More Related Content
Similar to Agenda pour un futur numerique et ecologique 2019 (20)
More from maxime-breithaupt (11)
Agenda pour un futur numerique et ecologique 2019
- 2. âLâagenda pour un futur numĂ©rique et Ă©colo-
giqueâ est une publication qui sâappuie sur
lâensemble des travaux du programme Tran-
sitionsÂČ engagĂ© depuis 2015 : ateliers, âOpen
ConfĂ©rence TransitionsÂČâ, contributions en
ligne sur la plateforme www.transitions2.
net,...
Dans lâensemble, TransitionsÂČ a rassem-
blé prÚs de 800 contributeurs : innovateurs,
chercheurs, entrepreneurs, grandes organi-
sations, acteurs publics, médias,...
Cette publication leur doit énormément!
Les contributeurs Ă lâ âAgenda pour
un futur numĂ©rique et Ă©cologiqueâ :
4D ; ADEME ; AirCitizen ; Air paca ; Airparif ; Androids
& Sheep ; ASTS ; Atmo Normandie ; BNP paribas ;
BPCE ; Caisse des dépÎts et consignations ; CAPTE;
CCI Ille-et-Vilaine ; Conseil départemental Seine-
Saint-Denis ; Cellabz ; Chaire TransitionÂČ - TechEdu-
Lab ; Chronos ; CivicWise ; Cleantech Business An-
gels ; Cleanweb LTD ; CLER - réseau pour la transition
énergétique ; Club des Villes et Territoires Cyclables ;
Club Green IT ; CNFPT ; Commissariat général au dé-
veloppement durable (CGDD) ; Communauté d'Agglo-
mération Rennes Métropole ; Communecter ; Conseil
départemental du Val-de-Marne ; Conseil régional
des Hauts de France ; Datactivist ; Deloitte DĂ©velop-
pement Durable ; EDF ; Energie Partagée ; Engie ; EN-
SAPLV ; ENSCI ; Essec ; GDS EcoInfo ; Fabrique des
Mobilités ; France Stratégie ; Futuribles ; GreenIT.fr ;
Groupe La Poste ; Hacktion Publique ; Haute Ăcole de
gestion de GenĂšve ; HESPUL ; Hoodbrains ; Halte Ă
lâObsolescence ProgrammĂ©e ; IDDRI ; If You Want To
; IGN ; Impak Finance ; InnoÂł ; INPI ; INRIA ; INSA Lyon
; Institut national de l'Ă©conomie circulaire ; Institut
Mines-Télécom Business School ; Institut Momen-
tum ; La Fabrique Ecologique ; La Navette Numérique
; La paillasse ; La PĂ©niche - Coop Infolab ; La Poste
; LabFab ; Labo des paysages ; Le Donut infolab ; le
Pacte Civique ; LeMarcheCitoyen.net ; Les Compa-
gnons du Devoir ; Les Energiques ; Les Explor'ables
; Les petits débrouillards ; LIP6 ; MinistÚre transition
Ă©cologique et solidaire ; Maison des Sciences de
lâHomme ; MyFood France ; Nantes MĂ©tropole ; New-
manity ; Novimpact ; OKF Ăcole des donnĂ©es ; Open
Law ; Open Source Politics ; Open Data France ; Open
Source Ecology ; Open Lande ; Orange ; ; Parlement
et citoyens ; Point de M.I.R ; Paris Ouest La DĂ©fense
; PĂŽle emploi ; Quattrolibri ; RĂ©gion Auvergne RhĂŽne
Alpes ; RĂ©gion SUD Provence-Alpes-CĂŽte d'Azur ; Re-
nault ; Ridy ; SCIC Tetris ; Sense Cube ; Silbo ; SNCF ;
Sopra Steria ; Suez ; SUPELEC ; The Camp ; The Shift
Project ; TOTEM mobi ; Transdev ; Université de Nan-
terre ; Université Paris-Sorbonne ; Université Paris 8 ;
Université Paris Diderot ; Université Paris-Est Créteil ;
Ville de Grenoble ; Ville de La Rochelle ; Ville de Paris
; Ville de Sceaux ; We Do Good ; WWF France⊠et
les quelques 500 participants aux journĂ©es âAgenda
pour le Futur TransitionsÂČâ.
Ce document est mis Ă disposition selon les termes
de la licence Creative Commons Attribution 3.0
France : http://creativecommons.org/licenses/
by/3.0/fr/
Vous ĂȘtes libre de partager, reproduire, distribuer et
communiquer ce document, lâadapter et lâutiliser
Ă des fins commerciales Ă condition de lâattribuer de
la maniĂšre suivante :
Fing, TransitionsÂČ : lâagenda pour un futur numĂ©rique
et Ă©cologique, 2019
Coordination de la publication :
Renaud Francou
RĂ©dacteurs :
Renaud Francou, Emma Gauthier, Aurialie
Jublin, Daniel Kaplan, Jacques-François Mar-
chandise
Remerciements particuliers :
Marine AlbarÚde, Frédéric Bordage, Cécile
Christodoulou, Chloé Friedlander, Hubert
Guillaud, Ugo Henri, Clément Mabi, Sophie
Mahéo, Charlotte Marchandise, Thierry Mar-
cou, Sarah Medjek, Manon Molins, Charles
Népote, Denis Pansu, Valérie Peugeot, Véro-
nique Routin, Mathieu Saujot, RĂ©mi Sussan,
Victoria Valentin ainsi quâaux experts de
l'ADEME qui ont relu et enrichi ce document.
Conception graphique :
Mathieu Drouet
L'agenda pour un futur numérique et
Ă©cologique sur le web :
www.fing.org/agenda-futur-numerique-ecologique
Fondation Internet Nouvelle
Génération :
www.fing.org - www.internetactu.net
- 3. Sommaire5
agendas Ă
engager
10
agendas Ă
(re-)construire
5
Ă©mergences
(et plus !) Ă
mettre Ă
lâagenda
En
synthĂšse
P.45
P.48P.83
P.52
P.79
P.56
P.61
P.65
P.70
P.75
P.39P.18
P.23
P.2
P.87
P.102
P.106
P.91
P.98
P.94
P.34
P.29
P.6
Lâagenda pour
un futur
numérique et
Ă©cologique
20 défis
pour relier
numérique et
Ă©cologie
20 défis
pour relier
numérique et
Ă©cologie
Défi n°5
Une mesure
distribuée de la
qualitĂ© de lâair
Défi n°16
Une culture
commune du
numérique et
de l'Ă©cologie au
service des ODD
Défi n°9
Le numérique au service
des politiques environ-
nementales locales
Défi n°8
Une âIndustrie du futurâ
qui prend lâenvironne-
ment au sérieux
Défi n°1
Un numérique
âĂ©cologique by
designâ
Défi n°20
Contre
lâeffondrement
Défi n°13
Relier numérique
et low tech
Défi n°14
Mobiliser le
numérique au service
dâune âdĂ©mocratie
Ă©cologiqueâ
Défi n°4
Mettre les "data" au
service dâimpacts
environnementaux
Défi n°17
Les apports du
numérique à l'agriculture,
l'agroécologie et la
permaculture Défi n°10
Des stratégies de
lieux partagés
Défi n°7
Construire une feuille
de route de la ville
durable et intelligente
Défi n°3
Le numérique pour une
approche collective des
mobilités durables
Défi n°18
Le numérique au service de
lâhabitat durable
Défi n°11
Les âmodĂšles
ouvertsâ au service
de la transition
Ă©cologique
Défi n°6
Les imaginaires
comme chemins de
la transition
Défi n°2
Orienter
lâinnovation vers
la recherche
dâimpacts majeurs
Défi n°19
Vers lâinternet de
lâĂ©nergie
Défi n°12
De nouvelles
inspirations pour
l'Ă©conomie circulaire
Défi n°15
Une seconde vie pour
les âCommunsâ de
lâĂ©cologie
5 principes
pour engager son
propre agenda
numérique et
Ă©cologique
⊠et 10 autres dĂ©fis Ă
mieux formuler ensemble !
- 4. En
synthĂšse
âLa transition Ă©cologique est lâhorizon indispensable de nos sociĂ©tĂ©s, la transition numĂ©rique la
grande force transformatrice de notre Ă©poque. La premiĂšre connaĂźt sa destination mais peine Ă
dessiner son chemin ; la seconde est notre quotidien, une force permanente de changement mais
qui ne poursuit pas dâobjectif collectif particulier. Lâune a le but, lâautre le chemin : chacune
des deux transitions a besoin de lâautre !â
LancĂ© en 2015, TransitionsÂČ est un projet collectif qui vise Ă "mettre le numĂ©rique au
service de la transition Ă©cologique". PortĂ© par la Fing avec lâADEME, lâIddri, Inria,
GreenIT.fr, le Conseil National du NumĂ©rique, Explorâables et dâautres, il a pour
ambition :
ââ dâexplorer les pistes nouvelles quâouvre la convergence entre numĂ©rique et
Ă©cologie â sans en occulter les risques ;
ââ de donner un sens Ă la transition numĂ©rique, en la confrontant aux dĂ©fis
Ă©cologiques ;
ââ de dĂ©cloisonner les communautĂ©s dâacteurs issus respectivement de lâĂ©cologie et
du numĂ©rique et dâengager des actions concrĂštes qui les rapprochent.
La prĂ©sente publication âLâagenda pour un futur
numĂ©rique et Ă©cologiqueâ rassemble et synthĂ©tise la
richesse de 3 ans de travaux : en livrant des clefs de lecture
de la contribution actuelle du numérique au service de la
transition Ă©cologique, en rassemblant les initiatives les plus
emblématiques et en proposant des pistes fertiles pour le futur.
Elle sâorganise en 20
âdĂ©fisâ, dont vous
trouverez ci-dessous
les synthĂšses.
- 5. 1. La technologie nâapporte pas de
solutions, mais les solutions peuvent
produire des technologies
Il est pratique de considérer la question écologique comme un ensemble de
âdĂ©fisâ, problĂšmes ou objectifs, quâil suffirait dâanalyser un par un pour y pro-
poser des âsolutionsâ : câest un rĂȘve dâingĂ©nieurs, Ă la source dâune multitude
dâinitiatives bien intentionnĂ©es qui mobilisent les technologies (notamment
numĂ©riques) pour ârĂ©pondre aux grands dĂ©fis de lâhumanitĂ©â. Le numĂ©rique est
gĂ©nĂ©ralement lâinfrastructure de mesure et de calcul de ces actions.
Dâune part, il sâagit dâune maniĂšre singuliĂšrement Ă©troite de considĂ©rer le nu-
mĂ©rique. Mais surtout, la question Ă©cologique est systĂ©mique, les âproblĂšmesâ
sont inextricablement reliés les uns aux autres et ne peuvent pas se traiter
séparément. Si le numérique doit aider à répondre à la crise (au sens de méta-
morphose) Ă©cologique, ce doit ĂȘtre en soutenant dâautres modĂšles de dĂ©velop-
pement, dâautres formes de production, dâĂ©change et de consommation.
Autrement dit, comme le souligne lâappel âRESET : RĂ©inventer le numĂ©riqueâ lan-
cĂ© dĂ©but 2019 par la Fing et dâautres acteurs du numĂ©rique, les dĂ©fis du monde
qui vient sâadressent aussi au numĂ©rique, et celui-ci ne contribuera Ă y rĂ©pondre
quâen se transformant lui-mĂȘme en profondeur, dans sa logique mĂȘme. C'est
aussi dans cette perspective qu'il faut considérer l'apport des "N-Tech" (Tech for
good, civic tech, food tech, low techâŠ) aux dĂ©fis Ă©cologiques
Travailler le numĂ©rique au service de lâenvironnement est donc moins une ques-
tion de technologie que de jeux dâacteurs, de modes dâorganisations, de nou-
veaux imaginaires.
Pour illustrer ce principe :
Si de nombreuses questions sub-
sistent, nous en savons déjà suffi-
samment pour commencer Ă agir en
vue de faire converger les deux tran-
sitions écologique et numérique.
Le numĂ©rique doit d'abord sâinventer
un agenda dâinnovation qui prenne
en compte la finitude du monde et
lâintrication des questions Ă©colo-
giques, technologiques, sociales et
Ă©conomiques. S'il veut gagner en
crédibilité et exprimer son potentiel, il devra d'abord ré-inventer la maniÚre dont
il est lui-mĂȘme conçu, prendre au sĂ©rieux sa propre empreinte, "circulariser" son
industrie. Avant de rĂ©inventer son lien avec lâensemble des activitĂ©s humaines
quâil contribue Ă transformer : est-il au service dâune exacerbation du modĂšle
productiviste et extractiviste, ou bien de lâĂ©mergence dâun monde plus sensible
aux effets des actions des uns sur les possibilitĂ©s dâexistence des autres ?
De son cÎté, les acteurs de la transition écologique doivent se saisir de la force
de transformation du numérique. Ils devront pour cela d'abord voir dans le nu-
mĂ©rique un âpouvoir de lienâ, un levier de capacitation des individus comme des
collectifs, une source de nouveaux modĂšles plutĂŽt qu'un instrument de calcul
rĂ©servĂ© Ă un petit nombre dâexperts.
ConcrĂštement, comment avancer ? Dans quelles directions engager cet agenda
? Et surtout, comment les innovateurs, les entreprises, les acteurs publics, les
chercheurs, les médias⊠peuvent-ils se saisir de ce travail ?
Quâil vise des enjeux Ă©nergĂ©tiques, agricoles, de mobilitĂ© ou nâimporte quel dĂ©fi
Ă©cologique ; quâil soit portĂ© par un acteur public, un organisme de recherche ou
un dispositif dâinnovation ; quâil sâagisse de travailler sur des Ă©mergences ou
sur des sujets plus mûrs⊠un agenda du numérique au service de la transition
Ă©cologique devrait s'appuyer sur cinq principes :
5 principes pour
engager son
propre agenda
numérique et
Ă©cologique
Les imaginaires
comme chemins
de la transition
Construire une
feuille de route de
la ville durable et
intelligente
Une âIndustrie du
futurâ qui prend
lâenvironnement
au sérieux
DĂFI DĂFI DĂFI
6 7 8
2
- 6. 3. Le numérique collaboratif et
lâĂ©cologie dĂ©mocratique ont partie
liée, mais ils ne le savent pas encore
assez
Les modÚles issus du numérique (Open, agiles, distribués, collaboratifs, etc.) ont
démontré du potentiel de transformation dans toutes sortes de domaines, mais
leurs apports aux questions Ă©cologiques n'ont rien d'Ă©vident. Ils restent des mo-
dĂšles : si on ne leur insuffle pas une vraie intention Ă©cologique, un objectif, les
rĂ©sultats ne suivront pas. Les promesses déçues de lâĂ©conomie collaborative
sont lĂ pour nous le rappeler.
