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Investir dans les populations rurales
Recueil des
études de cas
réalisées au
sein du FIDA
dans la sous-
région Afrique de
l’Ouest.
Vol. 1
2019
Hub Afrique de l’Ouest - Édition Décembre 2019
Sommaire
	
Résumé
A.Présentation du HUB
B. Préambule sur les études de cas
2
1
3
Présentation des études de cas.
Cap-vert :
A. Analyse de l’impact des microprojets horticoles basés
sur la promotion de technologies efficaces et efficientes de
mobilisation et de gestion de l’eau.
Gambie :
B. Le secteur du riz en Gambie.
Guinea-Bissau
C. Réhabilitation de la production traditionnelle de riz de
mangrove en Guinée-Bissau rurale.
Sénégal :
D. Le secteur du riz au Sénégal.
E. Analyse de l’impact des petits périmètres maraichers
irrigués avec pompage solaire.
	
Annexes
A. Guide de réalisation d’une étude de cas
Rapport préparé par :
Benoît Thierry, représentant du bureau sous-régional IFAD
Helene A. Ba, operation analyst - IFAD
Camila M. Caicedo, consultant - IFAD
Arnaud Rouillard, consultant - IFAD
Crédit photo couverture : © IFAD
Ce rapport est disponible pour usage public sur :
(+221) 33 859 67 58 | Villa 1427, Route de la Corniche Ouest, Almadies - Dakar | fidasenegal@ifad.org
© 2019 by International Fund for Agricultural Development (IFAD)
Résumé
Présentation du HUB :
Le FIDA existe depuis 1978, soit depuis 40 ans.
Depuis 10 ans, une décentralisation a été entamée. Celle-ci
s’est accélérée en 2017 à l’arrivée du nouveau président du FIDA,
l’ancien premier ministre togolais et directeur du bureau régional du
PNUD pour l’Afrique, Gilbert Houngbo, passant de 50 % à près de
100 % en moins de deux ans.
A l’issue de la décentralisation, 100 % des Country Program
Managers (CPM) ainsi que les responsables des thématiques
transversales (climat, inclusion sociale, finance, etc.) auparavant
basés au siège à Rome seront dans les hubs.
Cette accélération dans la décentralisation est liée à la réforme lancée
suite à la 11ème reconstitution du FIDA qui a entraîné également des
changements dans le cycle du projet, le suivi évaluation ou encore la
manière de réaliser les designs et la supervision des projets au plus près
des bénéficiaires (populations rurales) et clients (états).
Autre point intéressant, le budget d’investissement du FIDA n’a augmenté que de 10 %
lors de la dernière reconstitution. En revanche, la clé de répartition des fonds a changé et
l’Afrique de l’Ouest va connaître un doublement des financements qui lui sont octroyés.
La taille des projets va donc augmenter pour les pays du HUB. Les ressources pour les
paysans seront plus importantes se qui implique également que la gestion soit renforcer
pour assurer un déboursement de qualité.
Le HUB sous régional d’Afrique de l’Ouest couvre 7 pays membres1
. Sa création fait suite
à la reforme impulsée par le Président du FIDA pour conduire à la décentralisation de
l’institution. Il s’agit de transférer les pouvoirs de planification, de décision et de gestion
des ressources, depuis le siège à Rome vers les zones d’intervention, de manière à
favoriser la prestation des services de façon efficiente et efficace. Cette réforme a conduit
à la création de 12 plateformes régionales (ou HUB) réunissant chacune plusieurs pays
d’intervention du FIDA. Ainsi, la division de la région Afrique de l’Ouest et du Centre
(WCA) est désormais constituée de 3 HUB dont les sièges sont basés à Dakar, Abidjan
et Yaoundé.
Aujourd’hui, 26 personnes sont affectées au bureau de Dakar dont 3 personnes en charge
des finances.
1
Les 7 pays membres sont : la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, le Mali, le Cap-vert, la Guinée Bissau, et la Guinée Conakry
1
1
2
2Présentation des
études de cas
Étude
de cas
Cap-Vert
N°1
MICRO-PROJETS HORTICOLES
West Africa Hub Afrique de l’Ouest
Rouillard Arnaud
Consultant FIDA
2019
TABLE DES MATIERES
ACD		 Associations Communautaires de Développement
BAD		 Banque Africaine de Développement
FRC		 Fonds de Réinvestissement Communautaire
INE 		 Institut National de Statistique
PLPR		 Programme de Réduction de la Pauvreté Rurale
POSER	 Programme de promotion des Opportunités Socio-Économiques Rurales
PRLP		 Programmes Régionaux de Lutte contre la pauvreté Rurale
UCP		 Unité de Coordination du Projet
UT		 Unités Techniques
OM		 Opérateur de marché
m2
		 Mètre carré
m3
		 Mètre cube
USD		 US Dollar
CVE		 Cape Verdean Escudo
ha 		 Hectare
% 		 Pourcentage
L		 Litre
Conversion :
1 USD = 99,3182 CVE
Abréviations et acronymes
A I Historique du projet et des activités	 1
B I Groupes cibles et typologie des bénéficiaires 2
C I Processus de mise en place	 4
D I Analyse des initiatives	 5
E I Conclusion 11
Résumé exécutif
Le problème de l'eau est l'un des plus grands défis du Cap-Vert.
Caractérisé par une sécheresse importante et récurrente depuis les
années 1960, le pays reçoit une pluviométrie limitée de 230 mm par an,
où seulement 13% de ces précipitations contribuent à l'alimentation des
nappes phréatiques tandis que 87 % circulent en surface ou s’évaporent
(BAD, 2015). En conséquence, le Cap-Vert est de plus en plus dépendant
de l'eau dessalée pour sa consommation. Environ 80% de l'eau destinée à la
consommation domestique au Cap-Vert est dessalée et à un coût énergétique
élevé, avec une implication directe sur le tarif de l'eau considéré comme l'un
des plus élevés d'Afrique {…} La mobilisation des eaux de surface, l’utilisation
rationnelle des eaux souterraines, le recyclage des eaux usées et la conservation de l’eau constituent autant
de solutions potentielles en particulier dans le secteur agricole qui utilise près de 90% de l’eau prélevée
(INE, 2017).
Le coût du mètre cube d’eau, fortement corrélé au système énergétique utilisé pour sa mise en exhaure,
influe négativement sur la valorisation de la ressource en eau. Cette limite freine le développement du
secteur agricole augmentant ainsi la précarité et l’insécurité alimentaire pour les populations rurales qui
dépendent de ce secteur.
Dans ce contexte, le Programme de Promotion des Opportunités Socio-Économiques Rurales (POSER) a
appuyé la mise en œuvre de 541 microprojets économiques et sociaux qui ont permis notamment à 5 588
bénéficiaires (37% de femmes et 15% de jeunes) de mettre en exhaure en moyenne individuellement 1 123
m2 pour la production horticole.
La mise en exhaure de ces périmètres en micro-irrigation a permis aux producteurs de diminuer de 82% leur
consommation d’eau agricole et de multiplier par 2,7 leur revenu d’exploitation.
L’application de systèmes horticoles innovants promus à travers le POSER ont permis aux bénéficiaires
de passer d’un revenu net d’exploitation de 0,65 USD/m2
en système traditionnel à 1,66 USD/m2
système
solaire avec micro-irrigation.
À travers cette étude, nous analysons l’impact des microprojets horticoles basés sur la promotion de
technologies efficaces et efficientes de mobilisation et de gestion de l’eau. Par une analyse comparative des
différents systèmes maraîchers mis en place au Cap-Vert, nous étudions les performances socio-économiques
et agro-environnementales des modèles maraîchers mis en exhaure par système solaire et irrigués avec
goutte-à-goutte. Cette capitalisation des expériences et des innovations aura pour but d’identifier les
modèles productifs et durables en vue de leurs mises à l’échelle.
Key figures microprojets horticoles :
Montant investit1
: 9,7 millions d’USD
Nombre de bénéficiaire : 5 588
Part de femmes : 37%
Augmentation de la production : +74%
Diminution de la consommation d’eau agricole : -82%
Diminution du prix du m3
d’eau : -49%
1
Montant total investit sur la composante 1 au 30/06/2019
PRÉSENTATION
A.	 Historique du projet et des activités:
1.	 Le POSER financé en 2014 par le
gouvernement du Cap-Vert, le FIDA et le Fonds
fiduciaire espagnol, succède au Programme de
Réduction de la Pauvreté Rurale (PLPR) qui a duré
12 ans (2000-2012).
Avec la mission d'évaluation à mi-parcours de
2012, des changements stratégiques ont eu lieu
dans la mise en œuvre du POSER, mettant
davantage l'accent sur la mise en œuvre de projets
structurants, concordant avec la vision stratégique
(2014-2018) de la politique gouvernementale de
"Transformation du secteur agricole". D’un point
de vue institutionnel, cela s’est traduit par le
changement de tutelle du Ministère du Travail, de la
Formation professionnelle et de la Solidarité sociale
au Ministère de l'Agriculture et de l'Environnement.
À travers sa stratégie, le POSER a pour objectif
de contribuer à l’accroissement des revenus des
populations rurales en promouvant la création
d’opportunités économiques inclusives et durables
dans les zones rurales.
Le but est de favoriser l’emploi à long terme pour
les ruraux pauvres (en particulier des femmes et des
jeunes), et ce en: (i) soutenant le choix des
bénéficiaires relatif aux microprojets en faveur
d’activités pérennes génératrices de revenus
; (ii) s’assurant que les activités économiques
agricoles mises en œuvre par les bénéficiaires
contribuent à leur sécurité alimentaire, notamment
en réduisant leur dépendance aux importations
de produits alimentaires ; (iii) garantissant que
les revenus perçus de ces activités économiques
contribuent à l’amélioration des conditions de vie des
bénéficiaires.
2.	 Le POSER a apporté un appui et un
accompagnement ciblés aux principales difficultés
des producteurs, à savoir : (i) des précipitations
irrégulières et mal réparties dans le temps et l’espace
; (ii) la diminution de la fertilité des sols et le faible
niveau d’utilisation de semences de qualité ; (iii) la
baisse de la main-d’œuvre familiale liée à l’émigration
vers les zones touristiques ; (iv) la diminution
du revenu d’exploitation et la faible capacité de
financement.
3.	 Entre 2013 et 2019, le POSER a mobilisé et
décaissé 62% de son budget total pour la mise en
œuvre des programmes régionaux de lutte contre la
1
1
Au 30/06/2019, sur l’ensemble des financements extérieurs effectivement mobilisés pour la mise en œuvre du programme (24,504
millions USD), le POSER a décaissé 15,669 millions USD, soit 64% des fonds mobilisés.
Cap-Vert : Micro-projets horticoles
2
pauvreté rurale (composante 1).
Les ressources du programme ont été, au fil
des années, concentrées sur le financement des
projets structurants consacré majoritairement à
la réalisation d'infrastructures hydroagricoles.
Les projets structurants permettent d'optimiser la
mise en œuvre des microprojets individuels et collectifs
à travers la mise en exhaure de périmètres donnés et de
pouvoir notamment : (i) répondre aux problématiques
d’accès à l’eau ; (ii) élargir la portée des interventions ; (iii)
regrouper les bénéficiaires autour du capital productif et ainsi
augmenter l’efficacité sur le terrain ; (iv) augmenter la résilience
des exploitations cibles
3
4
Cap-Vert : Micro-projets horticoles
B.	 Groupes cibles et typologie des
bénéficiaires :
4.	 La stratégie de ciblage basée sur un mécanisme
d’auto ciblage des ruraux pauvres par les Commissions
Régionales de Partenaires et les Associations
Communautaires de Développement (ACD), a permis
d’atteindre les couches les plus vulnérables et ainsi
d’appuyer 11 955 bénéficiaires directs ruraux. Les
bénéficiaires visés sont :
- 	 Les individus ou ménages les plus vulnérables,
c’est-à-dire les individus/ménages qui n’ont pas d’accès
à la terre et au crédit pour développer leurs activités,
sont en situation de famille nombreuse avec un nombre
élevé d’enfants mineurs à charge, et ont des capacités de
production limitées et des revenus agricoles bas ;
-	 Les femmes (jeunes filles et femmes) en particulier
chefs de ménages ;
-	 Les jeunes ruraux sans emploi et sans possibilité
d’avoir accès au crédit.
La priorité est accordée aux jeunes et aux femmes. Au
niveau du POSER, 45% des bénéficiaires totaux sont des
femmes. Concernant la sous-composante des microprojets
agricoles, 37% des parcelles sont exploitées par des
femmes.
C.	 Processus de mise en place :
5.	 De la sensibilisation au financement du
microprojet agricole :
Dans un premier temps, l’Unité de Coordination du
Projet (UCP) ainsi que les partenaires du projet :
a) Sensibilisent et informent sur les actions d’appui du
POSER à travers des assemblées communales, dans
chaque zone d’intervention.
b) Présentent les critères d’éligibilité et les modalités de
participation pour le financement des microprojets.
c) Centralisent les demandes des ACD au niveau des
unités techniques, caractérisent et analysent les demandes
avec l’appui technique du ministère de l’Agriculture et
déposent les demandes de financement pour approbation.
La viabilité économique et financière de chaque
microprojet est évaluée par le point focal en charge au
sein de l’UCP.
Le financement des infrastructures des microprojets est
pris en charge en moyenne à 80% par le projet et 20%
par les producteurs bénéficiaires en nature. Cette part
en nature peut comprendre : (i) la mise à disposition de
terres ; (ii) la mise à disposition de main d’œuvres ; (iii)
la mise à disposition d’autres biens matériels.
Avec l’expertise technique de l’UCP et des techniciens,
le montant du microprojet est déterminé en fonction
des investissements nécessaires. Une fois déterminée et
validée, une convention est signée entre la commune, les
producteurs et le projet.
Les coûts d’investissement varient de 34 000 à 91
000 USD en fonction des infrastructures3
nécessaires à
réhabiliter ou à construire pour la mise en valeur des
parcelles irriguées.
Un microprojet couvre en moyenne 3,4 ha et appuie 40
producteurs pour un budget moyen de 3 000 USD par
producteurs.
6.	 Du financement à la pérennisation des
microprojets :
Après validation du financement, la commune et les
partenaires techniques assurent le suivi des différentes
phases du projet à travers une commission de travail
visant à garantir la durabilité du projet. À travers
cette dynamique, les acteurs en charge doivent assurer
la continuité de la l’activité dans la phase post-
investissement.
Au niveau de chaque microprojet, un technicien du
Ministère en charge l’Agriculture intervient dans le suivi et
le conseil aux exploitations. Ces techniciens horticoles ont
pour rôle de faire le lien entre le projet et les bénéficiaires,
et sont en charge : (i) du transfert de compétences et de
capacités ; (ii) du conseil et du suivi agricole ; (iii) de
l’appui à la commercialisation.
Le montant investi dans le microprojet s’inscrit dans la
stratégie de Fonds de Réinvestissement Communautaire
(FRC). L’objectif du FRC est de : (i) garantir la
pérennité du fonds du PRLP afin de mettre en place de
nouvelles activités de développement communautaire ; (ii)
responsabiliser les ACD par rapport au développement
du pays ; (iii) responsabiliser les bénéficiaires par rapport
à leur propre développement socio-économique ainsi
que celui de la communauté.Cela vise à donner aux
2
Processus de ciblage basé sur l'identification et la sélection des bénéficiaires des microprojets, à partir des assemblées communautaires afin que le programme atteigne les principaux groupes cibles.
3
De manière générale, la mise en exhaure de périmètre horticole comprend : (i) un forage ; (ii) deux réservoirs ; (iii) un système de pompage solaire ; (iv) un kit de goutte à goutte par bénéficiaire ; (v) l’aménagement et la délimita-
tion physique des parcelles.
5 Cap-Vert : Micro-projets horticoles
bénéficiaires les plus vulnérables des moyens d’accéder à
des instruments de financement plus sophistiqués et de les
accompagner à mettre en œuvre des activités économiques
plus ambitieuses.
Dans la lignée du FRC, les investissements peuvent être
amortis à travers : (i) un coût additionnel imputé par
mètre cube d’eau consommé par le producteur durant
les 5 premières années ; (ii) un système de fermage
induisant une charge locative imputée semestriellement
ou annuellement sur le résultat de l’exercice.
D.	 Analyse des initiatives :
8.	 Résultats majeurs :
La mise en exhaure de périmètres avec système
photovoltaïque associé à la micro-irrigation a permis
d’obtenir des résultats majeurs sur l’activité horticole et
la gestion de la ressource en eau.
Les productions sur les différentes spéculations (ici, pomme
de terre, patate douce, tomate et carotte) ont augmenté
de 74%, et les ventes ont augmenté de 40% en termes
de production agrégée. L’augmentation de la qualité des
produits ainsi que les formations en commercialisation
ont permis aux producteurs d’augmenter les prix de vente
par 32,2%. La surface moyenne emblavée par individu a
été multipliée par 1,4 et est actuellement de 1 123 m2
.
L’utilisation de technologies efficientes et la meilleure
gestion de l’eau permettent d’économiser 80 à 90% d’eau
en fonction des périmètres.Les ménages bénéficiaires ont
noté une diminution de 55% des dépenses ménagères4
et
Fig.1 Évolution des coûts de production par m2
en fonction du système d'irrigation mis en place. Source : Rouillard, 2019
ont en moyenne multiplié par 2,7 leur revenu brut annuel
en 3 ans.
9.	 Analyse technico-économique :
Les deux zones retenues pour la réalisation de l’étude
sont géographiquement, socialement et économiquement
différentes. L’étude a été réalisée dans 12 communes des
îles de Santiago et de Santo Antão, avec la participation
de 70 exploitants. Les entretiens se sont déroulés de
manière semi-directive avec l’appui des Unités Techniques
(UT) et de l’UCP.
À travers une analyse comparée de la performance
financière des modèles agricoles mis en place5
, nous avons
déterminé le revenu d’exploitation par individu tiré de
l’activité horticole (cf. Tableau 1). En outre, l’exploitant
dégage en moyenne une marge brute de 2,53 USD/m2
.
Lors de l’étude, nous avons constaté que la vente groupée
n’est quasiment pas pratiquée. Ainsi, 9 bénéficiaires sur
10 font de la vente en direct sur les marchés communaux
de manière individuelle. Les prix de vente sur les marchés
à l’échelle régionale (même zone géographique) subissent
une variation de ± 12%. À l’échelle nationale, entre les
îles de Santiago et Santo Antão, les prix de vente subissent
une variation de ± 37%.
Les bénéficiaires rencontrés ne traitent avec aucun
Opérateur de Marché (OM) national et international
dû: (i) à un manque de planification dans la production
; (ii) aux difficultés à obtenir et à maintenir la qualité
recherchée par l’OM ; (iii) à l’isolement géographique
des producteurs et leurs manques d’accès aux réseaux de
4
Ensemble des dépenses du ménages liés à l’achat d’aliments et de produits ménagers. Ici, la diminution est en majeur partie dû à l’augmentation de la production disponible pour l’autoconsommation.
5
Modèle 1 : Système de pompage thermique avec irrigation traditionnelle; Modèle 2 : Système de pompage thermique avec micro-irrigation ; Modèle 3 : Système de pompage solaire avec irrigation traditionnelle ; Modèle 4 : Système
de pompage solaire avec micro-irrigation.
6
Charges opérationnelles sont liées au fonctionnement de l'outil de production et/ou de distribution de l'entreprise. Les charges opérationnelles sont le plus souvent variables avec le niveau d'activité de l'exploitation sans que cette
variation soit nécessairement proportionnelle. Ici les charges comprennent les coûts des : (i) engrais ; (ii) semences ; (iv) produits phytosanitaires.
0
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S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9
Traditionnel Micro-irrigation
Charges
par
m2
(CVE)
Consommation
d'eau
annuel
(m3)
Consommation d'eau en m3 Charges liés à la consommation d'eau par m2
Cap-Vert : Micro-projets horticoles 6
commercialisation. De plus, le manque d’infrastructures
de stockage et de transformation contraint les producteurs
aux fluctuations annuelles du marché local ou régional.
L’analyse de la marge nette/m2
nous indique que dans
60% des cas, les techniques de production sont identiques
impliquant des charges opérationnelles par mètre carré
similaires et en moyenne de 0,58 USD/m2
.
En outre, entre un système d’agriculture intensive et un
système d’agriculture biologique la variation de charge
est de ± 62%.
Calculée après déduction des charges opérationnelles, la
marge nette/m2
est en moyenne de 1,95 USD/m2
.
Les charges de structure7
sont propres à chaque individu
et calculées par parcelle. Pour les principales opérations
culturales8
, la quasi-totalité des producteurs rémunèrent
en moyenne 4 prestataires de services extérieurs par
campagne (de 1 à 3 jours).
En moyenne, les charges de structure par individu s’élèvent
à 348 USD dont 63% sont liées aux coûts de l’eau. La
consommation d’eau par m2, varie de ±82% entre micro-
irrigation et irrigation traditionnelle (cf. Fig.1).
Au niveau national, la gestion de l’eau diffère en fonction
des zones et des agences (privées ou publiques), impliquant
une variation du coût de gestion de l’eau.
Les charges de structure augmentent en fonction du
système de pompage et du type d’irrigation mise en place.
On distingue qu’en fonction du système de pompage
thermique ou photovoltaïque mis en place le coût du
mètre cube d’eau varie respectivement de ± 49%. (cf.
Fig.2).
Le revenu net d’activité par individu a été calculé par
campagne agricole, et prend en compte l’aide périodique
familiale (en moyenne 2 personnes), ou l’appui par un
individu extérieur. Ici, ces aides ont un faible impact
sur l’offre travail totale, et n’ont donc pas été prises en
compte dans l’analyse.
Le revenu net, fortement corrélé au coût total de l’eau,
varie en moyenne de 0,65 à 1,66 USD/m2
à production
et prix constant, en fonction du type de modèle mis en
place (cf. Fig.3).
L’activité de maraîchage représente 90% du revenu total
d’exploitation et génère en moyenne un revenu net de
2004 USD par an soit 28% de plus que le SMIC10
national.
Après discussion avec les différents bénéficiaires, il est
apparu que la surface agricole exploitée était au maximum
de 1600 m2
en rotation et à force de travail inélastique.
Grâce à la mise en place de la micro-irrigation, les
producteurs gagnent en moyenne 4 heures de travail par
jour et ont diminué la force de travail nécessaire par 60%
comparativement au modèle d’irrigation traditionnel.
Consommation
d'eau
(L/jour/m2
)
Total des
charges
(CVE/m2
)
Revenu net
(CVE/m2
)
Modèle 1 : Système de pompage
thermique avec irrigation traditionnelle
Entre 7 et 9 188 65
Modèle 2 : Système de pompage
thermique avec micro-irrigation
Entre 2,5 et 4 128 125
Modèle 3 : Système de pompage solaire
avec irrigation traditionnelle
Entre 6 et 8 120 133
Modèle 4 : Système de pompage solaire
avec micro-irrigation.
Entre 2,5 et 4 87 166
Source : Rouillard, 2019.
Fig.2 Évolution du prix du m3 d'eau entre un système thermique et un système photovoltaïque. Source : Rouillard, 2019.
S1,...,Sn = Site
0
10
20
30
40
50
60
S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S11 S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S11
Système thermique Système photovoltaïque
Prix
du
mètre
cube
d'eau
(CVE/m2)
0
100
200
300
400
500
600
700
- 10.0 20.0 30.0 40.0 50.0 60.0
Revenu
net
par
m2
(CVE)
Prix du m3 d'eau (CVE)
Fig.3 Évolution du revenu net par m2 en fonction du prix du m3 d'eau. Source
: Rouillard, 2019.
