Serge Tisseron, Le bonheur dans l'image, Les empêcheurs de tourner en rond, 1996 (2°ed, 2003)
Chapitre 3
Séminaire Arts Numériques, Master Arts et Création Numérique, UVHC, 2013
1. Chapitre 3
L'espace de la bande dessinée
● Art narratif (id. roman, film)
Scott McCloud « art séquentiel » : au minimum deux
images s'enchaînent pour former une séquence
● Succès phénoménal des « strips » dans les
années 30
● Stabilité des aventures : jour après jour, semaine après
semaine
● Continuité vs renouvellement quotidien de l'information
● Dénomination/définition : « bande, strip, fumetto »
Forme de récit fondé sur une harmonie de l'image et du mot
2. 1 – Un monde contenu
● Organisation formelle
● Chaque contenu est cerné, enfermé par un contenant
spécifique
● Forme unique : le trait
● Organisation de la durée
● Cinéma, télé : déroulement ininterrompu, imposé à
la conscience
● BD : interprétation
● Enchaînement : organisation dans le temps
● Juxtaposition : organisation dans l'espace
3. ● Enchaînement
● Succession narrative : contraintes de la temporalité
réelle, caractère irréversible des actions
● Parallèle BD/Cinéma
● Parenté de syntaxe
● Temps de l'action
● Vie du héros
● Art de l'ellipse
● Juxtaposition
● Logique soumise aux seuls désirs du lecteur (p45)
● Différente de la succession narrative
cf Arc dramatique
5. Rythme du lecteur
● Possibilité de fixer une image intérieure
● Participe au renforcement des enveloppes
psychiques
Ni anodin, ni neutre, ni puéril ou populaire ...
● Rassure sur la stabilité de notre propre espace
intérieur
● Soutient, contient notre propre psychisme :
« le cadre et l'encadre »
6. 2 – Un monde contenant
● Parallèle avec l'espace du rêve
● Mode imagé, figuratif
● Fonction contenante qui produit et englobe leur
contenu
● Renforce les enveloppes psychiques
● Délimite une réalité intérieure et extérieure
● Un dedans et un dehors
7. Page 48 :
En délimitant plus que tout autre genre un dedans et
un dehors, elle tend à refaire une enveloppe. Si elle
ne fait pas forcément « rêver » son lecteur, c'est parce
que sa fonction essentielle se situe en amont : elle
contribue à organiser un espace psychique contenant
dans lequel puissent ultérieurement se développer les
rêveries personnelles.
Si le mot de « bain d'images » s'impose pour la BD,
c'est d'une façon bien particulière. La BD est en
quelque sorte une eau courante mais canalisée, une
eau qui guide, oriente et cadre nos rêveries, mais
surtout une eau dont nous pouvons à tout moment
interrompre le flux.
8. Espace imaginaire
● Schéhérazade : Le corps crée l'espace comme
l'eau crée le vase
Idée d'une équivalence symbolique entre le corps et
l'espace, aux confins de l'intérieur et de l'extérieur
● Dans le rêve l'opposition entre le dedans et le
dehors s'efface et l'espace se ramène à son
origine corporelle et le corps à son essence
spatiale (Sami-Ali p124)
● Vision hypnagogique
● Chute d'A.
● Verbeek « dessus/dessous »
13. Dialectique du réel et de l'imaginaire
Rappel : jeu de la bobine, « for-da » Freud, 1920
1) équation : perception = désir
2) introduction du principe de réalité
3) réel = cas particulier de l'imaginaire
● Trois plans R I R', un axe : le corps propre
● Différent du corps biologique, subjectivité (objet/sujet)
● Identité de soi-même précède identité intellectuelle « cogito »
● « moi » au niveau le plus primordial (sensori-affectivo-moteur)
● Comment je sais que ma main m'appartient ?
● 20% d'erreur, sujets «normaux »
● 80% schizophrènes