Numéro 48 du Bulletin "RESISTANCES" édité par le Comité Npa B.A.B. Pays Basque
N28
1. Comme annoncé les examens de la classe de philo ont démarré, le lundi 29 juin 2015
dans les dix départements scolaires du pays. Près de 73 898 candidats participent à
ces épreuves officielles qui doivent prendre fin le 3 juillet prochain. Environ 2 293
autres candidats auront à participer au bac permanent et 2 183 candidats pour le
Nouveau secondaire, selon un communiqué du ministère de l’Éducation nationale et
de la Formation professionnelle (MENFP).
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CULTURE
SPORT
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Décès de Michel
Tassy chanteur
de l'orchestre
Septentrional
Par Walcam
Les bulletins prêts et
livrés dans quinze jours
HAÏTI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
MARDI 30 JUIN 2015 NUMÉRO 28
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
HAÏTI / EXAMENS BACCALAURÉAT
ACTUALITÉ
Une première journée réussiePar Reynold Aris
P
rès de deux cents millions
de gourdes sont consacrées
à l’organisation des exam-
ens d’État de cette année.
Les responsables du ministère de
l’Éducation nationale et de la forma-
tion professionnelle (MENFP) peu-
vent se targuer d’avoir pris toutes les
mesures nécessaires permettant de
contribuer au bon déroulement des
examens d’État. Les témoignages
abondent dans les mêmes termes.
De nouveaux
engagements
en faveur d'Haïti
par Jean Michel Cadet
Haïti qualifiée pour
le deuxième tour
par Gérald Bordes
Philippe Augustin, directeur du Registre électoral, et Frantz Bernadin, porte-parole du CEP. / Photo : Noclès Débréus
2. 2 | N0
28 MARDI 30 JUIN 2015
TRIBUNE
Haïti : État sans nation, deux sociétés,
une nation sans ÉtatPar Jacques Ted Saint Dic
L
a coalition d’anciens et de
nouveaux libres, en superpo-
sition dominatrice de la masse
des esclaves, a mené et gagné
l’unique guerre antiesclavagiste du
monde dit moderne. Une victoire
contre l’humanité des inégalités socia-
les à idéologie d’individus égaux en
droit, en liberté et en résurrection. Le
front commun contre l’esclavage n’a
tenu que le temps de la conquête indi-
viduelle de la liberté. Les contradic-
tions d’intérêts, sur fond de récupéra-
tion de la lutte des esclaves marrons,
ont rapidement pollué les espaces
idéologiques d’ententes stratégiques
de la Révolution pour la ramener à
une guerre libératrice. La liberté n’a
pas été une conquête de population
en construction de peuple. En con-
struction de nation. Mais plus fon-
damentalement une guerre pour la
conquête et l’affirmation de l’identité
humaine de l’être nègre face à
l’inhumanité occidentale. L’Occident
des nations qui se sont construites et
enrichies sur la base de la domination
et de l’exploitation des populations et
des peuples des lieux géographiques
éloignées de leur centre autodéclaré
civilisé. L’Occident des élus en crois-
ades missionnaires de sauvetage et
d’humanisation des fils du serpent,
de Caïn et de Cham.
La révolte n’a pas abouti à la révo-
lution qui devrait faire de l’homme,
de tous les hommes des libres.
Des hommes debout dans une
dignité unitaire, humaine, dans la
construction d’une nation en che-
minement multiples d’État à se
doter. Au contraire, la nation s’est
construite sans se doter d’un État-
nation mais d’un État importé,
calqué sur le modèle des anciens
maîtres. Ainsi la nation est enfilée
dès sa genèse d’un État domina-
teur, d’exclusion, accapareur.
L’État totalitaire, dans le sens qu’il
est à lui seul la nation, la société,
le peuple, l’individu, le citoyen.
Et comme pour s’illustrer dans la
lignée des États totalitaires néces-
sairement violents, il fallait un
crime fondateur : l’assassinat du
père fondateur et le silence d’État
qui s’est ensuivi un demi-siècle
après.De 1804 à 1806, le pays
tout neuf enfante ses premières
contestations légitimes et naturel-
les. S’ouvre une longue période
de contestations du « peuple
national revendicatif », mais aussi
de trêves et d’assimilation par la
fuite à l’intérieur du nouveau ter-
ritoire. Il est en opposition depuis
à cette nouvelle structuration de
la hiérarchie de commandement
du pays. Très tôt, ce modèle d’État
se retrouve en difficulté, contesté
déjà en son sein par ceux qui se
sentaient redevables à la nation en
construction. Et surtout de ceux
dont leur père était en Afrique.
Il s’agissait en termes clairs de
poser la question du montage du
« Capital national de peuple », de
sa redistribution et de l’affectation
de la plus-value à la satisfaction
des besoins collectifs et de la con-
struction de la richesse nationale
de peuple.
Pour contrer les contestations, les
révoltes d’Acaau, de Goman, des
Piquets, des Cacos, et couper le
souffle de la contestation, il fallait
vite se rallier à des forces externes
pour consolider et instituer un
modèle d’État sans nation, sans
peuple. À défaut de pouvoir faire
émerger de la nation, la coalition
des anciens et nouveaux libres de
1806 à date n’a de cesse de con-
tinuer à constituer sa société éta-
tique sur le modèle des sociétés
anonymes. Les actionnaires sont
locaux et externes, individuels et
collectifs. Une nouvelle entreprise
à envergure nationale est montée
de toutes pièces. Pour être à
l’image d’un État, il fallait aussi
une projection en format adapté
des structures institutionnelles de
leur métropole-modèle. Les trois
pouvoirs sont installés. Les codes
de lois sont aménagés. Le régime
politique passe de l’empire à la
royauté, et surtout par la dictat-
ure pour se pérenniser, se mod-
erniser dans la république. La
référence permanente de toutes
ces structurations politiques reste
et demeure l’apartheid social
et individuel. Une expression
contemporaine de l’esclavage.
Idéologiquement ces formes
d’organisations politiques retien-
nent l’esclavage comme modèle
de gestion humaine et de capta-
tion du surplus économique. Les
codes de culture de Christophe,
de Boyer, plus tard la corvée et,
hier encore, l’accord de braceros
sont des rappels témoins du Code
Noir et de ce retour permanent à
ce système que l’on croyait ané-
anti par la victoire de la guerre de
l’Indépendance.
Alors que la masse des révoltés
victorieux devenus citoyens se
préparait à défendre un territoire
conquis de haute lutte, les nou-
veaux maîtres négociaient un bail
de vingt-cinq ans à extensions de
contrats illimités en payant aux
anciens maîtres la moitié de leur
faire-valoir d’absentéistes. Le sys-
tème du « deux moitié » prenait
corps et le droit de se dire, de se
nommer maîtres leur était vendu.
Ils avaient dès lors mandat, délé-
gation expresse de légitimation
du pouvoir universel, mondial
d’être les chefs, l’élite, les élites
de la société d’État. Le Premier
des Noirs, en prélude, écrit au
Premier des Blancs. L’égalité des
races humaines en argumentation
d’un antiracisme se mesurant à
l’aune d’un savoir accepté comme
universel. Nous aussi, nous pou-
vons acquérir les mêmes connais-
sances que les Blancs ! Un aveu de
soumission au racisme par justi-
fication du contraire en utilisant
un mot, une expression essentiel-
lement ségrégationniste : la race.
L’État sans nation et sa société
étatique, malgré son opération-
nalisation mouvementée à travers
le temps, ne s’est donné aucun
point d’ancrage géographique à
organiser. Un territoire. Un pays.
Haïti. Il est légal, moral, institu-
tionnel, moderne, multinational…
Un concept. Son contenu social
est une représentation imagée,
virtuelle des catégories sociales
en mouvement, sans attaches
réelles et permanentes de classes
sociales. Aucun souci de renou-
vellement. Il est l’expression d’un
moment historique, c’est-à-dire
datée, mais aussi dynamique
dans sa mutation à s’adapter aux
grands besoins de ses actionnaires
en situation de gestion de la pau-
vreté, d’acquisition de richesses et
de modernité à rattraper.
Que l’on ne se méprenne pas, cet
État n’est pas en bout de course.
Il est moderne dans sa dynamique
de cooptation individuelle à résul-
tante de représentativité sociale et
du maintien du statu quo dans sa
société. Sa nature ne change pas,
malgré l’élargissement de sa base
soit par des élections et aussi en
répondant aux appels de tous ceux
qui se disent exclus.
Des exclus d’hier qui veulent
eux aussi participer à la grande
bataille d’exclusion et de suceurs
du Peuple national. Conscients ou
illuminés, ils ont tous une révo-
lution à proposer, à négocier : il
est temps que la jeunesse soit
aux commandes ! Que les masses
populaires prennent le pouvoir !
Enfin que le savoir soit au service
de l’État pour le changer. N’allez
pas demander dans quel sens,
mais rassurez-vous : dans le sens
du bon sens. La chose la mieux
partagée au monde : il faut réussir
à changer sa vie. Avoir des intérêts
à jamais renouvelés à défaut d’une
sclérosante idée du partage équi-
table des richesses, selon chaque
mise, pondéré par un coefficient
de solidarité nationale.
Sa modernité est contemporaine
de son réseau de dépendances et
dans le formalisme de ses rela-
tions avec le monde commercial
et financier du village global. C’est
un monde formel où il faut se
présenter en déclinant son iden-
tité. Je suis l’État d’Haïti. Répub-
lique noire démocratique.
Importatrice nette. Réserve
naturelle indéterminée. Réserve
forestière minimale. Réserve
humaine à vendre. Spécificité :
État sans nation, deux sociétés,
une nation sans État.
Depuis deux siècles que cela
dure, la nation n’arrive pas à se
doter de son État. Elle consent
de grands investissements pour
mettre en place sa société et ses
élites, mais elle a gagné très peu
de batailles dans sa grande guerre
d’Étatisation.
3. MARDI 30 JUIN 2015 N0
28 | 3
ACTUALITÉ
Les bulletins
prêts et livrés
dans quinze joursPar Noclès Débréus
A
lors que les bulletins pour
les prochaines législatives
sont en train d’être imprimés
à Dubaï, le Conseil électoral
provisoire (CEP) a déjà reçu tous les
matérielsnonsensiblesenprovenance
de l’Afrique du Sud. La dernière car-
gaison a été livrée le dimanche 28 juin
2015. 14 094 kits électoraux et 2 300
kits de formation sont l’ensemble des
matériels fournis par la compagnie
sud-africaine, Lithotech, a informé
le porte-parole de l’institution électo-
rale, Frantz Bernadin, avant de laisser
le soin au directeur du Registre élec-
toral, Philippe Augustin, de faire le
point sur la délégation qui séjournait
à Dubaï dans le cadre du processus
d’impression des bulletins.
