綾 #NUTRITION #ENTREPRISE
Un dossier qui vient de paraître (revue belge) sur la nutrition en entreprise.
✅ La préoccupation des entreprises pour la santé de leurs collaborateurs, dans tous ses domaines, devient un "nouveau normal".
⏩ Souvent démunis face à un "champ du possible" d'expertises vastes, les dirigeants font désormais preuve d'inventivité et d'appels à des experts (coach nutrition, etc.).
Des initiatives telles que workshops, cellule bien-être en entreprise, challenges et actions de sensibilisation, interactions vidéo et session live, etc.
⛳ Une prise de conscience que "la nutrition fait partie d'un projet plus global lié au bien-être" durant et hors temps professionnel (voyage, déplacement bureau travail).
1. 48 Analyse
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D
ans ce qu’il est convenu
désormais d’appeler
le nouveau normal,
le bien-être au travail a
été poussé à l’avant-plan,
notamment celui à la
maison. Car, on le sait,
le télétravail n’est pas
toujours simple à gérer.
Cette question du bien-
être est une véritable
lame de fond et prend
des atours bien différents:
environnement de travail adapté,
pratiques managériales centrées
sur l’humain et le collaboratif, au-
tonomisation, responsabilisation,
équilibre vie privée-vie profes-
sionnelle, gestion des risques psy-
chosociaux, prévention des situa-
tions de stress, etc. De nombreu-
ses entreprises vont désormais
plus loin et s’intéressent à la santé
même de leurs collaborateurs.
Car même si certains ont mis
du temps à s’en rendre (concrète-
ment) compte, c’est une évidence
depuis longtemps: un employé
heureux, épanoui et en bonne
santé est un employé performant.
Une situation gagnant-gagnant,
donc.
Des programmes dédiés
Chez GSK, où l’on souhaite
se profiler comme une entreprise
moderne, il existe par exemple
une véritable cellule bien-être en
entreprise qui agit tant au niveau
belge que dans un cadre mondial
concerté. Cette cellule organise de
nombreuses activités. “Dans
le cadre de l’initiative Feel Good,
nous sensibilisons nos collabora-
teurs à de nombreux domaines
comme la nutrition, les activités
physiques, le stress ou le sommeil,
explique Marie-Laure de Voghel,
responsable des programmes
Wellbeing sur les sites belges
de GSK. Plusieurs fois par an, nous
organisons des campagnes et des
conférences. Nous lançons aussi
des challenges de nombre de pas
à effectuer sur plusieurs semaines
au profit d’associations caritatives
pour inciter les gens à bouger
davantage. Il y a trois ans, notre
pays a servi de pilote pour l’implé-
mentation d’une appli bien-être,
Healthy Life, qui, liée à un bracelet
de type Fitbit, permet un tracking
des pas et des activités sportives.
Les collaborateurs peuvent ainsi
recevoir des conseils quotidiens
personnalisés en fonction de
leurs centres d’intérêt et de leurs
accomplissements: manger mieux,
bouger davantage, etc. Cette appli
est aujourd’hui en cours de
déploiement dans d’autres sites
GSK du monde entier.”
Dans le cadre de ces initiatives
bien-être, GSK s’intéresse aussi
LES ACTIONS DE SENSIBILISATION SE MULTIPLIENT
Biensenourrir
enentreprise
Dans le contexte général de bien-être au travail, de
nombreuses entreprises s’intéressent désormais aussi
à la santé de leurs collaborateurs. Qu’elle soit physique
ou psychique. Dans cette optique, les “ workshops ” sur
la nutrition, longtemps considérés comme des gadgets,
rencontrent un succès croissant. XAVIER BEGHIN
“ WORKSHOP”
organisé par Green
Coach Nutrition.
Une formation qui a
clairement sa place
au travail.
MANGER
ÉQUILIBRÉ ajoute
au bien-être
des collaborateurs,
donc augmente
leurs performances.
