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Unsiècle
d'aventure
1921 / 2021 NUMÉRO COLLECTOR
#9 • COLLECTOR
3
100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
SOMMAIRE
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Le mot... de Jean-Paul Baudecroux
towerCast : 35 ans de bons signaux
Qu’à apporté la radio aux Français ?
Le transistor pionnier de l’écoute en solo
Édito
Les bonnes ondes : PO, GO, FM, OC et DAB+
Et la radio sauva laTour Eiffel
Dans les coulisses de la mémoire de la radio
1940 - 1944 : La Guerre des ondes
100 radios en 2 pages
La bataille des radios libres
La Success Story 21 Juin Production
Les radios libres : Quelle histoire !
Quarante ans de FM en 40 dates
Un univers très magnétique
Régulation : de l’animation à l’information
12 radios disparues
Ce n’est qu’un début, continuons la radio !
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PAGE 30
PAGE 27
Le mot de... Frank Lanoux
Le vaisseau amiral
Quand la radio rencontre la publicité
Flashback sur la radio française
La naissance des stations périphériques
Jack Lang lance un avertissement aux radios FM
La plus Star des radios à Marseille
PAGE 63
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PAGE 64
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Toujours plus loin dans l’automation avecWinMedia
La manifestation qui sauva NRJ
Le mot de... Jean-ÉricValli
Les radios d’autoroutes, sur 9 000 et quelques kilomètres
ACPM : la mesure comparable et fiable des radios en live
et en digital
ISA Group : La force d’un savoir-faire
30 ans d’audiences en france
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PAGE 81
PAGE 76
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PAGE 87
Plus de 40 années aux côtés des plus grandes stations
Espace Group
Le paysage radiophonique
Infomaniak propulse les radios sur internet depuis 1998
Save Diffusion
Médiamétrie, 35 ans aux côtés de la radio !
Marc Scalia : “la radio ne s’éteindra jamais”!
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PAGE 92
Le mot de... Pierre Bellanger
En route vers la radio de demain
Une radio quantique ?
La radio a cent ans
1921 - Inauguration officielle
du Poste de la Tour Eiffel.
1987 – Apparition en France de radio thématique “tout info”
1982 - Assemblée générale
1921 – Inauguration officielle du Poste de la Tour Eiffel.
1921 – Le “Poste de la Tour Eiffel”
diffuse sa première émission
Radio Caroline
Ronan O-Rahilly
Radio Cité
Marcel Bleustein-Blanchet
© 100 ans de Radio/Joëlle Girard/DR
C
M
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CM
MJ
CJ
CMJ
N
laradioacentans.pdf 1 14/05/2021 16:04
les radios libres
ont quarante ans
En 1981, des auditeurs manifestent
devant le Palais de l'Élysée
Les auditeurs soutiennent NRJ lors
d'une manifestation historique en 1984
Le studio Fil à soi en 1984 à Alès
Valérie Abécassis sur Hit FM en 1987t
C
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CM
MJ
CJ
CMJ
N
Quaranteans.pdf 2 17/05/2021 08:14
Les Independants des ondes
1981 - Coluche RFM
3 avril 1981
1968 - ORTF en lutte
1983 - Daniel Balavoine
micro 95.2
© 100 ans de Radio/Joëlle Girard/DR
1987 - vabecassis hit fm
1990 - Remi Jounin
1987-Georges Polinski
C
M
J
CM
MJ
CJ
CMJ
N
Independants.pdf 3 17/05/2021 08:14
Le futur de la radio
C
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J
CM
MJ
CJ
CMJ
N
Futur.pdf 4 17/05/2021 08:14
#9 • COLLECTOR
5
100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
LE MOT DE...
JEAN-PAUL BAUDECROUX
Jean-Paul Baudecroux
Jean-Paul Baudecroux,
président-directeur général - NRJ Group.
Crédit photo : SIPA.
J’ai l’impression que c’était hier, car cette incroyable aventure, qui a été celle du Groupe NRJ dès le début,
est passée en un éclair.Chaque avancée a dû être conquise : la libéralisation des ondes, jusqu’alors réservées
au service public et aux radios périphériques historiques, et l’émergence des radios musicales, l’autorisation
de se financer par la publicité, le développement des réseaux, l’amélioration du confort d’écoute, la
digitalisation…
Cette histoire de liberté est celle qui permet
aujourd’hui à la France de disposer d’un
paysage radiophonique unique dans sa
richesse et sa diversité. Le Groupe NRJ est
ainsi très attaché à sa présence en local, qui
lui permet d’être, partout en France, au plus
près des auditeurs.À l’inverse des plateformes
de streaming qui relèvent d’une logique
d’algorithmes un peu “désincarnée”, la radio
apporte à l’auditeur une véritable présence
humaine, une proximité, une chaleur, une
humanité et un lien de confiance unique   :
c’est un véritable compagnon, humain,
reconnu, crédible. Ces atouts permettent
d’en faire le média préféré des Français et de
réunir quotidiennement plus de 42 millions
d’auditeurs, audience qui affiche une stabilité
insolente depuis la première saison radio
sondée par l’étude 126 000, il y a près de 20
ans.
ACCOMPAGNER
L’AUDITEUR PARTOUT
À TOUT MOMENT
La révolution digitale, qui permet à plus de
7,8 millions de Français d’écouter la radio
chaque jour sur des supports numériques, a
rencontré l’esprit d’innovation de la radio,
et a permis à notre média de se réinventer
sans cesse, en faisant ce qu’elle sait faire le
mieux : accompagner l’auditeur partout à tout
moment avec les contenus et services qu’il
attend : radios digitales, podcasts replay ou
natifs,nouveauxmodesdediffusion,nouveaux
vecteurs d’écoute, enceintes connectées,
de nouvelles aventures passionnantes sont
engagées.
UNE HYPER
RÉGLEMENTATION
DEVENUE OBSOLÈTE
Le Groupe NRJ est pleinement engagé dans
ce mouvement : il est aujourd’hui le premier
groupe privé de radios digitales en France.
Mais notre média demeure entravé par une
hyper réglementation devenue obsolète dans
un environnement où tout a changé, et dans
lequellesplateformesdestreamingn’obéissent
à aucune contrainte. Ainsi, le système des
quotas de chansons francophones, tel qu’il
est en vigueur depuis la loi de 2016 avec
l’instauration du plafonnement des rotations
des chansons francophones et de nouveaux
talents, ne permet pas aux radios de faire
émerger comme elles le pourraient des talents
francophones, ni de suivre leur carrière dans le
temps. L’industrie musicale a renoué depuis
plusieurs années avec la croissance.
La radio de demain doit pouvoir s’inscrire
dans un cadre renouvelé, assoupli, à même
de permettre à ce média irremplaçable de
continuer son aventure en phase avec les
évolutions structurelles de son secteur. •
1984 - NRJ, the super big radio.
#9 • COLLECTOR
6
100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
ÉDITO
De Radiola au Jeu des Mille francs, de RadioTour Eiffel à Salut les copains, de Radio Monte-Carlo
à Bonsoir la planète… la radio a changé nos vies. Avant même sa naissance, elle s’est évertuée
à être le reflet d’une France qui va de l’avant grâce aux expérimentations du général Ferrié.
Le reflet d’une France qui résiste grâce à son rôle majeur durant la Seconde Guerre mondiale.
D’une France insouciante qui s’amuse durant les années yéyé et d’une France qui s’interroge au
confluent de deux siècles.
Et puis, il y a eu les radios libres. Beaucoup ont disparu. Peu ont laissé une empreinte indélébile.
Pourtant, elles ont toutes marqué une génération d’auditeurs par des instants précieux que l’on
enregistrait sur des cassettes que certains ont d’ailleurs intelligemment su préserver. Comme
leurs grandes sœurs, les périphériques, elles ont apporté une nouvelle culture, là où il n’y en avait
pas, ou pas suffisamment encore, comme dans les territoires ruraux. Parfois, elles ont fait naître,
au son des grésillements, des passions, mieux, des vocations qui perdurent encore, 20, 30 ou 40
ans après.
La FM a eu deux vies en quatre décennies distinctes : la décennie de l’enthousiasme, la décennie
du bouillonnement, la décennie des promesses et la décennie des interrogations.
D’abord, les deux premières, que l’on qualifiera de “décennies analogiques”, faites d’euphorie
pour beaucoup, d’ivresse pour certains. Elles ont nécessité un fort présentiel pour assurer
manuellement la continuité des programmes 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Elles se sont
terminées par un bouillonnement et une effervescence intacts chez les professionnels et un
amour du média confirmé de l’auditeur.
Ensuite, deux autres décennies que l’on appellera les “décennies numériques”. Elles ont été
marquées par les promesses par l’arrivée de nouveaux outils. Le logiciel a pris le pas sur l’individu,
derrière la console, et l’a parfois supplanté. Ces 20 dernières années ont vu, comme jamais,
se multiplier les innovations qui ont offert davantage de souplesse dans la mise en ondes des
programmes. Elle se sont logiquement terminées sur l’émergence d’interrogations suite à une
autre libéralisation, non juridiquement datée ni actée cette fois-ci, celles des flux.
Àquoi ressembleralaprochainedécenniequiconduiralaFMverssondemi-siècle?Probablement,
cette nouvelle décennie qui s’amorce sera celle de la remise en question. Non pas de sa raison
d’être mais de la façon dont elle atteindra demain les auditeurs.
Ce collector, élaboré patiemment et porté gaillardement par l’équipe des Éditions HF, célèbre à
sa façon les 100 ans de la radio française et les 40 ans de la FM. Il est dédié à toutes celles et tous
ceux qui ont aimé la radio, qui l’aiment encore et qui continueront toujours à l’aimer. •
Brulhatour et Philippe Chapot
Dossier Collector
Éditeur : Éditions HF
SARL de Presse au capital de 10 000 €
Siège et bureaux :
ÉDITIONS HF - RADIO HOUSE
8 rue Fernand Delmas
19100 BRIVE
Tél. : +33 5 55 18 03 61
redaction@lalettre.pro
Directeur de la Publication :
Philippe Chapot - philippe@lalettre.pro
Rédacteur en chef :
Brulhatour - brulhatour@lalettre.pro
Rédaction :
Alain Léger
Brulhatour
Christophe Bordet
Denis Maréchal
Emmanuel Boutterin
Emmanuelle Le Goff
Floris Roosen
Frank Lanoux
Jean-Jacques Cheval
Jean-Michel Sauvage
Jean-Paul Baudecroux
Lionel Guiffant
Loïc Couatarmanach
Olivier Dubrana
Olivier Malcurat
Olivier Oddou
Perrine Pagès
Philippe Chapot
Pierre Bellanger
Sébastien Poulain
Thierry Lefebvre
Thomas Jacobsen
Développement
et opérations commerciales :
Lucie Gay-Bégis
lucie@editonshf.fr
Site régie : www.kitmedias.com
Secrétaire de rédaction :
Delphine Lambert
Secrétariat/Maquette :
Sabrina Joucq
Graphisme :
Lucas Julien
Site web : www.lalettre.pro
Graphisme et mise en page :
ÉDITIONS HF - BRIVE - CORRÈZE
FRANCE
Photos : 100 ans de Radio/Joëlle Girard/DR
©Tous droits réservés
©Reproduction interdite sous réserve de
déclaration au CFC - Centre Français de la Copie
La première liaison radiotéléphonique entre la France et les États-Unis
Merci aux annonceurs de ce Collector :
21 Juin
ACPM
BMG
CI Media
CNRA
Digigram
Espace Group
Groupe Mont Blanc Média
Hitwest
INFOMANIAK
Groupe ISA
Lagardère
MC Doualiya
Médiamétrie
Néogroupe
RadioVINCI AUTOROUTES
RCS Europe
RFI
Save Diffusion
SCAM
SIRTI
Skolradio
SNRL
SNRL (fonds de dotation radio)
SOLUCAST
Sud Radio
towerCast
Universal Music
Win-Group Software
ZERO JANVIER
La radio a cent ans
2000 -SchooP David Hamelin
L'inauguration du Poste de la Tour Eiffel a lieu en 1921
Le Poste de la Tour Eiffel
diffuse sa première émission en 1921
1964 - Bateau Radio Caroline
Marcel Bleustein-Blanchet,
le créateur de Radio Cité
© 100 ans de Radio/Joëlle Girard/DR
L'assemblée générale
de la Fédération nationale
des radios libres en 1982
1987 – Apparition en France de radio thématique “tout info”
#9 • COLLECTOR
8
100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
QU’A APPORTÉ LA RADIO
AUX FRANÇAIS ?
