1. NOTE DE CONTEXTE
INAUGURATION
ESPACE MUSÉOGRAPHIQUE
« DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ :
L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES
VENDREDI 29 NOVEMBRE 2019
2. LE SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES
UN LIEU D’HISTOIRE ET D’ÉDUCATION À LA CITOYENNETÉ UNIQUE AU MONDE
Seul grand camp français d’internement et de déportation (1939-1942) encore intact, le Camp des Milles
est aujourd’hui un important Musée d’Histoire et des Sciences de l’Homme, unique au monde dans ses
dispositifs pédagogiques tournés vers le présent, et reconnu internationalement par l’attribution
exceptionnelle d’une Chaire de l’Unesco regroupant 10 pays autour de l’idée d’une convergence des
mémoires au service de l’éducation citoyenne.
Ses actions et missions sont destinées, en s’appuyant sur l’Histoire, à renforcer la vigilance de chacun face
aux extrémismes identitaires, au racisme, à l’antisémitisme et aux discriminations.
Aujourd’hui le Site-mémorial se situe au premier rang des Mémoriaux français, avec plus de 120 000
personnes dont 60 000 jeunes – éducation formelle et informelle - (scolaires, centre sociaux, Protection
Judicaire de la Jeunesse, Epide, acteurs de la politique de la Ville…) qui visitent chaque année les 15 000
m2 d’expositions permanentes, adaptés aux adultes et aux enfants. Toute l’année, des formations
continues ont lieu pour les secteurs public et privé, des ateliers pédagogiques, des événements culturels
destinés à tous les publics (expositions temporaires, théâtre, musique, forums, débats, rendez-vous
citoyens...)...
4 ministères (Éducation, Culture, Armées et Intérieur) siègent au sein de notre conseil d'administration et
de nombreuses conventions de partenariat ont été également signées avec d'autres ministères (Justice,
Ville, CIPDR, DILCRAH).
Voir les dispositifs pédagogiques du Site-mémorial :
http://www.campdesmilles.org/#!dispositifs_pedagogiques/0/
Voir le parcours muséographique du Site-mémorial :
http://www.campdesmilles.org/#!parcours_museographique/0/
INAUGURATION ESPACE « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ – L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES – VENDREDI 29 NOVEMBRE 2019
02
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES
INAUGURATION « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ : L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
DIRECTION DE LA COMMUNICATION & DU DÉVELOPPEMENT // FONDATION DU CAMP DES MILLES – MÉMOIRE ET ÉDUCATION
3. DU CAMP DES MILLES
À AUSCHWITZ :
L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME
03
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES
INAUGURATION « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ : L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
DIRECTION DE LA COMMUNICATION & DU DÉVELOPPEMENT // FONDATION DU CAMP DES MILLES – MÉMOIRE ET ÉDUCATION
4. À Auschwitz-Birkenau, camp allemand en Pologne durant la Seconde Guerre mondiale, un million cent mille
personnes ont été assassinées pour des raisons diverses. Parmi elles, près d’un million de Juifs, ce qui fait de ce
« camp de la mort », plus que d’autres encore, le symbole de la fin du chemin vers l’abîme de la Shoah.
Au début de ce chemin, il y eut, partout en Europe, des dizaines de camps d’internement et de déportation comme
le camp des Milles. Celui-ci est aujourd’hui le seul grand camp d’internement et de déportation français préservé
dans son ensemble et l’un des très rares en Europe. Toujours sous autorité française, il devient en effet à l’été 1942
un des points de départ des Juifs vers Auschwitz.
Ici, au camp des Milles, c’était déjà l’aboutissement d’un engrenage qui avait conduit à l’internement d’étrangers
supposés ennemis par la IIIe République en 1939, rejoints par d’autres « indésirables » ou opposants politiques sous
le régime de Vichy, et enfin à la déportation de 2000 Juifs livrés aux Allemands.
