaine, en affirmant une ligne présentée comme
extrêmement dure5. Donald Trump a entouré les Etats-Unis d’antagonistes
désignés et a décidé de les affronter tous, en même temps, de manière à
instaurer des relations asymétriques fortes, à démontrer l’envergure de la
souveraineté américaine et à assurer une domination sans partage du monde, au
moment même où les Etats-Unis doutent fortement de leur évolution dans les
Relations Internationales, durant les prochaines décennies. En 2014, Donald
Trump faisait référence à un précepte de Sun Tzu sur Twitter6 : « Qui connaît
l’autre et se connaît, en cent combats ne sera point défait »7. Une fois au pouvoir,
le Président des Etats-Unis, pensait surement avoir suffisamment de maîtrise,
pour démontrer ses talents de stratège et engager un nombre important
d’opérations de coercition, pouvant se comparer aux « cent combats » auxquels
se référait Sun Tzu.
4
Interview de CBS, 15 juillet 2018, Donald Trump: "Well, I think we have a lot of foes. I think the European Union is a
foe, what they do to us in trade. Now, you wouldn't think of the European Union, but they're a foe. Russia is foe in
certain respects. China is a foe economically, certainly they are a foe. But that doesn't mean they are bad. It doesn't
mean anything. It means that they are competitive"
5
Donald Trump: I have been FAR tougher on Russia than Obama, Bush or Clinton. Maybe tougher than any other
President. At the same time, & as I have often said, getting along with Russia is a good thing, not a bad thing. I fully
expect that someday we will have good relations with Russia again!, 12 janvier 2019:
https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1084074865496334336
6
Donald Trump: “If you know the enemy and know yourself you need not fear the results of a hundred battles.” - Sun
Tzu, 8 août 2014: https://twitter.com/realDonaldTrump/status/497830436253728768
7
« Qui connaît l’autre et se connaît, en cent combats ne sera point défait », Chapitre III, L’Art de la Guerre, Sun Tzu
8
Le Great Hard Power de Donald Trump et le refus de
croiser le fer
Donald Trump n’a utilisé la force directe, la force militaire, qu’à de très rares
occasions et bien moins que son prédécesseur républicain, George W. Bush, qui
lui aussi avait adopté une politique de hard power, en se concentrant sur la
condamnation d’un « axe du mal », avec comme ennemi central, l’Irak de Saddam
Hussein.8 En 2012, Donald Trump diffusait sur Twitter, un principe de Sun Tzu9 :
« Etre victorieux dans tous les combats n’est pas le fin du fin ; soumettre
l’ennemi sans croiser le fer, voilà le fin du fin »10. Il semble donc que
structurellement, dans la pensée trumpienne, l’interventionnisme militaire ne
soit pas une option souhaitable. La tendance de Donald Trump à se référer à Sun
Tzu, le positionne parmi les stratèges qui considèrent que l’action militaire est
un ultime recours et que d’autres moyens sont à privilégier pour contraindre
l’adversaire. Cette approche se retrouve confortée par la désapprobation de
l’opinion publique américaine, pour les interventions militaires longues. Donald
Trump en affichant son refus de l’action guerrière, pense ainsi également
s’assurer le soutien de sa base électorale. Le locataire de la Maison Blanche a
donc recherché globalement des moyens de coercition, lui permettant de
soumettre l’ennemi, sans engager de combat militaire. Le retrait de l’accord sur
le nucléaire iranien et l’accomplissement d’une politique de pression maximale, à
l’égard de l’Iran avaient pour objectif de provoquer la chute du régime des
mollahs, sans intervention armée. Avec la Corée du Nord, Donald Trump a fait le
choix risqué, en juin 2018, de rencontrer Kim Jong-un, un adversaire véhément
des Etats-Unis, sans aucune condition préalable. Au lieu de continuer à croiser le
fer, le Président des Etats-Unis a tendu une main, sans doute de manière trop
spontanée et insuffisamment maîtrisée. Le communiqué qui a résulté de leur
rencontre proclamait une totale dénucléarisation de la péninsule coréenne, ce
qui ne sera pas suivi d’effets.
8
George W. Bush, State of the Union Address (January 29, 2002): “States like these, and their terrorist allies,
constitute an axis of evil, arming to threaten the peace of the world”
9
Donald Trump: "The Supreme Art of war is to subdue the enemy without fighting." -- Sun Tzu, 17 juillet 2012:
https://twitter.com/realdonaldtrump/status/225244643837751296?lang=fr
10
« Etre victorieux dans tous les combats n’est pas le fin du fin ; soumettre l’ennemi sans croiser le fer, voilà le fin du
fin. », Chapitre III, L’Art de la Guerre, Sun Tzu
9
Dans ces deux dossiers, Donald Trump n’a finalement pas réussi à soumettre
l’ennemi, en usant de différents procédés de coercition ou diplomatiques. Le
régime iranien n’est pas tombé et la Corée du Nord n’a pas renoncé à l’armement
nucléaire. Sun Tzu a énoncé des principes, qui pour être accomplis ne se
suffisent pas à eux-mêmes, mais exigent l’accomplissement d’un art suprême,
d’une maîtrise totale, d’un savoir-faire absolu. Donald Trump qui avait surement
cerné certains principes, ne possédait pas l’habileté qui y correspondait. Le Joint
Comprehensive Plan of Action (JCPOA), signé avec l’Iran en juillet 2015, était
justement une parfaite illustration de l’enseignement de Sun Tzu. Cette initiative
de Barack Obama s’inscrivait dans le temps long, permettait de contraindre un
adversaire par la raison et d’écarter le danger d’une confrontation directe. En
revenant à une logique d’affrontement, même sans volonté interventionniste,
Donald Trump a rapproché le fer et accentué un risque de guerre. Le Président
des Etats-Unis n’a pas su lire les intentions de l’adversaire, rentrer dans son
mode de pensée et s’adapter avec justesse aux mouvements de l’ennemi. Il a
sonné la charge et a échoué, démontrant ainsi qu’il ne possédait pas les qualités
du Chef de Guerre, louées par Sun Tzu.