On peut, comme Facebook, âouvrirâ sa recherche en intelligence artificielle afin
dâaccĂ©lĂ©rer le dĂ©veloppement de systĂšmes publicitaires toujours plus perfor-
mants ; ou, comme Local Motors, concevoir de maniĂšre collaborative Ă la fois
des navettes Ă©lectriques autonomes et des 4x4 pour fans de grosses bagnoles.
De mĂȘme, toutes les civic techs du monde ne suffiront pas faire Ă©merger une
âdĂ©mocratie Ă©cologiqueâ, si les citoyens et les institutions politiques (formelles
ou informelles) ne sont pas habités par cet enjeu.
Cependant, le numĂ©rique est depuis des dĂ©cennies un lieu dâexpĂ©rimentation
sociale de formes collaboratives de dĂ©cision et dâaction capables de relier lâac-
tion individuelle ou locale Ă la grande Ă©chelle (de la contribution sur Open Solar
Map aux rĂ©seaux de Repair CafĂ©s). Il est lâun des espaces oĂč sâest revitalisĂ©e
la pensĂ©e et la pratique des âcommunsâ. Et un vrai terrain dâexpĂ©rimentation
démocratique.
2. La force transformationnelle du
numĂ©rique nâest pas dans le calcul,
mais dans lâaction collective
Les dispositifs citoyens de mesure de la qualitĂ© de lâair (via des capteurs Ă bas
coĂ»ts) ne changent les comportement que sâils mobilisent ensemble des collec-
tifs dâhabitants dâun quartier ou dâun immeuble, de collĂšgues, de parents.
Les âdataâ sont une source majeure de crĂ©ation de connaissance, mais leur
usage dans les organisations produit aussi du dĂ©cloisonnement et contribue Ă
âcasser les silosâ.
Les mobilitĂ©s durables sont dâabord une affaire de gouvernance, dâorchestration
dâune multitude dâinitiatives innovantes et de nouvelles formes de partenariat et
de collaboration entre acteurs privés et publics.
La principale force du numĂ©rique au service de la transition Ă©cologique nâest pas
à chercher du cÎté du calcul, mais de celui du partage, de la collaboration et du
lien social. Câest du cĂŽtĂ© des approches collectives quâil sera le plus Ă mĂȘme de
proposer des leviers de transformation.
Dâautre part, une âculture communeâ des enjeux numĂ©riques et environnemen-
taux est plus que jamais nécessaire. Le numérique est source de renouvelle-
ment dâimaginaires, il sait organiser la collaboration et parfois le passage Ă
lâĂ©chelle ; lâĂ©cologie sait donner un but Ă lâinnovation, tenir compte des âeffets
rebondâ, penser en systĂšmes. Cette dimension culturelle - apprendre les uns
des autres et produire de nouvelles synthÚses - constitue un préalable indispen-
sable Ă toute dĂ©marche qui voudrait tirer partie de lâun et de lâautre.
Pour illustrer ce principe :
Le numérique
pour une ap-
proche collective
des mobilités
durables
Le numérique
au service des
politiques envi-
ronnementales
locales
Mettre les "data"
au service
dâimpacts envi-
ronnementaux
Des stratégies
de lieux
partagés
Une mesure
distribuée de la
qualitĂ© de lâair
DĂFI DĂFI DĂFI
DĂFIDĂFI
3 4 5
109
3
- 7. 4. Lâinnovation ne jouera un rĂŽle
positif dans la transition Ă©cologique
quâen se focalisant sur son impact
autant que sur son modĂšle
Ă©conomique
Pour rĂ©aliser la transition Ă©cologique, nous avons besoin dâinnovation, mais pas
de nâimporte quelle innovation : des projets qui visent des impacts environne-
mentaux ambitieux, explicites et crĂ©dibles, qui sâintĂ©ressent Ă ses impacts sur
dâautres secteurs et acteurs - et surtout qui se donnent les moyens de vĂ©rifier
quâils seront atteints, ce qui est encore trop peu le cas aujourdâhui.
Dâautre part, lâinnovation ne jouera un rĂŽle Ă©cologique positif que si le systĂšme
dâinnovation - lâensemble des mĂ©thodes, des institutions et des dispositifs finan-
ciers qui rendent possible, légitiment, sélectionnent des propositions inno-
vantes - Ă©volue pour donner autant dâimportance Ă lâimpact des projets (Ă©colo-
gique et social, positif et nĂ©gatif) quâĂ la crĂ©ation de valeur Ă©conomique.
Mieux relier le modĂšle dâaffaire dâune innovation Ă son modĂšle dâimpact, accom-
pagner et soutenir les innovateurs qui sâen donneront la peine : câest Ă cette
double condition que lâinnovation pourra rĂ©ellement tenir ses promesses.
Pour illustrer ce principe :
Un rapprochement stratĂ©gique entre les acteurs de lâĂ©cologie, ceux de lâinnova-
tion publique et démocratique (numérique ou non), et ceux du numérique colla-
boratif, ouvrirait de nouvelles perspectives en vue de lâĂ©mergence dâune Ă©colo-
gie non technicienne, Ă la fois quotidienne et politique.
Pour illustrer ce principe :
Les âmodĂšles
ouvertsâ au
service de
la transition
Ă©cologique
Orienter
lâinnovation vers
la recherche
dâimpacts majeurs
Une seconde
vie pour les
âCommunsâ de
lâĂ©cologie
Relier numérique
et low tech
Les apports du
numĂ©rique Ă
l'agriculture,
l'agroécologie et la
permaculture
Mobiliser le
numérique au
service dâune
âdĂ©mocratie
Ă©cologiqueâ
Vers lâinternet de
lâĂ©nergie
DĂFI
DĂFI DĂFI DĂFI
DĂFIDĂFIDĂFI
2
11 13 14
191715
4
- 8. 5. Le numérique et son industrie
doivent montrer la voie
âLâIT for Green nâest pas une excuse pour dĂ©laisser le Green ITâ. Ou dit autrement :
le secteur du numérique doit reconsidérer sa propre empreinte écologique
(qui est massive) avant de prétendre outiller des démarches, des modÚles, des
collectifsâŠ
Lâindustrie du numĂ©rique et ses utilisateurs devraient ĂȘtre les tĂȘtes de pont de
lâĂ©conomie circulaire, en proposant des produits Ă©co-responsables, modulaires,
rĂ©parables, recyclables et surtout, dâune durĂ©e de vie plus longue ; et des ser-
vices clairement pensés dans un esprit de frugalité (en ressources informa-
tiques et rĂ©seau, mais aussi en termes de temps et dâattention).
Un agenda du numérique au service d'une question environnementale devra
ainsi porter attention à un numérique "écologique by design". Le numérique
devra aussi revoir plus largement ses modes de conception : Ă©clairer plutĂŽt
qu'opacifier la prise de décision, chercher à fluidifier l'attention plutÎt que l'ins-
trumentaliser, distribuer du pouvoir d'agir plutÎt que prescrire,⊠Le numérique
a besoin d'un "RESET*
" : reconsidérer sa contribution à la transition écologique
est l'occasion rĂȘvĂ©e pour engager sa mue !
Pour illustrer ce principe :
Un numérique
âĂ©cologique by
designâ
Une culture
commune du
numérique et de
l'Ă©cologie sur les
ODD
Contre
lâeffondrement
*âIl est temps de dĂ©crire le numĂ©rique que nous voulonsâ, tribune
parue dans Le Monde le 26 janvier 2019 : https://reset.fing.org/tri-
bune-reinventer-le-numerique.html
DĂFIDĂFIDĂFI
20161
5
- 9. Une culture commune du numérique
et de l'Ă©cologie sur les ODD
CâEST PAS OU PEU Ă LâAGENDA
LâIMPACT ĂCOLOGIQUE POSITIF EST LâINTENTION PRINCIPALE
LA RECHERCHE DâIMPACT ĂCOLOGIQUE POSITIF EST UN âSOUS-PRODUITâ DâUN AUTRE OBJECTIF
DES « AGENDAS » DĂJĂ Ă LâOEUVRE
DES AGENDAS Ă
ĂCRIRE
DES AGENDAS Ă
RE-CONSTRUIRE
DES AGENDAS Ă
METTRE EN ĆUVRE
Relier numérique et
low tech
Le numérique au service des politiques
environnementales locales
Vers lâinternet
de lâĂ©nergie
Les âmodĂšles ouvertsâ au service de
la transition Ă©cologique
Une seconde vie pour les
âCommunsâ de lâĂ©cologie
Des stratégies de
lieux partagés
Mobiliser le numérique au service
dâune âdĂ©mocratie Ă©cologiqueâ
Contre
lâeffondrement
Les imaginaires comme
chemins de la transition
Mettre les "data" au service
dâimpacts environnementaux
Un numĂ©rique âĂ©cologique
by designâ
Le numérique pour une approche
collective des mobilités durablesUne mesure distribuée
de la qualitĂ© de lâair
Orienter lâinnovation vers la
recherche dâimpacts majeurs
Le numérique au service
de lâhabitat durable De nouvelles inspirations
pour l'Ă©conomie circulaire
Les apports du numérique
Ă l'agriculture
Construire une feuille de
route de la ville durable
et intelligente
Une âIndustrie du futurâ qui prend
lâenvironnement au sĂ©rieux
Une culture commune du numérique
et de l'Ă©cologie sur les ODD
CâEST PAS OU PEU Ă LâAGENDA
LâIMPACT ĂCOLOGIQUE POSITIF EST LâINTENTION PRINCIPALE
LA RECHERCHE DâIMPACT ĂCOLOGIQUE POSITIF EST UN âSOUS-PRODUITâ DâUN AUTRE OBJECTIF
DES « AGENDAS » DĂJĂ Ă LâOEUVRE
DES AGENDAS Ă
ĂCRIRE
DES AGENDAS Ă
RE-CONSTRUIRE
DES AGENDAS Ă
METTRE EN ĆUVRE
Relier numérique et
low tech
Le numérique au service des politiques
environnementales locales
Vers lâinternet
de lâĂ©nergie
Les âmodĂšles ouvertsâ au service de
la transition Ă©cologique
Une seconde vie pour les
âCommunsâ de lâĂ©cologie
Des stratégies de
lieux partagés
Mobiliser le numérique au service
dâune âdĂ©mocratie Ă©cologiqueâ
Contre
lâeffondrement
Les imaginaires comme
chemins de la transition
Mettre les "data" au service
dâimpacts environnementaux
Un numĂ©rique âĂ©cologique
by designâ
Le numérique pour une approche
collective des mobilités durablesUne mesure distribuée
de la qualitĂ© de lâair
Orienter lâinnovation vers la
recherche dâimpacts majeurs
Le numérique au service
de lâhabitat durable De nouvelles inspirations
pour l'Ă©conomie circulaire
Les apports du numérique
Ă l'agriculture
Construire une feuille de
route de la ville durable
et intelligente
Une âIndustrie du futurâ qui prend
lâenvironnement au sĂ©rieux
- 10. DĂ©fi n°1 : Un numĂ©rique âĂ©cologique by designâ
⹠Le numérique porte en lui sa propre empreinte, qui ne se limite pas
à la consommation énergétique. Tout au long de son cycle de vie,
les infrastructures, terminaux et services numériques consomment
de nombreuses ressources - et cette empreinte sâaccroĂźt de maniĂšre
exponentielle ;
âą Pour relever le dĂ©fi dâun numĂ©rique âĂ©cologique by designâ, il faudra
concilier des approches dâoptimisation (limiter lâempreinte des
produits et services existants) mais aussi explorer de nouveaux
modĂšles dâĂ©co-conception et dâusage ;
âą Pour y parvenir, les communautĂ©s engagĂ©es dans le âGreenITâ devront
se structurer pour donner plus de force Ă leur action, agir Ă la fois
en direction des acteurs du numérique (infrastructures, industriels,
concepteurs, servicesâŠ) comme des utilisateurs - en particulier les
entreprises.
DĂ©fi n°4 : Mettre les âdataâ au service dâimpacts
environnementaux
⹠Supports majeurs de la connaissance, de la décision et de
lâĂ©valuation, mais aussi (sous certaines conditions) du dĂ©bat et de
la collaboration, les données peuvent jouer un rÎle considérable au
service de lâaction en matiĂšre environnementale et Ă©cologique. Elles
peuvent contribuer autant Ă la prise de conscience quâĂ lâexploration
de solutions ;
âą De nombreux projets publics, privĂ©s et associatifs sâen saisissent de
maniÚre féconde. La plupart rencontrent cependant des difficultés
pour durer, pour passer Ă lâĂ©chelle et pour produire un impact
significatif. En cause, notamment : les enjeux de pouvoir et de
propriĂ©tĂ© autour des donnĂ©es et le manque dâune culture partagĂ©e de
la donnée ;
âą Les prioritĂ©s pour lâaction portent donc sur lâaccĂšs aux donnĂ©es, leur
coproduction et leur partage, sur la coopération entre les acteurs et
enfin, sur le dĂ©veloppement large dâune âlittĂ©racie de la donnĂ©eâ (data
literacy) accessible aux non-spécialistes.