Là-bas, à Auschwitz, ces hommes, ces femmes et ces enfants ont été assassinés, comme tant d’autres, sur le seul et
unique critère d’être juifs.
Ils étaient Allemands, Autrichiens, Polonais, Tchécoslovaques, Russes, Sarrois, Hongrois, Belges, Français, Juifs
étrangers ou considérés comme tels par Vichy, apatrides…
Agriculteur, directeur de théâtre, avocat, chimiste, coiffeur, comptable, infirmier, dentiste, dessinateur, étudiant,
enseignant, jardinier, journaliste, chocolatier…
Nourrisson, enfant, adolescent, parent, grand-parent…
Sportif, joueur d’échec, curieux, espiègle, bienveillant, maladroit… Ces mots recueillis dans les archives renvoient à
des parcelles d’identité personnelle aussi diverses que l’étaient ces personnes. Mais l’antisémitisme réducteur et
criminel ne voyait en chacun qu’un Juif à traquer et faire disparaître.
Aujourd’hui, ces informations permettent de découvrir chaque être humain dans sa complexité. Ce qui nous est
précieux pour partager des parcours de vie et restituer une humanité, une individualité, une unicité, une identité
toujours plurielle à des personnes et à des familles frappées par la volonté de déshumanisation et de destruction.
Oui, par-delà l’image de victimes que nous en avons souvent aujourd’hui, ces hommes et ces femmes avaient un
métier, des qualités, des envies, des chagrins d’amour, des idées, des convictions et surtout un avenir, modeste ou
brillant, que d’autres ont décidé d’interdire. Comme les Arméniens de l’Empire ottoman, les Roms d’Europe, les
Tutsis du Rwanda, les victimes des Khmers rouges, les musulmans bosniaques de Srebrenica. Et comme tant d’autres
victimes.
Les destins présentés rendent compte de la diversité des trajectoires individuelles ou familiales dans la tragédie
commune. Les familles Löbmann, Wertheimer, Cahn, Lewinsohn, Julius Nacht, Paschej Birnbaum, ont été touchées
par cette horreur ; quelques-uns de leurs membres, souvent les plus jeunes, y ont échappé grâce à l’action de ceux
qui ont eu le courage de réagir et de les protéger.
Cet espace muséographique est le fruit de recherches spécifiques menées entre 2017 et 2019 dans le cadre des
partenariats, d’une part, entre la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Education, le Musée d’État
d’Auschwitz-Birkenau et le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône (dont les archives départementales), et,
d’autre part, entre la Fondation du Camp des Milles et la Kazerne Dossin (Belgique). Cette exposition permanente
est également possible grâce au soutien de la Région SUD Provence – Alpes- Côte d’Azur, du Conseil
départemental des Bouches-du-Rhône et de la Métropole d'Aix-Marseille-Provence.
DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ :
L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME
04
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES
INAUGURATION « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ : L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
DIRECTION DE LA COMMUNICATION & DU DÉVELOPPEMENT // FONDATION DU CAMP DES MILLES – MÉMOIRE ET ÉDUCATION
INAUGURATION ESPACE « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ – L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES – VENDREDI 29 NOVEMBRE 2019
5. LE CAMP DES MILLES
05
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES
INAUGURATION « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ : L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
DIRECTION DE LA COMMUNICATION & DU DÉVELOPPEMENT // FONDATION DU CAMP DES MILLES – MÉMOIRE ET ÉDUCATION
6. À PROPOS DU CAMP DES MILLES :
Un « Vel d’Hiv du sud » avant l’occupation allemande
Ouvert en septembre 1939 au sein d'une tuilerie située entre Aix-en-Provence et Marseille, le Camp des
Milles connut un peu plus de trois ans d'activité et vit passer plus de 10 000 internés originaires de 38 pays,
parmi lesquels de nombreux artistes et intellectuels.
