RSD & book launch : « Agriculture, Development, and the Global Trading System »
1. Fatou Cissé, UCAD et CRES
Dakar, 27 mars 2018
Rencontres Stratégies et Développement
Cérémonie de Lancement du Livre : « Agriculture, Développement, et
Système commercial mondial
2. I. A propos du livre et des contributeurs
• Le livre Agriculture, Développement et le Système commercial mondial: 2000-2015 est
un ouvrage de 469 pages édité par Pr Antoine Bouët et Pr David Laborde et publié en
2017 par l’IFPRI.
• Le livre est consacré à l’analyse de la relation complexe entre le système commercial
mondial et la sécurité alimentaire.
• Il apporte une contribution majeure au débat sur comment le commerce international
peut produire du développement à travers une maitrise des prix et de la sécurité
alimentaire.
• Les auteurs ont fait l’effort de fonder leurs recommandations sur des évidences et le
style reflète celui de chercheurs engagés.
• Je félicite les auteurs et les éditeurs du livre pour les efforts déployés pour produire un
ouvrage d’une grande qualité portant sur des questions aussi complexes que le
commerce international.
3. • Pr Antoine Bouët et Pr David Laborde sommes spécialistes des relations commerciales
et des questions agricoles.
• Leur importante contribution dans la recherche est marquée par de nombreuses
publications d’articles et d’ouvrages, la contribution à la production de bases de
données sur le commerce extérieur, mais aussi le développement de beaucoup modèles
macroéconomiques (en particulier les Modèles d’équilibre partiel et d’équilibre général
calculable) pour évaluer les effets de politiques commerciales. On peut citer quelques
modèles phares qu’ils ont développés au cours des dernières années :
o ERATO, a Multi-Sector Partial Equilibrium Model of Value Chains dévelopée en
2012.
o
o MIRAGRODEP-HH, a Dynamic Multi-Country Multi-Sector General Equilibrium
Model with disaggregation of households, développé en 2015.
o MIRAGE-Biofuels, a Dynamic Multi-Country Multi-Sector General Equilibrium Model
with Modeling of Biofuels and Energy, développé en 2008
o
o MIRAGRODEP-DD, a Dynamic Multi-Country Multi-Sector General Equilibrium
Model with Dual-Dual Economies, programmed under GAMS, développé en 2015.
4. II. intérêt et contenu du livre
• L’insécurité alimentaire est une préoccupation mondiale et est exacerbée par les risques climatiques et les
conflits.
• Bien qu’elle ait diminué 216 millions de personnes entre 1990-1992 et de 167 millions de personnes sur ces dix
dernières années, il reste beaucoup à faire car elle touche 795 millions de personnes dans le monde, selon la FAO
(2015).
• Le commerce international peut jouer dans la réduction de l’insécurité alimentaire, mais les positions divergent
quant aux types de politique commerciale internationale à adopter par les Etats.
• L’appui à la production domestique, pour soutenir l’offre locale, ou l’ouverture commerciale sans barrières
protectionnistes, sont les deux principales positions qui sont discutées dans le livre.
• Néanmoins, quelle que soit l’option, c’est à dire la recherche de l'autosuffisance alimentaire ou le libre-échange,
l’objectif visé est d’assurer aux populations l’accès à la nourriture.
• Les auteurs du livre se focalisent sur la relation entre le système commercial et la sécurité alimentaire à partir de
deux séries de réflexions: D’abord sur le Programme de Doha pour le développement de l'Organisation mondiale
du commerce (OMC) ensuite sur la gestion de la volatilité des prix alimentaires au moyen d'instruments
commerciaux.
• Des implications de politiques sont tirées de ces réflexions, pour proposer les voies par lesquelles le système
commercial mondial pourrait favoriser la sécurité alimentaire.
• Le livre a l’avantage de pouvoir intéressés à la fois les chercheurs et les décideurs. Il discute de problématiques
actuelles liées au commerce international comme les questions de l’efficacité des accords commerciaux
régionaux, les subventions agricoles, les restrictions aux exportations et comment ces pratiques contribuent à
l’insécurité alimentaire. En même temps, les auteurs font l’effort de proposer sur la base des recherches, une
panoplie d’instruments de politique commerciale qui favoriserait la libéralisation tout en maitrisant la volatilité
des prix pour une sécurité alimentaire. Les méthodologies utilisées sont assez adaptées.
• Des perspectives de recherche
5. III. Organisation du contenu du libre
Le livre est organisé est 10 chapitres dont un chapitre introductif et neuf autres chapitres
répartis entre deux sections.