DĂ©fi n°2 : Orienter lâinnovation vers la recherche
dâimpacts majeurs
âą Les systĂšmes dâinnovation doivent devenir capables de faire Ă©merger
et grandir des projets qui accordent autant dâimportance Ă lâimpact
Ă©cologique et social, quâĂ la crĂ©ation de valeur Ă©conomique. MalgrĂ©
les bonnes intentions, ce nâest pas le cas aujourdâhui ;
âą Pour y parvenir, il faut : se doter dâun rĂ©fĂ©rentiel dâanalyse des projets
âĂ impactâ ; crĂ©er des dispositifs de soutien spĂ©cifiques ; engager
une ârevue Ă©cologiqueâ de lâensemble des politiques de soutien Ă
lâinnovation ; et Ă terme, faire Ă©voluer les rĂšgles comptables des
entreprises pour tenir compte de lâimpact de leur activitĂ© sur les
capitaux financiers, naturels et humains ;
âą La communautĂ© TransitionsÂČ a produit un premier rĂ©fĂ©rentiel de
âlâInnovation Facteur 4â quâelle mettra en test en 2018-2019. Dâautres
outils du mĂȘme type existent ou Ă©mergent dans le monde, et il
sera utile dâexplorer les pistes de rapprochement pour aboutir Ă un
âlangage communâ aux innovateurs et Ă ceux qui les accompagnent ;
Défi n°3 : Le numérique pour une approche
collective des mobilités durables
⹠Le numérique formule déjà de nombreuses promesses au service
des mobilités durables : optimiser les trajets, augmenter le taux
dâoccupation des vĂ©hicules, diversifier les formes de mobilitĂ©,
favoriser les mobilitĂ©s collectives et activesâŠ
âą Pour autant, les innovations Ă lâoeuvre ne tirent pas dans le mĂȘme
sens : si elles enrichissent les offres de mobilité existantes, elles en
complexifient aussi lâorchestration et la gouvernance ;
âą Pour avancer, les acteurs publics pourraient mieux formuler
leurs intentions environnementales, travailler sur des formes
plus collectives dâinnovation et inventer de nouvelles formes de
gouvernance ;
âą Les innovateurs gagneraient Ă mutualiser des moyens et des
ressources et proposer des rĂ©ponses communes, plus faciles Ă
appréhender par les acteurs publics, les utilisateurs et les autres
acteurs de la mobilité.
20
5
10
5
pour relier
numérique
et Ă©cologie
DE FIS
agendas Ă
engager
agendas
Ă (re-)
construire
Ă©mergences
(et plus !)
Ă mettre Ă
lâagenda
5 agendas Ă engager
- 11. Défi n°5 : Une mesure distribuée de la qualité de
lâair
âą Le numĂ©rique a favorisĂ© lâĂ©mergence de nouveaux outils et de
nouvelles maniĂšres de mesurer la qualitĂ© de lâair : initiatives
plus ou moins organisĂ©es de âcapteurs citoyensâ, dispositifs de
mesure, cartographies ou datavisualisations⊠;
âą Ces initiatives de mesure distribuĂ©e demeurent pour lâinstant
parallĂšles aux dispositifs de mesure ou de production de
donnĂ©es âhistoriquesâ et les recoupent peu, alors que chacun
pourrait bĂ©nĂ©ficier dâapports mutuels (la comprĂ©hension fine des
enjeux complexes de la qualitĂ© de lâair dâun cĂŽtĂ©, la multitude et
lâimplication citoyenne de lâautre) ;
âą Lâenjeu est dâabord dâorchestrer la diversitĂ© des sources au
service de la diversité des besoins et de chercher à donner du
sens à un ensemble beaucoup plus hétérogÚne de données ;
⹠Un agenda du numérique au service de la mesure de la qualité
de l'air devrait ainsi sâappuyer sur un âsocleâ destinĂ© Ă crĂ©er une
culture commune, Ă la fois sur les enjeux de la qualitĂ© de lâair et
les dimensions plus techniques liés aux capteurs et à la mesure
DĂ©fi n°8 : Une âIndustrie du futurâ qui prend
lâenvironnement au sĂ©rieux
âą Les visions de lâusine du futur convoquent un numĂ©rique
trĂšs technique (robotique, intelligence artificielle, big data...),
mais ne prennent généralement pas en compte la dimension
environnementale comme un enjeu majeur ;
âą Lâenjeu est de construire des visions partagĂ©es : aujourdâhui,
les récits n'existent pas encore réellement, chaque acteur les
raconte séparément et à sa façon ;
⹠Pour avancer, il est nécessaire de construire une culture
commune : culture ingĂ©nieur / culture numĂ©rique dâun cĂŽtĂ© et
culture ingĂ©nieur / culture environnementale de lâautre. Câest Ă
cette condition que lâusine du futur pourra tirer parti Ă la fois de
la modularité et de l'agilité de l'innovation numérique tout en se
pensant comme un maillon essentiel de la transition Ă©cologique.
Défi n°6 : Les imaginaires comme chemins de la
transition
⹠La perspective technologique est celle du dépassement des
limites : il sâagit, soit de les franchir, soit de les abolir. LâĂ©cologie
nous invite au contraire à intégrer les limites : contenir, réduire,
relier les systĂšmes en âbouclesâ ;
âą De nombreux exercices de prospective et de fiction travaillent le
lien entre ces deux perspectives, mais peu sont engagés dans le
but explicite dâengager lâaction au-delĂ de solutions technicistes ;
âą Lâenjeu est de considĂ©rer les imaginaires comme pouvant ouvrir
de nouvelles voies, dont le numĂ©rique peut faciliter lâexploration.
Défi n°7 : Construire une feuille de route de la ville
durable et intelligente
âą En rendant plus efficients les âsystĂšmes urbainsâ, les projets de
villes âintelligentesâ promettent trop facilement de rendre les
villes plus âvertesâ ;
âą Cependant, les racines et les groupes dâacteurs qui fondent
respectivement la smart city (centrĂ©e sur lâĂ©conomie et les
services) et la âVille durableâ (qui privilĂ©gient les dimensions
sociale et environnementale) ne sont pas les mĂȘmes et nâont
donc aucune raison de converger naturellement ;
âą Lâenjeu est de rapprocher, de maniĂšre volontariste, les projets de
ville intelligente et de ville durable et de construire une feuille
de route commune : méthodes de conception, indicateurs,
programmes de soutien, observatoires, ...
20
5
10
5
DE FIS
agendas Ă
engager
agendas
Ă (re-)
construire
Ă©mergences
(et plus !)
Ă mettre Ă
lâagenda
pour relier
numérique
et Ă©cologie
10 agendas Ă (re-)construire
- 12. Défi n°9 : Le numérique au service des politiques
environnementales locales
âą Quâil sâagisse dâĂ©nergie, de mobilitĂ©, de circuits courts
alimentaires, de fabrication/rĂ©paration, dâopen data⊠les
dispositifs numĂ©riques peuvent sâavĂ©rer utiles pour outiller et
renforcer les dynamiques locales, les aider Ă se relier, faciliter la
participation et lâefficacitĂ© ;
âą Pourtant, ce nâest pas, ou trop peu, le cas aujourdâhui : les
agendas 21, plans de dĂ©placement ou de gestion des dĂ©chetsâŠ
ne sâappuient pas sur les cultures numĂ©riques, alors que de
nombreuses innovations territoriales pourraient faire office de
âplateformeâ ;
âą Un agenda du numĂ©rique au service de lâ âagir localâ devrait
dâabord chercher Ă qualifier les leviers numĂ©riques qui aident les
initiatives existantes Ă se relier et faciliter la participation : en
orchestrant les innovations territoriales, en travaillant la mise
en capacité des concepteurs de politiques publiques autour des
données et en renforçant la maßtrise de ses mobilités, de son
autonomie énergétique, du bon fonctionnement des circuits
courts...
Défi n°12 : De nouvelles inspirations pour
l'Ă©conomie circulaire
âą LâĂ©conomie circulaire, fortement outillĂ©e par le numĂ©rique, est
souvent prĂ©sentĂ©e comme la source dâune âĂ©cologisationâ
possible de lâĂ©conomie contemporaine. Cependant, ses
réalisations concrÚtes demeurent modestes et, en se focalisant
sur le âdĂ©couplageâ entre croissance et consommation de
ressources, elle néglige le défi principal : réduire les volumes
produits et consommés ;
âą Sans intĂ©grer cette perspective, lâapport du numĂ©rique Ă
lâĂ©conomie circulaire restera faible : tracer de lâinformation et des
objets pour en optimiser les flux reste un champ fertile mais il ne
produira pas dâeffets environnementaux dĂ©cisifs ;
âą Pour avancer, lâĂ©cosystĂšme de lâĂ©conomie circulaire pourrait
explorer trois directions : voir dans le numérique autre chose
quâun instrument de calcul mais aussi un lieu dâexpĂ©rimentation
continue de nouveaux modĂšles Ă©conomiques ; circulariser
lâĂ©conomie numĂ©rique elle-mĂȘme ; travailler des formes de
valorisation de lâĂ©conomie circulaire qui ne reposent pas sur un
principe dâaccumulation de richesse.
Défi n°10 : Des stratégies de lieux partagés
âą Le numĂ©rique menace certains lieux dâobsolescence, en
dématérialisant un certain nombre de services, tout en outillant
des dynamiques de partage de lieux existants, ainsi que de
crĂ©ation de âtiers lieuxâ pensĂ©s autour du partage ;
âą Ces dynamiques de partage pourraient rencontrer des objectifs
Ă©cologiques : lutte contre lâĂ©talement urbain, rĂ©duction des
déplacements automobiles contraints⊠Cependant, en dehors
de certains tiers lieux associatifs, lâenjeu Ă©cologique nâest pas au
coeur du modÚle des lieux partagés comme des plateformes de
partage dâespaces existants ;
âą Lâenjeu est de concevoir des stratĂ©gies de lieux partagĂ©s Ă des
plus grandes Ă©chelles, qui poursuivent entre autres des objectifs
environnementaux explicites.
DĂ©fi n°11 : Les âmodĂšles ouvertsâ au service de la
transition Ă©cologique
⹠La complémentarité entre écologie et modÚles ouverts
(principalement) issus du numérique est potentiellement claire :
les modĂšles ouverts sont susceptibles de permettre Ă des
projets à visée écologique de passer à la grande échelle, sans
nécessairement abandonner leurs principes et valeurs ;
âą Mais les modĂšles ouverts ne sont pas âvertsâ par essence :
tant qu'il n'y a pas une intention explicite d'impact positif sur
l'environnement et que cette intention n'est pas une priorité de
l'organisation, les modĂšles ouverts n'ont pas d'impact positif sur
l'environnement ;
âą Pour progresser, lâenjeu est double : dâun cĂŽtĂ©, tirer parti de
lâexpĂ©rience des modĂšles ouverts pour permettre Ă des projets
écologiques de grandir, se répliquer, se relier, se pérenniser⊠de
lâautre, il sâagit dâenrichir les modĂšles ouverts par des modalitĂ©s
de prise en compte et de gestion des impacts.
20
5
10
5
DE FIS
agendas Ă
engager
agendas
Ă (re-)
construire
Ă©mergences
(et plus !)
Ă mettre Ă
lâagenda
pour relier
numérique
et Ă©cologie
- 13. Défi n°13 : Relier numérique et low tech
⹠Tout ou presque semble opposer le numérique et les low
tech : lâempreinte Ă©cologique du numĂ©rique est massive
et sâaccroĂźt sans cesse, le rythme de renouvellement
de ses outils est effréné,... En un mot, le numérique
promeut souvent du âplusâ quand les low tech prĂŽnent
la dĂ©sobsolescence, la rĂ©parabilitĂ© et lâĂ©conomie de
ressources ;
âą Pourtant, elles partagent un ensemble de valeurs
communes : la collaboration entre pairs ; un patrimoine
informationnel commun, partagé et collaboratif ; une
culture du dĂ©tournement et de lâexpĂ©rimentation ;
âą Lâenjeu est donc moins de les opposer que de chercher des
chemins ou leur alliance pourrait ĂȘtre propice aux enjeux
Ă©cologiques : travailler dâautres formes de conception,
mettre en réseau des communautés et des ressources
pour produire de nouveaux types dâobjets plus durables,
construire des imaginaires de la âfrugalitĂ© heureuseâ et
concevoir un numĂ©rique du âmieuxâ plutĂŽt que du âplusâ en
sâinspirant des principes qui rĂ©gissent les low tech.
Défi n°16: Une culture commune du numérique et de
l'Ă©cologie au service des ODD
âą Lâapport du numĂ©rique au Objectifs du DĂ©veloppement Durable (ODD)
est trop souvent réduit à des approches technicistes (la technologie
devant fournir des âsolutionsâ Ă des dĂ©fis sociĂ©taux et Ă©conomiques)
et inclusives (oĂč lâenjeu est de raccorder chacun Ă lââinfrastructure
internetâ pour donner accĂšs Ă la connaissance de maniĂšre Ă©quitable) ;
âą Du fait du caractĂšre systĂ©mique des enjeux Ă©cologiques, lâapport du
numĂ©rique ne peut pourtant se rĂ©duire Ă un ensemble de solutions : sâil
doit aider à répondre à la crise (au sens de métamorphose) écologique,
ce doit ĂȘtre en soutenant dâautres modĂšles de dĂ©veloppement, dâautres
formes de production, dâĂ©change et de consommation ;
âą Un agenda du numĂ©rique au service des ODD pourrait sâengager autour
dâun meilleur usage des âdonnĂ©esâ, la âculture du faireâ comme vecteur
de compréhension des enjeux écologiques, outiller la participation et
donner des repĂšres aux innovateurs - tout en prenant en compte les
inter-relations entre les enjeux Ă©conomiques, environnementaux et
sociaux identifiés par les ODD.
Défi n°14 : Mobiliser le numérique au service
dâune âdĂ©mocratie Ă©cologiqueâ
âą Les civic tech au service des enjeux Ă©cologiques existent
dans diffĂ©rents champs, quâil sâagisse de faciliter la
confrontation des arguments, améliorer la circulation
de lâinformation ou renouveler les interactions avec les
décideurs ;
âą Pourtant, leur contribution Ă la transition Ă©cologique
est encore peu visible : leur capacité à produire de
lâempowerment est discutable, les modĂšles Ă©conomiques
restent souvent associés à de la vente de données et
leur lien avec les acteurs âtraditionnelsâ de la dĂ©mocratie
participative reste faible ;
⹠Les acteurs des civic tech doivent gagner en maturité, sortir
dâune vision souvent encore trop techniciste et rationnelle
au risque de produire des systÚmes de décisions encore
plus incompréhensibles. Elles devront pour cela travailler
plus en profondeur sur une double litteracie, Ă la fois
numérique et écologique.
