2. La Maison Imoda
Tout commence le 14 juillet 1890 par
un scandale.
Le patron de la « maison Imoda », ce
jour là, installe à l’une des fenêtres du
1er
étage un drapeau allemand.
Immédiatement, les passants se
manifestent violemment, saccageant la
vitrine. Ils ne viendront plus s’offrir des
limonades fraîches à la terrasse.
Le commerçant se voit dans l’obligation de vendre son débit de boissons.
Maxime Gaillard, un commis du bar voisin, s’en porte acquéreur en 1891
et s’associe peu de temps après àEugène Corniché, ancien maître d’hôtel
chez Durand, célèbre restaurant du beau monde, situé à l’angle de la rue St-
Honoré et de la rue Royale.
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3. Maxime Gaillard a financé l’achat
mais non Eugène Cornuché.
Il baptise tout naturellement son
débit de boissons
« chez Maxime » .
C’est le lieu où se rencontrent les
cochers qui partent de la place de
la Concorde.
Mais c’est aussi celui d’une
clientèle bourgeoise qui délaisse
petit à petit l’établissement
Durand pour le limonadier
Maxime Gaillard.
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4. En mai 1893, la belle Irma de Montigny,
jolie courtisane, pousse la porte du petit
rendez-vous de Cochers, regarde la salle
et dit à Eugène Cornuché , l’associé de
Maxime Gaillard :
« je peux vous en faire le rendez-vous le
plus célèbre de Paris si vous acceptez que
je réside chez vous ».
Petit à petit, Irma la Cocotte amène ses
galants et pas des moindres : des
journalistes, des militaires, des
politiciens, des hommes d’affaire et
même des princes.
Le débit de boissons devient vite un
restaurant où l’on chante, où l’on danse.
« Maxime » devient « Maxim’s. ».
Quand Maxime devient
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5. Et Maxime Gaillard meurt deux ans plus tard, après avoir été
endetté car si les amants de la belle Irma étaient généreux, ils
oubliaient toutefois de payer le cabaretier.
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6. Eugène Cornuché rachète la part de Maxime
Gaillard à sa veuve , garde l’enseigne « Maxim’s » et
dès 1900, rénove complètement le restaurant .
Il fait appel aux artistes de l’Ecole de Nancy et à
Louis Marnez pour la décoration Art Nouveau de la
façade.
Le restaurant devient un cabaret où se produisent
des artistes du music-hall.
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9. Majorelle, ébéniste, a conçuMajorelle, ébéniste, a conçu
toute la décoration intérieuretoute la décoration intérieure
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10. Eugène Cornuché fait appel
aussi à des maîtres verriers
et, dès l’arrivée de
l’électricité, installe sur
toutes les tables des lampes
Tiffany et de la faïence de
Vallauris.
Le célèbre Gaudi dessine le sofa destiné aux « cocottes ».
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12. Le plafond n’est qu’un miroir qui reflète
Tout feu, tout flamme.
12
13. Eugène Cornuché n’a pas été bien loin pour trouver ses
artistes.-décorateurs.
L’Exposition Universelle de 1900, qui se tient sur les Champs
Elysées, a rassemblé les plus grands designers de l’époque.
Cornuché a alors l’idée saugrenue de faire aménager le
couloir qui mène aux salons par un mobilier inspiré de
« l’omnibus ».
De la rue Royale, tout se voit. On aperçoit ce beau monde
installé sur les banquettes de l’omnibus consommant café et
alcool.
Le succès est là.
Les demi-mondaines Liane de Pougy, la Belle Otéro, la
Princesse de Chimay, Edouard VII et tout le cercle littéraire de
Marcel Proust s’y montrent délaissant le restaurant Durand,
restaurant des intellectuels. 15
16. Eugène Cornuché y est décrit comme « le magicien ».
Il recrute aussi bien des chefs cuisiniers et des sommeliers que
des artistes de cabaret. Il est partout à la fois et fait le bon choix.
Tous les soirs, le « Maxim’s » affiche complet.
Et de simple commis, Cornuché est devenu un homme d’affaires.
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17. Cocteau, jeune ami de Proust, dira :
« c’était un amoncellement de dentelles,
velours, satin, rubans, diamants, rubis,
perles…. Que déshabiller une de ces
dames était une entreprise à prévoir avec
trois semaines d’avance, comme un
déménagement ». 19
18. Eugène Cornuché est donc apprécié de ce monde de la
jet-set. Il connait bien maintenant tous les anoblis comme
les Morny, les Pourtalès, les Poniatowski, mais aussi les
grands industriels. Il est donc invité à Trouville et dès
1909, on le voit gérer le Casino de la Ville.
En 1909, est mis en vente.
C’est une société anglaise qui s’en porte acquéreur.
Le cabaret garde encore sa notoriété. Le roi Edouard
VII, lorsqu’il se rend à Paris, ne manque pas une
soirée chez Maxim’s et il n’y vient pas seul. La
noblesse parisienne et les ministres s’y attablent
aussi.
La guerre 14-18 met un frein à la vie joyeuse et
noctambule.
On y croise néanmoins le vieux couturier Paul Poiret
accompagné de ses modèles, de la danseuse Ida
Rubinstein ou de l’actrice Sarah Rafale. Proust quitte
parfois son restaurant Larue pour s’y encanailler avec
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21. Après la guerre 14-18, on continue de fréquenter le
cabaret.
Jean Cocteau, comme Sacha Guitry, deviennent
les habitués de chez Maxim’s.
