POULAIN Sebastien, « Laurence Corroy (dir.), Éducation aux médias en Europe. Histoire, enjeux et perspectives », Questions de communication, n° 44, 2023/2, p. 478-480, https://www.cairn.info/revue-questions-de-communication-2023-2-page-478.htm
1Cet ouvrage dirigé par Laurence Corroy est publié dans une collection – « Éducation et médias » – fondée et dirigée par elle-même et Francis Barbey en 2016 chez L’Harmattan. Il se divise en dix articles correspondant à 1’étude de dix pays : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Italie, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Suisse. C’est une réussite en soi car il fallait trouver des chercheur·es francophones spécialistes d’EMI (éducation aux médias et à l’information). Ces chapitres sont précédés d’un court « avant-propos » de L. Corroy où elle présente chacun d'eux.
2 L’ouvrage suit la publication de L’Éducation aux médias. Un point de vue africain (2017) de F. Barbey dans la même collection, et coïncide avec la publication dirigée par Éric Delamotte : Recherches francophones sur les éducations aux médias, à l’information et au numérique. Points de vue et dialogues (Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2022). Cette internationalisation comparative est-elle une coïncidence ? Est-ce parce que nous avons besoin de chercher des solutions ailleurs à des problèmes complexes et fortement évolutifs qui dépassent les capacités de réaction des autorités et acteur·ices de l’éducation ? Est-ce parce que les institutions supranationales jouent un rôle de plus en plus important dans l’EMI ? Est-ce parce que les États vont de plus en plus appliquer les mêmes politiques face aux mêmes problèmes ?
3 En effet, les États font face à l’apparition des mêmes médias (radio et télévision au XXe siècle et l’internet au XXIe siècle), des mêmes phénomènes (fake news, cyberharcèlement…), et sont en interaction avec les mêmes institutions supranationales (Commission européenne, Unesco – Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture –, Unicef – Fonds des Nations unies pour l’enfance –, Conseil de l’Europe). Au niveau de l’Union européenne (UE), on peut citer les réglementations ePrivacy, RGPD – règlement général sur la protection des données –, DMA – législation sur les marchés numériques –, DSA – législation sur les services numériques –, AMS – Advance Manifest System –, voire la décision de censurer le média RT (Russia Today) et l’agence Sputnik. Ce ne sont pas directement des outils de politique d’EMI, mais elles visent à protéger les usagers/usagères du média internet. D’ailleurs, il manque peut-être un article sur les politiques d’EMI des institutions supranationales – Commission européenne, Conseil de l’Europe, Unesco et Unicef – dans un ouvrage intitulé Éducation aux médias en Europe où plusieurs auteurs/autrices font référence aux définitions et aux actions-programmes de ces institutions qui vont sans doute prendre toujours plus d’importance dans l’avenir.
Enseigner et apprendre à détecter les fausses nouvelles : quelques pistes à e...Gabriel Dumouchel, Ph.D.
Communication de Gabriel Dumouchel (UQAC) et Martine Mottet (Université Laval) présentée au Colloque international en éducation du CRIFPE 2019 à Montréal (Canada). Résumé : Bien que les moteurs de recherche et les médias sociaux facilitent l’accès à une information en constante expansion, ils ne garantissent pas la qualité de cette dernière. Les fausses nouvelles sont d’ailleurs devenues un fléau alimenté non seulement par la convivialité et la rapidité de ces outils du web, mais aussi par la désinformation étatique, le populisme et la pensée de groupe. De ce fait, selon le Service canadien du renseignement de sécurité (2018), en étant magnifiée par la technologie moderne, la désinformation est devenue pour diverses organisations et personnes un outil extrêmement efficace, notamment pour diffamer et amplifier la portée de manipulations informationnelles. Les grandes entreprises derrière les moteurs de recherche et les médias sociaux offerts au public ont certes leur rôle à jouer pour contrer ce tsunami de faits alternatifs. Toutefois, les enseignants peuvent et doivent jouer un rôle-clé pour apprendre aux élèves comment détecter les fausses nouvelles qui se glissent incessamment dans leur environnement informationnel. Afin d’avoir un portrait des actions possibles à cet effet, cette communication présente une vue d’ensemble d’approches, d’activités et de documents pédagogiques conçus et produits dans la Francophonie, ainsi qu’une synthèse des principaux écueils et succès rencontrés.
Plus souvent abordé comme un concept marketing, nouveau de surcroît, qu’un reflet sociologique d’un monde en pleine mutation, les « Millenials » est un terme générique qui cache en réalité bien des facettes et bien des réalités. Ce rapport est avant tout né de la volonté de faire un tri parmi toutes ces clés de lectures, aussi diverses et variées que le sont leur auteurs (universitaires, experts en marketing et communication, etc.). Cette gageure permet d’aboutir à une forme de consolidation des approches et des points de vue, de sorte à pouvoir proposer une radiographie permettant, peut-être, de sinon de mieux comprendre cette génération, au moins de savoir un peu mieux de quoi on parle vraiment...
Médias & culture numériques :
un enjeu d’éducation populaire ?
Intervention de Nathalie Boucher-Pétrovic lors de la Rencontre Rhône-Alpes de l'Internet Accompagné d'Annonay organisée par CoRAIA en juin 2012
Enseigner et apprendre à détecter les fausses nouvelles : quelques pistes à e...Gabriel Dumouchel, Ph.D.
Communication de Gabriel Dumouchel (UQAC) et Martine Mottet (Université Laval) présentée au Colloque international en éducation du CRIFPE 2019 à Montréal (Canada). Résumé : Bien que les moteurs de recherche et les médias sociaux facilitent l’accès à une information en constante expansion, ils ne garantissent pas la qualité de cette dernière. Les fausses nouvelles sont d’ailleurs devenues un fléau alimenté non seulement par la convivialité et la rapidité de ces outils du web, mais aussi par la désinformation étatique, le populisme et la pensée de groupe. De ce fait, selon le Service canadien du renseignement de sécurité (2018), en étant magnifiée par la technologie moderne, la désinformation est devenue pour diverses organisations et personnes un outil extrêmement efficace, notamment pour diffamer et amplifier la portée de manipulations informationnelles. Les grandes entreprises derrière les moteurs de recherche et les médias sociaux offerts au public ont certes leur rôle à jouer pour contrer ce tsunami de faits alternatifs. Toutefois, les enseignants peuvent et doivent jouer un rôle-clé pour apprendre aux élèves comment détecter les fausses nouvelles qui se glissent incessamment dans leur environnement informationnel. Afin d’avoir un portrait des actions possibles à cet effet, cette communication présente une vue d’ensemble d’approches, d’activités et de documents pédagogiques conçus et produits dans la Francophonie, ainsi qu’une synthèse des principaux écueils et succès rencontrés.
Plus souvent abordé comme un concept marketing, nouveau de surcroît, qu’un reflet sociologique d’un monde en pleine mutation, les « Millenials » est un terme générique qui cache en réalité bien des facettes et bien des réalités. Ce rapport est avant tout né de la volonté de faire un tri parmi toutes ces clés de lectures, aussi diverses et variées que le sont leur auteurs (universitaires, experts en marketing et communication, etc.). Cette gageure permet d’aboutir à une forme de consolidation des approches et des points de vue, de sorte à pouvoir proposer une radiographie permettant, peut-être, de sinon de mieux comprendre cette génération, au moins de savoir un peu mieux de quoi on parle vraiment...
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Intervention de Nathalie Boucher-Pétrovic lors de la Rencontre Rhône-Alpes de l'Internet Accompagné d'Annonay organisée par CoRAIA en juin 2012
La mobilité des jeunes : un enjeu capital pour l'union européenne - Prod'hom...Margot Prod'homme
Mémoire écrit dans le cadre de la formation M1 Tourisme et Développement Durable des Territoires, à l'université Montpellier 3 Paul Valéry. Soutenu en septembre 2015.
Dans une période où notre pays se divise sur de nombreux sujets et semble avoir du mal à se projeter vers l’avenir, France Stratégie a voulu scruter l’opinion et les faits pour comprendre les fractures qui traversent la société française.