DĂ©fi n°15 : Une seconde vie pour les âCommunsâ de
lâĂ©cologie
âą En facilitant la circulation des savoirs et des connaissances, le
numérique a revivifié la notion de Communs, y compris dans les
champs environnementaux (cartographie du potentiel de panneaux
solaires, suivi de la déforestation, licences libres pour protéger les
semences,...)
âą Mais il ne suffit pas dâutiliser des outils numĂ©riques sur des logiques
de partage pour en faire des Communs, encore moins des Communs
vertueux du point de vue environnemental comme lâa montrĂ©
lâexpĂ©rience de la consommation collaborative ;
⹠Un agenda du numérique au service des Communs environnementaux
inviterait ainsi dâabord Ă engager un travail de culture commune
entre les acteurs du numĂ©rique, de lâĂ©cologie et les âCommonersâ, qui
empruntent souvent aux deux cultures. Les premiers sont familiers de
nouveaux modĂšles de production et distribution de la connaissance et
ses applications ; les seconds ont une longue culture et pratique des
difficiles questions de gouvernance, y compris dans des temps longs.
20
5
10
5
agendas Ă
engager
agendas
Ă (re-)
construire
Ă©mergences
(et plus !)
Ă mettre Ă
lâagenda
DE FIS
pour relier
numérique
et Ă©cologie
5 Ă©mergences (et plus !) Ă mettre Ă lâagenda
- 14. Défi n°17 : Les apports du numérique à l'agriculture,
l'agroécologie et la permaculture
⹠Les apports du numérique à l'agriculture, l'agroécologie et la
permaculture
⹠Drones, robots, stations agro-météorologiques⊠le numérique
est avant tout le support de rationalisation des décisions et de
schémas prédictifs, pour permettre aux agriculteurs de surveiller
leur production et dâoptimiser leur rendement - ce qui peut rendre
les agriculteurs technologiquement dépendants ;
⹠Plus souvent sous les radars, il outille également la résurgence
des circuits courts, des réseaux locaux de permaculture, de
nouvelles formes dâalimentation⊠;
âą Lâenjeu est de donner plus de place aux initiatives oĂč le numĂ©rique
outille le partage de connaissance, la mise en rĂ©seau dâinitiatives
trop dispersĂ©es ou le support de nouveaux modĂšles, Ă lâinstar des
Open Models for Sustainability.
DĂ©fi n°20 : Contre lâeffondrement
⹠Le numérique est clairement montré du doigt comme une
cause (parmi dâautres) de lâ âeffondrementâ : par son empreinte
écologique et énergétique croissante, par son marketing agressif,
et surtout parce quâil est le symbole de modes de production et
de consommation qui ne tiennent pas compte des limites de la
planĂšte ;
âą Mais il est Ă©galement la source dâinitiatives (mais aussi
dâimaginaires) qui visent Ă intĂ©grer ou repousser les limites
planétaires, voire à se projeter dans un monde post-
effondrement : cultiver des matériaux, recréer des équilibres dans
la biosphĂšre, imaginer de nouvelles sources dâalimentation⊠;
âą Lâenjeu est de construire un agenda âhybrideâ, qui prĂȘterait
attention aux initiatives à forte densité technologique (qui pour
beaucoup relĂšvent aujourdâhui de projets de recherche) tout
en exploitant la âforce socialeâ du numĂ©rique pour explorer de
nouveaux imaginaires ou soutenir le développement des low tech.
DĂ©fi n°18 : Le numĂ©rique au service de lâhabitat
durable
âą Lâapport du numĂ©rique Ă lââhabitat durableâ est aujourdâhui
essentiellement focalisé sur la mesure, la modélisation et
lâefficience (BIM, Smart grids,...) ;
âą Pourtant, dâautres propositions mobilisant du numĂ©rique
gagneraient Ă ĂȘtre intĂ©grĂ©es dans les stratĂ©gies de lutte contre
lâempreinte environnementale de lâhabitat et de ses habitants :
un usage mieux partagĂ© des âdonnĂ©esâ, la prise en compte dĂšs la
conception de modalités de partage des lieux, une meilleure (re)
connaissance des pratiques de âDo It Yourselfâ⊠;
âą Un agenda du numĂ©rique au service de lâhabitat devrait ainsi
relier les projets âsmartâ Ă des initiatives plus Ă©clatĂ©es, basĂ©es
sur la mutualisation, la collaboration voire la mobilisation.
DĂ©fi n°19 : Vers lâinternet de lâĂ©nergie
âą LâInternet de lâĂ©nergieâ propose de sâinspirer du modĂšle de
lâinternet pour concevoir des systĂšmes dĂ©centralisĂ©s de
production et de distribution dâĂ©nergie, en sâappuyant notamment
sur une gestion fine des données ;
âą Aussi sĂ©duisant quâil soit sur le papier, ce concept est
controversĂ© : il reposerait sur des technologies elles-mĂȘmes
coûteuses en ressources ; il ne suffirait pas à couvrir les besoins
en énergie ; il conduirait à du suréquipement, de la surproduction
voire de la surconsommation ; il favoriserait en définitive plutÎt
les acteurs du secteur que les consommateurs ;
âą Un agenda Ă©cologique de lâinternet de lâĂ©nergie pourrait consister
Ă la fois Ă travailler sur sa propre empreinte Ă©cologique et,
surtout, Ă en faire un projet collectif de transformation de notre
rapport Ă lâĂ©nergie.
20
5
10
5
DE FIS
agendas Ă
engager
agendas
Ă (re-)
construire
Ă©mergences
(et plus !)
Ă mettre Ă
lâagenda
pour relier
numérique
et Ă©cologie
- 15. Introduction
Comment le numérique pourrait-il jouer un rÎle décisif dans la transition
Ă©cologique? Le potentiel de transformation quâon lui prĂȘte volontiers pourrait-il
sâexprimer au service de la planĂšte ?
Depuis 2015, cette question mobilise une communautĂ© dâinnovateurs, de chercheurs,
dâacteurs publics et de militants rassemblĂ©s dans la dynamique TransitionsÂČ,
qui explore de nouvelles voies pour une plus juste contribution du numĂ©rique Ă
lâenvironnement1
.
La situation dâaujourdâhui nâest pas satisfaisante. Le numĂ©rique pollue et les actions
en vue dâen rĂ©duire les nuisances ne sont pas du tout Ă la hauteur du problĂšme. Mais
surtout, lâagenda transformateur du numĂ©rique, celui de la fameuse âtransition
numĂ©riqueâ, prend peu ou pas en compte celui de lâindispensable transition
Ă©cologique. Tout en ayant le mĂ©rite dâexister, les feuilles de routes actuelles
dâinnovation, de recherche ou dâaction publique qui tentent de mettre le numĂ©rique
au service de lâenvironnement demeurent marginales et trĂšs en-deçà des enjeux.
Faut-il alors baisser les bras ? Nous pensons au contraire quâil y a encore beaucoup
Ă faire, que le numĂ©rique (mais pas nâimporte quel numĂ©rique) peut et doit
apporter une contribution plus décisive, plus puissante, plus partagée à la transition
Ă©cologique.
Alors, si on le (re-)construisait, cet âAgenda pour le Futurâ ?
Pour un nouvel agenda du numérique au
service de la transition Ă©cologique
[Agenda :
littéralement
"agenda" signifie "ce
qui doit ĂȘtre fait" ou,
mieux : "[les choses]
Ă faire"]
(Wikipedia, consulté
en février 2019)
1. LancĂ© en 2015 Ă lâinitiative de la Fing, Transi-
tionsÂČ est un projet collectif qui vise Ă " mettre
le numérique au service de la transition écolo-
gique â : www.transitions2.net
12
- 16. (par exemple, le recensement collaboratif de la
biodiversité), imaginer un numérique au service
de la rĂ©silience et rĂ©silient lui-mĂȘmeâŠ
Car, si, vus de haut, numérique et écologie demeurent
encore trop éloignés, sur le terrain, le lien entre les
deux sâenrichit. Un coup dâĆil Ă la cartographie de
projets innovants croisés lors des travaux de Tran-
sitionsÂČ suffit Ă nous en convaincre : collectifs de
citoyens-capteurs de la pollution de lâair ; passionnĂ©s
de la faune et de la flore qui produisent et partagent
des donnĂ©es sur la pollution de lâair ou les mouve-
ments migratoires dâanimaux ; initiatives fondĂ©es sur
la culture Open Source pour fabriquer Ă des milliers de
mains des machines agricoles, des véhicules propres
ou des habitats auto-suffisants ; concepteurs de pla-
teformes de partage ou dâĂ©change dâobjets, de vĂ©hi-
cules ou de maisons, initiatives dâĂ©conomie circu-
laire, réseaux alternatifs de production-distribution
dâĂ©nergie ou alimentaireâŠ
quâaurait leur convergence.â
Trois ans plus tard, le rapprochement que nous appe-
lions de nos voeux demeure tout aussi nécessaire,
mais il progresse.
Trois convictions, en particulier, nous poussent Ă
vouloir accélérer cette convergence :
ââ La cause Ă©cologique progressera plus vite si
elle sâappuie sur la puissance transformatrice
du numĂ©rique, quâon ne peut pas rĂ©sumer Ă sa
dimension technologique ;
ââ La transformation numĂ©rique nâa aucun sens,
voire ne durera pas, si elle ne se confronte pas
frontalement au changement climatique et aux
autres conséquences environnementales de
lâactivitĂ© humaine (perte de biodiversitĂ©, pollu-
tion, Ă©puisement de ressources naturelles...).
Elle doit mieux considérer sa propre empreinte
Ă©cologique, mais aussi celle des transforma-
tions quâelle outille. Elle doit mobiliser sa capa-
citĂ© de " dĂ©stabilisation â au service de transfor-
mations positives pour notre planĂšte ;
ââ Pour rĂ©ussir cette convergence, il ne suffira ni
de numĂ©riser lâĂ©cologie, ni dâĂ©cologiser le nu-
mĂ©rique, mĂȘme si les deux sont nĂ©cessaires. Il
faudra explorer les actions nouvelles qui Ă©mer-
gent Ă leur croisement et ne pourraient pas
sâimaginer autrement : exploiter rĂ©ellement les
potentiels collaboratifs du numérique, tirer parti
du potentiel des nouveaux âcommunsâ comme
des nouveaux outils de mesure de la richesse,
appuyer ensemble les dynamiques low tech et
open source, comme les sciences citoyennes
La rencontre entre numérique et écologie est a priori
difficile. LâĂ©cologie, construite en partie sur une cri-
tique de la technologie et de la croissance, se méfie
des promesses dâinnovations techniques. Elle met
lâaccent sur les impacts Ă©cologiques du numĂ©rique
lui-mĂȘme, tout en le considĂ©rant, pas tout Ă fait Ă
tort, comme le symbole et lâoutil de lâaccĂ©lĂ©ration
et la mondialisation contemporaines des rythmes
(de vie, dâinnovation, dâobsolescenceâŠ) et des flux
(de matiĂšre, dâĂ©nergie, de dĂ©chetsâŠ). De leur cĂŽtĂ©,
les acteurs du numĂ©rique ont une perception dâeux-
mĂȘmes marquĂ©e par lâimmatĂ©rialitĂ© et lâefficience,
qui les amÚne parfois à se considérer écologiques
par nature. PortĂ©s par une dynamique dâinnovation
permanente, ils voient dâabord les opportunitĂ©s et
plus tard les risques.
En 2015, nous lancions cette provocation : âLa
transition Ă©cologique est lâhorizon indispensable de
nos sociétés, la transition numérique la grande force
transformatrice de notre Ă©poque. La premiĂšre connaĂźt
sa destination mais peine Ă dessiner son chemin ; la
seconde est notre quotidien, une force permanente de
changement mais qui ne poursuit pas dâobjectif collec-
tif particulier. Lâune a le but, lâautre le chemin : chacune
des deux transitions a besoin de lâautre ! Et pourtant
leurs acteurs Ă©voluent trop souvent dans des sphĂšres
séparées, sans réaliser la puissance transformatrice
INTRODUCTION
Le lien entre
numérique et
Ă©cologie existe
t-il ?
13
- 17. Newmanity Mail
Une boite mail
Ă©cologique qui
respecte la vie
privée
Nanogrid
Des lampadaires
solaires sur lesquels
sont raccordés
jusquâĂ 4 foyers
Woodoo
Renforce la
construction avec
un bois renforcé
Ă©quivalent Ă du
béton
Guerrilla
Archiving
La mobilisation de
pour protéger les
données
environnementales
face Ă la menace de
suppression de
lâadministration
trump
Tabby
Une voiture
Ă©lectrique en open
source et
soutenable
Aube
Un drone pour
surveiller la
biodiversité
Open Source
Ecology
Concevoir en Open
Source les 50
machines destinées
Ă permettre lâactivitĂ©
dâun village
autonome et
résilient
Open Food
France
Base de données
âcrowdsourcĂ©eâ sur
les produits
alimentaires
Plume Labs
Apps de mesure
personnelle et
collective de la
qualité de l'air
HAND
Outils de simulation
et anticipation des
catastrophes
naturelles en open
source
350.org
RĂ©seau mondial
d'activistes pour
s'opposer aux
projets basés sur
des Ă©nergies non
renouvelables
Global Forest
Watch
Base open source
pour surveiller
lâĂ©volution des
forĂȘts en temps
réel
65 M
dâobservateurs
Projet de sciences
participatives
dâobservation de
la Nature
90jours
Application de
coaching pour
réduire son
empreinte
environnementale
au quotidien
Orizon
Campagne de
sensibilisation sur la
montée des eaux
basée sur le Big
Data
Increvable
Machine Ă laver
conçue pour durer
50 ans : logiciel
open-source et
plateforme pour
l'auto-réparation
La MYNE
Tiers-Lieu Open
Source qui incube
des projets citoyens
Ă impact
Repair Café
Des ateliers locaux
consacrés à la
réparation d'objets
Human Power
Plant
BĂątiment
auto-sufïŹsant via
grĂące Ă lâĂ©nergie
cinétique
Brooklyn
Microgrid
Production et
partage dâĂ©nergie Ă
lâĂ©chelle dâun
quartier grĂące Ă la
blockchain
Place to be
Un espace de veille
et un laboratoire
dâidĂ©es pour mieux
communiquer sur
les enjeux
RĂ©seau Ferme
dâavenir
Partager le savoir
faire dâexploitations
inspirées par
lâagroĂ©cologie
Altered:Nozzle
Lâembout de robinet
qui Ă©conomise
jusquâĂ 75% dâeau
Mr Trashweel
Collecter les
déchets du port de
Baltimore grĂące Ă
une roue Ă eau
Blue Bees
Plateforme de
ïŹnance participative
de projets
d'agriculture et
dâalimentation
durables
Ecov
Covoiturage
quotidien et local
Share Voisins
Plateforme de
partage dâobjets,
services et activités
Ecosia
Un moteur de
recherche qui plante
des arbres grĂące aux
revenus
publicitaires
générés par les
recherches
Stimergy
Une chaudiĂšre qui
fonctionne grĂące Ă
la chaleur des
datacenters
Fairphone
Un téléphone
Ă©thique et
responsable qui
veut mettre ïŹn Ă
lâobsolescence
programmée
CO-PRODUIREDESDONNĂES,DELâINFORMATIONETDELACONNAISSANCE
LE NUMĂRIQUE AU SERVICE DU POUVOIR DâAGIR
OPTIMISER, FAIRE PLUS AVEC MOINS
RĂDUIRE LâEMPREINTE
ĂCOLOGIQUE DU NUMĂRIQUE
PARTAGERDESMÂČ,DESOBJETS,DESINFRASTRUCTURES...