Par Sébastien Poulain
Pourconnaîtrel’apportdelaradio,unBrexitcomparatifestpeut-êtrenécessaire.C’estainsiqueMontesquieu
a rédigé L’Esprit des lois après l’étude de la démocratie anglaise. Or, la BBC est justement la radio extra-
hexagonale la plus citée comme référence. D’où l’idée d’une “BBC à la française” proposée par le Président
Emmanuel Macron. La formule “Informer, éduquer et divertir” de son fondateur –John Reith – a été souvent
reprise. Il y inversait la mission triptyque “Divertir, informer et éduquer” donnée en 1922 par David Sarnoff
à NBC qu’il présidait.
Ce réordonnancement des priorités a
associé pour longtemps la radio privée
au divertissement. BBC en était pourtant
une avant sa nationalisation grâce à la
première charte royale de 1927 où la
mission d’information était d’ailleurs
absente !
Mais sans doute faut-il se garder
de mépriser l’entertainment. Blaise
Pascal ne nous rappelle-t-il pas notre
difficulté anthropologique à “ne pas
savoir demeurer en repos dans une
chambre “? Une “Pensée” que nous
expérimentons chaque matin lors du
peak time, et particulièrement pendant
les confinements covidiques.
Par ailleurs, les radios privées ont
largement participé à l’information
et à l’éducation. La première d’entre elles –
Radiola – diffuse des programmes de recettes
culinaires, décoration d’intérieur, mode et
chiffon à partir d’octobre 1923. Mais elle
dispose aussi de son propre orchestre dirigé
par Victor Charpentier. Et son fondateur –
Émile Girardeau – est le premier à négocier le
paiement de droits d’auteur quand les artistes
débutent une fronde. Radiola invente aussi le
radioreportage en quasi-direct. Le journaliste
Edmond Dehorter – bientôt surnommé
“Parleur Inconnu” ! – est à proximité du ring
du stade Buffalo de Montrouge où Georges
Carpentier obtient à nouveau le titre de
champion de France de boxe le 6 mai 1923
face à Marcel Nilles. Il
est au téléphone avec
deux sténodactylos dans
le studio dont les écrits
sont lus par le “speaker”
Marcel Laporte.
De son côté, la radio
publique n’a pas attendu
les billettistes des
matinales pour mettre
de l’humour ou des
jeux à l’antenne. Et
les radios locales ont
accentué le mouvement
sans toutefois égaler
l’explosive Carbone 14  !
INTERACTIVITÉ DIRECTE,
RÉACTIVITÉ
INFORMATIONNELLE,
RÉSILIENCE SOCIALE
Nous idéalisons peut-être l’ex-Radio Londres
de Pierre Dac et Charles de Gaulle. Son
auditoire a, par exemple, durement critiqué
sa surmédiatisation du décès et enterrement
du prince Philip Mountbatten en avril 2021 :
109 741 plaintes. Toutefois, celles-ci
concernaient surtout BBCTV.
D’ailleurs, la radio – que Bertolt Brecht
voulait “rapprocher […] des événements
réels” dans Propositions au directeur de
la radio (1927) – bénéficie de dix points
de crédibilité de plus que la télévision
dans l’ensemble des sondages publiés
par La Croix depuis la première guerre
du Golfe. Ses atouts n’y sont pas pour
rien : puissance d’imagination, mobilité
polymorphique, interactivité directe,
réactivité informationnelle, résilience
sociale, adaptabilité technologique,
discrétion iconoclaste, liberté
d’expression, diversité programmatique,
pluralisme économique, implantation
territoriale, énergie musicale, gratuité
anonyme, accessibilité instantanée,
simplicité polyfonctionnelle…
LA
“BANDE SONORE
DE NOS VIES”
La fin du “journal « sans papier » et « sans
distance »” (Lénine, 5 février 1920) était
pourtantenvisageabledèslemilieudesannées
1930. Quand la télévision était expérimentée
dans les locaux du ministère des PTT où avait
été fondé dix ans plus tôt le troisième “studio
d’essai” : Poste de l’École supérieure des PTT.
Mais le francophile/phone Orson Welles, qui a
fait atterrir des ovnis partout en 1938, n’a-t-il
pas dit 20 ans plus tard que la télévision est une
“radio illustrée” dans le no
84 des Cahiers du cinéma.
Les postradiomorphoses
(webradios, RNT,
podcasts…) semblent
avoir des “jours heureux”
devant elles. Ni l’économie
de l’attention ni la guerre
algorithmique ne mettront
fin à l’animation de la
“bande sonore de nos vies”
dont parlait le francophile/
phone Guy Starkey,
chercheur et ex-journaliste
de BBC Radio 4. •
*
Disponible à Marseille et Paris en
*sur la même longueur d’onde
#9 • COLLECTOR
10
100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
Monument emblématique du patrimoine français, la tour Eiffel est aussi
le centre névralgique de la radio à Paris. À 324 mètres de hauteur, et
à l’abri des regards des touristes, 32 programmes de radios publiques,
privées ou associatives sont diffusés sur l’ensemble de la capitale.
Si la radio a vu le jour grâce à la tour Eiffel, la
tour Eiffel est encore là grâce à la radio. Parce
que la radio et la Tour Eiffel, c’est déjà une,
très, longue histoire d’amour. C’est bien la
radio qui sauva la tour Eiffel et qui lui permit
de survivre au-delà des 20 ans de durée de vie
initialement prévue. Dès 1898, de nombreuses
expériences radiophoniques y sont menées.
Le général Ferrié, notamment, réussit à
émettre un signal radio à 400 km en 1903 puis
à 6 000 km, 5 ans plus tard. Naturellement,
la Dame de fer était devenue, grâce aux
nombreuses expérimentations scientifiques,
un laboratoire et, surtout, une… antenne
géante culminant à plus de 300 mètres. Une
altitude qui lui garantit ainsi sa pérennité et fit
de cette hauteur peu commune un réel intérêt
stratégique, notamment durant la Première
Guerre mondiale.
LA RADIOTÉLÉGRAPHIE
D’ABORD
“En 1914, lors de la bataille de la Marne, le
poste radiotélégraphique de la Tour apprend
que le général Von Marwitz, commandant
l’aile droite de l’armée allemande, éprouvait
des problèmes d’intendance et par conséquent
stoppait son avancée. Cette information
capitale permit au commandement français
d’organiser une contre-attaque victorieuse.”
C’est l’épisode des taxis de la Marne.
LA RADIODIFFUSION
ENSUITE
L’édifice fut bien sûr le siège de Radio Tour
Eiffel, dès 1921. “La première émission fut
diffusée le 24 décembre 1921 et captée par un
petit nombre d’auditeurs équipés de postes à
galène. Pendant près de 20 ans, Radio Tour
Eiffel émettait quotidiennement de courtes
émissions à titre expérimental.” Le premier
“Journal parlé” eut lieu en 1925. “Des émissions
expérimentales sont organisées et des artistes
y sont invités tels que Sacha Guitry et Yvonne
Printemps.”
UNE INSPECTION ANNUELLE
PAR TDF
Chaque année, au cœur de l’été, une vingtaine
de techniciens de TDF et d’intervenants sont
mobilisés au cours de trois nuits de travaux. Le
temps est compté pour mener les différentes
opérations de maintenance, impossibles à
réaliser de jour pour des raisons de continuité
de service et de sécurité. Les techniciens
inspectent alors les antennes TNT et FM en
montant au sommet de la Tour, à 324 mètres
d’altitude. Ils réalisent des vérifications
techniques et des inspections visuelles. Des
essais d’énergie et des vérifications de la
chaîne technique des émetteurs TNT et FM
sont également réalisés.
À 324 mètres sont nichés 48 panneaux
d’antennes qui couvrent aussi la diffusion TNT
dans un rayon de près de 80 km et 6 antennes
FM. C’est grâce à ces installations que TDF
diffuse à 12 millions de Franciliens, 45 chaînes
TNT et 32 programmes de radio. •
Par Brulhatour
La première émission au pied de la tour Eiffel.
Le général Ferrié sur la Dame de Fer en 1910.
Une publicité d’époque pour Radio Tour Eiffel.
ET LA RADIO SAUVA
LA TOUR EIFFEL
radiomontblanc.fr
@RadioMontBlanc
LA RADIO AU SOMMET
La radio vit depuis 100 ans, mais la radio n’a pas d’âge. Depuis
près de 40 ans, Radio Mont Blanc cultive un lien vivant avec les
auditeurs & les acteurs du territoire alpin et traverse les technologies
avec brio. Nos équipes sont fières de célébrer la Fête de la Radio et
continuent d’innover pour toujours plus de proximité avec son public.
Soutenu
par
Soutenu par
towerCast,
opérateur de diffusion
historique depuis 1986
100 ans de la radio
40 ans de la bande FM
#9 • COLLECTOR
13
100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
TOWERCAST : 35 ANS
DE BONS SIGNAUX
Par Olivier Malcurat
Créé en 1986 par des passionnés de radio et de technologies, le pôle diffusion de NRJ n’a cessé de se
développer, gagnant des parts de marché et des sites de diffusion, jusqu’à devenir l’un des deux acteurs
majeurs de la filière en France métropolitaine.
À l’origine et dans les années qui ont suivi,
le développement de towerCast va de pair
avec celui de sa maison mère, NRJ. La radio
se développe en région, dans des zones où
l’opérateur historique de diffusion n’est pas ou
peu implanté. “TDF avait déjà un patrimoine de
sites qui diffusait Radio France, mais n’était pas
présent dans le périurbain”, souligne Raphaël
Eyraud, président de towerCast en charge de
l’activité radio. La filiale répond aux besoins
du groupe NRJ, soucieux de préserver son
indépendance tout en acquérant la maîtrise
de sa diffusion. Par la suite, elle propose ses
solutions aux radios privées. Son premier
client en région, en 1991, sera Skyrock, à
Marseille, séduit tant par la solution technique
que par la réactivité du diffuseur ou par les
tarifs qu’il pratique. Dans la foulée, M40,
RFM ou Europe 2 lui emboîtent le pas. “Nous
sommes à la fois des passionnés de technologie
et des passionnés de radio. towerCast est
reconnue pour ses compétences en termes de
diffusion, mais aussi pour sa proximité grâce à
nos équipes implantées en région.”Aujourd’hui,
l’entreprise emploie 170 personnes, réparties
sur l’ensemble du territoire, au plus près des
radios et de leurs auditeurs. Elle dispose aussi
d’un centre de maintenance et de logistique
basé à Nazelles-Négron.
UN DÉVELOPPEMENT
CONSTANT
1994. La société de diffusion de NRJ part
conquérir la Bretagne en rachetant Sogetec,
les quelques sites qu’elle possède et son
portefeuille clients. “Nous continuons de nous
développer sous le nom de Sogetec jusqu’au
début des années 2000, puis l’entreprise
change de nom pour devenir towerCast. Nous
développons nos équipes de techniciens dans
toute la France et gagnons de nouveaux clients.
towerCast a grandi avec le développement des
radios privées, que nous avons accompagné.”
En acquérant de nouveaux sites, towerCast
s’ouvre alors à la téléphonie, proposant son
patrimoine étendu aux acteurs des télécoms.
Suivra, à partir de 2002, le développement
de l’activité à l’international et notamment
en Finlande et en Belgique francophone, et
dès 2003, en France, les préparatifs liés à la
transition numérique de la diffusion de la
télévision, car towerCast entend bien être
au rendez-vous de la TNT. Parallèlement, le
diffuseurmènedesactionsdevantl’autoritéde
la concurrence dans le but de mettre un terme
au monopole qui lie historiquement Radio
France à TDF. Les démarches aboutissent
en 2005 au premier appel d’offres lancé par
Radio France en vue de confier sa diffusion à
un autre opérateur.Ainsi, en 15 ans, towerCast
a conquis 30% de la diffusion de Radio France.
Autre fait d’armes, en 2014 : towerCast
acquiert l’activité de diffusion de Lagardère, se
voyant confier la totalité des sites de diffusion
et 300 fréquences du Groupe, soit 50% de part
de marché des fréquences FM d’Europe 1,
RFM etVirgin Radio.
Aujourd’hui, towerCast couvre plus de 85% de
la population française en FM et près de 70%
des Français reçoivent au moins une diffusion
TNT opérée par towerCast.
ACTEUR
INCONTOURNABLE
DU DAB +
EN FRANCE
Dès 1996, towerCast mène différentes
expérimentations dans le cadre de la diffusion
numériquedelaradio.“Nousavonstestétoutes
les technologies qui se présentaient. Ainsi, en
2018, nous avons pu commencer à prendre
des parts de marché sur le nouveau mode
de diffusion, jusqu’à devenir l’un des acteurs
majeurs du DAB +. Sur l’appel métropolitain,
nous avons obtenu 100% des têtes de réseau et
100% du transport satellite. Nous avons aussi
gagné 65% des sites de diffusion de la première
phase de déploiement.” Avec un patrimoine
de plus de 550 sites de diffusion urbains,
périurbains et ruraux, towerCast est présent
sur l’ensemble de la chaîne de valeurs, de la
source de production au récepteur télé ou
radio des Français. •
CONTACT
towerCast
46/50 avenueThéophile Gautier
75016 Paris
Tél. : 01-40-71-40-71
Web : towercast.fr
Publirédactionnel
#9 • COLLECTOR
14
100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
LES BONNES ONDES :
PO, GO, FM, OC ET DAB+
En noir, la partie signal peut par exemple être
le son la qu’on voudrait transmettre, en rouge
ce que ça donnerait avec un module AM et en
bleu ce que ça donne en module FM.
