1. Développement du dessin chez l’enfant Quelques pistes Introduction à la didactique des activités Artistiques et artisanales Tilo Steireif HEP 2008 (extraits du cours)
2. Pistes Bibliographiques Betty Edward, (2002 ), “ Dessiner grâce au cerveau droit ”, Ed. Mardaga, Paris, (biblio. HEP). Sylvia Fabrizio & Laurence Calame Brun, Mémoire SCES, « Sons et couleurs: l ’apport de la créativité musicale et/ou picturale comme support pédagogique », Lausanne (biblio. C-34, HEP). Philippe Greig (2001), “ L’enfant et son dessin ”, éd. Erès, (biblio. HEP). Daniel Lagoutte (2002) , Enseigner les arts visuels , éd. Hachette, Paris. Luquet G. H , (1967), “ Le dessin enfantin ” , Neuchâtel, Delachaux et Niestlé.
3. Michel Perraudeau, “ Piaget aujourd’hui, réponse à une controverse ” , chap. Piaget, producteur de pensée, éd. Armand Colin, Paris, (biblio. HEP). Jacqueline Royer (1995), “ Que nous disent les dessins d’enfants ? ”, éd. Hommes et perspectives, Paris, (biblio. HEP). Claude Reyt: « Les arts plastiques à l’école », bordas, 2002. Gottfried Tritten ( 1969) : « Education par la forme et par la couleur , « éd. Delta, La Tour-de-Peilz ». Jacques-Albert Wallot ( 1993 ), « Apprendre l’image, Recherche et expérimentations en enseignement des arts au Québec » , Les Ed. L'Image de l'Art, Montréal .
4. Besoins et désir des enfants et la place des arts visuels Instinct de marquage Activité auto-récompensée Besoin de communiquer Prise de possession de la réalité Désir de détourner le réel Activité de sublimation Action réparatrice Objet transitionnel Potentiel de créer ce qui n’existe pas
5. Evolution du dessin: ontogenèse Premiers stades de l’intelligence de l'enfant et ce que l’ on perçoit dans le dessin enfantin selon les études piagétiennes (complément au chapitre de. Jacqueline Royer, (1995), “ Que nous disent les dessins d’enfants ? ”, éd. Hommes et perspectives, Paris, p. 63-69. 8-9 mois : la coordination de la vision et de la préhension entraîne la coordination des différents espaces. L’enfant prend conscience de ses propres mouvements, l’espace devient le milieu commun à tous ses déplacements. Il reste soumis aux limites de la perception. 18-24 mois : la représentation de l’objet permet à l’enfant de tenir compte des déplacements invisibles. En se libérant de la perception, il conçoit la permanence de l’objet.
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7. Besoin de se confronter à la matière Brassage de purée, pâte à pain, bouillie provoquant un plaisir intense . A tester: des matériaux comme la terre glaise d’abord mouillée puis modelée. Barbouillage, mélanges, agglomération de matériaux. L’étape intellectuelle du plaisir de souiller , ceci répond à un besoin de décharger une agressivité (sentiment de puissance souvent suivi par un apaisement).
8. Du geste aux formes Dès 2 ans et 7 mois: maîtrise du trait, apparition des formes isolées: encadrements, figures closes, polygones, cercles, carrés, triangles, cercles tangentes… Réalisme fortuit selon Luquet gribouillis composés font apparaître des formes isolées rendues possibles par le levé du crayon : ralentissement du rythme, un commentaire verbal accompagne le dessin et première tentative de reproduction d’un objet.
9. Le dessin anthropomorphe Le premier dessin de l’enfant reconnaissable par l’adulte est souvent le bonhomme-têtard ( dès 3 ans) , c’est à dire l’évocation du visage humain . Le corps est d’abord vu par le corps-visage car du visage passe le premier contacte identifiable d’une présence humaine. Le tronc est ici secondaire et n’apparaît que plus tard, le dessin est une image résiduelle de lui même. Chaque image constituée par l’enfant est pour lui habitée de sa présence en elle (une forme d’animisme).
11. Dans le détail: La figure du “ bonhomme ” (schéma corporel de l’enfant) Il traduit comment il vit son corps et comment il se sent appréhendé par les autres. Même lorsqu’il dessine une maison, une fleur, un animal, un soleil apparaissent souvent des figures animées (pensée animiste). L’enfant dessine toujours sa propre image mais sous diverses façons. Arno Stern définit trois figures: Le bonhomme-patate (rectangle oblong et jambe courte) Le bonhomme-route (tête ovale et jambes bâton) Le bonhomme-fleur (cercle munis de tentacules ou corps en allumettes)
12. Le bonhomme-patate (rectangle oblong et jambe courte) Le bonhomme-route (tête ovale et jambes bâton) Le bonhomme-fleur (cercle munis de tentacules ou corps en allumettes)
14. L’enfant projette dans le dessin son propre schéma corporel Il traduit comment il vit son corps et comment il se sent appréhendé par les autres (3-8 ans). Besoin graphique fort, les couleurs sont choisies de manière fortuites.
