“L’enlèvement de Mlle de Montmorency-Boutteville et de la fille de Lope de Vega. Un événement de cour en France et un événement domestique en Espagne au XVIIe siècleˮ, Poésie de cour et de circonstance, théâtre historique. La mise en vers de l’événement dans les mondes hispanique et européen. XVIe-XVIIe siècles, Marie-Laure Acquier y Emmanuel Marigno (dirs.), París, L’Harmattan, 2014, pp. 267-276. ISBN: 978-2-343-02790-6.
Il sera question ici d’un événement qui eut un grand retentissement dans la société de la première moitié du dix-septième siècle, et dont on trouve l’écho chez quelques poètes de Cour: l’enlèvement de Mlle de Boutteville. L’anecdote historique intéresse moins que le motif littéraire de l’enlèvement. Une comparaison avec une églogue de Lope de Vega permettra de mieux nous ajuster au thème central du colloque.
Les écrivains français du XVIIe siècle à l’école du Quichotte: les nouvelles intercalées”, Travaux de Littérature (París), 22, 2009, pp. 161-168. ISSN: 0095-6794.
“Maures et chrétiens dans la littérature du XVIIe siècle. Questions sur l’imaginaire à propos de 'Zaïde'”, Histoire, littérature et poétique des Marches. Actes du XXIVe Congrès de la Société Française de Littérature Générale et Comparée, Olivier-Henri Bonnerot (ed.), Estrasburgo, Imprimerie intégrée de l’Université des Sciences Humaines de Strasbourg, 1993, pp. 115-129.
“Une querelle de salon: France, Italie, Espagne”, Papers on French Seventeenth Century Literature (Tubinga), 33, 64, 2006, pp. 269-276. ISSN: 0343-9368.
Ces quelques réflexions portent sur l’évolution constatable de l’instance poétique dans l’œuvre de Hugo jusqu’à ce que le poète endosse le statut de mage. Les recueils témoins ou étapes sont "Odes et Ballades", "Les Orientales", "Les Châtiments" et "Les Contemplations".
Il sera question ici d’un événement qui eut un grand retentissement dans la société de la première moitié du dix-septième siècle, et dont on trouve l’écho chez quelques poètes de Cour: l’enlèvement de Mlle de Boutteville. L’anecdote historique intéresse moins que le motif littéraire de l’enlèvement. Une comparaison avec une églogue de Lope de Vega permettra de mieux nous ajuster au thème central du colloque.
Les écrivains français du XVIIe siècle à l’école du Quichotte: les nouvelles intercalées”, Travaux de Littérature (París), 22, 2009, pp. 161-168. ISSN: 0095-6794.
“Maures et chrétiens dans la littérature du XVIIe siècle. Questions sur l’imaginaire à propos de 'Zaïde'”, Histoire, littérature et poétique des Marches. Actes du XXIVe Congrès de la Société Française de Littérature Générale et Comparée, Olivier-Henri Bonnerot (ed.), Estrasburgo, Imprimerie intégrée de l’Université des Sciences Humaines de Strasbourg, 1993, pp. 115-129.
“Une querelle de salon: France, Italie, Espagne”, Papers on French Seventeenth Century Literature (Tubinga), 33, 64, 2006, pp. 269-276. ISSN: 0343-9368.
Ces quelques réflexions portent sur l’évolution constatable de l’instance poétique dans l’œuvre de Hugo jusqu’à ce que le poète endosse le statut de mage. Les recueils témoins ou étapes sont "Odes et Ballades", "Les Orientales", "Les Châtiments" et "Les Contemplations".
“Le legs de l’histoire dans le théâtre espagnol et français du XVIIe siècle. III: La conception de la femme”, Anales de Filología Francesa (Murcia), 8, 1997, pp. 107-127. ISSN: 0213-2958.
“La réception du réalisme espagnol en France”, Réalisme et réalité en question au XVIIe siècle, Didier Souiller (ed.), Dijon, Presses de l’Université de Bourgogne, 2002, pp. 121-130. ISBN: 978-2913003118.
Nuestra compañera presenta en francés un material para trabajar sobre las escritoras francesas. Este material se ve apoyado por la unidad didáctica del mismo nombres
Gros dossier principalement en Français sur Agrippine de Handel à Cyrano de Bergerac en passant par Daniel Mesguich et Philippe Jaroussky. De l'horreur d'une mise à mort à la beauté d'une transcendance dans justement cette horreur. Cauchemars de lumière et de couleur guarantis. N'oubliez jamais que le sang est rouge. Avez-vous jamais passé de vie à trépas avec une pierre très lourde sur la piptrine qui progressivement vous écrase et vous coupe le souffle, definitivement, toute votre famille et toute la bonne société et toute la populace admirant votre courage? Et le peuple demande que la trahison soit châtiée jusqu'à la troisième génération. Bien du plaisir en perspective.
“Giraudoux et l’Espagne”, La Poétique du détail: autour de Jean Giraudoux, t. II, André Job (ed.), Cahiers Jean Giraudoux, 34, 2006, pp. 181-192. ISSN: 0150-6943.
“Victor Hugo et le mythe de Don Juan”, Don Juans insolites, Pierre Brunel (ed.), París, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2008, pp. 79-86. ISBN: 978-2-84050-567-9.
Mythical Narratives in Comparative European Literature / Le récit mythique dans la littérature européenne comparée, CompLit. Journal of European Literature, Arts and Society, Asun López-Varela y José Manuel Losada (dir.), 7 (2024), París, Classiques Garnier, 236 p. ISSN 2780-2523. ISBN 978-2-406-16969-7.