Lâinnovation
au service
de lâĂ©cologie
SOURCE : TRANSITIONSÂČ
- 18. Depuis trois ans, TransitionsÂČ a rassemblĂ© chercheurs, innovateurs, grandes et
petites organisations, acteurs publics, militants⊠peu satisfaits de la feuille de
route actuelle du numĂ©rique au service de lâĂ©cologie. Nous nous sommes attelĂ©s
à la fois à décrypter les divergences actuelles, mais aussi et surtout à ouvrir des
perspectives pour mouvoir les acteurs dans des directions neuves.
Dans certains cas, une partie du potentiel ouvert par le numĂ©rique nâest pas au-
jourdâhui â et câest bien comprĂ©hensible â dans les radars des acteurs : pensons
aux ModĂšles ouverts, aux civic tech, Ă la richesse ouverte par le potentiel des don-
nées...
Câest un manque : lâenjeu est alors de mettre ce nouveau potentiel âĂ lâagendaâ.
Dans dâautres cas, il invite Ă rĂ©-orienter des feuilles de route dâun numĂ©rique dĂ©jĂ
prĂ©sent, mais trop focalisĂ© sur le calcul et la mesure : la smart city nâest pas en
soi la garantie dâune ville plus durable, les green tech nâĂ©valuent que trop rarement
lâimpact Ă©cologique rĂ©el de leur innovation, lâ Usine du futur nâintĂšgre que trop peu
la dimension durable de lâenvironne-
ment dans lequel elle sera installée...
Lâenjeu ici est alors de âchanger
dâagendaâ.
2. http://www.annales.org/re/2017/resumes/juillet/01-resum-FR-
AN-AL-ES-juillet-2017.html#01FR
Le numĂ©rique tel quâil est aujourdâhui mobilisĂ© Ă des fins environnemen-
tales ne produit pas de rĂ©sultats susceptibles dâinverser la tendance en ma-
tiÚre de réchauffement climatique, de chute de la biodiversité et de dégra-
dation gĂ©nĂ©rale de lâenvironnement. Pourquoi ? Sans doute parce que, pour
lâessentiel, les projets numĂ©riques au service de lâenvironnement (ce que
lâon rĂ©sume souvent par âgreen techâ) se sont focalisĂ©s sur la connaissance
et lâefficience - faire plus avec moins -, avec le risque que ces gains soient
immĂ©diatement rĂ©investis dans plus de consommation, dâinnovation, de
croissance - câest ce que lâon nomme lâeffet rebond, et câest bien ce quâil se
produit depuis des décennies. La transition écologique passera clairement
par un changement de nos modĂšles de production, de consommation, de
mobilité, de vie : en un mot, de faire autrement, et non juste de faire mieux.
L'enjeu devient donc de considérer le numérique au-delà de sa seule dimen-
sion technique, âinformatiqueâ, smart. Or, si le numĂ©rique prend une telle
place aujourdâhui, câest parce quâil est aussi beaucoup dâautres choses :
ââ une maniĂšre de produire et partager des connaissances, que lâon peut
symboliser par les âdataâ qui deviennent le support dominant de la pro-
duction dâinformations et de dĂ©cisions ;
ââ de nouvelles pratiques individuelles et sociales (SMS, rĂ©seaux sociaux,
partage de fichiers ou de plans,âŠ) : qui peuvent marquer le point de
dĂ©part de mobilisations, de coordinations, de partages et dâĂ©changes
plus massifs ;
ââ de nouvelles formes de coordination et dâaction collective, de la toute
petite Ă la trĂšs grande Ă©chelle2
.
Câest en mobilisant toutes les dimensions du numĂ©rique, et en particulier
celles qui sâappuient sur les Ă©nergies et les intelligences collectives, que
lâon peut espĂ©rer faire de lui un atout au service de la transition Ă©cologique.
Quel numérique au
service de la transition
Ă©cologique ?
Un âagenda pour le
futurâ pour rassembler
nos actions et impulser le
changement
INTRODUCTION
15
- 19. Vous trouverez dans ce document 20 âdĂ©fisâ que nous avons choisi de classer par
degré de maturité - entendre par là , de communautés qui y sont déjà impliquées
Ă leur rĂ©alisation - et qui pourront, nous lâespĂ©rons, inspirer les stratĂ©gies et les
actions des innovateurs, responsables dâentreprises, chercheurs, acteurs publics,
collectifs militants...
Câest agenda nâest pas figĂ©, il en prĂ©sente plutĂŽt une âphotoâ Ă un temps T dâun
ensemble de champs dans lesquels des acteurs issus dâorigines diffĂ©rentes se
mobilisent ensemble de maniĂšre fĂ©conde. Il y en a et en aura bien dâautres, et
nous espĂ©rons que, dâannĂ©e en annĂ©e, de nouveaux acteurs sây reconnaĂźtront et
partageront avec dâautres les dĂ©fis sur lesquels ils sont dĂ©jĂ engagĂ©s.
Cet âagenda pour un futur numĂ©rique et Ă©cologiqueâ invite ainsi tous ceux qui le
souhaitent Ă sâengager dans trois directions :
1. Changer leurs agendas respectifs : revoir ses prioritĂ©s et ses maniĂšres dâagir
grĂące Ă lâĂ©change avec les communautĂ©s de "lâautre bordâ ;
2. Donner une nouvelle force à ses actions : nous portons déjà des proposi-
tions, des actions, qui tireront parti de cette convergence, qui profiteront de
lâaudience quâelle ouvre, qui en Ă©prouvera la force ;
3. Engager des réalisations communes : des événements, projets, produc-
tions⊠qui ne pourraient pas exister si nous travaillions séparément.
INTRODUCTION
16
- 20. 5
agendas Ă
engager
ââ DĂ©fi n°1 : Un numĂ©rique âĂ©cologique
by designâ
ââ DĂ©fi n°2 : Orienter lâinnovation vers
la recherche dâimpacts majeurs
ââ DĂ©fi n°3 : Le numĂ©rique pour une
approche collective des mobilités
durables
ââ DĂ©fi n°4 : Mettre les "data" au
service dâimpacts environnementaux
ââ DĂ©fi n°5 : Une mesure distribuĂ©e de
la qualitĂ© de lâair
Certains agendas intĂšgrent
déjà la convergence du
numĂ©rique et de lâĂ©cologie :
des communautés
dâacteurs se structurent
autour dâobjectifs
communs, des projets
sont déjà engagés.
Lâenjeu est maintenant
dâaller plus loin
ensemble, de relier les
initiatives, de multiplier
les actions collectives de
recherche, d'innovation,
d'action publique... pour
produire de lâimpact positif.
CHAPITRE 1 5 AGENDAS A ENGAGER,
RENFORCER ET RELIER
- 21. Un numérique
âĂ©cologique by designâ
18
ââ Le numĂ©rique porte en lui sa propre empreinte, qui ne se limite pas Ă la consommation
énergétique. Tout au long de son cycle de vie, les infrastructures, terminaux et services
numĂ©riques consomment de nombreuses ressources - et cette empreinte sâaccroĂźt de maniĂšre
exponentielle ;
ââ Pour relever le dĂ©fi dâun numĂ©rique âĂ©cologique by designâ, il faudra concilier des approches
dâoptimisation (limiter lâempreinte des produits et services existants) mais aussi explorer de
nouveaux modĂšles dâĂ©co-conception et dâusage ;
ââ Pour y parvenir, les communautĂ©s engagĂ©es dans le âgreenITâ devront se structurer pour
donner plus de force à leur action, agir à la fois en direction des acteurs du numérique
(infrastructures, industriels, concepteurs, servicesâŠ) comme des utilisateurs - en particulier les
entreprises.
CHAPITRE 1
EnsynthĂšse
DĂFI
1
18
- 22. cycle de vie des terminaux, infrastruc-
tures réseaux, data centers⊠Dans son
rapport âPour une sobriĂ©tĂ© numĂ©riqueâ,
le Shift Project affirme ainsi que âla
part du numérique dans les émissions de
gaz à effet de serre a augmenté de moitié
depuis 2013, passant de 2,5 % Ă 3,7 % du
total des Ă©missions mondiales.â
Dâun autre cĂŽtĂ©, de nombreuses pro-
messes oĂč le numĂ©rique est mis au
service de modĂšles "plus vertsâ, en di-
minuant lâempreinte mĂȘme de lâactivitĂ©
de lâorganisation (y compris ses actifs
et salariés) et des produits et services
quâelle dĂ©livre.
La question est donc savoir si le jeu
en vaut la chandelle, câest Ă dire si les
gains supposés du numérique (IT for
Green) sont au moins supérieurs à son
empreinte (Green IT). De nombreux
travaux de recherche, dont ceux du
GDR EcoInfo en France, nous montrent
que ce nâest pas Ă©vident : non seule-
ment, les effets bénéfiques éventuels
du numĂ©rique nâapparaissent pas au-
jourdâhui Ă©vidents (les Ă©ventuels gains
en termes dâefficience Ă©tant de plus
compensĂ©s par les âeffets rebondâ),
mais le âtoujours plusâ numĂ©rique (big
data, streaming, multiplication des
appareils, augmentation continue des
puissances) en dégrade le bilan écolo-
gique : ainsi, selon le Shift Project, âla
consommation dâĂ©nergie directe occa-
sionnée par un euro de numérique a
augmentĂ© de 37% entre 2010 et 2018â.
Globalement, le recours Ă lâanalyse
de cycle de vie (ACV) et aux autres
outils de quantification des impacts
environnementaux nâest pas encore
systématique et les acteurs du numé-
rique nâen maĂźtrisent que rarement les
outils. Cependant, toutes les Ă©valua-
tions â quâelles portent sur le pĂ©rimĂštre
restreint dâun produit, ou sur celui de
lâinternet mondial â montrent que le
numérique a des impacts environne-
mentaux directs nĂ©gatifs importants Ă
chaque Ă©tape du cycle de vie des pro-
duits, services et infrastructures.
Lâenjeu concerne donc Ă la fois lâin-
dustrie du numérique (au sens large :
Ă©quipements, logiciels, infrastructures,
services), les entreprises et leurs sys-
tĂšmes dâinformation, et les utilisateurs
finaux, qui font lâobjet dâune injonction
constante à la nouveauté.
" LâIT for green nâest
pas une excuse pour
dĂ©laisser lâenjeu du
green IT. â Cette for-
mule issue du Livre
Blanc âNumĂ©rique
et environnementâ
(2018) rĂ©sume Ă
elle seule le para-
doxe que pose le
numérique aux enjeux
Ă©cologiques.
Dâun cĂŽtĂ©, la question de
lâempreinte Ă©cologique
du numĂ©rique et de lâin-
formatique : extraction
et transformation de
matiĂšres premiĂšres (la
phase de production dâun
smartphone a un bilan
environnemental bien
plus lourd que sa phase
dâutilisation), consomma-
tion dâĂ©nergie, production
de déchets (entre 30 et
60 % de nos déchets élec-
troniques sont exportĂ©s Ă
lâĂ©tranger, principalement
au Ghana, en Chine, en
Inde et au Niger et pré-
sentent un taux de recy-
clage trĂšs faible3
), dégùts
humanitaires (la "guerre
du coltanâ au Congo et
plus généralement les "
minerais des conflits â).
Et cela, tout au long du
UN NUMĂRIQUE âĂCOLOGIQUE BY DESIGNâDĂFI N°1
Extrait du chapitre 4 du Cahier dâexploration âEcology by Designâ4
Pour prendre un exemple concret, chaque consultation dâune
page web se solde par lâĂ©mission de 2 g de gaz Ă effet de serre
dans lâatmosphĂšre et la consommation de 3 centilitres dâeau.
A lâĂ©chelle mondiale, lâinternet est un 6e continent qui âpĂšseâ
chaque annĂ©e 1037 TWh dâĂ©nergie, 608 millions de tonnes de
gaz Ă effet de serre et 8,7 milliards de m3 dâeau douce. Soit envi-
ron 2 fois lâempreinte de la France !
En plus dâĂȘtre colossaux, les impacts environnementaux du
numérique sont multiples : épuisement de ressources natu-
relles non renouvelables, pollution de lâair, de lâeau et des sols
induisant des impacts sanitaires contribuant Ă la destruction
des écosystÚmes et de la biodiversité, émissions de gaz à effet
de serre contribuant au changement climatique, etc. Et ils se
renforcent mutuellement. Il est donc essentiel dâadopter une
approche multicritĂšres lorsque lâon Ă©tudie ces impacts et de ne
surtout pas se limiter Ă un seul indicateur environnemental.
