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Faits divers du Pays de Fouesnant - i7l4a
1. René Bleuzen :
Une vente mobilière à Kerconan en 1802
Inventaires dans le canton de Fouesnant
L'environnement matériel d'une
population est, dans une large mesure,
révélateur de son mode de vie. Les objets
mobiliers, les outils, les denrées sont autant
d’éléments qui contribuent à donner une
idée des conditions dans lesquelles se
déroulait l'existence à l'époque considérée.
Ces
renseignements
se
trouvent
essentiellement dans les actes notariaux
établis dans les familles au décès de l'un ou
l'autre des époux.
Les documents de l'étude notariale
de Pleuven, déposés aux Archives
Départementales par Maître Le Goff,
comprennent un nombre considérable
d'inventaires, de ventes et d'estimations
mobilières enregistrés en l'étude tout au
long du XVIII ème et pendant les deux
premiers tiers du XIX ème siècle.
Il s'agit de situations qui se sont
trouvées dans des fermes du canton de
Fouesnant et qui apportent des éléments
intéressants concernant le monde rural:
l'agriculture était alors l'activité essentielle
qui conditionnait en outre l'existence des
artisans et commerçants. A travers
quelques exemples, comparés à une vente
importante qui eut lieu à la ferme de
Kerconan en 1802, nous voyons apparaître
des conditions comparables, généralement
prévisibles mais parfois curieuses ou même
insolites.
Une vente aux enchères à la ferme
de Kerconan
La ferme de Kerconan, dont les
bâtiments se dressent à deux pas de
l'église de Perguet, était une des tenues
importantes de la commune. Une vente aux
enchères de tout le bien mobilier s'y
déroula du 5 au 15 thermidor An X de la
République. Soyons clair : la vente débuta
le samedi 24 juillet 1802, se poursuivit
tous les jours de la semaine suivante et se
termina le mardi 3 août.
L'acte de vente, dressé par Me Clorennec "le jeune", notaire à Pleuven, a été
enregistré à Quimper le 19 thermidor An
X. Cette vente était réalisée à la suite du
décès de François Caradec survenu à
Kerconan le 23 pluviôse précédent. Le
défunt avait épousé en premières noces
Jeanne Le Guen, elle aussi décédée. De ce
premier mariage était issu Charles Caradec
(né à Kerconan le 12 février 1789, ondoyé
le jour même par la sage-femme et baptisé
par Jean L'Haridon, curé de Perguet). Les
demandeurs étaient Charles Caradec,
parrain et tuteur de l'enfant, et Magdeleine
Nédélec, seconde épouse du défunt, dont
celui-ci avait eu d'autres enfants.
Yves Guerriven, demeurant au
Lety, en Perguet, avait accepté d'être le
crieur de la vente qui commençait, selon
l'usage, par tous les objets se trouvant dans
l'âtre, et se poursuivit par le mobilier
meublant, les outils et le matériel agricole,
le cheptel, les réserves de grain, la récolte
et les fruits.
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2. La revue des troupeaux
Notre propos n'est pas de faire
l'énumération de tous les objets vendus,
certains par lots, mais de relever ceux qui
nous ont paru les plus significatifs.
Quelques exemples :
- Le trépied, la crémaillère, les
"piguettes" (râteaux à braises) : 8,65 F
-4 marres: 3 F.
- 2 couteaux de table: 2 F.
- Un fanal, un chandelier et une
massue: 6 F.
- 2 haches et 4 faucilles: 10 F.
- Une faux avec son enclume et son
marteau: 7 F.
- Une marre et un grand bassin
d'airain: 12 F.
- 2 fusils: chacun 9 F.
- Un pistolet: 1 F.
- 2 barriques: 5 F.
- Plusieurs lits-clos avec leur
"accoutrement", vendus à des prix
variables, de 17 à 60 F.
- Une "table coulante" et un banc
dossier: 14 F.
- 2 charrettes non ferrées: 27 et
28F.
- 2 charrettes ferrées: 72 et 84 F. - 4
draps: 20 F.
- Un dévidoir : 6 F.
- Un bassin d'airain, un peigne à
chanvre: 25 F.
- 2 armoires à quatre battants: 16 F
chaque.
- Du chanvre broyé: 9 F.