Par le passé, l’acheminement des ondes a fait l’objet de recherches. Et, comme par enchantement, la radio
est arrivée, simplement mais efficacement, dans les foyers en utilisant des gammes d’ondes différentes.
Dans un futur, pas forcément lointain, d’autres formes d’ondes transporteront le signal, beaucoup plus
puissamment que le numérique d’aujourd’hui…
De manière générale, que ce soit pour de la
radio, de la télévision ou tout autre système
de communication, que ce soit analogique
ou numérique employant des ondes
électromagnétiques, pour transmettre de
l’information sur une onde électromagnétique
qu’on appelle dans ce cas une porteuse, il faut
moduler les propriétés de celle-ci. C’est-à-
dire qu’on joue sur l’état de l’onde. En effet,
une onde peut comporter différents états
comme une forte amplitude suivie d’une
petite amplitude ainsi que des vagues très
rapprochées ou très éloignées. Pour une onde
électromagnétique, il y a deux paramètres
sur lesquels on peut jouer. En premier, son
amplitude qu’on peut se représenter comme
la hauteur d’une vague sur la mer. Le second
paramètre est sa phase ou sa fréquence,
qu’on peut représenter comme l’écart entre
les vagues. La phase étant, en quelque sorte,
la position de la vague par rapport au temps.
Toutes les technologies utilisant des ondes
radio font appel forcément à l’un ou l’autre des
deux paramètres ou même… les deux à la fois.
EN ANALOGIQUE…
EnAM, pour amplitude modulation, la hauteur
de la vague est modulée proportionnellement
au signal audio à transmettre s’il s’agit d’une
diffusion analogique. Le signal audio est
restitué en comparant la variation d’amplitude
de l’onde.
En FM, pour modulation de fréquence, on
joue sur l’écart entre les fronts d’ondes.
Plus exactement, la fréquence varie d’un
delta positif et négatif autour de ce qu’on
appelle la fréquence centrale, fréquence
de référence. S’il s’agit d’une transmission
analogique comme en radiodiffusion FM,
alors la fréquence de l’onde oscille autour
de la fréquence de référence (par exemple
105.5 MHz) et le signal audio est restitué en
comparant l’écart entre la fréquence modulée
et la fréquence de référence.
… OU EN NUMÉRIQUE
En radio numérique (DAB, TDMB), on utilise
deux types de modulation à la fois, une
composante en amplitude et une composante
Par Floris Roosen
en phase. Ceci en vue de pouvoir transmettre
un nombre d’informations plus important
à la fois, en gros un débit binaire plus élevé
que si l’on n’employait qu’un seul type de
modulation. À cela s’ajoute un petit détail et
pas des moindres : au lieu d’avoir une seule
onde qu’on module, on en module plusieurs
à la fois. Chacune de ces ondes modulées à
la fois en phase et amplitude transporte une
information binaire. En DAB, on utilise 1 536
porteuses mises côte à côte fréquemment
afin de constituer un bloc porteur. Un
récepteur DAB a pour mission de démoduler
simultanément ces 1 536 porteuses afin de
reconstituer le paquet de données. •
Par Floris Roosen
Le signal OFMD du DAB, DAB+, TDMB.
En à Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Toulouse et Strasbourg
PARIS 89 FM
©ATTA
KENARE
/
AFP
Ce qui se
passe loin
nous touche
de
près
#9 • COLLECTOR
17
100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
LE TRANSISTOR,
PIONNIER DE L’ÉCOUTE
EN SOLO
Par Olivier Dubrana
Descendant de la radio à lampes
mais ancêtre du baladeur et
du smartphone, le transistor
fut pleinement adopté par les
foyers français dans les années
60. Aujourd’hui vintage, il était
plébiscité par une jeunesse
éprise de liberté et développa
une nouvelle forme d’écoute :
individuelle et nomade.
Dans l’histoire de la radio et particulièrement
en France, il y eut un avant et un après
“transistor”, ce récepteur qui a fini par prendre
le nom du composant situé dans son circuit
électrique. Les foyers français passèrent grâce
à lui d’une écoute collective à une écoute
individuelle de la radio, mais aussi portative,
sans passer par le balbutiant autoradio. Si le
premier poste à transistors avait été construit
aux États-Unis en 1954, ce n’est que deux ans
plus tard qu’un modèle de fabrication 100%
française fut lancé sur le marché hexagonal.
LE “SOLISTOR”
A ESSUYÉ LES PLÂTRES
En 1956, en effet, la Compagnie générale de
télégraphie sans fil (CSF) a conçu un récepteur
nommé “Solistor”, entièrement fabriqué
avec des composants français, mais qui
n’eut étonnamment pas le succès escompté.
“La CSF était spécialisée dans la production
d’articles en petite série. Mais cette fois, ses
ingénieurs devaient les construire en masse, ce
qui était risqué dans un marché qui n’était pas
mature. Il ne suffit donc pas d’être précurseur
pour réussir”, analyse Elvina Fesneau, auteure
de l’ouvrage Le poste à transistors à la conquête
de la France : la radio nomade (1954-1970).
La compagnie se fit damer le pion en 1958
par Thomson, qui introduit des composants
étrangers dans ses transistors et finit par
conquérir le marché.
En dix années, l’engouement ne se démentit
pas : le nombre de modèles vendus passa de
250 000 en 1958 à plus de 2 millions en 1968,
couvrant alors 70% des foyers français. Le
taux d’équipement supplantait ainsi celui de
ses voisins européens, avec souvent plusieurs
récepteurs par famille. Les ingénieurs qui
doutaient pourtant, au départ, de l’intérêt que
l’on pouvait trouver à se déplacer en écoutant
un poste de radio, en baissèrent rapidement
le prix. S’il coûtait au départ l’équivalent d’un
mois de salaire, il devint ainsi plus accessible
à une nouvelle catégorie de consommateurs,
qui ne touchaient alors que de l’argent de
poche.
LES JEUNES
BABY-BOOMERS :
CIBLES MARKETING
ET AMBASSADEURS
À l’écoute de leurs artistes préférés dans les
nouvelles émissions qui leur étaient dédiées
(Salut les copains sur Europe 1, puis Minimax
sur RTL), les adolescents de 13 à 21 ans,
que l’on nommait à l’époque “les jeunes”,
s’approprièrent le transistor. “Les jeunes
forment pour la première fois une catégorie à
part et deviennent alors une cible marketing
privilégiée. Le succès de cet objet en France
est donc la conjonction de plusieurs facteurs
différents : économiques, sociologiques,
politiques mais aussi sociétaux”, estime Elvina
Fresneau.
Cette tranche d’âge issue du baby-boom
devint ainsi une véritable ambassadrice
du transistor, notamment sur les affiches
publicitaires. Elle n’écoutait pas seulement son
transistor de façon intime dans sa chambre,
mais l’emmenait aussi hors les murs lors de
sorties entre copains : dans les rues, à la plage
et même dans les transports, avec à la clé de
premières lois contre les nuisances sonores,
bien avant le téléphone mobile…
Au cœur
de l’Histoire
des années 60
Si quelques foyers avaient entendu grâce
à leur radio à lampes l’appel du général de
Gaulle sur la BBC le 18 juin 1940, ce furent
“500 000 gaillards munis de transistors”, selon
les propres termes du chef d’État, qui reçurent
5 sur 5 son message une vingtaine d’années
plus tard. Prononcé afin d’enrayer la tentative
de putsch des généraux en Algérie, le discours
du Président remobilisa par les ondes le 23
avril 1961 le contingent de combattants, tous
munis d’un récepteur, qui se trouvait sur place.
L’outil se retourna toutefois contre lui en mai
1968 : afin de coordonner leur progression, les
différents manifestants, Daniel Cohn-Bendit
en tête, évoluaient l’oreille collée à leur poste,
à l’écoute des évènements relatés par les
radios périphériques. •
À LIRE
Elvina Fesneau, Le Poste à
transistors à la conquête de
la France : la radio nomade
(1954-1970), Paris, INA
Éditions, 2011. •
#9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
DANS LES COULISSES
DE LA MÉMOIRE DE LA RADIO
L’INA, média patrimonial du service public
et de l’audiovisuel public, à Bry-sur-Marne,
dans le Val-de-Marne. © INA.
La première archive radiophonique conservée par l’INA date du 30 avril 1933. Il s’agit d’un reportage consacré
aux caves de la ville de Roquefort. Depuis 45 ans, l’Institut national de l’audiovisuel a engrangé plus de 20
millions d’heures d’archives audiovisuelles, recueillies aujourd’hui sur plus de 180 canaux de diffusion.
Depuis 1974, l’Institut national de l’audiovisuel
regardelatélévisionetécoutelaradio.L’INAest
un établissement public à caractère industriel
et commercial, né de l’éclatement de l’ORTF
qui rassemblait initialement les compétences
de production, de diffusion et d’archivage.
“Lorsqu’ont été scindées les compétences entre
les diffuseurs que l’on connaît aujourd’hui,
Radio France, France Médias Monde et France
Télévisions, il leur a été confié la production
et la diffusion antenne tandis que la collecte
des contenus pour les rendre accessibles à des
fins d’exploitation secondaire, mais aussi les
missions de recherche, de production à base
d’archives et les missions de formation, ont été
confiées à l’INA”, explique Éléonore Alquier,
directrice adjointe déléguée aux collections.
En 1992, la mission de l’INA est élargie avec
la mise en œuvre d’un archivage à des fins de
mémoire pure et de recherche : c’est le “dépôt
légal de la radio et de la télévision” qui consiste
aujourd’hui à enregistrer 24h/24 quelque 100
canaux de télévision et 80 canaux de radio.
Depuis 2006, l’INA archive aussi une partie du
Webfrançais,celleconsacréeauxmédiasradio
et télévision (tweets diffusés en parallèle à une
émission, sites Web dédiés, pages Facebook,
chaînesYouTube où certaines stations de radio
ontunusagetrèsdéveloppéderadiofilmée…).
“Cela nous permet de montrer comment le
média son et le média visuel ont construit un lien
qui n’existait pas il y a dix ans.”
Comme toutes les archives, celles de l’INA
n’ont pas vocation à rester empilées sur des
étagères, ni même à être stockées dans des
téraoctets de disques durs. “L’archive est
accessible à des fins de recherches, dans des
salles de lecture où viennent des publics dits
chercheurs, étudiants…, poursuit Éléonore
Alquier. Par ailleurs, nous exploitons ces fonds
pour leur donner une seconde vie, tant auprès
des acteurs de l’audiovisuel que du grand public.
Tout l’enjeu est d’avoir un fonds très volumineux
mais suffisamment maîtrisé pour pouvoir
identifier très précisément les moments ou les
extraits qui vont pouvoir être utiles sous forme
d’intégrale, sous forme d’extraits, dans de
nouvelles productions, dans des documentaires,
sur notre plateforme Madelen…” Au-delà de la
“pige” des radios et télés, les fonds d’archives
sont collectés auprès de différentes sources
qui possèdent des documents, comme des
studios de production, par exemple. L’INA
met en place des collectes de matériels, qui
sont parfois encore analogiques, de manière
à disposer d’archives les plus qualitatives
possible, qui sont ensuite rendues accessibles.
COMMENT
S’Y RETROUVER ?
Ce n’est pas tout d’archiver pour archiver.
Typiquement, s’il faut six mois pour s’y
retrouver, cela n’a pas de sens. C’est là
qu’entre en jeu tout l’art de l’archivage :
rendre les documents accessibles. Ainsi, les
archives sont soumises à un énorme travail de
description : les métadonnées vont permettre
de qualifier les programmes et accompagner
les matériels. Grâce à ce travail de fourmi, le
moteur de recherche unique pourra explorer
l’ensemble des fonds d’archives. Pour faciliter
l’exploitation des archives sonores, l’INA a des
contacts privilégiés avec Radio France. “Nous
sommes engagés, par convention, à travailler
avec les diffuseurs de l’audiovisuel public.
Par Olivier Malcurat
“La mémoire audiovisuelle française
doit être rendue accessible
au plus grand nombre.” Éléonore Alquier
CONTACT
Institut national de l’audiovisuel - INA
18 avenue des Frères Lumière
94336 Bry-sur-Marne Cedex
Tél. : 01 49 83 20 00
Web : institut.ina.fr
#9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
et de repérer les moments emblématiques, mais
nous disposons d’alternatives et notamment
la forme d’onde que savent interpréter les
documentalistes spécialisés en son. Autre
illustration des nouvelles technologies qui
commencent à se développer en matière
de son  : INA speech segmenter, un outil
d’intelligence artificielle développé par l’INA,
capable d’identifier automatiquement les
moments où l’on entend de la musique ou des
personnes qui parlent, des voix de femmes ou
des voix d’hommes. Cela permet d’avoir un
premier regard analytique sur les sons.”