― https://dx.doi.org/10.48611/isbn.978-2-406-16970-3.p.0009
― https://classiques-garnier.com/complit-journal-of-european-literature-arts-and-society-en.html
“The Referential Function of Myth”, Mythical Narratives in Comparative European Literature, CompLit. Journal of European Literature, Arts and Society, París, Classiques Garnier, 7 (2024), pp. 21-39. ISSN 2780-2523. ISBN 978-2-406-16969-7.
― https://dx.doi.org/10.48611/isbn.978-2-406-16970-3.p.0023
― https://classiques-garnier.com/complit-journal-of-european-literature-arts-and-society-en.html
Contenu connexe
Similaire à L’enlèvement de Mlle de Montmorency-Boutteville et de la fille de Lope de Vega.pdf
“Le legs de l’histoire dans le théâtre espagnol et français du XVIIe siècle. III: La conception de la femme”, Anales de Filología Francesa (Murcia), 8, 1997, pp. 107-127. ISSN: 0213-2958.
“La réception du réalisme espagnol en France”, Réalisme et réalité en question au XVIIe siècle, Didier Souiller (ed.), Dijon, Presses de l’Université de Bourgogne, 2002, pp. 121-130. ISBN: 978-2913003118.
Nuestra compañera presenta en francés un material para trabajar sobre las escritoras francesas. Este material se ve apoyado por la unidad didáctica del mismo nombres
Gros dossier principalement en Français sur Agrippine de Handel à Cyrano de Bergerac en passant par Daniel Mesguich et Philippe Jaroussky. De l'horreur d'une mise à mort à la beauté d'une transcendance dans justement cette horreur. Cauchemars de lumière et de couleur guarantis. N'oubliez jamais que le sang est rouge. Avez-vous jamais passé de vie à trépas avec une pierre très lourde sur la piptrine qui progressivement vous écrase et vous coupe le souffle, definitivement, toute votre famille et toute la bonne société et toute la populace admirant votre courage? Et le peuple demande que la trahison soit châtiée jusqu'à la troisième génération. Bien du plaisir en perspective.
“Giraudoux et l’Espagne”, La Poétique du détail: autour de Jean Giraudoux, t. II, André Job (ed.), Cahiers Jean Giraudoux, 34, 2006, pp. 181-192. ISSN: 0150-6943.
“Victor Hugo et le mythe de Don Juan”, Don Juans insolites, Pierre Brunel (ed.), París, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2008, pp. 79-86. ISBN: 978-2-84050-567-9.
Mythical Narratives in Comparative European Literature / Le récit mythique dans la littérature européenne comparée, CompLit. Journal of European Literature, Arts and Society, Asun López-Varela y José Manuel Losada (dir.), 7 (2024), París, Classiques Garnier, 236 p. ISSN 2780-2523. ISBN 978-2-406-16969-7.
― https://dx.doi.org/10.48611/isbn.978-2-406-16970-3.p.0009
― https://classiques-garnier.com/complit-journal-of-european-literature-arts-and-society-en.html
“The Referential Function of Myth”, Mythical Narratives in Comparative European Literature, CompLit. Journal of European Literature, Arts and Society, París, Classiques Garnier, 7 (2024), pp. 21-39. ISSN 2780-2523. ISBN 978-2-406-16969-7.
― https://dx.doi.org/10.48611/isbn.978-2-406-16970-3.p.0023
― https://classiques-garnier.com/complit-journal-of-european-literature-arts-and-society-en.html
“Introduction” (Asun López-Varela y José Manuel Losada), Mythical Narratives in Comparative European Literature, en CompLit. Journal of European Literature, Arts and Society, París, Classiques Garnier, 7 (2024), pp. 13-19. ISSN 2780-2523. ISBN 978-2-406-16969-7.
― https://classiques-garnier.com/complit-journal-of-european-literature-arts-and-society-en.html
“Mito y mitocrítica cultural: un itinerario personal”, Mito: teorías de un concepto controvertido, Madrid, Sial Pigmalión, 2024, pp. 83-95. ISBN 978-84-19928-03-0.
The bibliography on modern reworkings of mythical narratives is immense: Greco-Latin myths in novels and adventure films, adaptations of Celtic, Norse, or Slavic myths in cinema, TV series and comics, the relationships between Eastern and Western myths… The list is endless and somehow overabundant compared to the smaller (though still huge) bibliography of theories of myth. The reason for this disproportion is due, in part, to the difficulty involved in abstracting general criteria. When critics seek to define myth, they must first strip it of spatial, temporal or circumstantial conditioning; only later will they be able to apply the label “myth” to this or that story.
Different key factors of our contemporary society (the phenomenon of globalisation, the dogmas of relativism, the logics of immanence) make the definition of myth even more difficult for the non-specialized public and for academic researchers alike. Indeed, academic reflection has not been immune to contemporary confusion about myth: in the wake of great psychoanalysts, sociologists or political experts, many researchers apply to their work certain conceptions of myth that identify it with individual sublimations, social deformations, or tendentious ideologies. For this reason, later on, the non-specialized public ―cheered on by the sensationalism of the press― likes to label any fallacy as “mythical”: apparently, the term “myth” cloaks the user of non-mythical discourses with a golden aura.
The volume has been coordinated by José Manuel Losada and Antonella Lipscomb. Both have traced an extensive trajectory in publishing books focused on myths: six volumes published in Italy, Germany, and the United Kingdom. Myth: Theories of a Controversial Concept comprises nine studies on myth written by university researchers from Portugal, Italy, Spain, and the United Kingdom: all of them shed light on a coherent definition of myth.