Tableau 1: Analyse comparative entre les différents systèmes horticoles mis en
place.
Témoignage de l'ACD de Moía-Moía :
Situé dans la région de Santiago Sud, l’ACD de Moía-Moía est appuyé par le POSER depuis
2017 pour la mise en exhaure d’un périmètre horticole de 2,5 ha en micro-irrigation à l’aide
d’un système photovoltaïque.
Les membres de l’association pratiquaient l’activité maraîchère avant le pro jet, mais à
travers le POSER, l’accès à l’eau a été facilité et son coût a diminué de 67% grâce au
système de pompage solaire.
Ainsi, les différents membres ont pu augmenter la surface agricole exploitée par 30%, et
multiplier leurs productions par deux. En quelques années, le maraîchage est passé d’une
activité de subsistance à une activité génératrice de revenus. Dès lors, le revenu par
individu a été multiplié par deux dans certains ménages.
09
ADOPTION & ADAPTATION
7
7
Charge de structure, est une charge liée à l’existence de l’entreprise. Elle n’est pas fonction de l’activité, c’est-à-dire qu’elle demeure indépendante du niveau de production. Ici les charges comprennent les coûts des : (i) transports et
carburants ; (ii) entretiens et achat de petit matériel agricole ; (iii) les travaux par des entreprises extérieurs ; (iv) le prix du m3 d’eau et la consommation annuelle.
8
Les opérations culturales majeurs sont dans notre cas : (i) la préparation du sol et le semis ; (ii) la récolte.
9
Le coût du mètre cube d’eau comprend : (i) l’amortissement des charges de structures lié à la mise en exhaure ; (ii) la gestion et la distribution de l’eau ; (iii) le coût de la matière première.
10
SMIC Cap-verdien en date de 01 janvier 2019 fixé à 13 000 CVE par an. Source : https://tradingeconomics.com/cape-verde/indicators
10
Grâce à la mise en place
du goutte-à-goutte, les
producteurs économisent
jusqu’à 90% d’eau
contrairement au système
traditionnel. L’eau de
surface collectée non loin
du périmètre (à la salinité
élevée) est diluée avec l’eau
du forage afin d’augmenter
la quantité totale d’eau
disponible.
Afin d’acquérir les
infrastructures, le groupement
a investi 3 862 (cf. chap. C
§5) sur un montant total de
59 000 USD.
Les bénéficiaires ont reçu
des formations sur la mise en
place d’itinéraires techniques
innovants et sur la préparation
de fertilisants organiques et
de pesticides biologiques.
Grâce à ces formations, les
bénéficiaires ont pu diminuer
de 76% l’utilisation de
produits phytosanitaires.
Les bénéficiaires cultivent 6
nouvelles espèces horticoles
et produisent toute l’année (3
à 4 cycles par an). Grâce au
pro jet et à l’amélioration de
la qualité de leurs produits,
les bénéficiaires ont augmenté
de 32% leurs prix de vente.
Impact : Les bénéficiaires
témoignent avoir
significativement amélioré
leur qualité de vie.
Auparavant contraint de
travailler dans l’extraction de
sable pour moins de 70 USD
/mois, les producteurs sont
aujourd’hui en capacité : (i)
de scolariser davantage leurs
enfants ; (ii) d’épargner et de
souscrire à des emprunts ; (iii)
d’améliorer leur système de
santé ; (iv) de faire davantage
de dons lors d’évènements
communautaires.
8
9 Cap-Vert : Micro-projets horticoles
10.	 Analyse agro-environnementale :
Les résultats montrent qu’en moyenne sur la surface
agricole utile mise en exhaure par exploitant, 79,5% de
la surface est réellement emblavée. Chaque exploitant
emblave 600 à 1 600 m2
en rotation sur des planches
de 10m2
. L’assolement a été diversifié et 5 nouvelles
spéculations ont été introduites. En moyenne, une année
de production est scindée en 3 cycles de 90 à 120 jours
chacun. Le choix de l’assolement est guidé par la rusticité
des cultures et leur bon comportement potentiel selon les
saisons (saison sèche de novembre à juin ; saison humide
de juillet à octobre) et les zones géographiques (cf. Fig.
4). Ainsi, les variétés robustes nécessitant peu d’eau sont
favorisées.
Grâce à la mise en place d’itinéraires techniques adaptés,
les bénéficiaires ont augmenté de 74% leurs productions
sur les principales spéculations horticoles. Or, comme
nous montre l’analyse du produit brut d’exploitation, les
rendements à l’hectare sont encore assez faibles.
Les pertes liées à la pression des bio agresseurs, et
l’utilisation de variétés inadaptées et peu productives
restent les principaux facteurs limitants. Dans ce sens,
accroître la diversité de plantes au sein des systèmes
agricoles, en augmentant le nombre d’espèces en rotation
et/ou en diversifiant spatialement le nombre d’espèces, à
travers notamment l’association culturale, offre un intérêt
significatif (Finney et al., 2016)11
.
À travers le POSER, les bénéficiaires ont été formés à :
(i) l’utilisation et la préparation de substrat organique de
qualité ; (ii) la préparation et l’application de pesticides
et fongicides biologiques ; (iii) l’application des bonnes
pratiques agricoles et itinéraires techniques améliorés ;
(iv) produire des plants en pépinière ; (v) gérer et planifier
de manière raisonnée la ressource en eau en fonction du
stade phénologique de la culture.
Les bonnes pratiques agricoles mises en place, ont permis
aux producteurs interrogés de diminuer en moyenne de
83% l’utilisation d’intrants de synthèse.
Dans la zone de Santiago Sud et Nord, les bénéficiaires
d’un même projet (en moyenne 27) sont accompagnés par
un technicien agronome à raison de : (i) 3 à 4 jours/
semaine lors du premier cycle ; (ii) 1 fois/semaine lors du
deuxième cycle ; (iii) sur demande lors du troisième cycle.
Aux termes de 3 ans d’accompagnement et de formation,
70% des bénéficiaires se disent confiants avec ce qu’ils
ont appris et mettent en pratique sans difficultés les
itinéraires techniques co-conçus dans le cadre du projet.
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J F M A M J J A S O N D
Température
(°C)
Précipitations
(mm)
Santo Antão
Précipitations (mm) Température moyenne (°C)
Lors des visites terrain, il est apparu que les bénéficiaires
avec l’appui des techniciens intensifiaient la diversité
d’espèces dans le temps et l’espace à travers la rotation
et l’association de cultures. Ce type de modification de la
diversité fonctionnelle à travers l’association de cultures
permet : (i) de mieux gérer la pression bio agresseurs
et la flore parasitaire ; (ii) d’enrichir le sol en éléments
minéraux ; (iii) d’améliorer la capacité hydrique du sol.
Au Cap Vert, 70 % de la ressource en eau mobilisée sont
utilisés pour l’irrigation agricole. En 2017, 4,5 millions
de m3
d’eau ont été consommés à l’échelle nationale pour
l’irrigation traditionnelle et la micro-irrigation dans le
secteur agricole. Sur les 3 913 ha irrigués, seulement 21%
sont irrigués par micro-irrigation. De récents travaux
montrent le potentiel du dessalement des eaux saumâtres
par osmose inverse avec système solaire pour augmenter
la quantité d’eau agricole disponible (capacité de 40m3
/
jour) à des coûts compétitifs (cf. Osmosun©
by Mascara)12
.
La consommation en eau des cultures observées13
est de
7 à 9 L/m2
/jour , contre 2,5 à 4 L/m2
/jour14
en micro-
irrigation. La mise en place de système « goutte à goutte»
permet donc d’économiser en moyenne 82% d’eau
comparativement à un système traditionnel.
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J F M A M J J A S O N D
Température
(°C)
Précipitations
(mm)
Santiago Sud
Précipitations (mm) Température moyenne (°C)
Fig.4 Diagramme ombrothermique, des stations de Santiago Sud et Santo Antão. Source : Climate-Data, 2019.
10
CONCLUSION
11
11.	 Comme nous avons pu le voir préalablement,
la mise en place de microprojets horticoles basés sur la
promotion de technologies efficaces et efficientes semble
avoir un impact significatif sur la mobilisation et gestion
de la ressource en eau. De plus, le modèle promu a permis
de renforcer le capital humain, financier, social, physique
et environnemental des producteurs appuyés.
Bien que le modèle semble être attractif et pertinent pour
de futurs jeunes exploitants/entrepreneurs, un certain
nombre d’améliorations organisationnelles, agronomiques
et environnementales peuvent être apportées dans le
but d’augmenter la résilience et la durabilité face aux
changements climatiques à venir.
12.	 Capital humain et social
Les connaissances et les compétences apportées par le
projet ont été pertinentes et ont permis d’accompagner
les bénéficiaires : (i) dans la transition écologique
des systèmes traditionnels ; (ii) dans la mise en place
de techniques innovantes permettant de diminuer
significativement la consommation d’eau et d’augmenter
leur rentabilité financière.
En parallèle de la création directe d’une nouvelle activité
génératrice de revenus (ici la production horticole),
le microprojet agricole permet la création d’emplois
indirects dans : (i) la construction des infrastructures
hydroagricoles ; (ii) la gestion et la distribution de l’eau ;
(iii) le conseil et le suivi des exploitations. Ainsi, ce type
d’emplois à vocation des jeunes permet de dynamiser
l’activité en ruralité et limiter l’exode rural des
jeunes.
Box 1. Point à approfondir :
Un certain nombre de formations transversales et
techniques ont été organisées en vue de renforcer les
capacités des bénéficiaires. Or, il est apparu lors de l’étude
que les exploitations manquaient de compétences et de
connaissances en : (i) éducation et gestion financières
; (ii) marketing et commercialisation ; (iii) gestion
entrepreneuriale.
Actuellement, le type d’agriculture promu se rapproche
des pratiques de l’agriculture biologique. Ces
techniques ont permis aux bénéficiaires de diminuer
leur consommation d’intrants, d’eau, et d’atteindre des
niveaux de production suffisants. Ici, il serait intéressant
de renforcer les capacités des producteurs à travers les
CEP, de promouvoir et d’intensifier des pratiques agro
écologiques adaptées au contexte Cap-verdiens15
.
Point de vigilance :
Il a été démontré lors de l’étude que le suivi des parcelles
par un technicien dans certaines zones enclavées se faisait
de manière quasi mensuelle. Ici, il serait nécessaire qu’un
suivi plus régulier soit mis en place afin de permettre aux
producteurs : (i) de mieux coordonner leurs productions
ainsi que leurs ventes ; (ii) d’optimiser la quantité d’eau
nécessaire en fonction de la culture et de son stade
phénologique ; (iii) de faire davantage de prophylaxie sur
les bio agresseurs rencontrés et ainsi diminuer les pertes.
13.	 Capital physique et financier
Les bénéfices nets générés par le modèle ont permis aux
bénéficiaires d’améliorer significativement leurs niveaux
de vie et d’augmenter significativement leurs revenus
nets d’exploitation. Afin d’améliorer leur capital
productif, les producteurs ont investi dans le goutte-à-
goutte pour augmenter l’efficience de leurs interventions
au champ.
Box 2. Point à approfondir :
Lors de l’étude, il est apparu que les bénéficiaires ont
des difficultés à écouler leurs productions et vendre à un
prix rémunérateur. Cela s’explique notamment par le fait
que au sein d’une même ACD ou d’un même périmètre
irrigué, les producteurs n’ont pas de calendrier de cultures
commun et concerté et vendent individuellement sur les
marchés. Ainsi, l’offre sur les différentes spéculations est
insuffisante pour répondre aux demandes de certains OM.
Il serait intéressant ici de : (i) créer des points de collecte
et de vente ; (ii) centraliser les productions et proposer
des volumes plus importants aux opérateurs de marché
; (iii) maintenir un partage des bénéfices de vente au
prorata du volume de produit par individu.
Point de vigilance :
La démarche de partenariat avec des OM permet de
dynamiser fortement les filières régionales. Elle permet
aux producteurs de garantir les ventes d’une partie de
leurs productions, et donc de faciliter les perspectives
d’extensions à moyen terme. Or, il est apparu que les
Cap-Vert : Micro-projets horticoles
11
Finney D.M., White C.M., Kaye J.P. (2016). Biomass Production and Carbon/Nitrogen Ratio Influence Ecosystem Services from Cover Crop Mixtures. Agronomy Journal 108: 39-52.
12
Source : https://mascara-nt.fr/en/applications/
13
Cultures prédominantes à savoir : Tomate, pomme de terre, patate douce, carotte, piment
14
Ici, la quantité d’eau nécessaire augmente entre la période « levé-floraison » et « floraison-maturité ».
15
(i) diversification et rotation culturale ; (ii) agroforesterie ; (iii) intégration d’agriculture-élevage ; (iv) gestion et conservation des sols et de l’eau ; (v) lutte biologique et mécanique ; (vi) semences paysannes.
16
Martin Thibaud, Parrot Laurent, Belmin Raphaël, Nordey Thibault, Basset-Mens Claudine, Biard Yannick, Deletre Emilie, Simon Serge, Le Bellec Fabrice. 2019. Des filets anti-insectes pour faciliter la transition agro-écologique en Afrique. In : La transition agro-écologique des a
Armel, Simon Serge, Assogba Komlan Françoise, Adjaïto L., Martin Thibaud, Ngouajio Mathieu. 2016. Intensification de la culture de tomate sous abri couvert de filet anti-insectes en région chaude et humide du Sud-Bénin. Science et Technique - Revue Burkinabé de la Recherch
producteurs sont centrés bien généralement sur le marché
local et/ou un unique partenariat commercial avec un
OM. Cette situation fragilise la capacité de résilience des
exploitants en cas de choc.
Il serait ici intéressant de diversifier les partenaires
commerciaux, et se centrer sur des segments de
commercialisation axés sur la qualité (label/certification
bio.) ou de produits transformés, afin d’atteindre des
marchés nationaux et internationaux de niche.
14.	 Capital environnemental
Grâce au solaire, le système d’exhaure est plus durable
comparativement à un système d’exhaure thermique. Les
techniques promues à travers le projet semblent être plus
résilientes et ont permis notamment de diminuer de
plus de moitié l’utilisation des produits phytosanitaires
et de diminuer significativement la consommation de la
ressource en eau.
Box 3. Point à approfondir :
À la suite des entretiens avec les bénéficiaires il est
apparu de manière récurrente que la pression des bio
agresseurs restait l’un des principaux facteurs limitants
de l’exploitation (pertes importantes et charges
opérationnelles élevées). La littérature récente monte
que la lutte physique notamment à travers la culture
sous filet permet une réelle intensification écologique (cf.
Martin et al., 2019 ; Mensah Armel et al., 2016)16
. Ainsi,
en couvrant les cultures, le filet permet : (i) d’atténuer
les excès climatiques (chaleur élevée) ; (ii) diminuer
l’évapotranspiration relative ; (iii) diminuer l’utilisation
d’insecticides ; (iv) augmenter la rentabilité économique
des cultures.
Enfin, l’association culturale avec des Plantes de Services
(PdS) et le maintien d’un couvert végétal mort ou
vivant pendant la culture permettrait : (i) d’améliorer
significativement l’activité biologique du sol cultivé
et ainsi d’accroître le potentiel hydrique du sol ; (ii)
de diminuer le lessivage des éléments minéralisés au
stade précoce de la décomposition, permettant ainsi de
maintenir la composante azotée dans le sol.
Cap-Vert : Micro-projets horticoles 12
agricultures du Sud. Côte François-Xavier (ed.), Poirier-Magona Emmanuelle (ed.), Perret Sylvain (ed.), Roudier Philippe(ed.), Rapidel Bruno (ed.), Thirion Marie-Cécile (ed.). Versailles : Ed. Quae, 104-124. (Agricultures et défis du monde) ISBN 978-2-7592-2824-9. / Mensah
he. Série Sciences Naturelles et Agronomie (2), h.s. : 267-283.
0
1
Étude
de cas
n°1
Impact des petits
périmètres maraichers
irrigués avec pompage
solaire.
Analyse de l’impact des
microprojets horticoles
avec micro-irrigation et
système solaire
Étude
de cas
n°1
0
Sommaire
2
I. Enjeux
II. Historiques des activités
III. Typologie des groupes cibles
IV. Processus
V. Analyse des initiatives
VI. Conclusion
Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire.
0
Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 3
I. ENJEUX
0
4
Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion
Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire.
Irrégularité des
précipitations
Augmentation de la
pauvreté et de l’insécurité
alimentaire
Activités en ruralité peu
rémunératrice
Diminution des
rendements et
augmentation des
coûts de production
Cap-vert key figures :
Population : 537 231 hab.
Population rural : 38%
Superficie agricole national : 3 700 ha
Précipitation : 230 mm/an
SMIC : 130 USD/mois
0
Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 5
II. HISTORIQUE
DES ACTIVITÉS
0
Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 6
2014et 2019 Programme de promotion des Opportunités
Socio-Économiques Rurales
(POSER)
! Précipitations irrégulières
! Diminution de la fertilité des sols
! Diminution du revenu
d’exploitation
! Baisse de la main-d’oeuvre
familiale
! Programmes Régionaux de Lutte
contre la pauvreté Rurale (PRLP)
climato-intelligents
! Microprojet économique et de projet
structurant pérens et générateurs de
revenus
! Aménagements pour valoriser l’eau
agricole
Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion
Contexte et contraintes Activités du projet
0
7
III. Typologie
des groupes
cibles
Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire.
0
Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 8
37% des bénéficiaires microporjets agricoles sont des femmes.
Typologie des groupes cibles :
! Les individus ou ménages les plus vulnérables,
c.-à-d. les ménages : (i) n’ayant pas d’accès à
la terre et au crédit ; (ii) qui sont dans une
situation de famille nombreuse ; (iii) qui ont des
capacités de production limitées.
! Les femmes (jeunes filles et femmes) en
particulier chefs de ménages ;
! Les jeunes ruraux sans emploi et sans possibilité
d’avoir accès au crédit.
Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion
0
Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 9
IV. Processus
0
Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 10
Processus de l’identification à la mise en valeur des microprojets :
Animation au niveau des communes et
présentation des critères d’éligibilité
Dépot des demandes et analyse de la
viabilité des microprojets
Formations techniques/ transversales et lancement
de la campagne
Validation du financement et mise en
place du FRC
Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion
1
2
4
3
0
Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 11
V. Analyse des
initiatives
0
Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 12
82%D’eau économisé par m2 grace à la
micro-irrigation.
En moyenne, les ventes ont augmentés de 40%en termes de
productions agrégée et les prix de vente ont augmenté de 32,2 %
Entre 2014 et 2019, les productions sur les spéculations horticoles ont
augmentés de 74% induisant une augmentation de la part
autoconsommé et une diminution de 55%des dépenses ménagères.
Enjeux Historique Cibles et acteurs Processus Initiatives Conclusion
0
Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 13
! 541 microprojets ont été financés et
ont permis à 1 085 bénéficiares de
mettre en exhaure en moyenne
individuellement 1 123 m2 pour la
production horticole.
! L’activité à permis aux ménages de
multiplier en moyenne par 2,7 leur
revenu brut annuel en 3 ans.
! Le revenu net de 200 094 CVE par
an soit 28% de plus que le SMIC
national.
! Le revenu net par m2 varie entre 65
CVE/m2
entre un système thermique
avec irrigation tradionnelle contre
166 CVE/m2
pour un système solaire
avec micro-irrigation.
Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion
0
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S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9
Traditionnel Micro-irrigation
Charges
par
m2
(CVE)
Consommation
d'eau
annuel
(m3)
Consommation d'eau en m3 Charges liés à la consommation d'eau par m2
0
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- 10.0 20.0 30.0 40.0 50.0 60.0
Revenu
net
par
m
2
(CVE)
Prix du m3 d'eau (CVE)
0
Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 14
Analyse comparative entre les différents systèmes :
Consommation
d'eau
(L/jour/m2)
Total des charges
(CVE/m2)
Revenu net
(CVE/m2)
Modèle 1 : Système de
pompage thermique avec
irrigation traditionnelle Entre 7 et 9 188 65
Modèle 2 : Système de
pompage thermique avec
micro-irrigation
Entre 2,5 et 4 128 125
Modèle 3 : Système de
pompage solaire avec
irrigation traditionnelle
Entre 6 et 8 120
133
Modèle 4 : Système de
pompage solaire avec micro-
irrigation
Entre 2,5 et 4 87 166
Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion
0
Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 15
Témoignage du groupement de Combélane :
Diminution de
67 % du coût
de l’eau
Augmentation
de 30 % de la
surafce agricole
exploité
Diminution de 76 %
de l’utilisation des
produits
phytosanitaires
Le revenu par
individu a été
multiplié par 2
Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion
0
Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 17
! Micro-irrigation soutenue par
l’État depuis 1980
! Système d’irrigation solaire
économiquement plus
compétitif et
environnementalement plus
durable
! Pratique de l’Agriculture
biologique
! Création d’emplois direct et
indirect pour les jeunes
! Appui de l’État pour le
dessalement des eaux
agricoles
FORCES
FAIBLESSES
OPPORTUNITÉES
MENACE
! Manque de conseil/suivi du fait de
l’enclavement, induisant une
augmentation des pertes et des
coûts de production
! Manque de diversification des
partenariats avec des OM
! Mises en place de systèmes
associés en polyculture-élevage
! Application de pratique
agroécologique
! Marché de niche national et
international
! Culture sous couvert végétal
et/ou cultures associées
(légumineuses)
! Culture sous filet pour limiter la
pression des principaux
bioagresseurs dans la région de
Santo Antão
Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion
! Prix pas assez rémunérateur dû au manque de SI et
de plannification de production au seins des
groupements
! Manque de nouveaux segments de marché hors des
zones productives (valorisation bio. des produits de
Santo Antão)
! Pratiques agricoles non optimisées dans les zones
arides
! Lacunes en gestion comptable et financière de
l’exploitation
DIRECTEURS DE L'ÉTUDE :
M. THIERRY Benoit - IFAD
M. KABORÉ Jean Pascal - IFAD
REMERCIEMENT :
Mes remerciements vont tout d’abord à Monsieur Kaboré Jean
Pascal pour m’avoir donné l’opportunité de réaliser cette étude, et
m’avoir fait confiance tout au long de ma mission.
Je remercie également toute l'équipe de l'UCP POSER pour leur
bienveillance et leur appuie durant la réalisation de cette étude.
CONTACT:
M. ROUILLARD Arnaud
Ingénieur en Agronomie et Développement Rural
Consultant IFAD
rouillard.consultant@gmail.com
+ 221 7.77.96.22.32 (SN)
+ 33 6.38.92.29.92 (FR)
Please visit my website : https:/
/sites.google.com/view/rouillard-consultant
CREDIT PHOTO© : ROUILLARD Arnaud
West Africa Hub Afrique de l’Ouest
Helene A. BA
Analyste des
opérations
2019
Étude
de cas
Gambie
N°2
LE SECTEUR DU RIZ EN GAMBIE
West Africa Hub Afrique de l’Ouest
TABLE DES MATIÈRES
A La situation : Consommation élevée de riz par habitant 1
B Évolution de la production, de la superficie et du rendement au cours
de la période 1966-2007
4
C La réponse des gouvernements à la crise alimentaire 6
D Défis pour les 25 prochaines années 9
Résumé exécutif
La Gambie a l'une des plus fortes consommations de riz
par habitant parmi les pays sahéliens. Dans les zones rurales
gambiennes, le riz fournit environ 75 pour cent de l'apport
calorique total et environ 45 pour cent de l'apport en protéines.
L'offre de matières grasses était d'environ 0,55 g/habitant/jour en
1998 et 1,32 en 2008 (FAO, 2019).