Les canulars vont bon train.
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22. « Le Boeuf sur le toit »
chez
Pièce burlesque de Jean Cocteau des années 1920 qui devient
une fantaisie musicale grâce au génie de Darius MiIlhaud.
Chez Maxim’s, Sacha Guitry se met à la batterie, Darius
Milhaud au piano. Yvonne Printemps chante. D’autres convives
sont là : Radiguet, Picasso, le couple Sert, les Beaumont, Jean
Cocteau…. 24
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23. 1929
c’est la crise financière.
Le cabaret bat de l’aile.
En 1930, la Société Anglaise vend presque la totalité de ses
parts à Octave Vaudable
Celui-ci, est connu.
Il a d’abord été commis, lui aussi, au restaurant Larue, à
deux pas de chez Maxim’s , qu’il achète mais n’ayant pas
les fonds nécessaires, il s’associe à Edouard Mignon. Mais
très vite, il y a mésentente. Le restaurant est mis en vente
et Octave Vaudable, pour se dédommager, rafle toute la
cave, si réputée.
Puis il devient le propriétaire du restaurant Noël Peters,
bd des Italiens qu’il réaménage aussitôt d’une façon
luxueuse 25
24. Mais le restaurant-cabaret Maxim’s reçoit
encore les princes russes sans patrie ou les
artistes comme Mistinguett ou Maurice
Chevalier, Sacha Guitry, l’Aga Khan et
l’américaine Rita Hayworth.
Octave Vaudable s’est adjoint un maître d’hôtel,
Albert, qui a toutes les qualités d’un chef
remarquable. On le surnomme
« le maître d’hôtel des princes »
« Il rendit en peu de temps son éclat d’autrefois
en procédant à une impitoyable sélection de la
clientèle, exigeant d’elle une tenue impeccable et
instituant les vendredis « habillés ». Il faisait
servir à chacun ce qu’il aimait sans qu’il ait à le
demander, comme dans une maison amie ».
Couples
mythiques
26
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25. Octave Vaudable oblige son fils à faire de solides études
commerciales et de chef cuisinier.
Mais la seconde guerre mondiale éclate et les Allemands
réquisitionnent le cabaret qui est géré alors par un
Suisse.
Le maréchal
Goering y dîne
le 28 juin 1940
29
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26. Les Allemands obligent des artistes français à se
produire, exigent également des pièces de théâtre.
Marlène Dietrich, Sacha Guitry et sa femme Yvonne
Printemps auront par la suite bien des difficultés pour
prouver qu’ils n’ont pas collaboré.
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27. Maxim’s de nos jours
Les temps ont changé.
Louis Vaudable pense alors se diversifier. Il achète deux
restaurants :
•le Grand Véfour avec Raymond Oliver aux cuisines., puis
•le restaurant Jules Verne (Belle Epoque) de la Tour
Eiffel.
Mais les affaires ne sont pas excellentes.
Pièces de théâtre ou films de Feydeau et d’Yves Mirande
sur Maxim’s sont jouées ou tournés périodiquement. 31
32. de nos jours
En 1977
C’est alors que Pierre Cardin, couturier de renom, homme
d’affaires avisé, et amoureux de la Belle Epoque, propose à
la famille Vaudable de faire de
une griffe prestigieuse
pour tous les produits alimentaires de luxe, pour les fleurs,
la vaisselle, les objets de décoration, comme il l’a fait pour
sa propre marque. Les Vaudable, enthousiasmés par ses
idées, proposent une association en 1977 avec option
prioritaire pour l’achat du cabaret-restaurant.
On trouva alors du foie gras, du champagne, des draps , de
la vaisselle…..Maxim’s dans les magasins et hôtels de luxe à
travers le monde. 36
33. Si la vente des produits de luxe bat son plein, on cite
toujours le nom de Pierre Cardin mais le nom des
Vaudable est passé sous silence.
Ces derniers, peut être dépités, proposent alors – et sans
en dire mot à Pierre Cardin – la vente de leur cabaret à
un Saoudien.
En 1981 devient la
propriété de Pierre Cardin
Pierre Cardin, qui a eu vent de l’affaire,
intervient judiciairement, produit l’acte
antérieur signé des deux parties et achète
le cabaret immédiatement, ne négociant
aucun prix. Il n’est plus l’homme
d’affaires
mais le mécène. Il y dépense sa fortune.
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34. Quand l’appartement d’ Irma de
Montigny
devient un musée
Pierre Cardin est grand
collectionneur de l’Art Nouveau,
imagine l’appartement de la demi-
mondaine et l’aménage au dessus du
Cabaret
38
année 2000
44. Pierre Cardin se dépense ensuite sans compter des Etats
Unis à l’Amérique du Sud, de la Chine au Japon pour
vendre sa propre marque mais aussi celle de Maxim’s.
Mais l’achat du cabaret coïncide avec l’arrivée des
Socialistes au pouvoir (1981) . Ministres et entourage
boudent Maxim’s, lieu de luxe. L’heure n’est plus au
cabaret.
Pour compenser cette baisse d’activité, Pierre Cardin
ouvre alors des magasins de luxe « Maxim’s » dans Paris et
aussi à l’étranger.
Périodiquement, des pièces de théâtre ou des concerts ont
lieu chez Maxim’s mais le réel cabaret des années 1900
n’existe plus. Par contre la visite des appartements de la
belle Irma de Montigny est racontée chaque après-midi, du
mercredi au dimanche. 57