On the 28th of February 2024, the volume was awarded the 2023 International "Aristotle of Thought and Essay" Prize, bestowed by the Sial Pigmalión Editorial Group in the Boardroom of the Faculty of Philology at the Complutense University.
“La vejez inmortal. Consideraciones sobre el mitema de la inmortalidad”, Nerter, 38-39 (2023), pp. 42-48. ISSN 1575-8621.
https://mbrito.webs.ull.es/NERTER/BACK%20ISSUE-38-39.html
“Mito y símbolo”, Philologia, Universitas, Vita. Trabajos en honor de Tomás González Rolán, J.M. Baños Baños, Mª F. del Barrio Vega, Mª.T. Callejas Berdonés y A. López Fonseca (eds.), Madrid, Escolar y Mayo Editores, 2014, pp. 525-532. ISBN: 978-84-16020-27-0.
“Hacia una mitocrítica de las emociones”, Myth and Emotions, José Manuel Losada & Antonella Lipscomb (eds.), Newcastle upon Tyne (Reino Unido), Cambridge Scholars Publishing, 2017, pp. 27-51. ISBN: 978-1-5275-0011-2.
“Fortunes et infortunes du précepte horatien utile dulci dans la littérature française: essai d’interprétation du Classicisme à la Modernité”, Çédille. Revista de Estudios Franceses (Santa Cruz de Tenerife), 15 (abril 2019), pp. 333-354. ISSN: 1699-4949.
“El mito y la era digital”, Myth and Audiovisual Creation, José Manuel Losada & Antonella Lipscomb (eds.), Berlin, Logos Verlag, 2019, pp. 43-72. ISBN: 978-3-8325-4966-4.
“Mito y antropogonía en la literatura hispanoamericana: Hombres de maíz, de Miguel Ángel Asturias”, Rassegna iberistica (Venezia), 43, 113, Giugno (2020), pp. 41-56. e-ISSN: 2037-6588. ISSN: 0392-4777.
“Cultural Myth Criticism and Today’s Challenges to Myth”, Explaining, Interpreting, and Theorizing Religion and Myth: Contributions in Honor of Robert A. Segal, Nickolas B. Roubekas and Thomas Ryba (eds.), Leiden, Koninklijke Brill NV, 2020, pp. 355-370. ISBN: 978-90-04-43502-5
“Révolution de l’image à l’avènement de la Modernité”, Literatura, crítica, libertad. Estudios en homenaje a Juan Bravo Castillo, Hans Christian Hagedorn, Silvia Molina Plaza y Margarita Rigal Aragón (coords.), Cuenca, Ediciones de la Universidad de Castilla-La Mancha, 2020, pp. 603-611. ISBN: 978-84-9044-403-0.
“La trascendencia de la ciencia ficción”, Mito y ciencia ficción, José Manuel Losada & Antonella Lipscomb (eds.), Madrid, Grupo Editorial Sial Pigmalión, 2021, pp. 39-46. ISBN: 978-84-18888-12-0.
“La littérature comparée et l’interculturel. L’exemple franco-espagnol”, Récits du Sud. Relatos del Norte, Jean-Marie Chassagne et al. (eds.), Burdeos, La Nef, 1992, pp. 73-86. ISBN: 2-85276-054-1.
“Péché et punition dans L’Abuseur de Séville”, Don Juan. Tirso, Molière, Pouchkine, Lenau. Analyses et synthèses sur un mythe littéraire, José Manuel Losada y Pierre Brunel (eds.), París, Klincksieck, 1993, pp. 7-22. ISBN: 2-252-02939-0.
“La concepción del honor en el teatro español y francés del siglo XVII. Problemas de metodología”, Estado actual de los estudios sobre el Siglo de Oro. Actas del II Congreso de la Asociación Internacional del Siglo de Oro, Manuel García Martín (ed.), Salamanca, Ediciones Universidad de Salamanca, 1993, t. 2, pp. 589-596. ISBN: 84-7481-739-0.
Formation M2i - Prise de parole face caméra : performer en distancielM2i Formation
Le travail en distanciel est de plus en plus incontournable et s'installe durablement dans la société, mais bien souvent, les collaborateurs d'une même entreprise n'ont pas toutes les aptitudes permettant d'être efficaces et impactants avec cette nouvelle façon de travailler : le télétravail !
Cette formation flash vous montrera qu'il est important de se professionnaliser et de faire du distanciel un agréable moment de travail.
Pour approfondir ces sujets et aller plus loin, vous pourrez vous inscrire à notre formation Prise de parole face caméra : performer en distanciel.
Formation offerte animée à distance par notre expert Camel Termellil
Sainte Jeanne d'Arc, patronne de la France 1412-1431.pptxMartin M Flynn
sainte patronne de la France, honorée en tant que défenseure de la nation française pour son rôle dans le siège d'Orléans et son insistance sur le couronnement de Charles VII de France pendant la guerre de Cent Ans.
Newsletter SPW Agriculture en province du Luxembourg du 03-06-24BenotGeorges3
Les informations et évènements agricoles en province du Luxembourg et en Wallonie susceptibles de vous intéresser et diffusés par le SPW Agriculture, Direction de la Recherche et du Développement, Service extérieur de Libramont.
https://agriculture.wallonie.be/home/recherche-developpement/acteurs-du-developpement-et-de-la-vulgarisation/les-services-exterieurs-de-la-direction-de-la-recherche-et-du-developpement/newsletters-des-services-exterieurs-de-la-vulgarisation/newsletters-du-se-de-libramont.html
Bonne lecture et bienvenue aux activités proposées.