Le chapitre introductif discute du Réglage de la scène
La section 1 composée de six chapitres (2, 3, 4, 5, 6 et 7) part du principe que plus de
commerce peut combattre la pauvreté et réduire l'insécurité alimentaire. A travers des
outils méthodologiques diversifiés, les chapitres apportent des preuves d’inefficacité dans
l’agenda de développement de Doha et discutent de comment des changements dans le
fonctionnement du système mondial actuel pourraient contribuer à l’atteinte de la
réduction de la pauvreté et de la sécurité alimentaire dans le monde.
La section 2 composée de cinq chapitres (8, 9, 10, 11, 12) examine si la gestion de la
volatilité des prix est possible avec plus ou moins d'intégration commerciale. Elle traite en
particulier des instruments de politique à la disposition des décideurs pour faire face à la
volatilité des prix.
Le chapitre 13 sur les conclusions discute de quel espace politique dans le système commercial
international pour soutenir le développement et la sécurité alimentaire? Des recommandations
de politiques sont formulées à l’encontre des décideurs avec une description des mécanismes de
leur mise en œuvre.
6. III. Organisation du livre
Chapitre 1- Introduction: Réglage de la scène 1
Section 1- Que peut apporter le programme de Doha pour le développement et comment peut-il
échouer?
• Chapitre 2 Le cycle de Doha: cercle vertueux ou boucle infinie?
• Chapitre 3 Pourquoi le Programme de Doha pour le développement échoue-t-il? Et que peut-on
faire? Une approche théorique calculable de l'équilibre général des jeux
• Chapitre 4 Formules d'échec? Les formules du tarif de Doha étaient-elles trop ambitieuses pour
réussir?
• Chapitre 5 Politiques agricoles des BRIC dans le cadre de l'OMC
• Chapitre 6 Évaluer le coût potentiel d'un cycle de Doha raté
• Chapitre 7 Politiques nationales et commerciales affectant le marché mondial du coton
Section 2- Instruments commerciaux réussis et échoués pour la gestion de la volatilité des prix
• Chapitre 8 Stocks de sécurité alimentaire: questions économiques et opérationnelles
• Chapitre 9 Stocks de sécurité alimentaire et cadre juridique de l'OMC
• Chapitre 10 L'assurance agricole et l'OMC
• Chapitre 11 Analyse quantitative des réponses de la politique commerciale aux prix mondiaux plus
élevés des produits agricoles
• Chapitre 12 La crise alimentaire et la fiscalité des exportations: le coût des politiques commerciales
non coopératives
• Chapitre 13- Conclusion: Quel espace politique dans l'arène commerciale internationale peut
soutenir le développement et la sécurité alimentaire?
7. III. Organisation du livre
Section 1 : L’apport du programme de développement de Doha
L’ouvrage montre comment un programme de Doha pour le développement pourrait être bénéfique sur plusieurs plans :
• Gains pour les pays en développement ;
• Augmentation de la production mondiale de produits alimentaires et industriels ;
• Baisse des prix des produits alimentaires
• Elaboration d’une meilleure infrastructure commerciale et mise en place des procédures
douanières plus efficaces dans les pays en développement ;
• Fluidité des flux commerciaux et baisse des coûts du commerce mondial ;
• Réduction de la protection tarifaire ;
• Elimination des subventions à l'exportation.
• Au moment où s’achève l’horizon d’analyse de l’ouvrage, c’est-à-dire en 2015, le Cycle de
Doha de l'OMC n'a pas encore été achevé, et cela est dû à la difficulté de trouver un
accord commun, satisfaisant pour tous les pays.
8. III. Organisation du livre
Section 2 : La gestion de la volatilité des prix
• Dans l’ouvrage, il est montré que les cours des produits de base en 2007-2008 se sont envolés et leurs
fluctuations se sont accentuées dans les marchés agricoles mondiaux.
• De plus, l’inadéquation des politiques commerciales orientées essentiellement vers les préoccupations
nationales, a exacerbé cette situation. Les Contributeurs à l’ouvrage montrent que les nouvelles restrictions à
l'exportation, l'augmentation des taxes à l'exportation et la diminution des droits d'importation sur les produits
agricoles ont renforcé les chocs initiaux sur les prix agricoles mondiaux.
• Les prix alimentaires ont aussi connu des fluctuations. C’est le cas des prix du riz, du blé et du maïs dont la
volatilité s’est accrue entre 2007–2010 par rapport à 1980–2006.