CONSERVER LA MÉMOIRE
DE L’AUDIOVISUEL
FRANÇAIS
Au-delà de l’accès au passé, l’INA est
responsable de la pérennité de ces archives.
En ce sens, il doit à la fois conserver des
supports physiques originaux qualitatifs,
mais aussi numériser ces supports et en
assurer la conservation numérique, a fortiori
lorsqu’il s’agit de supports nativement
numériques. “Pour assurer cette pérennité du
support numérique, nous disposons de robots
d’archivage et menons une politique de veille
sur les formats, de manière à toujours avoir
à disposition des masters exploitables, que
l’on pourra décliner en différentes qualités en
fonction des besoins de l’utilisateur.”
Danssescollectesdedocuments,l’INAvaaussi
hériter de supports légués ou remis par des
structures détentrices de fonds audiovisuels,
par exemple à l’occasion de la fermeture d’un
studio de production. Il va donc falloir gérer ce
fonds, éventuellement le numériser, afin qu’il
puisse être exploité. “Nous collectons la radio
en numérique, mais il nous est arrivé, jusqu’à il y
L’archive
radiophonique
la plus…
- Ancienne : il s’agit d’un reportage réalisé
le 30 avril 1933, consacré aux caves de la
ville de Roquefort. Les thèmes évoqués y
sont l’histoire de la ville, les bergers locaux
(qui s’expriment en occitan), les caves… le
tout accompagné de chansons locales, et de
quelques publicités.
- Solennelle : l’appel du général de Gaulle “du
18 juin 1940”… ou plutôt du 22 juin, car celui du
18, s’il a été enregistré, n’a pas été conservé.
L’enregistrement du 22 juin, très similaire à
celui du 18, est une illustration emblématique
de la “guerre des ondes” qui se tient durant la
Seconde Guerre mondiale.
- Animée : un reportage du 6 mai 1968 dans
lequel le journaliste Jean-Claude Bourret
prend l’antenne en direct des manifestations
d’étudiants, dans le Quartier latin, à Paris : on
“assiste” en direct à la charge des CRS et à la
dispersion des manifestants à coups de gaz
asphyxiants.
- Sportive : les dernières minutes de la Coupe
du monde de football du 12 juillet 1998,
commentées par JacquesVendroux sur France
Inter. •
a trois ans, dans des locales de France Bleu, de
collecter des fonds anciens, qui étaient encore
à l’état de bandes 6,25 mm. La mémoire radio
et télé est encore présente un peu partout en
France, y compris chez des acteurs qui ne sont
pas des chaînes ni de radio ni de télévision, mais
qui ont fabriqué de l’audiovisuel pour une raison
ou pour une autre. Nous participons aussi à
cette sauvegarde-là, en traitant et en mettant à
disposition des supports analogiques anciens.”
Enfin, les détenteurs de droits sont aussi
des contacts privilégiés de l’INA, comme
les fédérations sportives qui détiennent
souvent les droits sur les images diffusées
à la télévision, ou des entités qui ont généré
des supports ou des contenus audiovisuels,
même s’ils n’ont jamais été diffusés, comme
les fonds de l’Opéra de Paris, accessibles dans
les salles de lecture de l’INA, à des fins de
recherche. Forts de cette maîtrise des archives
de l’audiovisuel français, l’INA s’adresse à tous
types de clients : médias, chercheurs, mais
aussi grand public. Pour faciliter cet accès,
l’INA dispose depuis le premier confinement
(mars 2020) d’une plateforme SVOD baptisée
Madelen, qui valorise une sélection de
contenus parmi les plus emblématiques,
“sur lesquels l’INA apporte un soin éditorial
particulier, pour partager cette mémoire des
archives audiovisuelles”. •
L’INA a une permanence de documentalistes
à Radio France, dans le but d’accompagner les
responsables d’émissions dans la préparation
d’émissions à venir. Et en particulier les
émissions très consommatrices d’archives,
comme Affaires sensibles, sur France Inter. Les
journaux parlés et les magazines d’histoire sont
aussi très consommateurs d’archives.”
Pour explorer les archives sonores
efficacement, l’INA s’est dotée de différents
outils. “A priori, les archives sonores sont plus
difficiles à appréhender, car il n’y a pas de report
visuel qui permette de faire une lecture accélérée
Cartographie des fonds.
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
1940-1944 : LA GUERRE DES ONDES
Après avoir animé La Fabrique de l’Histoire
et La Marche des sciences, Aurélie Luneau
s’intéresse à l’écologie dans De cause à effets,
sur France Culture.
© Christophe Abramowitz / Radio France.
Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, la radio, canal de propagande et outil de transmission, est au
centre du conflit. Historienne des médias et journaliste à France Culture, Aurélie Luneau a travaillé dix ans
sur cette période de l’Histoire et publié sa thèse : Radio Londres, 1940-1944.
Septembre 1939, l’Europe s’embrase. Le
paysage radiophonique vit une drôle de
guerre. La France compte 14 stations de radio
publiques (Radio Paris, Paris PTT, Paris-Tour
Eiffel…) et 12 privées (Le Poste parisien, Radio
Méditerranée, Radio Cité… Le monopole
d’État sur la radio sera établi après-guerre, en
1945). On compte en France 6,5 millions de
récepteurs radio pour 40 millions d’habitants.
Tout le monde n’en possède pas, mais, malgré
tout, on le retrouve dans les différentes classes
sociales. On se rassemble chez des amis ou
des voisins pour écouter les “nouvelles”.
“À ce moment-là, la France n’a pas la culture de
l’utilisation de la radio comme arme de guerre et
outil de propagande, explique Aurélie Luneau.
On estime qu’elle sert à informer, éduquer,
divertir, mais il faut faire attention, encadrer
l’information et la censurer. Les programmes
sont très limités, notamment par manque de
forces vives puisque les hommes sont mobilisés.
Sur la radio nationale, les programmes vivent
de 6h à 9h, de 14h30-15h à 18h-18h30. La
censure fait que l’auditeur se tourne vers
d’autres radios, comme la BBC basée à Londres
ou Radio Sottens en Suisse.” Mais les Français
se tournent aussi vers ces radios surnommées
les “postes noirs”, comme Radio Stuttgart,
un des fleurons du dispositif nazi en langue
française.
“EN PÉRIODE
DE GUERRE,
LES MOTS SONT
DES ARMES”
Adolf Hitler dans le texte. Mein Kampf (1925).
“Dans cette période de guerre, Hitler a tout
compris de la force de la radio, poursuit Aurélie
Luneau. Dès qu’il envahit un pays, il fait en sorte
de s’emparer des émetteurs les plus puissants
et met la radio au pas, comme il l’a fait dans
l’Allemagne hitlérienne. La propagande diffusée
sur les ondes avait pour but de démolir le moral
des troupes.Sur la ligne Maginot, les Allemands
font installer des haut-parleurs qui distillent des
slogans et des nouvelles démoralisantes, tout
en donnant à entendre des chansons populaires,
de Joséphine Baker ou Maurice Chevalier. En
face, le gouvernement français hésite à utiliser
la radio comme arme de guerre, estimant que ce
n’est pas le bon choix.”
Durant la SecondeGuerre mondiale, il n’y aura
aucun sondage d’audience, mais des Français
écrivent à la BBC, qui, en février 1940, a déjà
reçu 1 500 lettres de France, comme celle de
cette habitante du Cher : “Nous sommes des
assidus, ma famille et moi, des informations en
français au poste Radio Londres par la BBC et
souvent nous comparons les informations de
Stuttgart et les vôtres.Quelle différence !Tandis
que les leurs puent le mensonge et la révolte
contre l’Angleterre, les vôtres sont clairement
exposées.” Jusqu’à l’armistice du 22 juin 1940,
la BBC recevra, en moyenne, 900 lettres par
mois. Avant même que le général de Gaulle
prenne la parole le 18 juin 1940, avant même
que les émissions phares (Les Français parlent
aux Français, Honneur et Patrie…) se mettent
en place à l’été 1940, il y a des Français qui se
tournent vers Radio Londres pour écouter une
radio fiable qui va les informer. En 1939, la BBC
diffuse en neuf langues. Quatre ans plus tard,
en 45 !
L’APPEL DU 18 JUIN
Très tôt, l’officier de Gaulle voit la radio
comme un outil. Elle deviendra son lien
principal avec les Français, lorsque le Premier
ministre britannique Winston Churchill lui
offrira un rendez-vous quotidien de 5’ sur
Radio Londres. Il a déjà prôné la radio comme
outil militaire pour les transmissions. Et c’est
bien sûr par la radio que le 18 juin 1940, le
jeune général promu lancera son appel à
poursuivre les combats. La veille, le maréchal
Pétain avait au contraire appelé à les cesser.
“Ce n’est pas le premier appel radio de Charles
de Gaulle, précise Aurélie Luneau. Le 21 mai
1940, alors qu’il était colonel à la tête d’une
division de cuirassiers, il est interviewé par un
reporter à Savigny-sur-Ardres, pour l’émission
quotidienne Le quart d’heure du soldat. Il y a
quelques années, deux historiens,Anne et Pierre
Rouanet, ont retrouvé le texte de cet appel lancé
par de Gaulle sur les champs de bataille. Les
propos sont très similaires à ceux de son appel
du 18 juin : il milite pour l’arme blindée, parle de
Par Olivier Malcurat
#9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
continuer les combats, convaincu de la victoire
finale de la France. On ne sait pas si cet appel
a été entendu, tandis que celui lancé depuis
Londres le sera, en partie. Il aurait même été
enregistré sur un disque et rediffusé à plusieurs
reprises jusqu’au lendemain.”
Le 25 juin 1940, la radiodiffusion nationale
s’arrête. Les Allemands sont à Paris et
prennent le contrôle des émetteurs et
stoppent toute diffusion jusqu’au 5 juillet,
où Radio Paris redémarre pour diffuser des
émissions anti-Alliés ou antisémites et des
discours prônant le national-socialisme et la
collaboration. “Les Allemands sont malins   !
concède Aurélie Luneau. Pour faire en sorte
d’être écoutés par un public large, qui ne se
doute pas forcément de la propagande établie,
ils diffusent aussi énormément d’émissions
culturelles, comme des retransmissions de
pièces de théâtre ou de concerts.” En zone libre
se met en place Radio Vichy. “Une radio à la
gloire du maréchal Pétain, qui défend l’ordre,
la morale, la famille et le travail. Elle a un ton
plutôt modéré jusqu’en 1942, puis devient plus
hostile aux Alliés et prône la collaboration avec
les Allemands. Comme les Allemands qui ont
fait interdire l’écoute de radios ennemies, Vichy
interdit l’écoute des émissions de la BBC. Au
mieux, celui qui était pris par la police française
devait s’acquitter d’une amende et voyait son
poste confisqué. Au pire, avec les Allemands,
c’était l’enfermement, l’emprisonnement, les
travaux forcés et même la déportation.”
LA RADIO
COMME
ARME DE GUERRE
Chacun l’a utilisée pour diffuser sa ligne de
propagande. Mais cette guerre des mots
se transforme aussi très vite en guerre de
techniciens. Les Britanniques passaient leur
temps à chercher de nouvelles longueurs
“Radio Londres est entrée dans l’Histoire
de la radio en France comme une grande dame.”
d’ondes pour contourner le brouillage
allemand. Les Allemands, bien que pas
spécialement doués pour le brouillage,
cherchaient à neutraliser la diffusion
britannique. “Radio Londres est entrée dans
l’Histoire de la radio en France comme une
grande dame, parce qu’elle a été aux côtés des
Français. À partir du 28 juin 1940, les évadés
qui rejoignent l’Angleterre viennent parler à la
radio pour informer leurs familles qu’ils sont
bien arrivés. Cette pratique va donner l’idée aux
services secrets de lancer les fameux messages
codés ; le premier fut émis le 3 septembre 1941  :
“Lisette va bien” (annonçant une opération
aérienne, NDLR). En cinq années de guerre,
le général de Gaulle s’est exprimé 67 fois à
la BBC. Le reste du temps, c’était Maurice
Schumann, son porte-parole, qui intervenait.”
Et puis Radio Londres, c’est aussi cette
émission emblématique, Les Français parlent
aux Français. Un rendez-vous qui devient vite
incontournable. Il fait du bien, informe et
donne à comprendre ce qui se passe, alors que
le monde est en plein chaos. •
1944 - Radio Cherbourg.
#9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
LE MOT DE...
FRANK LANOUX
Frank Lanoux
Frank Lanoux (à droite) a activement participé à la deuxième vie de RMC.