#Agriculture #Wallonie #Newsletter #Recherche #Développement #Vulgarisation #Evènement #Information #Formation #Innovation #Législation #PAC #SPW #ServicepublicdeWallonie
Newsletter SPW Agriculture en province du Luxembourg du 17-05-24BenotGeorges3
Les informations et évènements agricoles en province du Luxembourg et en Wallonie susceptibles de vous intéresser et diffusés par le SPW Agriculture, Direction de la Recherche et du Développement, Service extérieur de Libramont.
https://agriculture.wallonie.be/home/recherche-developpement/acteurs-du-developpement-et-de-la-vulgarisation/les-services-exterieurs-de-la-direction-de-la-recherche-et-du-developpement/newsletters-des-services-exterieurs-de-la-vulgarisation/newsletters-du-se-de-libramont.html
Résultats enquête RH 2024 Fonction Publique.pdfGERESO
Nous avons le plaisir de vous présenter les résultats de la 1ère édition de l’enquête « Professionnels RH de la Fonction Publique, comment allez-vous ? »
Forts du succès de notre baromètre annuel « Professionnels RH, comment allez-vous ? », publié pour la 4e fois en début d’année, et qui concerne principalement les professionnels RH des entreprises privées (90% des répondants exercent dans le secteur privé) nous avons souhaité, à travers ce nouveau baromètre, nous intéresser spécifiquement au moral des professionnels RH de la fonction publique.
En effet, les enjeux, les missions, les conditions de travail
des professionnels RH dans les établissements publics sont souvent bien distincts de ceux de leurs homologues du secteur privé…
Et leur moral également ! Ces différences justifiaient donc une enquête spécifique !
Merci à vous ! Vous avez été 240 professionnels RH dans
des établissements publics à répondre à nos questions et à nous livrer des aspects très personnels de votre vie de professionnel(le) des
ressources humaines du secteur public.
Alors, avez-vous un bon ou un mauvais moral en ce printemps 2024 ? Découvrez dans ce document tous les résultats de cette étude !
L’enlèvement de Mlle de Montmorency-Boutteville et de la fille de Lope de Vega.pdf
1. 1
L’ENLÈVEMENT DE MLLE DE MONTMORENCY-BOUTTEVILLE ET DE LA
FILLE DE LOPE DE VEGA :
UN ÉVÉNEMENT DE COUR EN FRANCE ET UN ÉVÉNEMENT DOMESTIQUE
EN ESPAGNE AU XVIIE SIÈCLE
José Manuel Losada
Poésie de cour et de circonstance, théâtre historique. La mise en vers
de l’événement dans les mondes hispanique et européen. XVIe-XVIIe siècles.
Paris: L’Harmattan, 2014, pp. 267-276.
(ISBN: 978-2-343-02790-6).
Il sera question ici d’un événement qui eut un grand retentissement dans la société de la
première moitié du dix-septième siècle, et dont on trouve l’écho chez quelques poètes de Cour:
l’enlèvement de Mlle de Boutteville. L’anecdote historique intéresse moins que le motif littéraire de
l’enlèvement. Une comparaison avec une églogue de Lope de Vega permettra de mieux nous ajuster
au thème central du colloque.
1. Événement de l’histoire littéraire ou de l’histoire de France?
Qu’une jeune femme soit ravie par son amant ne fait pas partie de l’histoire littéraire, mais de
l’histoire événementielle. Tout événement historique renvoie à une actualité. Actuel, l’événement
reste intact –l’histoire ne fait que le raconter dans sa nudité– et linéarisé –inséré dans la succession
chronologique de l’histoire-discipline–.
Aussitôt après l’enlèvement de Mlle de Boutteville, plusieurs textes littéraires paraissent: une
épître de Voiture, une ballade de Sarasin, un rondeau de La Mesnardière. Mme de Motteville en fait
aussi le récit; il sera publié au siècle suivant. Or, traité par les poètes français, le fait reste inaltéré.
C’est souvent le cas dans une poésie de Cour qui, dans sa reprise des événements contemporains, ne
cherche pas à en modifier les données1. Bien plus que d’autres genres littéraires, elle se situe dans
l’histoire, elle est témoin de quelque chose:
[…] pour nous, bien sûr, le texte est dans l’histoire dès lors qu’on se refuse à le concevoir uniquement
comme vecteur d’affects, territoire de l’imaginaire, affleurement du mythique, pure subjectivité, création
toute esthétique; et l’œuvre est de l’histoire, à des degrés divers2.
Or, ce ne sont pas tant les données fondamentales que les circonstancielles qui intéressent les
écrivains; l’essentiel de l’événement est pour ainsi dire relégué à un deuxième plan, au profit
d’éléments superficiels. S’il y a changement, il est dans la focalisation de l’auteur qui centre son
attention sur ce que nous appellerions la futilité du motif: “l’événement actuel ne peut fournir que
quelques fragments marginaux d’écriture”3.
1
Le roman, lui, les modifie: deux siècles plus tard, dans Vingt ans après, Dumas donne sa version de la mort de Gaspard
de Coligny: Châtillon est tué par Aramis, personnage inventé de toutes pièces, lors de la bataille de Charenton.
2
Isabelle Tournier, “Événement historique, événement littéraire. Qu’est-ce qui fait date en littérature?”, Revue d’Histoire
littéraire de France, 102 (2002), p. 753.