• Les réactions de nombreux pays, face à ces fluctuations des prix alimentaires internationaux, n’ont pas été les
bonnes. En effet, les réflexes protectionnistes contribuent non seulement à la hausse des prix mondiaux, mais ils
ne sont pas indiqués pour la gestion des problèmes de la volatilité des prix alimentaires. D’autant qu’il existe des
instruments plus directs pour prendre en charge les problèmes d'offre.
9. IV. Les recommandations de politiques
Six recommandations de politiques
• Six recommandations de politiques économiques ont été préconisées, dans cet ouvrage,
dans l’objectif d’assurer la sécurité alimentaire dans le monde. Elles sont organisées
autour de trois principes généraux : efficacité des marchés, transparence et règle de
l’avantage comparatif.
Recommandation 1 : Les règles de base de l'OMC devraient être respectées.
• Le respect des règles de base de l'OMC car l’OMC offre un cadre de réglementation du
commerce international, en particulier à travers les règles de l'organisation en matière
de non-discrimination qui donnent aux pays une chance égale de rivaliser ; les règles de
la consolidation des tarifs (c'est-à-dire un engagement de ne pas augmenter un tarif au-
delà d'un niveau convenu); et les règles de la transparence avec la Clause de Nation la
Plus favorisée.
Discussions
• La question qui se pose est de savoir si certains Etats, du fait de leurs conditions d’offre
plus favorables, ne tirent pas plus avantage que d’autres, dans le respect des règles de
l’OMC : cas de l’Union Européenne avec les produits industrialisés.
• L’ouverture des marchés est un principe libéral, qui n’est pas toujours observé dans les
pays dont les industries sont naissantes : cas de l’Afrique de l’Ouest.
• Il est vrai que les structures d’intégration régionales ont de plus tendance à harmoniser
leurs pratiques en matière de commerce international, dans le cadre zones de libre-
échange (ZLEC-Zone de libre change en Afrique de l’Ouest ) ou d’unions douanières.
10. IV. Les recommandations de politiques
Recommandation 1 : Les règles de base de l'OMC devraient être respectées.
• Cas de l’Afrique de l’Ouest (AO) avec l’application du TEC : neuf pays de l’AO sont en
situation d’irrégularité du fait du TEC supérieur à leur taux consolidés. Ils sont en
position de renégocier leurs taux consolidés et devront versés des compensations aux
tierces parties du fait du préjudice causé par l’application du TEC.
• Ne faut –il pas continuer à réfléchir sur les règles qui permettent d’annihiler les réflexes
protectionnistes et qui garantissent des avantages équilibrés pour tous les pays, dans les
échanges internationaux. Dans ce cas ; la solution serait que la protection porte sur les
secteurs ou produits les plus exposés à la concurrence internationale, et qui risquent
des pertes en matière d’emploi et d’investissement.
• L’expérience a montré qu’il ya quelques fois une certaine myopie du moment sur
l’efficacité de certaines règles en matières de politiques commerciale : cas du riz pour le
Sénégal avec la recommandation de la Banque mondiale il ya des années 80 et 90 sur la
non existence d’un avantage absolue à produire du riz. Les évolutions dans la production
du riz en Asie et les besoins de ces pays montrent qu’il ya un risque à long pour un pays
comme le Sénégal de dépendre des importations de riz . Il a plutôt intérêt de soutenir la
production locale.
11. IV. Les recommandations de politiques
Recommandation 2 : Les distorsions commerciales devraient être éliminées.
• Les contributeurs ont montré que le commerce international peut encore améliorer la
sécurité alimentaire même en présence de certaines distorsions.
• Ces distorsions entraînent le gaspillage de ressources environnementales et financières
et un modèle de production trop spécialisé qui accroît l'exposition au risque du système
alimentaire et entraîne un sous-investissement dans l'agriculture dans les pays non
subventionnés.
• Ils recommandent que l'OMC continue de jouer un rôle proactif dans la libéralisation des
échanges.
Discussions
• Problème de cohérence du respect des règles de l’OMC avec les mesures régionales de
politiques : cas de la politique agricole dans le cadre du projet régional ECOWAP en
Afrique de l’Ouest.
• Les pays pauvres comme ceux de l’Afrique de l’Ouest peuvent-ils se passer des Mesures
non tarifaires pour protéger leurs filières agricoles ?
• Quels moyens pour contrôler l’utilisation des Mesures non tarifaires?
.
12. IV. Les recommandations de politiques
Recommandation 3 : Les négociations commerciales multilatérales devraient être révisées.
• L'approche «small is beautiful», priorisée par l'actuel directeur général de l'OMC,
Roberto Azevêdo, qui vise à négocier de petits paquets commerciaux.