15. R éalisme manqué selon Luquet LA REPRESENTATION CLAIRE 4-5 ans L’enfant peut nommer consciencieusement toutes les parties de son dessin (maison construite sur le sol, personnages marchent dans la rue… alors que les objets « flottent dans l’espace »)
16. Registre de dessins des enfants : Soleil Personnage ou animal céphalopode (grande tête et tentacules) Visée frontale Traces Matières et mélanges des couleurs Choix de couleurs fortuit
17. In: Greig Exercices « ludiques » au CIN Le moule des reproductions stéréotypées à l’école, in Greig .
18. Réalisme intellectuel ou enfantin (4 ans-10 ans) ou registre logique Il tente de fixer le monde environnant non pas à travers ce qu’il voit mais ce qu’il sait : « mode de représentation spatiale dans lequel les rapports euclidiens et projectifs débutent à peine et de façon incohérente encore en leur connexions » Reyt, « les arts plastiques à l’école », Bordas 2002. Progressivement ses dessins sont représentés avec détails, plus d’aspects narratifs, détails typiques.
19. A ce stade (dès 5 ans) on peut parler de code de représentation issu du « monde » des adultes pour « lire » un dessin d ’enfant: l’espace le plus simple à construire serait donc pour l ’enfant un espace topologique. Définition : il concerne les rapports de voisinage, de séparation, d’ordre, d’enveloppement et de continu. Il porte sur l’objet considéré en lui-même et en ses propriétés établies de proche en proche. Dans le détail: Contrôle « double » psycho-physiologique : accompagnement du dessin par le geste et le perceptuel.
20. Exercice de représentation d’une table: Représentation graphique avec priorité de l’aspect sensible (HAUT) et priorité de l’aspect rationnel (BAS), in Greig.
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22. (Ill. in Lagoutte) Exercice à effectuer au CIN: « à qui la fille donne-t-elle à manger ? ». Vérification de la vision enfantine sur l es rapports de voisinage, de séparation, d’ordre,…
23. Registre de dessin des enfants Intégrité de la surface (absence de hors champ) Objets « flottants » selon Greig Objets lisibles (plusieurs points de vue) Espace topologique
24. Dessin localisé (6-8 ans) Registre logique: la description verbale est conforme au dessin. L’élève cherche l’angle le plus adéquat pour une représentation claire. Âge de raison : unité de lieu et de sujet. L’œil oriente le tracé. Il ressent pour sa part la nécessité compulsive à respecter les limites et à fixer les contours avec crayon noir séparant mentalement la masse intérieure. Conscience de sa gauche et de sa droite vers 6 ans pour soi et 8 ans pour autrui.
26. In: Greig Stéréotypie sans relation Matérialisation de l’action: Baisé, tir, coups (Idée de temporalité selon Royer) Expression d’un lien: Hiérarchie des tailles et identification
29. Dans le détail: L’enfant dessine principalement ce qu’il sait et non ce qu’il voit. Ainsi, il se construit un vocabulaire de formes analogues aux mots du langage verbal. C’est une volonté d’être syncrétique qui se perçoit dans le dessin des enfants de cet âge.
31. Dans le détail: Daniel Wildlöcher (« Le dessin comme expression de la personnalité ») pense qu’il s’agit d’une phase où l’enfant cherche plutôt à rendre les éléments de son dessin identifiables par l’exemplarité du détail . Ce vocabulaire des formes, cette recherche de la bonne forme , globale et syncrétique tendrait à mettre en évidence le phénomène de simplification où toute forme relativement ronde est pensée comme un cercle parfait . Ceci est vérifiable par les représentations du visages qui généralement sont ronds et s’allongent par la suite seulement.
32. Registre de dessins des enfants : Alignement Points de vue exemplaires Objets délimités par une ligne de contour Etagement, coupe, rabattement, développement Utilisation simultanée de plusieurs stratégies de représentation
33. SOURCES ICONOGRAPHIQUES EXPERTES… Alignement------------------------------ Un point de vue exemplaire----------- Objets délimités par une ligne de contour------------------- Etagement------------------------------- Coupe------------------------------------ Rabattement----------------------------- Développement (dessin narratif/explicatif)------------- Utilisation simultanée de plusieurs stratégies--------------------- A droite: quel artiste ? Quel type d’image ?
34. SOURCES ICONOGRAPHIQUES sur la base des notions: Comment dépasser l’objets délimités par une ligne : traits, hachures, courbes, largeur, épaisseur de ligne, etc…. quel artiste ? Quel type d’image de référence donne-t-on ici ?