Il y a eu les années TSF, les années transistor, les années FM, et nous avons déjà bien entamé les années
digitales. La radio traverse les époques et passe allégrement d’un meuble pour soirées familiales à une
fonction induite dans une multitude d’objets du quotidien.
J’ai eu la chance d’être nourri par Europe 1,
élevé par les musicales et à la manœuvre pour
transformer une généraliste. Ces expériences,
je les ai développées sur une locale, sur des
réseaux, à Paris, en région et à l’étranger. J’ai
euaussilachancedepasserd’uneexpérienceà
une autre en laissant toujours plus d’auditeurs
que j’en avais trouvé en arrivant. La dernière
expérience est intéressante, car l’on peut
considérer que nous avons lancé la dernière
radio nationale. Il ne s’agissait pas d’un
reformatage, mais bel et bien de la création
d’un nouveau format. C’est aussi intéressant,
car je ne connais pas un autre média qui après
unpasséglorieux,puisunedescenteauxenfers
a su s’écrire une deuxième vie. Ce fut aussi le
début de la construction d’un groupe qui vit
naître une chaîne d’information devenue la
première du pays en quelques mois.
J’ai déjà raconté cette histoire*, mais il
convient aujourd’hui d’en retenir de nouveaux
enseignements.
1 - La radio est une école exceptionnelle.
Les ponts se sont multipliés avec la télé et
les meilleurs viennent de la radio ; inutile
d’en publier l’annuaire, ça crève l’écran.
Mais la radio n’est pas le son de la télé. La
concentration et l’énergie que demande la
production du spectacle sans images sont
telles qu’en produisant les deux en même
temps, il y a le risque de mal livrer chacun.
2 - La radio est la meilleure des compagnies
parce que vous l’écoutez seul. Vous la
choisissez, vous montez ou baissez le son,
vous l’éteignez au besoin. Bref, elle vous
ressemble en même temps qu’elle vous
perturbe, elle vous parle au même titre qu’un
ami. Aujourd’hui, la vie déstructurée la rend
encore plus nécessaire, car elle vous rythme
du tempo qui est le vôtre.
3 - La radio a toutes les qualités du digital
depuis près de 70 ans. Dématérialisée, mobile
et gratuite, elle offre toujours aujourd’hui
la dextérité du monde moderne alliée à la
dimension humaine. Aujourd’hui, les équipes
radio sont aux avant-postes tant la vitesse, la
proximité, l’intime et l’accompagnement sont
des valeurs partagées.
4 - À l’évidence, l’agitation digitale et
l’explosion de l’offre médiatique doivent
nous conduire à mieux répondre encore à la
confiance qu’ont les Français dans le média.
Pour l’information, il y a donc urgence à
la séparer nettement du commentaire. La
confusion prête le flanc aux effets de manche
et embarque le média dans le flux insipide
d’une information non qualifiée.
5 - Le monde complexe nous oblige
à trouver les équipes qui répondent à
toutes les dimensions. Aujourd’hui, il faut
savoir éditorialiser, produire, promouvoir,
digitaliser, gérer, vendre… en même temps.
Le chef d’orchestre n’a pas de parti pris et doit
défendre un 360 fait d’équilibre, d’audace et
d’énergie. Je le sais, ce n’est pas donné à tous
les métiers du secteur.
6 - L’obsession de la concurrence est une
dérive… La radio est le média de l’intime et
travailler la relation avec ses auditeurs est bien
plus utile que d’observer les confrères pour
les copier. On ne conduit pas une Formule 1
avec un rétroviseur. Une fois trouvée sa voie,
il vaut mieux creuser son sillon et flatter sa
communauté, pour gagner en différence et
triompher par soi-même.
7 - Le doute est plus fort que la certitude. J’ai
l’impression d’en lister ici une belle collection,
mais une question reste meilleure conseillère
que la réponse toute faite. À se reposer les
questions, on trouve de nouvelles réponses et
c’est peut-être le plus important quand l’enjeu
est l’innovation et la créativité. On doit faire
différent par principe, voire le contraire pour
réussir.
8 - La radio, c’est tous les jours pareil et tous
les jours différent. Comment expliquer mieux
que ce “en même temps” est la clé du média  ?
Déjà, parce qu’il sait le faire et cet art n’est pas
donné à tout le monde. On est pareil, car on
fixe des rendez-vous et on est différent pour
mieux étonner. Finalement, la radio est une
définition de l’amour et l’amour, c’est pour
toujours.
9 - La radio est une chance, car c’est le
produit qui parle ! Investir le produit est
bien plus productif que de se perdre en
communication, éléments de langage ou
gonflette promotionnelle. On a bien relancé
RMC sans changer le nom et sans campagne
d’image. C’est le produit qui parle. Ça va
jusqu’à préférer la pub qu’on vend à celle qu’on
pourrait acheter !
J’ai une certitude : toutes les bougies que nous
soufflons aujourd’hui continueront à mettre le
feu. •
* La deuxième vie de RMC, Éditions du Rocher.
#9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
LA NAISSANCE DES STATIONS
PÉRIPHÉRIQUES
Par Denis Maréchal
L’expression “radios périphériques” recouvre
un phénomène bien spécifique. Il s’agissait de
dénommer ainsi des postes émetteurs implantés
de l’autre côté des frontières de la France.
Au Luxembourg depuis 1933, en Andorre
entre 1939 et 1981, dans la principauté de
Monaco depuis 1943 et en Sarre depuis 1955.
Dans l’entre-deux-guerres, le statut des
postes radiophoniques était régi par le double
secteur  : stations privées et stations publiques
se disputaient l’audience, tandis qu’une
station de droit luxembourgeois mais de
capitaux français diffusait ses programmes sur
les trois quarts du territoire. En Andorre, une
station également constituée par des capitaux
français émettait sur le Sud-Ouest.
Au lendemain de la SecondeGuerre mondiale,
le régime de la radiodiffusion relevait
désormais exclusivement du monopole
de service public. Seulement trois stations
devaient subsister : Radio Luxembourg, Radio
Andorre et Radio Monte-Carlo justement
parce qu’elles émettaient depuis un territoire
étranger à la périphérie de la France.
L’expression de “radios périphériques” était
née.
C’est dans cette brèche que s’engouffrèrent les
initiateurs de la station Europe n°
1 enSarre dix
ans plus tard.
Du point de vue de la matière diffusée, ces
quatre stations eurent pour point commun
de recourir massivement à la publicité
pour se développer, ce qui les distinguait
immanquablement des stations de la Radio
Diffusion Française (RDF) puis à partir de 1964
des stations de l’ORTF où la publicité sur les
ondes était prohibée. Les stations privées
développèrent leurs programmes de manière
originale au point, dans les années cinquante
et soixante, de s’imposer par d’éclatants
succès d’audience. Leur influence respective,
Radio Luxembourg demeura majoritaire dans
les classes populaires et Europe n°
1 conquit
le public des cadres, tandis que Radio Monte-
Carlo et Radio Andorre au sein de leur espace
régional propre séduisaient les auditeurs.
À partir de 1964, il revint à une nouvelle
station publique, France Inter, de tenter de
conquérir les auditeurs partis à l’écoute des
stations périphériques. Ces stations privées
se démarquaient dès l’origine de l’offre du
monopole de deux manières : la première
concernait les programmes et la seconde par
le traitement de l’information.
ALPHA ET OMÉGA
DES PROGRAMMES :
L’AUDIENCE !
Et, pour drainer le plus grand nombre
d’auditeurs, il fallait les captiver par des
émissions de distraction. Jeux et feuilletons
sur Radio Luxembourg, musique “jeune”
pour Europe no
1. Ajoutons à cela de grandes
opérations d’entraide comme l’appel de
l’abbé Pierre en 1954 à Radio Luxembourg
ou encore Vous êtes formidables sur Europe
no
1. Ainsi, les principaux ingrédients pour
faire monter l’audience se trouvaient
réunis, loin des émissions pédagogiques et
littéraires de la Radiodiffusion française. Sur
le terrain de l’information, là où les stations
de l’ORTF étaient inévitablement taxées de
leur propension à jouer les faire-valoir de
l’action gouvernementale, les stations privées
s’employèrent à traiter l’information de façon
dite “objective”. La référence au pouvoir y était
sinon absente, beaucoup moins marquée.
À la fin de l’année 1962, 42% des Français
écoutaient Radio Luxembourg, 34% Europe
no
 1 et seulement 24% pour France Inter.
On l’aura compris, bien au-delà de leur statut
et du positionnement de leur émetteur, c’est
bel et bien sur le terrain des contenus et de
son succès qu’il convient de définir finalement
ce que recouvrait l’expression “radios
périphériques”. •
Denis Maréchal
Docteur en histoire
RTL, histoire d’une radio populaire,
Nouveau Monde éditions, 2010.
France Inter, une histoire de pouvoirs,
Ina éditions, 2020.
Nous sommes en 1953. Radio Monte-Carlo se
dote de véhicules à ses couleurs.
Le célèbre Appel de l’abbé Pierre sur Radio
Luxembourg durant l’hiver 1954.
#9 • COLLECTOR
24
100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
QUAND LA RADIO
RENCONTRE LA PUBLICITÉ
Par Jean-Jacques Cheval
Professeur des Universités en poste à l’Université Bordeaux Montaigne
Fondateur du Groupe de Recherches et d’Études sur la Radio (GRER)
La question publicitaire n’a cessé de contribuer à la structuration du paysage radiophonique français,
l’invention de la radio s’est accompagnée de l’invention de la publicité radiophonique. Dès novembre 1922, le
lancementdeRadiolacorrespondaitausoucidedévelopperlemarchédespostesrécepteurs.Sesprogrammes,
animés par Radiolo, devaient par eux-mêmes susciter l’appétit des consommateurs pour une nouvelle forme
de distraction et d’information et entraîner par là les ventes des récepteurs Radiola précisément.
Les stations privées créées à sa suite imitent
ce modèle inspiré des États-Unis. En 1930,
selon Christian Brochand, “la publicité
sévit sans mesure. Il arrive à Radio Toulouse
d’accompagner chacun de ses disques de deux
ou trois annonces publicitaires. Radio Paris
suit de près 1
”. Mais pour les radios privées, la
dépendance envers la publicité n’en est pas
une, elles revendiquent au contraire fièrement
ce mode de financement. Radio Luxembourg,
dès ses débuts, proclame qu’elle est “un
poste privé n’attendant des ressources que de
ses recettes publicitaires, à l’exclusion de tout
prélèvement sur ses auditeurs 2
”.
Quant aux radios publiques, la publicité n’y
fut jamais formellement autorisée. Mais les
difficiles conditions d’existence des premières
stations publiques, le faible investissement de
l’État dans la radio naissante entraînent des
tolérances et jusqu’au milieu des années  30,
elle y est aussi présente pourtant, à Paris,
comme en province. En 1926, avant d’être
écarté, Maurice Privat avait confié l’affermage
de la publicité de la première radio publique
française, le Poste de la Tour Eiffel, à un
personnage encore inconnu, mais appelé à
devenir célèbre : Alexandre Stavisky. En 1933,
l’instauration de la taxe sur les récepteurs,
première forme de redevance, n’est pas pour
autant suivie d’une disparition immédiate
de la publicité. C’est en 1935 que le ministre
Georges Mandel veut la faire disparaître sur
les stations parisiennes, puis sur celles de
province, mais non sans encore des exceptions
jusqu’en 1939.
DÉJÀ, LA PUBLICITÉ AGACE
La publicité radiophonique provoque des
agacements pour ses antiennes lancinantes
ou bien des réflexions moralisantes sur son
incompatibilité avec les hautes missions
culturelles assignées à la radiophonie. Jean-
Jacques Ledos rappelait qu’en 1934, “Georges
Duhamel dénonçait encore, dans Scènes de la
vie future, la publicité qui « donne de l’homme
une idée trop grossière, par trop méprisable
aussi […] Honnis soient ces mercantis qui
pensent nous amadouer et nous obtenir en nous
considérant comme des imbéciles 3
»”.
Une forme de publicité particulièrement
attire les foudres et les critiques de toute
part, c’est la publicité en langue étrangère,
en l’occurrence en anglais, que l’on retrouve
abondamment sur plusieurs radios privées.
Les ressources publicitaires britanniques
fournissent rapidement les neuf dixièmes des
recettes de Radio Luxembourg 4
. En 1936,
une loi instaure des taxes sur la publicité à la
radio (13% des recettes, et jusqu’à 48% pour
la publicité en langue étrangère, puis 20% et
65% en 1937 5
).