PG
2. de près à la nutrition. L’entreprise
a beaucoup travaillé avec Sodexo,
son fournisseur de catering, sur
l’offre proposée dans les différents
restaurants. Avec notamment
des options saines permanentes
et des salad bars. Parallèlement,
elle organise des actions de sensi-
bilisation en interne. Comme
celles, au premier trimestre, sur
le thème de nutrition et stress réa-
lisées par des ambassadeurs “bien-
être”. Un thème de la nutrition
qui s’est à nouveau imposé durant
le confinement, quand la société
s’est demandé comment soutenir
les employés en télétravail.
“Avec nos 9.500 employés, nous
avons cherché quelque chose qui
soit fun et accessible, poursuit
Marie-Laure de Voghel. Nous
aurions pu organiser un webinaire
mais cela supposait un ren-
dez-vous fixe avec des risques que
tout le monde ne puisse y partici-
per. Ou que d’autres voient cela
comme une vidéoconférence de
plus. Nous avons donc opté pour
trois capsules vidéo de 10 minutes
suivies d’une session live de ques-
tions-réponses. Avec, à chaque
fois, un thème précis: ‘dynamisme
et énergie’, ‘le bonheur commence
dans l’assiette’ et ‘trouver son poids
de forme sans faire régime’.
Ces vidéos ont été placées sur
Workplace, notre appli de com-
munication interne, et sur GSK-
Tube, notre YouTube d’entreprise.
Ce fut un énorme succès. Preuve
que le sujet rassemble. Nous avons
eu énormément de retours et nous
sommes très contents de l’impact.
Nous allons voir si un tel format
peut être poursuivi dans le futur.
Même si ce n’est pas à l’ordre
du jour, on aimerait aussi pouvoir
proposer du coaching individua-
lisé sur nos sites mais ce n’est
pas simple à mettre en place vu
la taille de l’entreprise.”
Coach en nutrition
CeprojetvidéodeGSKquis’accom-
pagnait de fiches et de recettes
simples a été réalisé par Myriam
Kamouh, une ancienne journaliste
chez Metro et manager
MarCom pour les Mutualités soci-
alistes à Bruxelles, qui a graduel-
lement opéré une reconversion
professionnelle. “Quand ma fille
est née, je me suis dit que mon
occupation professionnelle devait
vraiment avoir du sens pour que
je me prive d’elle. Quand je tra-
vaillait aux Mutualités socialistes,
je faisais déjà le lien entre alimen-
tation et santé. Mais le déclic est
venu dans la file d’un supermar-
ché. J’ai regardé le caddie d’une
maman et me suis rendu compte
qu’elle n’achetait pour ses enfants
que de l’industriel et de l’ultra-
transformé. Il y avait là clairement
matière à s’engager. Pour ramener
dubonsensdansl’assiettedesgens.”
Après une formation en nutri-
thérapie qui, outre l’optimisation
des fonctions physiologiques, vise
à prévenir ou guérir certains pro-
blèmes physiques et psychiques,
Myriam Kamouh a lancé Green
Coach Nutrition qui propose un
accompagnement et un coaching
privé mais aussi des workshops à
destination des entreprises.
Avec la volonté d’aider les uns
et les autres à se tourner vers
une alimentation plus saine et,
par ricochets, à préserver la santé.
“La nutrition n’a rien à voir avec
la diététique, assène la coach.
Il y a beaucoup d’a priori à cause
de cela. Je suis déçue de la vision
de la diététique des années 1980
avec ces régimes restrictifs qui
stressent et mettent en échec.
La nutrition, ce n’est pas cela.
On ne se prive de rien mais on
optimise en choisissant les bons
ingrédients. Naturels et pas trans-
formés. Quant aux entreprises,
j’ai souvent la même crainte
de départ et je précise toujours:
non, je ne vais pas obliger tout
le monde à manger du quinoa
(rires). Ce sont souvent des clients
privés qui m’amènent au sein
des entreprises. Pourquoi font-
elles appel à moi? Parce que
les patrons ou les responsables
RH se rendent compte que leurs
employés mangent mal ou n’im-
porte quoi, qu’ils grignotent toute
la journée. Ce sont clairement
des personnes déjà convaincues
par les bienfaits de la nutrition.
Ils souhaitent augmenter
la concentration et l’énergie de
leurs collaborateurs au quotidien.
C’est clairement une question
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MARIE-LAURE
DE VOGHEL,
responsable des
programmes
Wellbeing de GSK
Belgique.