Après la validation des bulletins par
les différents candidats, il a fallu les
transmettre à l’imprimeur, a expli-
qué l’ingénieur Augustin, qui a été
à Dubaï en compagnie du président
du CEP, Pierre-Louis Opont, ainsi
que du trésorier, Ricardo Augustin,
pour vérifier et valider les maquettes
avant l’impression. Interrogé sur le
nom de la compagnie qui est char-
gée d’imprimer les bulletins des lég-
islatives, Monsieur augustin dit avoir
fait peu de cas du nom de la firme,
se contentant de vérifier si cette
dernière était en mesure de fournir
un travail de qualité tel que souhaité
le CEP. Pour ce qui concerne la pré-
sidentielle et les collectivités territo-
riales, le régisseur électoral, qui ne
détient pas toutes les informations
à ce sujet, a quand même informé
qu’il est très probable qu’un nouvel
appel d’offres soit lancé à cette fin.
Déjà, par rapport à cette question
de passation de marchés, de vagues
critiques fusent de toutes parts en
apprenant que les bulletins ainsi que
les matériels non sensibles pour des
élections qui devraient être un acte
de souveraineté nationale, viennent
de l’autre bout du monde alors que
lors des élections précédentes ces
matériels avaient été préparés par
des entreprises nationales. Sophie
De Caen, directrice principale du
Pnud en Haïti est obligée de sortir
de son silence pour expliquer que
l’appel d’offres a été fait suivant les
procédures de passation de marché
en vigueur au sein de l’organisme
qu’elle dirige. Une explication qui
semble être peu convaincante, dans
la mesure où les procédures de pas-
sation de marché du Pnud restent
encore inconnues du public. Réagis-
sant à ce sujet, Philippe Augsutin dit
n’avoir aucune réponse car, dit-il, le
dossier en question ne relève pas de
sa compétence.
Le Pnud, dans son rapport de fonc-
tionnement avec le CEP, s’engage à
fournir des équipements et des outils
informatiques pour le préenregistre-
ment des candidatures pour les légis-
latives, la présidentielle et les locales.
Il fait aussi l’acquisition de matériels
non sensibles (urnes, isoloirs, encre
indélébile, sachets plastifiés trans-
parents pour les procès-verbaux,
et autres matériels de quincaillerie
électorale) et sensibles (bulletins de
votes, procès-verbaux,…) selon les
spécificités définies conjointement
avec le CEP. En plus de l’acquisition
d’équipements audiovisuels, de
matériels de sensibilisation (T-shirts,
képis, affiches…), le Pnud fournira
aussi un appui technique à la cam-
pagne de communication et de sen-
sibilisation ainsi que dans la gestion
du payroll du personnel vacataire du
CEP durant la tenue des élections,
selon des informations émanant de
l’organisme onusien.
Parallèlement, Monsieur Augustin a
souligné que la liste électorale, une
autre étape importante dans le pro-
cessus, est en voie de finalisation.
À partir du mercredi 1er juillet, le
CEP lancera l’opération de vérifica-
tion ou changement de centre de vote
par tous les électeurs. Ainsi, tous les
citoyens électeurs qui voudraient
permuter de centre de vote ou qui
ont changé d’adresse sont conviés à
passer à n’importe quel Bureau élec-
toral communal (BEC) pour faire la
notification et aussi indiquer leurs
nouvelles adresses, a précisé Philippe
Augustin, très confiant quant à la
tenue des élections législatives le 9
août prochain.
Le temps des complots !
UnrédacteurduNationalendéplacementdansunevilledeprov-
ince, nul besoin d’identifier le lieu, a surpris une conversation
entre plusieurs personnes qui attendaient de participer à une
réunion politique d’un candidat à la présidence. Ces gens, il y en
avaitdanstouteslestranchesd’âges,discutaientd’élections.Àun
certainmoment,laconversationfutmonopoliséeparunhomme
dans la quarantaine qui déclara que les élections se gagnaient «
techniquement».Etsansaucunegêne,maisd’unemanièrequand
même instructive, il se mit à expliquer à l’assistance comment il
fallait procéder.
Il raconta comment, dans sa communauté, la veille du scrutin,
dès qu’il fit nuit, ses partisans et lui s’arrangèrent pour tirer plu-
sieurs coups de feu jusqu’au petit matin. La grande partie de la
population, croyant à un carnage, terrorisée, n’osa prendre les
rues pour se rendre dans les bureaux de vote qui furent seule-
ment investis par les partisans du candidat qui détenaient les
armes. L’énergumène, fier de lui, déclara : « Men sa k rele pran
yon eleksyon teknikman ! »
Il expliqua ensuite la deuxième manière de gagner « technique-
ment » : on fait en sorte de n’avoir que ses partisans dans les
bureaux de vote et on remplit les urnes à volonté. Mais attention
! prévient-il. Il faut procéder avec intelligence. Pour chaque cent
bulletins qu’on met dans l’urne pour son candidat, il faut en
mettredixpourlesautresconcurrents.«Sepoubagaylanteknik,
mesye!»Quandmêmeuneévolution,fautbienlereconnaître,par
rapport à l’ère des Duvalier et de leurs 99 % de votes favorables.
Personne dans l’assistance n’osa protester contre l’impudence
aveclaquellenotreorateurimprovisérelataitsesexploitspassés,
à part, bien sûr, notre rédacteur qui ne put que prêcher dans le
videdevantuneassistanceconvaincueparlelangage«technique
» de celui qui avait monopolisé son attention.
On serait bien fou de croire que plein de candidats, plein de per-
sonnes acquises pour diverses raisons à la cause de ces préten-
dants«autimondenosaffaires»,vontpouvoirrésisterauplaisir
malsaind’ourdirimpunémentlescomplotslesplusinfâmespour
gagnerlesélections.Lesdeuxscénariidécritsparlehérosdujour
sont bien ceux les plus employés par nos politiciens. On ne fera
pasl’erreurdecroirequ’àl’étrangerlespoliticienssontdessaints.
Ces derniers aussi sont prêts à tous les mauvais coups. Sauf que,
sous d’autres cieux, il existe des institutions plus efficientes, qui
exercent une minimum de contrôle, et ceci, avec efficacité.
Cheznous,nosinstitutionssontgangrenéesparlacorruption.Des
groupesd’intérêtsquin’ontjamaismontrélamoindrecompassion
envers les laissés-pour-compte de la nation profonde, meurtrie,
et qui, sans vergogne, veulent tout pour eux et pour eux seuls.
La précarité transforme plein de citoyens en animaux. La com-
munauté étrangère qui finance une grande partie du processus
électoral - un non-sens du point de vue de l’éthique nationale
- veut toujours imposer son point de vue, ce qui est facilité par le
jeu de coquins des prétendants prêts à tous les compromis pour
accéder au trône.
On est en plein au temps des complots.
Des complots contre la nation !
ÉditoHAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES
Actuellement les bulletins pour les départements de
l’Ouest, du Nord-Ouest, du Nord-Est et du Centre sont
sous presse et tous les bulletins pour les législatives
devront être livrés en Haïti dans une quinzaine de
jours, selon ce qu’a annoncé l’ingénieur Philippe
Augustin, directeur du Registre électoral. Monsieur
Augustin faisait partie de la délégation du Conseil
électoral provisoire (CEP) qui a séjourné la semaine
dernière à Dubaï en vue de valider les maquettes avant
l’impression et, du même coup, évaluer la capacité de la
compagnie anonyme qui a remporté l’appel d’offres du
Programme des Nations unies pour le développement
(Pnud).
» suite de la première page
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28 MARDI 30 JUIN 2015
ACTUALITÉ
HAÏTI/EXAMENSBACCALAURÉAT
Une première journée réussiepar Reynold Aris
Une première journée réussie pour les examens de baccalauréat . / Photo : Reynold Aris
» suite de la première page
Ils ont été une réussite, confient
directeurs de sièges, surveillants et
candidats. C’est le cas aussi du bacca-
lauréat. Toutefois, certains candidats
n’ont pas porté leur uniforme comme
le préconisent systématiquement les
dirigeants du MENFP.
Au lycée Fritz Pierre Louis, sur les
570 bacheliers qui devraient pren-
dre part à ces compétitions dans ce
centre préposé aux candidats de la
section « D », seulement quarante-
cinq d’entre eux sont absents, si l’on
en croit les propos du censeur de
cet établissement, Bélizaire Jean
Ronel, qui informe que tout se passe
très bien.
Les candidats et les surveillants,
indique M. Jean Ronel, ont été
ponctuels ce matin. Ils ont pénétré
dans les salles d’examens à temps.
De plus, les responsables du MENFP
ont acheminé les tests d’évaluation
très tôt dans le centre. Il a expliqué
que cela a permis leur distribu-
tion aux bacheliers à compter de
8 heures et demie du matin ce qui
a facilité la tâche à ces postulants
selon le temps qui leur était imparti.
Le censeur informe, en outre, n’avoir
rencontré aucune difficulté lors du
déroulement de ces épreuves.
« Jusqu’à cette présente minute tout
marche comme sur des roulettes »,
s’est-t-il réjoui.
De son côté, Myriam Jean Louis,
élève du Lycée Jean Jacques, salue
la manière dont les épreuves ont été
organisées cette année. « Elles n’ont
pas été entachées d’irrégularités
tant sur la forme que dans le fond».
Très confiante en sa réussite, elle
invite ses camarades à ne pas se
précipiter en ce qui concerne la
rédaction de ces différents examens.
Dans la même veine, un élève de
l’institution « Mixte Jules Lafleur »
requérant l’anonymat informe que
les examens ont été à la portée
des candidats. Il suffit, à son
avis, que les postulants aient été
en salle durant cette année aca-
démique 2014-2015 pour pouvoir
se débrouiller avec ces épreuves. Il
a toutefois souligné comme postu-
lant en section « C » ne pas être en
mesure de se vanter durant cette
première journée des examens de
Philosophie et de Biologie, promet-
tant qu’il va quand même réussir
avec brio suivant le profil de ces
épreuves. Il convient de souligner
qu’en dépit des recommandations
des responsables du MENF, le port
obligatoire de l’uniforme, comme
l’une des conditions pour avoir
accès aux sièges d’examens, n’a pas
été suivi. Selon ce qu’ont rapporté
des surveillants interrogés à ce
sujet, ils informent l’avoir accepté
pour éviter que ces postulants ne
ratent l’année académique. À cet
effet, ils ont lancé des mises en
garde à ces contrevenants disant
qu’ils n’auront pas accès aux centres
sans se conformer à cette mesure
lors des prochaines épreuves.
Quant à la répartition des postu-
lants, le Bureau national des exa-
mens d’État (BUNEXE) a indiqué
que le département de l’Ouest
accueille l’effectif le plus élevé avec
44 mille 223 candidats. S’ensuivent
ceux du Nord et de l’Artibonite avec
respectivement 8 055 candidats et
5 001 candidats. À noter que le
département de la Grand’Anse est
le maillon le plus faible de la chaîne
avec 1 192 candidats.
Les consignes demeurent les mêmes
selon le directeur du BUNEXE,
Renan Michel. L’usage du téléphone
portable, mis à part les surveillants
qui peuvent l’utiliser au besoin, est
strictement interdit dans les centres
d’examens.