En 2013, la consommation annuelle par habitant était de 61,84 kg, soit
l'une des plus fortes consommations de riz par habitant des pays sahéliens,
et 8% au-dessus de la moyenne mondiale de 56,9 kg. En conséquence, le riz
représente une part plus importante de l'apport alimentaire total que toute
autre céréale en Gambie.
L'exigence nationale de riz par an est inférieure à la demande nationale.
Le besoin national en riz par an était d'environ 158 000 tonnes pour une
population de 1,6 million de personnes en 2010 et de 215 000 tonnes pour une
population de 1,8 million de personnes en 2013. Toutefois, la production nationale
ne peut répondre qu'à environ 17 % des besoins nationaux. Le pays n'est donc pas autosuffisant en
production rizicole et importe annuellement le déficit estimé en moyenne à 66 000 tonnes par an pour
satisfaire la demande intérieure.
Malgré les ressources naturelles dont dispose la Gambie, la production et la productivité du riz sont
faibles, avec une seule saison de plantation par an dans tous les systèmes de production rizicole.
La situation est aggravée par le manque d'infrastructures, la baisse des revenus des agriculteurs, le
chômage des jeunes et l'engagement limité du secteur privé dans la chaîne de valeur locale du riz.
Toutefois, compte tenu de la croissance démographique et de la forte volatilité des marchés
internationaux, la production intérieure devra augmenter considérablement pour assurer la sécurité
alimentaire nationale. Bien que les contraintes de change limitent également la capacité du pays à
importer du riz, le Gouvernement gambien s'est donc engagé, par le biais d'une série d'initiatives, à
soutenir et promouvoir la production nationale de riz sur une base durable pour atteindre à terme
l'autosuffisance en riz.
En réponse à la crise, le Gouvernement gambien a lancé une série de programmes d'autosuffisance
qui comprennent, entre autres, la Gambie Agricultural and Natural Resources Policy (GARNP),
le Document de stratégie nationale de réduction de la pauvreté 2007 - 2011 (DSRP II) et le
Programme pour la croissance accélérée et l'emploi (PAGE, 2011 - 2015).
Malgré ces programmes, le pays dépend encore fortement des marchés internationaux pour
satisfaire la demande nationale. L'amélioration de la production et des rendements nécessite de
s'attaquer aux principales contraintes qui ont été identifiées pour une production rizicole durable en
Gambie.
PRÉSENTATION
A. La situation : Consommation élevée
de riz par habitant :
1. Le riz est l'aliment de base en Gambie
et la culture la plus importante de l'économie
alimentaire. On estime que 66 % des revenus
des ménages sont consacrés à l'alimentation et
environ 31 % aux céréales, dont environ 83,2
% au riz (FAO, 2014). Il est traditionnellement
cultivé, comme culture de subsistance et pour la
commercialisation à petite échelle, sur les hautes
terres et les marais.
2. Dans les zones rurales, le riz fournit
environ 75 pour cent de l'apport calorique total
et environ 45 pour cent de l'apport en protéines.
L'offre de matières grasses était d'environ 0,55 g/
habitant/jour en 1998 et est passée à 1,32 en 2008
(FAO, 2019). En 2013, la consommation annuelle
par habitant était de 61,84 kg, soit l'une des plus
fortes consommations de riz par habitant des pays
sahéliens, et 8 % supérieure à la moyenne mondiale
de 56,9 kg. En conséquence, le riz représente une
part plus importante de l'apport alimentaire total
que toute autre céréale en Gambie.
3. Le besoin national en riz par an était
d'environ 158 000 tonnes pour une population de 1,6
million de personnes en 2010 et de 215 000 tonnes
pour une population croissante de 1,8 million de
personnes en 2013. Les riziculteurs
gambiens, cependant, ne sont en
mesure de satisfaire qu'environ 17
% des besoins nationaux. Ce déficit
de la production nationale de riz est
principalement dû à la mise en œuvre
de réformes économiques au milieu des
années 80, qui ont supprimé les subventions
des riziculteurs et encouragé les importations
de riz bon marché en provenance des pays
asiatiques pour satisfaire la demande nationale.
En conséquence, la production nationale de
riz a été marginalisée et les importations de
riz ont augmenté. Le pays, qui n'est donc pas
autosuffisant en production rizicole, importe
annuellement le déficit estimé en moyenne à 66
000 tonnes par an pour satisfaire la demande
intérieure.
4. En outre, comme dans de nombreux
pays côtiers, les consommateurs de riz urbain
en Gambie ont développé une préférence pour
le riz brisé importé poli par rapport au riz local
(voir Demont et al., 2013). En conséquence,
les préférences des citadins encouragent
l'importation de brisures de riz, moins chères que
le riz à grains entiers sur le marché international.
Pour la période 2000-2013, les importations
nettes de riz se sont élevées en moyenne à 178 138
tonnes par an, ce qui correspond à des factures
d'importation annualisées de plus de 50 millions
1 Gambie : Le secteur du riz en Gambie
2
Imports (thousand tons)
2015 1159.325
2016 973.745
850
900
950
1000
1050
1100
1150
1200
Figure 1 : Rice Import Quantity in The Gambia during the period 1998-2016. Source :
USD. En 2016 - 2017, la facture des importations a été évaluée à 74
millions de dollars US. L'importation de riz exerce une forte pression
sur les réserves de change du pays, qui proviennent principalement du
tourisme et des envois de fonds des émigrés.
3
4
5.	 Malgré le fait que la Gambie soit dotée
de ressources naturelles telles que la terre, les
ressources en eau souterraine et de surface,
et d'écologies appropriées pour la production
de riz, la production et la productivité du riz
sont faibles. Le pays n'enregistre qu'une seule
campagne de semis par an dans tous les systèmes
de production de riz. La situation est aggravée
par le manque d'infrastructures, la baisse des
revenus des agriculteurs, le chômage des jeunes
et l'engagement limité du secteur privé dans la
chaîne de valeur locale du riz.
6.	 Toutefois, compte tenu de la croissance
démographique et des fortes fluctuations des
marchés internationaux, la production nationale
devra augmenter considérablement pour assurer
la sécurité alimentaire nationale. Alors que les
contraintes de change limitent la capacité du pays
à importer du riz, le Gouvernement gambien s'est
donc engagé, à travers une série d'initiatives, à
soutenir et promouvoir la production nationale
de riz sur une base durable pour parvenir à
l'autosuffisance en riz.
B.	 Évolution de la production, de la
superficie et du rendement au cours de la
période 1966-2007:
7.	 En Gambie, le riz est principalement
produit dans les parties centrale et occidentale
des pays (Figure 2). La plupart des cultures de riz
sont plantées dans des marécages inondés de façon
saisonnière, alimentés par la pluie, irrigués dans
les basses terres et dans des écologies de hautes
terres. Traditionnellement, les femmes pratiquent
la riziculture pendant la saison humide. Leur
ferme est petite, variant principalement de 0,5 à
0,75 ha, avec une moyenne d'environ 1 ha. Avant
la crise alimentaire, en 2005, la production de
riz était consacrée à moins d'un tiers des terres
arables de la Gambie (le riz était produit sur 17.87
mille ha pour 325 mille ha de terres arables). La
majeure partie des terres arables est consacrée
au mil (123 000 ha en 2004), à l'arachide (116
000 ha), au sorgho et au maïs (15 000-26 000 ha
chacun en 2005). Le système de culture du riz est
la monoculture en Gambie. Cependant, on estime
qu'avec un bon contrôle et une bonne gestion de
l'eau, la mécanisation des champs et l'utilisation
de variétés appropriées à haut rendement, deux
cultures de riz sont possibles par an.
Comme la majorité de la population rurale vit de
l'agriculture, et compte tenu du potentiel élevé
du secteur rizicole et de son implication dans
l'insécurité alimentaire, le gouvernement gambien
s'est engagé dans une politique d'exploitation
du potentiel de développement du riz pour
transformer l'économie en un pays autosuffisant
en riz et orienté vers les exportations.
6.	 Les efforts ont commencé dès les années 60.
Entre 1966 et 1974, le gouvernement a poursuivi
une politique d'autosuffisance en riz à travers la
mise en œuvre de deux projets. Tout d'abord,
un accord d'assistance technique entre Taïwan et
la Zambie a été conclu en 1966 dans le but de
mettre au point des programmes communautaires
de développement du riz irrigué à petite pompe
sur les abondants marais alluviaux du fleuve
Gambie. L'objectif était, avec l'introduction de
nouvelles variétés de riz issues de la Révolution
verte asiatique, de moderniser la production
avec une infrastructure d'irrigation adéquate
pour avoir deux cycles de production annuels
au lieu d'une seule campagne rizicole. L'objectif
du système de double culture était d'accroître la
sécurité alimentaire en milieu rural et de satisfaire
les consommateurs urbains avec les excédents
générés. Ces projets communautaires ont été
suivis par des projets d'irrigation à petite échelle
similaires financés par des institutions de prêt et
des bailleurs de fonds (comme un projet appuyé par
la Banque internationale pour la reconstruction
et le développement - Agence internationale de
développement (BIRD-IDA) en 1973 pour étendre
l'expérience des premiers, la Banque mondiale
(1973-1976), la Chine (1975-1979) et le Fonds
international de développement agricole en 1984).
4
L’irrigation goutte à goutte est un système à très faible débit (1 à 4 l/h) permettant un pilotage précis des approvisionnements d’eau grâce à un arrosage juste au niveau des racines, réduisant
ainsi les pertes par infiltration ou évaporation.
5
Le cout minimum comprend : (i) le forage d’un puit à 35 m de profondeur ; (ii) 5 bassin de rétention d’eau d’une capacité de 6m3 chacun ; (iii) une clôture sur 1 ha ; (iv) la tuyauterie et les
accessoire de raccordement.
Le cout maximum comprend en plus : (i) un château d’eau d’une capacité de 8m2 ; (ii) un kit de goutte à goutte pour 1 ha.
Figure 2 : Rice production areas in the Gambia. Source : Ricepedia, 2019.
Gambie : Le secteur du riz en Gambie
5
7.	 Dans le cadre de ces projets, les agriculteurs
avaient accès à des variétés de semences à haut
rendement, à des produits chimiques (engrais et
pesticides) et à de l'eau irriguée. La production de
riz gambien est passée de 20 400 tonnes en 1966
à 32 000 tonnes en 1971. Toutefois, elle n'était
pas soutenable, car les rendements sont passés de
1,22 en 1975 à aussi peu que 0,77 en 1979. Il a été
signalé que cet échec s'explique notamment par
l'ignorance des normes socioculturelles, les femmes
qui pratiquent traditionnellement la riziculture
pendant la saison humide devant également
cultiver du riz pendant la deuxième campagne
agricole. Cela a conduit à des conflits entre les
sexes qui ont empêché les projets d'irrigation
d'atteindre les objectifs de productivité. De plus,
le processus de modernisation ne couvrait pas
l'ensemble de la chaîne de valeur car les activités
post-récolte et les usines souffraient d'un manque
d'investissements. Les usines existantes étaient
situées loin des zones de production, ce qui entraîne
des coûts de transaction considérables. L'accès au
marché était également une contrainte sérieuse
car l'accès au marché côtier urbain exigeait des
coûts de transaction élevés.
8.	 Plus tard, les graves sécheresses sahéliennes
des années 80 ont eu un impact significatif sur
les basses terres, provoquant la salinisation de
l'écologie du riz de bas-fond et des mauvaises
récoltes. Il en a résulté une baisse drastique de
la production locale de riz, ce qui a entraîné une
forte demande de riz importé. Le rendement du
paddy a chuté à aussi peu que 1,24 en 1982 et 1,28
en 1987.
9.	 Entre 1985 et 2005, le gouvernement
a commandé cinq importants projets de
développement rizicole dans le cadre de son
programme de relance économique qui visait à
stabiliser le pays. Des investissements massifs
d'un montant total de 44,369 millions de dollars
ont été réalisés. Ces investissements visaient en
2001-2002 l'introduction de variétés de semences
à haut rendement telles que le NERICA (Nouveau
riz pour l'Afrique) et l'expansion des surfaces
cultivées en riz. Ensuite, en janvier 2006, le
gouvernement a lancé un programme élargi de
promotion du riz basé sur la promotion de la
variété de semences NERICA. La phase initiale
du programme comprenait les principales zones
de production de riz à travers le pays, en mettant
l'accent sur les associations coopératives de
producteurs. L'objectif était d'atteindre les
besoins en semences de NERICA avec un surplus
pour la consommation et/ou l'exportation, dans
les trois ans.
10.	 En conséquence, la superficie totale de riz
cultivée en Gambie a été en moyenne de 13 000 ha
entre 1999 et 2003 (figure 4). Entre 2001 et 2006,
il est passé de 14 000 ha en 2001 à 18 347 ha en
2006. Toutefois, la production correspondante de
riz a diminué de 45 % entre 2004 et 2005, passant
de 32 600 tonnes en 2004 à 17 934 tonnes en 2005
(FAO, 2019). Ensuite, la production intérieure de
riz blanchi a légèrement augmenté pour atteindre
31 024 tonnes en 2006 (figure 3). Par rapport à
des besoins annuels estimés à 158 000 tonnes en
2010 et 215 000 tonnes en 2013, le pays a été
gravement déficitaire en riz.
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Production (tons) Import Quantity (tons) Consumption (tons)
Figure 3: Production, importation et consommation de riz en Gambie pendant la période
1998-2017. Source :
11.	 De plus, les rendements étaient encore très
faibles et l'augmentation des superficies rizicoles
n'a pas eu d'impact sur le ratio d'autosuffisance
en riz (Figure 4). A titre d'exemple, le rendement
moyen du riz entre 1999 et 2003 est resté à 2,1 t/
ha (FAO, 2019). Comme la superficie totale de
riz cultivée en Gambie était en moyenne de 14 000
ha en 2001, pour une production de 32 600 tonnes
en moyenne, le rendement correspondant était de
2,32 tonnes/ha avant la crise (figure 4).
Gambie : Le secteur du riz en Gambie
6
12.	 En raison de la baisse de la production et
de la faible productivité, les importations de riz
blanchi ont augmenté de 54 %, passant de 33 680
tonnes en 1981 à 111 208 tonnes en 2005 (FAO,
2019). En 2007, un total de 114 155 tonnes d'une
valeur de 28,5 millions de dollars a été importé
(figure 3).
13.	 Les contraintes techniques et physiques
telles que l'agriculture pluviale, la culture manuelle,
le taux inadéquat d'engrais, la mauvaise tenue des
plantes, la mauvaise gestion des sols et de l'eau,
ont conduit à de faibles rendements. De plus,
comme la plupart des variétés NERICA étaient
des variétés pluviales, la production de riz a été
sévèrement affectée par la sécheresse. En outre,
l'absence d'une structure d'incitation appropriée,
de subventions agricoles, d'accès aux technologies
et aux capacités de production a également limité
la production. Enfin, les femmes rizicultrices
auraient enregistré des coûts de transaction élevés
dans les infrastructures de transformation et de
commercialisation.
14.	 La crise alimentaire mondiale de 2008
frappe durement la Gambie comme de nombreux
pays africains. Avec l'augmentation des prix
internationaux du riz sur les marchés mondiaux
et le bas niveau des stocks d'exportation, le prix
du riz a doublé en Gambie.
15.	 La Gambie a eu du mal à maintenir sa
capacité à compter sur les marchés d'exportation
pour satisfaire la demande nationale. Avec un
revenu par habitant de 1 dollar par jour pour 61
% de la population en 2006, le prix du riz est
devenu inabordable pour les consommateurs.
Pour illustrer, en juillet 2007, le coût d'un sac de
50 kg de riz importé a plus que doublé, passant
de 220 à 575 dalasis (20 dollars). En conséquence,
l'insécurité alimentaire est passée de 5 à 8 %, ce
qui a conduit à une situation d'urgence en matière
de sécurité alimentaire dans le pays.
16.	 Dans ces conditions, une série d'initiatives
ont été prises par le gouvernement pour renouveler
ses efforts en vue de relancer la production de riz
et d'atteindre l'autosuffisance en riz.
C.	 La réponse des gouvernements à la
crise alimentaire :
17.	 Mesures à court terme :
A court terme, le gouvernement est intervenu pour
stabiliser le coût du riz à travers le Programme de
politique agricole et des ressources naturelles de
la Gambie (GARNP) qui couvre la période 2006-
2015. Le programme GARNP avait pour objectif
à court terme d'augmenter les investissements du
service public dans l'agriculture d'au moins 10 %
du budget national pour soutenir les riziculteurs
et accroître la production de riz.
Les principaux domaines d'action de la politique
à court terme sont la diffusion de l'information,
la gestion des ressources (eau, sol et terre) et la
restructuration des associations d'agriculteurs.
Les objectifs étaient d'augmenter l'offre intérieure
de riz d'un quart par rapport aux niveaux actuels
de production.
18.	 Mesures à long terme :
Un an avant la crise alimentaire de 2008, le
gouvernement gambien a lancé son Document de
stratégie pour la réduction de la pauvreté 2007-
2011 (DSRP II), dont l'objectif était de faire du
secteur agricole le premier secteur d'investissement
et d'identifier le riz comme la principale culture de
sécurité alimentaire. Le DSRP II recommandait
de concentrer les investissements futurs sur la
riziculture irriguée. Plus spécifiquement, les
interventions proposées dans le secteur rizicole
comprenaient le renforcement des services de
vulgarisation agricole, l'accès aux intrants
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Area harvested(ha) Yield (hg/ha)
Figure 4: Superficie récoltée et rendement en riz en Gambie 1998-2017. Source : .
Gambie : Le secteur du riz en Gambie
9
(semences, engrais et pesticides), les bonnes
pratiques agricoles, en particulier la conservation
des sols et des eaux.
Suite au DSRP II, le gouvernement a élaboré
le Programme pour la croissance accélérée et
l'emploi (PAGE, 2011-2015) qui définit des actions
stratégiques pour relever les défis institutionnels,
structurels et d'intrants agricoles pour atteindre
la sécurité alimentaire et devenir autosuffisant
alimentaire avec un accent particulier sur le
secteur riz.
Parallèlement, le gouvernement gambien
a prononcé en mai 2006 une Vision 2020
d'autosuffisance. Dans le secteur agricole, la Vision
2020 vise à accroître la production des ressources
agricoles et naturelles des produits nationaux et
d'exportation afin d'assurer la sécurité alimentaire
et de générer des recettes en devises pour financer
d'autres aspects du processus de développement,
tout en générant des revenus pour la majorité de
la population rurale.
Cependant, les données révèlent qu'en 2015,
la production intérieure de riz était encore
nettement inférieure aux besoins annuels en riz
blanchi. Jusqu'à présent, un an avant la fin de
la Vision 2020, le pays souffre encore d'insécurité
alimentaire et d'un niveau record de sécheresse. A
titre d'exemple, en janvier 2012, le gouvernement
gambien a déclaré l'échec de la campagne agricole
2011-2012 et a élaboré un plan de 23 millions de
dollars avec une liste d'actions pour préparer les
agriculteurs à la campagne agricole 2012-2013.
Malgré ce plan, le pays est toujours aux prises
avec un secteur rizicole faible.
Dans ce contexte, le gouvernement gambien a
élaboré une stratégie nationale de développement
du riz (SNDR) pour 2015 à 2024, dans le cadre de la
coalition pour le développement du riz en Afrique
(CARD). Trois ans plus tard, le gouvernement
gambien a élaboré une stratégie de renforcement
du secteur agricole à l'appui du Plan national de
développement (2018-2021), le riz étant l'une des
trois chaînes de valeur phares du Plan national de
développement. La SNDR vise une production de
322 600 tonnes de riz blanc d'ici 2024. L'objectif
des SNDR, comme les programmes précédents, est
la création d'une industrie rizicole compétitive qui
permettra d'améliorer la sécurité alimentaire et de
réduire la pauvreté.
D.	 Défis pour les 25 prochaines années :
19.	 Les projections de la demande nationale de
riz en 2024 en Gambie ont révélé que, sur la base
d'un taux de croissance démographique provisoire
estimé à 2 % en 2024 et d'une consommation de
riz par habitant de 117 kg par an, la demande de
riz usiné devrait atteindre 273 800 tonnes.
20.	 Alors qu'à l'heure actuelle, on estime que 40
% des superficies totales propices à la production
de riz sont utilisées et que seulement 55 377
tonnes de riz sont produites, il est encore possible
d'accroître le potentiel d'irrigation de la culture
du fleuve Gambie pour accroître la production
intérieure globale. Les écologies de bas-fond ont
un plus grand potentiel de production de riz que la
riziculture de plateau ; par conséquent, les efforts
d'investissement futurs devraient se concentrer
sur l'expansion de la riziculture de plateau et
l'augmentation des rendements.
21.	 Pour relever ces défis, il faut, comme
condition préalable, surmonter plusieurs
contraintes qui ont été identifiées pour une
production rizicole durable en Gambie. Voici les
majors :
Premièrement, il existe de nombreux programmes
d'autosuffisance rizicole qui se chevauchent
en Gambie. Cela peut suggérer un manque de
politiques rizicoles fortes et bien définies. Le mieux
serait d'apprendre des programmes précédents
avant d'en lancer de nouveaux et d'avoir un
objectif spécifique plutôt que des programmes
trop larges.
Deuxièmement, les programmes devraient se
concentrer sur l'amélioration des rendements
rizicoles plutôt que sur l'augmentation des
superficies rizicoles. Par conséquent, il convient
Gambie : Le secteur du riz en Gambie
10
de promouvoir des intrants agricoles de meilleure
qualité, en temps opportun et de meilleure qualité,
afin de surmonter les contraintes liées aux intrants.
Cela implique un approvisionnement adéquat et
régulier en semences certifiées à haut rendement,
en engrais, en pesticides et en crédit, ainsi qu'une
utilisation efficace de ces intrants. En outre, les
efforts devraient également porter sur la gestion
de l'approvisionnement en eau pour permettre
à la Gambie de faire face à la sécheresse dans
les zones de montagne et à la sécheresse et aux
inondations soudaines dans les plaines pluviales
(ou marécages intérieurs) et les zones humides à
marée (ou mangroves) en raison des conditions
météorologiques irrégulières. En 2018, la Gambie
a souffert d'une nouvelle sécheresse qui a conduit
à une situation d'urgence en matière de sécurité
alimentaire.
En outre, les agriculteurs ont besoin d'aide pour
améliorer la qualité du paddy produit et pour
transformer et commercialiser les produits. Cela
nécessite l'utilisation d'une technologie moderne,
appropriée et mécanisée, en particulier pour
les opérations post-récolte. Les agriculteurs
doivent être mieux organisés en organisations
et coopératives agricoles efficaces. Le cadre
institutionnel devrait également fournir aux
agriculteurs des infrastructures et des systèmes de
commercialisation adéquats. Des efforts devraient
être investis dans la recherche et le soutien à la
vulgarisation.
Enfin et surtout, il existe d'autres contraintes liées
à l'agronomie, dont le régime foncier.
Le secteur du riz en Gambie
Présenté par
Helene A. BA
Portfolio Analyst, IFAD
Introduction (1/2)
La Gambie est l'un des pays sahéliens où la consommation de riz par habitant est la
plus élevée : 66% du revenu des ménages est consacré à l'alimentation et environ
31 % des dépenses alimentaires sont consacrées aux céréales, dont environ 1,5
million d'euros à l'alimentation 83.2% est du riz (FAO, 2014).
Dans les zones rurales, le riz fournit environ 75% de l'apport calorique
total et à peu près 45 pourcentage de l'apport en protéines.
