Jean Zapata (EDE 63 ) et Géraldine Dupic (CA 63)

1. Des prairies pâturées très
différentes ?
Comment transformer la contrainte apparente en atout
pour une gestion du pâturage « aux petits oignons » ?
Biennales des conseillers fourragers – octobre 2023
Jean Zapata – Conseil Elevage 63 et Géraldine Dupic – Chambre d’agriculture 63

2. Contexte : des systèmes d’élevage à forte
dominance herbagère
• Gradient d’altitudes au sein de l’exploitation
•
•
✓ Des surfaces fauchables sont fauchées + un pâturage majoritairement
en fin de saison
✓ Des surfaces exclusivement pâturées, très sollicitées par le troupeau
principal (pâturage tournant)
✓ Des surfaces plus éloignées, moins utilisées (cheptel de renouvellement,
chargement faible à très faible)
Part de surface fauchable,
mécanisable, limitée (40-50%)
Besoins en stocks fourragers importants
( 150-180 jours hiver + été 45-60 j)
Surface de pâturage obligatoire
Surface accessible au troupeau relative

3. La productivité des parcelles pâturées ne doit
pas être le seul critère d’appréciation
Avec des surfaces de fauches limitantes, elles seront donc
principalement fauchées… ce qui induit une surface pâturable
importante voire excédentaire
La qualité de la parcelle s’apprécie dans le fonctionnement global
du système fourrager et dans la diversité :
- des parcelles précoces très fertiles
mise à l’herbe précoce, repousses assez rapides, 5 à 10 cycles de pâturage
- des parcelles tardives
qui poussent plus tard au printemps, des parcelles qui ne repoussent pas
ou peu en été et automne
- des parcelles pâturables précoces mais fauchables au cas où
- des parcelles tardives fauchées mais pâturables au cas où…
Les écarts d’altitude et d’exposition des parcelles vont augmenter
encore les possibilités d’exploitation de ces surfaces

4. Pour un pâturage réussi qui est déterminant dans le
fonctionnement d’un système herbager
Modèles de croissance

5. Pour un pâturage réussi qui est déterminant dans le
fonctionnement d’un système herbager
Chargement adapté et leviers à activer

6. 0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Amplitude des croissances d'herbe
(Kg MS/ha/j) de 2018 à 2022
Exemple en zone St Nectaire
Moyenne Min Max
Un effet année indéniable

7. ✓ Toutes les prairies ne
sont pas équivalentes
ce qui donne de la
souplesse au système
✓ Le démarrage de
végétation est décalé
✓ Les pics de pousses
d’herbe sont décalés
✓ Les productivités
sont différentes
Préserver la diversité des types pour plus de
souplesse
0
10
20
30
40
50
60
70
80
Kg
MS/ha/j
Pâtures toutes altitudes
PP type AB
PP type b
PP type C
PT graminées -
légumineuses

8. ✓ Toutes les prairies ne
sont pas équivalentes
ce qui donne de la
souplesse au système
✓ Le démarrage de
végétation est décalé
✓ Les pics de pousses
d’herbe sont décalés
✓ Les productivités
sont différentes
Préserver la diversité des types pour plus de
souplesse
0
10
20
30
40
50
60
70
Kg
MS/ha/j
Pâtures toutes altitudes
PP type AB
PP type b
PP type C

9. 0
10
20
30
40
50
60
70
Kg
MS/ha/j
Pâtures sol hydromorphe
PP type AB PP type b PP type C
Intégrer la diversité du contexte pédologique
✓ Le caractère
hydromorphique
décale la pousse
notamment lors
de printemps
froids pour les
végétations les
plus tardives
✓ La capacité de
repousse estivale
est conséquente

10. Adapter ses apports en éléments fertilisants
Par ex, pour un effet boost au
printemps ou après un passage
La plupart des pâtures ne
reçoivent pas d’effluent ou
d’engrais : leur pic de
production est aussi important

11. En résumé
• De manière générale,
• Les PT démarrent plus vite au printemps que les PP
• les PP AB démarrent plus rapidement par rapport aux types
• avec une production plus explosive et plus élevée
• Une meilleure capacité de repousse
• Les PP b et C semblent assez similaires même si type b ont une capacité de pousse plus
importante
• Pour les pâtures sur sols hydromorphes,
• on voit que les types C démarrent encore plus tardivement au printemps et ont une
bonne capacité de repousse estivale
• La fertilisation a :
• Un effet marqué au printemps et/ ou après les coupes avec des apports supérieurs à 50
uN, surtout sur les PT et les AB
• Le type de prairies semblent plus marquant que le niveau de fertilisation
azotée
Fertilité globale x contexte pédoclimatique

12. Le conseil pâturage se construit à partir d’un
ensemble de références, de données collectées en
temps réel et d’outils
✓ Observatoire hebdomadaire de pousse de l’herbe (8 exploitations
dans le département 63 depuis au moins 15 ans)
✓ Observatoire des relevés de somme de t°C dans 16 stations météo
départementales réparties selon altitudes et localisation
✓ Typologie fonctionnelle des prairies et repères d’exploitation
✓ Modèles de croissance d’herbe (2008-2022)
✓ Références régionales fourrages et pâturage: cohérences gestion
des surfaces d’herbe/ chargement

13. Adapter la typologie fonctionnelle à l’usage des
conseillers d’élevage à partir d’indicateurs simples
18
Extrait du
diagnostic
des
pratiques
fourragères
Type fonctionnel AB b C
Productivité
Précocité
Type de couvert
Graminées
dominantes
Dicotylédones
possibles
dominantes
Légumineuses
dominantes
Forte Assez forte Faible
Très précoce
à précoce
Tardif Assez précoce
Touffes puissantes Tapis moyen Tapis ras et dense
Ray-grass, Dactyle
Fétuque élevée, …
Agrostide, Fléole
Avoine jaunâtre…
Fétuque rouge,
F. ovine,
Crételle, Brise…
Rumex,
Ombellifères,
Pissenlit,…
Centaurée,… Achillée, Epervière,…
Trèfles Blanc et
Violet
Lotier, minette,…