- 16 barriques, en plusieurs lots, 3 F
pièce.
- 2 broyeurs : 3 F.
- 2 poêles à crêpes: 22 F.
- Une pendule: 36 F.
- Buffet-vaisselier: 39 F.
- 2 armoires à deux battants : 69 et
78 F.
- 2 baillots, dont un à buée (lessive)
: 18 F.
- Une brouette : 5 F.
-Une maie : 7,75 F.
- Des écheveaux de fil, des couettes, des draps ...
Sept vaches sont vendues une par
une, à des prix variant de 39 à 54 F. Deux
paires de boeufs de labour , 117 et 252 F. ;
deux chevaux, 36 et 76 F. ; une jument et
son poulain, 81 F. ; un cochon, 60 F .
La récolte avec tous les fruits est
adjugée 229 F.
- 200 fagots: 8 F.
- La mesure de blé noir : 39 F.
- 2 mesures de seigle: 10 F.
La vente terminée, Me Clorennec
en compta le produit: 2.704,15 F. Puis il
inventoria les papiers de famille découverts
dans les tiroirs: contrats de mariage,
quittances, prêts, reçus, et il procéda au
règlement des créanciers :
- 0,80 F. à Michel Lahuec pour
avoir creusé la fosse du défunt;
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3. - 7 F. à Yves Guerriven, crieur,
pour huit journées de vacations;
- 58,17 F. au percepteur pour
contributions de l'année à Perguet ;
- 32,80 F. à Pierre Le Noach,
domestique, pour gages de l'année;
- 8,90 F. à Corentin Golhen, valet,
pour gages;
- 110,70 F. à Le Goff, chirurgien à
Quimper, "pour soins au défunt pendant sa
maladie mortelle";
- 70 F. à la citoyenne Berthou,
veuve Brindejonc, pour 5 années de rente
sur le lieu de Kergoff;
- 1,50 F. à Le Goff, meunier, pour
farine de froment;
- 7,50 F. à Magdeleine Goarin, pour
boissons;
- 3 F. à Alain Caradec, pour
boissons.
Le total, soit 432,50 F. prélevé, il
restait à partager 2274,13 F. entre les
ayants-droit. Charles Caradec en a reçu la
moitié revenant à son pupille, "le défunt
n'ayant point borné la communauté avec la
dite feue Jeanne Le Guen, sa première
femme". Magdeleine Nédélec en a eu le
quart, distraction faite de 54 F., prix des
hardes du défunt et de celles de Jeanne Le
Guen. L'autre quart augmenté des 54 F. a
été divisé entre les enfants mineurs de
Magdeleine Nédélec. (Au sujet des hardes
des défunts, relevons qu'elles avaient été
adjugées à Jean Le Goff pour 45 F. On
peut en déduire, bien que cela ne soit pas
mentionné dans l'acte, que Magdeleine
Nédélec a donc surenchéri pour les
conserver.)
Les acheteurs à Kerconan
En ces temps où les nouvelles se
transmettaient surtout de bouche à oreille,
la vente mobilière de Kerconan fit grand
bruit. Les acheteurs vinrent de tout
Perguet, du bourg de Bénodet et des
communes voisines. On ne dénombre pas
moins de cinquante adjudicataires. Certains
soumissionnent une seule fois, pour un
objet bien précis. D'autres se montrent plus
éclectiques ; parmi eux, un nommé
Corentin Nédélec qui a acheté tout le
nécessaire pour monter un ménage :
ustensiles de cuisine, armoire, lit clos, table
et banc, poêle à frire, des écheveaux de fil
de chanvre, une vache. On aura remarqué
que cet acheteur porte le même nom de
famille que la veuve Caradec dont le
mobilier était à l'encan. On peut supposer
qu'il agissait pour elle, achetant le
minimum dont elle avait besoin pour
continuer à vivre à Kerconan.
D'autres acquéreurs, tels Alain
Hélias, Jean Le Goff, Guillaume Berrou,
Paul Kergoat, ont emporté d'importants
lots de matériel, de bêtes et d'objets
divers ; il s'agit là, à coup sûr, d'exploitants
agricoles. Ainsi, deux paires de boeufs de
labour sont acquis par Corentin Le Floc'h,
et par Vincent Caradec. Jacob Quilfen a
acheté des barriques et, en association avec
François Le Goff, la récolte de la ferme et
les fruits de l'année. Mais Joseph Cosquéric n'est venu que pour un fusil.