L'approvisionnement en matières grasses était de l'ordre de 0.55
g/personne/jour en 1998 et passe à 1,32 en 2008 (FAO, 2019). En
2013, la consommation annuelle par habitant était de 61,84 kg, l'une des plus
fortes consommations de riz par habitant des pays sahéliens, et 8 % au-dessus
de la moyenne mondiale de 56,9 kg.
üL'exigence nationale de mille-riz par an était
d'environ 158 000 tonnes pour une
population de 1,6 million d'habitants dans le
monde en 2010 et 215 000 tonnes pour une
population de 1,8 million d'habitants en 2013.
üLa production nationale ne peut toutefois fournir
qu'environ 17% de l'exigence nationale.
Introduction (2/2)
Le choc de 2008
Forte hausse des prix du riz
Pas de pénurie : le niveau des stocks mondiaux a augmenté et les prix
ont augmenté de 300%.
Réponse des gouvernements à la crise
alimentaire
Les principaux domaines d'action de la politique
à court terme sont les suivants :
• Sensibilisation à l'information,
• la stabilisation du coût du riz par le biais du
Programme de politique agricole et des
ressources naturelles de la Gambie (GARNP)
• gestion des ressources (eau, sol et terre),
restructuration des associations d'agriculteurs
• Long terme, le Gouvernement gambien a lancé
une série de programmes d'autosuffisance :
üla politique agricole et des ressources naturelles de la
Gambie (GARNP),
üle gouvernement gambien a lancé son document de
stratégie nationale de réduction de la pauvreté 2007-
2011 (DSRP II),
üle Programme pour la croissance accélérée et l'emploi
(PAGE, 2011 - 2015)
üune Vision 2020 d'autosuffisance
Réponse des gouvernements à la crise
alimentaire
Les engagements du gouvernement
sont-ils payants ?
Production, importation et
consommation de riz en Gambie
pendant la période 1998-2017
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Production (tons) Import Quantity (tons) Consumption (tons)
Superficie récoltée et rendement en riz
en Gambie 1998-2017
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Area harvested (ha) Yield (hg/ha)
Défis pour les 25 prochaines années
• Les projections de la demande nationale de riz en 2024
en Gambie ont révélé que, sur la base d'un taux de
croissance démographique provisoire estimé à 2 % en
2024 et d'une consommation de riz par habitant de
117 kg par an, la demande de riz usiné devrait
atteindre 273 800 tonnes.
• Actuellement, on estime que 40 % des superficies
totales aptes à la production de riz sont utilisées et que
seules 55 377 tonnes de riz sont produites.
• Possibilités d'expansion supplémentaires en utilisant le
potentiel d'irrigation de la culture du fleuve Gambie
pour augmenter la production intérieure globale..
Camila Caicedo
Consultante
2019
Étude
de cas
Guinée-Bissau
N°3
RÉHABILITATION DE LA PRODUCTION 		
	 TRADITIONNELLE DE RIZ DE 				
		 MANGROVE EN GUINÉE-BISSAU
West Africa Hub Afrique de l’Ouest
TABLE DES MATIÈRES
A Historique du projet et des activités 1
B Groupes cibles et typologie des bénéficiaires 4
C Processus de mise en œuvre 4
D Analyse des initiatives 5
E Conclusion 11
Atteindre l'autosuffisance en matière de production rizicole et
accroître sa consommation intérieure sont des priorités stratégiques
du gouvernement national de Guinée-Bissau depuis 2015. Le Projet
de développement économique pour les régions du Sud, financé par
le FIDA, vise à stimuler la productivité agricole, assurer la sécurité
alimentaire et diversifier les revenus dans les régions de Tombali,
Quinara et Bolama-Bijagos. Une caractéristique clé de PADES a été la
réhabilitation de la culture traditionnelle du riz de mangrove, qui représente
80% de la production nationale avec une productivité brute estimée à 115.000
tonnes de paddy.
Problème de développement
Dans les communautés côtières adjacentes de Caboxanque et Bedanda, la production
traditionnelle de riz de mangrove a subi des pertes importantes. La gestion de l'eau dans
les rizières a été compromise par les rejets de troncs de palmiers sujets à la pourriture
après chaque saison. L'augmentation des marées océaniques a souvent conduit à l'intrusion d'eau salée
dans les rizières qui avaient déjà subi un long processus de désalinisation, et les communautés locales
n'avaient aucun mécanisme officiel pour mobiliser la main-d'œuvre nécessaire à la réparation des digues
dégradées. En outre, l'accès au marché a été limité par la détérioration de l'état de la route rurale.
Interventions
PADES a soutenu la création de comités communautaires chargés de gérer des aspects spécifiques des
interventions du projet. Les investissements structurels stratégiques comprenaient : la réhabilitation
manuelle de longs tronçons de digues dégradées, la modernisation des déversoirs automatiques d'eau
des troncs de palmiers aux tubes en PVC et la réhabilitation d'un tronçon de 11,7 km de route rurale
à Caboxanque pour accroître la capacité des producteurs à mettre durablement leur riz sur le marché.
Les limites à la productivité ont également été abordées par la fourniture de semences de haute
qualité à 10 bénéficiaires choisis pour devenir des multiplicateurs de semences. Ils ont participé à une
formation de 7 jours organisée par l'Institut National de Recherche Agricole (INPA), le seul organisme
de recherche agricole du pays.
Conclusion
Alors qu'au niveau des projets, il a été difficile d'obtenir une estimation précise de l'évolution de la
productivité, certains bénéficiaires ont déclaré des rendements allant jusqu'à 16 tonnes sur les champs
qui leur ont été alloués. Généralement une entreprise à prédominance masculine, la création de comités
de gestion dynamiques a également assuré et favorisé l'inclusion des femmes et des jeunes dans l'activité
économique la plus importante de la région. Tirer parti de ces succès et continuer à soutenir la capacité
des comités locaux est une priorité pour les saisons à venir alors que la région continue de contribuer
substantiellement à l'objectif national d'atteindre l'autosuffisance dans la production rizicole.
Résumé exécutif
PRÉSENTATION
A.	 PADES - Contexte du projet :
1. 	 En Guinée-Bissau, le FIDA a longtemps été
un pionnier de la transformation rurale, opérant en
période d'instabilité politique et de paix relative.
L'agriculture est un pilier de l'économie nationale,
mais elle a lutté pour se moderniser et se diversifier
malgré son énorme potentiel.
2.	 Depuis 2015, l'une des priorités stratégiques
du gouvernement national a été d'atteindre
l'autosuffisance en matière de production de riz
tout en augmentant sa consommation intérieure.
L'élimination des contraintes actuelles et des
insuffisances structurelles dans le secteur est
essentielle pour optimiser les chaînes de valeur,
réduire la pauvreté rurale et combattre l'insécurité
alimentaire.
3.	 Les régions méridionales de Tombali et de
Quinara ont précédemment bénéficié du projet
de réhabilitation rurale et de développement
communautaire (PRRDC), qui a pris fin en 2013.
Tout en tirant les enseignements de l'expérience,
le Projet de développement économique pour
les régions du Sud (PADES) a amené le FIDA
à concentrer son action dans le pays sur les
investissements dans les infrastructures essentielles
et la promotion de la culture du riz. Le projet,
qui s'échelonnera de 2015 à 2021,
s'articule autour des trois volets
suivants :
Composante 1 : Appui à la
production rizicole, à la productivité
et aux activités complémentaires
Composante 2 : Appui à la valeur ajoutée
à la production et à l'amélioration de
l'accès au marché
Composante 3 : Coordination et gestion
du projet
4.	 Une caractéristique clé de PADES a été
la réhabilitation de la culture traditionnelle
du riz de mangrove, qui représente 80% de la
production nationale avec une productivité brute
estimée à 115.000 tonnes de paddy.
5.	 La présente étude de cas réalisée en
août 2019 examine l'impact des activités et des
investissements du projet dans les communautés
rurales voisines de Bedanda et Caboxanque dans
la région méridionale de Tombali. Il s'appuie sur
les données disponibles et les différents points de
vue des parties prenantes au projet, y compris
les bénéficiaires, le personnel du pays et les ONG
locales.
1 Guinée-Bissau : La réhabilitation de la production traditionnelle de riz de mangrove
2
Figure 1 : Carte des régions d'intervention de PADES. Source : IFAD, 2019
3
4
Figure 2 : Modèle de comité. Source : Caicedo, 2019.
B.	 Contexte communautaire :
6.	 La culture du riz dans les mangroves
diffère considérablement de celle qui est pratiquée
dans les hautes terres et les basses terres. La tâche
ardue de défricher les mangroves et de construire
de grandes digues pour empêcher l'intrusion
d'eau salée doit être entreprise à la main, à l'aide
de charrues en bois à long manche. Ici, la boue
épaisse et l'eau saumâtre rendent la machinerie
lourde obsolète. Cependant, la productivité est
considérablement plus élevée qu'ailleurs, avec des
rendements typiquement compris entre 1 500 et 3
500 kg de paddy par hectare.
7.	 Dans les communautés côtières de
Caboxanque et de Bedanda, où la production
de riz de mangrove est pratiquée depuis des
générations, de vastes étendues de rizières dans
les mangroves défrichées avaient été abandonnées.
L'augmentation des marées océaniques menaçait
constamment l'intégrité structurelle des anciennes
digues dégradées. Des années de crises récurrentes
ont contribué à l'effondrement de la cohésion
communautaire et à l'exode de la jeunesse rurale
vers la capitale. De nombreuses unités familiales
n'ont donc pas pu mobiliser la main-d'œuvre
nécessaire à l'entretien de leur partie des digues, ce
qui a eu des répercussions sur toutes les parcelles
environnantes.
8.	 De plus, les niveaux d'eau étaient
traditionnellement gérés à l'aide d'éjecteurs
automatiques fabriqués à partir de longs troncs
de palmiers creusés à la main. Celles-ci avaient
tendance à pourrir rapidement et devaient être
changées après chaque saison. Avec le temps,
les rizières sont devenues de moins en moins
productives et les sols qui avaient subi un long
processus de désalinisation ont été gravement
compromis.
C.	L'intervention:
7.	 Mobilisation de la communauté :
La première étape du processus de mise en œuvre
du projet a consisté à mobiliser les principales
parties prenantes et à assurer l'adhésion de la
communauté avec l'aide des partenaires locaux. A
cette fin, PADES a soutenu la création de divers
comités chargés de gérer des aspects spécifiques
de l'intervention du projet. Basés sur une mise à
l'échelle du modèle CDIT utilisé dans un projet
précédent, ces comités sont organisés au niveau
local et dirigés par des bénéficiaires du projet
choisis par la communauté dans son ensemble
pour représenter leurs intérêts.
8.	 Compte tenu de la forte demande de
main-d'œuvre pour la réhabilitation des digues,
les comités de gestion de Bolanha ont joué
un rôle particulièrement crucial à Bedanda
et Caboxanque. Ils ont veillé à ce que tous les
membres de la collectivité s'approprient les
activités de construction et contribuent leurs
ressources individuelles tout au long du calendrier
de mise en œuvre. Une série de formations ont
été organisées sur la façon d'organiser et de
mobiliser l'association, d'élaborer des documents
officiels et d'assurer la durabilité des contributions
individuelles.
Tableau 1 : Formations de mobilisation
Communauté Formations Hommes Femmes Jeunes
Bedanda 10 32 23 10
Caboxanque 7 35 19 13
Total 17 67 42 23
Guinée-Bissau : La réhabilitation de la production traditionnelle de riz de mangrove
5
8.	 Investissements structurels :
S'appuyant sur les connaissances des bénéficiaires
des projets, PADES a apporté une réponse adaptée
aux problèmes de gestion de l'eau existants par
le biais d'investissements structurels ciblés qui
ont été mis en œuvre et directement gérés par les
comités établis. Comme indiqué dans le tableau
ci-dessous, ces investissements comprenaient : la
réhabilitation des digues dégradées, l'amélioration
des dispositifs automatiques d'évacuation de
l'eau des troncs de palmiers aux tubes en PVC
et la réhabilitation d'un tronçon de route rurale
à Caboxanque pour accroître la capacité des
producteurs à mettre durablement leur riz sur le
marché.
Tableau 2: Investissements structurels
Site Surface réhabilitée
(ha)
Longueur
de la digue
primaire
(m)
Nombre de tubes
PVC
200
PVC
160
Caboxanque 1884 12350 92 88 155
Bedanda 371 6240 18 12 30
Totals 2255 18590 110 100 185
Figure 3 : Programme de formation de l'INPA. Source :
Caceido, 2019.
En plus des investissements structurels, les
limites à la productivité ont également été
abordées par la fourniture de semences de haute
qualité à 10 bénéficiaires choisis pour devenir des
multiplicateurs de semences. Ils ont participé à
une formation de 7 jours organisée par l'Institut
national de recherche agricole (INPA), le seul
organisme de recherche agricole du pays. Parmi
les personnes formées, 6 étaient des femmes et 4
étaient des hommes.
D.	L'impact:
9.	 Méthodologie : Groupes de discussion :
Pendant deux jours, des groupes de discussion
ont été organisés et des témoignages ont été
recueillis auprès des bénéficiaires disponibles dans
les deux communautés. Les discussions ont été
animées par le sociologue du projet, l'agronome
et des représentants des ONG locales, la DDS
et Cocedecas. En raison des fortes pluies, de
nombreux bénéficiaires préparaient leurs champs
pour la plantation, tandis qu'à Bedanda, la
réparation de la digue principale se poursuivait.
Au total, trois groupes de discussion ont eu lieu
: deux avec des membres de la communauté à
Bedanda et un avec des membres du comité de
gestion de Bolanha de Caboxanque. Les calendriers
quotidiens, l'état d'avancement des activités du
projet, les impacts visibles et les défis rencontrés
ont été discutés, en mettant l'accent sur les
changements importants que les bénéficiaires ont
observés.
Ces conversations ont permis de dégager les
thèmes suivants :
- Cohésion communautaire et solidarité entre les
interventions.
- Gestion durable des activités selon le modèle du
comité.
- Introduction de l'horticulture comme activité
complémentaire.
L'un des points saillants communs à toutes les
Guinée-Bissau : La réhabilitation de la production traditionnelle de riz de mangrove
6
conversations a été l'approche communautaire
de la réhabilitation des digues et l'importance
d'organiser la main-d'œuvre et les ressources
par l'entremise de comités. Historiquement, la
production de riz de mangrove a été dominée par
les hommes de la communauté, étant donné ses
exigences physiques excessivement exigeantes.
Cependant, étant donné la nature collective du
processus de réhabilitation, les femmes ont pu
démontrer leur dynamisme en participant à des
activités telles que la collecte et le compactage de
la boue pour la construction.
Notamment, avant les interventions PADES :
-Aucun mécanisme spécifique de mobilisation
et de gestion des activités de développement
communautaire n'existait.
-Les familles et les particuliers ont dû trouver et
payer d'autres personnes pour aider à réparer des
parties de la digue.
-Les femmes ne pratiquaient pas systématiquement
l'horticulture.
Les bénéficiaires ont également identifié les
innovations du projet qui, selon eux, ont le plus
contribué à la réussite de la mise en œuvre des
interventions du projet :
- Processus permettant d'offrir volontairement des
contributions individuelles à un fonds collectif.
- Statuts organisant des comités de gestion ayant
des fonctions et des rôles spécifiques.
- Formation des femmes aux activités horticoles
qui se déroulent en dehors de la saison rizicole.
10.	 Des communautés entreprenantes :
Les comités de gestion des Bolanhas dans les
deux communautés ont organisé des contributions
monétaires des familles ainsi que des contributions
d'articles tels que le pétrole et le poisson. Les
femmes s'en servaient pour préparer les repas des
ouvriers sur les sites de réhabilitation, de sorte
que le travail ne s'arrêtait pas au milieu de la
journée.
Les comités eux-mêmes étaient perçus comme
étant bien organisés et fonctionnant très bien
grâce aux rôles et responsabilités reconnus établis
dans les statuts des comités. Cependant, le fait
d'avoir des statuts écrits a également posé un défi
pour les membres qui ne sont pas alphabétisés.
Parmi les femmes en particulier, l'amélioration
de l'alphabétisation était une activité clé qu'elles
souhaitaient voir incorporée dans le projet.
De plus, à Caboxanque, la réhabilitation de la
route rurale a été reconnue comme un impact
majeur sur la communauté. Bien que les travaux
aient été exécutés par une entreprise extérieure,
le Comité d'entretien routier inter-villages
(CITEP), composé de personnes qui vivent le
long du tronçon de route, s'est senti responsable
de l'investissement et assurer sa durabilité. L'un
des résultats de la création d'un CITEP a été
l'intensification du dialogue avec le ministère des
Travaux publics de la région.
Enfin, presque tous les membres de la communauté
ont ressenti l'impact des interventions du projet
en termes d'augmentation de la production de
riz au cours de la dernière saison de croissance.
Bien qu'il ait été difficile d'obtenir une estimation
précise de l'évolution de la productivité, le tableau
ci-dessous présente des données pour le dernier
cycle de culture, le premier depuis le début des
activités du PADES dans les deux communautés.
Table 3: Productivité du riz de mangrove à Caboxanque et Bedanda
Site Zone réhabilitée Superficie productive Rendement
(t/ha)
Production
total
Référence
(t/ha)
Caboxanque 1884 1641,86 2,25 3694,19 1,6
Bedanda 371 115,1 2,43 279,69 1,6
Guinée-Bissau : La réhabilitation de la production traditionnelle de riz de mangrove
Histoires de changement à
Caboxanque :
Caboxanque a toujours été reconnue comme l'une des zones rizicoles les
plus productives de toute la Guinée-Bissau.
Pendant la saison sèche, les marchands arrivent de tout le pays pour
participer à un marché hebdomadaire et acheter le riz directement aux
producteurs.
Biom (en haut à droite) et sa famille ont contribué à l'effort de réhabilitation
de la digue. Depuis, il est devenu l'un des agriculteurs les plus productifs
de la région et a été choisi comme multiplicateur de semences.
09
ADOPTION & ADAPTATION
7
10
Avant les interventions du
pro jet, il produisait environ 9
tonnes de riz sur sa parcelle.
Au cours de la dernière saison
de croissance, sa parcelle a
produit 16 tonnes, dont 11
ont été revendues au pro jet.
Les semences de producteurs
comme Biom sont
récupérées par l'équipe du
pro jet et redistribuées à
d'autres bénéficiaires de la
communauté qui n'en ont
pas reçu pendant la dernière
saison de croissance.
Wilbonhe (au centre) est
la présidente du Comité de
gestion de l'horticulture à
Caboxanque.
Bien qu'elle n'ait pas de
parcelle de riz à elle, elle
emprunte des terres à des
voisins qui sont parfois
incapables de semer pendant
la saison.
Les années précédentes,
2 tonnes de riz étaient le
maximum qu'elle pouvait
produire. Cette année,
cependant, elle a réussi à
revendre 4,5 tonnes au pro jet.
Témoignages :
M. Biom,
“Avec l'argent supplémentaire
que j'ai gagné la saison
dernière, j'ai fini de
construire une maison pour
ma famil le et j'ai pu envoyer
quatre de mes enfants à
l'école cette année.”
8
Ms. Wilbonhe,
“Avant le projet, mon fils a
dû quitter l'école normale,
mais j'ai vendu assez de riz
la saison dernière pour qu'il
puisse à nouveau s'inscrire.”
9
E.	 Leçons apprises:
Suite à des conversations avec les bénéficiaires,
le personnel du pays et les ONG partenaires ont
identifié les principales leçons apprises au cours de
la mise en œuvre du projet.
11.	 Alphabétisation :
Bien que les lois régissant les divers comités aient
officialisé le modèle au sein de la communauté,
tous les membres ne sont pas au courant de
leurs stipulations en raison des taux élevés
d'analphabétisme. L'intégration et l'élargissement
de l'alphabétisation spécifique aux objectifs du
projet sont cruciaux pour les femmes en particulier,
étant donné qu'elles sont les seules à participer
aux comités de gestion horticole.
12.	 Activités complémentaires :
Des défis inattendus en matière de gestion de l'eau
se sont posés lors du développement des activités
horticoles, qui devraient faire l'objet d'une
attention particulière dans les futurs projets dans
les zones côtières. Lorsque les puits étaient creusés
près des parcelles désignées, on n'atteignait que
de l'eau salée. En tant que tel, cela a augmenté la
demande de main-d'œuvre pour les femmes, qui
ont dû parcourir de plus grandes distances à pied
pour atteindre l'eau douce de leurs jardins.
13.	 Considérations sexospécifiques dans la
mobilisation communautaire :
Il est essentiel de veiller à ce que les activités sur
le terrain tiennent compte de la dynamique locale
de l'égalité des sexes dès les premières étapes.
Actuellement, les partenaires locaux ne comptent
qu'une seule femme mobilisatrice communautaire
dans la région, ce qui a créé des difficultés dans les
premières étapes de la mise en œuvre.
F.	Conclusion :
14.	 Dans les communautés côtières de
Caboxanque et de Bedanda, la mobilisation des
forces et des ressources communautaires existantes
a été le principal moteur du succès de l'effort
massif de réhabilitation des mangroves. La valeur
ajoutée de PADES est la capacité de capitaliser
sur les connaissances traditionnelles tout en
apportant des améliorations aux infrastructures
qui sont gérées de manière durable et adaptées au
contexte local.
15.	 Bien qu'il s'agisse généralement d'une
entreprise à prédominance masculine, la création de
comités de gestion dynamiques a assuré l'inclusion
des femmes et des jeunes dans l'activité économique
la plus importante de la région. En outre, la
promotion d'activités alternatives génératrices
de revenus par la pratique complémentaire de
l'horticulture a permis aux femmes de participer
à la revitalisation de l'économie locale.
16.	 Il est important de noter que les deux
communautés comptent maintenant sur des
mécanismes réactifs pour faire face aux défis qui se
présentent. La poursuite du renforcement de cette
capacité et l'intensification du dialogue avec les
autres parties prenantes et les partenaires locaux
feront de la région un atout indispensable pour
contribuer à la réalisation de l'objectif national
d'autosuffisance en matière de production de riz.
Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version
gratuite)
Guinée-Bissau : La réhabilitation de la production traditionnelle de riz de mangrove
INVESTING IN
ANCESTRAL
KNOWLEDGE
Traditional Mangrove Rice
Production in Caboxanque
& Bedanda, Guinea-Bissau
PADES Overview
Economic Development Project for the
Southern Regions
Regions: Tombali, Quinara, Bolama/Bijagos
Timeline: 2015-2021
Development Objective
PADES aims to revitalize the rural economy, improve
food security, and fight rural poverty.
The project is structured around the following
components:
Component 1: Support for rice production,
productivity, and complementary activities
________________________________________
Component 2: Support for value-added to production
and increased market access
________________________________________
Component 3: Project coordination and management
Mangrove Rice
Opportunities
• 80% of national production
• Estimated gross productivity: 115,000 tons of
paddy
• 50,000 ha currently cultivated
• Average yield: 1,500kg-3,500kg/ha
Challenges:
• High labor inputs
• Degraded dykes cause saltwater intrusion
• Palm trunks used as water dischargers
• No use of heavy machinery
Caboxanque and Bedanda
Project Implementation Process
1. Mobilizing stakeholders
2. Rehabilitating degraded primary dykes
3. Upgrading water dischargers from palm trunks to PVC tubing
4. Building secondary dykes for parceling paddies
5. Building bunds in parceled plots
6. Providing seeds for planting
7. Harvesting
Caboxanque: 1 village, beneficiaries: 2,168
Bedanda: 2 villages, beneficiaries: 655
Community Mobilization
• Scale up of CDIT model used in the
previous project.
• Written statutes organize committees
and describe duties of individual
members
• Caboxanque has all four committee
types.