Son histoire se divise en plusieurs phases correspondant aux différentes catégories d'internés qui y
séjournèrent : ressortissants du Reich et légionnaires, étrangers désireux d'émigrer, juifs ayant fait l'objet de
rafles.
On peut lire à travers ces phases l'évolution tragique de la répression dont furent victimes les étrangers et
surtout les juifs sous le régime de Vichy, évolution qui culmina en août et septembre 1942 avec la déportation
de plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs vers Auschwitz via les camps de Drancy et de Rivesaltes.
TROIS PÉRIODES : 1939 – 1942
Septembre 1939 à juin 1940 : un camp républicain pour suspects étrangers
L'histoire du camp débute sous la IIIe République, au début de la Seconde Guerre mondiale, lorsque le
gouvernement français prend la décision d'interner comme suspects les ressortissants du Reich, alors que la
plupart sont des antifascistes ayant fui le nazisme pour venir se réfugier en France.
Considérés paradoxalement et tragiquement comme des "sujets ennemis", les internés sont victimes d'un
mélange de xénophobie, d'absurdité et de désordre administratifs et vivent dans des conditions très
précaires. Dans le Sud-Est, ces étrangers sont internés dans la Tuilerie des Milles qui devient un camp
d'internement sous commandement militaire français.
Juillet 1940 à juillet 1942 : un camp vichyste pour "indésirables"
En juin 1940 s'ouvre une seconde période avec la défaite française et la signature de l'armistice. À partir de
juillet, sous le régime de Vichy, le camp est rapidement surpeuplé.
Au cours de cette période sont transférés aux Milles notamment les étrangers des camps du Sud-Ouest, et en
particulier des anciens des Brigades internationales d'Espagne ainsi que des Juifs expulsés du Palatinat, du
Wurtemberg et du pays de Bade.
À partir de novembre 1940, le camp, passé sous l'autorité du Ministère de l'Intérieur, devient le seul camp de
transit en France pour une émigration outre-mer, transit régulier ou illégal avec l'aide de particuliers,
d'organisations ou de filières locales et internationales.
Au fil du temps, les conditions d'internement se dégradent : vermine, maladies, promiscuité, nourriture
insuffisante...
Août et septembre 1942 : un camp de déportation des Juifs de Marseille et sa Région
Une troisième période correspond aux mois d'août et septembre 1942 qui voient la déportation vers
Auschwitz via Drancy ou Rivesaltes de plus de 2 000 Juifs, hommes, femmes et une centaine d’enfants. Vichy a
accepté de livrer 10 000 Juifs de la zone dite "libre" à l'Allemagne. Au début du mois de juillet 1942, Laval
propose d'inclure les enfants âgés de moins de seize ans dans les déportations.
Le 3 août, le camp est bouclé. Femmes et enfants juifs de la région sont orientés vers les Milles pour rejoindre
les autres internés avant d'être déportés. Ne sont pas épargnés les Juifs réfugiés politiques ou étrangers
ayant servi dans l'armée française. Au total, cinq convois sont constitués. Plus de 2000 juifs dont une
centaine d'enfants (le plus jeune avait un an) sont ainsi déportés.. En réaction, des hommes et femmes
courageux aident les internés et les déportés.
Ces événements surviennent avant même l'occupation allemande de la zone Sud (11 novembre 1942).
06
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES
INAUGURATION « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ : L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
DIRECTION DE LA COMMUNICATION & DU DÉVELOPPEMENT // FONDATION DU CAMP DES MILLES – MÉMOIRE ET ÉDUCATION
INAUGURATION ESPACE « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ – L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES – VENDREDI 29 NOVEMBRE 2019
7. RÉSISTER PAR L’ART ET LA CRÉATION
LES ARTISTES ET INTELLECTUELS DU CAMP
Une des caractéristiques du Camp des Milles réside dans le nombre et la diversité des artistes et intellectuels qui y
furent internés et qui résistèrent par l’esprit, l’art et la création aux tentatives de déshumanisation et aux
persécutions, dont ils étaient l’objet. Certains bénéficient déjà d’une renommée internationale tandis que d’autres ne
seront reconnus qu’après la guerre. Parmi, deux prix Nobel, Max Ernst, d’autres peintres, des sculpteurs, des
musiciens etc.