La vente du grain mérite attention.
On remarque l'absence de froment, de
seigle, d'orge, une faible quantité d'avoine:
ce qui ne veut pas dire que ces céréales
n'étaient pas cultivées; mais nous étions fin
juillet, à un moment où la moisson n'était
pas encore rentrée. Les grains ne sont pas
vendus au poids, mais à la mesure.
Par contre, une quantité importante
de blé noir, base de l'alimentation courante
en crêpes et galettes. Beaucoup de femmes
ont acheté du blé noir.
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4. Autres Inventaires dans le canton
Parmi ces acheteuses, mesdames Danzé et
Kermoal sont qualifiées par le notaire de
"citoyennes". Pourquoi ce titre ? On peut
penser que l'officier ministériel a voulu
distinguer de l'ensemble des acheteurs
campagnards deux citadines dont les maris
occupaient un rang privilégié dans la
hiérarchie sociale: si on ne sait rien de ces
deux familles, on peut noter qu'un Jacques
Danzé figure dans les archives de la
commune comme officier public tenant les
registres de l'état-civil de Perguet entre l'an
II et l'an VII de la République.
Noms de familles
Les noms d'acheteurs déjà cités
montrent bien que les familles n'ont pas
beaucoup changé en deux siècles : on les
retrouve encore bien implantés à la
campagne. Ajoutons-en quelques autres
qui confirment ce fait: Berrou, Goarin, Le
Pulloch, Le Quilliec, Bertholom, Le Guen,
Le Cain, Rouanès, Le Gall, Roué ... Par
contre, il en est d'autres qui ont disparu du
terroir, comme les Mocaer, Kermoal,
Danzé, Madua, Terrier...
Le 28 germinal an X avait lieu à
Keraven Vras l'estimation après décès des
biens de Jean Philippe. On y retrouve à peu
de choses près le genre de meubles
signalés à Kerconan : un buffet-vaisselier
vaut 24 F., les lits clos de 40 à 48 F.
Notons encore deux charrues, des marres,
une faux et son enclume, des boeufs de
labour, une jument et un cheval... Un fusil
est vendu 9 F., et un pistolet 1 F.
A Kermaout, les 15 et 16 frimaire
an XI, l'inventaire suit le décès de
Guillaume Gléonec, dont la veuve est
Marie D'hervé.
L'importance du mobilier, de
l'outillage, du cheptel, des réserves,
témoigne d'une exploitation de belle taille
et de la situation aisée des tenanciers.
On note un cheptel d'une quinzaine
de bêtes à corne, quatre chevaux, des
cochons; quatre boeufs de labour sont
vendus par paires 180 et 165 F.
Un pressoir, 60 barriques, dont 20 pleines
de cidre, un outil servant à greffer
témoignent de la place importante des
vergers de pommiers.
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5. D'ailleurs, toute une panoplie d'outils suffiraient à un atelier de tonnelier: valet,
herminette, tari ères, plane, rabot, hache,
tenailles. On remarque encore plusieurs
auges de pierre, un métier à tisser. Le
grenier abrite une réserve de grains,
froment, seigle, avoine, blé noir, orge,
fèves, et des noix.
Dans les armoires, 16 grands draps
et 30 petits, 6 couettes, 12 traversins, 8
nappes, 12 serviettes. Les hardes du défunt
comprennent entre autres deux pourpoints,
un gilet d'étoffe, une culotte de berlingue,
un chapeau, une paire de souliers, deux
chemises. Ajoutons du lin, des abeilles, et
comme partout, deux fusils et un pistolet.
L'ensemble monte à 4.255 F., les
prix à l'unité étant voisins de ceux que
nous avons mentionnés à Kerconan.
moins embrouillée dans la famille de
Corentin Le Breton, tuteur des enfants
mineurs d'un premier mariage de son
épouse Marie Le Roy avec Louis Crédou,
décédé le 16 mai 1728. Lequel Louis
Crédou avait eu d'un premier mariage avec
Jeanne Le Roy une fille, Jeanne Crédou,
baptisée en l'église de Perguet le 26 avril
1728. Or cette fille était introuvable, et
pour cause: elle était décédée, mais son
acte de sépulture ne figure pas aux
registres de la paroisse.