5. MARDI 30 JUIN 2015 N0
28 | 5
ACTUALITÉ
L
’Union européenne (UE) et la
Communauté des États latino-
américains et caribéens (Celac)
se sont engagées dans cette
déclaration à soutenir Haïti dans sa
quête du développement et sa lutte
contre l’extrême pauvreté. Un appel
est aussi lancé à tous les donateurs
à soutenir la mise en œuvre du plan
stratégique de développement du
gouvernement haïtien. Un montant
de 420 millions de dollars, à cet effet,
a été décaissé par l’UE pour soutenir
des programmes de développement
durant la période 2014-2020.
La stabilité politique via le
renouvellement du personnel
politique fait aussi partie des
grandes lignes de cette déclaration.
Les États signataires de cet acte
déclarent soutenir sans réserve les
efforts du gouvernement haïtien
pour organiser les prochaines
élections. L’UE, de son côté, a
déjà emboité le pas. Depuis un
an environ, ce partenaire d’Haïti
a déjà décaissé un montant de
cinq millions d’euros et promis un
appui logistique et une mission
d’observation. Toutefois, le Conseil
électoral ne dispose que de 44
millions de dollars gérés par le
Pnud sur un total de 66 millions
nécessaires à l’organisation des
élections à tous les niveaux
(présidentielle, législatives,
municipales).
Hormis les questions relatives aux
élections et le développement, l’UE
s’intéresse de près aux problèmes
humanitaires encore présents
en Haïti. Une enveloppe de 14
millions d’euros a d’ailleurs été
mobilisée en 2015 pour répondre à
certains défis comme les désastres
naturels, l’insécurité alimentaire,
la propagation du choléra et le
relogement des déplacés. Le pays
fait face actuellement, toutefois, à
une crise humanitaire grandissante
sur laquelle l’UE se prononce.
L’Union européenne se veut un
acteur « neutre » dans le dossier
de rapatriement d’Haïtiens en
République dominicaine. « Nous
ne sommes ni juges ni parties »,
soutient Christian Leffler, directeur
exécutif pour les Amériques au
service d’Action extérieure de l’UE.
Il incombe, selon lui, aux deux États
(Haïti et la République dominicaine)
de trouver des solutions viables
axées sur les principes juridiques
et politiques.
Pourtant les autorités haïtiennes
accusent leurs homologues
dominicaines d’un double langage.
Alors que le 17 juin était censé
marqué la fin du Programme
national de régularisation des
étrangers (PNRE), on assiste,
de préférence, à l’expulsion des
migrants haïtiens en RD, ce, en
violation des traités et conventions
internationaux en vigueur sur
la question. Le Premier ministre
haïtien Évans Paul fait état de plus
14 mille ressortissants haïtiens qui
regagnent la partie ouest de l’île.
Certains, décident volontairement,
par peur de représailles, selon des
organisations de droits humains, de
revenir en Haïti.
Concernant ce dernier aspect de
la question, M. Leffler semble
n’être pas alarmé. Le départ
volontaire d’Haïtiens vivant de
l’autre côté de la frontière, pense-
t-il, est moins dramatique que
l’expulsion de centaines de milliers
de Dominicains d’ascendance
haïtienne. Selon lui, il incombe aux
autorités haïtiennes de prendre en
charge leurs ressortissants.
L’UE, martèle le diplomate, joue
les facilitateurs dans ce dossier.
Un rôle, dit-il, qu’a longtemps
joué l’institution qu’il représente
depuis les balbutiements de cette
crise. Rappelons que la diplomatie
haïtienne a, dès la décision de la
Cour constitutionnelle dominicaine
dénationalisant des Dominicains
d’ascendance haïtienne depuis trois
générations, porté l’affaire par-
devant les instances internationales
qui ont pris fait et cause pour Haïti.
Plus tard, les autorités haïtiennes
ont ramené la question dans un
cadre strictement bilatéral.
UE-CELAC/DÉCLARATIONDEBRUXELLES
De nouveaux engagements
en faveur d'Haïtipar Jean Michel Cadet
Haïti continue d’être un sujet de préoccupation au niveau régional et international. Au terme du sommet UE-
CELAC, tenu à Bruxelles du 11 au 14 juin derniers, une déclaration a été adoptée. Les besoins spécifiques du
pays liés au sous-développement et à la stabilité politique figurent aussi parmi les engagements pris dans ce
document.
6. Le Centre de facilitation des investissements (CFI), a annoncé, le lundi 29 juin 2015, au local du ministère de la
Communication, le lancement de la plateforme « Connect Americas » et du Guide de l’investissement d’Haïti.
Soutenu par la Banque interaméricaine de développement (BID), ce projet vise à favoriser la connexion entre les
petites et moyennes entreprises (PME) d’Haïti et les entrepreneurs du monde entier.
O
utre les investisseurs
étrangers, ce Guide de
l’investissement d’Haïti
cible également les investis-
seurs locaux. Par le biais de ce guide,
le CFI caresse l’idée de mettre en
valeur la multiplicité d’affaires qui se
présententaujourd’huisurleterritoire
haïtien, tout en offrant aux investis-
seurs une base solide d’informations
pour faciliter le processus décisionnel
en matière d’investissement.
« Connect Americas » est une plate-
forme sociale. C’est le premier
réseau social d’affaires du conti-
nent américain, conçu spécifique-
ment pour les petites et moyennes
entreprises (PME) qui n’ont pas les
moyens nécessaires pour participer
aux grandes expositions internatio-
nales », a déclaré la directrice du
CFI, Mme Norma Powell. À l’aide de
cette plateforme, elles auront l’accès
de vendre et d’acheter des produits
sur les marchés mondiaux, tout en
restant chez eux, et évitant ainsi des
dépenses énormes.
C’est une initiative de la Banque
interaméricaine de développement
(BID), soutenue par Google, DHL,
Visa et Alibaba. En ligne gratuite-
ment, elle permettra aux PME de
l’Amérique latine et des Caraïbes de
se connecter avec des entrepreneurs
du monde entier, et d’accéder aux
outils d’informations pratiques leur
permettant d’accroître leurs capaci-
tés préliminaires.
Selon la directrice, la plateforme a
déjà connu beaucoup de succès en
Haïti. Elle a informé qu’Eliachim
Williams, l’agent commercial de la
coopérative agricole caféière Vincent
Ogé de Dondon, a utilisé le réseau
Connect Americas qui lui a permis
de trouver plusieurs marchés. Ses
produits sont actuellement en vente
dans les supermarchés All Food
et La Belle Créole aux États-Unis
d’Amérique.
Le CFI, agence de promotion des
investissements, s’est engagé à
fournir aux investisseurs un accom-
pagnement adéquat, depuis le projet
d’investissement jusqu’à sa concré-
tisation, suivant ce qu’a déclaré Mme
Norma Powell, sa directrice générale.
Dans son intervention, elle a fait res-
sortir les missions du CFI en deux
volets spécifiques.
D’abord, une phase de facilitation,
au cours de laquelle le processus
de l’investissement est organisé, en
fournissant aux investisseurs les
documents et les contacts néces-
saires pour faire avancer le proces-
sus. Ensuite, la phase promotion-
nelle qui cherche à connaître les
visions du gouvernement haïtien,
les secteurs qu’il définit comme des
secteurs porteurs, comme le tour-
isme, l’agro-industrie, le textile, etc.,
pour une meilleure orientation de
cet investissement. Avant d’investir,
l’entrepreneur n’a pas seulement
fixé ses regards sur l’insécurité. Il
y a beaucoup de facteurs à prendre
en considération. Les problèmes
sociopolitiques ne sont pas les seuls
freins aux investissements. Les con-
ventions internationales, les accords
commerciaux ratifiés par Haïti
sont, pour la directrice, autant de
facteurs qui préoccupent les inves-
tisseurs. Par conséquent, le Guide
de l’investissement et le réseau sont
incontournables, si on veut encour-
ager la production, l’investissement,
et éviter des importations évaluées
à plus de deux milliards de dollars
américains par an.
CENTREDEFACILITATIONDESINVESTISSEMENTS
Un réseau social d'affaires, pour
faciliter les échanges commerciauxpar Evens REGIS
6 | N0
28 MARDI 30 JUIN 2015
ACTUALITÉ
7. Un lot de matériel équivalant à 90 mille dollars a été remis, le lundi 29 juin 2015, au ministère des Affaires
sociales et du Travail (MAST), par l’ambassade de Taïwan. Une cérémonie qui s’est déroulée en présence du
titulaire de ce ministère, Victor Benoit.
«
Nous n’avons pas de position
précise sur ce dossier, mais
nous faisons tout ce qui est
possible pour aider ces Haï-
tiens à obtenir ce dont ils ont besoin
», a déclaré l’ambassadeur de Taïwan,
Hwang Tsai-Chiu, lundi, lors de cette
cérémonie de remise de dons. Cette
réponse intervient dans un con-
texte tendu où de nombreux acteurs
nationaux et internationaux ont déjà
pris position sur ce dossier pour cond-
amner l’attitude raciste et xénophobe
des Dominicains et également pour
critiquer la gestion faite de ce dos-
sier par le pouvoir Martelly, qu’ils
accusent d’d’en avoir fait une affaire
personnelle, cassant ainsi l’élan de
solidarité internationale. Par ailleurs,
le ministre Victor Benoit a tenu à pré-
ciser que, durant la semaine écoulée,
de jeudi à samedi, la vague des dépor-
tés en provenance de la République
dominicaine a décru considérable-
ment. Une information confirmée
par le ministre de l’Intérieur, qui a
précisé que depuis la fin du Plan
national de régularisation (PNRE),
environ 14 mille personnes seraient
déjà retournées volontairement ou de
manière forcée au pays.
Un don de 91 mille dollars...
Ce don de l’ambassade de Taïwan en
Haïti a été fait au profit des dépor-
tés de la République dominicaine.
La cérémonie a été marquée par la
signature d’un « protocole de remise
de dons » entre l’ambassadeur Hwang
Tsai-Chiu et le ministre Victor Benoit.
Ce lot de matériel, qui contient, entre
autres, des sacs à main, des ballons
de football, des chaussures et jouets
pour enfants, a été collecté par la
diaspora taïwanaise aux États-Unis, a
informé l’ambassadeur Tsai-Chiu. Le
coût total de cette donation s’élève,
a-t-il précisé, à environ 92 mille dol-
lars américains.
Avouant que, depuis longtemps,
le ministère des Affaires sociales a
toujours été un partenaire de son
ambassade, Hwang Tsai-Chiu a expli-
qué que son institution ne disposait
pas de moyens logistiques adéquats
pour procéder elle-même à la distri-
bution de ces dons. C’est pourquoi
il a demandé au MAST de suppléer
l’ambassade en ce sens. Aussi prom-
et-il que ce n’est pas la dernière fois
que les deux entités travailleront
ensemble.
Remerciant l’ambassadeur au nom du
gouvernement et du peuple haïtien,
Victor Benoit, ministre des Affaires
sociales, s’est félicité de ce don qui,
selon lui, arrive à point nommé. Le
ministre Benoit croit, en effet, que la
population vulnérable du pays a aug-
menté avec les nombreux déportés
venus de la République dominicaine.
« Dans l’immédiat, des dispositions
seront prises pour que ce don soit
remis au Comité mixte de solidarité
mis en place par le gouvernement
pour la gestion des pourchassés en
provenance de République dominic-
aine », promet Victor Benoit qui sou-
ligne que du fait que ce lot de maté-
riel contient beaucoup d’articles des-
tinés à la gente féminine, l’expertise
du ministère à la Condition féminine
sera mise à contribution.
