Histoires imaginaires d'après des peintures imaginées.
Mes peintures de Déesses (huile et pastel gras) sont librement inspirées des statuettes retrouvées dans les fouilles archéologiques, certaines tirées du livre de Marija Gim-butas «Le langage de la Déesse». Elle a menée des fouilles en Europe du sud-est et méditerranéenne, qui ont dévoilé l’existence d’une culture préhistorique de la Déesse, civilisation paisible et harmonieuse ayant perdurée durant au moins 25. 000 ans. Les petites histoires inspirées des peintures sont pures inventions.
2. Il était une fois (ou il n’était pas) une forêt où
les arbres se mirent à s’embraser subitement
un matin alors que le soleil était à peine levé.
Les troncs ne brûlaient pas, ils rougeoyaient
de l’intérieur et lançaient vers le ciel encore
sombre des rayons de lumière aux couleurs
vibrantes. Les déesses avaient envie de sortir
de leurs cachettes...
Les arbres essayaient de retenir leur protec-trices.
Combat inutile. Elles avaient envie de
se montrer au monde pour transmettre un
message vital.
Du rouge chaud au jaune vif, les troncs
jouaient les caméléons, les feuilles riaient, le
ciel s’enflammait, les Déesses avaient décidé
de sortir au grand jour dans un grand fracas
de lumières et de joie colorée !
On interrogea le magicien du village. « Oui,
répondit-il, les Déesses
veulent sortir, cela fait
si longtemps qu’elles
nous regardent de loin,
elles ont envie de parta-ger
leur savoir. N’ayez
crainte, elles ne vous
feront pas de mal, bien
au contraire !». Les vil-lageois
se demandaient
tout de même ce qu’il allait leur arrivé. « Elle
vont vous en apprendre beaucoup sur la vie,
la nature, vos ancêtres... Si vous en voyez
une, ne soyez pas surpris par son apparence,
poursuivit-il, ne la regardez pas avec vos cri-tères
humains de beauté, elle aura peu être un
énorme ventre, des gros seins, une petite tête...
Mais rappelez-vous que c’est une Déesse de
la Nature. Soyez prévenant, accueillant et
tout se passera bien.» Après ces dernières
recommandations, les villageois saluèrent le
mage mais n’était tout de même pas rassurés
en rentrant chez eux. Leurs murmures réson-nèrent
longtemps dans la forêt....
3. Après une nuit de sommeil
agitée, pendant laquelle certains firent des cauchemars
de sorcières, des rêves de ballet de déesses tournoyant
dans les airs et autres danses envoûtantes autour de leur
couche... le lendemain, tout semblait à sa place dans le
village.
Jusqu’au moment où une fillette revenant de la cueillette
des mûrs dans le bois voisin, s’écria : «Les Déesses ont
mis à sécher leurs robes dans la forêt !».
Cette petite a de drôles d’idées s’exclamèrent les plus
grands. Après concertation, on envoya le jeune homme le
plus courageux du village au coeur de la forêt.
Il revint trois quart d’heure plus tard. « Alors, alors, qu’as-tu
vu ?» disaient les dizaines d’yeux des villageois bra-qués
sur lui. «Rien de spectaculaire, il y a des petits chif-fons
rouges accrochés à certaines branches, c’est tout...
Pas de quoi en faire une histoire.».
« Toi aussi, tu as vu les robes des Déesses» réaffirma sé-rieusement
la jeune témoin de cet accrochage original.
Cette fois-ci, personne n’alla pas consulter le magi-cien
du village, il trouverait cela tout à fait encoura-geant.
Chacun préférait créer sa petite interprétation
ou légende. Certains enfants affirmèrent que le Pe-tit
Chaperon Rouge leur avait fait une belle blague...
Elle était plutôt jolie la forêt décorée de petits chiffons
rouges qui flottaient au vent. Cela ajoutait un air de
fête à sa profondeur parfois sombre. Lorsque les étoffes
bougeaient avec le vent, les oiseaux se tenaient à dis-tance,
les écureuils s’en amusaient...
Bien vite, on ne se préoccupa plus de cet événement.
Jusqu’au jour où une première Déesse apparue....
4. A la vue du ventre et des seins de la
première Déesse, tout le village fût
convaincu que le magicien savait de
quoi il parlait !
Il ne fallait pas rire, pas baisser les yeux
mais accueillir cette belle Déesse dans
toute sa générosité.
Elle ne parlais pas, elle transmettais
simplement des messages directement
aux gens : « Vos cultures seront riches
si vous prenez soin de vos arbres, de
vos forêts, ne coupez pas tous les beaux
arbres pour les vendre. Vos arbres, c’est
plus que des arbres, ce sont la maison
d’une multitude de forces de vie».
«Ne regardez pas vos forêts comme
une marchandise mais comme la mai-son
de tout un petit monde que vous
ne pouvez pas voir mais qui contri-bue
à l’équilibre de votre village».
Une autre Déesse apparue tout aussi
généreuse, avec une petite tête et des
grosses boules comme des graines
tout autour de la taille.
Elle était accompagné d’un oiseau
transparent qui volait au-dessus de
son épaule. Voici son message : «Oc-cupez-
vous bien des animaux, ne les
regardez pas comme des choses à
manger ou à exploiter. Soyez doux,
et ils vous apporteront beaucoup.