Le smart power de Barack Obama et le Great Hard
Power de Donald Trump : la collision identitaire de
deux modèles de politique étrangère
Après la présidence de George W. Bush et l’enlisement politique et militaire des
Etats-Unis en Irak, Barack Obama œuvrera à l’accomplissement d’un smart
power, sensé conjuguer une importante puissance militaire à un développement
efficient des alliances, des coopérations et des institutions à toutes les échelles,
de manière à amplifier l’autorité américaine dans les Relations Internationales.
L’action de Donald Trump a notamment consisté à démanteler le smart power
initié par Barack Obama, en menant un mouvement de dislocation de tous les
processus multilatéraux11.
11
QUENCEZ Martin, « Le « trumpisme » en politique étrangère : vision et pratique », Politique étrangère, vol. Été, no.
2, 2020, pp. 73-85
10
L’approche structurellement binaire de Donald Trump, l’a conduit à faire le
choix exclusif du hard power et à concevoir le Great Hard Power, en s’opposant
fermement au soft power, c’est-à-dire à la capacité de convaincre, de séduire et
d’influencer. Les Etats-Unis ont ainsi effectué un retour vers la politique
étrangère de George W. Bush, en perpétuant une incapacité à associer au hard
power, les propriétés et avantages du soft power. La volonté de désagrégation du
bilan de l’administration Obama, a résulté d’une incompatibilité d’organisation
de la politique étrangère entre le système Trump et celui qui l’a précédé. Le
modèle Obama et le modèle Trump représentent deux identités distinctes de
politique étrangère, au XXIème siècle. La succession directe des deux
présidences et des deux modèles a engendré un phénomène de collision.
L’intérêt en politique intérieure, que pouvait en retirer Donald Trump,
accompagnait naturellement cette évolution. L’électorat américain étant
extrêmement clivé, l’identité partisane du pôle républicain avait pleinement
intégré le rejet de l’action politique de Barack Obama. Le Président des Etats-
Unis a ainsi voulu se différencier de son prédécesseur et mettre en scène un
contraste majeur, à de nombreuses reprises. Cette orientation globale a conduit
Donald Trump à prendre plusieurs décisions radicales, comme le retrait des
Etats-Unis d’un ensemble de dispositifs multilatéraux c’est à dire du Partenariat
Trans-Pacifique (TPP), de l’accord de Paris sur le climat, du Joint Comprehensive
Plan of Action (JCPOA), de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la
science et la culture (UNESCO), du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et du
Traité de désarmement sur les forces nucléaires à portées intermédiaire (FNI).
Donald Trump a en outre annoncé vouloir diminuer les contributions
financières des Etats-Unis à l’ONU et a suspendu l’apport financier américain à
l’Organisation mondiale de la santé (OMS), alors que le monde était plongé dans
la crise sanitaire du Coronavirus, en déclarant par la suite que son pays allait se
retirer de cette agence. De tels choix diplomatiques et de tels impacts entre deux
politiques étrangères d’un même pays, nuisent à la cohérence de l’action
internationale des Etats-Unis, dont l’identité apparaît comme fortement instable
et livrée à un combat politique binaire, interne à la première puissance
mondiale.
11
Les Etats-Unis ne semblent pas avoir défini une identité de politique étrangère,
pour le siècle qui s’ouvre et continuent d’osciller entre smart power et hard
power, au prix d’incohérences extrêmes qui déstabilisent l’organisation des
Relations Internationales et empêchent l’élaboration d’une vision politique de
long terme. Enfin, dans une moindre mesure, la décision de Donald Trump de
frapper les dispositifs et les forces militaires de Bachar Al-Assad, à deux
reprises, en avril 2017 et avril 2018, s’est également inscrite dans la
construction d’un récit d’une politique étrangère inverse à celle de Barack
Obama, ce qui dans ce contexte précis a permis aux Etats-Unis de s’affranchir du
problématique renoncement du mandat antérieur et de retrouver une certaine
crédibilité, en établissant clairement une « ligne rouge ». Cette volonté d’agir à
l’opposé de son prédécesseur est d’autant plus flagrante chez le Président des
Etats-Unis, qu’à l’époque où Barack Obama avait pris sa décision controversée
de ne pas intervenir en Syrie, Donald Trump s’était clairement positionné contre
une intervention militaire, notamment sur Twitter12. Zaki Laïdi avait observé
qu’un acteur dominant pouvait se retirer du jeu international, si il considérait
que l’ordre qu’il défendait subissait une contestation trop importante13. Selon
lui, c’est une manière de démontrer sa prééminence, car le dominant bénéficie
d’une situation extrêmement privilégiée, lui permettant de se soustraire du jeu
sans détériorations, ce qui n’est évidemment pas permis aux plus faibles. Cette
démonstration de force était clairement un objectif de Donald Trump. Le revers
étant, pour Zaki Laïdi, que le dominant illustre également ainsi l’érosion de son
autorité, l’affaiblissement de sa suprématie et de son pouvoir. Se retirer est donc
aussi un aveu d’affaiblissement. Durant le mandat de Donald Trump, les Etats-
Unis se sont directement confrontés à ce paradoxe de la domination et de la
puissance.
12
Donald Trump : If Obama attacks Syria and innocent civilians are hurt and killed, he and the U.S. will look very bad!,
30 août 2013: https://twitter.com/realDonaldTrump/status/373527227935518720
13
LAÏDI Zaki, La norme sans la force (L’énigme de la puissance européenne), France, Editions Presses de Sciences Po,
2005, 3ème édition augmentée parue en 2013, p. 167-168
12
Le Great Hard Power, ébranlé par la crise du
Coronavirus
Donald Trump avait choisi de déployer son Great Hard Power, essentiellement à
l’aide de la puissance économique américaine. L’homme d’affaires était
principalement préoccupé par l’affirmation d’une souveraineté américaine
économique et commerciale. Il s’agissait d’un axe fondamental de sa politique
étrangère, qui avait entraîné la renégociation de plusieurs accords de commerce
international (TPP, ALENA, Chine)14. Les enjeux environnementaux n’ont jamais
pesé dans la politique de Donald Trump, qui privilégiait exclusivement une
efficacité économique, ne devant être reconsidérée par aucun facteur. Cette
approche s’inscrivait dans la continuité de la politique de l’administration Bush
qui refusa de considérer le changement climatique comme un enjeu central et
qui exprima son opposition au Protocole de Kyoto en mars 2001, en excluant
définitivement de le ratifier. En février 2020, lors de son discours sur l’état de
l’Union, Donald Trump engageait sa campagne électorale sur son bilan
économique, qui présentait différents atouts (croissance économique,
dynamique boursière, baisse du chômage, création d’emploi), mais s’inscrivait
dans une période d’efficience globale, héritée du mandat de Barack Obama. D’un
point de vue électoral, miser sur sa stature d’homme d’affaires et sur un
domaine d’action en pleine santé comme l’économie, ne représentait pas un pari
très risqué pour Donald Trump, lors de sa campagne électorale de 2016 et au
début de son mandat. Il était quasi-assuré d’y présenter des résultats opérants,
tout au long de sa présidence. Sauf accident majeur. L’arrivée du Coronavirus en
mars 2020, a finalement complètement détruit un cycle de prospérité américain,
non interrompu depuis une décennie.