35. SOURCES ICONOGRAPHIQUES EXPERTES… Objets délimités par une ligne A droite: quel artiste ? Quel type d’image de référence serait possible ?
40. Point de vue unique (haut) et rabattement (bas) observés par Greig.
41. LE REALISME VISUEL (9-12) Le registre composite: 10-11 ans Illusion de profondeur L’enfant se soucie désormais des distances et des proportions, ainsi que d’une cohérence interne à son dessin. Découverte de la perspective. Moins d’humour , le monde fantastique laisse la place au réalisme, à une identification au monde qui est « déjà-là ».
42. Stade intermédiaire Le dessin temporalisé Selon Jacqueline Royer Essais manqués, erreurs spatiales, début de la perspective (minoritaire, non indispensable à la reproduction d’une œuvre d’art). Représentation de l’éloignement, de la profondeur du champ visuel (ligne d’horizon), mouvement. Couleur : réalisme choisi en fonction d’une temporalité (couché de soleil, noir-nuit). Dessin s’enrichit de l’expression d’une idée, d’un sentiment (implicite devient explicite; titre, légende).
43. CODES DE REPRESENTATION Préadolescence réfractaire à la perspective car crée le doute instaure des notions peu compréhensibles comme l’illimité et l’infini. Le traitement de l’ombre et de la lumière problématise le contour net des chose, une vision tranchée qui prend ses racines dans le dessin traditionnel de l’enfance. Les enfants apprennent le parallélisme du cube puis tout est remis en question par la perspective et la convergence des parallèles. De plus, s’introduit une notion nouvelle : l’infini représenté par l’horizon, sa ligne et le point de fuite.
44. Préadolescence réfractaire à la perspective car elle crée le doute et instaure des notions peu compréhensibles comme l’illimité et l’infini ( à droite cubes à 2 pts. de fuite). La lisibilité y est plus complexe. Ci-dessus: dessin enfantin en projection cavalière (face frontale non déformée, façade latérale raccourcie), in: Tritten
45. Hésitations pendant la préadolescence: la perspective crée le doute instaure des notions peu compréhensibles comme l’illimité et l’infini (Ill. texte in Greig). La route est encore perçue comme longue donc elle est représentée de façon à prendre beaucoup de place sur la feuille (ill. gauche).
46. Le traitement de l’ombre et de la lumière problématise le contour net des choses, une vision tranchée qui prend ses racines dans le dessin traditionnel de l’enfance (in: Greig).
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48. Stade critique (11-13 ans) Registre optique selon Jacqueline Royer Remise en question de la personnalité avec l’avènement de la puberté. Conflit entre espace perçu, pensé et vécu : Le dessin n’offre plus de satisfaction narcissique . “ (…) On assiste à la désexualisation des relations et des sentiments, la prévalence de la tendresse sur le désir, la grande place de la pudeur et du dégoût, en même temps que la sublimation dans les aspirations morales et esthétiques ” selon Greil.
49. Et soudain tout est lié entre le premier plan et l’arrière plan … L ’infini signifie la perte du contour Quelques difficultés et résistances s’observent dans la didactique des AVI: La forme ouverte partiellement La netteté et le flou Le point de fuite Le clair-obscur La résistance provient du fait que l’enfant sort de sa période de latence et qu’il a besoin de valeurs ou paramètres mesurables. Il ne sait que faire de l’illimité, de la quête aventurière de l’infini.
51. Le registre optique L’enfant dessine ce qu’il voit: 12-13 ans Les objets sont en volume et prennent la forme de figures. 14-15 ans: l’élèves apprend les codes graphiques et les règles précises de la perspective pour représenter l’illusion de l’espace. Il vise l’homogénéité et l’assure avec une règle interne à l’image. Il fait la distinction entre expressivité et construction formelle
54. « (…)Il faut intervenir au bon moment dans ce monde naissant des oppositions. » Le dessin donne toujours une impulsion vers d’autres spécialités: graphisme, architecture, topographie…La rigueur mathématique est accentuée ». Fédération des écoles Steiner-Waldorf en France
55. « je ne suis pas un artiste » L ’adolescent confronte ses compétences avec des références extérieures et réalise l ’écart entre ce qu ’il voit et ce qu ’il est en mesure de faire « ici et maintenant … « … tandis que l’exigence grandissante de réalisme alimente finalement le constat du <<je ne sais pas dessiner>> ” “ Dépérissement ” graphique selon Greil .
56. On assiste à la fois à une perte volontaire des compétences passées établies dans le dessin enfantin. Car l ’adolescent connaît la volonté de quitter l ’enfance, il veut faire table rase des critères symboliques passés (archétypes sociaux, d’appartenance à une famille, repères identitaires) Quête d’une nouvelle identité Monde culturel spécifique Monde idéologique propre Besoin d’autonomie