Le rapport "Lignes de faille. Une société à réunifier" propose plusieurs orientations pour refonder notre contrat social.
L’association communautaire comme processus d’intégration ? - Une étude compa...MuslimVlogger
L’objectif de cette étude est avant tout de laisser la voix aux populations immigrées. Centrée sur le thème de l’intégration au niveau des associations communautaires, l’intérêt de cette étude est d’apporter des éléments nouveaux à un thème souvent exploité dans le passé.
La perspective des associations communautaires a été choisie suite à la réflexion de la « société parallèle » et du préjugé selon laquelle les personnes appartenant à une communauté se séparent volontairement du reste de la société. Cette idée, largement répandue parmi les personnes locales, semblait trop simplificatrice et ne semblait révéler qu’une partie de la vérité. Dans la même lignée, l’appartenance à une association communautaire soulève les mêmes stéréotypes. Par le biais de cet exemple concret, l’étude cherche à connaître les motivations des personnes immigrées à fréquenter l’association communautaire ainsi que les conséquences que cela peut avoir dans le processus d’intégration, dans le but de réfuter ce préjugé.
Ainsi, pourquoi les personnes fréquentent l’association ? Qu’est-ce que cela leur apporte ? Est-ce qu’ils se sentent protégés, réassurés grâce à l’appartenance à l’association ou est-ce juste un lieu où ils peuvent pratiquer ouvertement leur religion et culture d’origine ? Est-ce que l’association les sépare du reste de la société, est-ce qu’il les marginalise ou est-ce qu’il les intègre à l’intérieur de la société ?
Au lieu de donner la parole aux institutions ou représentants de l’Etat, comme il en est souvent le cas quant à la façon d’intégrer les immigrés, il a été décidé de recueillir les points de vue des immigrées eux-mêmes, afin de connaître leur position actuelle à l’intérieur du pays d’accueil.
Réflexion sur l'hypothèse d'envisager un enseignement du journalisme plus précoce et de manière moins axée vis à vis d'un secteur professionnel pour le rapprocher des projets d'éducation à l'information et aux médias.
Genealogie meta-radiophonique d’une normalisation post-monopolistiqueDr Sebastien Poulain
Généalogie méta-radiophonique d’une normalisation post-monopolistique : les aléas des politiques d’éducation par les radios scolaires
lundi 27 novembre 2023 Canopé 23 rue du Maréchal Juin Strasbourg
Il s’agit dans ce document de faire une étude critique des politiques publiques du Ministère de l’Education d’éducation aux médias à travers les publications du CLEMI concernant les radios scolaires. La thèse défendue consiste à dire que les évolutions de la définition de ce qu’est une radio - et en particulier une radio scolaire - a eu des effets sur la possibilité de développer des radios scolaires. Dans les années 1980-1990, il y a une tentative de « radiophonisation » du scolaire dans le sens où les scolaires doivent se soumettre au monde radiophonique : règles administratives, technologies, gestion, personnels... Les RS sont alors principalement définies comme des radios associatives locales hertziennes mises en place par des acteurs et actrices du milieu scolaire et diffusant des contenus scolaires. Dans les années 2000-2020, il y a « scolarisation » de la radio dans le sens où les scolaires se libèrent des contraintes du monde radiophonique pour se focaliser sur les questions scolaires. Les radios scolaires sont alors principalement définies comme des contenus sonores – appelés « webradios » ou « podcasts » - à caractère scolaire mis en ligne sur internet par des acteurs et actrices du milieu scolaire. Cette évolution de la définition de « radiophonisation » du scolaire vers la « scolarisation » de la radio a fait passer d’une trentaine à des centaines de radios scolaires, c’est-à-dire d’un échec d’une politique d’éducation aux médias à une réussite. Toutefois, d’autres facteurs ont joué un rôle important : économiques (de nouveaux financements spécifiques), techniques (le développement d’internet) et politiques (la montée des enjeux de l’éducation aux médias liée aux attentats, au cyberharcèlement…).
Muriel Béasse, Sabine Bosler, Aise Celik, Faouzia Cherifi, Jean-Jacques Cheval, Matthieu Claure, Christelle Corgiat, Raphaël Dapzol, Marine De Lassalle, Christophe Deleu, Marcy Delsione Ovoundaga, Etienne Damome, Antoine Deiana, Christophe Deleu, Séverine Equoy Hutin, Carole Fagadé, Anne-Caroline Fiévet, Guillaume Garçon, Monica Ghiţă Stoica, Caroline Gillet, Hervé Glevarec, Fatima Gomis, Marc Gonon, Isabel Guglielmone, Nicolas Horber, Sylvain Joseph, Thierry Lefebvre, Florence Michaux-Colin, Sébastien Michon, Claire Moutarde, Sebastien Poulain, Laurence Prevost, Olivia Probst, Sébastien Rochat, Elsie Russier, Rachid Sadaoui, Blandine Schmidt, Eric Schweitzer, Elodie Tapsoba
Référence : FERRAND-BECHMANN Dan et POULAIN Sebastien, « Festivals, associations, services publics : les bénévoles font-ils tourner la France ? », The Conversation, 10 août 2023, 23h17, https://theconversation.com/festivals-associations-services-publics-les-benevoles-font-ils-tourner-la-france-209446
Ce sont près de 21 millions « participations bénévoles » – un même bénévole pouvant avoir plusieurs participations – qui irriguent le monde du bénévolat selon l’Insee. Ces « participations » représentant 580 000 emplois en équivalent temps plein dans 1,25 million d’associations (là où a traditionnellement lieu l’activité bénévole).
Plus récemment, on observe une montée de groupes informels : collectifs radicaux, ZAD, réseaux sociaux, gilets jaunes, engagements à la carte. Les bénévoles s’y engagent sans contrepartie financière, librement et pour aider d’autres personnes, y compris pour la gestion administrative de ces structures et souvent pour défendre une cause. Ce phénomène a pris beaucoup d’ampleur depuis plusieurs décennies. Les motifs ? Un désir d’aider les autres (matériellement ou psychologiquement), une envie de lien social, d’être un citoyen actif ou de militer, parfois parce qu’on est concerné (associations de malades). Beaucoup de secteurs attirent les bénévoles : droits humains, écologie, culture, patrimoine, sécurité, etc.
Multiplication des dispositifs de travail bénévole
Cette attraction pour le bénévolat est encouragée par l’État. Au-delà des atouts fiscaux traditionnels dont les associations bénéficient sur les dons (66 % de réduction) et sur leur imposition, l’État utilise les bénévoles pour mettre en œuvre ses politiques climatiques, antiterroristes ou démographiques, etc. Pour cela, il « désétatise » et délègue des missions d’intérêt général aux associations, et même à des structures lucratives.
Créées par une loi de 2001, les Sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) où collaborent des associations, des collectivités territoriales et des entreprises sont de plus en plus plébiscitées. La loi Économie sociale et solidaire de 2014 a créé l’agrément « Entreprise solidaire d’utilité sociale ». La loi dite Pacte de 2019 a imposé de prendre en considération les impacts sociaux et environnementaux, et encourage les sociétés à but lucratif à « redéfinir leur raison d’être ».
Multiplication des dispositifs de travail bénévole
Cette attraction pour le bénévolat est encouragée par l’État. Au-delà des atouts fiscaux traditionnels dont les associations bénéficient sur les dons (66 % de réduction) et sur leur imposition, l’État utilise les bénévoles pour mettre en œuvre ses politiques climatiques, antiterroristes ou démographiques, etc. Pour cela, il « désétatise » et délègue des missions d’intérêt général aux associations, et même à des structures lucratives.
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Le rapport "Lignes de faille. Une société à réunifier" propose plusieurs orientations pour refonder notre contrat social.
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L’objectif de cette étude est avant tout de laisser la voix aux populations immigrées. Centrée sur le thème de l’intégration au niveau des associations communautaires, l’intérêt de cette étude est d’apporter des éléments nouveaux à un thème souvent exploité dans le passé.