3
Roland Barthes, “L’écriture de l’événement”, Communications (nov. 1968), dans Œuvres complètes, nlle éd. Éric Marty,
Paris, Seuil, 2002, t. III, p. 51.
2. 2
Nous en avons un exemple dans l’“Épître à monseigneur le Prince sur son retour
d’Allemagne”, de Voiture. Quelques jours après la bataille de Nördlingen (août 1645), le duc
d’Enghien tombe malade et ne peut rentrer en France qu’au commencement de l’hiver. Certes, la
grippe fait un moment craindre pour sa vie. Il n’est pas moins curieux que, dans son épître, le poète
compare les luttes contre la maladie à une véritable bataille, et ce au détriment de celle, réelle, que le
duc avait remportée:
Soyez, Seigneur, bien revenu
De tous vos combats d’Allemagne,
[…].
Mais dites-nous, je vous supplie:
La mort qui, dans le champ de Mars,
[…]
Vous parut avoir quelques charmes,
[…]
N’a-t-elle pas une autre mine,
Lorsqu’à pas lents elle chemine
Vers un malade qui languit?
[…]
Un confesseur qui vous exhorte,
Un ami qui se déconforte,
Des valets tristes et pleurants,
Nous font voir la mort plus horrible;
Et crois qu’elle étoit moins terrible,
Et marchoit avec moins d’effroi,
Quand vous la vîtes aux montagnes
De Fribourg, et dans les campagnes
Ou de Nordlingue, ou de Rocroi4.
Les références à la bataille allemande sont occasionnelles; plutôt qu’aux forces du Saint-
Empire, le duc a dû montrer son courage héroïque face à “la fièvre chagrine et peureuse” qui vient
l’“assaillir”. Autant qu’à l’actualité des événements, cette poésie de Cour accorde une importance de
premier ordre à des aspects que la tradition encomiastique aurait considérés secondaires.
2. Les textes
a) Les mémoires
Les mémoires d’époque ont le mérite de rendre la saveur de l’actuel aux événements racontés.
L’historien moderne doit sans doute y puiser avec circonspection, car le romanesque relève aussi du
champ des mémorialistes.
Dans ses Mémoires, consacrés en bonne partie à la reine Anne d’Autriche, Mme de Motteville
raconte l’affaire. Mlle de Boutteville-Montmorency (1627-1695) était aimée de Gaspard, comte de
Châtillon et frère de Coligny (1620-1649). Elle était pauvre et catholique, Châtillon était riche et
huguenot, et leurs parents appréhendaient un tel engagement. Selon la mémorialiste –qui place
l’enlèvement en 1644–, ce fut le duc d’Enghien qui conseilla au comte de Châtillon d’enlever Mlle de
Boutteville. Un soir, alors qu’elle rentrait chez elle en compagnie de Mme de Valençay, sa sœur, des
4
Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, éd. A. Ubicini, Paris, Charpentier, 1855, t. II, p. 390-391; réimpr. Slatkine Reprints,
Genève, 1967, www.gallica.fr.
3. 3
gens la prirent et l’emportèrent entre les bras de Châtillon, qui l’attendait dans un carrosse. Mlle de
Boutteville fit semblant de crier, “afin de cacher à ses proches l’agrément qu’elle avoit donné à cette
action”. L’opposition des valets n’y fit rien, et un suisse de Mme de Valençay y trouva même la mort.
Sortis de Paris, les deux amoureux prirent des chevaux pour arriver plus vite à Fleury, asile immédiat
où le duc d’Enghien était le maître. La cérémonie du mariage se fit avec peu de témoins5. À partir de
ce moment du récit, Mme de Motteville dramatise l’action: “Je m’arrêterai seulement à ce qui se passa
le soir chez la Reine, et qui fut une plaisante comédie”. Le lecteur s’attend dès lors à une théâtralisation
de la nouvelle.
Comme la Reine est sur le point de se mettre au lit, la princesse lui dit “d’un ton pitoyable”
que Mme de Boutteville lui demande justice contre monsieur de Châtillon qui vient d’enlever sa fille.
La dramatisation saute aux yeux:
Madame de Boutteville se jeta aussitôt aux pieds de la Reine: elle étoit tout échevelée, son collet étoit
déchiré, ses habits demi-rompus. Elle faisoit des cris comme si en effet le comte de Châtillon eût été un
voleur de grand chemin, et comme si sa fille eût souffert la plus grande violence du monde. Madame de
Valencé, sa fille, supplia aussi la Reine qu’on allât après ce criminel, qui ne méritoit pas moins que la
mort pour avoir outragé leur maison6.
L’hyperbolisation des gestes de Mme de Boutteville et de sa fille éveille chez le lecteur des
soupçons sur la sincérité de ces plaintes. La violence hypocritement soufferte par la fille dans la rue,
lieu par excellence de la parole désenchaînée, est relayée par les cris hypocritement jetés par la mère
dans le cabinet de la Reine7. La mémorialiste, qui jusqu’ici avait usé de subtilités, détrompe
ouvertement le lecteur:
Elle jetoit tant de larmes et poussoit tant de sanglots de son cœur qu’elle eût presque donné de la pitié
aux témoins de sa douleur, s’il eût été facile de croire que deux personnes de pareille condition, tous
deux jeunes, qui se voyaient souvent, et depuis long-temps, pussent n’être pas d’accord8.