ENTRE ÉMISSIONS
“PATRONNÉES”
ET “COMMUNIQUÉS”
Durant l’entre-deux-guerres, la publicité
radiophonique se présente sous deux formes
principales : les émissions “patronnées” et les
“communiqués”. L’émission “patronnée”, c’est
“un programme fait sur mesure dont l’idée
générale contient déjà la publicité du donateur”
afin de saisir l’auditeur et le conduire “bien
disposé et bien attentif jusqu’à l’endroit où la
publicité l’attend 6
”. Ces programmes prennent
la forme de concerts patronnés, de jeux et
de feuilletons (Les fiancés de Byrrh, Le quart
d’heure Cinzano). Leur succès culmine avec
les émissions en public et notamment avec
les radio-crochets, tel celui de Monsavon sur
Le Poste parisien. Quant aux communiqués,
ils jouent sur les formules, les refrains, les
slogans, non sans talent pour des créations
qui restent dans les esprits et les mémoires, et
parfois jusqu’à nos jours 7
 : “André le chausseur
sachant chausser  !”, “Un meuble signé Lévitan
est garanti pour longtemps   !…” C’est une
nouvelle forme d’expression à laquelle se
frottent des auteurs notables tels que Robert
Desnos, Armand Salacrou, créateurs de
textes dramatiques pour la radio, mais aussi
rédacteurs de “communiqués” publicitaires.
La musique et les chansonnettes sont mises
à contribution. En 1925, une ritournelle
devient à la mode, présentée en direct du
Poste parisien, elle vante les qualités du
journal auquel est associée la station, Le Petit
Parisien  : “Qu’est-ce qu’elle faisait ? Elle lisait
Le P’tit Parisien, elle s’intéressait à la politique,
elle lisait Le P’tit Parisien, l’plus fort tirage des
journaux du matin.”
Beaucoup d’artistes participent à cette
expression nouvelle : Édith Piaf, Micheline
Presle, Charles Trenet… sont de ceux-là.
L’efficacité de la publicité radiophonique est
attestée par le résultat des ventes et non par
des enquêtes d’audiences encore inexistantes.
La publicité radiophonique bénéficie à cette
Marcel Bleustein-Blanchet à son bureau de Radio Cité.
Par Jean-Jacques Cheval
#9 • COLLECTOR
25
100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
activité en général. Souvent décriée, méprisée
avant 1914, dans la presse écrite, au risque de
laisser proliférer les publicités clandestines,
la radio avec le cinéma et l’affiche imposent
et popularisent cette communication
commerciale dans les esprits.
MARCEL
BLEUSTEIN-BLANCHET :
UN DÉFENSEUR ACHARNÉ
DE LA PUBLICITÉ
Une figure parmi d’autres se détache dans
cette période, celle de Marcel Bleustein-
Blanchet. Fondateur de Publicis en 1923, il
commence à s’intéresser à la radio en 1929 et
organise très tôt la publicité de Radio Paris.
Le succès quasi immédiat d’une première
campagne pour le fourreur Brunswick
(“Brunswick, le fourreur qui fait fureur !”) le
persuade des potentialités de ce nouveau
support. Il entreprend de créer un réseau de
diffusion publicitaire radiophonique français
et sillonne le pays au nom de sa société Les
Antennes de Publicis. Il démarche les stations
publiques et privées et afferme leurs recettes
publicitaires, obtenant l’accord de beaucoup.
Publicis assure la régie de postes d’État
(Bordeaux, Marseille, Grenoble, Strasbourg,
Rennes, Toulouse) et travaille avec plusieurs
stations privées. Marcel Bleustein-Blanchet
se présentera ou se laissera présenter comme
l’inventeur de la publicité moderne en France.
Il innovait indéniablement, secondé par
des personnalités de talent, tel son neveu
Jean-Jacques Vital (de son vrai nom Jean
Lévitan, héritier des meubles du même nom).
Ensemble, ils font partie de ceux qui inventent
la radio populaire et imposent la publicité
comme genre radiophonique à part entière.
L’interdiction de la publicité des stations
Pour en savoir plus :
Jean-Jacques Cheval,
“Invention et réinvention de la
publicité à la radio, de l’entre-
deux-guerres aux années
1980”, Paris,
LeTemps des Médias, no
2, printemps 2004.
Marc Martin, “L’arrivée de la logique publicitaire
sur les émetteurs radiophoniques français
(1922-1939)”, Paris : Cahiers d’Histoire de la
Radio, no
87, janvier-mars 2006.
1. Christian Brochand, 1994, Histoire générale
de la radio et de la télévision en France, Paris,
La Documentation française, tome 1, p. 493.
2. Denis Maréchal, 1994, Radio Luxembourg,
1933-1993. Un média au cœur de l’Europe,
Nancy, Presses Universitaires de Nancy /
Éditions Serpenoise, p. 69.
3. Jean-Jacques Ledos, 2019, Dictionnaire
historique de radiophonie, Paris, L’Harmattan,
p. 293.
4. Denis Maréchal, 1994, op. cit., p. 71.
5. Christian Brochand, 1994, Histoire générale
de la radio et de la télévision en France, Paris,
La Documentation française, tome 1, p. 490-
505.
6. Paul Deharme, Vendre, février 1934, no
123.
7. Marc Martin, 1987, “Publicité et programmes
radiophoniques dans la France d’avant-guerre”
in Histoire des programmes et des jeux à la
radio et à la télévision, Actes de la journée
d’étude du 24 février 1986, Paris, Comité
d’Histoire de la Radio, Comité d’Histoire de la
Télévision, Groupe d’Études Historiques sur la
Radiodiffusion, Radio France, p. 119-130. •
publiques le pousse à s’investir directement
dans l’activité radiophonique en fondant
Radio Cité en 1935.
Bleustein-Blanchet fut un défenseur acharné
de la publicité. Dans ses mémoires, publiés
dès 1948, il écrivait qu’elle seule “permet
l’émulation, aussi bien entre les clients qui ont
le désir de faire mieux que leurs concurrents
qu’entre les postes qui doivent s’ingénier à
conserver l’audience du public en améliorant
sans cesse leurs programmes”. Il poursuivait  :
“Or une émission qui réussit est une émission
écoutée, et par des gens que personne ne force à
supporter la publicité. Il est donc faux d’affirmer
comme le font certains que la publicité est
intolérable. […] Que penser par contre d’une
radio qui n’a cure d’aucun jugement ? […] Il faut
être en contact avec l’auditeur pour savoir ce
qui lui plaît.” Charles Trenet fut son employé.
“Je l’utilisais pour la composition de petites
chansons publicitaires qui devaient remplacer
certains communiqués parlés trop monotones
ou indigestes. Quelle fraîcheur il mettait
dans ces quatrains sans prétention ! […] Ses
petites rengaines étaient si réussies qu’elles
permettaient aux auditeurs récalcitrants
d’avaler – si je puis dire – les pilules publicitaires
et qu’elles se gravaient agréablement dans leur
mémoire.” •
À consulter : le dossier Marcel Bleustein-
Blanchet dans Cahiers d’Histoire de la
radiodiffusion, no
51, décembre-février 1997.
Marcel Bleustein-Blanchet, 1948, Sur mon
Antenne, Paris, Éditions Défense de la France.
Une publicité de Radio Cité à l’occasion de son 3e
anniversaire.
La radio émettait, tous les jours, de 06h30 à minuit.
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#9 • COLLECTOR
27
100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
LA PLUS STAR DES RADIOS
À MARSEILLE
CONTACT
Radio Star
25 Chemin de Caban
13380 Plan-de-Cuques
Standard : 04 91 54 14 14
Administration : 04 91 55 57 07
Web : radiostarcom.com
Cette radio repose sur la personnalité de son créateur, René Baldaccini.
Chanteur et passionné par les médias, neveu du sculpteur César, il va
créer Radio Star en 1981 et va y recevoir Michael Jackson, Madonna,
Stevie Wonder… Tous se battent pour venir dans les studios, sur la
planète Marseille.
L’histoire de cette FM ne ressemble à aucune
autre. Elle a fait la fierté des Marseillais. Elle
est ancrée dans le paysage médiatique local.
Même Luc Besson a voulu faire apparaître le
logo de la station dans son film Taxi. Preuve
en est que Radio Star fait partie intégrante
de la ville et de son état d’esprit. Dès le début,
avec l’aide d’Yves Mourousi, René Baldaccini
va donner des paillettes à cette radio.
Étonnamment, l’aventure Radiostar germe
dans la tête de son créateur à Paris et non dans
le Sud. René Baldaccini est dans la capitale
pour le lancement de NRJ. “On était une bande
de copains, et j’ai assisté au lancement de cette
radio au 55 rue du Télégraphe”. Des membres
de NRJ vont passer, ensuite, le réveillon de
1981 à Marseille. “Ils m’ont baratiné, et m’ont
demandé de créer aussi une radio dans le Sud,
on était une bande de passionnés.”C’est à cette
époque que va naître Star. Les animateurs
parlent depuis le massif de l’Étoile, au nord de
Marseille.
L’ÉPOQUE FASTE
DE RADIO STAR
Radio Star devient rapidement la plus grande
radiodesBouches-du-Rhône.Ettoutlemonde
veut y travailler. Jean-Marc Morandini va y
faire ses premières armes. “Dans les années
80, on avait un petit gosse qui nous écoutait.”
Ce gamin s’appellera plus tard Akhenaton,
le membre emblématique d’IAM. D’autres
viendront rejoindre la radio qui fera rêver les
Psy 4 de la rime, groupe de rap de Marseille
avec Soprano. “On les a tous eus ici”, raconte
le patron de cette étoile marseillaise. Le roi de
la nuit, Jean-Roch y sera animateur. Childéric
Muller fera partie de l’équipe avant de
rejoindre la chaîne de télévision de Berlusconi,
La 5, puis producteur à Coyote Productions et
élu au conseil municipal de Marseille.
LES ANTENNES D’OR
AVEC RADIO STAR
MARSEILLE ET NRJ PARIS
La station marseillaise se développe de façon
exponentielle. Après Marseille, on va la capter
à Toulon, Avignon, Nice et sur toute la Côte
bleue. Les années 80 sont des années fastes.
“On va mettre en place les Antennes d’or, un
podium avec les vedettes de la chanson.” À
cette l’époque, René Baldaccini était un ami
de NRJ. “Je connaissais Jean-Pierre d’Amico
et l’équipe de ce qui était encore à l’époque
l’associationNRJ.”Ledirigeantveutfaireplaisir
et peut-être aussi profiter de la notoriété de la
radio à la panthère. “J’avais décidé d’organiser
une soirée à l’opéra en annonçant : Radio Star
Marseille et NRJ Paris vous présentent les
Antennes d’Or. Mais Jean-Paul Beaudecroux
m’a fait un procès.” Il y a les amis, mais il y a le
monde des affaires.
LA CHUTE DANS LES ANNÉES
90 AVANT UN RETOUR
EN 96
Star connaît la concurrence de Radio Service
et des réseaux nationaux, la publicité n’est
plus au rendez-vous. Elle est aidée par RMC,
mais la loi de 1986 sur l’audiovisuel conduira
le CSA à ne pas renouveler la fréquence à
Marseille. Fun Radio va prendre la place. Mais
le dirigeant n’a pas dit son dernier mot “Radio
Star va redevenir indépendante en 96 et reprend
des couleurs, le bleu de Marseille”. •
René Baldaccini,
un patron
artiste
La radio, il a ça dans les veines, mais
René Baldaccini est aussi artiste. Auteur,
compositeur et interprète, ce fils d’une famille
d’immigrés italiens a pour oncle l’artisteCésar.
Grâce à lui, il va rencontrer Picasso et Dali. Il
côtoiera Lino Ventura,Yves Montand, Brigitte
Bardot et Mick Jagger. En 1976, Baldaccini
monte son studio d’enregistrement. Le son,
c’est toute sa vie. Forcément, avec l’arrivée
de Mitterrand au pouvoir, il ne pouvait
passer à côté de la FM. Plus de 40 ans après
la naissance de Radio Star, Baldaccini reste
seul actionnaire et dirige le premier réseau
indépendant de la région PACA. Radiostar
est aujourd’hui très fière de sa régie CI Média
menée par son associé Sébastien Pesqué qui
est devenue avec ses médias, la première
régie régionale de France en termes de CA. •
Le premier studio de Radio Star
sur le massif de l’Étoile.
© Radio Star
Yves Mourousi, le présentateur du JT de TF1,
s’est engagé dans le développement de Radio
Star. © Radio Star
Par Loïc Couatarmanach
Publirédactionnel
#9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
LE VAISSEAU AMIRAL
Inaugurée en grande pompe le 14 décembre 1963 par le général de Gaulle, la Maison de la radio et de la
musiqueestlesiègehistoriquedelaRadiodiffusion-télévisionfrançaise.Aujourd’hui,inscriteauxMonuments
historiques, elle abrite Radio France, son orchestre et ses chœurs.
“Historiquement, la RTF était disséminée dans
une douzaine de bâtiments parisiens, ce qui ne
facilitait pas la communication, raconte Jean-
Guillaume Martin, coordinateur à la direction
de la réhabilitation. Il a été jugé stratégique,
au sortir de la Seconde Guerre mondiale, de
regrouper les activités de radiodiffusion et
de débuts de télévision dans un lieu unique.