• Bedanda does not have CITEP
Bolanha
Management
Committee
(CGB)
Manages work and
activities inthe rice fields.
Committee
for Integrated
Village
Development
(CDIT)
Manages community
development initiatives.
Horticulture
Managament
Committee
(CGP)
Manages complementary
horticultural activities.
Inter-Village
Road
Maintenance
Committee
(CITEP)
Manages the maintaince
of rehabilitated roads.
Community Mobilization
Community Trainings Males Females Youth
Bedanda 10 32 23 10
Caboxanque 7 35 19 13
Totals 17 67 42 23
• Implementing partners: local NGO’s COCEDECAS &
DDS-IEG
• Trainings included: organizing as an association,
elaborating documents, individual contributions to a
collective fund.
Structural Investments
Site Surface
Rehabilitated
(ha)
Length of
Primary Dyke
(m)
Number of Tubes
PVC 315 PVC 200 PVC 160
Caboxanque 1,884 12,350 92 88 155
Bedanda 371 6,240 18 12 30
Totals 2,255 18,590 110 100 185
• Manual rehabilitation of degraded dykes organized by the
Bolanha Management Committee
• Automatic water dischargers upgraded from palm trunks to
PVC tubing
• 11.6 km of rural road rehabilitated in Caboxanque
2019 fidafrique-5etudes de cas
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2019 fidafrique-5etudes de cas

  • 1. Investir dans les populations rurales Recueil des études de cas réalisées au sein du FIDA dans la sous- région Afrique de l’Ouest. Vol. 1 2019 Hub Afrique de l’Ouest - Édition Décembre 2019
  • 2. Sommaire Résumé A.Présentation du HUB B. Préambule sur les études de cas 2 1 3 Présentation des études de cas. Cap-vert : A. Analyse de l’impact des microprojets horticoles basés sur la promotion de technologies efficaces et efficientes de mobilisation et de gestion de l’eau. Gambie : B. Le secteur du riz en Gambie. Guinea-Bissau C. Réhabilitation de la production traditionnelle de riz de mangrove en Guinée-Bissau rurale. Sénégal : D. Le secteur du riz au Sénégal. E. Analyse de l’impact des petits périmètres maraichers irrigués avec pompage solaire. Annexes A. Guide de réalisation d’une étude de cas
  • 3. Rapport préparé par : Benoît Thierry, représentant du bureau sous-régional IFAD Helene A. Ba, operation analyst - IFAD Camila M. Caicedo, consultant - IFAD Arnaud Rouillard, consultant - IFAD Crédit photo couverture : © IFAD Ce rapport est disponible pour usage public sur : (+221) 33 859 67 58 | Villa 1427, Route de la Corniche Ouest, Almadies - Dakar | fidasenegal@ifad.org © 2019 by International Fund for Agricultural Development (IFAD)
  • 4. Résumé Présentation du HUB : Le FIDA existe depuis 1978, soit depuis 40 ans. Depuis 10 ans, une décentralisation a été entamée. Celle-ci s’est accélérée en 2017 à l’arrivée du nouveau président du FIDA, l’ancien premier ministre togolais et directeur du bureau régional du PNUD pour l’Afrique, Gilbert Houngbo, passant de 50 % à près de 100 % en moins de deux ans. A l’issue de la décentralisation, 100 % des Country Program Managers (CPM) ainsi que les responsables des thématiques transversales (climat, inclusion sociale, finance, etc.) auparavant basés au siège à Rome seront dans les hubs. Cette accélération dans la décentralisation est liée à la réforme lancée suite à la 11ème reconstitution du FIDA qui a entraîné également des changements dans le cycle du projet, le suivi évaluation ou encore la manière de réaliser les designs et la supervision des projets au plus près des bénéficiaires (populations rurales) et clients (états). Autre point intéressant, le budget d’investissement du FIDA n’a augmenté que de 10 % lors de la dernière reconstitution. En revanche, la clé de répartition des fonds a changé et l’Afrique de l’Ouest va connaître un doublement des financements qui lui sont octroyés. La taille des projets va donc augmenter pour les pays du HUB. Les ressources pour les paysans seront plus importantes se qui implique également que la gestion soit renforcer pour assurer un déboursement de qualité. Le HUB sous régional d’Afrique de l’Ouest couvre 7 pays membres1 . Sa création fait suite à la reforme impulsée par le Président du FIDA pour conduire à la décentralisation de l’institution. Il s’agit de transférer les pouvoirs de planification, de décision et de gestion des ressources, depuis le siège à Rome vers les zones d’intervention, de manière à favoriser la prestation des services de façon efficiente et efficace. Cette réforme a conduit à la création de 12 plateformes régionales (ou HUB) réunissant chacune plusieurs pays d’intervention du FIDA. Ainsi, la division de la région Afrique de l’Ouest et du Centre (WCA) est désormais constituée de 3 HUB dont les sièges sont basés à Dakar, Abidjan et Yaoundé. Aujourd’hui, 26 personnes sont affectées au bureau de Dakar dont 3 personnes en charge des finances. 1 Les 7 pays membres sont : la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, le Mali, le Cap-vert, la Guinée Bissau, et la Guinée Conakry 1 1
  • 6. Étude de cas Cap-Vert N°1 MICRO-PROJETS HORTICOLES West Africa Hub Afrique de l’Ouest Rouillard Arnaud Consultant FIDA 2019
  • 7. TABLE DES MATIERES ACD Associations Communautaires de Développement BAD Banque Africaine de Développement FRC Fonds de Réinvestissement Communautaire INE Institut National de Statistique PLPR Programme de Réduction de la Pauvreté Rurale POSER Programme de promotion des Opportunités Socio-Économiques Rurales PRLP Programmes Régionaux de Lutte contre la pauvreté Rurale UCP Unité de Coordination du Projet UT Unités Techniques OM Opérateur de marché m2 Mètre carré m3 Mètre cube USD US Dollar CVE Cape Verdean Escudo ha Hectare % Pourcentage L Litre Conversion : 1 USD = 99,3182 CVE Abréviations et acronymes A I Historique du projet et des activités 1 B I Groupes cibles et typologie des bénéficiaires 2 C I Processus de mise en place 4 D I Analyse des initiatives 5 E I Conclusion 11
  • 8. Résumé exécutif Le problème de l'eau est l'un des plus grands défis du Cap-Vert. Caractérisé par une sécheresse importante et récurrente depuis les années 1960, le pays reçoit une pluviométrie limitée de 230 mm par an, où seulement 13% de ces précipitations contribuent à l'alimentation des nappes phréatiques tandis que 87 % circulent en surface ou s’évaporent (BAD, 2015). En conséquence, le Cap-Vert est de plus en plus dépendant de l'eau dessalée pour sa consommation. Environ 80% de l'eau destinée à la consommation domestique au Cap-Vert est dessalée et à un coût énergétique élevé, avec une implication directe sur le tarif de l'eau considéré comme l'un des plus élevés d'Afrique {…} La mobilisation des eaux de surface, l’utilisation rationnelle des eaux souterraines, le recyclage des eaux usées et la conservation de l’eau constituent autant de solutions potentielles en particulier dans le secteur agricole qui utilise près de 90% de l’eau prélevée (INE, 2017). Le coût du mètre cube d’eau, fortement corrélé au système énergétique utilisé pour sa mise en exhaure, influe négativement sur la valorisation de la ressource en eau. Cette limite freine le développement du secteur agricole augmentant ainsi la précarité et l’insécurité alimentaire pour les populations rurales qui dépendent de ce secteur. Dans ce contexte, le Programme de Promotion des Opportunités Socio-Économiques Rurales (POSER) a appuyé la mise en œuvre de 541 microprojets économiques et sociaux qui ont permis notamment à 5 588 bénéficiaires (37% de femmes et 15% de jeunes) de mettre en exhaure en moyenne individuellement 1 123 m2 pour la production horticole. La mise en exhaure de ces périmètres en micro-irrigation a permis aux producteurs de diminuer de 82% leur consommation d’eau agricole et de multiplier par 2,7 leur revenu d’exploitation. L’application de systèmes horticoles innovants promus à travers le POSER ont permis aux bénéficiaires de passer d’un revenu net d’exploitation de 0,65 USD/m2 en système traditionnel à 1,66 USD/m2 système solaire avec micro-irrigation. À travers cette étude, nous analysons l’impact des microprojets horticoles basés sur la promotion de technologies efficaces et efficientes de mobilisation et de gestion de l’eau. Par une analyse comparative des différents systèmes maraîchers mis en place au Cap-Vert, nous étudions les performances socio-économiques et agro-environnementales des modèles maraîchers mis en exhaure par système solaire et irrigués avec goutte-à-goutte. Cette capitalisation des expériences et des innovations aura pour but d’identifier les modèles productifs et durables en vue de leurs mises à l’échelle. Key figures microprojets horticoles : Montant investit1 : 9,7 millions d’USD Nombre de bénéficiaire : 5 588 Part de femmes : 37% Augmentation de la production : +74% Diminution de la consommation d’eau agricole : -82% Diminution du prix du m3 d’eau : -49% 1 Montant total investit sur la composante 1 au 30/06/2019
  • 9. PRÉSENTATION A. Historique du projet et des activités: 1. Le POSER financé en 2014 par le gouvernement du Cap-Vert, le FIDA et le Fonds fiduciaire espagnol, succède au Programme de Réduction de la Pauvreté Rurale (PLPR) qui a duré 12 ans (2000-2012). Avec la mission d'évaluation à mi-parcours de 2012, des changements stratégiques ont eu lieu dans la mise en œuvre du POSER, mettant davantage l'accent sur la mise en œuvre de projets structurants, concordant avec la vision stratégique (2014-2018) de la politique gouvernementale de "Transformation du secteur agricole". D’un point de vue institutionnel, cela s’est traduit par le changement de tutelle du Ministère du Travail, de la Formation professionnelle et de la Solidarité sociale au Ministère de l'Agriculture et de l'Environnement. À travers sa stratégie, le POSER a pour objectif de contribuer à l’accroissement des revenus des populations rurales en promouvant la création d’opportunités économiques inclusives et durables dans les zones rurales. Le but est de favoriser l’emploi à long terme pour les ruraux pauvres (en particulier des femmes et des jeunes), et ce en: (i) soutenant le choix des bénéficiaires relatif aux microprojets en faveur d’activités pérennes génératrices de revenus ; (ii) s’assurant que les activités économiques agricoles mises en œuvre par les bénéficiaires contribuent à leur sécurité alimentaire, notamment en réduisant leur dépendance aux importations de produits alimentaires ; (iii) garantissant que les revenus perçus de ces activités économiques contribuent à l’amélioration des conditions de vie des bénéficiaires. 2. Le POSER a apporté un appui et un accompagnement ciblés aux principales difficultés des producteurs, à savoir : (i) des précipitations irrégulières et mal réparties dans le temps et l’espace ; (ii) la diminution de la fertilité des sols et le faible niveau d’utilisation de semences de qualité ; (iii) la baisse de la main-d’œuvre familiale liée à l’émigration vers les zones touristiques ; (iv) la diminution du revenu d’exploitation et la faible capacité de financement. 3. Entre 2013 et 2019, le POSER a mobilisé et décaissé 62% de son budget total pour la mise en œuvre des programmes régionaux de lutte contre la 1 1 Au 30/06/2019, sur l’ensemble des financements extérieurs effectivement mobilisés pour la mise en œuvre du programme (24,504 millions USD), le POSER a décaissé 15,669 millions USD, soit 64% des fonds mobilisés. Cap-Vert : Micro-projets horticoles
  • 10. 2 pauvreté rurale (composante 1). Les ressources du programme ont été, au fil des années, concentrées sur le financement des projets structurants consacré majoritairement à la réalisation d'infrastructures hydroagricoles. Les projets structurants permettent d'optimiser la mise en œuvre des microprojets individuels et collectifs à travers la mise en exhaure de périmètres donnés et de pouvoir notamment : (i) répondre aux problématiques d’accès à l’eau ; (ii) élargir la portée des interventions ; (iii) regrouper les bénéficiaires autour du capital productif et ainsi augmenter l’efficacité sur le terrain ; (iv) augmenter la résilience des exploitations cibles
  • 11. 3
  • 12. 4 Cap-Vert : Micro-projets horticoles B. Groupes cibles et typologie des bénéficiaires : 4. La stratégie de ciblage basée sur un mécanisme d’auto ciblage des ruraux pauvres par les Commissions Régionales de Partenaires et les Associations Communautaires de Développement (ACD), a permis d’atteindre les couches les plus vulnérables et ainsi d’appuyer 11 955 bénéficiaires directs ruraux. Les bénéficiaires visés sont : - Les individus ou ménages les plus vulnérables, c’est-à-dire les individus/ménages qui n’ont pas d’accès à la terre et au crédit pour développer leurs activités, sont en situation de famille nombreuse avec un nombre élevé d’enfants mineurs à charge, et ont des capacités de production limitées et des revenus agricoles bas ; - Les femmes (jeunes filles et femmes) en particulier chefs de ménages ; - Les jeunes ruraux sans emploi et sans possibilité d’avoir accès au crédit. La priorité est accordée aux jeunes et aux femmes. Au niveau du POSER, 45% des bénéficiaires totaux sont des femmes. Concernant la sous-composante des microprojets agricoles, 37% des parcelles sont exploitées par des femmes. C. Processus de mise en place : 5. De la sensibilisation au financement du microprojet agricole : Dans un premier temps, l’Unité de Coordination du Projet (UCP) ainsi que les partenaires du projet : a) Sensibilisent et informent sur les actions d’appui du POSER à travers des assemblées communales, dans chaque zone d’intervention. b) Présentent les critères d’éligibilité et les modalités de participation pour le financement des microprojets. c) Centralisent les demandes des ACD au niveau des unités techniques, caractérisent et analysent les demandes avec l’appui technique du ministère de l’Agriculture et déposent les demandes de financement pour approbation. La viabilité économique et financière de chaque microprojet est évaluée par le point focal en charge au sein de l’UCP. Le financement des infrastructures des microprojets est pris en charge en moyenne à 80% par le projet et 20% par les producteurs bénéficiaires en nature. Cette part en nature peut comprendre : (i) la mise à disposition de terres ; (ii) la mise à disposition de main d’œuvres ; (iii) la mise à disposition d’autres biens matériels. Avec l’expertise technique de l’UCP et des techniciens, le montant du microprojet est déterminé en fonction des investissements nécessaires. Une fois déterminée et validée, une convention est signée entre la commune, les producteurs et le projet. Les coûts d’investissement varient de 34 000 à 91 000 USD en fonction des infrastructures3 nécessaires à réhabiliter ou à construire pour la mise en valeur des parcelles irriguées. Un microprojet couvre en moyenne 3,4 ha et appuie 40 producteurs pour un budget moyen de 3 000 USD par producteurs. 6. Du financement à la pérennisation des microprojets : Après validation du financement, la commune et les partenaires techniques assurent le suivi des différentes phases du projet à travers une commission de travail visant à garantir la durabilité du projet. À travers cette dynamique, les acteurs en charge doivent assurer la continuité de la l’activité dans la phase post- investissement. Au niveau de chaque microprojet, un technicien du Ministère en charge l’Agriculture intervient dans le suivi et le conseil aux exploitations. Ces techniciens horticoles ont pour rôle de faire le lien entre le projet et les bénéficiaires, et sont en charge : (i) du transfert de compétences et de capacités ; (ii) du conseil et du suivi agricole ; (iii) de l’appui à la commercialisation. Le montant investi dans le microprojet s’inscrit dans la stratégie de Fonds de Réinvestissement Communautaire (FRC). L’objectif du FRC est de : (i) garantir la pérennité du fonds du PRLP afin de mettre en place de nouvelles activités de développement communautaire ; (ii) responsabiliser les ACD par rapport au développement du pays ; (iii) responsabiliser les bénéficiaires par rapport à leur propre développement socio-économique ainsi que celui de la communauté.Cela vise à donner aux 2 Processus de ciblage basé sur l'identification et la sélection des bénéficiaires des microprojets, à partir des assemblées communautaires afin que le programme atteigne les principaux groupes cibles. 3 De manière générale, la mise en exhaure de périmètre horticole comprend : (i) un forage ; (ii) deux réservoirs ; (iii) un système de pompage solaire ; (iv) un kit de goutte à goutte par bénéficiaire ; (v) l’aménagement et la délimita- tion physique des parcelles.
  • 13. 5 Cap-Vert : Micro-projets horticoles bénéficiaires les plus vulnérables des moyens d’accéder à des instruments de financement plus sophistiqués et de les accompagner à mettre en œuvre des activités économiques plus ambitieuses. Dans la lignée du FRC, les investissements peuvent être amortis à travers : (i) un coût additionnel imputé par mètre cube d’eau consommé par le producteur durant les 5 premières années ; (ii) un système de fermage induisant une charge locative imputée semestriellement ou annuellement sur le résultat de l’exercice. D. Analyse des initiatives : 8. Résultats majeurs : La mise en exhaure de périmètres avec système photovoltaïque associé à la micro-irrigation a permis d’obtenir des résultats majeurs sur l’activité horticole et la gestion de la ressource en eau. Les productions sur les différentes spéculations (ici, pomme de terre, patate douce, tomate et carotte) ont augmenté de 74%, et les ventes ont augmenté de 40% en termes de production agrégée. L’augmentation de la qualité des produits ainsi que les formations en commercialisation ont permis aux producteurs d’augmenter les prix de vente par 32,2%. La surface moyenne emblavée par individu a été multipliée par 1,4 et est actuellement de 1 123 m2 . L’utilisation de technologies efficientes et la meilleure gestion de l’eau permettent d’économiser 80 à 90% d’eau en fonction des périmètres.Les ménages bénéficiaires ont noté une diminution de 55% des dépenses ménagères4 et Fig.1 Évolution des coûts de production par m2 en fonction du système d'irrigation mis en place. Source : Rouillard, 2019 ont en moyenne multiplié par 2,7 leur revenu brut annuel en 3 ans. 9. Analyse technico-économique : Les deux zones retenues pour la réalisation de l’étude sont géographiquement, socialement et économiquement différentes. L’étude a été réalisée dans 12 communes des îles de Santiago et de Santo Antão, avec la participation de 70 exploitants. Les entretiens se sont déroulés de manière semi-directive avec l’appui des Unités Techniques (UT) et de l’UCP. À travers une analyse comparée de la performance financière des modèles agricoles mis en place5 , nous avons déterminé le revenu d’exploitation par individu tiré de l’activité horticole (cf. Tableau 1). En outre, l’exploitant dégage en moyenne une marge brute de 2,53 USD/m2 . Lors de l’étude, nous avons constaté que la vente groupée n’est quasiment pas pratiquée. Ainsi, 9 bénéficiaires sur 10 font de la vente en direct sur les marchés communaux de manière individuelle. Les prix de vente sur les marchés à l’échelle régionale (même zone géographique) subissent une variation de ± 12%. À l’échelle nationale, entre les îles de Santiago et Santo Antão, les prix de vente subissent une variation de ± 37%. Les bénéficiaires rencontrés ne traitent avec aucun Opérateur de Marché (OM) national et international dû: (i) à un manque de planification dans la production ; (ii) aux difficultés à obtenir et à maintenir la qualité recherchée par l’OM ; (iii) à l’isolement géographique des producteurs et leurs manques d’accès aux réseaux de 4 Ensemble des dépenses du ménages liés à l’achat d’aliments et de produits ménagers. Ici, la diminution est en majeur partie dû à l’augmentation de la production disponible pour l’autoconsommation. 5 Modèle 1 : Système de pompage thermique avec irrigation traditionnelle; Modèle 2 : Système de pompage thermique avec micro-irrigation ; Modèle 3 : Système de pompage solaire avec irrigation traditionnelle ; Modèle 4 : Système de pompage solaire avec micro-irrigation. 6 Charges opérationnelles sont liées au fonctionnement de l'outil de production et/ou de distribution de l'entreprise. Les charges opérationnelles sont le plus souvent variables avec le niveau d'activité de l'exploitation sans que cette variation soit nécessairement proportionnelle. Ici les charges comprennent les coûts des : (i) engrais ; (ii) semences ; (iv) produits phytosanitaires. 0 100 200 300 400 500 600 0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 Traditionnel Micro-irrigation Charges par m2 (CVE) Consommation d'eau annuel (m3) Consommation d'eau en m3 Charges liés à la consommation d'eau par m2
  • 14. Cap-Vert : Micro-projets horticoles 6 commercialisation. De plus, le manque d’infrastructures de stockage et de transformation contraint les producteurs aux fluctuations annuelles du marché local ou régional. L’analyse de la marge nette/m2 nous indique que dans 60% des cas, les techniques de production sont identiques impliquant des charges opérationnelles par mètre carré similaires et en moyenne de 0,58 USD/m2 . En outre, entre un système d’agriculture intensive et un système d’agriculture biologique la variation de charge est de ± 62%. Calculée après déduction des charges opérationnelles, la marge nette/m2 est en moyenne de 1,95 USD/m2 . Les charges de structure7 sont propres à chaque individu et calculées par parcelle. Pour les principales opérations culturales8 , la quasi-totalité des producteurs rémunèrent en moyenne 4 prestataires de services extérieurs par campagne (de 1 à 3 jours). En moyenne, les charges de structure par individu s’élèvent à 348 USD dont 63% sont liées aux coûts de l’eau. La consommation d’eau par m2, varie de ±82% entre micro- irrigation et irrigation traditionnelle (cf. Fig.1). Au niveau national, la gestion de l’eau diffère en fonction des zones et des agences (privées ou publiques), impliquant une variation du coût de gestion de l’eau. Les charges de structure augmentent en fonction du système de pompage et du type d’irrigation mise en place. On distingue qu’en fonction du système de pompage thermique ou photovoltaïque mis en place le coût du mètre cube d’eau varie respectivement de ± 49%. (cf. Fig.2). Le revenu net d’activité par individu a été calculé par campagne agricole, et prend en compte l’aide périodique familiale (en moyenne 2 personnes), ou l’appui par un individu extérieur. Ici, ces aides ont un faible impact sur l’offre travail totale, et n’ont donc pas été prises en compte dans l’analyse. Le revenu net, fortement corrélé au coût total de l’eau, varie en moyenne de 0,65 à 1,66 USD/m2 à production et prix constant, en fonction du type de modèle mis en place (cf. Fig.3). L’activité de maraîchage représente 90% du revenu total d’exploitation et génère en moyenne un revenu net de 2004 USD par an soit 28% de plus que le SMIC10 national. Après discussion avec les différents bénéficiaires, il est apparu que la surface agricole exploitée était au maximum de 1600 m2 en rotation et à force de travail inélastique. Grâce à la mise en place de la micro-irrigation, les producteurs gagnent en moyenne 4 heures de travail par jour et ont diminué la force de travail nécessaire par 60% comparativement au modèle d’irrigation traditionnel. Consommation d'eau (L/jour/m2 ) Total des charges (CVE/m2 ) Revenu net (CVE/m2 ) Modèle 1 : Système de pompage thermique avec irrigation traditionnelle Entre 7 et 9 188 65 Modèle 2 : Système de pompage thermique avec micro-irrigation Entre 2,5 et 4 128 125 Modèle 3 : Système de pompage solaire avec irrigation traditionnelle Entre 6 et 8 120 133 Modèle 4 : Système de pompage solaire avec micro-irrigation. Entre 2,5 et 4 87 166 Source : Rouillard, 2019. Fig.2 Évolution du prix du m3 d'eau entre un système thermique et un système photovoltaïque. Source : Rouillard, 2019. S1,...,Sn = Site 0 10 20 30 40 50 60 S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S11 S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S11 Système thermique Système photovoltaïque Prix du mètre cube d'eau (CVE/m2) 0 100 200 300 400 500 600 700 - 10.0 20.0 30.0 40.0 50.0 60.0 Revenu net par m2 (CVE) Prix du m3 d'eau (CVE) Fig.3 Évolution du revenu net par m2 en fonction du prix du m3 d'eau. Source : Rouillard, 2019. Tableau 1: Analyse comparative entre les différents systèmes horticoles mis en place.