14
LENAIN Patrick, « Le bilan économique du président Trump », Politique étrangère, vol. Été, no. 2, 2020, pp. 57-72
13
Toute la construction stratégique de Donald Trump était ébranlée et anéantie
par une crise sanitaire qu’il n’avait pas anticipée, contrairement au rapport
Global Trends 2025 : A Transformed World, rendu public en novembre 2008 par
le National Intelligence Council (NIC) : « L’émergence d’une maladie respiratoire
humaine hautement transmissible et pour laquelle il n’y aurait pas de contre-
mesure adéquate pourrait déclencher une pandémie mondiale »15. Ou encore à
l’inverse de Bill Gates qui déclarait en 2015, lors d’une Conférence TED : « Si
quelque chose tue plus de 10 millions de personnes dans les prochaines
décennies, ce sera probablement un virus hautement contagieux, plutôt qu'une
guerre. Pas des missiles, mais des microbes. […] Nous ne sommes pas prêts pour
la prochaine épidémie. »16 Donald Trump se retrouve ainsi à devoir gérer une
crise sanitaire, sociale et économique, à la fin de son mandat et l’ampleur du
phénomène en fait l’événement le plus crucial de sa présidence. Sa gestion a
généré de nombreuses controverses et a fragilisé son image, auprès d’une
population préoccupée dorénavant par les impératifs d’un contexte
pandémique. La tendance populiste de Donald Trump ne génère plus le même
impact, alors que les citoyens recherchent une qualité d’expertise que Donald
Trump n’a jamais possédée et qu’il a continuellement dénigrée. En finalité, sur sa
politique économique, Donald Trump a subi un revers cinglant, là où il pensait
être certain d’afficher des performances favorables. La puissance économique
n’est plus le pilier inébranlable de son Great Hard Power. Le Président des Etats-
Unis a ainsi failli, au regard de cette leçon de Sun Tzu : « Un prince avisé et un
brillant capitaine sortent toujours victorieux de leurs campagnes et se couvrent
d’une gloire qui éclipse leurs rivaux grâce à leur capacité de prévision »17.
Donald Trump est très loin de sortir en dirigeant victorieux, de ses quatre
années de mandat et de valider ses déclarations de 2016 : « Nous allons
tellement gagner que vous allez être lassés de gagner ».
15
National Intelligence Council, Global Trends 2025, Chapter 5: Growing Potential for Conflict, Potential Emergence of
a Global Pandemic, p.75:
https://www.dni.gov/files/documents/Newsroom/Reports%20and%20Pubs/2025_Global_Trends_Final_Report.pdf
16
Bill Gates, Conférence TED, Mars 2015 : « If anything kills over 10 million people in the next few decades, it's most
likely to be a highly infectious virus rather than a war. Not missiles, but microbes. Now, part of the reason for this is
that we've invested a huge amount in nuclear deterrents. But we've actually invested very little in a system to stop an
epidemic. We're not ready for the next epidemic. »
17
« Un prince avisé et un brillant capitaine sortent toujours victorieux de leurs campagnes et se couvrent d’une gloire
qui éclipse leurs rivaux grâce à leur capacité de prévision. », Chapitre XIII, L’Art de la Guerre, Sun Tzu
14
L’affirmation de la rivalité sino-américaine, comme
perspective de l’après 2020
L’accentuation de la compétition sino-américaine et l’entrée du monde, dans une
nouvelle forme de guerre froide, restera un fait majeur de la période 2016-2020.
Dans le cas d’un second mandat de Donald Trump, ce dernier poursuivra la mise
en œuvre de sa doctrine de Great Hard Power et sa stratégie de montée en
tension avec la Chine. Les fondamentaux resteront inchangés, d’autant plus que
selon Donald Trump, son action internationale a réaffirmé la primauté des Etats-
Unis dans le monde. Le Président américain est certain de son triomphe et fait
inlassablement la promotion de sa politique étrangère, dans un intense exercice
de communication politique. L’impulsivité de Donald Trump laissant le champ
libre à un certain nombre d’inconnues. Son imprévisibilité avec ses partenaires
et adversaires (retrait du soutien américain au communiqué final du sommet du
G7 en juin 2018…), qui lui permet de préserver une capacité d’initiative, reste
également un facteur difficilement appréhendable. Ce qui est parfaitement
volontaire et qui renvoie à deux règles de Sun Tzu : « Qui excelle à la guerre
dirige les mouvements de l’autre et ne se laisse pas dicter les siens »18 ou encore
« A la guerre, tout est affaire de rapidité. On profite de ce que l’autre n’est pas
prêt ; on surgit à l’improviste ; on attaque ce qui n’est pas défendu »19. Le contre-
point ayant été donné par Sun Tzu lui-même : « Le véritable chef de guerre
n’engage pas la bataille sur un mouvement d’humeur »20. Or le Président des
Etats-Unis reste justement insaisissable, sur les orientations qui seront dictées
par ses humeurs. Donald Trump est la démonstration d’une résilience de la
révolution Bush. De la même manière, la rupture trumpienne survivra à Donald
Trump et se développera sous d’autres formes, en s’adaptant aux spécificités
d’un contexte international en mouvement.