Cette production est surtout abondante durant la première période du camp, entre 1939 et 1940. Mais on la retrouve
avec une intensité variable tout au long de l’existence du camp, jusqu’à l’été 1942, malgré les privations et le
manque de moyens.
07
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES
INAUGURATION « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ : L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
DIRECTION DE LA COMMUNICATION & DU DÉVELOPPEMENT // FONDATION DU CAMP DES MILLES – MÉMOIRE ET ÉDUCATION
INAUGURATION ESPACE « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ – L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES – VENDREDI 29 NOVEMBRE 2019
8. RÉSISTER FACE À L’INACCEPTABLE
L’EXEMPLE DE CITOYENS COURAGEUX DEVENUS JUSTES PARMI LES NATIONS
Les rafles de l’été 1942 laissaient présager de grandes menaces pour les internés du Camp des Milles. Durant ces jours
sombres, les œuvres de secours tentent désespérément de sauver le maximum d’internés, et particulièrement les
enfants.
Malgré une étroite surveillance, certains internés parviennent à s’échapper et à se cacher, grâce notamment au
concours d’organisations juives ou de réseaux de sauvetage, en marge souvent des Églises catholique, protestante et
orthodoxe.
Dix huit hommes et femmes ayant agi pour les internés des Milles au péril de leur vie se sont vu décerner le titre de «
Juste parmi les Nations » par l’État d’Israël : Père Cyrille ARGENTI, Edmond et Nelly BARTOLONI, Auguste et Marie-
Jeanne BOYER, Mgr Marius CHALVE, André et Georgette DONNIER, Pasteur Marc DONADILLE et Françoise
DONADILLE, Pasteur Charles GUILLON, Pasteur Henri MANEN et Alice MANEN, R.P Joseph Marie PERRIN, Abbé
Fernand SINGERLÉ, Pasteur Gaston VINCENT et son fils Michel.
Afin de leur rendre hommage, une Allée des Justes a été aménagée sur les parties extérieures du Site-mémorial.
30 ANS DE COMBAT CONTRE L’OUBLI
UNE LONGUE MARCHE DE QUELQUES CITOYENS DETERMINÉS
C’est un combat citoyen difficile mais nécessaire de 30 ans (1982-2012) pour permettre au Site-mémorial du Camp des
Milles de voir enfin le jour en septembre 2012… Un combat pour la mémoire du Camp des Milles et pour que l’homme
puisse apprendre de ce passé.
Une longue marche contre l’oubli et l’ignorance, engagée par quelques hommes et femmes, longtemps seuls, sans
aucun appui, bien au contraire, mais avec la force de leur conviction tenace.
Ensemble, soutenus par quelques rares structures dont le CRIF, ils ont protégé et ouvert au public le seul grand camp
français d’internement et de déportation encore intact, et ainsi sorti de l’oubli des noms et des visages que certains
voulaient effacer à jamais.
Parmi ces fondateurs, Denise-Toros Marter, déportée à Auschwitz à l’âge de 16 ans, le regretté Louis Monguilan,
résistant déporté à Mauthausen, Sidney Chouraqui, Avocat, engagé volontaire dans les Forces françaises libres et son
fils Alain Chouraqui, aujourd'hui directeur de Recherche émérite au CNRS et Président de la Fondation du Camp des
Milles-Mémoire et Éducation.
Site-mémorial du Camp des Milles : campdesmilles.org
08
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES
INAUGURATION « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ : L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
DIRECTION DE LA COMMUNICATION & DU DÉVELOPPEMENT // FONDATION DU CAMP DES MILLES – MÉMOIRE ET ÉDUCATION
INAUGURATION ESPACE « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ – L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES – VENDREDI 29 NOVEMBRE 2019
9. À PROPOS….