  • 15. Témoignage de l'ACD de Moía-Moía : Situé dans la région de Santiago Sud, l’ACD de Moía-Moía est appuyé par le POSER depuis 2017 pour la mise en exhaure d’un périmètre horticole de 2,5 ha en micro-irrigation à l’aide d’un système photovoltaïque. Les membres de l’association pratiquaient l’activité maraîchère avant le pro jet, mais à travers le POSER, l’accès à l’eau a été facilité et son coût a diminué de 67% grâce au système de pompage solaire. Ainsi, les différents membres ont pu augmenter la surface agricole exploitée par 30%, et multiplier leurs productions par deux. En quelques années, le maraîchage est passé d’une activité de subsistance à une activité génératrice de revenus. Dès lors, le revenu par individu a été multiplié par deux dans certains ménages. 09 ADOPTION & ADAPTATION 7 7 Charge de structure, est une charge liée à l’existence de l’entreprise. Elle n’est pas fonction de l’activité, c’est-à-dire qu’elle demeure indépendante du niveau de production. Ici les charges comprennent les coûts des : (i) transports et carburants ; (ii) entretiens et achat de petit matériel agricole ; (iii) les travaux par des entreprises extérieurs ; (iv) le prix du m3 d’eau et la consommation annuelle. 8 Les opérations culturales majeurs sont dans notre cas : (i) la préparation du sol et le semis ; (ii) la récolte. 9 Le coût du mètre cube d’eau comprend : (i) l’amortissement des charges de structures lié à la mise en exhaure ; (ii) la gestion et la distribution de l’eau ; (iii) le coût de la matière première. 10 SMIC Cap-verdien en date de 01 janvier 2019 fixé à 13 000 CVE par an. Source : https://tradingeconomics.com/cape-verde/indicators
  • 16. 10 Grâce à la mise en place du goutte-à-goutte, les producteurs économisent jusqu’à 90% d’eau contrairement au système traditionnel. L’eau de surface collectée non loin du périmètre (à la salinité élevée) est diluée avec l’eau du forage afin d’augmenter la quantité totale d’eau disponible. Afin d’acquérir les infrastructures, le groupement a investi 3 862 (cf. chap. C §5) sur un montant total de 59 000 USD. Les bénéficiaires ont reçu des formations sur la mise en place d’itinéraires techniques innovants et sur la préparation de fertilisants organiques et de pesticides biologiques. Grâce à ces formations, les bénéficiaires ont pu diminuer de 76% l’utilisation de produits phytosanitaires. Les bénéficiaires cultivent 6 nouvelles espèces horticoles et produisent toute l’année (3 à 4 cycles par an). Grâce au pro jet et à l’amélioration de la qualité de leurs produits, les bénéficiaires ont augmenté de 32% leurs prix de vente. Impact : Les bénéficiaires témoignent avoir significativement amélioré leur qualité de vie. Auparavant contraint de travailler dans l’extraction de sable pour moins de 70 USD /mois, les producteurs sont aujourd’hui en capacité : (i) de scolariser davantage leurs enfants ; (ii) d’épargner et de souscrire à des emprunts ; (iii) d’améliorer leur système de santé ; (iv) de faire davantage de dons lors d’évènements communautaires. 8
  • 17. 9 Cap-Vert : Micro-projets horticoles 10. Analyse agro-environnementale : Les résultats montrent qu’en moyenne sur la surface agricole utile mise en exhaure par exploitant, 79,5% de la surface est réellement emblavée. Chaque exploitant emblave 600 à 1 600 m2 en rotation sur des planches de 10m2 . L’assolement a été diversifié et 5 nouvelles spéculations ont été introduites. En moyenne, une année de production est scindée en 3 cycles de 90 à 120 jours chacun. Le choix de l’assolement est guidé par la rusticité des cultures et leur bon comportement potentiel selon les saisons (saison sèche de novembre à juin ; saison humide de juillet à octobre) et les zones géographiques (cf. Fig. 4). Ainsi, les variétés robustes nécessitant peu d’eau sont favorisées. Grâce à la mise en place d’itinéraires techniques adaptés, les bénéficiaires ont augmenté de 74% leurs productions sur les principales spéculations horticoles. Or, comme nous montre l’analyse du produit brut d’exploitation, les rendements à l’hectare sont encore assez faibles. Les pertes liées à la pression des bio agresseurs, et l’utilisation de variétés inadaptées et peu productives restent les principaux facteurs limitants. Dans ce sens, accroître la diversité de plantes au sein des systèmes agricoles, en augmentant le nombre d’espèces en rotation et/ou en diversifiant spatialement le nombre d’espèces, à travers notamment l’association culturale, offre un intérêt significatif (Finney et al., 2016)11 . À travers le POSER, les bénéficiaires ont été formés à : (i) l’utilisation et la préparation de substrat organique de qualité ; (ii) la préparation et l’application de pesticides et fongicides biologiques ; (iii) l’application des bonnes pratiques agricoles et itinéraires techniques améliorés ; (iv) produire des plants en pépinière ; (v) gérer et planifier de manière raisonnée la ressource en eau en fonction du stade phénologique de la culture. Les bonnes pratiques agricoles mises en place, ont permis aux producteurs interrogés de diminuer en moyenne de 83% l’utilisation d’intrants de synthèse. Dans la zone de Santiago Sud et Nord, les bénéficiaires d’un même projet (en moyenne 27) sont accompagnés par un technicien agronome à raison de : (i) 3 à 4 jours/ semaine lors du premier cycle ; (ii) 1 fois/semaine lors du deuxième cycle ; (iii) sur demande lors du troisième cycle. Aux termes de 3 ans d’accompagnement et de formation, 70% des bénéficiaires se disent confiants avec ce qu’ils ont appris et mettent en pratique sans difficultés les itinéraires techniques co-conçus dans le cadre du projet. 0 10 20 30 40 50 60 70 0 20 40 60 80 100 120 J F M A M J J A S O N D Température (°C) Précipitations (mm) Santo Antão Précipitations (mm) Température moyenne (°C) Lors des visites terrain, il est apparu que les bénéficiaires avec l’appui des techniciens intensifiaient la diversité d’espèces dans le temps et l’espace à travers la rotation et l’association de cultures. Ce type de modification de la diversité fonctionnelle à travers l’association de cultures permet : (i) de mieux gérer la pression bio agresseurs et la flore parasitaire ; (ii) d’enrichir le sol en éléments minéraux ; (iii) d’améliorer la capacité hydrique du sol. Au Cap Vert, 70 % de la ressource en eau mobilisée sont utilisés pour l’irrigation agricole. En 2017, 4,5 millions de m3 d’eau ont été consommés à l’échelle nationale pour l’irrigation traditionnelle et la micro-irrigation dans le secteur agricole. Sur les 3 913 ha irrigués, seulement 21% sont irrigués par micro-irrigation. De récents travaux montrent le potentiel du dessalement des eaux saumâtres par osmose inverse avec système solaire pour augmenter la quantité d’eau agricole disponible (capacité de 40m3 / jour) à des coûts compétitifs (cf. Osmosun© by Mascara)12 . La consommation en eau des cultures observées13 est de 7 à 9 L/m2 /jour , contre 2,5 à 4 L/m2 /jour14 en micro- irrigation. La mise en place de système « goutte à goutte» permet donc d’économiser en moyenne 82% d’eau comparativement à un système traditionnel. 0 10 20 30 40 50 60 70 0 20 40 60 80 100 J F M A M J J A S O N D Température (°C) Précipitations (mm) Santiago Sud Précipitations (mm) Température moyenne (°C) Fig.4 Diagramme ombrothermique, des stations de Santiago Sud et Santo Antão. Source : Climate-Data, 2019.
  • 18. 10
  • 19. CONCLUSION 11 11. Comme nous avons pu le voir préalablement, la mise en place de microprojets horticoles basés sur la promotion de technologies efficaces et efficientes semble avoir un impact significatif sur la mobilisation et gestion de la ressource en eau. De plus, le modèle promu a permis de renforcer le capital humain, financier, social, physique et environnemental des producteurs appuyés. Bien que le modèle semble être attractif et pertinent pour de futurs jeunes exploitants/entrepreneurs, un certain nombre d’améliorations organisationnelles, agronomiques et environnementales peuvent être apportées dans le but d’augmenter la résilience et la durabilité face aux changements climatiques à venir. 12. Capital humain et social Les connaissances et les compétences apportées par le projet ont été pertinentes et ont permis d’accompagner les bénéficiaires : (i) dans la transition écologique des systèmes traditionnels ; (ii) dans la mise en place de techniques innovantes permettant de diminuer significativement la consommation d’eau et d’augmenter leur rentabilité financière. En parallèle de la création directe d’une nouvelle activité génératrice de revenus (ici la production horticole), le microprojet agricole permet la création d’emplois indirects dans : (i) la construction des infrastructures hydroagricoles ; (ii) la gestion et la distribution de l’eau ; (iii) le conseil et le suivi des exploitations. Ainsi, ce type d’emplois à vocation des jeunes permet de dynamiser l’activité en ruralité et limiter l’exode rural des jeunes. Box 1. Point à approfondir : Un certain nombre de formations transversales et techniques ont été organisées en vue de renforcer les capacités des bénéficiaires. Or, il est apparu lors de l’étude que les exploitations manquaient de compétences et de connaissances en : (i) éducation et gestion financières ; (ii) marketing et commercialisation ; (iii) gestion entrepreneuriale. Actuellement, le type d’agriculture promu se rapproche des pratiques de l’agriculture biologique. Ces techniques ont permis aux bénéficiaires de diminuer leur consommation d’intrants, d’eau, et d’atteindre des niveaux de production suffisants. Ici, il serait intéressant de renforcer les capacités des producteurs à travers les CEP, de promouvoir et d’intensifier des pratiques agro écologiques adaptées au contexte Cap-verdiens15 . Point de vigilance : Il a été démontré lors de l’étude que le suivi des parcelles par un technicien dans certaines zones enclavées se faisait de manière quasi mensuelle. Ici, il serait nécessaire qu’un suivi plus régulier soit mis en place afin de permettre aux producteurs : (i) de mieux coordonner leurs productions ainsi que leurs ventes ; (ii) d’optimiser la quantité d’eau nécessaire en fonction de la culture et de son stade phénologique ; (iii) de faire davantage de prophylaxie sur les bio agresseurs rencontrés et ainsi diminuer les pertes. 13. Capital physique et financier Les bénéfices nets générés par le modèle ont permis aux bénéficiaires d’améliorer significativement leurs niveaux de vie et d’augmenter significativement leurs revenus nets d’exploitation. Afin d’améliorer leur capital productif, les producteurs ont investi dans le goutte-à- goutte pour augmenter l’efficience de leurs interventions au champ. Box 2. Point à approfondir : Lors de l’étude, il est apparu que les bénéficiaires ont des difficultés à écouler leurs productions et vendre à un prix rémunérateur. Cela s’explique notamment par le fait que au sein d’une même ACD ou d’un même périmètre irrigué, les producteurs n’ont pas de calendrier de cultures commun et concerté et vendent individuellement sur les marchés. Ainsi, l’offre sur les différentes spéculations est insuffisante pour répondre aux demandes de certains OM. Il serait intéressant ici de : (i) créer des points de collecte et de vente ; (ii) centraliser les productions et proposer des volumes plus importants aux opérateurs de marché ; (iii) maintenir un partage des bénéfices de vente au prorata du volume de produit par individu. Point de vigilance : La démarche de partenariat avec des OM permet de dynamiser fortement les filières régionales. Elle permet aux producteurs de garantir les ventes d’une partie de leurs productions, et donc de faciliter les perspectives d’extensions à moyen terme. Or, il est apparu que les Cap-Vert : Micro-projets horticoles 11 Finney D.M., White C.M., Kaye J.P. (2016). Biomass Production and Carbon/Nitrogen Ratio Influence Ecosystem Services from Cover Crop Mixtures. Agronomy Journal 108: 39-52. 12 Source : https://mascara-nt.fr/en/applications/ 13 Cultures prédominantes à savoir : Tomate, pomme de terre, patate douce, carotte, piment 14 Ici, la quantité d’eau nécessaire augmente entre la période « levé-floraison » et « floraison-maturité ». 15 (i) diversification et rotation culturale ; (ii) agroforesterie ; (iii) intégration d’agriculture-élevage ; (iv) gestion et conservation des sols et de l’eau ; (v) lutte biologique et mécanique ; (vi) semences paysannes. 16 Martin Thibaud, Parrot Laurent, Belmin Raphaël, Nordey Thibault, Basset-Mens Claudine, Biard Yannick, Deletre Emilie, Simon Serge, Le Bellec Fabrice. 2019. Des filets anti-insectes pour faciliter la transition agro-écologique en Afrique. In : La transition agro-écologique des a Armel, Simon Serge, Assogba Komlan Françoise, Adjaïto L., Martin Thibaud, Ngouajio Mathieu. 2016. Intensification de la culture de tomate sous abri couvert de filet anti-insectes en région chaude et humide du Sud-Bénin. Science et Technique - Revue Burkinabé de la Recherch
  • 20. producteurs sont centrés bien généralement sur le marché local et/ou un unique partenariat commercial avec un OM. Cette situation fragilise la capacité de résilience des exploitants en cas de choc. Il serait ici intéressant de diversifier les partenaires commerciaux, et se centrer sur des segments de commercialisation axés sur la qualité (label/certification bio.) ou de produits transformés, afin d’atteindre des marchés nationaux et internationaux de niche. 14. Capital environnemental Grâce au solaire, le système d’exhaure est plus durable comparativement à un système d’exhaure thermique. Les techniques promues à travers le projet semblent être plus résilientes et ont permis notamment de diminuer de plus de moitié l’utilisation des produits phytosanitaires et de diminuer significativement la consommation de la ressource en eau. Box 3. Point à approfondir : À la suite des entretiens avec les bénéficiaires il est apparu de manière récurrente que la pression des bio agresseurs restait l’un des principaux facteurs limitants de l’exploitation (pertes importantes et charges opérationnelles élevées). La littérature récente monte que la lutte physique notamment à travers la culture sous filet permet une réelle intensification écologique (cf. Martin et al., 2019 ; Mensah Armel et al., 2016)16 . Ainsi, en couvrant les cultures, le filet permet : (i) d’atténuer les excès climatiques (chaleur élevée) ; (ii) diminuer l’évapotranspiration relative ; (iii) diminuer l’utilisation d’insecticides ; (iv) augmenter la rentabilité économique des cultures. Enfin, l’association culturale avec des Plantes de Services (PdS) et le maintien d’un couvert végétal mort ou vivant pendant la culture permettrait : (i) d’améliorer significativement l’activité biologique du sol cultivé et ainsi d’accroître le potentiel hydrique du sol ; (ii) de diminuer le lessivage des éléments minéralisés au stade précoce de la décomposition, permettant ainsi de maintenir la composante azotée dans le sol. Cap-Vert : Micro-projets horticoles 12 agricultures du Sud. Côte François-Xavier (ed.), Poirier-Magona Emmanuelle (ed.), Perret Sylvain (ed.), Roudier Philippe(ed.), Rapidel Bruno (ed.), Thirion Marie-Cécile (ed.). Versailles : Ed. Quae, 104-124. (Agricultures et défis du monde) ISBN 978-2-7592-2824-9. / Mensah he. Série Sciences Naturelles et Agronomie (2), h.s. : 267-283.
  • 21. 0 1 Étude de cas n°1 Impact des petits périmètres maraichers irrigués avec pompage solaire. Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire Étude de cas n°1 0 Sommaire 2 I. Enjeux II. Historiques des activités III. Typologie des groupes cibles IV. Processus V. Analyse des initiatives VI. Conclusion Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire.
  • 22. 0 Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 3 I. ENJEUX 0 4 Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. Irrégularité des précipitations Augmentation de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire Activités en ruralité peu rémunératrice Diminution des rendements et augmentation des coûts de production Cap-vert key figures : Population : 537 231 hab. Population rural : 38% Superficie agricole national : 3 700 ha Précipitation : 230 mm/an SMIC : 130 USD/mois
  • 23. 0 Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 5 II. HISTORIQUE DES ACTIVITÉS 0 Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 6 2014et 2019 Programme de promotion des Opportunités Socio-Économiques Rurales (POSER) ! Précipitations irrégulières ! Diminution de la fertilité des sols ! Diminution du revenu d’exploitation ! Baisse de la main-d’oeuvre familiale ! Programmes Régionaux de Lutte contre la pauvreté Rurale (PRLP) climato-intelligents ! Microprojet économique et de projet structurant pérens et générateurs de revenus ! Aménagements pour valoriser l’eau agricole Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion Contexte et contraintes Activités du projet
  • 24. 0 7 III. Typologie des groupes cibles Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 0 Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 8 37% des bénéficiaires microporjets agricoles sont des femmes. Typologie des groupes cibles : ! Les individus ou ménages les plus vulnérables, c.-à-d. les ménages : (i) n’ayant pas d’accès à la terre et au crédit ; (ii) qui sont dans une situation de famille nombreuse ; (iii) qui ont des capacités de production limitées. ! Les femmes (jeunes filles et femmes) en particulier chefs de ménages ; ! Les jeunes ruraux sans emploi et sans possibilité d’avoir accès au crédit. Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion
  • 25. 0 Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 9 IV. Processus 0 Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 10 Processus de l’identification à la mise en valeur des microprojets : Animation au niveau des communes et présentation des critères d’éligibilité Dépot des demandes et analyse de la viabilité des microprojets Formations techniques/ transversales et lancement de la campagne Validation du financement et mise en place du FRC Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion 1 2 4 3
  • 26. 0 Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 11 V. Analyse des initiatives 0 Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 12 82%D’eau économisé par m2 grace à la micro-irrigation. En moyenne, les ventes ont augmentés de 40%en termes de productions agrégée et les prix de vente ont augmenté de 32,2 % Entre 2014 et 2019, les productions sur les spéculations horticoles ont augmentés de 74% induisant une augmentation de la part autoconsommé et une diminution de 55%des dépenses ménagères. Enjeux Historique Cibles et acteurs Processus Initiatives Conclusion
  • 27. 0 Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 13 ! 541 microprojets ont été financés et ont permis à 1 085 bénéficiares de mettre en exhaure en moyenne individuellement 1 123 m2 pour la production horticole. ! L’activité à permis aux ménages de multiplier en moyenne par 2,7 leur revenu brut annuel en 3 ans. ! Le revenu net de 200 094 CVE par an soit 28% de plus que le SMIC national. ! Le revenu net par m2 varie entre 65 CVE/m2 entre un système thermique avec irrigation tradionnelle contre 166 CVE/m2 pour un système solaire avec micro-irrigation. Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion 0 100 200 300 400 500 600 0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 Traditionnel Micro-irrigation Charges par m2 (CVE) Consommation d'eau annuel (m3) Consommation d'eau en m3 Charges liés à la consommation d'eau par m2 0 100 200 300 400 500 600 700 - 10.0 20.0 30.0 40.0 50.0 60.0 Revenu net par m 2 (CVE) Prix du m3 d'eau (CVE) 0 Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 14 Analyse comparative entre les différents systèmes : Consommation d'eau (L/jour/m2) Total des charges (CVE/m2) Revenu net (CVE/m2) Modèle 1 : Système de pompage thermique avec irrigation traditionnelle Entre 7 et 9 188 65 Modèle 2 : Système de pompage thermique avec micro-irrigation Entre 2,5 et 4 128 125 Modèle 3 : Système de pompage solaire avec irrigation traditionnelle Entre 6 et 8 120 133 Modèle 4 : Système de pompage solaire avec micro- irrigation Entre 2,5 et 4 87 166 Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion
  • 28. 0 Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 15 Témoignage du groupement de Combélane : Diminution de 67 % du coût de l’eau Augmentation de 30 % de la surafce agricole exploité Diminution de 76 % de l’utilisation des produits phytosanitaires Le revenu par individu a été multiplié par 2 Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion 0 Étude de cas 1 : Analyse de l’impact des microprojets horticoles avec micro-irrigation et système solaire. 17 ! Micro-irrigation soutenue par l’État depuis 1980 ! Système d’irrigation solaire économiquement plus compétitif et environnementalement plus durable ! Pratique de l’Agriculture biologique ! Création d’emplois direct et indirect pour les jeunes ! Appui de l’État pour le dessalement des eaux agricoles FORCES FAIBLESSES OPPORTUNITÉES MENACE ! Manque de conseil/suivi du fait de l’enclavement, induisant une augmentation des pertes et des coûts de production ! Manque de diversification des partenariats avec des OM ! Mises en place de systèmes associés en polyculture-élevage ! Application de pratique agroécologique ! Marché de niche national et international ! Culture sous couvert végétal et/ou cultures associées (légumineuses) ! Culture sous filet pour limiter la pression des principaux bioagresseurs dans la région de Santo Antão Enjeux Historique Typologie cibles Processus Initiatives Conclusion ! Prix pas assez rémunérateur dû au manque de SI et de plannification de production au seins des groupements ! Manque de nouveaux segments de marché hors des zones productives (valorisation bio. des produits de Santo Antão) ! Pratiques agricoles non optimisées dans les zones arides ! Lacunes en gestion comptable et financière de l’exploitation
  • 29. DIRECTEURS DE L'ÉTUDE : M. THIERRY Benoit - IFAD M. KABORÉ Jean Pascal - IFAD REMERCIEMENT : Mes remerciements vont tout d’abord à Monsieur Kaboré Jean Pascal pour m’avoir donné l’opportunité de réaliser cette étude, et m’avoir fait confiance tout au long de ma mission. Je remercie également toute l'équipe de l'UCP POSER pour leur bienveillance et leur appuie durant la réalisation de cette étude. CONTACT: M. ROUILLARD Arnaud Ingénieur en Agronomie et Développement Rural Consultant IFAD rouillard.consultant@gmail.com + 221 7.77.96.22.32 (SN) + 33 6.38.92.29.92 (FR) Please visit my website : https:/ /sites.google.com/view/rouillard-consultant CREDIT PHOTO© : ROUILLARD Arnaud
  • 30. West Africa Hub Afrique de l’Ouest Helene A. BA Analyste des opérations 2019 Étude de cas Gambie N°2 LE SECTEUR DU RIZ EN GAMBIE West Africa Hub Afrique de l’Ouest
  • 31. TABLE DES MATIÈRES A La situation : Consommation élevée de riz par habitant 1 B Évolution de la production, de la superficie et du rendement au cours de la période 1966-2007 4 C La réponse des gouvernements à la crise alimentaire 6 D Défis pour les 25 prochaines années 9
  • 32. Résumé exécutif La Gambie a l'une des plus fortes consommations de riz par habitant parmi les pays sahéliens. Dans les zones rurales gambiennes, le riz fournit environ 75 pour cent de l'apport calorique total et environ 45 pour cent de l'apport en protéines. L'offre de matières grasses était d'environ 0,55 g/habitant/jour en 1998 et 1,32 en 2008 (FAO, 2019). En 2013, la consommation annuelle par habitant était de 61,84 kg, soit l'une des plus fortes consommations de riz par habitant des pays sahéliens, et 8% au-dessus de la moyenne mondiale de 56,9 kg. En conséquence, le riz représente une part plus importante de l'apport alimentaire total que toute autre céréale en Gambie. L'exigence nationale de riz par an est inférieure à la demande nationale. Le besoin national en riz par an était d'environ 158 000 tonnes pour une population de 1,6 million de personnes en 2010 et de 215 000 tonnes pour une population de 1,8 million de personnes en 2013. Toutefois, la production nationale ne peut répondre qu'à environ 17 % des besoins nationaux. Le pays n'est donc pas autosuffisant en production rizicole et importe annuellement le déficit estimé en moyenne à 66 000 tonnes par an pour satisfaire la demande intérieure. Malgré les ressources naturelles dont dispose la Gambie, la production et la productivité du riz sont faibles, avec une seule saison de plantation par an dans tous les systèmes de production rizicole. La situation est aggravée par le manque d'infrastructures, la baisse des revenus des agriculteurs, le chômage des jeunes et l'engagement limité du secteur privé dans la chaîne de valeur locale du riz. Toutefois, compte tenu de la croissance démographique et de la forte volatilité des marchés internationaux, la production intérieure devra augmenter considérablement pour assurer la sécurité alimentaire nationale. Bien que les contraintes de change limitent également la capacité du pays à importer du riz, le Gouvernement gambien s'est donc engagé, par le biais d'une série d'initiatives, à soutenir et promouvoir la production nationale de riz sur une base durable pour atteindre à terme l'autosuffisance en riz. En réponse à la crise, le Gouvernement gambien a lancé une série de programmes d'autosuffisance qui comprennent, entre autres, la Gambie Agricultural and Natural Resources Policy (GARNP), le Document de stratégie nationale de réduction de la pauvreté 2007 - 2011 (DSRP II) et le Programme pour la croissance accélérée et l'emploi (PAGE, 2011 - 2015). Malgré ces programmes, le pays dépend encore fortement des marchés internationaux pour satisfaire la demande nationale. L'amélioration de la production et des rendements nécessite de s'attaquer aux principales contraintes qui ont été identifiées pour une production rizicole durable en Gambie.