Ainsi, la scène donne place à une série de jeux où les personnages dissimulent leurs vrais
sentiments. Les dialogues en aparté le prouvent. La Reine console Mme de Boutteville, mais dit tout
bas à Mme la princesse:
“Ma cousine, je pense que je ne dois pas me mettre en peine de punir le coupable: il y a lieu de croire
que mademoiselle de Boutteville seroit fâchée qu’on troublât sa joie, et que sa mère, tout éplorée qu’elle
est, ne voudroit pas qu’on lui ramenât M. de Châtillon sans être son gendre”.
De son côté, la princesse se tourne vers le mur et répond à la Reine:
“Au nom de Dieu, madame, ne me faites pas ici faire un personnage ridicule: ne me dites rien, j’ai assez
de peine à me retenir, et à bien jouer mon jeu”.
Elles sont en train de consoler Mme de Boutteville, “qui continuoit à pleurer et à faire d’inutiles
plaintes”, lorsqu’arrive le duc d’Amville (neveu de la princesse, et par conséquent parent de la femme
5
Mémoires de Madame de Motteville, Nouvelle Collection de Mémoires pour servir à l’histoire de France, éd. Michaud et Poujolat, 2e
série, t. X, Paris, Firmin Didot frères, 1838, p. 86. www.gallica.fr. Voir aussi Émile Magne, Femmes galantes du XVIIe siècle,
Paris, Mercure de France, 1910, p. 55-56.
6
Ibid., p. 86.
7
“…la violence, symbolisée […] concrètement puis verbalement par «la rue», lieu de la parole désenchaînée, du contact
libre, espace contre-institutionnel, contre-parlementaire et contre-intellectuel…”, R. Barthes, “L’écriture de l’événement”,
loc. cit., p. 50.
8
Mémoires de Madame de Motteville, op. cit., p. 87. Même page pour les trois citations suivantes.
4. 4
ravie), fou de colère contre le comte de Châtillon et prêt à secourir Mlle de Boutteville, dont il est
amoureux. Il s’agit du seul personnage qui ne cache pas son jeu, et la Reine doit le détromper:
“Mon pauvre Brion”, (car il avoit autrefois porté ce nom), “je vois bien que vous êtes le plus fâché de
la compagnie; mais il n’y a remède; il faut s’y résoudre: votre cousine seroit sans doute bien fâchée de
ce secours; et comme bon parent il faut condescendre à ses inclinations”.
Mme de Motteville ne fait pas une chronique de la régence d’Anne d’Autriche. Cela revient,
écrit-elle dans sa Préface, “à ceux qui écriront l’histoire de notre temps”. Elle a simplement cru
nécessaire de joindre, “aux grands événements que les historiens ne manqueront pas de faire passer
à la postérité”, la vie particulière de la Reine, qu’elle a “étudiée avec beaucoup d’application” et écrite
“sur-le-champ”9. Il s’agit d’un travail de rédaction qui répond à une dette de gratitude de Mme de
Motteville envers la Reine et à un désir de voir, “comme dans un tableau, tout ce qui est venu à [sa]
connoissance des choses de la cour”10.
b) Les poèmes
Voici, à la suite, trois poèmes sur l’enlèvement de Mlle de Boutteville:
– Voiture:
Épître à M. de Coligny (fragment)
[…]
Que cette nuit fut claire et belle,
Quand la triomphante pucelle
En qui la nature et les dieux
Ont mis tout ce qu’ils ont de mieux,
Fut par votre adresse arrêtée
Et par vos armes conquêtée!
[…]
Il [Saturne] sentit pourtant quelque joie,
Vous voyant vous et votre proie,
Et l’ordre et l’accompagnement
Du mémorable enlèvement,
Lorsque, non contre son envie,
La ravissante fut ravie.
[…]
Mais pour revenir à mon conte,
L’heure vint et l’heureux moment
L’heure que l’un et l’autre amant
Devoient voir par leur hyménée
Toute leur peine terminée.
Et cueillir les fruits amoureux
Que le ciel avait faits pour eux.
[…]
Après le bruit on fait silence:
L’époux et l’épouse s’avancent;
Les mots solennels furent dits;
Les deux amants furent bénits;
9
“Préface”, ibid., p. 9.
10
“Notice sur madame de Motteville et sur ses Mémoires”, ibid., p. 7.
5. 5
Et la troupe assistante envoie
Vers le ciel mille cris de joie,
Bénissant leurs chastes amours,
Et priant qu’ils durent toujours. […]11.
– La Mesnardière:
L’Enléuement de Mademoiselle de Bouteville, par Monsieur de Chastillon
Rondeau
Il a bien fait, s’il faut que l’on m’en croye,
Ce beau Pâris, meilleur que cil de Troye,
Quoy que Parents ménent murmure & bruit,
De prendre au corps, & mettre en bon Réduit,
Fleur de Beauté, son soulas, & sa ioye.
Ja n’est besoing que la Belle en larmoye
Pour la payer il a bonne monnoye,
Grand a le cœur, & tout ce qui s’ensuit,
Il a bien fait.
Or aillent donc, puisqu’Amour les conuoye.
S’il peut gésir auec si belle Proye,
De ses Travaux sans douceur n’est le fruict.
La Belle aussi dés la premiére Nuict
Dira tout bas, sans que plus s’en esmoye,
Il a bien fait12.
– Sarasin:
Ballade d’enlever en amour Sur l’enlèvement de Mademoiselle de Bouteville,
par Monsieur de Coligny
Ce gentil jeu d’amours
Chacun le pratique à sa guise,
Qui par Rondeaux & beaux discours,
Chapeau de fleurs, gente cointise,
Tournoy, bal, festin, ou devise,
Pense les belles captiver;
Mais je pense, quoy qu’on en dise,
Qu’il n’est rien tel que d’enlever.