En 1953, l’architecte Henry Bernard, premier
grand prix de Rome en 1938, remporte le
concours grâce à son projet ambitieux, moderne
et innovant. Son idée, telle qu’il la raconte,
était de construire une sorte de château fort,
un colisée protégé de l’extérieur de la ville et
notamment du bruit de la ville. Une maison
ronde, pour pouvoir y aménager des studios
de forme trapézoïdale respectant la loi des
ondes en évitant les surfaces parallèles, sans
angles à 90°. La grande couronne s’élève sur dix
étages, à l’exception du front de Seine qui n’en
compte que six. Dans une logique de château
fort, Henry Bernard a voulu créer une tour, qu’il
appelait le donjon. C’était à l’origine une tour
d’archives dont la façade est recouverte de
blocs d’aluminium pour l’habiller de meurtrières
de façon que la chaleur et la lumière y pénètrent
difficilement pour une meilleure conservation
des disques en cire de l’époque.Au dernier étage
de la tour, il y avait un bureau du ministère de
l’Information de l’époque, qui était surnommé
“la censure”. Le ministre donnait son aval sur
les informations, les contenus éditoriaux et les
émissions qui étaient diffusés.”
UN OUTIL AJUSTÉ
AUX BESOINS
Aujourd’hui, la Maison de la radio n’abrite plus
que… les sept antennes de Radio France, mais
aussi l’Orchestre philharmonique de Radio
France,leChœurdeRadioFranceetlaMaîtrise
de Radio France. Les studios 102 et 103 ont été
détruits pour laisser place à un auditorium
de 1 450 places assises, inauguré en 2014. La
Maison ronde compte une soixantaine de
studios de différentes tailles. Les 14 studios de
taille moyenne sont actuellement en travaux
et seront livrés à l’horizon 2025. “À mon arrivée
dans l’entreprise il y a deux ans, je rencontre
un voisin à qui j’explique que je travaille sur le
chantier et lui qui vit depuis longtemps dans
le quartier de me répondre que la Maison de
la radio a toujours été en travaux, poursuit
Jean-Guillaume Martin. C’est une maison
qui a évolué avec son temps. Le nombre total
de studios a évolué en fonction des besoins.
Pratiquement tous sont désormais adaptés à la
réalité des réseaux sociaux, c’est-à-dire que l’on
peut faire de la captation vidéo, pour pouvoir
être en direct sur les réseaux sociaux.” Dans les
sous-sols, des abris antiatomiques avaient été
construits pour pouvoir continuer d’émettre
en cas d’attaque. On y trouve la reprographie,
les bureaux de la sécurité, des magasins
informatiques et techniques, des galeries de
câbles, un parking souterrain…
INSOLITE…
À PLUS D’UN TITRE
Le bâtiment en soi est déjà insolite. À
l’inauguration, c’était le plus grand bâtiment
public construit après la Seconde Guerre
mondiale. C’est aussi la seule façade de Paris
composée exclusivement de mosaïques, de
verre et d’aluminium. Il a été classé Monument
historique en 2018. Le 22e
étage de la tour
offre une vue panoramique sur Paris. Dans le
jardin est conservée la première pierre, posée
en 1954 par René Coty ; un fragment du mur
de Berlin offert en 2009 par la radio publique
allemande à l’occasion des 20 ans de la chute
du mur ; ou encore une maquette en Lego de
la Maison de la radio. Enfin, l’édifice abrite
plusieurs œuvres d’art. L’architecte, Henry
Bernard, avait demandé à des artistes de
l’époque d’habiller les espaces de vie. Ainsi, en
arpentant les couloirs, l’on peut admirer des
œuvres de Georges Mathieu, Jean Bazaine,
Alfred Manessier, Gustave Singier ou Pierre
Soulage. •
Le 22e
étage de la tour de la Maison de la radio offre une vue panoramique sur la capitale.
© Christophe Abramowitz / Radio France.
CONTACT
Maison de la radio
116 avenue du Président Kennedy
75220 Paris Cedex 16
Tél. : 01 56 40 22 22
Web : maisondelaradio.fr
Par Olivier Malcurat
La Maison
de la radio
en chiffres
- 110 000 m² de surface, sur un terrain de 2
hectares et un volume total de 450 000 m3
- Un auditorium de 18 000 m3
de volume, avec
1 450 places assises et une scène de 260 m²
pouvant accueillir près de 250 musiciens
-Une façade de 500 m de longueur, recouverte
de 10 000 panneaux d’aluminium
- Une centrale géothermique puisant dans la
Seine pour chauffer et refroidir le bâtiment
- 5 000 fenêtres
- 30 ascenseurs
- 6 portes d’accès
- Une tour de 22 étages, culminant à 65 m de
hauteur
- Un grand orgue comptant 5 000 tuyaux
- 60 studios d’enregistrement
- 2 500 collaborateurs y travaillent
- 50 tonnes de pression au mètre carré : c’est
la résistance des parois en béton des abris
antiatomiques situés au sous-sol. •
“Le bureau de la présidence,
en palissandre de Rio, est inscrit au Mobilier national.”
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
JACKLANGLANCEUNAVERTISSEMENT
AUX RADIOS FM
Par Christophe Bordet
Jack Lang, ancien ministre de la Culture de François Mitterrand
et président de l’Institut du monde arabe. © IMA / Thierry Rambaud
L’ancien ministre de la Culture de François
Mitterrand (1981-1986 et 1988-1993), aujourd’hui
à la tête de l’Institut du monde arabe, fut aux
premières loges lors de la libération de la bande FM
en 1981. Quarante ans après, il ne regrette rien,
mais s’inquiète de la médiocrité des programmes
et appelle les radios à retrouver leur vitalité et leur
imagination d’antan.
LLPR - Vous avez été à l’origine de la
libéralisation de la FM, il y a 40 ans avec
François Mitterrand, qu’est-ce que cela vous
inspire, aujourd’hui en 2021 ?
JL - Je suis très heureux qu’en France, nous
ayons ainsi facilité l’émergence de radios
de toutes sortes et je crois que c’est assez
unique en Europe. Je me remémore les
années de combats pour arracher le droit
pour ces radios à vivre. Avant l’élection de
François Mitterrand en 1981, la création
d’une radio était interdite. Pire encore, ceux
qui s’aventuraient à créer une radio pirate
étaient pénalement punissables. La plus belle
preuve, c’est quand François Mitterrand, alors
patron du Parti socialiste, lance une petite
radio qui s’appelait Radio Riposte, la radio
de l’opposition au pouvoir giscardien. Une
instruction au pénal a été aussitôt ouverte
et la police est venue démonter l’installation
technique. C’est incroyable qu’à l’époque une
petite radio comme celle-là soit traitée avec
une telle brutalité.
Il y avait une tradition ancienne en France de
monopole des radios de service public, mais
par ailleurs, il y avait les radios périphériques
comme Europe 1, RTL, RMC qui étaient entre
les mains de groupes privés puissants. Dans
ces conditions, quelle hypocrisie d’interdire
les radios libres !
LLPR - Au début des années 80, lorsque
la gauche prend le pouvoir, c’est la
cacophonie, beaucoup de radios émettent
clandestinement, comment avez-vous mis
de l’ordre ?
JL - Il y avait une grande aspiration à la liberté,
très vite, nous avons levé les interdits. Peut-
être même trop rapidement. Ça a été une
anarchie heureuse, mais le problème que
l’on a rencontré, c’est que nous n’avions fixé
aucune règle de programmation culturelle ou
de financement. C’était sans doute une erreur
de ne pas avoir mieux encadré le secteur,
dès le début. Finalement, l’année 1982 a été
l’année de naissance de la loi permettant la
liberté de communication dans notre pays. À
l’époque, le Premier ministre Pierre Mauroy
disait : “Les radios libres, oui, mais pas les radios
fric.” Sous-entendu, il n’y a pas de liberté sans
un minimum d’encadrement et de règles.C’est
d’ailleurs pour cela que nous avons ensuite
créé la Haute Autorité de l’audiovisuel, le CSA
d’aujourd’hui.
LLPR - Et 40 ans après, les radios libres sont
devenues les radios fric ?
JL - C’est vrai que beaucoup de ces radios
sont devenues des radios commerciales. À
l’origine, nous les avons libérées pour qu’elles
apportent un plus à la culture, à l’imagination,
à l’invention. Mais au même titre qu’Europe
1, RTL ou RMC, il fallait bien qu’elles aient un
modèle économique pour vivre.
LLPR - Il y a l’épisode NRJ avec 300 000
jeunes dans les rues de Paris en 1984 pour
soutenir la radio privée qui était menacée de
suspension d’antenne pendant un mois.
JL - À l’époque, NRJ avait considérablement
augmenté sa puissance sans autorisation,
brouillant au passage ses concurrents. TDF
s’est plaint à la Haute Autorité et la sanction
décidée a mis le feu aux poudres, mais
François Mitterrand a su calmer le jeu et tout
est rentré dans l’ordre… Preuve en tout cas
que la bande FM manquait de règles, comme
je l’ai dit. C’était le FarWest.
LLPR - Vous écoutez quelle radio
aujourd’hui  ?
JL -J’écouteunpeumoinslaradio,cesderniers
temps, car je travaille beaucoup à la tête de
l’Institut du monde arabe, mais le matin, je me
branche notamment sur Inter ou Info.
LLPR - Comment vivez-vous l’évolution
de la radio que l’on écoute sur Internet et
donc n’importe où aujourd’hui ? L’arrivée du
DAB  ?
JL - J’ai toujours été l’ami des nouvelles
technologies. Cette explosion des possibilités
d’écoute de la radio me séduit beaucoup,
mais elle m’inquiète aussi. Pourquoi avoir
de meilleures technologies si l’on n’est pas
capable de faire de la qualité en mettant
une fois de plus en avant notre culture ? J’ai
beaucoup soutenu, lorsque j’étais ministre,
Skyrock, Nova ou NRJ… Je trouve aujourd’hui
qu’il y a beaucoup de médiocrité. Par ailleurs,
il y a de moins en moins de pluralité d’idées.
C’est le nivellement par le bas. Où sont les
programmes riches et brillants ? Certains
tournent le dos à notre richesse culturelle.
“Je trouve aujourd’hui qu’il y a beaucoup de
médiocrité. Par ailleurs, il y a de moins en moins
de pluralité d’idées. C’est le nivellement par le
bas.” Jack Lang
LLPR - Si vous aviez, pour terminer, un mot
d’anniversaire à dire à la FM ?
JL - Quarante ans, c’est deux fois 20 ans, deux
fois l’âge de la jeunesse. Prenez garde, il ne
faut jamais penser que l’on est installé pour
l’éternité. De moins en moins de Français
écoutent la radio. Prenez garde à retrouver
votre vitalité première. •
De 1958 à aujourd’hui, Jack Lang a marqué
la vie culturelle française. Dans ce livre, on
suit la fondation et la mise en œuvre de la
nouvelle politique des arts qu’il a imaginée.
Au cœur de cet ouvrage : les multiples notes
confidentielles que Jack Lang a adressées à
François Mitterrand, émaillées de jugements
et de recommandations, ici publiées pour la
première fois. •
#9 • COLLECTOR
31
100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
FLASHBACK SUR
LA RADIO FRANÇAISE
Le 24 décembre 1921, le Poste de laTour Eiffel diffusait sa première émission quotidienne de 14h30 à 17h. Pour
autant, l’aventure avait débuté quelques années plutôt, notamment en 1915, par la première transmission
transatlantique de la voie par radio entre la tour Eiffel et Arlington aux États-Unis…
Trois ans plus tard, en 1918, on invente le
système de réception superhétérodyne,
encore exploité dans presque tous les
récepteursactuels.Dèslors,toutvas’accélérer
avec notamment la création en 1920 du Radio-
Club de France qui se fixe comme objectif de
vulgariser la TSF. En 1921, le 26 novembre,
c’est au tour de la SFR (Société française
radio-électrique) de réaliser la retransmission
d’un concert, depuis son usine Radiola à
Levallois : le récepteur était situé à la Salle
des Ingénieurs civils à Paris. En 1922, c’est la
naissance de la radiodiffusion grand public et
c’est d’ailleurs la date officielle que retiennent
habituellement les historiens pour s’accorder
sur la naissance de la radio en France. La
même année, Radiola (station privée de la
SFR) produit des émissions régulières.
Le développement se poursuit dans les
années 20 de façon soutenue : lancement des
ondes moyennes (1923), le premier journal
parlé depuis la tour Eiffel par Maurice Privat
et l’invention de la modulation de fréquence
(1925). Cette année marque l’autorisation de
la réclame, autrement dit de la publicité à la
radio.
LES STATIONS
SE MULTIPLIENT
ET LES RÉCEPTEURS AUSSI
Le Parlement débat du statut de la radio
alors que Publicis voit le jour. Les années 30
marquent l’organisation de la radio d’État.