18
« Qui excelle à la guerre dirige les mouvements de l’autre et ne se laisse pas dicter les siens. », Chapitre VI, L’Art de
la Guerre, Sun Tzu
19
« A la guerre, tout est affaire de rapidité. On profite de ce que l’autre n’est pas prêt ; on surgit à l’improviste ; on
attaque ce qui n’est pas défendu. », Chapitre XI, L’Art de la Guerre, Sun Tzu
20
« Le véritable chef de guerre n’engage pas la bataille sur un mouvement d’humeur. », Chapitre XII, L’Art de la
Guerre, Sun Tzu
15
Une victoire à la présidentielle du démocrate Joe Biden, qui promeut un retour
aux fondements de la présidence Obama, ramènerait surement les Etats-Unis
vers une pratique de smart power, telle qu’accomplie durant les années 2009-
2016. Dans le domaine du multilatéralisme, les Etats-Unis opéreraient un
nouveau mouvement contraire par rapport à l’administration précédente et
réintégreraient une construction diplomatique traditionnelle. Tous les principes
de la présidence Obama seraient rétablis : retour au sein de l’accord de Paris sur
le climat, dialogue constructif avec l’Union européenne et réinstauration d’un
accord nucléaire avec l’Iran. La politique étrangère de Joe Biden absorbera
cependant les évolutions survenues dans les Relations Internationales, depuis le
départ de Barack Obama et essayera de tirer avantage de certaines ruptures
opérées par Donald Trump, notamment dans le domaine du commerce
international. Joe Biden ne reviendra pas sur le transfert de l’ambassade des
États-Unis à Jérusalem et ne modifiera pas fondamentalement la gestion des
interventions militaires au Moyen-Orient. Une fin au soutien américain à l’Arabie
Saoudite dans le conflit au Yémen, sera cependant surement engagée. Enfin, ce
sera dans le cadre de la rivalité sino-américaine que Joe Biden pourra tirer le
plus grand bénéfice du hard power de Donald Trump, en l’incorporant à un
smart power encore plus dur et redoutable. L’administration Biden pourra avoir
des revendications sur l’application des règles commerciales de l’OMC, tout en y
ajoutant la dimension du soft power, en défendant le respect des droits de
l’homme et en s’affirmant dans le cadre multilatéral et les institutions
internationales, de manière à enrayer la progression de l’influence chinoise, et
plus particulièrement au sein de l’ONU. Ainsi l’intensification de la rivalité sino-
américaine se poursuivra et restera un axe majeur des Relations Internationales,
pour l’après 202021. Donald Trump et Joe Biden pourront toujours méditer cette
moralité de Sun Tzu : « A la guerre, le nombre n’est pas un facteur décisif ; il
convient avant tout de ne pas rechercher les hauts faits d’armes. Pour le reste, il
suffit de savoir concentrer ses forces, évaluer l’adversaire et se gagner le cœur
des hommes. Mais qui ne réfléchit pas et méprise l’ennemi sera vaincu »22.
21
NARDON Laurence, « Quelle politique étrangère américaine après 2020 ? », Politique étrangère, vol. Été, no. 2,
2020, pp. 87-98
22
« A la guerre, le nombre n’est pas un facteur décisif ; il convient avant tout de ne pas rechercher les hauts faits
d’armes. Pour le reste, il suffit de savoir concentrer ses forces, évaluer l’adversaire et se gagner le cœur des hommes.
Mais qui ne réfléchit pas et méprise l’ennemi sera vaincu. », Chapitre IX, L’Art de la Guerre, Sun Tzu
16

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  • 1. 1 Florian Brunner La doctrine Trump: le Great Hard Power  Les identités stratégiques dans les Relations Internationales
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  • 3. Florian Brunner La doctrine Trump : le Great Hard Power
  • 4. Auteur Président-Fondateur du Think Tank Europe et Démocratie, Florian Brunner mène des travaux consacrés aux enjeux européens, à l’analyse des questions internationales et de gouvernance mondiale. Dans ce contexte, il organise et anime de nombreuses Conférences, avec des organisations partenaires, au Parlement Européen ou au Collège Doctoral Européen à Strasbourg. Florian Brunner a réalisé de nombreux Travaux d’étude et de prévision, dans le domaine des Affaires Européennes et Internationales, à travers une approche multidisciplinaire qui combine les niveaux local, national et global.
  • 5. SOMMAIRE 05 La tradition d’un hard power américain 06 Du hard power au Great Hard Power 08 Le Great Hard Power de Donald Trump et le refus de croiser le fer 09 Le smart power de Barack Obama et le Great Hard Power de Donald Trump : la collision identitaire de deux modèles de politique étrangère 12 Le Great Hard Power, ébranlé par la crise du Coronavirus 14 L’affirmation de la rivalité sino- américaine, comme perspective de l’après 2020
  • 6. « A la guerre, le nombre n’est pas un facteur décisif ; il convient avant tout de ne pas rechercher les hauts faits d’armes. Pour le reste, il suffit de savoir concentrer ses forces, évaluer l’adversaire et se gagner le cœur des hommes. Mais qui ne réfléchit pas et méprise l’ennemi sera vaincu. » Sun Tzu, L’Art de la Guerre, Chapitre IX
  • 7. 5 Donald Trump porte une doctrine de politique étrangère, consistant à accentuer le hard power et à le faire évoluer vers une forme plus extrême, le Great Hard Power. Cette nouvelle approche des Relations Internationales, se heurte à une absence d’efficacité et d’aboutissements opérationnels. La tradition d’un hard power américain Lors des élections présidentielles américaines de 2016, le candidat Donald Trump prétendait incarner une forme de rupture avec les codes traditionnels de la politique et des Relations Internationales. Cet homme n’a pas résulté d’un néant politique, il est la continuité d’une approche néo-conservatrice des Relations Internationales dont il a prononcé et singularisé certains aspects. Au XXIème siècle, George W. Bush a exclu l’approche multilatérale et a incarné un unilatéralisme américain exacerbé, avec le déclenchement de l’invasion de l’Irak en 2003, en l’absence d’un mandat de l’ONU. Le Président français, Nicolas Sarkozy s’inscrira dans ce prolongement, en voulant défaire l’héritage chiraquien et le gaullo-mitterrandisme, en adoptant une politique étrangère affairiste, résolument atlantiste et en menant une tentative de « rupture » néo- conservatrice. Les aspects fondamentaux de la révolution Bush1, se sont ancrés dans le temps et George W. Bush qui était déjà considéré par certains experts en 2008, comme un « exemple extrême » a été dépassé par Donald Trump qui a réussi à devenir l’incarnation absolue d’un unilatéralisme américain paroxystique. Donald Trump a su, en personnalisant excessivement son action politique, marquer la subjectivité des citoyens du monde. Il est un acteur sur scène, qui calcule l’impact de ses déclarations théâtralisées. Il est la représentation humaine d’une approche des Relations Internationales qui a existé avant lui et qui se maintiendra après son passage à la Maison Blanche, d’une tradition d’un hard power américain. 1 ZABOROWSKI Marcin, « Affaires étrangères : l'héritage de la révolution Bush », Politique étrangère, 2008/3 (Automne), pages 519 à 531