Un demi-siècle plus tôt ...
Le 12 mai 1749, à Perguet, Anne
Le Glouédic abandonnait tous ses biens à
son fils Paul Malléjacq et ses autres
enfants. Sont vendus les meubles habituels
dans un ménage :
- Une armoire à quatre battants, 18 Livres.
- Un lit clos: 18 L.
- Un trépied et une galettoire, une marmite,
des assiettes; du fil de chanvre et de
l'étoupe; des auges ...
- 4 boisseaux d'avoine: 12 L.
- 6 boisseaux de seigle: 27 L.
- 6 boisseaux de blé: 18 L.
- Deux boeufs de labour : 48 L.
Le total se monte à 539 L. 4 sols.
Le 13 mars 1750, à Kerurio (que
nous identifierons ensuite pour être l'actuel
Kerorié), domaine congéable, le notaire
est appelé à régler une situation pour le
La dégustation du cidre à la cave
Le notaire dut faire établir un "acte de
notoriété". Le 29 mai 1750, au manoir de
Kergoet en Clohars comparurent donc
Corentin Le Breton, de Kerurio, Corentin
Le Calvez, du bourg de Perguet, Pierre Le
Louic, de Coatalen, Michel Le Marec, de
Talavern, Jean Nédélec, de Kermeur,
lesquels déclarent "qu'ils se rappellent et
se souviennent parfaitement que la dite
Jeanne Crédou a été inhumée dans l'église
paroissiale au mois de novembre ou
décembre de l'année 1728, ce qu'ils
affirment véritable et certifient".
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6. La même année, le 25 mai 1750, une vente
a lieu à Guénolay, en Clohars. Outre le
mobilier et les instruments habituels,
notons un joug, "trois grands linceuls», 50
écheveaux d'étoupe, 3 de lin, ... et un fusil.
Un demi-siècle plus tard ...
Le 22 septembre 1848, à Ty
Piguellou, dit Parc Perguet (aujourd'hui
Ty Gout), on vendait les affaires de Jeanne
Le Mao, veuve de Alain Le Goff. Ici, peu
de mobilier, mais tout de même deux
armoires vendues 11,50 F. et 13,50 F. Par
ailleurs, 15,25 F. les pommes à cueillir, et
18 F. la vache : on a l'impression d'une
braderie. La vente a rapporté 151,48 F et
sert à régler des dettes: 4,80 F. pour
travaux; 22,95 F. pour contrat de mariage;
10,90 F. à René Berrou, de Kerconan, 5 F.
à une veuve Guillermou, 1,75 F. à Jean
Donnard, de Kermine, 60 F. à Yves Le
Mao; 60 F. à J. Coray, de Kergarrec. Le
montant de la vente ne couvre pas le total
des dettes !
Le 24 août 1848, au "Petit manoir
de Pleuven", on estime les biens de Pierre
Renot, veuf de Marie Le Cloarec et père de
cinq enfants. Une tenue importante si l'on
en juge par le cheptel: 4 boeufs, 7
bouvillons, 6 vaches à lait, une jument et
son poulain, 4 veaux; une grosse réserve de
grain, et un linge de maison confortable.
Quelques prix :
- Une table à coulisses: 18 F.
- Une vieille armoire à quatre battants:
15 F.
- 5 grands draps: 51 F.
- 50 écheveaux de fil: 75 F.
- Et encore 6 couettes, 12 draps de lin, un
traversin, 5 nappes, etc...
Dans l'outillage, relevons :
- Une charrette ferrée: 240 F.
- Un pressoir à levier: 25 F.
- 50 fûts vides: 40 F.
- 500 fagots: 90 F.
- Une auge de pierre: 20 F.
- Un métier à corder, plus un fusil: 10 F.
Le cheptel est également livré aux
enchères:
- Quatre boeufs, sept bouvillons et deux
génisses: 400 F.
- Huit vaches à lait: 300 F.
- Quatre veaux : 67 F.
- Jument et pouliche: 240 F.
- trois moutons: 30 F.
- Trois porcs: 70 F.
La moisson n'était pas entièrement battue.