La perspective des associations communautaires a été choisie suite à la réflexion de la « société parallèle » et du préjugé selon laquelle les personnes appartenant à une communauté se séparent volontairement du reste de la société. Cette idée, largement répandue parmi les personnes locales, semblait trop simplificatrice et ne semblait révéler qu’une partie de la vérité. Dans la même lignée, l’appartenance à une association communautaire soulève les mêmes stéréotypes. Par le biais de cet exemple concret, l’étude cherche à connaître les motivations des personnes immigrées à fréquenter l’association communautaire ainsi que les conséquences que cela peut avoir dans le processus d’intégration, dans le but de réfuter ce préjugé.
Ainsi, pourquoi les personnes fréquentent l’association ? Qu’est-ce que cela leur apporte ? Est-ce qu’ils se sentent protégés, réassurés grâce à l’appartenance à l’association ou est-ce juste un lieu où ils peuvent pratiquer ouvertement leur religion et culture d’origine ? Est-ce que l’association les sépare du reste de la société, est-ce qu’il les marginalise ou est-ce qu’il les intègre à l’intérieur de la société ?
Au lieu de donner la parole aux institutions ou représentants de l’Etat, comme il en est souvent le cas quant à la façon d’intégrer les immigrés, il a été décidé de recueillir les points de vue des immigrées eux-mêmes, afin de connaître leur position actuelle à l’intérieur du pays d’accueil.
Réflexion sur l'hypothèse d'envisager un enseignement du journalisme plus précoce et de manière moins axée vis à vis d'un secteur professionnel pour le rapprocher des projets d'éducation à l'information et aux médias.
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Genealogie meta-radiophonique d’une normalisation post-monopolistiqueDr Sebastien Poulain
Généalogie méta-radiophonique d’une normalisation post-monopolistique : les aléas des politiques d’éducation par les radios scolaires
lundi 27 novembre 2023 Canopé 23 rue du Maréchal Juin Strasbourg
Il s’agit dans ce document de faire une étude critique des politiques publiques du Ministère de l’Education d’éducation aux médias à travers les publications du CLEMI concernant les radios scolaires. La thèse défendue consiste à dire que les évolutions de la définition de ce qu’est une radio - et en particulier une radio scolaire - a eu des effets sur la possibilité de développer des radios scolaires. Dans les années 1980-1990, il y a une tentative de « radiophonisation » du scolaire dans le sens où les scolaires doivent se soumettre au monde radiophonique : règles administratives, technologies, gestion, personnels... Les RS sont alors principalement définies comme des radios associatives locales hertziennes mises en place par des acteurs et actrices du milieu scolaire et diffusant des contenus scolaires. Dans les années 2000-2020, il y a « scolarisation » de la radio dans le sens où les scolaires se libèrent des contraintes du monde radiophonique pour se focaliser sur les questions scolaires. Les radios scolaires sont alors principalement définies comme des contenus sonores – appelés « webradios » ou « podcasts » - à caractère scolaire mis en ligne sur internet par des acteurs et actrices du milieu scolaire. Cette évolution de la définition de « radiophonisation » du scolaire vers la « scolarisation » de la radio a fait passer d’une trentaine à des centaines de radios scolaires, c’est-à-dire d’un échec d’une politique d’éducation aux médias à une réussite. Toutefois, d’autres facteurs ont joué un rôle important : économiques (de nouveaux financements spécifiques), techniques (le développement d’internet) et politiques (la montée des enjeux de l’éducation aux médias liée aux attentats, au cyberharcèlement…).
Muriel Béasse, Sabine Bosler, Aise Celik, Faouzia Cherifi, Jean-Jacques Cheval, Matthieu Claure, Christelle Corgiat, Raphaël Dapzol, Marine De Lassalle, Christophe Deleu, Marcy Delsione Ovoundaga, Etienne Damome, Antoine Deiana, Christophe Deleu, Séverine Equoy Hutin, Carole Fagadé, Anne-Caroline Fiévet, Guillaume Garçon, Monica Ghiţă Stoica, Caroline Gillet, Hervé Glevarec, Fatima Gomis, Marc Gonon, Isabel Guglielmone, Nicolas Horber, Sylvain Joseph, Thierry Lefebvre, Florence Michaux-Colin, Sébastien Michon, Claire Moutarde, Sebastien Poulain, Laurence Prevost, Olivia Probst, Sébastien Rochat, Elsie Russier, Rachid Sadaoui, Blandine Schmidt, Eric Schweitzer, Elodie Tapsoba
Référence : FERRAND-BECHMANN Dan et POULAIN Sebastien, « Festivals, associations, services publics : les bénévoles font-ils tourner la France ? », The Conversation, 10 août 2023, 23h17, https://theconversation.com/festivals-associations-services-publics-les-benevoles-font-ils-tourner-la-france-209446
Ce sont près de 21 millions « participations bénévoles » – un même bénévole pouvant avoir plusieurs participations – qui irriguent le monde du bénévolat selon l’Insee. Ces « participations » représentant 580 000 emplois en équivalent temps plein dans 1,25 million d’associations (là où a traditionnellement lieu l’activité bénévole).
Plus récemment, on observe une montée de groupes informels : collectifs radicaux, ZAD, réseaux sociaux, gilets jaunes, engagements à la carte. Les bénévoles s’y engagent sans contrepartie financière, librement et pour aider d’autres personnes, y compris pour la gestion administrative de ces structures et souvent pour défendre une cause. Ce phénomène a pris beaucoup d’ampleur depuis plusieurs décennies. Les motifs ? Un désir d’aider les autres (matériellement ou psychologiquement), une envie de lien social, d’être un citoyen actif ou de militer, parfois parce qu’on est concerné (associations de malades). Beaucoup de secteurs attirent les bénévoles : droits humains, écologie, culture, patrimoine, sécurité, etc.
Multiplication des dispositifs de travail bénévole
Cette attraction pour le bénévolat est encouragée par l’État. Au-delà des atouts fiscaux traditionnels dont les associations bénéficient sur les dons (66 % de réduction) et sur leur imposition, l’État utilise les bénévoles pour mettre en œuvre ses politiques climatiques, antiterroristes ou démographiques, etc. Pour cela, il « désétatise » et délègue des missions d’intérêt général aux associations, et même à des structures lucratives.
Créées par une loi de 2001, les Sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) où collaborent des associations, des collectivités territoriales et des entreprises sont de plus en plus plébiscitées. La loi Économie sociale et solidaire de 2014 a créé l’agrément « Entreprise solidaire d’utilité sociale ». La loi dite Pacte de 2019 a imposé de prendre en considération les impacts sociaux et environnementaux, et encourage les sociétés à but lucratif à « redéfinir leur raison d’être ».
Multiplication des dispositifs de travail bénévole
Cette attraction pour le bénévolat est encouragée par l’État. Au-delà des atouts fiscaux traditionnels dont les associations bénéficient sur les dons (66 % de réduction) et sur leur imposition, l’État utilise les bénévoles pour mettre en œuvre ses politiques climatiques, antiterroristes ou démographiques, etc. Pour cela, il « désétatise » et délègue des missions d’intérêt général aux associations, et même à des structures lucratives.
Les médias peuvent-ils changer le monde pour le rendre durable, soutenable, écologique ? Vaste question ! On se doute qu’ils ont des effets non négligeables compte-tenu de leurs rôles dans nos vies. Mais quels sont les médias qui veulent changer ce monde ? C’est l’objet du présent article.
Nous sommes habitués à recevoir des informations plutôt déplaisantes depuis le 18ème siècle où a été créé la presse papier. Face à l’apocalypse socio-écologique que nous sommes en train de créer et vivre, il semble que nous ayons besoin d’informations qui nous redonnent de l’espoir.
D’autant plus que les médias traditionnels (presse écrite, radio et télévision) sont critiqués de toute part et souffrent d’un manque de confiance comme le montre le baromètre annuel de La Croix sur la confiance dans les médias qui montre que le média radio est celui qui inspire le plus confiance.
Et 32% des personnes interrogées par le Reuters Institute dans sa dernière étude annuelle évitent régulièrement ou parfois les actualités, tandis que 52% sont plus enclins à lire plus d’articles du même journal et 60% à partager l’article lorsque l’on propose une solution selon Nina Fasciaux, rédactrice et coordinatrice du Solutions Journalism Network en Europe, qui est intervenue lors du Festival de l’Info Locale fin juin à Nantes.