Regardez l’oiseau qui vole près de
mon épaule, on peut dire que c’est
mon intelligence, ma conscience, j’en
prends soin et chaque fois que je dois
prendre une décision, je l’écoute. Il
m’emmène toujours dans la bonne
direction. Ne traitez pas certains ani-maux
comme des marchandises, sans
les écouter, les regarder, les aimer.
Vous perdez un échange précieux. je
vous l’assure.»
5. Quand la troisième Déesse apparue
le soir, au milieu de l’hiver quand
tout le village était réuni autour du
feu, tout le monde fût effrayé. Elle
dansait dans les flammes, de son être
sortaient des bruits étranges. Un lan-gage
que personne n’avait jamais en-tendu.
Sa présence dégageait quelque
chose de terrible et en même temps,
on se sentait proche d’elle. Certains
disent que c’était la mort. C’est pos-sible.
Elle sortait du feu, repartait et
nous racontait un tas de choses dans
sa langue ponctuée de sifflements...
Elle est repartie, chacun s’est senti
épuisé comme après un gros effort
sportif. Fatigué mais content, avec
l’envie d’aller se coucher sereinement
au coin du feu.
La quatrième non plus, il ne l’avais
jamais vue, mais tout le monde la re-connue
: la Déesse de la générosité.
Partout où elle passait, elle distribuait
des brassées de fleurs. On ne sait pas
d’où sortaient ces fleurs multicolores,
l’éclosion était infinie. Dans les rues,
dans les maisons, dans les champs,
elle en avait toujours à offrir, encore
et encore. On apercevait à peine sa
petite tête dernière les montagnes de
fleurs qui sortaient de sa poitrine Elle
est restée avec nous tout le printemps.
L’air sentait bon le frais et un doux
parfum flottait dans son sillage. Tout
le monde riait, s’habillait de couleurs
vives, s’embrassait et dansait. Elle
donnait le ton de la joie et le village
vivait à son rythme !
6. Cette petite Déesse muette et dis-crète,
n’avait pas de bouche. Elle ne
disait rien, mais inspirait confiance.
Ses yeux avait l’air triste. En la re-gardant
longtemps, on comprenait
que qu’il revenait à chacun de nous
d’écouter ce qu’avait à nous dire notre
propre tristesse. Et lorsque l’on com-mençait
à écouter, plongé dans son
regard, baigné de son corps blanc et
d’une lumière rose, on n’avait plus
peur d’écouter sa tristesse, qui avait
plein de choses belles à nous dire. Il
était tellement rare d’écouter sa tris-tesse,
que tout à coup on l’aimait, on
voyait pourquoi elle nous envahis-sait
et elle nous apprenait beaucoup.
Quand on avait fini, la Déesse dispa-raissait
dernière un tissage de tissus
finement brodé, très délicat. Jusqu’à la
prochaine fois où on aurait besoin de
bien écouter notre tristesse.
Elle est apparue au petit matin et nous
a dit qu’elle exaucerait tous nos voeux
s’ils étaient tournés vers les autres.
Alors, tout le monde emballé, s’est mis
à réfléchir tot azimut. Chacun pensa
dans sa tête : « J’aimerai ceci, je vou-drais
tellement cela...». Comme si la
Déesse avait entendue ces premières
pensées, elle re formula clairement
les instructions : «... des voeux pour le
bien des autres». Ce n’était pas si fa-cile
au départ car on rêve toujours de
quelque chose pour soi mais pas forcé-ment
pour les autres.
Alors chacun, se remua les méninges
et fini par trouver. Chacun souhaitant
quelque chose de bien pour d’autres,
c’est comme si nous nous offrions une
ronde de cadeaux. C’était magique !
7. Alors qu’elle agitait ses bras comme
pour s’envoler, le bas de son corps
semblait vouloir rester au sol. Seules
les étoiles filaient sur son passage. Elle
avait un drôle d’air, des sourcils qui
montaient comme une colère et une
boucle d’oreille de pirate. Personne
pas bien compris son message. Notre
monde aime les directions claires.
Elle voulait décoller avec les deux
pieds bien plantés au sol. Les en-fants
ont failli se moquer, puis ils
ont tous cherché à l’aider. Un petit à
pris un oiseau dans ses mains, puis
l’a lâché pour lui montrer comment
voler. Elle était encore plus excitée !
Elle a regardé l’oiseau partir dans les
airs avec de l’espoir dans les yeux.
Ce jour-là, ce sont les enfants qui ont
appris quelque chose à la Déesse...
Celle-ci a été découverte dans la terre,
elle était recouverte d’une fine couche
de sable rouge. Une petite fille en
jouant à commencé à voir du bleu, elle
a continué à gratter, puis, elle a soufflé
et la Déesse des sables est apparue.
Cachées dernière, d’autres têtes appa-raissaient
et disparaissaient comme si
on les avait dérangées d’un long som-meil.
La petite fille remis doucement
une fine couche de sable dessus, elle
pensa : elle est trop jolie pour que tout
le monde la voit. Ce sera mon secret à
moi, la Déesse du sable qu’il ne faut
pas déranger pendant son doux repos
hors du temps...
Le soir-même, dans ses rêves, la petite
fille reçu un message sur l’endroit où
creuser un puits pour toffrir de l’eau
belle et claire à tout le village en re-merciement
d’avoir pris soin du som-meil
de la belle créature.