C’est bien des plus merveilleux tours
La passeroute & la maistrise:
Au mal d’aimer, c’est bien toûjours,
Une prompte & souëfve crise,
C’est au gasteau de friandise
11
Œuvres de Voiture, op. cit., t. II, p. 380-390. L’auteur envoie cette épître aux amoureux à Stenay, ville de la frontière
placée sous l’autorité du duc d’Enghien. Sarasin fait allusion à cette épître au chap. IV de La Pompe funèbre de Voiture: “Comment
Vetturius apprenoit aux Nouveaux Mariez ce qui s’estoit passé entre eux le jour de leurs nopces”, dans La table des chapitres de la grande
chronique du noble Vetturius (2e série des chapitres), Les Œuvres de Monsieur Sarasin, Paris, Nicolas le Gras, 1685, t. II, p. 23;
www.google.books.
12
Les Poésies de Jules de La Mesnardière, Paris, A. de Sommaville, 1656, p. 32; www.gallica.fr. Paru précédemment dans le
Nouveau Recueil de Rondeaux de 1650, t. II, p. 63.
6. 6
De Venus la fève trouver,
L’Amant est fol qui ne s’avise
Qu’il n’est rien tel que d’enlever.
Je sçais bien que les premiers jours
Que Becasse est bridée & prise,
Elle invoque Dieu au secours
Et ses parents à barbe grise:
Mais si l’Amant qui l’a conquise
Sçait bien la Rose cultiver,
Elle chante en face d’Eglise
Qu’il n’est rien tel que d’enlever.
Envoy
Prince use toûjours de main mise,
Et te souviens, pouvant trouver
Quelque jeune fille en chemise,
Qu’il n’est rien tel que d’enlever13.
3. La topique
a) Le social et ses codes
Nous trouvons ici une poésie qui n’est pas hors-situation. Le fait historique (mars 1645) reçoit
chez Mme de Motteville notre maître-mot: “il [le duc d’Enghien] se chargea en particulier de
l’événement de la chose”. L’événement et ses suites ont une chronotopie. Cette mise en contexte
renvoie aux principales instances de l’époque. En premier lieu, la famille: le texte s’attarde en effet à
expliquer la pensée des parents des amoureux, mentionne la sœur de Mlle de Boutteville et le frère
du comte de Châtillon. Ensuite, le social, car les deux amoureux sont reçus à Fleury comme des héros
de roman: une assemblée de tambours et de fifres leur joue une marche nuptiale. La monarchie aussi,
puisque la scène où Mme de Boutteville, en compagnie de sa fille Mme de Valençay, “crie” son
désespoir devant la Reine, la princesse et Brion, montre la dimension publique d’un rapt perpétré
dans l’obscurité de la nuit. Le judiciaire, car Mme de Boutteville, afin d’étouffer les commérages,
s’engage dans une requête au Parlement. Elle demande à la compagnie, qui l’écoute stupéfaite, de
poursuivre Coligny comme séducteur et ravisseur, et de le condamner à avoir la tête tranchée en place
de Grève! Mazarin lui-même s’en mêle, et obtient que le maréchal de Châtillon retire le monitoire
qu’il vient de lancer contre les parents adversaires. L’instance ecclésiastique, enfin: étant donné
qu’après le mariage à l’église Saint-Crépin de Château-Thierry, Gaspard, depuis Stenay, supplie le duc
de voir le nonce et, par lui, d’obtenir que le Pape ratifie son mariage. Il envoie des pièces notariées,
des certificats de la noblesse de Château-Thierry et une justification écrite de sa main capables de
prouver que Mlle de Boutteville ne fut point violentée dans sa pensée et, à cette heure, dans son
corps.
Pour conclure l’histoire: au bout de trois mois, l’intervention de Mazarin suffit à apaiser le
conflit; les fugitifs rentrent à Paris non pardonnés, mais autorisés à confirmer publiquement leur
mariage. L’hôtel de Condé leur sert d’asile. On y signe bientôt un contrat et Mgr de Gondi absout
13
Les Œuvres de Monsieur Sarasin, op. cit., t. II, p. 186-187; www.google.books. Ballade parue précédemment dans Œuvres,
1658, p. 58.
7. 7
leurs fautes amoureuses de sa bénédiction solennelle. On connaît la suite: dégoûté d’Isabelle, le comte
de Châtillon s’éprit d’une des dames de la Reine tandis que son épouse devenait la maîtresse du duc
d’Enghien14.
b) Le littéraire et ses formes
Les genres. Épître, rondeau, ballade: trois genres archicanonisés. Une poésie qui ne fait aucune
innovation esthétique et générique. Dans tous les trois, le mètre est court. Il y a ici congruence du
genre et du motif. Le rondeau reste le genre le plus approprié. Paradoxalement, l’événement, qui perd
toute importance morale dans l’univers de modernité où nous sommes (la Fronde), doit recourir à
des modèles canoniques et agrées pour être traduit. On a cependant l’impression que les trois poètes
n’ont pas encore trouvé le nouveau modèle qui puisse servir à ce genre de poésie.
Les tons. Le rapt de la jeune femme est “mémorable”, lisons-nous dans l’épître, il serait même
comparable à un exploit, si l’ironie du poème n’invitait pas à le prendre de haut. Le ravissement est
célébré dans le rondeau en un vieux langage, où le refrain approbateur du poète est prononcé en écho
par la belle elle-même: “Il a bien fait”. On sent ici le grivois, la tradition des chansons et des farces.