D’où l’apparition du journalisme positif, d’impact, de solutions, de construction qui se distingue des formes de journalisme habituels. Selon l’étude du Solutions Journalism Network et l’Engaging News Project menée auprès de 755 Américains adultes, le journalisme orienté vers la solution est prometteur sur au moins trois dimensions :
• Le lecteur a davantage le sentiment d’être bien informé par ce type de journalisme orienté solution
• La confiance se renforce entre le lectorat et les organes de presse promouvant ce type de journalisme
• L’engagement des lecteurs augmente : nombre de partages sociaux, du nombre de lectures sur le site, du même auteur, sur le même sujet…
Une soirée de Convergences – jeudi 5 septembre 2019 19h00–21h00 (voir annexe 1 ci-dessous) – était justement intitulée « Pour changer le monde, commençons par le raconter autrement » et avait 3 problématiques :
• De quelle façon les médias peuvent-ils contribuer à faire évoluer les représentations et les comportements vers un monde plus durable ?
• Comment faire émerger de nouveaux récits pour inspirer le plus grand nombre et provoquer des déclics ?
• Comment les leviers de l’information, de la fiction et du divertissement peuvent-ils être mobilisés pour accélérer la transition écologique, sociale et démocratique ?
Ci-dessus une photo de la soirée du 6 septembre 2019 #YouthWeCan ! “Les jeunes s’engagent pour le climat” à Convergences.
Note de lecture Thierry LEFEBVRE L’Aventurier des radios libres Jean Ducarroi...Dr Sebastien Poulain
Source : Note de lecture, « Thierry Lefebvre, L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003), Paris, Glyphe, coll. Histoire et société, 2021, 280 p. », RadioMorphoses, n°9, 2023, https://journals.openedition.org/radiomorphoses/3930
9 | 2023
Notes, conduites, synopsis, partitions : écrire et composer la radio
Note de lecture
Thierry LEFEBVRE, L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003)
Paris, Glyphe, coll. Histoire et société, 2021, 280 p.
Sébastien Poulain
https://doi.org/10.4000/radiomorphoses.3930
Référence(s) :
Thierry LEFEBVRE, L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003). Paris, Glyphe, coll. Histoire et société, 2021, 280 p.
Plan | Texte | Citation | Auteur
Plan
Historiographie réparatrice
Le radiolibriste aventurier et sa chute
Conclusions post-radiolibristes
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1Ayant rendu compte de la structure de l’ouvrage L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003) et de la place de J. Ducarroir dans l’histoire de la radio (Questions de communication, n°40, 2021, p. 568-572), je vais insister ici sur la place « réparatrice » de ce livre dans l’historiographie radiolibriste et sur le mystère de la « chute » post-radiolibriste de J. Ducarroir.
Historiographie réparatrice
2Négliger L’Aventurier du fait de l’importance de La bataille des radios libres. 1977-1981 (2008) – qui est aujourd’hui une référence pour toute recherche sur les « radios libres », voire sur les médias militants - parce qu’elle ne concernerait qu’un seul acteur - et de surcroit un acteur peu connu - serait une erreur. En fait, La bataille constitue la matrice dont Thierry Lefebvre tire les fils dans ses ouvrages suivants - notamment Carbone 14 : Légende et histoire d’une radio pas comme les autres (2012) et François Mitterrand pirate des ondes. L’affaire Radio Riposte (2019) -, et en particulier dans L’Aventurier qui permet d’humaniser davantage le mouvement et de nous informer sur ses acteurs et leur quotidien de militant. En effet, T. Lefebvre publie des archives inédites, dont certaines auraient pu figurer dans La bataille : photos, retranscriptions d’émission, de réunions, scénario de film, articles de journalistes, archives de J. Ducarroir, d’autres radiolibristes et de l’INA. Comme dans La bataille, L’Aventurier comprend des annexes avec des « repères chronologiques », un index des patronymes et un index des stations. Si L’Aventurier (280 p.) contient moins de pages que La bataille (424 p.), T. Lefebvre cite 156 radios dans L’Aventurier contre 226 dans La bataille. J. Ducarroir permet à T. Lefebvre de revisiter et approfondir une grande partie de cette « bataille » sur laquelle il travaille depuis le début des années 2000 et pour laquelle il a cherché vainement « à contacter ce personnage incontournable » (p. 12) alors que ce dernier décède justement à ce moment-là, en 2003.
Radios internationales : des outils de mobilisation du grand public en pleine...Dr Sebastien Poulain
Source : Thierry Lefebvre et Sebastien Poulain, « Radios internationales : des outils de mobilisation du grand public en pleine transformation », The Conversation, 28 mars 2023, 21h30, https://theconversation.com/radios-internationales-des-outils-de-mobilisation-du-grand-public-en-pleine-transformation-200325
Partout dans le monde, les autorités politiques ont longtemps détenu le monopole aussi bien des radios locales et nationales que des radios internationales, ce qui leur permettait de faire passer les messages souhaités à leurs propres populations, mais aussi à celles des pays étrangers vers lesquels leurs radios diffusaient.
Nos recherches récentes montrent que ce modèle ancien est désormais largement dépassé.
La désétatisation de la radio et son internationalisation grâce à sa numérisation/webification ont modifié les rapports de force communicationnels.
On distingue aujourd'hui trois types de radios de mobilisation. Les radios étatiques de mobilisation (REM) ont d’abord cédé du terrain face aux radios civiles de mobilisation) (RCM, lesquelles sont devenues, grâce à Internet, accessibles dans le monde entier, se muant donc en radios civiles de mobilisation internationales (RCMI). Ces trois types de radios cohabitent de nos jours dans un paysage médiatique qui n'a plus grand-chose à voir avec celui d'il y a une vingtaine d'années.
Les monopoles nationaux des radios étatiques de mobilisation (REM) durant les guerres internationales
La radio fut un enjeu politique dès l’origine : citons les causeries de Franklin D. Roosevelt, les radios « blanches » et « noires » durant la « drôle de guerre » – qui amorce la « guerre des ondes » –, les instructions aux résistants diffusées par « Radio Londres »…
Durant la guerre froide (et jusqu’à aujourd’hui pour certaines radios), les Alliés s’installèrent sur les ondes pour continuer leur travail hétéronomique (c’est-à-dire visant à imprégner les auditeurs de lois/normes politiques, sociales et culturelles). Par exemple, le gouvernement américain multiplia les stations : Voice of America, RIAS (Radio in the American Sector, principalement tournée vers l’Allemagne de l’Est), Radio Free Europe/Radio Liberté et Radio Free Asia, Azadi (destinée à l’Afghanistan) ou encore Farda (diffusant en farsi vers l’Iran)…
Selon la chercheuse Anne-Chantal Lepeuple, toutes ces radios visaient à favoriser la diffusion des idées libérales au sein des peuples des pays ciblés, en mettant en place une « politique d’érosion graduelle » des régimes en place.
Aujourd’hui, RFE/RL diffuse en 27 langues et dans 23 pays « où la liberté de la presse est menacée et où la désinformation est omniprésente ». Elle joue son rôle de « radio de substitution », selon l’expression de Jacques Sémelin désignant les radios qui se substituent aux radios locales et se distinguent des « radios de représentation » – celles qui promeuvent les États qui les financent, à l’instar de la BBC, de Deutsche Welle ou de RFI.
POULAIN Sebastien, « Une micro-radio d’organisation douce : les postradiomorphoses entre mobilisation, décélération et communication », in Pascal Ricaud et Lara Van Dievoet (sous la direction de), « Radio en mobilité : Programmes, pratiques, techniques et perspectives », RadioMorphoses, n°7, 2021, https://journals.openedition.org/radiomorphoses/2257
Les « micro-radios d’organisation » sont une nouvelle génération de postradiomorphoses issues des radios d’organisation, webradios et podcasts. Au-delà de leur utilité informationnelle, communicationnelle, RH, marketing pour les organisations qui les mettent en place, elles peuvent avoir d’autres fonctions dans les sociétés urbaines contemporaines en tentant de modifier le cours des flux urbains. L’étude de l’une de ces radios permet de mettre en exergue plusieurs effets envisageables de celles-ci : mobilisation, attraction, fixation, localisation, décélération des acteurs mobiles urbains. Si ces radios « lentes » ou « douces » font face à des difficultés, elles sont susceptibles de jouer un nouveau rôle dans le « continuum sociotechnique » pour faire société autrement et ouvrir le champ des possibles.