HAÏTI/COOPÉRATION/TAÏWAN
Un lot de matériel pour les rapatriés !par Lionel Edouard
MARDI 30 JUIN 2015 N0
28 | 7
ACTUALITÉ
L
e ministre des Affaires socia-
les et du Travail, Victor Benoit,
représentant de la Fusion des
sociaux-démocrates, a fait le
point, lundi, autour de la décision de
l’homme d’affaires Réginald Boulos
de démissionner du Conseil supérieur
des salaires.
Questionné sur cette démission
surprise, Victor Benoit a fait savoir
qu’il a été informé par voie de presse
et que, à date, il n’a pas encore reçu
la lettre de démission de M. Boulos.
Tout en disant respecter le choix de
Réginald Boulos, M. Benoit a dit
qu’il n’était pas souhaitable que le
concerné prenne une telle décision.
« C’est dommage que M. Boulos
n’ait pas pensé à me contacter »,
a regretté Victor Benoit qui croit
que si cette prise de contact avait
été faite avant, Réginald Boulos
n’aurait peut-être pas pris cette
décision extrême de démissionner.
En ce qui a trait au motif de
cette démission, l’ouverture d’un
compte courant au nom du Conseil
supérieur des salaires, alors que
Réginad Boulos avait opté pour le «
bénévolat », Victor Benoit a déclaré
que le ministre des Affaires sociales
n’avait pas ouvert de compte, sans
pour autant remettre en cause la
parole de l’intéressé. Toutefois,
Victor Benoit informe qu’étant
donné que Réginald Boulos a
affirmé qu’un compte a été ouvert
au nom du Conseil supérieur des
salaires, sa responsabilité à lui est
de procéder à une enquête pour
savoir dans quelles conditions ce
compte a été ouvert, pourquoi il l’a
été, s’il l’a été légalement, qui en a
pris l’initiative, avait-il le droit de
le faire, l’a-t-il fait selon les règles
régissant le fonctionnement du
Conseil.
Beaucoup de personnalités qui
avaient prêté leurs services à l’État
haïtien à travers des commissions
ou l’administration publique ne
peuvent plus disposer de leurs
biens pour défaut de décharge.
Une situation qui avait été dénoncée
par Gérald Mathurin, candidat au
Sénat recalé pour le département
du Sud-Est. Avec la création de ce
compte, Réginald Boulos veut-il
éviter le piège de la décharge ?
Face à la cherté de la vie,
des gestes ponctuels...
Le ministre Victor Benoit a
aussi fait le point, lundi, sur le
problème de la cherté de la vie qui
sévit actuellement dans le pays,
notamment dans un contexte où
l’envolée du dollar par rapport à
la gourde affecte directement les
ménages haïtiens.
Il s’est dit profondément touché
comme citoyen, mais aussi comme
ministres des Affaires sociales.
Aussi croit-il qu’il faut y trouver
une solution. Malgré la précarité,
poursuit le social-démocrate,
le gouvernement doit, comme
d’habitude, trouver des moyens
pour poser des gestes ponctuels.
Cependant, pour le ministre
Benoit, la véritable solution passe
par une politique économique et
sociale globale, susceptible de
stimuler la création d’emplois
et l’augmentation de la produc-
tion agricole pour nourrir la
population.
HAÏTI/CONSEILSUPÉRIEURDESSALAIRES
Victor Benoit annonce une enquêtePar Lionel Edouard
8. 8 | N0
28 MARDI 30 JUIN 2015
MONDE
M
algré plusieurs exécutions
problématiques, la Cour
suprême des Etats-Unis a
donné son feu vert lundi à
une méthode controversée d’injection
létale, dans une décision très attendue
par les Etats américains qui avaient
suspendu le châtiment ultime.
La plus haute juridiction du pays,
qui se prononçait pour la première
fois sur la peine capitale en sept
ans, était saisie par quatre condam-
nés à mort de l’Oklahoma (sud)
qui craignaient de mourir dans des
souffrances inconstitutionnelles,
après la mort de quatre prisonniers
au terme d’une longue agonie.
Les cinq juges conservateurs,
contre les quatre progressistes, ont
estimé que les plaignants n’avaient
pas montré « un quelconque risque
substantiel de souffrances » en
cas du recours au midazolam, un
anxiolytique, pour exécuter un
condamné.
Lisant la décision de la majorité,
le juge Samuel Alito a estimé que
« les prisonniers n’avaient pas
identifié une méthode d’exécution
disponible et alternative qui impli-
que un moins grand risque de souf-
france ».
La haute Cour a, en conséquence,
jugé cette méthode d’exécution
conforme au 8e Amendement de la
Constitution qui interdit les souf-
frances « cruelles et inhabituelles ».
« En protégeant même ceux qui
ont commis les crimes les plus
odieux, le 8e Amendement réaf-
firme le devoir d’un gouvernement
à respecter la dignité de toutes les
personnes », a estimé la juge Sonia
Sotomayor, au nom des quatre
juges progressistes de la minorité.
« Aujourd’hui, cependant la Cour
donne l’absolution à l’Etat de
l’Oklahoma (...) et impose à un
condamné d’identifier lui-même un
moyen d’être exécuté », a-t-elle dit.
Les 31 Etats (sur 50) qui autorisent
la peine de mort souffrent d’une
pénurie d’anesthésiants, que les
fabricants européens refusent de
fournir à des fins d’exécutions.
Devantl’impasse,certainsEtatssont
revenus à d’anciennes méthodes
d’exécution: le peloton d’exécution
pour l’Utah, la chaise électrique
pour le Tennessee et l’inhalation
d’azote pour l’Oklahoma. D’autres
encore ont recours à des prépa-
rateurs en pharmacie non homo-
logués pour obtenir des produits et
continuer à exécuter.
D’autres ont suspendu leurs exécu-
tions, dans l’attente de la décision
de la Cour suprême. Dix Etats au
total n’exécutent plus pour divers-
es raisons tandis que 19 Etats ont
purement et simplement aboli la
peine de mort.
Stricto sensu, la question que se
posait la haute Cour portait sur la
constitutionnalité du midazolam,
un anxiolytique utilisé surtout
par l’Oklahoma et la Floride (sud-
est) avec l’intention de rendre
le condamné inconscient avant
l’administration du produit mortel.
La peine de mort est-elle
constitutionnelle?
Mais à l’audience le 29 avril, comme
en rendant la décision lundi, le
débat a porté sur l’injection létale,
approuvée il y a sept ans par cette
même Cour, et l’avenir de la peine
capitale aux Etats-Unis.
Deux juges progressistes ont estimé
lundi qu’il était temps de se poser
une question basique: « est-ce que
la peine de mort elle-même est con-
stitutionnelle? », a demandé le juge
Stephen Breyer.
Confirmant la polémique qui
entoure cette question, le juge
ultraconservateur Antonin Scalia
lui a rétorqué qu’ « à la différence
du mariage gay, la peine de mort
est approuvée par la Constitution ».
« La plus grande partie de
l’Amérique a tourné le dos à la
peine de mort, seule une poignée
de comtés persistent à mettre les
gens à mort, il est temps de mettre
fin à cette désastreuse expérience
de la peine capitale », a jugé la puis-
sante Union américaine de défense
des libertés.
Dale Baich, l’avocat des quatre
plaignants condamnés à mort,
a promis qu’ « en dépit du refus
de la Cour d’intervenir dans cette
question de fond, et en raison d’un
risque substantiel de souffrances,
la bataille judiciaire ne s’arrête
pas là ». « Nous continuerons à
œuvrer devant les tribunaux pour
(...) empêcher les exécutions prob-
lématiques à l’avenir », a souligné
l’avocat.
Le midazolam était en cause dans
plusieurs exécutions récentes
apparemment accompagnées de
souffrances.
Le 16 janvier 2014, dans l’Ohio
(nord), Dennis McGuire est mort
au bout de 26 minutes après avoir
visiblement suffoqué. Le 29 avril,
en Oklahoma, Clayton Lockett a
succombé au bout de 43 minutes
de râles et gémissements.
Le 23 juillet, Joseph Wood en Ari-
zona (sud-ouest) a péri 117 minutes
après l’injection, contre une dizaine
de minutes habituellement.
La Cour suprême donne son feu vert
à une méthode controversée d'exécution
Sources : afp
La Cour suprême, aux Etats-Unis. / Photo : SIPANY / SIPA
ÉTATS-UNIS
9. MARDI 30 JUIN 2015 N0
28 | 9
MONDE
L
e Conseil de sécurité des
Nations unies a prolongé d’un
an la mission de maintien de
la paix au Darfour, lundi, bien
que le gouvernement soudanais ait
demandé la fin de cette opération
visant à protéger les populations
civiles et à leur délivrer de l’aide
humanitaire. Une mission conjointe
de l’Onu et de l’Union africaine
(Unamid) est déployée depuis
2007 au Darfour, où un conflit
avait éclaté en 2003 entre les
forces gouvernementales et leurs
alliés et des rebelles majoritaire-
ment non arabes.
Khartoum a demandé l’an dernier
le départ de l’Unamid en raison
de la volonté de cette dernière
d’enquêter sur des accusations de
viols de masse dont se seraient
rendus coupables des soldats sou-
danais dans la ville de Tabit.
Mais les 15 membres du Conseil
de sécurité ont voté à l’unanimité
la poursuite de la mission pour
protéger les populations civiles.
« Ce n’est pas le moment de battre
en retraite. Le Soudan compte le
plus grand nombre de personnes
déplacées en Afrique. Et elles ont
davantage souffert en 2014 qu’au
cours de la décennie précédente
», a déclaré l’ambassadeur britan-
nique à l’Onu, Matthew Rycroft,
en commentant le vote.
Les Nations unies estiment à 2,5
millions le nombre de déplacés en
raison du conflit au Darfour, à 4,4
millions le nombre de personnes
qui ont besoin d’aide et à 300
000 le nombre de morts depuis le
début du conflit.
L'Onu prolonge d'un an sa mission au Darfour
Sources : Reuters
L'ex-ministre gaulliste Charles Pasqua,
88 ans, est décédéSOURCES : AFP
L
’ancien ministre Charles
Pasqua, 88 ans, pilier de la
famille gaulliste et parrain
politique de Jacques Chirac
et de Nicolas Sarkozy, est décédé ce
lundi, a-t-on appris de sources con-
cordantes.
Ancien ministre de l’Intérieur, ex-
sénateur des Hauts-de-Seine, il
avait mis un terme en 2011 à sa
carrière politique, marquée par
une part d’ombre liée à ses activi-
tés au sein de services d’ordre
parallèles, ses réseaux africains et
ses démêlés judiciaires. M. Pasqua
était apparu la dernière fois en
public le 30 mai pour le congrès
fondateur des Républicains.
M. Pasqua est décédé lundi à
l’hôpital Foch de Suresnes, a
précisé dans un communiqué le
président du Conseil départemen-
tal des Hauts-de-Seine, Patrick
Devedjian (Les Républicains) en
faisant part de la « profonde trist-
esse » de l’ensemble des élus du
département.
