L’Exclusion Collective Est Une DéViation CaractéRiséE Des Objectifs De La RéVolution
1. L’exclusion collective est une déviation
caractérisée des objectifs de la révolution
3 questions à : Hazem KSOURI, avocat
Comment évaluez-vous la décision de l’Instance d’opter pour
le mode de scrutin de liste à la proportionnelle avec les
plus forts restes ?
Cette proposition nous permettra de découvrir le poids réel et
la présence effective des partis politiques sur la scène
nationale et nous évitera les discours creux et pompeux de ces
partis dont le nombre des adhérents ne dépasse pas dans le
meilleur des cas une centaine de militants.
Ce choix permettra également aux partis et aux formations
politiques partageant les mêmes idées et orientations d’opérer
des alliances et de se présenter sous des listes communes, ce
qui leur donnera une chance de gagner le maximum de sièges.
2. Avec ce système, on garantit une représentation plus
importante de la femme, loin du système des quotas et de
l’obligation des partis à présenter des candidates, au risque de
voir leurs listes annulées.
Je pense que ce système contribuera, d’autre part, à éradiquer
les racines du despotisme et de la répression, puisque
désormais on passera du soutien d’une personne ou d’une
famille à l’appui à un parti politique ou à une idée, loin de
toute tendance à la personnalisation.
Quelle est votre réaction vis-à-vis de la mesure portant sur
l’inéligibilité des personnes ayant assumé des
responsabilités au sein du RCD ou ayant occupé des postes
de ministre depuis le 7 novembre 1987 ?
Je pense que ces mesures prises par l’Instance supérieure pour
la protection de la révolution et la réalisation de la transition
démocratique visent à instaurer une nouvelle dictature sous
laquelle se cachent certains partis ou courants qui se
prétendent démocratiques et parlent au nom du peuple, sans
que ce même peuple leur ait procuré le droit de le représenter
au sein de cette même instance.
Je me pose la question, en tant qu’observateur suivant
l’évolution du paysage politique national depuis la révolution.
De quel droit les membres de l’Instance se permettent-ils
d’exclure une aussi importante catégorie de citoyens tunisiens
et de leur interdire d’exercer leurs droits ?
A moins que l’exclusion ou l’écartement touchent ceux dont
la culpabilité a été prouvée par la justice, cette décision
3. constitue un acte d’injustice manifeste et une déviation
caractérisée des objectifs de la révolution.
La logique de l’exclusion constitue, à mon sens, un crime
pire que ceux commis par le président déchu à l’encontre des
différents partis politiques et courants intellectuels qui
s’opposaient à ses choix et à ses orientations.
Quel regard portez-vous sur la parité hommes-femmes
dans les listes de candidature à la prochaine
Constituante ?
La division de la société tunisienne entre jeunes, adultes,
femmes, hommes, indépendants et militants actifs au sein de
partis politiques me rappelle l’esprit confessionnaliste qui a
prédominé en Irak à la suite de la chute du président Saddam
Hussein.
Sommes-nous sur le point de considérer la femme comme un
adversaire politique alors qu’elle constitue un partenaire à part
entière dans la dynamique d’édification de la Tunisie
démocratique et pluraliste.
Je pense que les tentatives de ceux qui cherchent à
instrumentaliser la femme à des fins politiques sont vouées à
l’échec et ne passeront plus dans la mesure où nos jeunes ne
permettront à personne de récupérer leur révolution.
La Presse de Tunisie" 2011