Organizational micro-radios are a new generation of postradiomorphoses originate in organizational radios, webradios and podcasts. Beyond their information, communication, HR and marketing usefulness for the organizations that set them up, they can have other functions in contemporary urban societies by trying to modify the course of urban flows. The study of one of these radios makes it possible to highlight several possible effects of these: mobilization, attraction, fixation, localization, deceleration of urban mobile actors. If these “slow” or “soft” radios face difficulties, they are likely to play a new role in the “socio-technical continuum” to create society differently and open up the field of possibilities.
Las microradios organizacionales son una nueva generación de postradiomorfosis originadas en radios organizacionales, webradios y podcasts. Más allá de su utilidad de información, comunicación, RRHH y marketing para las organizaciones que los establecieron, pueden tener otras funciones en las sociedades urbanas contemporáneas al tratar de modificar el curso de los flujos urbanos de la "sociedad líquida". El estudio de una de estas radios, permite destacar varios posibles efectos de estas: movilización, atracción, fijación, localización, desaceleración de los actores móviles urbanos. Si estas radios "lentas" o "blandas" enfrentan dificultades, es probable que desempeñen un nuevo papel en el "continuo socio-técnico" para crear una sociedad diferente y abrir el campo de posibilidades.
« Le podcast comme outil faustien de gafamisation de la radio ? », 10e Colloque international du GRER, « La radio dans l’univers audio Expressions, concurrences et contextes », 10e Colloque international du GRER (Groupe de recherches et d’études sur la radio)
Département d’information et de communication
Université Laval à Québec
9 au 11 novembre 2022
https://radiodansuniversaudio.com/
Jour 1 (09 Nov) - Salle CSL 3788
09:00 Ouverture du colloque et mots de bienvenue par Henri Assogba Professeur titulaire à l’Université Laval et responsable du comité d’organisation, Étienne Damome Maître de conférences HDR à l’Université Bordeaux Montaigne et président du GRER, Guylaine Martel Directrice du département d’information et de communication, Université Laval, Guillaume Pinson Doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines, Université Laval
09:30 La radio dans l'univers audio : sociologie d'une fragmentation Conférence inaugurale par Hervé Glevarec Directeur de recherche au CNRS, Université de Paris Cité
10:30 Pause-café
10:45 Table ronde d’ouverture : « Mutations de l’univers audio du point de vue des acteurs »
par Julien Morissette Directeur artistique de Transistor Média et fondateur du Festival de la radio numérique à Gatineau / Québec, Jean-Nicolas Gagné, Directeur général de Qub Radio, la radio numérique de Québécor / Québec, Natacha Mercure Première directrice stratégie et contenus audionumériques à Radio-Canada, Silvain Gire, Cofondateur et directeur éditorial d'Arte Radio / France,
Modératrices, Colette Brin Professeure titulaire à l’Université Laval, Marie-Laurence Rancourt, Directrice artistique et générale de Magnéto
12:00 Pause déjeuner
12:00 Pause déjeuner
1er panel scientifique présidé par Jean-Jacques Cheval, Professeur à l’Université Bordeaux Montaigne
14:00 Radiophonique ou radionumérique : l'un dans l'autre ou l'autre dans l’un par Séverine Equoy Hutin professeure des Universités en sciences de l'information et de la communication à l'Université de Bourgogne Franche-Comté / France.
14:25 « Flux vs stock : le direct sauve-t-il la radio face à l’audio ? » par Frédéric Antoine Professeur à l’Université de Namur / Belgique
14:50 « The Serial productions, from remediation to innovation » par Ella Waldmann Doctorante à l’Université Paris Cité / France
15:15 Pause-café
Jour 1 (09 Nov) - Salle CSL 3788
2e panel scientifique présidé par Nozha Smati, Enseignante-chercheure à l’Université de Lille
15:45 « La Radio Tunisienne dans l’univers audio : Réflexion sur les nouveaux contextes professionnels, les enjeux technologiques et les défis de contenus médiatiques » par Soumaya Berjeb, IPSI - Université de la Manouba / Tunisie
16:10 « Le podcast comme outil faustien de gafamisation de la radio ? » par Sébastien Poulain Chercheur associé au MICA - l’Université Bordeaux Montaigne / France
Référence : « "Une autre redevance est possible" : quelles alternatives à la suppression de la Contribution à l'Audiovisuel Public ? », interview de Simon Becquet, RAM 05, 4 juillet 2022, https://ram05.fr/une-autre-redevance-est-possible-quelles-alternatives-a-la-suppression-de-la-contribution-a-laudiovisuel-public
Note de lecture Thierry Lefebvre - L Aventurier des radios libres : Jean Duc...Dr Sebastien Poulain
Référence : POULAIN Sebastien, note de lecture, « Thierry Lefebvre, L’Aventurier des radios libres : Jean Ducarroir (1950-2003). Paris, Glyphe, coll. Histoire et société, 2021, 280 p. », Questions de communication, n°40, 2021, http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/27690, https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.27690 et https://www.cairn.info/revue-questions-de-communication-2021-2-page-568.htm
Bien qu’il existe aujourd’hui de nombreux articles de scientifiques sur le monde radiophonique, cela reste moins traité que sur les autres médias. Thierry Lefebvre est actuellement le seul universitaire français à publier régulièrement des ouvrages sur ce sujet (entre ses autres ouvrages sur l’histoire des sciences). Spécialiste des « radios libres », il a commencé son travail de recherche par une approche globale du mouvement radiolibriste dans La Bataille des radios libres. 1977-1981 (Paris, Nouveau Monde Éd., 2008). Dans cette même dynamique, il a dirigé plusieurs livraisons des Cahiers d’histoire de la radiodiffusion sur la fin des années 1970 et le début des années 1980. Puis, il choisit une approche plus individuelle à travers l’étude d’une station de radio dans Carbone 14. Légende et histoire d’une radio pas comme les autres (Bry-sur-Marne, Éd. de l’INA, 2012). Malgré sa programmation très libre et ses émissions illégales, cette radio ne peut pas être qualifiée de « radio libre » au sens du livre précédent – c’est-à-dire une radio qui milite contre le monopole principalement entre 1977 et 1981. Par la suite, il a étudié un événement-radio (ou radio-événement) politique via l’étude de Radio Riposte dans François Mitterrand pirate des ondes. L’affaire Radio Riposte (Paris, Éd. Le Square, 2019). Malgré le travail de préparation et les conséquences, cette radio n’a duré que quelques minutes, avant son brouillage et sa saisie.
Je me permets de signaler que T. Lefebvre et moi avons dirigé deux ouvrages. D’abord, Radios libres, 30 ans de FM : la parole libérée ? (Paris, Éd. L’Harmattan, 2016) qui a permis d’élargir le spectre d’étude grâce à des approches de chercheurs internationaux, de professionnels de la radio, d’archivistes et d’une cinéaste – ce sont les actes du premier colloque sur les radios libres organisé par le Groupe de recherches et d’études de la radio (Grer). Ensuite, Les Radios locales : histoires, territoires et réseaux (Paris, Éd. L’Harmattan, 2021) qui permet, quant à lui, d’étendre le spectre temporel avec l’étude de radios plus anciennes (les toutes premières expériences radiophoniques ou Radio Solitude en Cévennes de France Culture) et de radio beaucoup plus récentes (les webradios locales).