  • 8. 6 Contrairement à ce que de nombreux observateurs prétendent, comme l’ancien conseiller du Président John Bolton2, Donald Trump a bien conçu une doctrine structurée, une vision élaborée de son action internationale, celle d’un Great Hard Power, synthétisé par la formule America First. Du hard power au Great Hard Power Le hard power se matérialise, lorsqu’un acteur est animé par une volonté de domination qu’il n’exprime pas directement, mais que ses partenaires sont supposés cerner très nettement. Le hard power se caractérise par une détermination à vouloir impacter considérablement les Relations Internationales, en définissant sa propre lecture politique du monde, jusqu’à tenter de créer une réalité planétaire qui corresponde précisément à ses desseins. A cette fin, l’usage de la force est une possibilité mais il ne s’agit pas d’une exclusivité. Un hard power peut également s’accomplir par un recours à des moyens de coercition. Un acteur du hard power délimite très clairement la frontière qui sépare ce qui le constitue et le spécifie (« nous »), de l’extérieur et des autres acteurs (« eux »). En outre, cet acteur dominant inscrit une nette distinction entre ses amis et ses ennemis, au centre de son action politique3. La doctrine de Donald Trump a consisté à se saisir du hard power américain et à en accentuer tous les paramètres, en évitant de recourir à la force militaire et en privilégiant la coercition économique. Dans un contexte de réaffirmation des grands Etats-Nations et d’accroissement de la multipolarité à l’échelle mondiale, Donald Trump a mis en œuvre une stratégie de Great Hard Power et a tenté de développer une mécanique de configurations asymétriques systématiques, où les Etats-Unis ont voulu affirmer leur primauté. Avec la Chine d’abord et l’enclenchement d’un affrontement commercial, aux résultats mitigés. 2 John Bolton : pourquoi la Chine n'a pas peur d'une réélection de Donald Trump, Interview de John Bolton, Le Point, Propos recueillis par Julien Peyron, 04/08/2020. John Bolton : « L'Europe doit vraiment comprendre cela : il n'y a pas de doctrine Trump, il n'y a pas de politique Trump. Ce n'est qu'une série de déclarations ou de décisions ad hoc, qui ne reflètent pas un chemin de pensées consistant. » 3 LAÏDI Zaki, La norme sans la force (L’énigme de la puissance européenne), France, Editions Presses de Sciences Po, 2005, 3ème édition augmentée parue en 2013
  • 9. 7 Avec l’Iran, autre adversaire visé et donc atteint par la capacité de coercition américaine, notamment économique. Avec l’Union européenne, nouvelle ennemie, signifiée comme telle par Donald Trump lui-même, lors d’une interview donnée à la chaîne de télévision CBS en 20184. Avec la Russie, dans la continuité de l’approche américaine, en affirmant une ligne présentée comme extrêmement dure5. Donald Trump a entouré les Etats-Unis d’antagonistes désignés et a décidé de les affronter tous, en même temps, de manière à instaurer des relations asymétriques fortes, à démontrer l’envergure de la souveraineté américaine et à assurer une domination sans partage du monde, au moment même où les Etats-Unis doutent fortement de leur évolution dans les Relations Internationales, durant les prochaines décennies. En 2014, Donald Trump faisait référence à un précepte de Sun Tzu sur Twitter6 : « Qui connaît l’autre et se connaît, en cent combats ne sera point défait »7. Une fois au pouvoir, le Président des Etats-Unis, pensait surement avoir suffisamment de maîtrise, pour démontrer ses talents de stratège et engager un nombre important d’opérations de coercition, pouvant se comparer aux « cent combats » auxquels se référait Sun Tzu. 4 Interview de CBS, 15 juillet 2018, Donald Trump: "Well, I think we have a lot of foes. I think the European Union is a foe, what they do to us in trade. Now, you wouldn't think of the European Union, but they're a foe. Russia is foe in certain respects. China is a foe economically, certainly they are a foe. But that doesn't mean they are bad. It doesn't mean anything. It means that they are competitive" 5 Donald Trump: I have been FAR tougher on Russia than Obama, Bush or Clinton. Maybe tougher than any other President. At the same time, & as I have often said, getting along with Russia is a good thing, not a bad thing. I fully expect that someday we will have good relations with Russia again!, 12 janvier 2019: https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1084074865496334336 6 Donald Trump: “If you know the enemy and know yourself you need not fear the results of a hundred battles.” - Sun Tzu, 8 août 2014: https://twitter.com/realDonaldTrump/status/497830436253728768 7 « Qui connaît l’autre et se connaît, en cent combats ne sera point défait », Chapitre III, L’Art de la Guerre, Sun Tzu