Ces impacts environnementaux ont lieu Ă chaque Ă©tape du
cycle de vie. Mais ils se concentrent surtout lors de la fabrica-
tion des Ă©quipements et de leur fin de vie. Il est donc essentiel
dâallonger la durĂ©e de vie active des Ă©quipements en favorisant
leur rĂ©emploi et en repoussant au maximum lâinĂ©vitable Ă©tape
du recyclage.
Lâenjeu : rĂ©duire
les impacts
environnementaux
du numérique
3. CĂ©dric Gossart, â60 millions de tonnes de dĂ©chets Ă©lectroniques
par an dans le monde : et si on en parlait ?â, 2013 : https://blogre-
cherche.wp.imt.fr/2013/02/15/60-millions-de-tonnes-de-dechets-
electroniques-par-an-dans-le-monde-et-si-on-en-parlait/
4. PubliĂ© en mars 2016 Ă lâinitiative de la Fing et du CIGREF et en
collaboration avec le Club Green IT, la dĂ©marche âEcology by Designâ
visait Ă formaliser des pistes dâaction, scĂ©narios et mĂ©thodologies
pour âmettre lâIT au service de la transition Ă©cologique des organi-
sationsâ.
19
- 23. une forme de sobriété / frugalité
numérique. Démarches qui, dans
leurs formes les plus radicales
peuvent objectivement aboutir Ă
une dĂ©marche " low-tech â et qui
sont complétées dans leurs di-
mensions sociales par les travaux
dâautres communautĂ©s : accessi-
bilité numérique, éthique, etc. ;
ââ Les projets de lutte contre lâobso-
lescence programmĂ©e, Ă lâinstar
du téléphone modulaire Fairphone
qui cherche "moins Ă vendre des
tĂ©lĂ©phones quâĂ agir sur le modĂšle
dominant dâobsolescenceâ dixit
leurs fondateurs ou des opéra-
tions menées par HOP // Halte
Ă lâObsolescence ProgrammĂ©e
pour engager les industriels sur
dâautres modĂšles Ă©conomiques ;
ââ Des initiatives plus exploratoires,
comme le courant de la âCollapse
informaticsâ qui sâintĂ©resse Ă la
maniĂšre de concevoir aujourdâhui
des systÚmes numériques qui
pourront ĂȘtre utilisĂ©s aprĂšs lâeffon-
drement possible de notre civili-
sation du fait (en particulier) de la
crise Ă©cologique.
du secteur comme aux utilisateurs,
individus et organisations. Cependant,
lâoptimisation peut parfois se traduire
par un bĂ©nĂ©fice nul Ă lâĂ©chelle du sys-
tĂšme Ă©tudiĂ© : par exemple, lâinjonction
aux grands acteurs de lâinternet de
sâalimenter Ă 100 % par les Ă©nergies
renouvelables (proposition issue, entre
autres sources, du rapport Green-
peace) pourrait avoir pour consé-
quence de rendre lâĂ©lectricitĂ© la moins
impactante inaccessible aux autres
acteurs, sans modifier le bilan énergé-
tique global de lâĂ©conomie.
> La seconde, plus radicale, sâintĂ©-
resse Ă dâautres façons de rĂ©pondre
aux besoins numériques. Ce sont des
démarches aux effets de levier plus
importants, mais souvent Ă plus long
terme, plus incertaines et surtout,
plus éloignées de la maniÚre dont se
prĂ©sente aujourdâhui la âtransition
numĂ©riqueâ. Elles interrogent les mo-
dĂšles du numĂ©rique tel quâil est conçu
aujourdâhui, ce qui a des impacts sur
les jeux dâacteurs avec lâĂ©mergence
de nouvelles communautés et écosys-
tĂšmes.
ââ Les dĂ©marches dâĂ©coconception
et de conception responsable de
service numérique, telle que celle
proposée par le Collectif Concep-
tion Numérique Responsable,
qui interrogent le rĂŽle et lâintĂ©rĂȘt
mĂȘme du service dĂšs sa concep-
tion fonctionnelle pour tendre vers
Ce qui se propose
aujourdâhui pour
un numérique
âĂ©cologique by designâ
Deux approches coexistent :
ââ lâoptimisation de lâexistant, sans
remise en cause du modĂšle selon
lequel se dĂ©ploie la âtransition nu-
mĂ©riqueâ ;
ââ une approche plus radicale et
disruptive qui remet en cause le
modĂšle actuel.
> La premiĂšre approche vise Ă optimi-
ser les processus numériques exis-
tants sans les remettre en cause, câest
un effort marginal qui paie Ă court
terme : allongement de la durée de
vie des équipements, réduction de la
consommation Ă©lectrique, choix dâune
électricité moins impactante, réduc-
tion des besoins de refroidissement,
etc. Des collectifs de chercheurs (Ă
lâinstar du GDS Eco-Info), des ONG
(lâappel de GreenPeace Ă ârenouveler
lâinternetâ), des initiatives collectives
comme le projet âPour une sobriĂ©tĂ©
numĂ©riqueâ du ShiftProject ou les
outils développés par le Club Green
IT), des recommandations dâacteurs
publics (Le Guide âLa Face cachĂ©e du
numĂ©riqueâ de lâAdeme), formulent
des recommandations aux acteurs
SOURCE : ETUDE WE GREENIT, WWF FRANCE & CLUB GREEN IT, 2018
UN NUMĂRIQUE âĂCOLOGIQUE BY DESIGNâDĂFI N°1
20
- 24. Acteurs, initiatives et
rĂ©seaux dĂ©jĂ engagĂ©s Ă
relever ce défi
Initiatives collectives :
ââ Les nombreuses initiatives du
Club Green IT : Benchmark Nu-
mérique Responsable et étude
WeGreenIT menée avec le WWF
France, qui évalue la maturité et
lâempreinte environnementale
des systĂšmes dâinformation de 25
grandes entreprises françaises,
avant de formuler des recomman-
dations ; collectif Conception
Numérique Responsable avec un
ensemble dâoutils de rĂ©fĂ©rence
pour aider les concepteurs et réa-
lisateurs Ă rĂ©duire lâempreinte de
leurs services numériques ;
21
Vers un nouvel
agenda dâun
numérique
âĂ©cologique by
designâ
Référentiel Environnemental du
NumĂ©rique (REN), des âleviersâ
pour les directions des grandes
organisations et des âprincipes de
politiques publiquesâ ;
ââ Le chantier de France StratĂ©gie
sur "Lâimpact environnemental du
numĂ©riqueâ ;
ââ Les confĂ©rences internationales
ICT4S (ICT for Sustainability) ;
ââ Le plan stratĂ©gique 2020 dâINRIA
mentionne les enjeux liĂ©s Ă lâem-
preinte écologique du numérique,
et plus largement lâapport du nu-
mérique aux questions environne-
mentales ;
ââ La dĂ©marche âConnecteur re-
cherche TransitionsÂČâ portĂ©e par
Inria, lâADEME, lâIddri et la Fing a
produit de nombreuses pistes de
recherche relatives au Green IT et
Ă lâIT for Green ;
ââ Les scĂ©narios prospectifs et
pistes dâaction proposĂ©es par la
Fing et le CIGREF issus du Cahier
dâexploration âEcology by Designâ
(2016) pour mettre lâinformatique
au service de modĂšles du partage,
de la mutualisation, de la dématé-
rialisation⊠Certains de ces pistes
oĂč le numĂ©rique est mis au service
de stratégies plus vertes ont été
traduites en récits prospectifs lors
de la conférence AMI-Fest à Aix-
en-Provence en 2015 ;
ââ Le cycle de prospective Ques-
tions Numériques 2019 porté par
la Fing : âRESET - Quel numĂ©rique
voulons-nous ?â
Des actions collectives
Ă engager ou
poursuivre
Sur ce sujet, le Livre Blanc âNumĂ©rique
et environnementâ produit par lâIddri, la
Fing, WWF France et GreenIT.fr a livré
(p. 15) 7 recommandations destinées
aux acteurs publics : rendre obligatoire
lâĂ©coconception des sites web et ser-
vices en ligne publics pour les grandes
entreprises, des mesures incitatives
sur la réparation et le ré-emploi, prolon-
ger la garantie des équipements numé-
riquesâŠ
De son cÎté, la communauté Transi-
tionsÂČ a exprimĂ© des directions dâac-
tion collective qui sâadressent directe-
ment aux acteurs de lâindustrie et aux
grands utilisateurs du numérique :
ââ Des questions de recherche ou de
prospective, pouvant donner lieu
Ă des projets de recherche pluri-
disciplinaire :
ââ Le site
GreenIT.fr avec
une méthodologie
et un référentiel de
bonnes pratiques
dâĂ©coconception
pour les services
numériques ;
ââ Les ac-
tions de lâassocia-
tion HOP : Halte
Ă lâObsolescence
Programmée et son Observatoire ;
ââ Lâappel de Greenpeace : âIl est
temps de renouveler lâinternetâ ;
ââ Le Community Group âWeb We
Can Affordâ, une âcommunautĂ©
internationale qui développe des
standards ouverts qui favoriseront
le fonctionnement du Web Ă long
termeâ, appuyĂ© par le W3C.
Rapports, recherches :
ââ Les publications du GDS EcoInfo
du CNRS ;
ââ Le rapport âPour une sobriĂ©tĂ©
numĂ©riqueâ du Shift Project (sep-
tembre 2018), qui analyse les
conséquences environnemen-
tales du numérique et propose un
UN NUMĂRIQUE âĂCOLOGIQUE BY DESIGNâDĂFI N°1
21
- 25. de ressources seront devenus des
réalités quotidiennes ?
âą La "transition numĂ©riqueâ des
organisations actuellement enga-
gée est-elle compatible avec le
"green ITâ (et si oui, sous quelles
conditions) ?
ââ Des actions collectives Ă engager
qui concernent les organisations
et leurs systĂšmes dâinformation :
⹠Définir une méthodologie com-
mune dâĂ©valuation des dĂ©marches
Green IT des organisations en
sâappuyant sur les travaux exis-
tants des acteurs de terrain (pro-
position issue du Livre Blanc "Nu-
mĂ©rique et environnementâ5
)
⹠Un travail collectif de différents
acteurs publics pour mesurer leur
propre empreinte des sites web et
systĂšmes dâinformation publics
âą Une invitation Ă aller un cran plus
loin dans le rÎle du numérique
au service de modĂšles âradicale-
mentâ plus responsables, dans la
lignĂ©e du travail initiĂ© dans âEco-
logy by Designâ. Les systĂšmes
informatiques doivent en tout cas
réaliser leur force transformatrice
pour les modĂšles de demain !
âą Les feuilles de route de lâindus-
trie numérique (par exemple en
matiĂšre dââInternet des objetsâ ou
dâĂ©volution de lâinternet soi-mĂȘme)
sont-elles compatibles avec les
ressources en énergie et métaux
de la planĂšte, ainsi quâavec les
engagements climatiques ?
âą Les systĂšmes et infrastructures
décentralisés sont-ils réellement
plus Ă©cologiques - et si oui, dans
quelle mesure (la question se pose
par exemple de maniĂšre criante au
sujet de la blockchain) ?
âą Quelles sont les nouvelles
sources de croissance de lâinten-
sité énergétique du numérique, et
comment les minimiser (objets
communicants, streaming de vi-
déos et de jeux, réalité virtuelle et
augmentĂ©eâŠ) ?
âą Quâest-ce quâun numĂ©rique fru-
gal ? Que seraient des "indicateurs
de développement humain du nu-
mĂ©riqueâ ? La lutte contre lâobso-
lescence programmée, la fruga-
lité, le low tech doivent trouver leur
place dans les nouveaux modĂšles
et imaginaires et produire de la
connaissance actionnable.
âą A quoi ressembleront les sys-
tĂšmes dâinformation des organisa-
tions dans un monde oĂč le chan-
gement climatique et la pénurie
5. Livre Blanc âNumĂ©rique et environnementâ, Iddri, Fing, WWF
France et GreenIT.fr, 2017
Autres ressources :
âą Etude We GREENIT, WWF France & Club Green IT, 2018
âą Le centre ressource collaboratif initiĂ© par TransitionsÂČ sur les
thĂšmes âGreenIT / IT for Greenâ
âą Green IT - GĂ©rez la consommation dâĂ©nergie de vos systĂšmes infor-
matiques, Olivier Philippot, ed. Eni 2010 (accessible en ligne)
⹠La face cachée du numérique : réduire les impacts du numérique
sur lâenvironnement - ADEME, 2017
âą Le documentaire de Coline Tison sur lââInternet Pollution cachĂ©eâ,
2014
âą Information Technology and Sustainability, Lorenz M. Hilty, 2008
âą Fabrice Flipo, Michelle DobrĂ©, Marion Michot âLa face cachĂ©e du
numĂ©riqueâ, 2013
âą Fabrice Flipo et al., Peut-on croire aux TIC vertes ? Technologies
numériques et crise environnementale, 2012
âą Impacts Ă©cologiques des Technologies de lâInformation et de la
Communication - Les faces cachĂ©es de lâimmatĂ©rialitĂ©, EcoInfo,
2012
UN NUMĂRIQUE âĂCOLOGIQUE BY DESIGNâDĂFI N°1
22
- 26. Orienter lâinnovation
vers la recherche
dâimpacts majeurs
23
ââ Les systĂšmes dâinnovation doivent devenir capables de faire Ă©merger et grandir des projets
qui accordent autant dâimportance Ă lâimpact Ă©cologique et social, quâĂ la crĂ©ation de valeur
Ă©conomique. MalgrĂ© les bonnes intentions, ce nâest pas le cas aujourdâhui ;
ââ Pour y parvenir, il faut : se doter dâun rĂ©fĂ©rentiel dâanalyse des projets âĂ impactâ ; crĂ©er des
dispositifs de soutien spĂ©cifiques ; engager une ârevue Ă©cologiqueâ de lâensemble des politiques
de soutien Ă lâinnovation ; et Ă terme, faire Ă©voluer les rĂšgles comptables des entreprises pour
tenir compte de lâimpact de leur activitĂ© sur les capitaux financiers, naturels et humains ;
ââ La communautĂ© TransitionsÂČ a produit un premier rĂ©fĂ©rentiel de âlâInnovation Facteur 4â
qu'elle propose de mettre en test en 2019 et au-delĂ . Dâautres outils du mĂȘme type existent ou
Ă©mergent dans le monde, et il sera utile dâexplorer les pistes de rapprochement pour aboutir Ă
un âlangage communâ aux innovateurs et Ă ceux qui les accompagnent.