Avec Françoise Dumaine, Alain Zanotti, Benoît Dumaine, Sebastien Poulain, « Généraliser l'Empreinte Solidaire® dans la gestion d'actifs », axes « Quel modèle social pour « faire avec » nos vulnérabilités ? » et « Quelle voie pour une économie soutenable ? », Contribution – « Covid-19 : pour un « après » soutenable », séminaire « Soutenabilités » cycle 1 février-juillet 2020, France stratégie, juillet 2020, https://www.strategie.gouv.fr/projets/seminaire-soutenabilites, https://www.strategie.gouv.fr/publications/covid-19-un-apres-soutenable-synthese-contributions, https://www.strategie.gouv.fr/actualites/modele-social-faire-nos-vulnerabilites, https://www.strategie.gouv.fr/actualites/une-economie-soutenable, https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/seminaire_soutenabilite_-_covid-19_-_contributions_web.pdf et https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/generaliser_l_empreinte_solidairer_dans_la_gestion_d_actifs.pdf
New deal, refondation, résilience, soutenabilité : la finalité est claire. Nous avons la connaissance
des besoins, il y a urgence à agir. L'Empreinte Solidaire®, comme marqueur de l'engagement
inclusif des grands investisseurs institutionnels et une loi Pacte élargie sur l'Assurance-vie
(l'enveloppe). La doctrine AMF sur "engagement" et critères ESG évolue, les cadres d'application
doivent innover pour répondre à cette ouverture et l'urgence du monde d'après. Pour un
changement d'échelle renforçant le S de ESG, dans sa profondeur solidaire. Face à la récession
en formation, aux laissés-pour-compte à venir, les jeunes notamment, il faut une réponse massive
public-privé. La réponse se veut innovante et pragmatique, avec une réelle intentionnalité pour
embarquer les acteurs et les inciter à agir sur le terrain d'un solidaire dédié au post-covid. https://
www.empreinte-solidaire.com/
Référence : préparation en français de l’article « Kein Programm links von der Mitte. Öffentlich-rechtlicher Rundfunk in Frankreich », fondation Friedrich-Ebert, mars 2022, https://www.fes.de/themenportal-geschichte-kultur-medien-netz/artikelseite/kein-programm-links-von-der-mitte-oeffentlich-rechtlicher-rundfunk-in-frankreich, http://library.fes.de/pdf-files/a-p-b/19078.pdf et https://fr.slideshare.net/SebastienPoulain/kein-programm-links-von-der-mitte-ffentlichrechtlicher-rundfunk-in-frankreich
Kein Programm links von der Mitte. Öffentlich-rechtlicher Rundfunk in FrankreichDr Sebastien Poulain
Note « Kein Programm links von der Mitte. Öffentlich-rechtlicher Rundfunk in Frankreich », fondation Friedrich-Ebert, Paris, mars 2022, https://www.fes.de/themenportal-geschichte-kultur-medien-netz/artikelseite/kein-programm-links-von-der-mitte-oeffentlich-rechtlicher-rundfunk-in-frankreich et http://library.fes.de/pdf-files/a-p-b/19078.pdf
Le bénévolat d’entreprise sociale : une nouvelle forme d'engagement des citoy...Dr Sebastien Poulain
Camille Morel (PACTE, Université Grenoble-Alpes et chargée de recherche) et Sebastien Poulain (Mica, Université Bordeaux Montaigne)
, « Le bénévolat d’entreprise sociale : une nouvelle forme d'engagement des citoyens et ses limites », sous la responsabilité de Dan Ferrand Bechmann et Damiano de Facci (Réseau thématique-RT 35 « Sociologie des mondes associatifs » de l’Association française de sociologie-AFS), séminaire « (R)évolutions des formes de l'engagement, sociologie du bénévolat », groupe de travail (GT) 32, Association Internationale des Sociologues de Langue Française (AISLF), 22 mars 2022, 14h00-17h30, https://www.aislf.org/revolutions-des-formes-de-lengagement
Amélie Deschenaux et Sandrine Cortessis, Potentielles nouvelles modalités d’engagement et résistances au sein d’une forme traditionnelle d’engagement bénévole de visite à l’hôpital (Suisse)Sebastien Poulain et Camille Morel, Le bénévolat d’entreprise sociale : une nouvelle forme d'engagement des citoyens et ses limites Marie-Anne Dujarier, présentation de Trouble dans le travail : sociologie d'une catégorie de pensée
Damiano De Facci, La solidarité par le bas, comment répondre à la crise sanitaire (France)
Eric Gagnon, Les impacts de la pandémie, du confinement et des mesures sanitaires sur les organisations où œuvrent les bénévoles ainés et sur les bénévoles eux-mêmes. stratégies organisationnelles et stratégies individuelles visant à maintenir cet engagement.
Yves Raibaud, Travail gratuit et bénévolat dans une perspective féministe "Qui encaisse le travail gratuit“ et ”trouble dans le bénévolat": ces deux énoncés, posés côte à côte, sont stimulants. Le travail gratuit est historiquement et universellement le travail des femmes, ce qui fait penser aux care studies. Trouble fait inévitablement penser à Gender Trouble. Y-a-t-il du trouble dans le bénévolat lorsque certains hommes, certaines femmes, certains autres, ne sont pas à la place où on les attend ?Dan Ferrand-Bechmann, Nouvelles formes de bénévolat, l'écoute à distance : les incontournables deviennent contournables, conclusion sur la valeur du bénévolat.
Avec Jacques Attali (conseiller d’État, auteur de Histoire des médias), Francis Lec (président de Radio Amiens), Jean-Louis Auduc (professeur agrégé d’histoire, fondateur de Radio Risposte, membre du Conseil des sages de la laïcité), Stéphane Demilly (sénateur de la Somme), Henri Sannier (journaliste), Guy Vadepied (député honoraire), « Les 40 ans des radios libres et de Radio Amiens. Liberté d’expression, économie, médias et jeunes », Conseil départemental de la Somme, Amiens, 9 novembre 2021, https://lesradioslibres.wordpress.com/2021/11/08/9-novembre-2021-les-40-ans-des-radios-libres-et-de-radio-amiens/
Challenges Radio : Bolloré n'enraye pas la chute des audiences à Europe 1 Dr Sebastien Poulain
Interview avec Guillaume Echelard pour l'article « Radio: le virage éditorial de Bolloré à Europe 1 n'enraye pas la chute des audiences », challenges.fr, 14 janvier 2022 à 18h22, https://www.challenges.fr/media/radio-le-virage-editorial-de-bollore-a-europe-1-nenraye-pas-la-chute-des-audiences_796648
Radios libres : retour sur le « big bang » de la democratisation mediatiqueDr Sebastien Poulain
Thierry Lefebvre et Sebastien Poulain, « Radios libres : retour sur le « big bang » de la démocratisation médiatique », The Conversation, 7 décembre 2021, 22h24, https://theconversation.com/radios-libres-retour-sur-le-big-bang-de-la-democratisation-mediatique-171377
Le benevolat d’entreprises entre nouvelle delegation de service public et app...Dr Sebastien Poulain
Camille Morel et Sebastien Poulain, « Le bénévolat d’entreprises entre nouvelle délégation de service public et appropriation entrepreneuriale », « Richesses et ambiguïtés du travail bénévole », in Nicolas Da Silva et Pascale Molinier (sous la direction de), Nouvelle revue de psychosociologie, n°32, automne 2021, https://www.editions-eres.com/ouvrage/4830/le-travail-benevole
Gouvernance inclusive et alliances inédites pour un territoire plus innovantDr Sebastien Poulain
Camille Morel et Sebastien Poulain, « Gouvernance inclusive et alliances inédites pour un territoire plus innovant : le cas de la SCIC Citeomix à Mirecourt dans les Vosges », Session 1 « Innovations sociales, projets alternatifs et réseautage : des leviers pour une transition des territoires durable ? », animée par Nassima Hakimi (laboratoire Pacte) et Iharivola Randrianasolo (laboratoire CITERES), Journée d’étude à destination des jeunes chercheur.euse.s « Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires », laboratoire CITERES (Université de Tours) et PACTE (Université de Grenoble), https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/, Cité des Territoires, Grenoble, 15 novembre 2018, https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/data/pages/20181115_Programme_Journee_Jeunes_Chercheurs_2018_modifie.pdf, https://www.slideshare.net/SebastienPoulain/gouvernance-inclusive-et-alliances-indites
Camille Morel et Sebastien Poulain, « Gouvernance inclusive et alliances inédites pour un territoire plus innovant : le cas de la SCIC Citeomix à Mirecourt dans les Vosges », Session 1 « Innovations sociales, projets alternatifs et réseautage : des leviers pour une transition des territoires durable ? », animée par Nassima Hakimi (laboratoire Pacte) et Iharivola Randrianasolo (laboratoire CITERES), Journée d’étude à destination des jeunes chercheur.euse.s « Les capacités transformatives des réseaux dans la fabrique des territoires », laboratoire CITERES (Université de Tours) et PACTE (Université de Grenoble), https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/, Cité des Territoires, Grenoble, 15 novembre 2018, https://cjcpacteciteres.sciencesconf.org/data/pages/20181115_Programme_Journee_Jeunes_Chercheurs_2018_modifie.pdf (actes non publiés)
Le benevolat d entreprises sociales une nouvelle forme de benevolat condition...Dr Sebastien Poulain
Camille Morel et Sebastien Poulain, « Le bénévolat d’entreprises sociales : une nouvelle forme de bénévolat conditionnée par l’éthique » (Communication #1775), Groupes de travail émergents (GTE) 09 - Sociologie du bénévolat « Le bénévolat entre travail, éthique et engagement », 17h00-19h00, jeudi 15 juillet 2021, « La société morale », XXIème congrès de l’Association Internationale des Sociologues de Langue Française (AISLF) Tunis, 12-16 juillet 2021, https://congres2021.aislf.org/, https://congres2021.aislf.org/pages/38-prog.php?groupe=GTE09
Le benevolat d entreprises sociales une nouvelle forme de benevolat condition...