  • 10. 8 Le Great Hard Power de Donald Trump et le refus de croiser le fer Donald Trump n’a utilisé la force directe, la force militaire, qu’à de très rares occasions et bien moins que son prédécesseur républicain, George W. Bush, qui lui aussi avait adopté une politique de hard power, en se concentrant sur la condamnation d’un « axe du mal », avec comme ennemi central, l’Irak de Saddam Hussein.8 En 2012, Donald Trump diffusait sur Twitter, un principe de Sun Tzu9 : « Etre victorieux dans tous les combats n’est pas le fin du fin ; soumettre l’ennemi sans croiser le fer, voilà le fin du fin »10. Il semble donc que structurellement, dans la pensée trumpienne, l’interventionnisme militaire ne soit pas une option souhaitable. La tendance de Donald Trump à se référer à Sun Tzu, le positionne parmi les stratèges qui considèrent que l’action militaire est un ultime recours et que d’autres moyens sont à privilégier pour contraindre l’adversaire. Cette approche se retrouve confortée par la désapprobation de l’opinion publique américaine, pour les interventions militaires longues. Donald Trump en affichant son refus de l’action guerrière, pense ainsi également s’assurer le soutien de sa base électorale. Le locataire de la Maison Blanche a donc recherché globalement des moyens de coercition, lui permettant de soumettre l’ennemi, sans engager de combat militaire. Le retrait de l’accord sur le nucléaire iranien et l’accomplissement d’une politique de pression maximale, à l’égard de l’Iran avaient pour objectif de provoquer la chute du régime des mollahs, sans intervention armée. Avec la Corée du Nord, Donald Trump a fait le choix risqué, en juin 2018, de rencontrer Kim Jong-un, un adversaire véhément des Etats-Unis, sans aucune condition préalable. Au lieu de continuer à croiser le fer, le Président des Etats-Unis a tendu une main, sans doute de manière trop spontanée et insuffisamment maîtrisée. Le communiqué qui a résulté de leur rencontre proclamait une totale dénucléarisation de la péninsule coréenne, ce qui ne sera pas suivi d’effets. 8 George W. Bush, State of the Union Address (January 29, 2002): “States like these, and their terrorist allies, constitute an axis of evil, arming to threaten the peace of the world” 9 Donald Trump: "The Supreme Art of war is to subdue the enemy without fighting." -- Sun Tzu, 17 juillet 2012: https://twitter.com/realdonaldtrump/status/225244643837751296?lang=fr 10 « Etre victorieux dans tous les combats n’est pas le fin du fin ; soumettre l’ennemi sans croiser le fer, voilà le fin du fin. », Chapitre III, L’Art de la Guerre, Sun Tzu
  • 11. 9 Dans ces deux dossiers, Donald Trump n’a finalement pas réussi à soumettre l’ennemi, en usant de différents procédés de coercition ou diplomatiques. Le régime iranien n’est pas tombé et la Corée du Nord n’a pas renoncé à l’armement nucléaire. Sun Tzu a énoncé des principes, qui pour être accomplis ne se suffisent pas à eux-mêmes, mais exigent l’accomplissement d’un art suprême, d’une maîtrise totale, d’un savoir-faire absolu. Donald Trump qui avait surement cerné certains principes, ne possédait pas l’habileté qui y correspondait. Le Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA), signé avec l’Iran en juillet 2015, était justement une parfaite illustration de l’enseignement de Sun Tzu. Cette initiative de Barack Obama s’inscrivait dans le temps long, permettait de contraindre un adversaire par la raison et d’écarter le danger d’une confrontation directe. En revenant à une logique d’affrontement, même sans volonté interventionniste, Donald Trump a rapproché le fer et accentué un risque de guerre. Le Président des Etats-Unis n’a pas su lire les intentions de l’adversaire, rentrer dans son mode de pensée et s’adapter avec justesse aux mouvements de l’ennemi. Il a sonné la charge et a échoué, démontrant ainsi qu’il ne possédait pas les qualités du Chef de Guerre, louées par Sun Tzu. Le smart power de Barack Obama et le Great Hard Power de Donald Trump : la collision identitaire de deux modèles de politique étrangère Après la présidence de George W. Bush et l’enlisement politique et militaire des Etats-Unis en Irak, Barack Obama œuvrera à l’accomplissement d’un smart power, sensé conjuguer une importante puissance militaire à un développement efficient des alliances, des coopérations et des institutions à toutes les échelles, de manière à amplifier l’autorité américaine dans les Relations Internationales. L’action de Donald Trump a notamment consisté à démanteler le smart power initié par Barack Obama, en menant un mouvement de dislocation de tous les processus multilatéraux11. 11 QUENCEZ Martin, « Le « trumpisme » en politique étrangère : vision et pratique », Politique étrangère, vol. Été, no. 2, 2020, pp. 73-85
  • 12. 10 L’approche structurellement binaire de Donald Trump, l’a conduit à faire le choix exclusif du hard power et à concevoir le Great Hard Power, en s’opposant fermement au soft power, c’est-à-dire à la capacité de convaincre, de séduire et d’influencer. Les Etats-Unis ont ainsi effectué un retour vers la politique étrangère de George W. Bush, en perpétuant une incapacité à associer au hard power, les propriétés et avantages du soft power. La volonté de désagrégation du bilan de l’administration Obama, a résulté d’une incompatibilité d’organisation de la politique étrangère entre le système Trump et celui qui l’a précédé. Le modèle Obama et le modèle Trump représentent deux identités distinctes de politique étrangère, au XXIème siècle. La succession directe des deux présidences et des deux modèles a engendré un phénomène de collision. L’intérêt en politique intérieure, que pouvait en retirer Donald Trump, accompagnait naturellement cette évolution. L’électorat américain étant extrêmement clivé, l’identité partisane du pôle républicain avait pleinement intégré le rejet de l’action politique de Barack Obama. Le Président des Etats- Unis a ainsi voulu se différencier de son prédécesseur et mettre en scène un contraste majeur, à de nombreuses reprises. Cette orientation globale a conduit Donald Trump à prendre plusieurs décisions radicales, comme le retrait des Etats-Unis d’un ensemble de dispositifs multilatéraux c’est à dire du Partenariat Trans-Pacifique (TPP), de l’accord de Paris sur le climat, du Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA), de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et du Traité de désarmement sur les forces nucléaires à portées intermédiaire (FNI). Donald Trump a en outre annoncé vouloir diminuer les contributions financières des Etats-Unis à l’ONU et a suspendu l’apport financier américain à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), alors que le monde était plongé dans la crise sanitaire du Coronavirus, en déclarant par la suite que son pays allait se retirer de cette agence. De tels choix diplomatiques et de tels impacts entre deux politiques étrangères d’un même pays, nuisent à la cohérence de l’action internationale des Etats-Unis, dont l’identité apparaît comme fortement instable et livrée à un combat politique binaire, interne à la première puissance mondiale.