  • 33. PRÉSENTATION A. La situation : Consommation élevée de riz par habitant : 1. Le riz est l'aliment de base en Gambie et la culture la plus importante de l'économie alimentaire. On estime que 66 % des revenus des ménages sont consacrés à l'alimentation et environ 31 % aux céréales, dont environ 83,2 % au riz (FAO, 2014). Il est traditionnellement cultivé, comme culture de subsistance et pour la commercialisation à petite échelle, sur les hautes terres et les marais. 2. Dans les zones rurales, le riz fournit environ 75 pour cent de l'apport calorique total et environ 45 pour cent de l'apport en protéines. L'offre de matières grasses était d'environ 0,55 g/ habitant/jour en 1998 et est passée à 1,32 en 2008 (FAO, 2019). En 2013, la consommation annuelle par habitant était de 61,84 kg, soit l'une des plus fortes consommations de riz par habitant des pays sahéliens, et 8 % supérieure à la moyenne mondiale de 56,9 kg. En conséquence, le riz représente une part plus importante de l'apport alimentaire total que toute autre céréale en Gambie. 3. Le besoin national en riz par an était d'environ 158 000 tonnes pour une population de 1,6 million de personnes en 2010 et de 215 000 tonnes pour une population croissante de 1,8 million de personnes en 2013. Les riziculteurs gambiens, cependant, ne sont en mesure de satisfaire qu'environ 17 % des besoins nationaux. Ce déficit de la production nationale de riz est principalement dû à la mise en œuvre de réformes économiques au milieu des années 80, qui ont supprimé les subventions des riziculteurs et encouragé les importations de riz bon marché en provenance des pays asiatiques pour satisfaire la demande nationale. En conséquence, la production nationale de riz a été marginalisée et les importations de riz ont augmenté. Le pays, qui n'est donc pas autosuffisant en production rizicole, importe annuellement le déficit estimé en moyenne à 66 000 tonnes par an pour satisfaire la demande intérieure. 4. En outre, comme dans de nombreux pays côtiers, les consommateurs de riz urbain en Gambie ont développé une préférence pour le riz brisé importé poli par rapport au riz local (voir Demont et al., 2013). En conséquence, les préférences des citadins encouragent l'importation de brisures de riz, moins chères que le riz à grains entiers sur le marché international. Pour la période 2000-2013, les importations nettes de riz se sont élevées en moyenne à 178 138 tonnes par an, ce qui correspond à des factures d'importation annualisées de plus de 50 millions 1 Gambie : Le secteur du riz en Gambie
  • 34. 2 Imports (thousand tons) 2015 1159.325 2016 973.745 850 900 950 1000 1050 1100 1150 1200 Figure 1 : Rice Import Quantity in The Gambia during the period 1998-2016. Source : USD. En 2016 - 2017, la facture des importations a été évaluée à 74 millions de dollars US. L'importation de riz exerce une forte pression sur les réserves de change du pays, qui proviennent principalement du tourisme et des envois de fonds des émigrés.
  • 35. 3
  • 36. 4 5. Malgré le fait que la Gambie soit dotée de ressources naturelles telles que la terre, les ressources en eau souterraine et de surface, et d'écologies appropriées pour la production de riz, la production et la productivité du riz sont faibles. Le pays n'enregistre qu'une seule campagne de semis par an dans tous les systèmes de production de riz. La situation est aggravée par le manque d'infrastructures, la baisse des revenus des agriculteurs, le chômage des jeunes et l'engagement limité du secteur privé dans la chaîne de valeur locale du riz. 6. Toutefois, compte tenu de la croissance démographique et des fortes fluctuations des marchés internationaux, la production nationale devra augmenter considérablement pour assurer la sécurité alimentaire nationale. Alors que les contraintes de change limitent la capacité du pays à importer du riz, le Gouvernement gambien s'est donc engagé, à travers une série d'initiatives, à soutenir et promouvoir la production nationale de riz sur une base durable pour parvenir à l'autosuffisance en riz. B. Évolution de la production, de la superficie et du rendement au cours de la période 1966-2007: 7. En Gambie, le riz est principalement produit dans les parties centrale et occidentale des pays (Figure 2). La plupart des cultures de riz sont plantées dans des marécages inondés de façon saisonnière, alimentés par la pluie, irrigués dans les basses terres et dans des écologies de hautes terres. Traditionnellement, les femmes pratiquent la riziculture pendant la saison humide. Leur ferme est petite, variant principalement de 0,5 à 0,75 ha, avec une moyenne d'environ 1 ha. Avant la crise alimentaire, en 2005, la production de riz était consacrée à moins d'un tiers des terres arables de la Gambie (le riz était produit sur 17.87 mille ha pour 325 mille ha de terres arables). La majeure partie des terres arables est consacrée au mil (123 000 ha en 2004), à l'arachide (116 000 ha), au sorgho et au maïs (15 000-26 000 ha chacun en 2005). Le système de culture du riz est la monoculture en Gambie. Cependant, on estime qu'avec un bon contrôle et une bonne gestion de l'eau, la mécanisation des champs et l'utilisation de variétés appropriées à haut rendement, deux cultures de riz sont possibles par an. Comme la majorité de la population rurale vit de l'agriculture, et compte tenu du potentiel élevé du secteur rizicole et de son implication dans l'insécurité alimentaire, le gouvernement gambien s'est engagé dans une politique d'exploitation du potentiel de développement du riz pour transformer l'économie en un pays autosuffisant en riz et orienté vers les exportations. 6. Les efforts ont commencé dès les années 60. Entre 1966 et 1974, le gouvernement a poursuivi une politique d'autosuffisance en riz à travers la mise en œuvre de deux projets. Tout d'abord, un accord d'assistance technique entre Taïwan et la Zambie a été conclu en 1966 dans le but de mettre au point des programmes communautaires de développement du riz irrigué à petite pompe sur les abondants marais alluviaux du fleuve Gambie. L'objectif était, avec l'introduction de nouvelles variétés de riz issues de la Révolution verte asiatique, de moderniser la production avec une infrastructure d'irrigation adéquate pour avoir deux cycles de production annuels au lieu d'une seule campagne rizicole. L'objectif du système de double culture était d'accroître la sécurité alimentaire en milieu rural et de satisfaire les consommateurs urbains avec les excédents générés. Ces projets communautaires ont été suivis par des projets d'irrigation à petite échelle similaires financés par des institutions de prêt et des bailleurs de fonds (comme un projet appuyé par la Banque internationale pour la reconstruction et le développement - Agence internationale de développement (BIRD-IDA) en 1973 pour étendre l'expérience des premiers, la Banque mondiale (1973-1976), la Chine (1975-1979) et le Fonds international de développement agricole en 1984). 4 L’irrigation goutte à goutte est un système à très faible débit (1 à 4 l/h) permettant un pilotage précis des approvisionnements d’eau grâce à un arrosage juste au niveau des racines, réduisant ainsi les pertes par infiltration ou évaporation. 5 Le cout minimum comprend : (i) le forage d’un puit à 35 m de profondeur ; (ii) 5 bassin de rétention d’eau d’une capacité de 6m3 chacun ; (iii) une clôture sur 1 ha ; (iv) la tuyauterie et les accessoire de raccordement. Le cout maximum comprend en plus : (i) un château d’eau d’une capacité de 8m2 ; (ii) un kit de goutte à goutte pour 1 ha. Figure 2 : Rice production areas in the Gambia. Source : Ricepedia, 2019. Gambie : Le secteur du riz en Gambie
  • 37. 5 7. Dans le cadre de ces projets, les agriculteurs avaient accès à des variétés de semences à haut rendement, à des produits chimiques (engrais et pesticides) et à de l'eau irriguée. La production de riz gambien est passée de 20 400 tonnes en 1966 à 32 000 tonnes en 1971. Toutefois, elle n'était pas soutenable, car les rendements sont passés de 1,22 en 1975 à aussi peu que 0,77 en 1979. Il a été signalé que cet échec s'explique notamment par l'ignorance des normes socioculturelles, les femmes qui pratiquent traditionnellement la riziculture pendant la saison humide devant également cultiver du riz pendant la deuxième campagne agricole. Cela a conduit à des conflits entre les sexes qui ont empêché les projets d'irrigation d'atteindre les objectifs de productivité. De plus, le processus de modernisation ne couvrait pas l'ensemble de la chaîne de valeur car les activités post-récolte et les usines souffraient d'un manque d'investissements. Les usines existantes étaient situées loin des zones de production, ce qui entraîne des coûts de transaction considérables. L'accès au marché était également une contrainte sérieuse car l'accès au marché côtier urbain exigeait des coûts de transaction élevés. 8. Plus tard, les graves sécheresses sahéliennes des années 80 ont eu un impact significatif sur les basses terres, provoquant la salinisation de l'écologie du riz de bas-fond et des mauvaises récoltes. Il en a résulté une baisse drastique de la production locale de riz, ce qui a entraîné une forte demande de riz importé. Le rendement du paddy a chuté à aussi peu que 1,24 en 1982 et 1,28 en 1987. 9. Entre 1985 et 2005, le gouvernement a commandé cinq importants projets de développement rizicole dans le cadre de son programme de relance économique qui visait à stabiliser le pays. Des investissements massifs d'un montant total de 44,369 millions de dollars ont été réalisés. Ces investissements visaient en 2001-2002 l'introduction de variétés de semences à haut rendement telles que le NERICA (Nouveau riz pour l'Afrique) et l'expansion des surfaces cultivées en riz. Ensuite, en janvier 2006, le gouvernement a lancé un programme élargi de promotion du riz basé sur la promotion de la variété de semences NERICA. La phase initiale du programme comprenait les principales zones de production de riz à travers le pays, en mettant l'accent sur les associations coopératives de producteurs. L'objectif était d'atteindre les besoins en semences de NERICA avec un surplus pour la consommation et/ou l'exportation, dans les trois ans. 10. En conséquence, la superficie totale de riz cultivée en Gambie a été en moyenne de 13 000 ha entre 1999 et 2003 (figure 4). Entre 2001 et 2006, il est passé de 14 000 ha en 2001 à 18 347 ha en 2006. Toutefois, la production correspondante de riz a diminué de 45 % entre 2004 et 2005, passant de 32 600 tonnes en 2004 à 17 934 tonnes en 2005 (FAO, 2019). Ensuite, la production intérieure de riz blanchi a légèrement augmenté pour atteindre 31 024 tonnes en 2006 (figure 3). Par rapport à des besoins annuels estimés à 158 000 tonnes en 2010 et 215 000 tonnes en 2013, le pays a été gravement déficitaire en riz. 0.00 100000.00 200000.00 300000.00 400000.00 500000.00 600000.00 1 9 9 8 1 9 9 9 2 0 0 0 2 0 0 1 2 0 0 2 2 0 0 3 2 0 0 4 2 0 0 5 2 0 0 6 2 0 0 7 2 0 0 8 2 0 0 9 2 0 1 0 2 0 1 1 2 0 1 2 2 0 1 3 2 0 1 4 2 0 1 5 Production (tons) Import Quantity (tons) Consumption (tons) Figure 3: Production, importation et consommation de riz en Gambie pendant la période 1998-2017. Source : 11. De plus, les rendements étaient encore très faibles et l'augmentation des superficies rizicoles n'a pas eu d'impact sur le ratio d'autosuffisance en riz (Figure 4). A titre d'exemple, le rendement moyen du riz entre 1999 et 2003 est resté à 2,1 t/ ha (FAO, 2019). Comme la superficie totale de riz cultivée en Gambie était en moyenne de 14 000 ha en 2001, pour une production de 32 600 tonnes en moyenne, le rendement correspondant était de 2,32 tonnes/ha avant la crise (figure 4). Gambie : Le secteur du riz en Gambie
  • 38. 6 12. En raison de la baisse de la production et de la faible productivité, les importations de riz blanchi ont augmenté de 54 %, passant de 33 680 tonnes en 1981 à 111 208 tonnes en 2005 (FAO, 2019). En 2007, un total de 114 155 tonnes d'une valeur de 28,5 millions de dollars a été importé (figure 3). 13. Les contraintes techniques et physiques telles que l'agriculture pluviale, la culture manuelle, le taux inadéquat d'engrais, la mauvaise tenue des plantes, la mauvaise gestion des sols et de l'eau, ont conduit à de faibles rendements. De plus, comme la plupart des variétés NERICA étaient des variétés pluviales, la production de riz a été sévèrement affectée par la sécheresse. En outre, l'absence d'une structure d'incitation appropriée, de subventions agricoles, d'accès aux technologies et aux capacités de production a également limité la production. Enfin, les femmes rizicultrices auraient enregistré des coûts de transaction élevés dans les infrastructures de transformation et de commercialisation. 14. La crise alimentaire mondiale de 2008 frappe durement la Gambie comme de nombreux pays africains. Avec l'augmentation des prix internationaux du riz sur les marchés mondiaux et le bas niveau des stocks d'exportation, le prix du riz a doublé en Gambie. 15. La Gambie a eu du mal à maintenir sa capacité à compter sur les marchés d'exportation pour satisfaire la demande nationale. Avec un revenu par habitant de 1 dollar par jour pour 61 % de la population en 2006, le prix du riz est devenu inabordable pour les consommateurs. Pour illustrer, en juillet 2007, le coût d'un sac de 50 kg de riz importé a plus que doublé, passant de 220 à 575 dalasis (20 dollars). En conséquence, l'insécurité alimentaire est passée de 5 à 8 %, ce qui a conduit à une situation d'urgence en matière de sécurité alimentaire dans le pays. 16. Dans ces conditions, une série d'initiatives ont été prises par le gouvernement pour renouveler ses efforts en vue de relancer la production de riz et d'atteindre l'autosuffisance en riz. C. La réponse des gouvernements à la crise alimentaire : 17. Mesures à court terme : A court terme, le gouvernement est intervenu pour stabiliser le coût du riz à travers le Programme de politique agricole et des ressources naturelles de la Gambie (GARNP) qui couvre la période 2006- 2015. Le programme GARNP avait pour objectif à court terme d'augmenter les investissements du service public dans l'agriculture d'au moins 10 % du budget national pour soutenir les riziculteurs et accroître la production de riz. Les principaux domaines d'action de la politique à court terme sont la diffusion de l'information, la gestion des ressources (eau, sol et terre) et la restructuration des associations d'agriculteurs. Les objectifs étaient d'augmenter l'offre intérieure de riz d'un quart par rapport aux niveaux actuels de production. 18. Mesures à long terme : Un an avant la crise alimentaire de 2008, le gouvernement gambien a lancé son Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté 2007- 2011 (DSRP II), dont l'objectif était de faire du secteur agricole le premier secteur d'investissement et d'identifier le riz comme la principale culture de sécurité alimentaire. Le DSRP II recommandait de concentrer les investissements futurs sur la riziculture irriguée. Plus spécifiquement, les interventions proposées dans le secteur rizicole comprenaient le renforcement des services de vulgarisation agricole, l'accès aux intrants 0.00 10000.00 20000.00 30000.00 40000.00 50000.00 60000.00 70000.00 80000.00 90000.00 100000.00 1 9 9 8 1 9 9 9 2 0 0 0 2 0 0 1 2 0 0 2 2 0 0 3 2 0 0 4 2 0 0 5 2 0 0 6 2 0 0 7 2 0 0 8 2 0 0 9 2 0 1 0 2 0 1 1 2 0 1 2 2 0 1 3 2 0 1 4 2 0 1 5 2 0 1 6 2 0 1 7 Area harvested(ha) Yield (hg/ha) Figure 4: Superficie récoltée et rendement en riz en Gambie 1998-2017. Source : . Gambie : Le secteur du riz en Gambie
  • 39. 9 (semences, engrais et pesticides), les bonnes pratiques agricoles, en particulier la conservation des sols et des eaux. Suite au DSRP II, le gouvernement a élaboré le Programme pour la croissance accélérée et l'emploi (PAGE, 2011-2015) qui définit des actions stratégiques pour relever les défis institutionnels, structurels et d'intrants agricoles pour atteindre la sécurité alimentaire et devenir autosuffisant alimentaire avec un accent particulier sur le secteur riz. Parallèlement, le gouvernement gambien a prononcé en mai 2006 une Vision 2020 d'autosuffisance. Dans le secteur agricole, la Vision 2020 vise à accroître la production des ressources agricoles et naturelles des produits nationaux et d'exportation afin d'assurer la sécurité alimentaire et de générer des recettes en devises pour financer d'autres aspects du processus de développement, tout en générant des revenus pour la majorité de la population rurale. Cependant, les données révèlent qu'en 2015, la production intérieure de riz était encore nettement inférieure aux besoins annuels en riz blanchi. Jusqu'à présent, un an avant la fin de la Vision 2020, le pays souffre encore d'insécurité alimentaire et d'un niveau record de sécheresse. A titre d'exemple, en janvier 2012, le gouvernement gambien a déclaré l'échec de la campagne agricole 2011-2012 et a élaboré un plan de 23 millions de dollars avec une liste d'actions pour préparer les agriculteurs à la campagne agricole 2012-2013. Malgré ce plan, le pays est toujours aux prises avec un secteur rizicole faible. Dans ce contexte, le gouvernement gambien a élaboré une stratégie nationale de développement du riz (SNDR) pour 2015 à 2024, dans le cadre de la coalition pour le développement du riz en Afrique (CARD). Trois ans plus tard, le gouvernement gambien a élaboré une stratégie de renforcement du secteur agricole à l'appui du Plan national de développement (2018-2021), le riz étant l'une des trois chaînes de valeur phares du Plan national de développement. La SNDR vise une production de 322 600 tonnes de riz blanc d'ici 2024. L'objectif des SNDR, comme les programmes précédents, est la création d'une industrie rizicole compétitive qui permettra d'améliorer la sécurité alimentaire et de réduire la pauvreté. D. Défis pour les 25 prochaines années : 19. Les projections de la demande nationale de riz en 2024 en Gambie ont révélé que, sur la base d'un taux de croissance démographique provisoire estimé à 2 % en 2024 et d'une consommation de riz par habitant de 117 kg par an, la demande de riz usiné devrait atteindre 273 800 tonnes. 20. Alors qu'à l'heure actuelle, on estime que 40 % des superficies totales propices à la production de riz sont utilisées et que seulement 55 377 tonnes de riz sont produites, il est encore possible d'accroître le potentiel d'irrigation de la culture du fleuve Gambie pour accroître la production intérieure globale. Les écologies de bas-fond ont un plus grand potentiel de production de riz que la riziculture de plateau ; par conséquent, les efforts d'investissement futurs devraient se concentrer sur l'expansion de la riziculture de plateau et l'augmentation des rendements. 21. Pour relever ces défis, il faut, comme condition préalable, surmonter plusieurs contraintes qui ont été identifiées pour une production rizicole durable en Gambie. Voici les majors : Premièrement, il existe de nombreux programmes d'autosuffisance rizicole qui se chevauchent en Gambie. Cela peut suggérer un manque de politiques rizicoles fortes et bien définies. Le mieux serait d'apprendre des programmes précédents avant d'en lancer de nouveaux et d'avoir un objectif spécifique plutôt que des programmes trop larges. Deuxièmement, les programmes devraient se concentrer sur l'amélioration des rendements rizicoles plutôt que sur l'augmentation des superficies rizicoles. Par conséquent, il convient Gambie : Le secteur du riz en Gambie
  • 40. 10 de promouvoir des intrants agricoles de meilleure qualité, en temps opportun et de meilleure qualité, afin de surmonter les contraintes liées aux intrants. Cela implique un approvisionnement adéquat et régulier en semences certifiées à haut rendement, en engrais, en pesticides et en crédit, ainsi qu'une utilisation efficace de ces intrants. En outre, les efforts devraient également porter sur la gestion de l'approvisionnement en eau pour permettre à la Gambie de faire face à la sécheresse dans les zones de montagne et à la sécheresse et aux inondations soudaines dans les plaines pluviales (ou marécages intérieurs) et les zones humides à marée (ou mangroves) en raison des conditions météorologiques irrégulières. En 2018, la Gambie a souffert d'une nouvelle sécheresse qui a conduit à une situation d'urgence en matière de sécurité alimentaire. En outre, les agriculteurs ont besoin d'aide pour améliorer la qualité du paddy produit et pour transformer et commercialiser les produits. Cela nécessite l'utilisation d'une technologie moderne, appropriée et mécanisée, en particulier pour les opérations post-récolte. Les agriculteurs doivent être mieux organisés en organisations et coopératives agricoles efficaces. Le cadre institutionnel devrait également fournir aux agriculteurs des infrastructures et des systèmes de commercialisation adéquats. Des efforts devraient être investis dans la recherche et le soutien à la vulgarisation. Enfin et surtout, il existe d'autres contraintes liées à l'agronomie, dont le régime foncier.
  • 41. Le secteur du riz en Gambie Présenté par Helene A. BA Portfolio Analyst, IFAD Introduction (1/2) La Gambie est l'un des pays sahéliens où la consommation de riz par habitant est la plus élevée : 66% du revenu des ménages est consacré à l'alimentation et environ 31 % des dépenses alimentaires sont consacrées aux céréales, dont environ 1,5 million d'euros à l'alimentation 83.2% est du riz (FAO, 2014). Dans les zones rurales, le riz fournit environ 75% de l'apport calorique total et à peu près 45 pourcentage de l'apport en protéines. L'approvisionnement en matières grasses était de l'ordre de 0.55 g/personne/jour en 1998 et passe à 1,32 en 2008 (FAO, 2019). En 2013, la consommation annuelle par habitant était de 61,84 kg, l'une des plus fortes consommations de riz par habitant des pays sahéliens, et 8 % au-dessus de la moyenne mondiale de 56,9 kg.