“ Le sujet
rassemble. ”
49
PG
3. de performance. En même temps,
chacun reçoit les clés pour mieux
s’alimenter et en faire profiter
sa famille.”
Un projet global
HMS à Nivelles est l’une des entre
prises qui a fait appel à Myriam
Kamouh. Spécialisée dans les rou
teurs industriels, l’entreprise
s’appelait initialement Ewon avant
d’être revendue en 2016 au groupe
suédois dont elle est aujourd’hui
une business unit. Depuis sa créa
tion par deux ingénieurs du
Brabant wallon, elle a placé
l’humain au centre de ses activités.
“La nutrition fait partie d’un pro
jet plus global lié au bienêtre,
explique Pascale De Greef, head
of HR and facility. J’ai remplacé
les snacks traditionnels par des
produits plus sains comme des
fruits frais ou secs. Nous offrons
de la soupe fraîche bio trois fois
par semaine et tous nos jus de
fruits sont bios. Dans la même
optique, nous avons reformaté
nos bureaux pour plus d’ergono
mie. Nous avons aussi initié des
programmes avec une approche
psy liée au stress ou au burnout.
J’ai aussi dans l’idée de créer
une salle de sérénité avec fauteuil
massant, histoire de pouvoir
recharger ses batteries ou de
s’offrir un break revitalisant.
Je préfère que les parents de jeu
nes enfants passent un moment
dans cette salle avant de commen
cer leur journée que d’arriver
stressés à leur bureau. Le Covid
nous continuerons dès que
possible”.
Même en voyage
La nutrition et la santé, des thè
mes qui intéressent aussi
Carmeuse. Présent sur 90 sites
dans 20 pays, le n°2 mondial de
la chaux emploie certains collabo
rateurs qui, par la force des
choses, voyagent beaucoup.
Des déplacements qui ont parfois
des conséquences dramatiques.
“Un de nos grands voyageurs s’est
endormi au volant, se souvient
Virginie Devillers, HR business
partner HQ chez Carmeuse. Ce fut
vraiment le déclic. Clairement,
certains ont tendance à négliger
leur santé: fatigue, stress, pratique
sportive réduite, mauvaises habi
tudes alimentaires en déplace
ment, etc. Nous nous sommes dit
qu’il fallait faire quelque chose
pour les sensibiliser. Après
un contact avec Myriam, j’ai été
convaincue par son approche:
sensibiliser sans effrayer, pas trop
de détails et beaucoup de concret.
Nous avons invité 35 personnes à
un workshop de près de deux heu
res qui a largement débordé vu
le nombre de questions. A côté
de fiches et de recettes destinées
aussi à la famille, Myriam a par
tagé avec nous ce qu’elle avait
préparé et livré des conseils sim
ples pour ne pas perdre le fil de
sa nutrition même à l’étranger.
50 Analyse
R E S S O U R C E S H U M A I N E S
a interrompu ce projet mais
il va voir le jour.”
Chaque année, Pascale De Greef
initie un projet lié au bienêtre.
En 2020, le thème était la nutri
tion. Elle avait commandé trois
sessions de lunch and learn à
Myriam Kamouh. Un triptyque
sur l’heure de midi qui allie
théorie, pratique et débriefing.
Là aussi, la pandémie a inter
rompu le projet. Mais l’engoue
ment était réel: “Nous sommes
60 dans l’entreprise dont une
vaste majorité d’ingénieurs civils,
industriels ou en informatique;
35 se sont inscrits à la première
session. Vu le bouche à oreille et les
retours très positifs, ils auraient dû
être 45 au deuxième rendezvous.
Soit les trois quarts
de l’entreprise. Il va de soi que
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La nutrition fait partie d’un projet
plus global lié au bien-être.
PASCALE DE GREEF, “ HEAD OF HR AND FACILITY ” CHEZ HMS
MYRIAM
KAMOUH,
fondatrice de Green
Coach Nutrition.
“ Chacun reçoit
les clés pour mieux
s’alimenter et
en faire profiter
sa famille. ”
4. 51
désormais pour les autres chaque
semaine. On s’organise en équipes
afin que tout le monde mange sai-
nement à midi plutôt que les habi-
tuels sandwiches ou les trucs
qu’on commande. Nous avons une
cuisine dans nos bureaux. Comme
une petite salle de sport avec
des tapis, des vélos et des rameurs.