09
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES
INAUGURATION « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ : L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
DIRECTION DE LA COMMUNICATION & DU DÉVELOPPEMENT // FONDATION DU CAMP DES MILLES – MÉMOIRE ET ÉDUCATION
10. MME DENISE TOROS-MARTER
Née en avril 1928 à Marseille (France), Denise est arrêtée avec sa famille le 13 avril 1944 à Marseille par la police
française sur dénonciation, livrée à la Gestapo, et internée successivement à la prison des Baumettes puis au camp
de Drancy, déportée le 20 mai 1944 à Auschwitz à l’âge de 16 ans. Denise et son frère André ont survécu à l’enfer
concentrationnaire, mais leurs parents et leur grand-mère ont été gazé dès leur arrivée à Auschwitz.
René, le frère cadet a rejoint le maquis et a combattu les nazis.
Convaincue à son retour d’Auschwitz de l’importance de garder une trace de l’horreur de la déportation, elle écrit
tout ce dont elle se souvient dans un petit cahier d’écolier qu’elle gardera caché toute sa vie.
Dès sa retraite prise, son travail de survivante de l’enfer nazi commence. Son petit cahier sorti, elle en fit un livre
“J’avais 16 ans à Pitchipoï” et ne cessa de témoigner auprès de la jeunesse afin d’alerter sur la nécessité d’être
vigilant : elle en fit le but principal de sa vie.
Elle est Présidente de l’Amicale des Déportés d’Auschwitz, région Marseille-Provence depuis 1985, co-fondatrice
en 1992 de l’Association du Wagon-Souvenir et du Site Mémorial du Camp des Milles, et membre du Conseil
d’Administration de la Fondation Camp des Milles – Mémoire et Éducation.
Commandeur de la Légion d’Honneur des mains de Serge Klarsfeld, grand officier de la Légion d’honneur, avocat,
spécialiste de la recherche des anciens criminels de guerre nazis.
Denise continue de témoigner à 92 ans.
INTERNÉ ET DÉPORTÉ DU CAMP DES MILLES.
RÉSISTANT ET TÉMOIN VIGILANT D’UN PASSÉ DOULOUREUX
10
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES
INAUGURATION « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ : L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
DIRECTION DE LA COMMUNICATION & DU DÉVELOPPEMENT // FONDATION DU CAMP DES MILLES – MÉMOIRE ET ÉDUCATION
INAUGURATION ESPACE « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ – L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES – VENDREDI 29 NOVEMBRE 2019
11. LE TESTAMENT D’AUSCHWITZ
DE MME DENISE TOROS-MARTER
Nous les âmes errantes de nos 6 millions de martyrs, dont les cendres encore chaudes sont éparpillées dans les
plaines lugubres de la Haute Silésie,
Nous les mères juives, séparées sauvagement de nos petits, dont ils n’ont pas eu seulement pitié,
Nous les vieillards, justes des saintes communautés, qui sommes morts dans les chambres à gaz en prononçant le
nom de l’Éternel,
Nous les innocents, les petits Daniel ou Myriam, les petits Maurice ou Sarah, souriant vers l’avenir qui semblait
s’offrir à notre émerveillement,
Nous les enfants, les frères et les soeurs de nos disparus, nous qui avons échappé miraculeusement à la tragédie
de l’arrestation et de la déportation, mais qui n’avons pas connu la joie d’une adolescence entourée de nos
parents chéris,
Nous les héroïques défenseurs des derniers remparts du Ghetto de Varsovie, qui avons pu choisir de mourir en
combattant plutôt que d’être traités et exterminés comme des bêtes,
Et nous les derniers survivants de la Shoah, ultimes témoins de la barbarie nazie, qui avons touché le tréfonds de
l’horreur, et dont les blessures se cicatrisent à peine,
Nous léguons notre mémoire meurtrie :
À nos jeunes héritiers de la Marche des Vivants et des Voyages de la Mémoire, ainsi qu’à leurs disciples.