Dans le cas de Sarasin, nous trouvons la morale du parémiologique –“Qu’il n’est rien tel que
d’enlever” –. Lentement introduits dans le monde des intellectuels, les proverbes sont en vogue à la
fin du règne de Louis XIII, surtout dans les salons, avant de devenir la cible favorite des écrivains
pensionnés par Louis XIV, qui les mettent sur les lèvres des personnages bornés et ridicules.
L’emphase parodique de la mythologie. Chez Voiture, le dieu mélancolique s’associe à
l’entreprise de Gaspard de Coligny (“ce soir-là, Saturne rit”). D’autres grands dieux de l’Olympe
deviennent ses complices. La Mesnardière met sur un pied d’égalité le comte amoureux et le ravisseur
mythique d’Hélène, alors que Sarasin compare la belle avec la déesse de l’amour. Aucune
condamnation morale du genre de celle que Bayle fera un demi-siècle plus tard: les trois poèmes sont
dans le courant de liberté des mœurs.
4. Ex-cursus espagnol
Dans l’épître de Voiture nous lisons ces vers adressés à Gaspard de Coligny:
Jupiter, et Mars, et Mercure
Prirent part à votre aventure;
Jupiter, et Mercure et Mars
En craignirent tous les hasards,
Et vous éclairant de leurs sphères
Ils furent tous trois vos Tercères.
On remarquera un néologisme fréquent chez l’auteur: une tercera est une entremetteuse, en
espagnol. Nous sommes en plein univers célestinesque.
Le mot “tercère” apparaît dans “Filis”, églogue que Lope de Vega rédigea sur l’enlèvement
d’Antonia Clara, sa fille, par Cristóbal Tenorio:
ELISO: “Ce ne fut pas tant la faute de Filis que de Lidia; car une entremetteuse
séduit le serpent le plus honnête et sourd”15.
Cela nous permet de dresser un bref parallèle entre les trois poèmes français et celui de Lope.
14
Voir Mme de Motteville, op. cit., p. 87 et E. Magne, op. cit., p. 65-67.
15
“Filis”, v. 254-256 et 263-265, dans Lope de Vega, Poesía selecta, éd. Antonio Carreño, Madrid, Cátedra, 1984, p.
492-493. Eliso: No fue de Filis, no, la culpa tanta; / toda de Lidia fue; que una tercera / el áspid más honesto y sordo
encanta.
8. 8
Chez les Français, le commentaire est toujours externe: la voix lyrique n’est pas mêlée à
l’affaire, et, lorsque le narrateur s’en mêle, c’est par esprit courtisan. Chez Lope, tout déguisé qu’il soit
derrière Eliso, l’événement est repris par celui qui l’a vécu.
Si bien que, dans le premier cas, les gens ne touchent pas à l’événement, et ne l’individualisent
pas: ils le versent sur le mode parémiologique du rondeau et de la ballade, sur le mode encomiastique
de l’épître. C’est le motif qui l’emporte sur le vécu (la vivencia). Dans le second, la vivencia, transformée
par une pudeur de poète, donne l’occasion d’exprimer le vécu par de très beaux vers.
Dans l’églogue nous assistons aussi à un changement de personnage: l’amant prend la place du
père. La jalousie d’Eliso (les “celos”, v. 286), berger et amoureux, cache la douleur de Lope, auteur et
père. Le chagrin paternel est changé en dépit amoureux. Pourquoi le transfert de la fille à la maîtresse?
– Sans doute pour mieux dissimuler la souffrance. Mais alors, pourquoi le bucolique, genre
habituellement associé à un monde idéal? Le genre choisi permet au poète d’avoir recours au chant
dialogué. Garcilaso est, par antonomase, le poète des églogues bucoliques espagnoles; il apparaît dans
celle-ci (v. 157). Alors que Nemoroso pleure un deuil, lui, Eliso, pleure une tromperie. De plus, le
genre bucolique est, comme la pastorale, une littérature à clé, permettant d’évoquer une plainte qui
n’humilie pas, car seuls les intimes, munis d’un code, peuvent en déchiffrer le contenu, resté
inaccessible aux étrangers.
– Sans doute à cause, aussi, de l’humiliation familiale et sociale. Car l’humiliation ne se raconte
pas, et Eliso la travestit, avec de beaux accents d’homme humilié. L’engaño est déguisé en ingratitude
(“por una ingrata”, v. 375). Lope parle de lui en se dissimulant.
Conclusions
Quelques commentaires pour conclure.
Nous noterons la rareté des textes poétiques portant sur cette petite histoire en France. La
manière de raconter l’événement ne refait pas l’histoire, ne le singularise pas: il est comme
déshistoricisé, et les trois poèmes auraient pu être appliqués à n’importe quel autre enlèvement.
L’absence de discours rapporté (sauf, épisodiquement, chez La Mesnardière) prouve aussi l’absence
d’histoire.
Le cas espagnol est particulier. D’une part, la poésie de Lope désindividualise aussi
l’événement: le poète n’utilise pas les noms des personnages et il les transpose dans un monde
bucolico-archaïque. D’autre part, par le lyrique, l’églogue individualise la douleur du moi poétique.
Nous noterons aussi que cette manière de raconter l’événement ne lui donne pas une portée:
toute satire littéraire est centrée sur un objet médiocre, sans grandes prétentions. “Les événements
sont l’écume des choses. Mais c’est la mer qui m’intéresse”, disait Valéry. Si symbolisme il y a, il est
ajouté par l’écriture.