Les 500 Kg de froment valent 100 F. Le
même poids de seigle, 60 F. 250 Kg de blé
noir : 30 F.
La récolte non battue, déjà en tas sur l'aire
à battre, est estimée en "bernes " : froment,
seigle, avoine. Deux hectares de blé noir, à
récolter, sont estimés à 150 F. et les
pommes à cidre "pendantes" à 140 F.
Le total de la vente monte à
3.800 F., y compris les hardes de la
défunte.
A la lumière de ces estimations, on
peut vérifier quelques images reçues de la
vie à la campagne dans notre canton entre
le milieu du XVIII ème et le milieu du XIX
ème
siècles. Mais il serait imprudent de
prétendre généraliser à partir de quelques
exemples.
La présence dans chaque ferme de réserves
de froment, blé noir, seigle et avoine
montre bien l'importance de ces cultures
dans une société qui, vivant pratiquement
en autarcie, devait assurer la base de son
alimentation.
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7. Le blé noir permettait la confection des
crêpes et galettes cuites sur les "poêles"
que l'on retrouve dans tous les inventaires.
L'avoine était la base de la fameuse "yod
kerh" (bouillie d'avoine). Le pain de seigle
ou "pain
noir", cuit en fournées
collectives dans les fours des villages,
constituait
l'accompagnement
incontournable du "kig sal" (lard salé).
On retrouve partout les écheveaux
de fil de lin et ceux "d’étoupe", c'est-à-dire
de chanvre. Ces plantes étaient rouies à la
ferme, puis brisées et peignées pour en
extraire les fibres, qui étaient filées par les
femmes. Les bobines de fil étaient ensuite
confiées aux tisserands (nous avons déjà
entretenu nos lecteurs des avatars de
"Laouic Ty-Pont-Nevez", le dernier des
tisserands de Bénodet). Les toiles obtenues
fournissaient le linge de ménage, les draps,
les solides "roched" ou chemises des
lutteurs, ainsi que les sacs pour porter le
grain au moulin.
Si la charrue est d'usage courant
dans toutes les fermes, on remarque aussi
et jusqu'au début du XIX ème, des marres
(sortes de houes) servant au défrichage, au
décapage des parcelles soumises à la
pratique de l'écobuage. Toutes les fermes
possèdent des boeufs de labour, toujours
vendus par paires. Dans notre région
l'utilisation du cheval est plus tardive, une
parenthèse entre le boeuf et le tracteur.
A travers ces inventaires, il apparaît
encore que le pays de Fouesnant était déjà,
voilà deux siècles, un grand producteur de
cidre: les barriques, d'une contenance
d'environ 120 litres, se comptent par
dizaines dans chaque ferme. C'est donc une
réputation solidement justifiée que
Frédéric Le Guyader a confirmée au début
de ce siècle dans sa "Chanson du Cidre".
La présence dans chaque ferme d'un ou
deux fusils, voire d'un pistolet, semble
surprenante, surtout avant la Révolution,
les paysans n'ayant pas alors le droit de
chasse;
étaient-ils
braconniers,
ou
craignaient-ils les bandits de grands
chemins ? En tout cas, il ne faut plus
s'étonner de voir armés de fusils les
participants à la révolte de Fouesnant de
1792.
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8. On constate dans les grandes
tenues, comme celles de Kermaout ou du
Petit Manoir de Pleuven, des quantités
importantes de linge de maison, draps,
nappes, serviettes ..., qui sont révélatrices
d'une aisance certaine.
Il serait hasardeux de vouloir
étudier l'évolution des prix pendant la
période d'un siècle que nous avons choisie:
notre échantillon n'est pas assez
représentatif. Mais il est certain que cette
époque troublée a vu une érosion
monétaire indiscutable.
des archives de l'Étude de Pleuven la place
importante du notaire dans la société de
l'époque: il intervient à de multiples
occasions dans les rapports entre
particuliers, règle les différents et les
successions.
Très fréquemment - et bien que cela
ne ressorte pas de notre courte étude - il est
l'intermédiaire privilégié dans les prêts
d'argent: l'acte devant notaire était une
garantie pour les deux parties, à une
époque où les besoins de numéraire étaient
fréquents, mais les organismes de prêt
totalement inexistants.
Il ressort enfin de cette consultation
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