Même si tout le monde n’a pas cet
état d’esprit-là au départ, l’émula-
tion et l’effet de groupe jouent.
Et désormais, tous les collabora-
teurs font du sport ou vont courir
à midi, mangent sainement
ou viennent travailler à vélo.
Nous sommes ravis de pouvoir
sensibiliser et finalement, conver-
tir des employés à un mode de vie
plus sain. Singulièrement des
jeunes qui n’ont pas toujours
conscience de ça.”
Même si elle n’est pas la seule sur
le marché, loin s’en faut, Green
Coach Nutrition plaît par son
approche simple et multimodale.
Ses offres répondent à des deman-
des spécifiques. Avec un vrai coa-
ching destiné à modifier de façon
pérenne les mauvaises habitudes.
“Manger deux couques au choco-
lat avant d’aller travailler crée un
pic d’hyperglycémie, conclut
Myriam Kamouh. Avec produc-
tion d’insuline et stockage du
sucre en graisse corporelle.
S’ensuit un pic d’hypoglycémie qui
fait que vous allez à la machine à
crasses deux heures après. Ces
fluctuations ont évidemment des
conséquences sur votre perfor-
mance, votre concentration et
votre énergie. Et ce cycle se pour-
suit sans arrêt. Mais une fois qu’on
l’a identifié, on peut se motiver
facilement pour manger autre-
ment et de façon consistante.
Mon ambition est de rendre tous
mes clients autonomes avec des
placards remplis de bons ingré-
dients et des substituts sains
à leurs mauvaises habitudes.” z
“Je suis passionnée de nutrition
depuis longtemps et j’avais envie
de partager cela avec mes
collaborateurs, explique Julie
Vandenbrande, la propriétaire.
La nutrition, c’est important pour
la santé; et la santé de nos équipes
est évidemment importante pour
moi. Les workshops de Myriam
ont lancé une véritable dynamique
dans l’entreprise. Chacun cuisine
Avec aussi des notions liées au
sommeil ou au sport qu’on peut
pratiquer seul et sans appareil
dans une chambre d’hôtel.”
Preuve que la nutrition est tout
sauf un gadget mais un élément
essentiel d’une vie bien équilibrée
tant à la maison qu’au travail,
Carmeuse a choisi de ne pas en
rester là. “Les retours ont été très
positifs. L’idée était aussi de relier
ce workshop à nos autres fils rou-
ges de bien-être, à savoir le som-
meil et la gestion du stress. Nos
grands voyageurs ont été ravis que
leur entreprise leur offre une telle
opportunité au bureau. Du coup,
évidemment, les autres collabora-
teurs souhaitent aussi avoir leur
workshop (rires). Il est vrai que
la nutrition a alimenté beaucoup
de conversations depuis lors.
En fin de compte, c’est un sujet
qui nous passionne tous. La leçon,
c’est aussi que manger sainement
n’est en rien compliqué et ne
nécessite pas un investissement
en temps démesuré. Donc, oui,
nous allons poursuivre. Ça et nos
autres investissements dans le bien-
être. Comme les séances sur la
résilience que nous avons organi-
sées au plus fort de la pandémie.”
Prêcher des…
non-convertis
Clairement, l’éducation ou la
formation à une nutrition saine
et équilibrée a donc sa place au
travail. Elle s’intègre parfaitement
dans une culture d’entreprise
centrée sur l’humain et tournée
vers le bien-être, lui-même
organisé simultanément en trois
piliers: la bonne santé, la bonne
forme physique et le bien-être
psychique. Chez Carré Associates,
une agence de communication
d’une vingtaine d’employés cen-
trée sur le retail, on a bien compris
cette réalité. Et les résultats sont
parfois surprenants.
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VIRGINIE
DEVILLERS, “ HR
business partner
HQ ” chez
Carmeuse.
“ La leçon, c’est
que manger
sainement n’est en
rien compliqué. ”
JULIE
VANDENBRANDE,
fondatrice de
Carré Associates.
“L’émulation et
l’effet de groupe
ont joué. ”