Cité dans près d’une dizaine
d’affaires (financement politique,
vente d’armes à l’Angola), il avait
été condamné définitivement en
2010 dans deux dossiers: à 18
mois de prison avec sursis pour
le financement illégal de sa cam-
pagne européenne de 1999, via
la vente du casino d’Annemasse
(Haute-Savoie), et à un an avec
sursis par la Cour de justice de la
République (CJR) dans l’affaire
des détournements de fonds au
préjudice de la Sofremi (exporta-
tion de matériel de sécurité).
Né le 18 avril 1927 à Grasse
(Alpes-Maritimes), Charles
Pasqua, petit-fils de berger corse,
s’était engagé à 16 ans dans la
résistance et, gaulliste convaincu,
il avait adhéré dès 1947 au Ras-
semblement du peuple français
(RPF). Il avait fait carrière dans
la société Pernod-Ricard.
Pièce maîtresse de l’équipe de
Jacques Chirac dans les années
80, M. Pasqua était devenu min-
istre de l’Intérieur en 1986-1988
dans le gouvernement Chirac.
Il avait à nouveau occupé cette
fonction avec rang de ministre
d’Etat en 1993-1995 dans le gou-
vernement d’Edouard Balladur,
qu’il avait d’ailleurs préféré à M.
Chirac lors de la présidentielle de
1995.
Pilier des Hauts-de-Seine, départe-
ment qu’il a présidé de 1973 à
1976 et de 1988 à 2004, ancien
député et ancien sénateur, il s’était
fait souffler la mairie de Neuilly-
sur-Seine en 1983 par un jeune et
ambitieux Nicolas Sarkozy, dont
il avait contribué à l’ascension et
dont il était redevenu proche par
la suite.
Il avait claqué la porte du RPR
en 1999 pour fonder et présider
un temps le Rassemblement pour
la France (RPF), parti souverain-
iste, à la tête duquel, associé avec
Philippe de Villiers, il avait fait un
meilleur score que la liste RPR-DL
de Nicolas Sarkozy.
L’ancien ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua. / Photo : bfmtv.com
Des soldats gambiens de la force de maintien de la paix de l’ONU au Darfour. / Photo :
11. MARDI 30 JUIN 2015 N0
28 | 11
ÉCONOMIE
Introduire les producteurs locaux
dans la chaîne des fournisseursSource : Pro-Poor Tourism Partnership
TOURISMEDURABLE
Q
uel est le potentiel d’achat,
par exemple, pour les tissus
d’ameublement (utilisés
dans la fabrication d’articles
d’artisanat, sets de table, bougies),
les fournitures d’habillement (par
exemple les uniformes, le linge de
maison), les articles mis à la disposi-
tion des clients (tels le papier recy-
clé, les savons faits main), ou pour
les services (commandes de fleurs,
excursions et sorties) ou encore les
produits alimentaires locaux ?
Comprendre les défis
Les opportunités de se procurer,
du fait que la qualité, la quantité
ou l’irrégularité des stocks de
marchandises locales et des ser-
vices disponibles sur place sont
souvent mal exploitées et laissent
souvent à désirer. Les producteurs
locaux sont souvent mal rensei-
gnés sur les règles strictes applica-
bles aux marchandises destinées
aux hôtels en ce qui concerne les
normes de santé et de sécurité
et ne savent pas trop non plus
comment donner satisfaction aux
touristes et arriver à produire la
qualité recherchée.
Souvent, les petits producteurs
n’ont aucun accès à des facili-
tés de crédit - seul moyen pour
eux d’investir en vue d’améliorer
leur production et de trouver des
débouchés dans le secteur touris-
tique – à moins qu’ils aient déjà
des contrats en mains, qu’ils peu-
vent montrer à leurs banques.
Les talents créateurs, par ailleurs
se perdent très vite, lorsque les
importations d’objets d’artisanat
bon marché font perdre sa valeur
à l’artisanat local. Les gérants
d’hôtels et les responsables des
achats et fournitures ont pris
l’habitude de dépendre de fournis-
seurs avec lesquels ils traitent
depuis longtemps, aussi sont-
ils rarement disposés à changer
pour s’adresser à des fournisseurs
locaux. En général, les hôteliers
règlent leurs factures de marchan-
dises reçues dans les 30 à 90 jours
après la date de livraison. Les pro-
ducteurs locaux ne peuvent pas
opérer de cette façon, vu qu’ils
n’ont pas de capital de travail.
En conséquence, ils ne peuvent
pas traiter avec les hôtels. Certes,
les producteurs locaux ont des
marchandises à offrir et les hôte-
liers voudraient bien les acheter,
mais il n’y a pas entre eux de
« marché » établi qui pourrait
leur permettre d’entrer en rela-
tions, ou faire qu’ils partagent les
informations courantes, négocient
les contrats et les délais de livrai-
son. La fréquence de production
des produits saisonniers ne coïn-
cide pas toujours avec la saison
touristique. Dans certains pays,
des modifications de la politique
gouvernementale seraient néces-
saires pour inciter les agriculteurs
à promouvoir le développement
des liens entres les maillons de
l’économie locale et à tirer le max-
imum de revenus de l’industrie
touristique.
Quelles opportunités à
envisager
Pour les hôteliers qui veulent
bien s’approvisionner auprès des
fournisseurs locaux, les opportu-
nités ainsi créées sont les suiv-
antes :
• Utiliser des produits distinc-
tifs, qui peuvent donner à chaque
hôtel un cachet particulier et en
même temps faire connaître les
produits du pays.
• Offrir un plus grand choix
d’activités locales, ce qui pour-
rait motiver le client à rester plus
longtemps et même, par la suite,
à réserver pour des séjours plus
longs.
• Réaliser une économie, si le coût
des marchandises locales et des
services offerts sur place s’avère
moins élevé.
• Créer un réseau de collaboration
locale.Pourlespetitsentrepreneurs
et les microsociétés commerciales,
la possibilité de vendre leurs
produits aux hôtels servirait à leur
ouvrir des débouchés inespérés et
leur offrirait même l’opportunité
d’augmenter leur production tout
en améliorant la qualité, la gamme
et la commercialisation de ces
produits.
Le projet dit « Code des
Recommandations », que prépare
la Federation of Tour Operators
(voyagistes) du Royaume-
Uni, favorise les hôtels qui
s’approvisionnent sur place
en produits indigènes à l’île et
achetés aux petits agriculteurs
locaux, plutôt qu’aux grossistes
ou aux grandes surfaces.
Quelles solutions peut-on
proposer?
Recommandations d’ordre pra-
tique. Il conviendrait que les
HOTELIERS veuillent bien :
- Changer leur mode de règlement
: les factures des petits entre-
preneurs doivent être payées au
comptant, à la livraison ou dans
la quinzaine qui suit, autrement il
leur est impossible d’opérer.
- Faire preuve d’imagination :
plutôt que de revenir toujours
aux mêmes fournisseurs lorsqu’il
faut, par exemple, commander de
nouveaux uniformes, se demander
si on pourrait les faire réaliser
par une couturière locale, d’après
une création de mode locale
aussi. Lors de rénovations ou de
l’agrandissement des bâtiments,
voir si l’on peut inclure dans la
décoration des sculptures ou
objets d’art locaux.
- Modifier les conditions des
contrats : l’idée serait de passer
davantage de mini-contrats, à une
échelle qui soit plus à la portée
des petits producteurs locaux,
de façon à étaler les bénéfices et
aussi les risques.
- Désigner un arbitre qui devra
identifier et guider les nouveaux
fournisseurs et, après quelque
temps s’assurer qu’ils font bien
partie intégrante des opérations
journalières et de la chaîne des
fournisseurs réguliers.
- Établir un ordre de priorité pour
les produits locaux à introduire
dans la chaîne des fournitures
à acheter sur place, en utilisant
une stratégie de principe et une
certaine connaissance de ce type
de marché, sans oublier les consi-
dérations pratiques tels : prix de
revient, et la possibilité de réaliser
un bénéfice rapide, etc.
Des AGENTS INTERMEDIAIRES
pourraient apporter leur soutien
aux hôteliers et les aider à trouver
des fournisseurs sur place en :
Recherchant les spécialités et les
produits existant déjà sur place
et en essayant de leur trouver
une utilisation dans le contexte
de l’hôtellerie locale.
Stimulant la communication entre
les hôteliers, les entrepreneurs
locaux et les agents intermédiaires
responsables de ces marchés. En
créant un environnement qui soit
propice à l’échange des informa-
tions et des expériences faites.
En multipliant les occasions de
promouvoir les bonnes relations
par le moyen de mécanismes tels
la publication d’une lettre circu-
laire mensuelle, des réunions, des
programmes de radio, des sites
internet etc.
Apportant son soutien aux petits
entrepreneurs qui sont disposés
à améliorer leur production, leur
planning commercial et la qualité
de leurs produits (par exemple
pour satisfaire les exigences des
clients, respecter les normes
de santé et de sécurité, ou pour
tout autre impératif ayant trait
à la règlementation en vigueur,
les préférences des touristes,
les demandes saisonnières ou
autres). Les conseils pratiques
ainsi donnés peuvent concerner
des opérations de base telles, par
exemple, la façon de préparer une
facture ou d’effectuer le contrôle
des stocks.
Donner son soutien aux systèmes
de crédit qui permettent aux
petits entrepreneurs d’investir,
forts d’une garantie de marché
du secteur hôtelier. Encourager
les institutions financières à
faire preuve de sens innovateur
et à émuler les investissements
des petits commerçants ruraux.
Faire la promotion des produits
agricoles et de l’industrie légère
émanant des communautés
locales et destinés au commerce
des hôtels et des touristes, tels
petits cadeaux ou souvenirs.
Encourager les études innova-
trices et collatérales d’agences
financières bien disposées envers
les investissements en faveur de
l’industrie locale, en particulier
dans le secteur rural.
Comment convaincre les hôteliers et autres fournisseurs de produits touristiques qu’ils doivent acheter davantage de
produits locaux et utiliser les services offerts sur place ?
Un plus grand choix d’activités locales motive le client à rester plus longtemps
et même, par la suite, à réserver pour des séjours plus longs / www.
restauration21.fr
12. 12 | N0
28 MARDI 30 JUIN 2015
ÉCONOMIE
La Grèce cherche à sauver ses banques,
en les fermant provisoirement
Source : AFP
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a tiré les conséquences dimanche soir de l’émoi provoqué par son annonce
de référendum, en annonçant, sans surprise après un week-end de grande inquiétude en Grèce, un contrôle des
capitaux et une fermeture provisoire des banques.
Les Européens lancent la bataille pour le "oui"
Sources : combinées
RÉFÉRENDUMGREC
A six jours d’un référendum à haut risque, les Européens ont lancé lundi la bataille du“oui”, tentant de convaincre
les Grecs de ne pas tourner le dos à l’euro au moment où le pays, au bord du gouffre financier, a dû fermer ses
banques.