CHAPITRE 1
EnsynthĂšse
DĂFI
2
23
- 27. Ce sujet concerne donc en premier
lieu :
ââ Les innovateurs eux-mĂȘmes : nou-
velles entreprises, innovateurs
sociaux, entreprises et institutions
existantes ;
ââ Les acteurs du soutien Ă lâinno-
vation : investisseurs, banquiers,
financeurs publics, pĂŽles de com-
pétitivité et clusters, incubateurs,
consultantsâŠ
Lignes de tension:
quâest-ce qui
pose problĂšme
aujourdâhui?
Les stratĂ©gies dâinnovation, et ceux qui
les soutiennent, sont presque exclusi-
vement orientées vers la création de
valeur Ă©conomique. On note certes
une prise de conscience de la néces-
sitĂ© dâen limiter les impacts nĂ©gatifs.
En revanche, la production dâimpacts
sociaux et Ă©cologiques positifs reste
du domaine des âexternalitĂ©sâ, mal
mesurées et totalement subordonnées
Ă lâobjectif Ă©conomique.
La maximisation de la valeur Ă©cono-
mique peut entrer en conflit avec celle
de lâimpact. A titre dâexemple, certaines
innovations techniques Ă fort impact
Ă©cologique pourraient se diffuser trĂšs
rapidement si leurs créateurs faisaient
le choix de les rendre open source,
alors que les stratégies de valorisation
de lâinnovation privilĂ©gient massive-
ment la protection de la propriété intel-
lectuelle.
Les âimpactsâ Ă©cologiques positifs de
projets innovants sont rarement analy-
sés de maniÚre solide. Il est plus facile
dâĂ©valuer des impacts nĂ©gatifs que des
impacts positifs ; il est Ă©galement plus
facile dâĂ©valuer des impacts directs
(par exemple, un gain en efficience
énergétique) que des impacts indirects
ou complexes (par exemple, lâeffet du
covoiturage sur les Ă©missions de CO2).
Dans le cas de projets innovants, on
peut manquer de points de référence,
sans compter que les innovateurs
nâont ni le temps ni les ressources de
mobiliser des méthodes complexes
pour Ă©valuer leurs impacts. RĂ©sultat :
soit lâon se focalise sur les innovations
les plus aisées à mesurer (notamment
des innovations techniques qui sâins-
crivent dans des circuits ou des pra-
tiques existantes), soit se satisfait des
bonnes intentions des innovateurs,
sans sâinterroger sur la vraisemblance
du âmodĂšle dâimpactâ.
Ce qui précÚde explique largement
pourquoi, malgrĂ© de rĂ©els succĂšs, lâin-
novation âverteâ semble aujourdâhui
impuissante Ă inverser la tendance
en termes dâĂ©cologie. Elle se focalise
plutĂŽt sur des effets directs simples
sieurs décen-
nies dâinnovations
âvertesâ, ne sont
pas parvenues ne
serait-ce quâĂ inflĂ©-
chir la trajectoire
mondiale dâaug-
mentation des
Ă©missions de CO2.
Tandis que lâinno-
vation numérique,
qui se présente
volontiers comme
intrinsĂšquement
vertueuse (déma-
térialisation, effi-
cienceâŠ), contribue
clairement Ă lâac-
célération conti-
nue des cycles
Ă©conomiques et
de lâobsolescence
des produits, sans
mĂȘme parler de ses
effets directs en matiĂšre de consom-
mation de ressources et dâĂ©nergie, ou
de déchets.
Lâinnovation ne jouera un rĂŽle Ă©colo-
gique positif que si le systĂšme dâinno-
vation - lâensemble des mĂ©thodes, des
institutions et des dispositifs finan-
ciers qui rend possible, légitime, éva-
lue et sélectionne des propositions
innovantes - Ă©volue pour donner autant
dâimportance Ă lâimpact des projets
(écologique et social, positif et négatif)
quâĂ la crĂ©ation de valeur Ă©conomique.
Lâinnovation est-elle lâun des chemins
vers la transition Ă©cologique, ou bien
ne relĂšve-t-elle que dâune fuite en avant
vers le âtoujours plusâ ? La rĂ©ponse
dĂ©pend en rĂ©alitĂ© du âsystĂšme dâinno-
vationâ que nous choisirons.
Il semble Ă©vident que des innovations
majeures dans des domaines tels que
lâĂ©nergie, les mĂ©thodes agricoles, lâĂ©co-
nomie circulaire ou la mobilité, sont es-
sentielles pour rendre possible la tran-
sition Ă©cologique sans drame dâune
planĂšte de 9 milliards dâhabitants.
Mais force est de constater que plu-
ORIENTER LâINNOVATION VERS LA RECHERCHE DâIMPACTS MAJEURSDĂFI N°2
Lâenjeu : faire
Ă©voluer les
systĂšmes
dâinnovation pour
donner autant
dâimportance Ă
lâimpact Ă©cologique
et social, quâĂ
la soutenabilité
Ă©conomique
24
- 28. encore Ă©mergentes, destinĂ©es Ă
rassembler, soutenir et mettre en
valeur âle meilleur de lâinnovation
verteâ : Shamengo (dont câest le
slogan), If You Want To (IYWTo),
WAG (We Act for Good) du WWF, le
rĂ©seau dâincubateurs de la Green
Tech VerteâŠ
ââ Un certain nombre de mĂ©thodes
et dâindicateurs pour analyser les
impacts Ă©cologiques ou le âbilan
carboneâ dâune activitĂ©, ou encore
le degrĂ© dâorientation dâune entre-
prise vers la production dâimpacts
sociaux et environnementaux
positifs (ex. certification B Corp).
Celles-ci ne se focalisent cepen-
dant gĂ©nĂ©ralement pas sur lâin-
novation. Il en va de mĂȘme des
âcontrats Ă impact socialâ (social
impact bonds), par lesquels un
acteur social, pourra faire financer
un projet Ă impact par un investis-
seur privĂ©, qui sera lui-mĂȘme rem-
boursé par la puissance publique
uniquement en cas de succĂšs -
celui-ci étant mesuré par des indi-
cateurs dâimpact fixĂ©s Ă lâavance.
(lâefficience des ressources, les âchan-
gements de comportementâ) que sur
des transformations qui bouleversent
lâordre Ă©tabli. Elle tire assez peu parti
des dynamiques transformatrices
issues de lâinnovation numĂ©rique (pla-
teformes et Ă©cosystĂšmes, collabora-
tion, agilitĂ©âŠ). Elle reste fortement cen-
trée sur la technologie, plutÎt que sur
lâinnovation de service ou de modĂšles
dâaffaires.
Ce qui se propose
aujourdâhui pour
engager lâinnovation
vers la recherche
dâimpacts majeurs
ââ Lââinvestissement Ă impactâ (im-
pact investment), une approche
de lâinvestissement qui a comme
premier objectif une rĂ©ponse Ă
un besoin social ou environne-
mental et recherche un retour
financier modéré. Cette catégorie
en développement est cependant
extrĂȘmement diverse et, sur les
questions environnementales,
ses acteurs disposent rarement
dâoutils solides pour analyser Ă
la fois le caractĂšre innovant dâun
projet et la soliditĂ© de son âmodĂšle
dâimpactâ ;
ââ Des plateformes collectives,
SOURCE : RĂFĂRENTIEL âINNOVATION FACTEUR 4â, FING / TRANSITIONSÂČ, 2017
ORIENTER LâINNOVATION VERS LA RECHERCHE DâIMPACTS MAJEURSDĂFI N°2
25
- 29. Un nombre croissant de méthodes
et dâinitiatives visent Ă mieux com-
prendre, présenter et comparer les im-
pacts écologiques projetés et produits
par les activités économiques :
ââ Les analyses de cycle de vie (ACV)
et âbilans carboneâ, par exemple,
fournissent un cadre méthodolo-
gique complet, quoique relative-
ment complexe Ă mobiliser ;
ââ Plusieurs initiatives internatio-
nales, en particulier IRIS6
et les
standards de la Global Reporting
Initiative (GRI)7
ont formalisé des
jeux dâindicateurs qui, sâils ne
considĂšrent pas lâactivitĂ© dâune
maniĂšre aussi globale que lâACV,
présentent le double avantage
dâĂȘtre plus aisĂ©ment mesurables
26
Vers un nouvel
agenda
dâinnovation
orienté sur
la recherche
dâimpacts majeurs
coup mieux adaptée à des projets
Ă©mergents et de petite taille, la
âThĂ©orie du changementâ (Theory
of change) permet Ă lâinnovateur
de décrire de maniÚre structu-
rĂ©e le lien entre les impacts quâil
entend produire et ses activités
concrĂštes, ainsi que les conditions
qui doivent ĂȘtre rĂ©unies pour que
le projet réussisse sur le double
plan Ă©conomique et Ă©cologique.
Ilexistedoncdenombreusesméthodes
pour prendre en compte Ă la fois, et
avec autant de sérieux, la performance
Ă©conomique et la performance Ă©colo-
gique (et sociale) dâune entreprise ou
dâun projet. Sur cette base :
ââ Il devient possible de fonder le
dialogue entre les porteurs dâun
projet innovant et ses partenaires
(investisseurs, incubateurs, finan-
ceurs publics, partenaires indus-
triels et commerciaux, âparties
prenantesâ) sur des Ă©lĂ©ments
communs à la fois solides, véri-
fiables, comparables et adaptĂ©s Ă
la nature et au niveau de maturité
du projet ;
ââ Il devient nĂ©cessaire dâexiger de
programmes et projets dâinnova-
tion qui affichent des objectifs
en termes dâimpacts Ă©cologiques,
quâils se mettent en position de
fonder plus solidement leurs affir-
mations et de les Ă©valuer en cours
de route ;
ââ Il devient pertinent dâengager
des actions collectives (portées
par des acteurs publics ou des
groupes dâentreprises) centrĂ©es
sur la recherche dâimpacts dans
tel ou tel domaine, plutĂŽt que
sur une typologie sectorielle des
projets (ex. green tech, Ă©nergies
vertes, etc.).
Acteurs, initiatives et
rĂ©seaux dĂ©jĂ engagĂ©s Ă
relever ce défi
Initiatives collectives :
ââ Le dĂ©fi âInnovation Facteur 4â
portĂ© par la Fing, lâIddri et OuiS-
hare, qui a aboutit Ă la publica-
tion dâun rĂ©fĂ©rentiel en 2017 pour
mieux comprendre et analyser les
projets innovants qui placent au
coeur de ses objectifs la produc-
tion dâun impact Ă©cologique posi-
tif, profond et durable ;
et comparables, et
dâĂȘtre utilisĂ©s par
un nombre crois-
sant dâacteurs de
lâinvestissement Ă
impact. Fondé sur
le catalogue dâIRIS,
le Global Impact In-
vesting Rating Sys-
tem (GIIRS)8
est par
exemple une liste
dâindicateurs qui
fonde le B Impact
Assessment, lâoutil
dâĂ©valuation utilisĂ©
pour attribuer le label B Corp aux
entreprises et aux fonds dâinves-
tissement qui le désirent ;
ââ Le âreporting intĂ©grĂ©â se propose
de rendre compte simultanément
de la performance financiĂšre, en-
vironnementale et sociale dâune
entreprise. Il considĂšre la perfor-
mance de lâentreprise et ses im-
pacts en prenant en compte ses
effets sur plusieurs " catégories de
capital â : financier, manufacturier,
intellectuel, humain, social et so-
ciétal, et environnemental. Ce type
de dispositif demeure cependant
optionnel dans la plupart des pays
(dont la France) et, du fait de sa
complexité, réservé aux grandes
entreprises ;
ââ Issue des acteurs anglo-saxons
de lâinnovation sociale, et beau-
6. https://iris.thegiin.org/
7. https://www.globalreporting.org/standards/
8. http://b-analytics.net/giirs-funds/rating-process
ORIENTER LâINNOVATION VERS LA RECHERCHE DâIMPACTS MAJEURSDĂFI N°2
26
- 30. Des actions collectives
Ă engager ou
poursuivre
1. CrĂ©eretdiffuserunâlangageâcom-
mun, un référentiel pour décrire et
Ă©valuer les innovations Ă impact
social et écologique. Ce référen-
tiel vise à décrire simultanément le
âmodĂšle dâaffairesâ et le âmodĂšle
dâimpactâ dâun projet innovant,
ainsi que lâalignement ou le conflit
potentiel entre des facteurs de
maximisation de la rentabilité
dâune part, et de lâimpact dâautre
part. Son existence permettra aux
innovateurs âdâencoderâ profondĂ©-
ment lâobjectif Ă©cologique dans
lâactivitĂ© et la gouvernance de leur
organisation, et aux investisseurs
âĂ impactâ, privĂ©s et publics, de
prendre des décisions fondées
sur des éléments objectifs. Le pro-
jet âInnovation Facteur 4â a pro-
duit en septembre 2017 une pre-
miĂšre version dâun tel rĂ©fĂ©rentiel.
Sanctuariser, dans les politiques
de soutien Ă lâinnovation, des
financements dédiés aux pro-
jets innovants dont la "proposi-
tion de valeurâ intĂšgre un impact
Ă©cologique profond ("facteur 4â,
"zĂ©ro Ă©missions/dĂ©chetsâ, "Ă©ner-
gie positiveâ etc.), large (pas-
sage Ă lâĂ©chelle) et de long terme
(robuste aux "effets rebondâ).
2. Les critĂšres de choix pour ces
financements doivent permettre
de mieux reconnaĂźtre la valeur
dâinnovations Ă faible contenu
technologique (innovations de
service, de processus, de modĂšle
dâaffairesâŠ) et mĂȘme explicite-
ment âlow techâ (agrobiologieâŠ).