Vous qui avez voulu refaire l’itinéraire sanglant qu’a suivi le peuple Juif en pénétrant dans les camps
d’extermination.
Nous vous léguons notre Mémoire, à charge pour vous de la transmettre de génération en génération, afin que
nul n’oublie, afin que nul ne doute, afin que nul ne nie !
Nous vous léguons notre Mémoire que nous avons reçue nous-mêmes par serment de nos familles et de nos
camarades assassinés sous nos yeux.
Puissent nos héritiers rappeler aux Hommes la folie exterminatrice d’une idéologie
innommable contre un peuple qui n’aspirait qu’à la Paix !
Puissent-ils faire preuve de vigilance dans les années et siècles à venir, et ne pas en oublier pour autant la
tolérance vis-à-vis des autres !
Puisse le Mémorial des Milles en Provence pour lequel nous nous sommes investis depuis des années, apporter à
ceux qui le visiteront toute la dimension pédagogique recherchée pour faire barrage à la haine !
Puisse le flambeau de la Mémoire collective, que nous vous transmettons avant d’arriver au bout de notre
voyage, vous protéger à tout jamais d’un nouvel AUSCHWITZ !
11
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES
INAUGURATION « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ : L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
DIRECTION DE LA COMMUNICATION & DU DÉVELOPPEMENT // FONDATION DU CAMP DES MILLES – MÉMOIRE ET ÉDUCATION
INAUGURATION ESPACE « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ – L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES – VENDREDI 29 NOVEMBRE 2019
12. M. HERBERT TRAUBE
Puis, on leur dit qu’ils ne peuvent plus rester, on les envoie vers un « centre d’accueil » qui se révèle être Gurs,
un camp, dans lequel il est séparé de sa mère, fait la connaissance de réfugiés espagnols. Il subit
l’antisémitisme et connaît la faim. Vient l’heure du transfert vers Rivesaltes, « peu de temps après ma mère
mourut. De malnutrition et de manque de soins. Je fus autorisé à assister à ses obsèques et en profitais pour
m’enfuir du camp.»
Direction Marseille. « Des braves gens m’adressèrent à l’American Friends Service Committee (organisme
d’aide aux réfugiés créé par les Quakers). Ils m’acceptèrent dans l’un de leurs Centres d’hébergement et je pus
ainsi obtenir un titre de séjour ». Herbert Traube en profite pour résister : « Je participe au premier
mouvement de résistance dans la cité phocéenne ». Jusqu’à ce qu’il soit arrêté lors de la rafle d’août 1942.
Direction le Camp des Milles. « Je réussis à éviter deux convois de déportation vers Drancy, en me cachant
dans les méandres de la tuilerie, mais je fus arrêté en essayant de me faufiler à travers l’enceinte de
barbelés ». Le convoi suivant, « le dernier en partance des Milles va à Rivesaltes ». De là, il est déporté, le 14
septembre, vers Drancy. Dans le wagon de marchandises, « pour 40 hommes, nous étions entre 60 et 80. La
chaleur est éprouvante, rapidement la tinette déborde. Nous n’avons rien à boire ». Mais les fenestrons
n’étaient pas obstrués. « Je réussis à passer ma tête entre les deux barreaux horizontaux. Un homme me
lance : « Si la tête passe, le corps passe aussi ! ».
On me pousse, je saute du train. Libre. Je retourne à Marseille ». Un résistant lui explique comment s’engager
dans la Légion en se faisant passer pour un Luxembourgeois, en ne signalant pas qu’il est Juif. « Je quitte
Marseille le 6 novembre 1942, quelques jours avant l’arrivée des troupes allemandes ». Il arrive en Algérie juste
avant le débarquement des Alliés. « Je participe à la campagne de Tunisie. Puis, dans la division blindée du
1er Régiment de marche de la Légion, je participe au débarquement des forces alliées en Provence ». C’est
ensuite la libération de Lyon, celle de Belfort, de Colmar, la bataille du Rhin, la Forêt Noire. « Le 8 mai 1945, je
suis en Autriche, les armes à la main, victorieux, dans le pays où je suis né, dont j’ai été chassé ».