I
l n’a pas précisé la durée de ces
mesuresradicales,maislesmédias
grecs tablaient sur leur maintien
au moins jusqu’au référendum du
5 juillet. La Bourse d’Athènes devait
aussi rester fermée, au moins lundi,
selon une source proche du dossier. ?
M. Tsipras est apparu dimanche
soir à la télévision pour expli-
quer que le refus de l’Eurogroupe
(les ministres des Finances de la
zone euro), samedi, de prolonger
le programme d’assistance à son
pays au-delà du 30 juin “a con-
duit la BCE à ne pas augmenter la
liquidité des banques grecques et
a contraint la Banque de Grèce à
activer les mesures de fermeture
provisoire des banques et de limi-
tation des retraits bancaires”.
Le Premier ministre, omettant
de citer parmi les causes de cet
émoi sa soudaine annonce, dans
la nuit de vendredi à samedi, d’un
référendum a assuré d’un ton
ferme que “les dépôts des citoyens
dans les banques grecques sont
absolument garantis”, tout comme
le versement des salaires et des
retraites, et il a invité la popula-
tion au sang-froid.
Alexis Tsipras a également dit
avoir reformulé dimanche auprès
de l’UE et de la BCE la demande
de la Grèce d’une prolongation
du programme d’aide dont elle
bénéficie. Cette fois, la requête
a été adressée au “président du
Conseil européen et aux 18 dirige-
ants des Etats membres de la zone
euro, ainsi qu’aux présidents de
la BCE, de la Commission et du
Parlement européen. “J’attends
leur réponse immédiate à cette
requête démocratique de base”,
a-t-il ajouté dans son allocution
télévisée. “Ce sont les seuls qui
peuvent le plus rapidement pos-
sible, et même ce soir, renverser
la décision de l’Eurogroupe et
donner la possibilité à la BCE de
rétablir le flux des liquidités des
banques”, a-t-il déclaré.
Signaux positifs des
créanciers
La mise en place d’un contrôle des
capitaux avait été redoutée tout
le week-end, et les distributeurs
de billets grecs ont été mis à sec.
“J’ai essayé plusieurs machines,
cinq, six, huit, dix...”, a dit à l’AFP
Voula, excédée. “Je suis inquiète,
triste et en colère contre le gou-
vernement. Je le déteste !”. Hors
de Grèce également, la préoccu-
pation du +cash+ se faisait plus
pressante. Plusieurs pays, dont
l’Allemagne, ont encouragé leurs
ressortissants qui se rendent en
Grèce pour les vacances à partir
avec beaucoup d’argent liquide.
Cependant, les créanciers ont
envoyé dimanche des signaux
positifs, D’abord, la Banque cen-
trale européenne, qui a donné un
répit à la Grèce en maintenant
intact le plafond de fourniture de
liquidités d’urgence aux banques
grecques, alors qu’on craignait
qu’elle leur coupe les vivres.
Le Commissaire européen Pierre
Moscovici a aussi répété sur Twit-
ter le mantra de la Commission
: “la porte est toujours ouverte”
pour négocier. Son patron Jean-
Claude Juncker a, quant à lui,
tweeté le texte de la proposition
des créanciers “pour l’information
du peuple grec”, laissant enten-
dre en creux que, si les électeurs
approuvent ces propositions, il
sera encore temps de s’entendre.
M. Juncker doit donner pro-
chainement une conférence de
presse très attendue.
Le Premier ministre français
Manuel Valls a exhorté les Grecs
à “revenir à la table des négocia-
tions” et appelé à “tout faire” pour
que la Grèce reste dans l’euro.
Quant au FMI, il a fait savoir qu’il
restait prêt à “apporter son aide”.
Mais les marchés financiers, sou-
vent prompts à des réactions très
volatiles, risquent de mal prendre
ces nouveaux rebondissements et
la journée de lundi pourrait être
mouvementée.
“Si vous me demandez si (les
marchés) sont prêts à ce qui est
en train de se passer en Grèce,
je vous réponds que non : ils ne
prévoient, dans leurs évaluations,
aucun risque”, a déclaré dans un
entretien avec La Stampa publié
dimanche l’économiste de l’OCDE
(Organisation de coopération et
de développement économiques)
Catherine Mann. L’annonce du
contrôle des capitaux n’a pas
assommé les Grecs, qui s’y atten-
daient. Yiannis Grivas, ensei-
gnant, qui avait pris la précaution
de retirer son salaire de 940 euros
vendredi “n’avait pas peur d’un
contrôle des capitaux”, car “il ne
retire jamais plus de 50 euros par
jour...”.
Les mesures précises que va pren-
dre la Grèce devaient être rendues
publiques dans la nuit.
Selon les premières rumeurs, les
retraits seraient limités à 60 euros
par personne.
“
Un +non+ voudrait dire (...) que
la Grèce dit +non+ à l’Europe”,
a lancé à Bruxelles le président
de la Commission européenne,
Jean-Claude Juncker, critiquant très
vivement le gouvernement de gauche
radicale d’Alexis Tsipras et se disant
“trahi” par la Grèce. “Je demand-
erai aux Grecs de voter oui”, a-t-il
dit, “parce que les Grecs fiers d’eux-
mêmes et de leur pays doivent dire
oui à l’Europe”.
Comme lui, après la rupture
brutale des négociations entre
Athènes et ses créanciers, plus-
ieurs dirigeants européens, dont
la chancelière allemande, Angela
Merkel, et le président français,
François Hollande, ont fait le pari
du “oui”, liant le résultat du vote
de dimanche au maintien ou non
de la Grèce dans la zone euro.
Car depuis samedi, la crise qui
oppose le gouvernement grec à ses
créanciers, Union européenne et
Fonds monétaire international, a
pris une tournure dramatique et
inédite dans l’histoire de l’union
monétaire. Réagissant à l’annonce
surprise par Alexis Tsipras d’un
référendum le 5 juillet sur le plan
d’aide financière proposé par les
créanciers en échange d’une série
de réformes, la zone euro a décidé
de ne pas prolonger l’assistance à
Athènes, rendant la Grèce respon-
sable de la rupture des négocia-
tions.
Le pays, dont les caisses sont
vides, risque dès lors le défaut
de paiement puisqu’il doit rem-
bourser avant mardi soir quelque
1,5 milliard d’euros au FMI. Au-
delà, se profile le scénario noir
d’une possible sortie de la zone
euro, le “Grexit” redouté par toute
l’Europe. Pour préserver le pays
d’un effondrement bancaire, le
gouvernement grec a décidé de
verrouiller le secteur financier
et mis en place un contrôle des
capitaux.
Les banques resteront fermées
jusqu’au 7 juillet, une décision qui
a déstabilisé les Bourses mondia-
les sans toutefois les faire pani-
quer. Paris a terminé la séance
en baisse de 3,74%, Francfort a
perdu 3,56% et Londres 1,97%.
A New York, Wall Street a ouvert
en baisse, le Dow Jones perdant
0,41%. La Bourse d’Athènes s’est
mise à l’abri des secousses en fer-
mant pour une semaine.
Euro contre drachme
Alors que le gouvernement grec,
refusant de soumettre le pays
à une austérité accrue, a rejeté
les propositions de réformes des
créanciers, en particulier sur la
TVA et les retraites, le référendum
prend le caractère d’une consulta-
tion sur le maintien ou non dans
la zone euro, bien qu’Athènes
réfute cette interprétation. Malgré
l’échec des négociations, les
portes ne semblaient pas défini-
tivement fermées lundi. Dans
une conversation téléphonique,
François Hollande et le président
américain, Barack Obama, sont
tombés d’accord “pour favoriser
une reprise des discussions” sur
la crise grecque.
Angela Merkel s´est dite aussi
prête à de nouvelles négociations
avec la Grèce “après le référen-
dum”. “Je continue de répéter
que, de notre côté, la porte est
encore ouverte”, a lancé le pré-
sident de l’Eurogroupe, Jeroen
Dijsselbloem, affirmant qu’il était
encore “concevable” d’éviter
un “Grexit”. “Si l’euro échoue,
l’Europe échoue”, a mis en garde
Angela Merkel.
Et pour le chef du gouverne-
ment italien, Matteo Renzi, “le
référendum grec ne sera pas un
derby Commission européenne
contre Tsipras, mais euro contre
drachme. C’est ça le choix”.
14. L
’éducation scolaire en Haïti
contribue à la fabrication des
filles et des garçons. Les pre-
mières sont perçues comme
des proies, tandis que les seconds
sont les Don Juan qui pensent affirm-
er leur masculinité et leur virilité dans
leur rôle de conquérants. Le harceleur
croit toujours qu’il joue un rôle sexuel
que lui a conféré la culture, tandis que
la personne harcelée pense qu’elle
attire et plait sans imaginer que le
geste et le propos qui lui paraissent
souvent plaisants et amicaux peuvent
être objet de sanctions pénales si on
légifère sur l’acte comme une agres-
sion.
Les bureaux, les lieux publics
sont les scènes de la production
de l’acte. Le harcèlement est
perçu comme étant des gestes à
être intégré dans les catégories
des rôles sexuels. Au fait, dans
les représentations sociales
des rapports homme/femme, la
femme est vue comme un objet de
conquête, tandis que l’homme joue
le rôle de conquérant. Donc, l’acte
d’agression, en faisant abstraction
des définitions des organismes
nationaux et internationaux qui
réfléchissent sur la violence liée
au genre, correspond à un rôle
sexuel auquel la tradition confère
une sorte de légitimité. Cette
légitimité résulterait des valeurs de
la représentation des rôles sexuels
de la socialisation des membres
de la société. Ainsi, pouvons-nous
observer, quand l’acte se produit,
un triple silence
a) le silence de la victime qui se
perçoit comme une proie ou cible
b) le silence du coupable qui pense
jouer un rôle sexuel qui lui est
conféré par la culture
c) le silence du législateur qui ne
crée aucune loi sur cette violence
Ces trois silences nous invitent à
l’étude du concept de représenta-
tion collective à l’instar du socio-
logue Emile Durkheim. Ce concept
étant un indicateur qui doit per-
mettre de comprendre le fait social
comme la manifestation de la cul-
ture des individus dans une socié-
té. En effet, selon Durkheim, les
représentations collectives sont le
corps de représentations qui expri-
ment la façon dont les individus se
pensent dans les rapports sociaux
qui les affectent.
Infuses avec l’expérience collective,
elles donnent aux choses leur valeur
et leur signification. Elles sont donc
les dépôts et les transmetteurs de
l’expérience collective et ainsi
incarnent et expriment la réalité
de l’existence d’une société.
La théorie durkheimienne nous
invite à penser que les représenta-
tions collectives peuvent légitimer
l’acte d’harcèlement et nous fait
découvrir le relativisme des sanc-
tions, des lois dans une autre aire
culturelle. Certes, cela ne signifie
pas que l’acte est légal ou illégal.
Mais, cela démontre que dans
la conscience collective, le har-
cèlement peut ou non renvoyer
à la normalité ou la tendance à
l’approbation.
C’est un point de vue qui apporte
un éclairage sur la vie collective,
régie par un ensemble de normes
et de valeurs qui sont relativement
partagées par les individus du
macrocosme social. Aussi, ce que les
féministes définissent comme une
agression sexuelle (le harcèlement
sexuel) peut être culturellement
admis comme la norme des rapports
sociaux de sexe dans la société.