  • 13. 11 Les Etats-Unis ne semblent pas avoir défini une identité de politique étrangère, pour le siècle qui s’ouvre et continuent d’osciller entre smart power et hard power, au prix d’incohérences extrêmes qui déstabilisent l’organisation des Relations Internationales et empêchent l’élaboration d’une vision politique de long terme. Enfin, dans une moindre mesure, la décision de Donald Trump de frapper les dispositifs et les forces militaires de Bachar Al-Assad, à deux reprises, en avril 2017 et avril 2018, s’est également inscrite dans la construction d’un récit d’une politique étrangère inverse à celle de Barack Obama, ce qui dans ce contexte précis a permis aux Etats-Unis de s’affranchir du problématique renoncement du mandat antérieur et de retrouver une certaine crédibilité, en établissant clairement une « ligne rouge ». Cette volonté d’agir à l’opposé de son prédécesseur est d’autant plus flagrante chez le Président des Etats-Unis, qu’à l’époque où Barack Obama avait pris sa décision controversée de ne pas intervenir en Syrie, Donald Trump s’était clairement positionné contre une intervention militaire, notamment sur Twitter12. Zaki Laïdi avait observé qu’un acteur dominant pouvait se retirer du jeu international, si il considérait que l’ordre qu’il défendait subissait une contestation trop importante13. Selon lui, c’est une manière de démontrer sa prééminence, car le dominant bénéficie d’une situation extrêmement privilégiée, lui permettant de se soustraire du jeu sans détériorations, ce qui n’est évidemment pas permis aux plus faibles. Cette démonstration de force était clairement un objectif de Donald Trump. Le revers étant, pour Zaki Laïdi, que le dominant illustre également ainsi l’érosion de son autorité, l’affaiblissement de sa suprématie et de son pouvoir. Se retirer est donc aussi un aveu d’affaiblissement. Durant le mandat de Donald Trump, les Etats- Unis se sont directement confrontés à ce paradoxe de la domination et de la puissance. 12 Donald Trump : If Obama attacks Syria and innocent civilians are hurt and killed, he and the U.S. will look very bad!, 30 août 2013: https://twitter.com/realDonaldTrump/status/373527227935518720 13 LAÏDI Zaki, La norme sans la force (L’énigme de la puissance européenne), France, Editions Presses de Sciences Po, 2005, 3ème édition augmentée parue en 2013, p. 167-168
  • 14. 12 Le Great Hard Power, ébranlé par la crise du Coronavirus Donald Trump avait choisi de déployer son Great Hard Power, essentiellement à l’aide de la puissance économique américaine. L’homme d’affaires était principalement préoccupé par l’affirmation d’une souveraineté américaine économique et commerciale. Il s’agissait d’un axe fondamental de sa politique étrangère, qui avait entraîné la renégociation de plusieurs accords de commerce international (TPP, ALENA, Chine)14. Les enjeux environnementaux n’ont jamais pesé dans la politique de Donald Trump, qui privilégiait exclusivement une efficacité économique, ne devant être reconsidérée par aucun facteur. Cette approche s’inscrivait dans la continuité de la politique de l’administration Bush qui refusa de considérer le changement climatique comme un enjeu central et qui exprima son opposition au Protocole de Kyoto en mars 2001, en excluant définitivement de le ratifier. En février 2020, lors de son discours sur l’état de l’Union, Donald Trump engageait sa campagne électorale sur son bilan économique, qui présentait différents atouts (croissance économique, dynamique boursière, baisse du chômage, création d’emploi), mais s’inscrivait dans une période d’efficience globale, héritée du mandat de Barack Obama. D’un point de vue électoral, miser sur sa stature d’homme d’affaires et sur un domaine d’action en pleine santé comme l’économie, ne représentait pas un pari très risqué pour Donald Trump, lors de sa campagne électorale de 2016 et au début de son mandat. Il était quasi-assuré d’y présenter des résultats opérants, tout au long de sa présidence. Sauf accident majeur. L’arrivée du Coronavirus en mars 2020, a finalement complètement détruit un cycle de prospérité américain, non interrompu depuis une décennie. 14 LENAIN Patrick, « Le bilan économique du président Trump », Politique étrangère, vol. Été, no. 2, 2020, pp. 57-72
  • 15. 13 Toute la construction stratégique de Donald Trump était ébranlée et anéantie par une crise sanitaire qu’il n’avait pas anticipée, contrairement au rapport Global Trends 2025 : A Transformed World, rendu public en novembre 2008 par le National Intelligence Council (NIC) : « L’émergence d’une maladie respiratoire humaine hautement transmissible et pour laquelle il n’y aurait pas de contre- mesure adéquate pourrait déclencher une pandémie mondiale »15. Ou encore à l’inverse de Bill Gates qui déclarait en 2015, lors d’une Conférence TED : « Si quelque chose tue plus de 10 millions de personnes dans les prochaines décennies, ce sera probablement un virus hautement contagieux, plutôt qu'une guerre. Pas des missiles, mais des microbes. […] Nous ne sommes pas prêts pour la prochaine épidémie. »16 Donald Trump se retrouve ainsi à devoir gérer une crise sanitaire, sociale et économique, à la fin de son mandat et l’ampleur du phénomène en fait l’événement le plus crucial de sa présidence. Sa gestion a généré de nombreuses controverses et a fragilisé son image, auprès d’une population préoccupée dorénavant par les impératifs d’un contexte pandémique. La tendance populiste de Donald Trump ne génère plus le même impact, alors que les citoyens recherchent une qualité d’expertise que Donald Trump n’a jamais possédée et qu’il a continuellement dénigrée. En finalité, sur sa politique économique, Donald Trump a subi un revers cinglant, là où il pensait être certain d’afficher des performances favorables. La puissance économique n’est plus le pilier inébranlable de son Great Hard Power. Le Président des Etats- Unis a ainsi failli, au regard de cette leçon de Sun Tzu : « Un prince avisé et un brillant capitaine sortent toujours victorieux de leurs campagnes et se couvrent d’une gloire qui éclipse leurs rivaux grâce à leur capacité de prévision »17. Donald Trump est très loin de sortir en dirigeant victorieux, de ses quatre années de mandat et de valider ses déclarations de 2016 : « Nous allons tellement gagner que vous allez être lassés de gagner ». 