• Lancement d'un nouveau cycle avec de nouvelles règles de négociation qui pourrait
prendre l'une des trois directions possibles.
– Réduction du nombre de parties à la négociation
– Extension du domaine des négociations : aux services par exemples (les pays riches
accepter des réductions ambitieuses des tarifs agricoles si les négociations commerciales
incluent les services).
– Restriction du nombre de mesures
– paiements indirects pourraient être mis en œuvre pour indemniser les pays qui ne
bénéficient pas de l'accord commercial et obtenir ainsi leur approbation.
– Oui pour les APE entre UE et CEDEAO : (pas de libéralisation des services, compensation
peu efficace ?)
Discussions
• Des cas exceptionnels comme celui des Accords commerciaux entre l’Union européenne
(UE) et la CEDEAO justifient les inégalités de positions des pays au niveau de l’OMC
• Les pays de l’Afrique de l’Ouest ne sont-ils pas encore plus désavantagés dans la
libéralisation des services ?
• Plusieurs discussions sur l’inefficacité des fonds de compensation prévus par l’UE dans le
cadre des APE : insuffisance pour couvrir les besoins, orientations, etc
13. IV. Les recommandations de politiques
Recommandation 5. Les restrictions à l'exportation et les taxes doivent être évitées.
• Taxer, restreindre ou même interdire les exportations peut être une réponse aux prix
alimentaires mondiaux élevés. Les gouvernements qui adoptent ces mesures diminuent
les prix des aliments locaux et améliorent l'accès de la population locale aux produits
alimentaires.
• Cependant, les restrictions et les taxes à l'exportation augmentent également les prix
alimentaires mondiaux et amplifient le choc initial sur les marchés mondiaux.
• Trois mécanismes sont proposés par les auteurs.
– 1. Les accords sur la consolidation des taxes à l'exportation actuelles, et l'interdiction de
nouveaux, peuvent être négociés sur une base plurilatéral.
– l'OMC devrait appliquer un processus de surveillance et de notification rigoureux.
– 3. L’OMC devrait appliquer une taxe à la Pigou: lorsqu'un pays applique une nouvelle
restriction à l'exportation de produits alimentaires, il devrait payer une taxe. Les frais
pourraient aller à un fonds international pour aider les pays vulnérables à payer leur
facture d'importation de nourriture en temps de crise.
Discussions
Les négociations plurilatérales sur les consolidations : avantageux pour l’Afrique de
l’ouest dans le cadre de l’application du TEC CEDEAO
Surveillance des notifications : oui comment ?
• Taxe pigou - Cas du Fonds de développement de la production des infrastructures de
transport et d’énergie en Afrique de l’Ouest FODETE-CEDEAO
14. IV. Les recommandations de politiques
Recommandation 6. Les transferts en espèces devraient être privilégiés au lieu de stocks
alimentaires, lorsque cela est possible.
• Les stocks alimentaires et les transferts monétaires sont des politiques nationales
appliquées pour réduire les risques d’insécurité alimentaires sont ont trop d'objectifs (
aide d'urgence, aide aux consommateurs pauvres en période de pénurie alimentaire ou
en période de prix élevés, soutien aux producteurs pour maintenir les prix à des niveaux
rentables, etc et sont très coûteux.
Discussions
• L’efficacité des transferts à soutenir les pauvres est certaine.
• Risque d’utilisation des transferts a des fins de consommation ?
• Quelle soutenabilité budgétaire de ces transferts pour les pays pauvres ?
• Quelle autre solution alternative ?
• Résoudre les problèmes structurels du secteur agricole : accès à l’eau at aux intrants
agricoles, développement de nouvelles techniques de production
• Maitrise des chaines de valeurs
• Possibilité de programme de développement Nord Sud
15. IV. Les recommandations de politiques
• Recommandation forte : L'OMC devrait officiellement annoncer la fin du Programme de
Doha pour le développement et le lancement de nouvelles négociations commerciales
multilatérales fondées sur de nouveaux principes.
• Quelle stratégie pour y arriver?
• Quels moyens disposent les pays pauvres ?
Pertinence et utilité du livre
• Livre discute de questions pertinentes des règles du commerce mondial, de l’efficacité
des politiques et règles de fonctionnement.
• Facile à lire : bonne maitrise des questions du commerce international et de enjeux
• Les de grande qualité : bien écrit
• Beaucoup d’enseignements sur le fonctionnement des politiques commerciales règles
de OMC
• Méthodes variées et adaptées aux analyses
• Des recommandations de politiques pertinentes qui ouvrent la voie à des politiques
• Des perspectives de recherche pour approfondir des réflexions ou des suggestions de
politique.