Société d'Etudes Françaises de Bâle Notices automne 2017
1. Société d’Etudes françaises de Bâle
automne 2017
La France entre histoire, mémoire et oubli
Estelle Pietrzyk Laboratoire d’Europe. Strasbourg, 1880-1930
Directrice du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg, Estelle Pietrzyk nous
a parlé il y a deux ans de Tristan Tzara, l’un des fondateurs de Dada Zurich et animateur
du mouvement à Paris dans les années vingt. Une grande rétrospective lui avait été
consacrée au musée de Strasbourg. C’est encore d’une exposition qu’elle prépare pour
son musée qu’Estelle Pietrzyk va nous entretenir. Elle couvre trois quarts de siècle d’une
histoire mouvementée que la ville a connue, déchirée entre la France et l’Allemagne, de
Napoléon III à la République de Weimar. Mais Strasbourg n’a pas seulement été un enjeu
politique, la ville a également offert aux intellectuels et aux artistes une plateforme
d’échanges fructueux.
François Broche La collaborationo: une spécificité française ?
Vichy, ce passé qui ne passe pas, selon la formule d’historiens célèbres (Eric Conan et
Henry Rousso) de la période. Les années noires ont fait couler beaucoup d’encre. Pour de
Gaulle, l’Etat français n’existait pas et ni Pompidou, ni Giscard, ni Mitterrand ne tenaient la
France pour responsable des crimes commis durant cette période. Ce n’est que le
président Chirac qui les a officiellement reconnus et il n’est pas suivi par tous. François
Broche, après de nombreuses publications sur la Deuxième Guerre, la Défaite,
l’Occupation, la France libre, vient de publier une synthèse enfin équilibrée sur cette
période controversée.
Thomas Schlesser Un destin franco-allemando: Hans Hartung
Né à Leipzig en 1904, mort à Antibes en 1989, Hans Hartung est l’un des représentants les
plus importants de l’art abstrait et du tachisme. Après des études classiques en Allemagne
dans les années vingt et une formation aux Beaux-Arts de Dresde, il quitte l’Allemagne
nazie pour les Baléares, puis s’engage dans la Légion étrangère. Naturalisé Français
après la guerre, il s’installe dans le Midi. Il y retrouve sa première femme, Anna-Eva
Bergman, et tous les deux s’établissent à Antibes, dans des ateliers transformés
aujourd’hui en Fondation Hartung-Bergman. C’est son directeur, Thomas Schlesser,
également professeur à l’Ecole polytechnique de Paris, qui nous présentera ce destin
déchiré entre la France et l’Allemagne.
Patrice Gueniffey Napoléon et de Gaulleo: figures du sauveur
La France est une monarchie républicaine, comme tout le monde sait. C’est cette forme
politique qui lui permet de surmonter ses divisions, qui sont profondes. Contrairement à la
Suisse, elle n’est pas à priori hostile au grand homme, à l’homme providentiel. Elle fait
volontiers appel à lui dans des situations de crise. Ainsi, Napoléon a réussi à réconcilier la
France révolutionnaire avec celle de l’Ancien Régime. De Gaulle a mis entre parenthèses
la France de Vichy pour asseoir son pays à la table des vainqueurs de la Seconde Guerre
mondiale. Ce n’est pourtant pas une biographie croisée qu’a voulu écrire Patrice Gueniffey,
connu pour ses travaux sur la Révolution et sur l’Empireo; il s’est livré à une réflexion sur le
rôle de l’individu d’exception dans l’histoire et sur sa place dans l’imaginaire collectif.
2. Thierry Wolton La révolution russe, qu’en reste-t-il ?
Spécialiste de l’histoire du monde communiste et auteur d’un grand nombre de
publications consacrées à cette question, dont le best-seller Le Grand Recrutement,
Thierry Wolton est venu nous présenter, il y a deux ans, les deux premiers tomes de sa
grande synthèse sur la question. Après un gros volume dévolu aux Bourreaux et un autre
consacré aux Victimes, voici maintenant le dernier, le plus dérangeant, qui évoque les
Complices. Les crimes du communisme n’auraient sans doute pas pris cette ampleur sans
le silence coupable de beaucoup de pays européens, qui, certes, ont accueilli des réfugiés
après le coup de Budapest - en 1956 - et celui de Prague - en 1968 - mais qui globalement
ont laissé l’URSS agir dans sa sphère d’influence comme elle l’entendait. Sans parler des
partis communistes occidentaux qui n’ont cessé d’applaudir. Quand les crimes
communistes seront-ils enfin qualifiés de crimes contre l’humanité ?
Rémy Scheurer Pouvoir et savoir à la Renaissanceo: la correspondance de Jean du Bellay
Loris Petris
Jean du Bellay (1498-1560) a mené une triple carrière d’ecclésiastique, de diplomate et
d’homme de lettres. Sous François Ier, il a occupé les plus hautes fonctionso: évêque de
Bayonne, puis évêque de Paris et archevêque de Bordeaux. A plusieurs reprises, il fut
dépêché auprès du roi d’Angleterre, Henri VIII, avec pour mission d’empêcher le schisme.
Chargé des affaires de France auprès du pape Paul III, qui le fit cardinal en 1535, il joua
également un rôle éminent aux côtés de Guillaume Budé dans la création du Collège de
France.
Jean du Bellay était, après Erasme, l’un des plus importants épistoliers de la Renaissance
et entretenait des relations avec les savants et les hommes politiques de toute l’Europe.
L’édition de sa correspondance vient d’être terminéeo; elle aura duré vingt ans. Raison
suffisante de saluer cet événement majeur en invitant les responsables de cette
gigantesque entreprise, Rémy Scheurer, historien, et Loris Petris, littéraire, tous deux
professeurs à l’Université de Neuchâtel.
Philippe Terrier Rousseau, Balzac, Gide, Tournier de passage à Neuchâtel
Rousseau s’y est réfugié après la condamnation de l’Emile et du Contrat social, Balzac y a
rencontré pour la première fois Mme Hanska, Gide y a écrit la Symphonie pastorale,
Tournier y a découvert le «ooRoyaume de Micromanieoo». Tous ont aimé le pays de
Neuchâtel, son lac, ses vallées, ses montagnes.
Professeur à l’Université de Neuchâtel, doyen de la Faculté des lettres, vice-recteur,
Philippe Terrier est resté fidèle tout au long de sa carrière au pays de ses origines. Canton
protestant, un temps rattaché à la Prusse, Neuchâtel a attiré les voyageurs et les curieux
de l’Europe tout entière. Comment ceux-ci ont-ils vécu leur séjour, quel regard ont-ils porté
sur les habitants, sur leurs mœurs et leurs coutumes ? Se lire dans le regard de l’autre, tel
a été le dessein de Philippe Terrier dans la très belle anthologie commentée qu’il a
consacrée au Pays de Neuchâtel vu par les écrivains de l’extérieur, dont une deuxième
édition revue et augmentée vient de paraître (Attinger-Hauterive, 2017).
Marin de Viry La France entre amnésie et résilience
Marin de Viry est historien, essayiste et enseignant. Cette dernière activité, il l’exerce à
Sciences Po à Paris, où il assure un cours sur l’histoire des idées politiques en France et
en Europe depuis la Renaissance. Comme essayiste, il commente avec humour les
dérives de la société actuelle et du politiquement correct, ainsi dans Le Matin des abrutis
(Lattès, 2008) ou Mémoires d’un snobé (Pierre-Guillaume de Roux, 2012). Dans son
dernier livre Un roi, immédiatement (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), il évoque avec
humour l’imaginaire monarchiste toujours vivant dans la France d’aujourd’hui.