Et les silences qui en résultent
doivent être inscrits aussi, pour en
avoir une bonne compréhension,
dans cette perspective sociologique.
Avant tout moralisme, essayons
de comprendre ce que les acteurs
pensent eux-mêmes des faits dans
lesquels ils sont impliqués. A
l’instar de Jacques Philippe Lehens
qui croit que nous sommes tous des
psychologues, nous pouvons penser
que nous sommes aussi tous des
sociologues.
14 | N0
28 MARDI 30 JUIN 2015
SOCIÉTÉ
Harcèlement sexuel : représentations
collectives et silencespar CHERISCLER Evens Boukman
De toutes les violences liées au genre, le harcèlement demeure un fait social non identifié comme tel par les gens
qui en sont victimes. En effet, ceux-ci ne tiennent pas compte qu’ils sont harcelés dans les rues, les bureaux, et les
lieux publics. Pour certains, l’acte n’implique aucune culpabilité chez l’auteur et est perçu comme un jeu amical et
plaisant. D’un autre côté, le harceleur croit affirmer, lorsqu’il s’agit d’un sexe masculin, sa masculinité et sa virilité.
Et à certains égards, les victimes jouent le rôle de complice des agresseurs. Ce qui confère au comportement de
ceux-ci une sorte de légitimité. Face à ce constat d’ignorance, les organismes féministes œuvrent à faire prendre
conscience aux victimes du caractère répréhensif de l’acte qui porte atteinte à la dignité physique et morale des
victimes nombreuses.
Harcèlement sexuel. / Photo : femmeactuelle.fr
HAÏTISOCIÉTÉ/DROITSHUMAINS
15. MARDI 30 JUIN 2015 N0
28 | 15
SOCIÉTÉ
Institution Sainte
Elisabeth, vingt ans
d'excellence
par Walter Cameau
L
’institution Sainte Elisabeth
qui s’est établie à Delmas
depuis octobre 1994, a fêté
ses 20 ans d’existence avec ses
anciens, nouveaux professeurs, élèves
et parents.
Le vendredi 26 juin, après la fer-
meture des classes, les élèves, les
professeurs et quelques parents se
donnaient rendez-vous pour célé-
brer l’anniversaire de l’école. Celle-
ci a pris naissance à un moment
difficile marqué par l’embargo et
l’intervention militaire américaine.
L’école qui a comme emblème : le
« Flamboyant », un arbre de chez
nous, a été fondée par monsieur et
Madame Gabriel Cantave avec une
seule salle de classe et deux élèves.
Ils se souviennent encore de l’un
deux : l’ingénieur Jeff Louis.
« Nous avons choisi le flamboyant
parce que c’est un arbre qui flam-
boie…, nous voulons que nos élèves
soient fiers de leur appartenance à
l’alma mater partout où ils se trou-
veraient ; qu’ils soient des Haïtiens
aptes à développer leur potentiel »,
précise madame Anne Cary Pérault
Cantave, la directrice.
Le dimanche 28 juin, nous l’avons
rencontrée, elle était très joyeuse
en regardant monde, le spectacle
offert par les anciens à l’occasion
de ces vingt ans de son institution.
L’institution Sainte Elisabeth est
une école maternelle et fondamen-
tale mixte. « Cela fait longtemps
que mon mari et moi travaillions à
l’édification de l’école. Nous avons
eu deux élèves et une seule pièce au
rez- de- chaussée, mais nous étions
certains que nous allions fonder
une grande école fondamentale et
maternelle. C’était notre vision.
Après vingt (20) ans nous pouvons
dire que nous en sommes fiers»,
déclare madame Cantave.
Elle voulait, nous dit-elle, avec
l’aide de son mari, participer
à l’éducation des jeunes qui,
d’après elle, devrait être, comme
une baguette magique, capable de
changer les choses, les êtres, voire
la société.
Pour cette famille, l’éducation est
la clef. Il ne s’agit pas seulement
d’apprendre à lire et à écrire aux
enfants, mais faire d’eux des gens
responsables, utiles à la commu-
nauté, explique-t-elle.
Le staff de la direction de l’école
et tous les professeurs n’ont pas
travaillé en vain, parce qu’en regar-
dant cette fête organisée par les
anciens le dimanche 28 juin, on
pouvait voir la joie, le bonheur sur
tous les visages. Ils échangeaient,
ils s’embrassaient et se rappelaient
les beaux jours et les beaux souve-
nirs.
Des parchemins et décorations ont
été remis à ceux ou à celles qui
se sont signalés durant toutes ces
années de bonne collaboration.
Nos anciens élèves n’hésitent pas
à confier leurs enfants à leur ancien
établissement parce qu’ils sont cer-
tains de la formation qu’ils vont
recevoir.
En ce qui a trait au recrutement
des professeurs, madame Cantave
tient à préciser qu’elle ne reçoit
que des normaliens qui bénéficient
d’une formation continue pour la
bonne marche de l’école « parce
que, sortir des sentiers battus, ce
n’est pas facile », estime madame
Cantave. Elle a tout réalisé de ses
propres moyens sans la moindre
subvention de l’État.
Elle se dit prête à célébrer vingt
autres années de son école,
bien entendu avec Amina-kay, sa
fille qui se prépare déjà à prendre
la relève.
A
ujourd’hui, on est si accoutumé aux feuilletons télévisés, aux
romans-photos et aux vidéos, que l’amour a fini par perdre son
vrai sens. Ce que l’on voit dans les magazines, les feuilletons, les
films, invite à réfléchir. Comment les femmes aimaient-elles dans
le temps ? Voilà une question qui réclame l’attention.
Elles ont connu l’amour réel : rencontrer un homme, un soir. Craquer
pour son style et sa tenue vestimentaire bien sûr. « Wouyyy » ! quelle
élégance ! La femme pouvait parler en ces termes : « J’ai passé toute
une soirée à rêver de cet homme-là que j’ai vu aux cheveux propres,
aux yeux tendres, qui portait des bretelles attachées à son pantalon
« patte Fanfan ». Ce n’était pas un « bredjenn » s’il vous plait ! Bâton en
main, souliers de cuir « ti ban » bien cirés qui martelaient le sol d’un
« toc toc » sonore. C’était un gentilhomme qui saluait tout le monde.
Finalement on a eu notre première rencontre, sous le toit de ma
maison en compagnie de mon père et de ma mère. Je portais une robe
longue, des chaussures effilées, un jupon noir que je devais porter à
chaque tenue, peu importait l’épaisseur du tissu. C’est vraiment une
rencontre familiale. Mon papa ne faisait que poser des questions et
je n’ai pas eu le droit de donner mon point de vue lors même qu’il
s’agissait de moi. Un principe était établi, le dernier dimanche de
chaque mois devait être consacré à des débats relatifs à notre avenir.
Bien qu’il se trouvât à cent pas de ma maison, il m’envoyait tous les
soirs une lettre de sept pages, par le biais de son petit frère. Une lettre
que je ne cessais de lire et relire, qui comportait de belles phrases à
me faire tressaillir. « Emmène-moi où tu veux mon amour. Je ne peux
pas rester sans toi. Mes sentiments pour toi et mon chagrin n’ont pas
de limites. Ton absence me fait du tort et je me sens bien dans tes
lignes. Mon amour, envoie moi un memo », tous les jours, avant 9h du
matin, j’envoyais mes mots…… C’était notre façon d’aimer. L’amour et
l’affection n’étaient pas les seules bases de notre relation. Des valeurs
telles : loyauté et confiance étaient au rendez-vous et chacun de
nous cherchait, au mieux, à maintenir la relation et à faire honneur
à sa famille.
Aujourd’hui, nous partons à la recherche de l’amour en vedette, comme
un petit bateau à moteur qu’un enfant de cinq ans mettrait en marche
pour rire ou s’amuser. On déclare nos sentiments à un homme pour
faire des fans sur Twitter, Facebook et WhatsApp. Les rendez-vous
amoureux commencent par un message en français que personne ne
peut décrypter, hormis les amoureux… « G T3’M, G (-)anvi t’anbrase…
a C Swa o Kwen 2 la ri », Dans les soirées, tout le monde sort avec tout
le monde. Et c’est socialement très bien vu par tous… Les plus jeunes
disent à leurs mamans…. OOOO la fille de Claude rentre à 10h et tu
me demandes d’être à la maison à 6 heures, tu es folle ma chère. Se
taper des mecs ou des gonzesses par dizaine est une affaire de fanm
ki pa ret ak fanm, ou de bon flannè…. Le jeu de la séduction est jeté
aux oubliettes. L’alcool et le « san fouk » font une grande partie du
travail. L’histoire et la romance ne durent qu’une soirée, car il n’est
pas question de se prendre la tête. On pourra même taxer un homme
après une relation sexuelle. C’est tellement courant. Ma génération
se laissant emporter par les feuilletons télévisés, pense que l’amour
est une simple virgule dans une phrase alors qu’une virgule apporte
beaucoup de sens à une phrase. Pourquoi ils n’ont pas pris l’amour du
bon côté, une virgule qui apporte du sens à la vie, qui fait rêver, même
en route pour l’école, à la salle de bain, à la cuisine, au supermarché.
Voir cet homme si intelligent me fait fantasmer et malgré tout, il
attend, avec beaucoup de patience, le jour où il découvrira le pays
natal. Une porte avec serrure coincée, n’est pas un atout de nos jours.
L’amour ce n’est pas des chaines de fourmis que l’on forme pour
tracter des milles pattes, c’est bien différent. L’on ne peut pas séduire
dix personnes à la fois, l’on ne peut pas construire une chaine avec
ce qu’on a comme sentiment. Pourquoi ? Parce que ce qui nous lie à
l’autre est inexplicable. Aimer vraiment, c’est aller vers quelqu’un, non
pas seulement pour son image (sa beauté, sa ressemblance avec un tel),
ni pour ce qu’il symbolise (un père, une mère, le pouvoir, l’argent), mais
pour son secret. C’est une affection durable, un engagement sincère.
Oui c’est une virgule, mais pas une simple virgule, celle qui donne
sens à une vie, qui nous rend heureux. Et en lisant sur nos actions et
nos visages tout le monde peut constater que la où il y a l’amour, il y
a la joie. En lisant une phrase, si l’on omet la virgule, l’on perd le sens
de la phrase.
L'amour, Une Virgule
par Emmanuela Laventure
Les 20 ans de l’école Sainte Elizabeth de Delmas.
16. Les 7 conseils anti coup de chaleurSources : le figaro.fr
L
e corps humain est une
machine performante capable
de s’adapter à des conditions
environnementales difficiles,
dont la chaleur. A condition toutefois
qu’elle ne se prolonge pas trop et que
l’on ait un accès facile à l’eau. C’est un
peu moins vrai pour les nourrissons,
les femmes enceintes, les personnes
âgées. Et ça l’est encore moins pour
ceux qui sont atteints de maladie
chroniques ou prennent des médi-
caments. Dans ces cas, les conseils
adaptés du médecin ou du pharma-
cien s’imposent. En outre, quelques
conseils généraux sont utiles pour
limiter les risques liés à la chaleur et
surveiller les messages de son corps.