Note de lecture Laurence Corroy Education aux medias en Europe. Histoire, enjeux et perspectives
1. Laurence Corroy (dir.), Éducation aux médias en Europe. Histoire, enjeux et perspectives
Sébastien Poulain
Dans Questions de communication 2023/2 (n° 44), pages 478 à 480
1Cet ouvrage dirigé par Laurence Corroy est publié dans une collection – « Éducation et médias » –
fondée et dirigée par elle-même et Francis Barbey en 2016 chez L’Harmattan. Il se divise en dix articles
correspondant à 1’étude de dix pays : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Italie, Portugal,
Roumanie, Royaume-Uni, Suisse. C’est une réussite en soi car il fallait trouver des chercheur·es
francophones spécialistes d’EMI (éducation aux médias et à l’information). Ces chapitres sont précédés d’un
court « avant-propos » de L. Corroy où elle présente chacun d'eux.
2 L’ouvrage suit la publication de L’Éducation aux médias. Un point de vue africain (2017) de F. Barbey
dans la même collection, et coïncide avec la publication dirigée par Éric Delamotte : Recherches
francophones sur les éducations aux médias, à l’information et au numérique. Points de vue et
dialogues (Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2022). Cette internationalisation comparative est-elle une
coïncidence ? Est-ce parce que nous avons besoin de chercher des solutions ailleurs à des problèmes
complexes et fortement évolutifs qui dépassent les capacités de réaction des autorités et acteur·ices de
l’éducation ? Est-ce parce que les institutions supranationales jouent un rôle de plus en plus important dans
l’EMI ? Est-ce parce que les États vont de plus en plus appliquer les mêmes politiques face aux mêmes
problèmes ?
3 En effet, les États font face à l’apparition des mêmes médias (radio et télévision au XXe
siècle et l’internet
au XXIe
siècle), des mêmes phénomènes (fake news, cyberharcèlement…), et sont en interaction avec les
mêmes institutions supranationales (Commission européenne, Unesco – Organisation des Nations unies pour
l’éducation, la science et la culture –, Unicef – Fonds des Nations unies pour l’enfance –, Conseil de
l’Europe). Au niveau de l’Union européenne (UE), on peut citer les réglementations ePrivacy, RGPD
– règlement général sur la protection des données –, DMA – législation sur les marchés numériques –, DSA
– législation sur les services numériques –, AMS – Advance Manifest System –, voire la décision de censurer
le média RT (Russia Today) et l’agence Sputnik. Ce ne sont pas directement des outils de politique d’EMI,
2. mais elles visent à protéger les usagers/usagères du média internet. D’ailleurs, il manque peut-être un article
sur les politiques d’EMI des institutions supranationales – Commission européenne, Conseil de l’Europe,
Unesco et Unicef – dans un ouvrage intitulé Éducation aux médias en Europe où plusieurs auteurs/autrices
font référence aux définitions et aux actions-programmes de ces institutions qui vont sans doute prendre
toujours plus d’importance dans l’avenir.
4 À ce stade, il n’y a pas de consensus sur les concepts utilisés pour penser l’EMI. Du reste, l’acronyme
« EAM » (éducation aux médias) qui est le plus utilisé dans les articles et non « EMI » qui semble surtout
français même si l’Unesco a utilisé le terme en 2012 : Media and Information Literacy (MIL). Selon
L. Corroy, ce terme a, par la suite, « influenc[é] profondément et durablement le développement » de l’EMI
(p. 75) même s’il était déjà très présent en France via notamment l’acronyme CLEMI (Centre de liaison de
l’enseignement et des médias d’information). Cet organisme a été créé en 1983 suite à un rapport de Jacques
Gonnet et Pierre Vandevoorde intitulé L’introduction des moyens d’information dans l’enseignement de
1982 pour Alain Savary (ministre de l’Éducation nationale), suite à une demande de Robert Chéramy
(conseiller de François Mitterrand) de juin 1981 et où apparait déjà le mot « information ». Or, il est vrai
qu’il n’y a pas de média sans information et il n’y a pas d’information sans un minimum de
médiatisation via la parole, un geste, des sons. Le mot « information » ne semble pas si nécessaire !
5 Alessandro Soriani (Italie) enrichit le débat par l’éducation « avec » (approche instrumentale), « aux »
(approche critique et sémiotique), « par » (approche transversale) ou « pour » (approche créative et
expressive) les médias (p. 108-109). Ce débat était déjà très riche grâce à la longue tradition de réflexion
allemande : Mediendidaktik (didactique), Medienkunde (connaissances), Medienerziehung (pratiques), Medi
enkompetenz (compétences), Medienbildung (le champ), Medienanalyse (analyse médiatique). Mais ce
vocabulaire ne s’est pas exporté, contrairement à la notion de « littératie » de plus en plus hégémonique et
déclinée en fonction des sujets : digital, information, média, transmédia… littératies. Celles-ci sont plus ou
moins synonymes de « compétences » ou « capacités » médiatiques, c’est-à-dire d’un usage « actif » des
médias, dirait Dieter Baacke.
6 La cartographie européenne des approches de l’EMI présentée dans l’ouvrage révèle la diversité des
aspects couverts par ce champ : alors que certains chapitres se focalisent sur différentes institutions de l’EMI
et leurs actions – organismes, programmes, législations, formations, prix, curricula, festival… – d’autres,
comme celui qui présente la situation en Espagne, se concentrent uniquement sur les pratiques. Les
approches sont majoritairement stato-centrées, mais il existe des exceptions : les études sur le Royaume-Uni,
l’Espagne, le Portugal – où les autrices donnent une place équivalente aux actions gouvernementales, aux
actions des associations, des institutions, des organisations et aux actions de l’ESR (enseignement supérieur
et de la recherche) – et la Roumanie – où les ONG (organisations non gouvernementales) ont joué un rôle
fondamental. Et il y a surtout une hétérogénéité des histoires de l’EMI – plus (Allemagne, France, Italie,
Royaume-Uni) ou moins (Portugal, Roumanie, Espagne, Grèce) longues, semble-t-il – et des actions mises
en place dont il est impossible de rendre compte dans une note de lecture. Peut-être aurait-il fallu rédiger une
frise chronologique de ces histoires européennes de l’EMI et des tableaux synthétiques comme ceux réalisés
sur le Portugal (p. 140-143).