La guerre prend fin, Herbert Traube prend la nationalité française. « C’est l’aboutissement de mon action de
résistant et de combattant, un acte de gratitude pour ce pays qui m’a sauvé de la déportation ». Aujourd’hui, il
ne cache pas son inquiétude face à la montée des extrémismes identitaires en France et en Europe. Et
rappelle, comme un appel à la vigilance : « Hitler a pris le pouvoir avec 30% des voix. C’est pour cela que je
conjugue toujours RÉSISTER au présent ... »
À L’ÂGE DE 92 ANS, HERBERT TRAUBE, « JEUNE JUIF NÉ AUTRICHIEN, FRANÇAIS NON PAR LE SANG REÇU MAIS PAR LE SANG
VERSÉ » A TENU À ÉCRIRE SON HISTOIRE. TÉMOIGNAGE FORT ET ÉMOUVANT, « UNE ODYSSÉE PEU COMMUNE DE VIENNE À
MENTON » RETRACE L’HISTOIRE DE SA FAMILLE ET DE SA DESCENTE AUX ENFERS, LORS DE LA MONTÉE AU POUVOIR
D’ADOLF HITLER.
INTERNÉ ET DÉPORTÉ DU CAMP DES MILLES.
RÉSISTANT ET TÉMOIN VIGILANT D’UN PASSÉ DOULOUREUX
« Je suis né à Vienne le 15 juillet 1924. Après la Nuit de Cristal
(9 novembre 1938), mon père est arrêté et déporté à
Dachau ». Lui et sa mère peuvent se réfugier, un temps, en
Belgique. Puis, de nouveau, c’est le départ, vers la France, le
12 mai 1940, dans un train de réfugiés belges. Ce train,
bondé, les amena jusqu’à Luchon.
« Là, nous fûmes triés et répartis en plusieurs groupes. Le
nôtre, fort d’une centaine de personnes, échoua dans un
village de l’Ardèche, Villeneuve-de-Berg, où nous passâmes
tout l’été ».
12
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES
INAUGURATION « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ : L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
DIRECTION DE LA COMMUNICATION & DU DÉVELOPPEMENT // FONDATION DU CAMP DES MILLES – MÉMOIRE ET ÉDUCATION
INAUGURATION ESPACE « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ – L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES – VENDREDI 29 NOVEMBRE 2019
13. LE PASTEUR HENRI MANEN ET SON ÉPOUSE ALICE.
Son activité d’aide et de sauvetage auprès des internés tout au long de l’année 1941 et dans la première
moitié de 1942 est attestée par de nombreux documents.
Le 6 Août 1942, il apprend que les autorités françaises ont décidé de livrer aux nazis les prisonniers juifs
retenus au Camp des Milles. Convaincu que ces déportés, parmi lesquels des femmes, des vieillards, des
enfants, sont voués à une mort certaine, Henri Manen, aidé par sa femme Alice, le pasteur Donadille et
son réseau et l’OSE, met tout en œuvre pendant le mois qui suit pour les sauver.
Son témoignage, entrepris durant ce mois d’août, « Au fond de l’abîme », relate ces 34 jours totalement
dédiés à la cause des persécutés, est destiné à alerter les autorités sur les méthodes de la police française
et à sensibiliser les populations civiles au sort des Juifs. Repris dès Décembre 1942 dans la presse juive
New Yorkaise, c’est un cri d’alerte poussé par une conscience révoltée devant la soumission à l’ignominie.