14. Photo illustrant l’écart de démarrage de végétation sur deux types de
prairies très différents 25/04; 950m d’altitude (400°C somme T°C)
dépt. 63
19
Type C Type A B

15. Photo illustrant l’écart de maturité de végétation sur deux types de
prairies très différents 29/05; 950m d’altitude (800°somme T°C) dépt. 63
20
Type b (altitude 1000m) Type A B (altitude 950m)

16. Définir un chargement de printemps acceptable
compte-tenu de la typologie des prairies observée
• Surface de pâturage obligatoire +
• Surface de pâturage complémentaire fauchable
• Chargement conseillé sur la surface de base :
• Prairie fertile AB dominant : 30 ares/UGB
• Prairie moyenne fertile (b dominant) : 40 ares/UGB
• Prairie maigre (C dominant) : 50 ares/ UGB
Par ex 3 ha fertile+ 2ha moyen+ 5 ha maigre(3x0,3+2x0,4+5x0,5= 0,42 ha/ugb)
• Surface fauchée supplémentaire accessible au troupeau ( pour
l’agrandissement de fin de printemps et été)
= surface de base

17. Interpréter les pratiques de pâturage
Cohérence chargement – potentiel productif au printemps
(défini par les types de végétations)
22
Ex : 26 ha pâturés
50 VL (61 UGB VL)
43 ares/UGB VL
Objectif : 45 ares avec
le profil ci-dessous

18. Le conseil pâturage se construit à partir d’un ensemble
de références, de données collectées en temps réel et
d’outils
Adaptés aux conseillers d’élevage
✓Planning de pâturage
✓Herb’ avenir
✓Happygrass
✓Diagnostic des pratiques fourragères
Et aux spécialistes productions fourragères
✓Diam
✓Herb’valo

19. Outils de pilotage et d’accompagnement au pâturage
1/ Cartographie
12,5 ha en AB, 1,3 ha en b, 2,9 ha en C
16,7 ha en surface de base
Soit un chargement possible de 35 ares/UGB soit pour
16,7 ha pour 47 UGB
Parcelles type C peu fertile, refuge jours de pluie
Parcelles type AB fertile
Parcelles type b moyennement fertile
Proposition de découpage des parcelles (pâturage tournant)
Homogénéisation de la taille des parcelles
Positionnement des points d’eau, entrées de parcs, chemins…

20. Outil de pilotage et d’accompagnement
2/ Planning de pâturage
L’ordre de pâturage est discuté avec l’éleveur selon ses pratiques habituelles mais
corrigées de nos observations ( typologie, difficultés rencontrées pendant la saison de
pâturage précédente, évolution du troupeau…)
Les incontournables sur le planning pour une
valorisation en fin de saison :
✓ La surface de chaque parcelle ( vérifier!!)
✓ L’effectif pâturant au jour prés
✓ La complémentation (fourrages et concentrés)
La taille des parcelles n’est pas forcément homogène en surface. En revanche on
essaie d’homogénéiser le temps de séjour du troupeau par parcelle au cours des
cycles de pâturage.

21. Outils de pilotage et d’accompagnement
3 / Stock d’herbe disponible
• Mesures de hauteurs d’herbe (au
minimum, réaliser 40 mesures/ha )
• Hauteur sortie visée
• Densité des prairies ( 180 à 250 kg
MS/cm/ha. 220 kg majoritairement)
Jours d’avance :
▪ 6 à 10 jours au printemps en phase de pleine croissance
▪ 10 à 15 jours après
▪ Plus de 20 jours (30 jours types b-C) été et automne

22. Outils de pilotage et d’accompagnement
Pour aller plus loin, il est nécessaire d’avoir des modèles de croissances d’herbe.
La visualisation de la qualité de l’herbe est primordiale. Que représente ces cm
utiles mesurés?
Les bonnes questions à se poser :
- Quel ordre indicatif de pâturage des parcelles : fonction des hauteurs d’herbe et
de la souplesse d’exploitation suivant les types fonctionnels (AB, b, C) identifiés,
- Quel moment pour le déprimage ?
- Quand entrer les parcelles de fauche dans le 1er ou second cycle de pâturage si
pousse de l’herbe ralentie ?
- Quand placer les fauches de refus ?
- Quelle stratégie vis-à-vis de la sévérité de pâturage (hauteur entrée/ hauteur
sortie)
- Quelle stratégie de complémentation en fourrages et concentrés ?
- Quelle adaptation du chargement ?
- Quelle stratégie d’évolution du troupeau (périodes de mises-bas, sevrage ou
tarissement, mélange de classes d’âge…)
4 / Projection indispensable

23. Des animaux qui valorisent la pousse au bon
moment avec de l’herbe de qualité
et des Eleveurs qui maîtrisent !!
Sur des systèmes herbagers dominants, avec beaucoup de
pâtures obligatoires :
✓ préserver la diversité des prairies pour garder de la souplesse
✓ Intégrer les types de prairies à la mise en place du pâturage
pour se comprendre avec l’éleveur
✓Être réactif et présent au bon moment
En définitive…

24. Contacts
• Géraldine DUPIC – Chambre d’agriculture du Puy de Dôme –
g.dupic@puy-de-dome.chambagri.fr
• Jean Zapata – EDE du Puy de Dôme – Conseil Elevage –
jzapata@ede63.fr