En se fixant des objectifs de
création de valeur collective, ils
doivent ĂȘtre capables de soute-
nir des projets qui arbitreraient en
faveur de la maximisation de lâim-
pact plutĂŽt que de celle du profit.
Une part du soutien Ă lâinnova-
tion âverteâ devrait entre autres
se réorienter dans ce sens.
3. Engager une ârevue Ă©cologiqueâ de
lâensemble des politiques de sou-
tien Ă lâinnovation. Il ne peut pas y
avoir une innovation âverteâ Ă cĂŽtĂ©
dâune autre, ultra-dominante, qui ne
se préoccuperait que de croissance
Ă©conomique. Ainsi, des grands pro-
grammes dâinnovation tels que
âlâUsine du futurâ ou la âSmart cityâ
pourraient sans doute produire des
effets Ă©cologiques positifs, mais il
a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© quâen lâĂ©tat, la prĂ©oc-
cupation Ă©cologique nây intervient
jamais comme une réelle priorité.
4. A moyen terme, faire Ă©voluer les
indicateurs de richesse, en com-
mençant par la comptabilité des
entreprises. On nâaccomplit dura-
se sont manifestés dans Tran-
sitionsÂČ : WeDoGood, Energies
partagées, réseau CleanTech Bu-
siness Angels, MakeSense.
Rapports, recherches :
ââ Les 5 propositions pour âSoutenir
lâinnovation en faveur de lâĂ©co-
logieâ en page 23 du Livre Blanc
âNumĂ©rique et environnementâ,
portées notamment par La Fing et
lâIddri ;
ââ Lâouvrage âOpen Models for Sus-
tainabilityâ et les travaux sur les
âSocial Business Modelsâ du col-
lectif Without Model ;
ââ Lâ "ExpĂ©dition" Audacities de lâIddri
et la Fing, qui interroge le sens
et la gouvernance de lâinnovation
dans la âville numĂ©rique rĂ©elleâ ;
ââ Les travaux sur la comptabilitĂ© en
Triple Capital, menés notamment
par HĂ©lĂšne Le Teno.
ââ Les communautĂ©s dâentrepre-
neurs Shamengo qui promeuvent
âune nouvelle gĂ©nĂ©ration dâentre-
preneursâ, Open Lande, âFabrique
de projets Ă©volutionnairesâ, la
SCIC Tetris et son activitĂ© dâincu-
bation de projets pour la âTransi-
tion Ăcologique Territoriale par la
Recherche et lâInnovation Socialeâ
ou lâHermitage, âun lieu pour y expĂ©-
rimenter des solutions en réponse
aux grands dĂ©fis de notre siĂšcleâ ;
ââ La plateforme If You Want To qui
recense les services âvertsâ de
proximitĂ© (santĂ©, qualitĂ© de lâair,
habitat, eau,...) ;
ââ Le rĂ©seau dâincubateurs de la
GreenTech verte, ouvert aux âstart-
up dont les projets innovants
concourent Ă la transition Ă©colo-
giqueâ et assure un important tra-
vail dâanimation (concours, hacka-
thons, âŠ) ;
ââ Le projet POC21 produit par OuiS-
hare (Paris) et OpenState (Berlin) ;
ââ Le Good Tech Lab, qui se dĂ©finit
comme une âResearch Venture qui
explore les frontiĂšres de lâimpactâ ;
ââ Les dispositifs de soutien (crowd-
funding, levée de fond, accom-
pagnementâŠ) dans les champs
sociaux et environnementaux qui
ORIENTER LâINNOVATION VERS LA RECHERCHE DâIMPACTS MAJEURSDĂFI N°2
27
- 31. vailler ensemble sur des âCom-
munsâ (Bases de donnĂ©es, APIs,
mĂ©thodologies, âŠ) dont tous les
acteurs ont, ou auront, besoin.
Des actions inspirées de la Fa-
brique pourraient ĂȘtre Ă©tendues
Ă dâautres dĂ©fis liĂ©s Ă lâenvironne-
ment : qualitĂ© de lâair, biodiversitĂ©,
Ă©talement urbain,...
sés à soutenir des expérimenta-
tions, des partenaires industriels
et commerciaux⊠Au terme de
cette période de test, le référentiel
sera public dans une version amé-
liorée, disponible en open source,
et complété de matériaux péda-
gogiques, fiches pratiques, etc.
En outre, cette action devra
chercher à créer des liens avec
dâautres rĂ©fĂ©rentiels existants ou
Ă©mergents en France et ailleurs.
2. DĂ©velopper des âDĂ©fis innovation
durableâ. Lâobjectif est de sollici-
ter des innovations autour, soit de
pratiques Ă impact positif (sur le
modĂšle du âDĂ©finnovation Mobili-
tĂ©s Activesâ du Club des villes et
territoires cyclables), soit autour
de problĂšmes Ă©cologiques que
les acteurs existants ne sont pas
en mesure de résoudre (sur le
modĂšle de lâappel Ă propositions
PACA Lights de la région PACA).
3. Identifier et partager des
âCommuns de lâinnovationâ
InitiĂ©e par lâADEME, la âFabrique
des MobilitĂ©sâ âmet en relation
tous les acteurs, les projets, capi-
talise les retours dâexpĂ©riences et
les erreurs, pour faire Ă©merger une
culture commune de lâinnovation
dans lâactionâ dans le domaine des
mobilités. Elle identifie et invite
lâĂ©cosystĂšme de la mobilitĂ© Ă tra-
blement que ce quâon mesure. On
ne transformera donc lâactivitĂ©
des entreprises dans un sens Ă©co-
logique que si la mesure de leur
activité intÚgre en permanence sa
performance Ă©conomique, envi-
ronnementale et sociale â si elle
internalise ce que lâon nomme
aujourdâhui les âexternalitĂ©sâ de
lâactivitĂ© Ă©conomique. Plusieurs
mĂ©thodes de âreporting intĂ©grĂ©â
existent aujourdâhui, dont cer-
taines ont acquis un caractĂšre
officiel dans plusieurs pays. Ces
méthodes ont en commun de
mesurer lâimpact positif ou nĂ©ga-
tif de lâactivitĂ© dâune entreprise
sur plusieurs formes de âcapitalâ,
notamment financier, humain et
naturel. La France devrait rapide-
ment sâinspirer de ces mĂ©thodes.
La communautĂ© TransitionsÂČ pourrait
ainsi engager 3 actions pour transfor-
mer les systĂšmes dâinnovation :
1. Tester et améliorer le référen-
tiel âInnovation Facteur 4â. Issu
dâun an de travail qui a mobilisĂ©
plusieurs dizaines dâexperts, de
professionnels et dâorganisations,
ce rĂ©fĂ©rentiel doit dĂ©sormais ĂȘtre
mis Ă lâĂ©preuve du terrain, dans
le dialogue entre des porteurs de
projets innovants âĂ impactâ, des
financeurs privés et publics, des
incubateurs, des territoires dispo-
Autres ressources :
âą RĂ©fĂ©rentiel âInnovation Facteur 4â, Fing, Iddri, OuiShare, 2017
âą TransitionsÂČ, " Une transition systĂ©mique plutĂŽt que technolo-
gique â, Internet Actu, 2016
⹠Le référentiel Innovation nouvelle génération, Bpifrance, créé en
2015 avec lâaide de la Fing
âą Creating your Theory of Change, NPC, 2014
âą Guide de lâinnovation sociale, Commission europĂ©enne, 2013
âą The future of Eco-Innovation: The role of business models in green
transformation, OECD/European Commission/Nordic Innovation,
2012
âą Standards of Evidence for Impact Investing, Nesta Impact Fund,
2012
âą Factor 5 - Transforming the Global Economy Through 80% Impro-
vements in Resource Productivity, dir. Ernst von WeizsÀcker, 2010
âą The challenge of environmental technology: promoting radical in-
novation in conditions of lock-in, Keith Smith (2008)
ORIENTER LâINNOVATION VERS LA RECHERCHE DâIMPACTS MAJEURSDĂFI N°2
28
- 32. Le numérique pour une
approche collective des
mobilités durables
ââ Le numĂ©rique formule dĂ©jĂ de nombreuses promesses au service des mobilitĂ©s durables :
optimiser les trajets, augmenter le taux dâoccupation des vĂ©hicules, diversifier les formes de
mobilitĂ©, favoriser les mobilitĂ©s collectives et activesâŠ
ââ Pour autant, les innovations Ă lâoeuvre ne tirent pas dans le mĂȘme sens : si elles enrichissent les
offres de mobilitĂ© existantes, elles en complexifient aussi lâorchestration et la gouvernance ;
ââ Pour avancer, les acteurs publics pourraient mieux formuler leurs intentions environnementales,
travailler sur des formes plus collectives dâinnovation et inventer de nouvelles formes de
gouvernance ;
ââ Les innovateurs gagneraient Ă mutualiser des moyens et des ressources et proposer des
réponses communes, plus faciles à appréhender par les acteurs publics, les utilisateurs et les
autres acteurs de la mobilité.
EnsynthĂšse
DĂFI
3
CHAPITRE 1
29
- 33. ti-modale entre véhicules indivi-
duels, transports en communs
et nouvelles offres de mobilité
(covoiturages, vélos ou véhicules
partagés, free-floating vélos, trot-
tinettes en libre serviceâŠ) ;
ââ En ouvrant la voie Ă la voiture auto-
nome, qui cristallise Ă elle seule la
plupart des promesses : autopar-
tage et covoiturage, optimisation
dâitinĂ©raires, multiplication des
usages (transport de marchan-
dises, utilisation comme âbatterie
urbaineâ...), etc.
Contrairement aux idées reçues, cette
innovation ne se résume pas aux mul-
tiples plateformes (BlaBlaCar, Uber,
Koolicar, Waze et autre Gobee.bike)
portée par des start up qui fondent leur
modĂšle sur la collecte et lâexploitation
de grandes masses de données en
temps réel. Ainsi, la base de données
âcrowdsourcĂ©eâ par les utilisateurs
OpenStreetMap permet de générer
des cartographies ouvertes, utilisables
dans de nombreuses situations de
mobilité ; certaines plateformes de
covoiturage courte distance sont opé-
rĂ©es par les acteurs publics, de mĂȘme
que de nombreux services de mobilité
multimodaux (information, billetterie,
etc.) ; les grands opérateurs urbains,
les constructeurs et loueurs automo-
biles, sont Ă©galement actifs dans ces
champs dâinnovation.
Devant la diversitĂ© de lâinnovation
numérique en ville et des acteurs qui
la portent, Audacities propose 6 clefs
de lecture pour juger de lââintensitĂ© de
la dĂ©stabilisationâ de lâinnovation en
fonction de son audience, sa légitimité,
son indĂ©pendance vis Ă vis de lâacteur
public, ... ;
Il en ressort que la diversité des propo-
sitions la rend ainsi difficile Ă lire pour
les acteurs publics, et sâaccompagne
de nouvelles tensions.
Des plateformes sont ainsi réguliÚ-
rement montrées du doigt pour leur
concurrence déloyale (plateformes
de VTC) ou leur mépris des rÚgles
dâurbanisme en matiĂšre de circulation
(Waze).
A cela sâajoutent des dĂ©stabilisations
sociales : affrontements entre Uber
et les syndicats de taxis, usages dé-
tournés des infrastructures (station-
nements sauvages de covoiturages,
flottes de vélos inutilisables abandon-
nĂ©s dans lâespace public).
Dâautre part, la place centrale des
données et des algorithmes met en
lumiĂšre des enjeux aigus sur la gouver-
nance de la donnée, leur propriété, leur
ré-utilisation, leur ouverture tout en fai-
sant peser des risques en terme de vie
privĂ©e - encore plus Ă lâheure du RGPD
(RÚglement général sur la protection
des données).
outils industriels.
Cet ensemble de
contraintes pĂšse
sur les acteurs
individuellement
et collectivement.
Pour redonner des
degrés de liberté,
il est essentiel
dâapporter des
ressources utiles,
ouvertes et mani-
pulables aux entrepreneurs. Cette tran-
sition est Ă la fois technique, organisa-
tionnelle mais surtout culturelle.
Le numérique a
largement rebattu les
jeux dâacteurs dans la
mobilité
Lâinnovation numĂ©rique sâest effective-
ment largement invitée dans le secteur
des mobilités, et depuis longtemps
déjà :
ââ Pour optimiser les trajets en voi-
ture et augmenter le taux dâoccu-
pation des véhicules particuliers,
ce qui peut contribuer à réduire
lâempreinte carbone de la mobilitĂ©
automobile (mĂȘme si ce nâen est
généralement pas la motivation
principale) ;
ââ Pour favoriser une mobilitĂ© mul-
En travaillant sur la âville numĂ©rique
rĂ©elleâ, lââexpĂ©ditionâ Audacities9
de la
Fing et lâIddri (2018) soulignait que le
défi des Mobilités Durables consiste
Ă organiser une âtransition conduisant
Ă moins dâautosolisme et davantage de
multi-modalités, à un systÚme de gouver-
nance capable de coordonner lâensemble
des offres et de préserver la viabilité
financiĂšreâ.
Le numérique contribue-t-il à relever
ce défi ? En partie seulement.
Au niveau mondial, dans tous les pays
développés, nous sommes en pré-
sence dâun Ă©cosystĂšme large, formĂ©
dâune multitude dâacteurs hĂ©tĂ©rogĂšnes,
potentiellement concurrents mais Ă©ga-
lement de plus en plus dépendant les
uns des autres. Par ailleurs, de nou-
veaux acteurs mondiaux arrivent dans
lâĂ©cosystĂšme et enfin, la part de valeur
portée par le numérique grandit. Tout
ceci se passe dans un temps réduit au
regard des capacitĂ©s dâadaptation des
9. PortĂ© par la Fing et lâIddri en 2017, ce travail a produit de nom-
breuses monographies sur les mobilités durables, les civic tech, le
commerce de proximitĂ©, la qualitĂ© de lâair,...
LE NUMĂRIQUE POUR UNE APPROCHE COLLECTIVE DES MOBILITĂS DURABLESDĂFI N°3
Lâenjeu : intĂ©grer
les innovations
dans la
gouvernance de la
mobilité
30