Se créer une zone
de fraîcheur
La première précaution à prendre
en cas de pic de chaleur est de
disposer d’une «zone de fraîcheur»
facilement accessible. L’endroit
où vous pourrez vous installer
plusieurs heures par jour pour
que votre organisme reprenne des
forces. Vous pouvez aussi passer
deux ou trois heures par jour dans
un centre commercial, une église ou
un cinéma si votre appartement est
trop chaud. D’autant que la chaleur
fatigue! C’est même l’un des signes
«de surchauffe corporel» qui doit
vousalerter.Unefatigueinhabituelle
peut signer une déshydratation
en train de s’installer. Si besoin,
réorganisez votre habitation pour
dormir, au moins pendant la vague
de chaleur annoncée, dans la pièce
la plus fraîche de la maison. La
canicule de 2003 a montré que le
fait de dormir dans une chambre
sous les toits (endroit le plus chaud
du logement) multipliait le risque
de décès par quatre.
Protéger son logement
Votre domicile doit être conçu pour
conserver au maximum la fraîcheur.
Une bonne isolation thermique des
plafonds, des murs, des baies vitrées
est nécessaire, ainsi que l’existence
de volets extérieurs ou de stores.
Ceux-ci seront bien sûr maintenus
fermés côté soleil et ouverts côté
ombragé, du moins si cela permet la
réalisation de courants d’air (sinon
mieux vaut les maintenir fermés).
Dans ce cas, un linge humide (type
serviette de bain) suspendu devant
les fenêtres contribue à refroidir
l’atmosphère par évaporation.
Toutes les fenêtres pourront être
ouvertes après le coucher du soleil
et lorsque la température extérieure
aura baissé.
Surveillez la couleur
de ses urines
Si vos urines sont de couleur jaune
pâle, pas de problème, mais si
elles sont jaune foncé il se peut
qu’elles soient trop concentrées.
C’est alors le signe possible d’une
déshydratation débutante, soit
parce que vous ne buvez pas assez,
soit parce que vous transpirez
beaucoup. La transpiration est le
moyen dont dispose l’organisme
pour évacuer la chaleur interne (Un
bébé qui transpire et probablement
trop couvert). En temps normal,
lorsque le sang traverse les reins
pour être filtré et purifié ceux-ci
laissent partir l’eau pour faciliter
l’élimination des toxines. Mais
lorsqu’il fait chaud (ou que l’on est
déshydraté), l’organisme accentue
son recyclage interne de l’eau et
évite autant que possible de la
«gâcher» par élimination urinaire.
Boire régulièrement
Inutile d’attendre d’avoir soif
pour boire. Au pire, si vous buvez
trop (sous réserve que vos reins
fonctionnent correctement) le trop
plein sera éliminé dans l’urine.
En revanche, si vous êtes malade,
notamment insuffisant cardiaque
ou sous traitement prolongé,
parlez-en à votre médecin ou votre
pharmacien qui aura des conseils
spécifiques pour votre situation.
En particulier s’agissant des
adaptations de doses voir l’arrêt de
certains traitements. L’idéal est de
boire de l’eau, voire des jus de fruits
pressés, mais il faut éviter l’alcool,
les boissons sucrés (sodas etc.) et
le café.
Faites preuve de bon sens
Il faut bien sûr éviter de sortir
aux heures les plus chaudes de
la journée et a fortiori avoir une
activité physique ou sportive. Il
faut aussi privilégier des vêtements
amples, légers et clairs. Préférer
le coton qui laisse passer l’air et
absorbe la transpiration. Pour se
rafraîchir on peut placer un pain
de glace ou un sac de glaçon
dans un courant d’air ou devant
un ventilateur. Les brumisateurs
sont aussi utiles. Le simple fait de
se vêtir plus légèrement ou de se
rafraîchir (douches, brumisation)
réduit de plus d’un tiers le risque
de décès! Privilégier les plats froids
et éviter l’usage du four ou de tout
autre source de chaleur.
Noter le numéro
0800.06.66.66
L’institut national de prévention et
d’éducation pour la santé a mis en
place le N° de Canicule info service
(0800.06.66.66), une plateforme
téléphonique qui fonctionne en
juin, juillet et août, du lundi au
samedi hors jours fériés de 8 heures
à 20 heures. L’appel est gratuit à
partir d’un poste fixe. Sachez aussi
qui vous pouvez appeler si besoin
mais également qui, dans votre
entourage, peut avoir besoin de
votre aide. Et si vous connaissez
des personnes âgées, handicapées
ou fragiles qui sont isolées, incitez-
les à s’inscrire sur la liste de la
mairie afin qu’ils reçoivent l’aide
de bénévoles.
Savoir quoi faire en cas
de coup de chaleur
Si la déshydratation s’accentue
d’autres symptômes apparaissent:
manque d’énergie, maux de têtes,
vertiges, crampes, etc. En cas de
coup de chaleur la peau est sèche
et chaude. En dépit de l’élévation
de la température interne (que l’on
peut prendre avec un thermomètre
auriculaire ou rectal), on ne
transpire plus car l’organisme est en
épargne hydrique maximale. Il n’y a
d’ailleurs plus non plus d’urine. Il
est plus que temps d’appeler le 15.
En attendant les secours: placer la
personne au frais, lui enlever ses
vêtements, l’asperger d’eau et créer
un courant d’air. On peut aussi
placer une poche de froid sur l’aine
car une artère à gros débit, l’artère
fémorale, passe juste sous la peau,
ce qui permet de refroidir tout
l’organisme (on peut aussi utiliser
l’artère carotide, au cou, si cela est
plus pratique). A défaut de poche
de froid un linge trempé dans l’eau
froide peut aussi soulager.
16 | N0
28 MARDI 30 JUIN 2015
SOCIÉTÉ
Buvez régulièrement, votre corps fera le reste.
Bien supporter les fortes chaleurs impose de prendre quelques précautions et de connaître les signes de
déshydratation.
17. MARDI 30 JUIN 2015 N0
28 | 17
CULTURE
Gerbes d'hommages et de
reconnaissance à René DépestrePar Schultz Laurent Junior.
I
l est important et utile de voir le
documentaire de Roxane Ledan
consacré à René Dépestre pour
mieux appréhender les différentes
facettes de cet écrivain militant, pour
mieux comprendre ses luttes et ses
déboires, ses pérégrinations, ses con-
victions et ses combats, ses échecs et
sa réussite aussi ; bref, toutes les qual-
ités qui illuminent, tel un ciel con-
stellé, la profondeur de son âme. Le
documentaire campe en des termes
nets, le profil de René Dépestre le
révolutionnaire, l’intarissable nomade
aux racines multiples, l’intellectuel
qui cache dans les fibres les plus
sensibles de son cœur son amour
démesuré pour les femmes.
Ce moment consacré vendredi
dernier à René Dépestre fut en
même temps l’occasion d’écouter
de très beaux chants interprétés
par Wooly Saint-Louis et Tamara
Suffrin, sans oublier la participa-
tion du groupe Oxygen, un quintet
qui a émerveillé le public en chan-
tant des chansons tirées de notre
riche répertoire. La musique était
belle. Elle a ouvert ses ailes. Elle
nous a fait voguer dans l’espace
spacieux de notre imagination
pour rencontrer René Dépestre
l’homme des rêves envolés.
Avec la participation des intel-
lectuels de notre paysage socio-
politique on comprend, dans ce
mini film, l’itinéraire fulgurant de
Dépestre, lauréat du prix Renau-
dot en 1988 pour son magnifique
récit : Hadrianna dans tous mes
rêves. Michaelle Jean, nièce de
l’auteur, ex gouverneure générale
du Canada, actuelle secrétaire de
l’Organisation internationale de
la Francophonie, s’est retournée
sur les rives du passé pour nous
raconter brièvement l’histoire de
la famille, notamment celle des
parents de Dépestre. Orphelin de
bonne heure, René Dépestre était
l’enfant choyé de sa mère qui lui a
inculqué les valeurs intellectuelles
et morales pour qu’il puisse, ainsi
que ses autres enfants, s’éveiller
à sa personnalité. Outre la parole
de Dieu, retrouvée aussi dans les
missels de la messe, elle a tout
autant désiré dans son for intéri-
eur que son fils apprenne le dic-
tionnaire par cœur pour enrichir
son esprit.
Si Gérard Bloncourt, son compa-
gnon de combat de la revue La
Ruche, s’est contenté de racon-
ter son amitié avec l’auteur et de
souligner en lettres fortes qu’un
pays qui a produit un Jacques
Roumain, un Jacques Stephen
Alexis, un René Dépestre ne peut
pas mourir ; Dany Lafferière de
l’Académie française, le fils de
Petit Goâve, a fait un bref survol
sur l’œuvre de l’auteur de Bonjour
et adieu à la négritude.
L’auteur de l’Enigme du Retour
nous fait découvrir l’écrivain et
sa vision du monde. Essayiste,
poète et romancier Dany Laf-
feriere a révélé que les jeunes de
l’époque apprenaient par cœur
les poèmes de Gerbes de sang et
Étincelles. Établissant un rapport
entre Gouverneurs de la Rosée et
Hadriana dans tous mes rêves,
Lafferiere a fait remarquer que
dans le premier roman il faut
trouver la source pour pouvoir
trouver l’amour, tandis que dans
le second s’ouvre une fenêtre par
où l’esprit peut passer pour ren-
contrer l’autre dans ce qu’il y a
chez lui d’essentiel.
De confidences en confidences,
René Dépestre, lui-même, dévoile
de temps en temps son intimité,
parle de sa curiosité intellectuelle.
Infirmier, il s’occupe désormais
de sa femme paralysée tout en
continuant à écrire. Il est revenu
sur son parcours fait de heurts,
de silences, d’engagements et de
questionnements.
Son passage à l’Unesco, nous
confie-t-il, lui a permis de voir
la vie sous un autre angle. Haïti
c’est mon socle solide affirme-t-
il. Cependant, Il reconnait que
le désir est la première forme de
subversion, tout au long de cet
entretien qui s’est déroulé dans la
bibliothèque de sa maison située
à Lézignan-Corbières en France.
Les murs de sa bibliothèque sont
ornés de photos de Che Guevara,
Aimé Césaire, Gérard Bloncourt
son ami et tant d’autres.
Pour la réalisatrice Roxane Ledan
« René Dépestre est un homme
de création. Toute petite il a fas-
ciné mon enfance. Il est pour moi
un exemple à suivre au même
titre que Gabriel Garcia Marquez,
Nelson Mandela.
René Dépestre est celui qui aide
les haïtiens à prendre conscience
de leur capacité à rénover les
fondements historiques de leur
identité. »
Écrivain engagé, jacmélien pure souche, René Dépestre a reçu un vibrant hommage à l’Institut français d’Haïti
le vendredi 26 juin 2015 dans la soirée. Roxane Ledan de « Haiti Bel » a fait revivre dans un documentaire
passionnant les moments forts et palpitants de la vie de cet auteur qui s’est donné dans un total abandon à la
littérature.
René Dépestre. / Photo: emmila. canalblog.com