  • 42. üL'exigence nationale de mille-riz par an était d'environ 158 000 tonnes pour une population de 1,6 million d'habitants dans le monde en 2010 et 215 000 tonnes pour une population de 1,8 million d'habitants en 2013. üLa production nationale ne peut toutefois fournir qu'environ 17% de l'exigence nationale. Introduction (2/2) Le choc de 2008 Forte hausse des prix du riz Pas de pénurie : le niveau des stocks mondiaux a augmenté et les prix ont augmenté de 300%.
  • 43. Réponse des gouvernements à la crise alimentaire Les principaux domaines d'action de la politique à court terme sont les suivants : • Sensibilisation à l'information, • la stabilisation du coût du riz par le biais du Programme de politique agricole et des ressources naturelles de la Gambie (GARNP) • gestion des ressources (eau, sol et terre), restructuration des associations d'agriculteurs • Long terme, le Gouvernement gambien a lancé une série de programmes d'autosuffisance : üla politique agricole et des ressources naturelles de la Gambie (GARNP), üle gouvernement gambien a lancé son document de stratégie nationale de réduction de la pauvreté 2007- 2011 (DSRP II), üle Programme pour la croissance accélérée et l'emploi (PAGE, 2011 - 2015) üune Vision 2020 d'autosuffisance Réponse des gouvernements à la crise alimentaire
  • 44. Les engagements du gouvernement sont-ils payants ? Production, importation et consommation de riz en Gambie pendant la période 1998-2017 0.00 100000.00 200000.00 300000.00 400000.00 500000.00 600000.00 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Production (tons) Import Quantity (tons) Consumption (tons)
  • 45. Superficie récoltée et rendement en riz en Gambie 1998-2017 0.00 10000.00 20000.00 30000.00 40000.00 50000.00 60000.00 70000.00 80000.00 90000.00 100000.00 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Area harvested (ha) Yield (hg/ha) Défis pour les 25 prochaines années • Les projections de la demande nationale de riz en 2024 en Gambie ont révélé que, sur la base d'un taux de croissance démographique provisoire estimé à 2 % en 2024 et d'une consommation de riz par habitant de 117 kg par an, la demande de riz usiné devrait atteindre 273 800 tonnes. • Actuellement, on estime que 40 % des superficies totales aptes à la production de riz sont utilisées et que seules 55 377 tonnes de riz sont produites. • Possibilités d'expansion supplémentaires en utilisant le potentiel d'irrigation de la culture du fleuve Gambie pour augmenter la production intérieure globale..
  • 46.
  • 47. Camila Caicedo Consultante 2019 Étude de cas Guinée-Bissau N°3 RÉHABILITATION DE LA PRODUCTION TRADITIONNELLE DE RIZ DE MANGROVE EN GUINÉE-BISSAU West Africa Hub Afrique de l’Ouest
  • 48. TABLE DES MATIÈRES A Historique du projet et des activités 1 B Groupes cibles et typologie des bénéficiaires 4 C Processus de mise en œuvre 4 D Analyse des initiatives 5 E Conclusion 11
  • 49. Atteindre l'autosuffisance en matière de production rizicole et accroître sa consommation intérieure sont des priorités stratégiques du gouvernement national de Guinée-Bissau depuis 2015. Le Projet de développement économique pour les régions du Sud, financé par le FIDA, vise à stimuler la productivité agricole, assurer la sécurité alimentaire et diversifier les revenus dans les régions de Tombali, Quinara et Bolama-Bijagos. Une caractéristique clé de PADES a été la réhabilitation de la culture traditionnelle du riz de mangrove, qui représente 80% de la production nationale avec une productivité brute estimée à 115.000 tonnes de paddy. Problème de développement Dans les communautés côtières adjacentes de Caboxanque et Bedanda, la production traditionnelle de riz de mangrove a subi des pertes importantes. La gestion de l'eau dans les rizières a été compromise par les rejets de troncs de palmiers sujets à la pourriture après chaque saison. L'augmentation des marées océaniques a souvent conduit à l'intrusion d'eau salée dans les rizières qui avaient déjà subi un long processus de désalinisation, et les communautés locales n'avaient aucun mécanisme officiel pour mobiliser la main-d'œuvre nécessaire à la réparation des digues dégradées. En outre, l'accès au marché a été limité par la détérioration de l'état de la route rurale. Interventions PADES a soutenu la création de comités communautaires chargés de gérer des aspects spécifiques des interventions du projet. Les investissements structurels stratégiques comprenaient : la réhabilitation manuelle de longs tronçons de digues dégradées, la modernisation des déversoirs automatiques d'eau des troncs de palmiers aux tubes en PVC et la réhabilitation d'un tronçon de 11,7 km de route rurale à Caboxanque pour accroître la capacité des producteurs à mettre durablement leur riz sur le marché. Les limites à la productivité ont également été abordées par la fourniture de semences de haute qualité à 10 bénéficiaires choisis pour devenir des multiplicateurs de semences. Ils ont participé à une formation de 7 jours organisée par l'Institut National de Recherche Agricole (INPA), le seul organisme de recherche agricole du pays. Conclusion Alors qu'au niveau des projets, il a été difficile d'obtenir une estimation précise de l'évolution de la productivité, certains bénéficiaires ont déclaré des rendements allant jusqu'à 16 tonnes sur les champs qui leur ont été alloués. Généralement une entreprise à prédominance masculine, la création de comités de gestion dynamiques a également assuré et favorisé l'inclusion des femmes et des jeunes dans l'activité économique la plus importante de la région. Tirer parti de ces succès et continuer à soutenir la capacité des comités locaux est une priorité pour les saisons à venir alors que la région continue de contribuer substantiellement à l'objectif national d'atteindre l'autosuffisance dans la production rizicole. Résumé exécutif
  • 50. PRÉSENTATION A. PADES - Contexte du projet : 1. En Guinée-Bissau, le FIDA a longtemps été un pionnier de la transformation rurale, opérant en période d'instabilité politique et de paix relative. L'agriculture est un pilier de l'économie nationale, mais elle a lutté pour se moderniser et se diversifier malgré son énorme potentiel. 2. Depuis 2015, l'une des priorités stratégiques du gouvernement national a été d'atteindre l'autosuffisance en matière de production de riz tout en augmentant sa consommation intérieure. L'élimination des contraintes actuelles et des insuffisances structurelles dans le secteur est essentielle pour optimiser les chaînes de valeur, réduire la pauvreté rurale et combattre l'insécurité alimentaire. 3. Les régions méridionales de Tombali et de Quinara ont précédemment bénéficié du projet de réhabilitation rurale et de développement communautaire (PRRDC), qui a pris fin en 2013. Tout en tirant les enseignements de l'expérience, le Projet de développement économique pour les régions du Sud (PADES) a amené le FIDA à concentrer son action dans le pays sur les investissements dans les infrastructures essentielles et la promotion de la culture du riz. Le projet, qui s'échelonnera de 2015 à 2021, s'articule autour des trois volets suivants : Composante 1 : Appui à la production rizicole, à la productivité et aux activités complémentaires Composante 2 : Appui à la valeur ajoutée à la production et à l'amélioration de l'accès au marché Composante 3 : Coordination et gestion du projet 4. Une caractéristique clé de PADES a été la réhabilitation de la culture traditionnelle du riz de mangrove, qui représente 80% de la production nationale avec une productivité brute estimée à 115.000 tonnes de paddy. 5. La présente étude de cas réalisée en août 2019 examine l'impact des activités et des investissements du projet dans les communautés rurales voisines de Bedanda et Caboxanque dans la région méridionale de Tombali. Il s'appuie sur les données disponibles et les différents points de vue des parties prenantes au projet, y compris les bénéficiaires, le personnel du pays et les ONG locales. 1 Guinée-Bissau : La réhabilitation de la production traditionnelle de riz de mangrove
  • 51. 2 Figure 1 : Carte des régions d'intervention de PADES. Source : IFAD, 2019
  • 52. 3
  • 53. 4 Figure 2 : Modèle de comité. Source : Caicedo, 2019. B. Contexte communautaire : 6. La culture du riz dans les mangroves diffère considérablement de celle qui est pratiquée dans les hautes terres et les basses terres. La tâche ardue de défricher les mangroves et de construire de grandes digues pour empêcher l'intrusion d'eau salée doit être entreprise à la main, à l'aide de charrues en bois à long manche. Ici, la boue épaisse et l'eau saumâtre rendent la machinerie lourde obsolète. Cependant, la productivité est considérablement plus élevée qu'ailleurs, avec des rendements typiquement compris entre 1 500 et 3 500 kg de paddy par hectare. 7. Dans les communautés côtières de Caboxanque et de Bedanda, où la production de riz de mangrove est pratiquée depuis des générations, de vastes étendues de rizières dans les mangroves défrichées avaient été abandonnées. L'augmentation des marées océaniques menaçait constamment l'intégrité structurelle des anciennes digues dégradées. Des années de crises récurrentes ont contribué à l'effondrement de la cohésion communautaire et à l'exode de la jeunesse rurale vers la capitale. De nombreuses unités familiales n'ont donc pas pu mobiliser la main-d'œuvre nécessaire à l'entretien de leur partie des digues, ce qui a eu des répercussions sur toutes les parcelles environnantes. 8. De plus, les niveaux d'eau étaient traditionnellement gérés à l'aide d'éjecteurs automatiques fabriqués à partir de longs troncs de palmiers creusés à la main. Celles-ci avaient tendance à pourrir rapidement et devaient être changées après chaque saison. Avec le temps, les rizières sont devenues de moins en moins productives et les sols qui avaient subi un long processus de désalinisation ont été gravement compromis. C. L'intervention: 7. Mobilisation de la communauté : La première étape du processus de mise en œuvre du projet a consisté à mobiliser les principales parties prenantes et à assurer l'adhésion de la communauté avec l'aide des partenaires locaux. A cette fin, PADES a soutenu la création de divers comités chargés de gérer des aspects spécifiques de l'intervention du projet. Basés sur une mise à l'échelle du modèle CDIT utilisé dans un projet précédent, ces comités sont organisés au niveau local et dirigés par des bénéficiaires du projet choisis par la communauté dans son ensemble pour représenter leurs intérêts. 8. Compte tenu de la forte demande de main-d'œuvre pour la réhabilitation des digues, les comités de gestion de Bolanha ont joué un rôle particulièrement crucial à Bedanda et Caboxanque. Ils ont veillé à ce que tous les membres de la collectivité s'approprient les activités de construction et contribuent leurs ressources individuelles tout au long du calendrier de mise en œuvre. Une série de formations ont été organisées sur la façon d'organiser et de mobiliser l'association, d'élaborer des documents officiels et d'assurer la durabilité des contributions individuelles. Tableau 1 : Formations de mobilisation Communauté Formations Hommes Femmes Jeunes Bedanda 10 32 23 10 Caboxanque 7 35 19 13 Total 17 67 42 23 Guinée-Bissau : La réhabilitation de la production traditionnelle de riz de mangrove
  • 54. 5 8. Investissements structurels : S'appuyant sur les connaissances des bénéficiaires des projets, PADES a apporté une réponse adaptée aux problèmes de gestion de l'eau existants par le biais d'investissements structurels ciblés qui ont été mis en œuvre et directement gérés par les comités établis. Comme indiqué dans le tableau ci-dessous, ces investissements comprenaient : la réhabilitation des digues dégradées, l'amélioration des dispositifs automatiques d'évacuation de l'eau des troncs de palmiers aux tubes en PVC et la réhabilitation d'un tronçon de route rurale à Caboxanque pour accroître la capacité des producteurs à mettre durablement leur riz sur le marché. Tableau 2: Investissements structurels Site Surface réhabilitée (ha) Longueur de la digue primaire (m) Nombre de tubes PVC 200 PVC 160 Caboxanque 1884 12350 92 88 155 Bedanda 371 6240 18 12 30 Totals 2255 18590 110 100 185 Figure 3 : Programme de formation de l'INPA. Source : Caceido, 2019. En plus des investissements structurels, les limites à la productivité ont également été abordées par la fourniture de semences de haute qualité à 10 bénéficiaires choisis pour devenir des multiplicateurs de semences. Ils ont participé à une formation de 7 jours organisée par l'Institut national de recherche agricole (INPA), le seul organisme de recherche agricole du pays. Parmi les personnes formées, 6 étaient des femmes et 4 étaient des hommes. D. L'impact: 9. Méthodologie : Groupes de discussion : Pendant deux jours, des groupes de discussion ont été organisés et des témoignages ont été recueillis auprès des bénéficiaires disponibles dans les deux communautés. Les discussions ont été animées par le sociologue du projet, l'agronome et des représentants des ONG locales, la DDS et Cocedecas. En raison des fortes pluies, de nombreux bénéficiaires préparaient leurs champs pour la plantation, tandis qu'à Bedanda, la réparation de la digue principale se poursuivait. Au total, trois groupes de discussion ont eu lieu : deux avec des membres de la communauté à Bedanda et un avec des membres du comité de gestion de Bolanha de Caboxanque. Les calendriers quotidiens, l'état d'avancement des activités du projet, les impacts visibles et les défis rencontrés ont été discutés, en mettant l'accent sur les changements importants que les bénéficiaires ont observés. Ces conversations ont permis de dégager les thèmes suivants : - Cohésion communautaire et solidarité entre les interventions. - Gestion durable des activités selon le modèle du comité. - Introduction de l'horticulture comme activité complémentaire. L'un des points saillants communs à toutes les Guinée-Bissau : La réhabilitation de la production traditionnelle de riz de mangrove
  • 55. 6 conversations a été l'approche communautaire de la réhabilitation des digues et l'importance d'organiser la main-d'œuvre et les ressources par l'entremise de comités. Historiquement, la production de riz de mangrove a été dominée par les hommes de la communauté, étant donné ses exigences physiques excessivement exigeantes. Cependant, étant donné la nature collective du processus de réhabilitation, les femmes ont pu démontrer leur dynamisme en participant à des activités telles que la collecte et le compactage de la boue pour la construction. Notamment, avant les interventions PADES : -Aucun mécanisme spécifique de mobilisation et de gestion des activités de développement communautaire n'existait. -Les familles et les particuliers ont dû trouver et payer d'autres personnes pour aider à réparer des parties de la digue. -Les femmes ne pratiquaient pas systématiquement l'horticulture. Les bénéficiaires ont également identifié les innovations du projet qui, selon eux, ont le plus contribué à la réussite de la mise en œuvre des interventions du projet : - Processus permettant d'offrir volontairement des contributions individuelles à un fonds collectif. - Statuts organisant des comités de gestion ayant des fonctions et des rôles spécifiques. - Formation des femmes aux activités horticoles qui se déroulent en dehors de la saison rizicole. 10. Des communautés entreprenantes : Les comités de gestion des Bolanhas dans les deux communautés ont organisé des contributions monétaires des familles ainsi que des contributions d'articles tels que le pétrole et le poisson. Les femmes s'en servaient pour préparer les repas des ouvriers sur les sites de réhabilitation, de sorte que le travail ne s'arrêtait pas au milieu de la journée. Les comités eux-mêmes étaient perçus comme étant bien organisés et fonctionnant très bien grâce aux rôles et responsabilités reconnus établis dans les statuts des comités. Cependant, le fait d'avoir des statuts écrits a également posé un défi pour les membres qui ne sont pas alphabétisés. Parmi les femmes en particulier, l'amélioration de l'alphabétisation était une activité clé qu'elles souhaitaient voir incorporée dans le projet. De plus, à Caboxanque, la réhabilitation de la route rurale a été reconnue comme un impact majeur sur la communauté. Bien que les travaux aient été exécutés par une entreprise extérieure, le Comité d'entretien routier inter-villages (CITEP), composé de personnes qui vivent le long du tronçon de route, s'est senti responsable de l'investissement et assurer sa durabilité. L'un des résultats de la création d'un CITEP a été l'intensification du dialogue avec le ministère des Travaux publics de la région. Enfin, presque tous les membres de la communauté ont ressenti l'impact des interventions du projet en termes d'augmentation de la production de riz au cours de la dernière saison de croissance. Bien qu'il ait été difficile d'obtenir une estimation précise de l'évolution de la productivité, le tableau ci-dessous présente des données pour le dernier cycle de culture, le premier depuis le début des activités du PADES dans les deux communautés. Table 3: Productivité du riz de mangrove à Caboxanque et Bedanda Site Zone réhabilitée Superficie productive Rendement (t/ha) Production total Référence (t/ha) Caboxanque 1884 1641,86 2,25 3694,19 1,6 Bedanda 371 115,1 2,43 279,69 1,6 Guinée-Bissau : La réhabilitation de la production traditionnelle de riz de mangrove
  • 56. Histoires de changement à Caboxanque : Caboxanque a toujours été reconnue comme l'une des zones rizicoles les plus productives de toute la Guinée-Bissau. Pendant la saison sèche, les marchands arrivent de tout le pays pour participer à un marché hebdomadaire et acheter le riz directement aux producteurs. Biom (en haut à droite) et sa famille ont contribué à l'effort de réhabilitation de la digue. Depuis, il est devenu l'un des agriculteurs les plus productifs de la région et a été choisi comme multiplicateur de semences. 09 ADOPTION & ADAPTATION 7
  • 57. 10 Avant les interventions du pro jet, il produisait environ 9 tonnes de riz sur sa parcelle. Au cours de la dernière saison de croissance, sa parcelle a produit 16 tonnes, dont 11 ont été revendues au pro jet. Les semences de producteurs comme Biom sont récupérées par l'équipe du pro jet et redistribuées à d'autres bénéficiaires de la communauté qui n'en ont pas reçu pendant la dernière saison de croissance. Wilbonhe (au centre) est la présidente du Comité de gestion de l'horticulture à Caboxanque. Bien qu'elle n'ait pas de parcelle de riz à elle, elle emprunte des terres à des voisins qui sont parfois incapables de semer pendant la saison. Les années précédentes, 2 tonnes de riz étaient le maximum qu'elle pouvait produire. Cette année, cependant, elle a réussi à revendre 4,5 tonnes au pro jet. Témoignages : M. Biom, “Avec l'argent supplémentaire que j'ai gagné la saison dernière, j'ai fini de construire une maison pour ma famil le et j'ai pu envoyer quatre de mes enfants à l'école cette année.” 8 Ms. Wilbonhe, “Avant le projet, mon fils a dû quitter l'école normale, mais j'ai vendu assez de riz la saison dernière pour qu'il puisse à nouveau s'inscrire.”
  • 58. 9 E. Leçons apprises: Suite à des conversations avec les bénéficiaires, le personnel du pays et les ONG partenaires ont identifié les principales leçons apprises au cours de la mise en œuvre du projet. 11. Alphabétisation : Bien que les lois régissant les divers comités aient officialisé le modèle au sein de la communauté, tous les membres ne sont pas au courant de leurs stipulations en raison des taux élevés d'analphabétisme. L'intégration et l'élargissement de l'alphabétisation spécifique aux objectifs du projet sont cruciaux pour les femmes en particulier, étant donné qu'elles sont les seules à participer aux comités de gestion horticole. 12. Activités complémentaires : Des défis inattendus en matière de gestion de l'eau se sont posés lors du développement des activités horticoles, qui devraient faire l'objet d'une attention particulière dans les futurs projets dans les zones côtières. Lorsque les puits étaient creusés près des parcelles désignées, on n'atteignait que de l'eau salée. En tant que tel, cela a augmenté la demande de main-d'œuvre pour les femmes, qui ont dû parcourir de plus grandes distances à pied pour atteindre l'eau douce de leurs jardins. 13. Considérations sexospécifiques dans la mobilisation communautaire : Il est essentiel de veiller à ce que les activités sur le terrain tiennent compte de la dynamique locale de l'égalité des sexes dès les premières étapes. Actuellement, les partenaires locaux ne comptent qu'une seule femme mobilisatrice communautaire dans la région, ce qui a créé des difficultés dans les premières étapes de la mise en œuvre. F. Conclusion : 14. Dans les communautés côtières de Caboxanque et de Bedanda, la mobilisation des forces et des ressources communautaires existantes a été le principal moteur du succès de l'effort massif de réhabilitation des mangroves. La valeur ajoutée de PADES est la capacité de capitaliser sur les connaissances traditionnelles tout en apportant des améliorations aux infrastructures qui sont gérées de manière durable et adaptées au contexte local. 15. Bien qu'il s'agisse généralement d'une entreprise à prédominance masculine, la création de comités de gestion dynamiques a assuré l'inclusion des femmes et des jeunes dans l'activité économique la plus importante de la région. En outre, la promotion d'activités alternatives génératrices de revenus par la pratique complémentaire de l'horticulture a permis aux femmes de participer à la revitalisation de l'économie locale. 16. Il est important de noter que les deux communautés comptent maintenant sur des mécanismes réactifs pour faire face aux défis qui se présentent. La poursuite du renforcement de cette capacité et l'intensification du dialogue avec les autres parties prenantes et les partenaires locaux feront de la région un atout indispensable pour contribuer à la réalisation de l'objectif national d'autosuffisance en matière de production de riz. Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite) Guinée-Bissau : La réhabilitation de la production traditionnelle de riz de mangrove
  • 59.
  • 60. INVESTING IN ANCESTRAL KNOWLEDGE Traditional Mangrove Rice Production in Caboxanque & Bedanda, Guinea-Bissau PADES Overview Economic Development Project for the Southern Regions Regions: Tombali, Quinara, Bolama/Bijagos Timeline: 2015-2021
  • 61. Development Objective PADES aims to revitalize the rural economy, improve food security, and fight rural poverty. The project is structured around the following components: Component 1: Support for rice production, productivity, and complementary activities ________________________________________ Component 2: Support for value-added to production and increased market access ________________________________________ Component 3: Project coordination and management Mangrove Rice Opportunities • 80% of national production • Estimated gross productivity: 115,000 tons of paddy • 50,000 ha currently cultivated • Average yield: 1,500kg-3,500kg/ha Challenges: • High labor inputs • Degraded dykes cause saltwater intrusion • Palm trunks used as water dischargers • No use of heavy machinery
  • 62. Caboxanque and Bedanda Project Implementation Process 1. Mobilizing stakeholders 2. Rehabilitating degraded primary dykes 3. Upgrading water dischargers from palm trunks to PVC tubing 4. Building secondary dykes for parceling paddies 5. Building bunds in parceled plots 6. Providing seeds for planting 7. Harvesting Caboxanque: 1 village, beneficiaries: 2,168 Bedanda: 2 villages, beneficiaries: 655 Community Mobilization • Scale up of CDIT model used in the previous project. • Written statutes organize committees and describe duties of individual members • Caboxanque has all four committee types. • Bedanda does not have CITEP Bolanha Management Committee (CGB) Manages work and activities inthe rice fields. Committee for Integrated Village Development (CDIT) Manages community development initiatives. Horticulture Managament Committee (CGP) Manages complementary horticultural activities. Inter-Village Road Maintenance Committee (CITEP) Manages the maintaince of rehabilitated roads.
  • 63. Community Mobilization Community Trainings Males Females Youth Bedanda 10 32 23 10 Caboxanque 7 35 19 13 Totals 17 67 42 23 • Implementing partners: local NGO’s COCEDECAS & DDS-IEG • Trainings included: organizing as an association, elaborating documents, individual contributions to a collective fund. Structural Investments Site Surface Rehabilitated (ha) Length of Primary Dyke (m) Number of Tubes PVC 315 PVC 200 PVC 160 Caboxanque 1,884 12,350 92 88 155 Bedanda 371 6,240 18 12 30 Totals 2,255 18,590 110 100 185 • Manual rehabilitation of degraded dykes organized by the Bolanha Management Committee • Automatic water dischargers upgraded from palm trunks to PVC tubing • 11.6 km of rural road rehabilitated in Caboxanque