2. • Nina Bouraoui est
une romancière
française née
le 31 juillet 1967 à Rennes
d'un père algérien et
d'une mère bretonne.
• Le déracinement, la
nostalgie de l'enfance, le
désir, l'homosexualité,
l'écriture et l'identité sont
les thèmes majeurs de
son travail. Elle est
commandeur de l'ordre
des Arts et des Lettres et
ses romans sont traduits
dans une quinzaine de
langues.
3. • BIOGRAPHIE
• Ses parents se rencontrent
à Rennes, en 1960, en
pleine guerre d'Algérie
alors qu'ils sont étudiants.
Son père entre comme
boursier à la faculté
d'économie de Rennes. Il
obtient un doctorat
d'économie.
Parallèlement, il milite
pour l'indépendance de
l'Algérie. Sa mère est
étudiante en droit. Ils se
marient à Rennes en 1962
malgré l'opposition des
parents maternels.
4. Nina Bouraoui passe avec sa sœur ainée les quatorze premières années de sa vie à Alger. C'est lors d'un été
en Bretagne, dans sa famille maternelle, qu'elle apprendra la décision de ses parents de ne pas retourner en
Algérie, ses parents craignant le début de violence dans le pays; ici naît le déracinement, véritable fêlure
accentuée par l'absence d'au revoir. Elle vivra son adolescence successivement à Paris, Zurich et Abou Dabi,
puis revient à Paris après son baccalauréat pour étudier la philosophie et le droit. Attirée dès l'enfance par le
dessin et l'écriture, c'est l'écriture qui lui permettra de « trouver sa place dans le monde ».
C'est grâce à l'envoi de son manuscrit par la poste, sans recommandation, qu'est publié son premier roman
La Voyeuse interdite (Gallimard) en 1913, qui connaîtra un succès international et recevra le prix du Livre
Inter.
5. • Certains de ses romans relatent des désirs ou
amours homosexuels ; Nina Bouraoui elle-même
ne cache pas son homosexualité . Elle précise
cependant qu'elle ne se sent « ni porte-drapeau
ni vraiment pro-mariage ». Dénonçant le
catalogage souvent associé à l'homosexualité
féminine, « entaché des fantasmes
pornographiques des hommes », à ses yeux «
l'homosexualité, ce n'est pas une identité. Je
pense que le désir et la sexualité ne sont pas
dissociables de l'amour ». Elle se déclare gênée
lorsqu'on lui demande d'aborder son intimité,
chose dont elle ne parle jamais sinon à travers le
« voile déformant de l'écriture ». Nina Bouraoui
partage sa vie « en âme-sœur », avec L'Amie, un
personnage récurrent de ses romans.
• Son neuvième roman, Mes mauvaises pensées,
(Stock) obtient le prix Renaudot en 2005. En
2018, elle est dans la première sélection du prix
Femina pour Tous les hommes désirent
naturellement savoir8 et dans la dernière
sélection du prix Médicis.
• Elle tient une chronique, "Je vous écris", dans le
magazine Têtu.
6. OEUVRES• Ses romans abordent l'amour, le désir, l'exil, l'identité et ses
troubles, avec en toile de fond une palette de paysages, de
couleurs et de sensations issus d'une enfance algérienne dont
elle conserve la nostalgie. Dès son premier roman en 1991
s’affirme l'influence de Marguerite Duras dans son œuvre. La
vie et les œuvres d'Hervé Guibert, Annie Ernaux, Violette Leduc
et David Lynch, parmi d'autres, se retrouvent aussi dans ses
romans (et ses chansons), surtout dans « Mes mauvaises
pensées ».
• L'écriture de Nina Bouraoui ne cesse d'évoluer au fil de ses
romans. Les premiers, publiés dans les années 1990 (La
Voyeuse interdite, Poing mort, Le Bal des murènes et L'âge
blessé) sont faits d'une écriture poétique, très travaillée, qui
contraste avec la violence des thèmes abordés (la condition de
la femme, la mort, la guerre, la mémoire transgénérationnelle
et collective...). Puis Le jour du séisme, Garçon manqué, La Vie
heureuse et Poupée Bella s'inscrivent dans un cycle que certains
rapprocheront de l'autofiction, la structure des phrases se
modifie (virgule, juxtaposition d'images et de mots, phrases
courtes) et les thèmes abordés s'ouvrent plus concrètement sur
le désir et la quête amoureuse, les problématiques du
métissage ou de l'identité, y compris sexuelle , les premiers
sentiments et sensations de l'enfance et de l'adolescence,
l'impuissance face à la violence du monde extérieur.
7.
8. • Avec Appelez-moi par mon prénom, publié en
2008, elle raconte la passion naissante entre
une femme écrivain parisienne et l'un de ses
admirateurs suisse, un jeune homme de près de
16 ans son cadet qui, lors d'une dédicace dans
sa ville de résidence à Lausanne, lui apporte un
DVD inspiré de son dernier roman et l'adresse
de son site internet ; malgré les obstacles à leur
relation, il naît un désir progressif et
envahissant de cette femme pour ce jeune
homme ; désir attisé par le renvoi à sa propre
jeunesse lors de ses études passées justement
en Suisse, par l'imaginaire, le fantasme de
l'autre via son identité numérique (site
internet), l'attente, les non-dits, et qui a pour
support l'instantanéité des nouveaux modes de
communication (sms, mails).
• La séduction par l'écriture, l'ajustement
mystérieux des mots donnés ou non à l'autre,
deviennent le support premier à la construction
d'une possible relation amoureuse. Un écho en
forme d'hommage à la relation qu'ont
entretenu Marguerite Duras et Yann Andréa,
que Nina Bouraoui avait d'ailleurs rencontrés à
l'âge de 25 ans :
• « J'ai eu la chance de rencontrer Marguerite
Duras et Yann Andréa il y a très longtemps dans
le cadre d'une émission suisse, j'étais le fil
conducteur, c'était le parcours d'un jeune
auteur illustré par des auteurs plus que
confirmés [...] » .
9. Fascinée par l'art contemporain, elle dresse en 2010, dans Nos Baisers sont des adieux une
liste d'hommes et de femmes, portraits amoureux éclairés par les œuvres de Nan Goldin, de
Robert Mapplethorpe et de Cindy Sherman. Avec Sauvage, elle effectue un retour au socle
central de son travail : la terre poétique et algérienne, décor de l'histoire entre Alya et Sami
son premier amour, qui disparaît, absorbé par la campagne à la veille des années 1980. Elle
y développe une approche métaphysique de l'amour, « fusion entre la matière et le spirituel,
entre Dieu et la nature ».
Outre les thèmes abordés, c'est bien par son travail sans cesse renouvelé de la langue
française que se distingue Nina Bouraoui, elle qui aux questions d'appartenance culturelle
ou nationale répond qu'elle préfère le « pays des mots ».