7 L’hétérogénéité est liée aussi aux organisations institutionnelles des pays – l’État jacobin français, l’État
fédéral allemand, l’État fédéral suisse, les communautés francophones belges et leur « pilarisation » (les
« piliers » idéologiques)… – et aux histoires des pays. Ainsi le poids de la surveillance en RDA (République
démocratique allemande) est-il à l’origine d’une forte protection des données personnelles en Allemagne
(p. 26). Cette histoire montre que les politique d’EMI ne sont pas le monopole des démocraties sécularisées,
puisque Benito Mussolini et l’Église catholique ont joué un rôle fondateur dans l’EMI italienne (p. 102-
103). Ces différences ont eu des conséquences sur les politiques d’EMI qui semblent avoir manqué de
cohérence et avoir tâtonné.
8 Aujourd’hui, on continue de voir les différences de moyens mis en place qui sont liées à des choix
politiques : « Le déploiement du numérique dans les classes romandes a connu un grand coup d’accélérateur
ces cinq dernières années sur impulsion politique » (p. 203). Il en découle de fortes inégalités entre les pays
comme la Suisse et l’Espagne, où l’EMI est un « sujet en suspens » (p. 43). Mais les articles ne font pas part
des budgets consacrés à l’EMI ; ce qui limite les possibilités de comparaison et la possible utilité de
3. l’ouvrage pour des acteurs/actrices professionnel·les. Or, il peut y avoir de belles coquilles (de beaux
principes, projets…) sur le papier mais vides sur le terrain, même si l’objectif de former
30 000 enseignant·es et 130 000 élèves et étudiant·es donne une idée de l’ampleur des financements pour la
Suisse (p. 178). Or, les « digital natives » et « digital users » ne sont pas de facto des « digital learners »
(comme le rappelle l’article sur la Suisse p. 188), ni des « digital produsers » (comme le montre l’article sur
l’Espagne p. 54).
9Les articles pourront servir d’introduction pour de futures études dans ces pays, surtout s’ils sont traduits.
Mais il manque l’observation de l’EMI en action ou l’analyse des résultats d’une politique, même si l’article
à propos du projet Media Education de « learning by doing », lancé en 1989 à Édimbourg remplit, selon
l’autrice qui a interviewé des acteurs/actrices de terrain, les quatre conditions d’une « culture participative »
définie par H. Jenkins : affiliations, expressions créatives, résolution collaborative de problèmes, circulation
des contenus. Il nous apprend que « les jeunes publics se servent des nouveaux médias de façon innovante,
mais sont souvent à la marge des décisions et du processus politique » (p. 170) selon George de Paul.
10 Deux articles se distinguent de l’ensemble. D’une part, Florian Glibert, Emmanuel Wathelet et Baptiste
Campion, spécialistes de la Belgique francophone s’intéressent à l’idéologie développée par la principale
autorité spécialisée sur le sujet : le Conseil supérieur de l’éducation aux médias (CSEM) créé en 2009 à la
suite du Conseil de l’éducation aux médias (CEM) créé en 1995. Les auteurs ne critiquent pas l’existence
des politiques d’EMI, mais l’idéologie néolibérale qu’elles peuvent porter à travers la notion de littératie
médiatique. Cette conception « centrée sur l’individu et sa nécessaire responsabilisation » (p. 32) dont
« découle l’idée selon laquelle l’existence d’un manque chronique de “compétences médiatiques” est un
facteur explicatif central de phénomènes médiatiques souvent perçus comme inquiétants ou anxiogènes »
(p. 33) en oubliant les causes externes et structurelles. Par ailleurs, les auteurs rappellent, après Florian
Glibert (Quelle est la vision idéologique de l’éducation aux médias en Fédération Wallonie-Bruxelles ? Une
étude de cas : le Conseil Supérieur de l’Éducation aux Médias, mémoire de master en communication
appliquée/éducation aux médias, Institut des hautes études des communications sociales, Bruxelles, 2021),
l’existence de documents pédagogiques – qualifiés de « cadrages idéologiques » – où ne sont pas
mentionnés les réseaux OpenSource, les médias indépendants, les modèles économiques alternatifs, les
initiatives journalistiques non professionnelles et qui ont tendance à valoriser la publicité qui serait
nécessaire à la démocratie. Ils soulignent aussi les risques du milieu professionnel de l’EMI où les mêmes
personnes occupent « différentes places dans le même écosystème » et produisent « les mêmes pratiques
d’après les mêmes textes » (p. 38), c’est-à-dire de l’« isomorphisme institutionnel » au sens de Paul
DiMaggio et Walter W. Powell (« The Iron Cage Revisited: Institutional Isomorphism and Collective
Rationality in Organizational Fields », American Sociological Review, 48 (2), 1983, p. 147-160). Dès lors,
les auteurs incitent à développer de l’« auteurité organisationnelle » (Wathelet Emmanuel, Autorité et
auteurités émergentes dans un environnement organisationnel non hiérarchisé en ligne : le cas de la
construction de règles sur Wikipédia, thèse de doctorat en information et communication, Université
catholique de Louvain, 2015), de l’agentivité des acteurs de l’institutionnalisation (p. 39) où l’objectif
explicite est de transformer les paramètres institutionnels (Lawrence Thomas B. et Suddaby Roy,
« Institutions and institutional work », dans S. R. Clegg et al. (éds), Sage Handbook of Organization Studies,
Londres, Sage Publications, 2006, p. 215-254). Enfin, ils soulignent la contradiction à critiquer les médias
tout en incitant à utiliser toujours plus les médias, et concluent en disant que « penser stratégiquement les
allers-retours entre plus grande institutionnalisation d’un côté et proactivité dans l’évolution des normes
régissant ces institutions implique un travail de plaidoyer sur le plan pratique et un essentiel travail de
recherche sur le plan théorique » (p. 41).
11 L’article de Mar Guerrero-Pico et Maria-José Establés rend compte d’une étude quantitative (237 jeunes
de 12 à 16 ans) et qualitative en Espagne sur la professionnalisation lors des pratiques médiatiques. Celles-ci
restent très genrées – jeux vidéo surtout pour les garçons ; l’écriture collaborative et les réseaux sociaux
surtout pour les filles – même s’il y a des tendances vers plus d’égalité. Elles font apparaître des
utilisateur·ices occasionnel·les, aspirant·es et expert·es (Guerrero-Pico Mar, Masanet Maria-Jose et Scolari
Carlos A., « Toward a typology of young produsers: Teenagers’transmedia skills, media production, and
narrative and aesthetic appreciation », New Media & Society, 21 (2), 2019, p. 336-353) en fonction du type
de contenu produit, de la planification du processus de production et de l’application des critères narratifs et
esthétiques. La conclusion de la recherche laisse apparaître que la « professionnalisation des jeunes est très
4. minoritaire » (p. 58) chez des jeunes pourtant « pleinement conscients des opportunités offertes par les
industries numériques » (p. 62) et qu’une « meilleure compréhension des intérêts commerciaux est donc
nécessaire » via de l’éducation transmédia, donc « d’équiper les adolescents d’outils, ou d’éduquer les
familles et les enseignants qui ne sont pas conscients de leurs pratiques médiatiques quotidiennes » (p. 62).
12 Toutefois, les jeunes ne sont pas forcément destiné·es à toutes et tous se professionnaliser et devenir des
« digital produsers » dans les industries numériques. De plus, les jeunes semblent plus informé·es que les
« paniques morales » (p. 79) laissent entendre. L’étude de Ryan C. Moore et Jeffrey T. Hancock (« A digital
media literacy intervention for older adults improves resilience to fake news », Scientific reports, 12 (1),
2022) montre que les jeunes sont moins vulnérables aux fake news que les adultes. D’où la tendance vers
une EMI tout au long de la vie en plus des tendances vers l’EMI numérique et l’EMI créative qui font
consensus chez les auteurs/autrices.
Mis en ligne sur Cairn.info le 14/02/2024
Référence :
POULAIN Sébastien, « Laurence Corroy (dir.), Éducation aux médias en Europe. Histoire, enjeux et
perspectives », Questions de communication, n° 44, 2023/2, p. 478-480, https://www.cairn.info/revue-
questions-de-communication-2023-2-page-478.htm