On y apprend que grâce à ses contacts dans l’administration, il réussit à faire retirer les noms de Juifs
infirmes et anciens combattants des listes de personnes à déporter. Au mépris des dangers qu’il court,
Henri Manen fait sortir du camp soixante-douze enfants et huit adultes. Il héberge avec l’aide de sa femme
Alice plusieurs d’entre eux chez lui avant de leur trouver un refuge. Ils en envoient au pasteur Donadille
qui leur trouve des cachettes dans les villages du plateau cévenol. C’est le cas de la famille Ahfeld, qui
trouve asile à Aix-en-Provence chez Henri Manen qui les abrite plusieurs jours avant de les accompagner
chez les Donadille, à Saint- Privat-de-Vallongues, où ils vivent jusqu’à la Libération.
Ce journal est rédigé en deux phases : d’abord sur place à Aix au jour le jour, entre le dimanche 9 et le
jeudi 13 août 1942 ; puis dans un village cévenol entre le 15 et le 20 septembre environ, après qu’il a dû
quitter Aix avec sa femme, tant pour se reposer des cinq semaines de tension qu’ils venaient de vivre, que
pour se mettre à l’abri des poursuites. Le couple est à ce moment-là de plus en plus menacé par la police
de Vichy. Dans son journal, le pasteur Manen exprime sa colère et son désarroi devant les atrocités
commises au Camp des Milles entre août et septembre 1942 : période pendant laquelle des familles
entières, y compris de très jeunes enfants, ont été entassées dans des wagons à bestiaux pour être
déportées. C’est un document essentiel sur les déportations du camp des Milles.
Henri Manen et son épouse Alice ont été recconus « Justes parmi les Nations » par Yad Vashem en 1986.
Ils font partie des 17 « Justes » liés à l’histoire du Camp des Milles.
JUSTES PARMI LES NATIONS POUR LEURS ACTIONS DE SAUVETAGES
EN FAVEUR DES DÉPORTÉS DU CAMP DES MILLES.
Henri Manen est né en avril 1900 dans une famille protestante. Son
père est pasteur à Saint Germain de Calberte, en Lozère. En 1916, il
est inscrit pour ses études dans une pension protestante à Nîmes puis
après-guerre à Genève. En 1924 il est nommé pasteur dans un gros
bourg du Gard cévenol. L’année suivante, il se marie à Lyon avec Alice,
fille de pasteur. Ils auront quatre enfants : Annie, Edith, Jacques,
Bertrand. En 1929, il est nommé pasteur à Rouen jusqu’en 1937. Il est
alors envoyé à Mulhouse en Alsace.
À cette époque, il n’est pas mobilisable car père de quatre enfants.
Il doit alors quitter sa paroisse début juin 1940 à la veille de l’arrivée
des troupes allemandes. Il ne peut ensuite rejoindre son poste en
Alsace annexée. Il est envoyé en novembre 1940 en Zone-Sud. Il
devient le pasteur de la communauté protestante d’Aix-en-Provence
entre 1940 et 1942.
En janvier 1941 il apprend, l’existence de la tuilerie des Milles
transformée en camp d’internement. Il s’y rend et obtient du
commandant Maulavé que les internés protestants qui le désirent
puissent venir assister au culte de la paroisse à Aix.
13
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES
INAUGURATION « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ : L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
DIRECTION DE LA COMMUNICATION & DU DÉVELOPPEMENT // FONDATION DU CAMP DES MILLES – MÉMOIRE ET ÉDUCATION
INAUGURATION ESPACE « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ – L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES – VENDREDI 29 NOVEMBRE 2019
14. PAULINE DRUBAY
07 52 60 47 93
pauline.drubay@campdesmilles.org
VOS CONTACTS AU SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES
SHARON AZOULAY
06 67 38 32 74
sharon.azoulay@campdesmilles.org
MERCI.
INAUGURATION ESPACE « DU CAMP DES MILLES À AUSCHWITZ – L’ENGRENAGE VERS L’ABÎME »
SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES – VENDREDI 29 NOVEMBRE 2019