15 National Intelligence Council, Global Trends 2025, Chapter 5: Growing Potential for Conflict, Potential Emergence of a Global Pandemic, p.75: https://www.dni.gov/files/documents/Newsroom/Reports%20and%20Pubs/2025_Global_Trends_Final_Report.pdf 16 Bill Gates, Conférence TED, Mars 2015 : « If anything kills over 10 million people in the next few decades, it's most likely to be a highly infectious virus rather than a war. Not missiles, but microbes. Now, part of the reason for this is that we've invested a huge amount in nuclear deterrents. But we've actually invested very little in a system to stop an epidemic. We're not ready for the next epidemic. » 17 « Un prince avisé et un brillant capitaine sortent toujours victorieux de leurs campagnes et se couvrent d’une gloire qui éclipse leurs rivaux grâce à leur capacité de prévision. », Chapitre XIII, L’Art de la Guerre, Sun Tzu
  • 16. 14 L’affirmation de la rivalité sino-américaine, comme perspective de l’après 2020 L’accentuation de la compétition sino-américaine et l’entrée du monde, dans une nouvelle forme de guerre froide, restera un fait majeur de la période 2016-2020. Dans le cas d’un second mandat de Donald Trump, ce dernier poursuivra la mise en œuvre de sa doctrine de Great Hard Power et sa stratégie de montée en tension avec la Chine. Les fondamentaux resteront inchangés, d’autant plus que selon Donald Trump, son action internationale a réaffirmé la primauté des Etats- Unis dans le monde. Le Président américain est certain de son triomphe et fait inlassablement la promotion de sa politique étrangère, dans un intense exercice de communication politique. L’impulsivité de Donald Trump laissant le champ libre à un certain nombre d’inconnues. Son imprévisibilité avec ses partenaires et adversaires (retrait du soutien américain au communiqué final du sommet du G7 en juin 2018…), qui lui permet de préserver une capacité d’initiative, reste également un facteur difficilement appréhendable. Ce qui est parfaitement volontaire et qui renvoie à deux règles de Sun Tzu : « Qui excelle à la guerre dirige les mouvements de l’autre et ne se laisse pas dicter les siens »18 ou encore « A la guerre, tout est affaire de rapidité. On profite de ce que l’autre n’est pas prêt ; on surgit à l’improviste ; on attaque ce qui n’est pas défendu »19. Le contre- point ayant été donné par Sun Tzu lui-même : « Le véritable chef de guerre n’engage pas la bataille sur un mouvement d’humeur »20. Or le Président des Etats-Unis reste justement insaisissable, sur les orientations qui seront dictées par ses humeurs. Donald Trump est la démonstration d’une résilience de la révolution Bush. De la même manière, la rupture trumpienne survivra à Donald Trump et se développera sous d’autres formes, en s’adaptant aux spécificités d’un contexte international en mouvement. 18 « Qui excelle à la guerre dirige les mouvements de l’autre et ne se laisse pas dicter les siens. », Chapitre VI, L’Art de la Guerre, Sun Tzu 19 « A la guerre, tout est affaire de rapidité. On profite de ce que l’autre n’est pas prêt ; on surgit à l’improviste ; on attaque ce qui n’est pas défendu. », Chapitre XI, L’Art de la Guerre, Sun Tzu 20 « Le véritable chef de guerre n’engage pas la bataille sur un mouvement d’humeur. », Chapitre XII, L’Art de la Guerre, Sun Tzu
  • 17. 15 Une victoire à la présidentielle du démocrate Joe Biden, qui promeut un retour aux fondements de la présidence Obama, ramènerait surement les Etats-Unis vers une pratique de smart power, telle qu’accomplie durant les années 2009- 2016. Dans le domaine du multilatéralisme, les Etats-Unis opéreraient un nouveau mouvement contraire par rapport à l’administration précédente et réintégreraient une construction diplomatique traditionnelle. Tous les principes de la présidence Obama seraient rétablis : retour au sein de l’accord de Paris sur le climat, dialogue constructif avec l’Union européenne et réinstauration d’un accord nucléaire avec l’Iran. La politique étrangère de Joe Biden absorbera cependant les évolutions survenues dans les Relations Internationales, depuis le départ de Barack Obama et essayera de tirer avantage de certaines ruptures opérées par Donald Trump, notamment dans le domaine du commerce international. Joe Biden ne reviendra pas sur le transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem et ne modifiera pas fondamentalement la gestion des interventions militaires au Moyen-Orient. Une fin au soutien américain à l’Arabie Saoudite dans le conflit au Yémen, sera cependant surement engagée. Enfin, ce sera dans le cadre de la rivalité sino-américaine que Joe Biden pourra tirer le plus grand bénéfice du hard power de Donald Trump, en l’incorporant à un smart power encore plus dur et redoutable. L’administration Biden pourra avoir des revendications sur l’application des règles commerciales de l’OMC, tout en y ajoutant la dimension du soft power, en défendant le respect des droits de l’homme et en s’affirmant dans le cadre multilatéral et les institutions internationales, de manière à enrayer la progression de l’influence chinoise, et plus particulièrement au sein de l’ONU. Ainsi l’intensification de la rivalité sino- américaine se poursuivra et restera un axe majeur des Relations Internationales, pour l’après 202021. Donald Trump et Joe Biden pourront toujours méditer cette moralité de Sun Tzu : « A la guerre, le nombre n’est pas un facteur décisif ; il convient avant tout de ne pas rechercher les hauts faits d’armes. Pour le reste, il suffit de savoir concentrer ses forces, évaluer l’adversaire et se gagner le cœur des hommes. Mais qui ne réfléchit pas et méprise l’ennemi sera vaincu »22. 21 NARDON Laurence, « Quelle politique étrangère américaine après 2020 ? », Politique étrangère, vol. Été, no. 2, 2020, pp. 87-98 22 « A la guerre, le nombre n’est pas un facteur décisif ; il convient avant tout de ne pas rechercher les hauts faits d’armes. Pour le reste, il suffit de savoir concentrer ses forces, évaluer l’adversaire et se gagner le cœur des hommes. Mais qui ne réfléchit pas et méprise l’ennemi sera vaincu. », Chapitre IX, L’Art de la Guerre, Sun Tzu
  • 18. 16