En 1933, la célèbre et plus ancienne radio
privée de France, Radio Paris, ex-Radiola,
est vendue par la CSF à l’État qui lance, le 17
décembre 1933, le nouveau Poste National
Radio Paris. Si les radios privées vivent déjà de
la publicité, l’article 109 de la Loi de finance de
1933 institue pour droit d’usage la redevance
radiophonique : une taxe payée pour financer
la radio d’État. En 1934, on recense 1 525 444
postes de radio déclarés en France.
Les années 30 sont marquées par la mise au
point de la modulation de fréquence par Edwin
H. Armstrong, par le lancement de Radio
Cité sous l’impulsion de Marcel Bleustein,
par la création de Radio Andorre par Jacques
Trémoulet...
NAISSANCE
DE PARIS INTER
EN 1947
Le début de cette décennie est marqué par la
Seconde Guerre mondiale et l’année 1940, par
la débâcle.Alors quela bandeFM se développe
aux États-Unis (40 canaux de 42 à 50 MHz)
la France voit l’instauration du monopole
de l’État sur la radio. Radio Monte-Carlo est
lancée par une société berlinoise avec des
capitaux français et italiens, le 1er
juillet 1943.
Le rôle de la radio sera déterminant dans la
réussite du débarquement en Normandie.
1946 est probablement l’annus horribilis
pour la radio française : la reconstruction
d’un réseau d’émetteurs débute et demande
d’importants investissements. Paris Inter (la
future France Inter) est lancée en 1947. Le
brevet du transistor est déposé en 1948. La
même année, Pierre Crenesse retransmet en
direct la victoire de MarcelCerdan depuis New
York. Suite page 34.
Par Brulhatour
Dès 1918, la radio suscite déjà l’engouement et la curiosité.
#9 • COLLECTOR
34
100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
FLASHBACK SUR LA RADIO FRANÇAISE (SUITE)
42% DES FRANÇAIS
ÉCOUTENT
RADIO LUXEMBOURG
En 1951, c’est au tour de Sud Radio d’entamer
sonaventurealorsquelespremièresémissions
en modulation de fréquence ont lieu à partir
de 1953. Deux ans plus tard, on écoute les
premières émissions d’Europe n°
1 en grandes
ondes depuis un émetteur situé à Sarrebruck,
en Allemagne. La célèbre émission Salut les
copains accompagne la génération Yéyé, dès
1959. En 1962, 42% des Français écoutent
Radio Luxembourg, 34% Europe n°1 et 24%
Paris Inter. La création de l’ORTF (Office de
Radio-Télévision Française) intervient en
1964. L’émission Pop Club de José Artur est
lancée sur France Inter, le 4 octobre 1965.
Radio Luxembourg devient RTL (1966), Menie
Grégoire arrive sur RTL (1967) et France Inter
devient la station la plus écoutée de France.
Europe n°
1 et RTL sont au cœur des barricades
en mai 68. La première radio libre naît en 1969
en OM : Radio Campus àVilleneuve-d’Asq.
LE 9 NOVEMBRE 1981 :
UNE DATE HISTORIQUE
France Inter Paris (FIP) voit le jour en 1971.
Le 8 mai 1972, Max Meynier lance sur RTL la
célèbre émission Les Routiers sont sympas.
L’ORTF éclate en sept sociétés distinctes
(INA, TDF, SFP, Radio France…). Le milieu
des années 70 voit apparaître les premières
radios libres comme Radio Verte ou encore
Radio Riposte. Les radios pirates mettent
à mal le monopole d’État. Tout s’accélère le
9 novembre 1981. Le marché de la radio se
structure progressivement, les auditeurs de
NRJ descendent dans la rue. Au 15 janvier
1985, la radio locale représente 60 000
collaborateurs et pèse 2 600 salariés. Fun
Radio est lancée en 1985. Un an plus tard, le 21
mars 1986, c’est au tour de Skyrock. Europe  2
arrive à Paris en janvier 1987 et France Info
lance un format singulier : la radio tout-info.
Cette même année, on compte 45 radios
privées à Paris et la décennie se termine avec
la création du CSA et de ses 16 CTR.
DU DAB AU
SALON DE LA RADIO
En 1990, 98% des foyers disposent d’un
récepteur. On teste le DAB à Paris. Maxximum
disparaît au profit de M40 qui deviendra
RTL1 puis RTL2. Le 1er
février 1994, la loi sur
les quotas impose progressivement 40% de
chansons francophones à la radio. La station
Mouv est lancée le 17 juin 1997. Montmartre
FM devient MFM. En 2000, c’est la fusion des
38 locales de Radio France et de Radio Bleue
qui donne naissance à France Bleu.
Le RADIO, qui deviendra en 2010 le Salon de
la Radio, est lancé en 2003. C’est l’acronyme
de “Rendez-vous Annuel des Décideurs
Indépendants des Ondes”. Il s’impose comme
le rendez-vous annuel incontournable de
toute la famille de la radio française. Le
31 mars 2009, c’est au tour de la radio de
passer au numérique grâce à un premier
appel à candidatures du CSA. Moins de 10
ans après, le DAB arrive dans de nombreuses
agglomérations. En 2011, on fête les 30 ans de
la radio à Issy-les-Moulineaux.
La dernière décennie a été marquée par une
numérisation presque totale de la radio et par
l’émergence de nouveaux supports comme les
webradios ou les podcasts. Les professionnels
sont toujours aussi enthousiastes. Chaque
jour, la radio est écoutée par plus de
40 millions d’auditeurs ! •
Par Brulhatour
Une affiche promotionnelle de l’émission Les Routiers sont sympa en 1972.
Capture d’écran du site web du RADIO 2004.
Nous souhaitons un joyeux
anniversaire à la radio !
Nous sommes à votre écoute.
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des sélections musicales sur mesure.
Tendez l’oreille.
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ont quarante ans
En 1981, des auditeurs manifestent
devant le Palais de l'Élysée
Les auditeurs soutiennent NRJ lors
d'une manifestation historique en 1984
En 1984, François Mitterand autorise
la publicité sur les radios libres
Le studio Fil à soi en 1984 à Alès
1987 – Apparition en France
de radio thématique “tout info”
© 100 ans de Radio/Joëlle Girard/DR
Valérie Abécassis sur Hit FM en 1987t
Le Forum international des radios locales en 1983
Traversez les époques avec
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#9 • COLLECTOR
39
100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
L’HISTOIRE DES RADIOS LIBRES
EN 40 DATES
Par Olivier Oddou
Incontestablement, la FM renvoie aux années 80. Les créations,
les acquisitions, les décisions (même les manifestations) y ont été
nombreuses, signes d’une belle vitalité. Cette décennie marque
l’histoire de la radio dans son ensemble. Le marché se structure. La
liberté est l’essence de chaque projet porté par des défricheurs engagés
et des visionnaires passionnés.
ANNÉES 60
Mars 1964 - Radio Caroline commence à
émettre depuis un bateau au large des côtes
britanniques
1969 - RadioCampus Lille, l’une des premières
FM pirates en France, commence ses
émissions
ANNÉES 70
20 mars 1977 - Radio Verte s’invite sur un
plateau de TF1, elle n’émettra réellement que
2 mois plus tard à Paris avant d’être aussitôt
brouillée parTDF
4 juin 1977 - Première émission de Radio
Verte Fessenheim contre le nucléaire, elle sera
suivie par Radio Libre 44 pour la même cause
à Nantes
12 juillet 1977 - Création de Radio Fil Bleu à
Montpellier, première radio libre “de droite”
17 mars 1979 - Première émission de Radio
Lorraine Cœur d’Acier, émanation de la CGT
28 juin 1979 - Radio Riposte émet depuis le
siège du PS parisien et est aussitôt saisie
ANNÉES 80
Mai-Juin 1980 - Création par Radio France
de Radio 7 et Fréquence Nord en riposte aux
radios libres, l’une destinée aux jeunes, l’autre
comme première locale Radio France en
région
Mai 1981 - Élection de François Mitterrand,
qui a promis de légaliser les radios libres
durant sa campagne
19août1981-70radioslocalesquiontaccepté
les critères provisoires du gouvernement
cessent d’être brouillées
9 novembre 1981 - La loi autorisant les radios
FM est publiée. La publicité reste interdite,
seules les radios associatives sont autorisées
5 décembre 1981 - Création de Radio Service
Tour Eiffel au service de la municipalité
parisienne de Jacques Chirac
29 juillet 1982 - Création de la Haute Autorité
de la communication audiovisuelle, qui sera en
charge d’autoriser et de réguler les nouvelles
radios
29 décembre 1982 - RFM cesse d’être
brouillée après plus d’un an de conflit avec les
autorités pour puissance excessive et diffusion
de publicité
29 mai 1983 - Parution au JO des radios
parisiennes autorisées, nombreuses d’entre
elles doivent partager une fréquence faute de
place, les radios recalées manifestent
17 août 1983 - Saisie de Carbone 14, radio
parisienne non autorisée
Janvier 1984 - 620 radios autorisées partout
en France
30 juin 1984 - Vote de la loi autorisant la
publicité, les radios pourront choisir un statut
commercial si elles le souhaitent
8décembre1984-NRJappellesesanimateurs
à manifester alors les autorités lui reprochent
une puissance d’émission excessive. Raz-de-
marée dans les rues et recul du pouvoir
Juillet 1985 - Fermeture de Gilda à Paris qui
n’a pas su trouver son audience et a accumulé
les dettes. NRJ rachète sa dépouille pour créer
Chérie FM début 1987
2 Octobre 1985 - 6 franchisés NRJ du sud de
la France font sécession et créent un nouveau
réseau qui deviendra grand : Fun Radio
Février 1986 - 5 ans après les radios libres, les
généralistes sont autorisées à émettre sur la
FM
30 septembre 1986 - Loi de l’audiovisuel
définissant les premiers seuils anti-
concentration : toute radio couvrant plus de
30 millions de personnes ne pourra posséder
de second réseau de plus de 15 millions
d’auditeurs potentiels. Les grands groupes
trouvent la parade en créant des “fournisseurs
de programme” comme seconds réseaux
(Programme Europe 2, Programme Chérie
FM...)
21 mars 1986 - Création de Skyrock par Pierre
Bellanger. Gros son, habillage éclectique, et
animateurs à forte personnalité marquent ses
premières années d’existence
Novembre 1986 - Création par Europe 1 de la
“fréquence magique”, le futur Europe 2
12 novembre 1986 - La CNCL remplace
la Haute Autorité après le changement de
majorité au Parlement
1er
juin 1987 - Création de France info sur les
cendresdeRadio7.RadioFranceneréinvestira
sur la jeunesse qu’en 1997 avec la création du
Mouv’
17 janvier 1989 -Création duConseil supérieur
de l’audiovisuel (CSA) en remplacement de la
CNCL
29 août 1989 - Le CSA publie son fameux
Communiqué 34 qui définira de manière
durable le cadre du paysage radio français,
notamment les 5 catégories de radio encore
en vigueur aujourd’hui
ANNÉES 90
Janvier1992-FindeMaxximum,réseaudance
à succès victime des seuils anticoncentration,
et naissance de M40 (nos photos)
23 décembre 1993 - Vote de la loi Carignon
réhaussant très fortement le seuil anti-
concentration à 150 millions d’auditeurs
potentiels par groupe radiophonique. S’ensuit
une période de chasse aux fréquences qui
durera jusqu’à la fin des années 90
Mars 1994 - Affaire Lovin’Fun : l’émission à
succès de Fun Radio est menacée par le CSA
qui demande de modérer son contenu. Les
jeunes descendent dans la rue, la radio fait la
une des JT, leCSA recule et les audiences de la
radio bondissent
1995 - Fin de M40, création de RTL2
1er
janvier 1996 - Début des quotas de
chanson française à hauteur de 40% du
temps d’antenne, marquant profondément la
programmationmusicaledesradiosfrançaises
encore aujourd’hui
Décembre 1996 - Une dizaine de radios
indépendantes rachetées en sous-main par
NRJ basculent sur Rire et Chansons. Le CSA
temporise avant de blanchir des centaines
de fréquences chez tous les groupes de radio
lors du fameux Yalta des fréquences. C’est le
dernier épisode de transformation profonde
du paysage radio, bien stabilisé depuis.
1998 - NRJ reprend Nostalgie, son 4e
réseau
national
À PARTIR DE 2000...
2000 - Alain Weill démissionne de NRJ pour
reprendre RMC
2008 - Europe 2 devientVirgin Radio
2014 - Lancement du DAB+ à Paris, Marseille
et Nice. Après de nombreux délais suivra
l’ambitieux et réussi plan des noeuds et
des arcs de Nicolas Curien à partir de 2017,
aboutissant au lancement de multiplex
nationaux en 2021 en plus de dizaines de
régions françaises
2021 - Lancement de Radioplayer France,
portail unique d’écoute de la radio en France
en direct et en replay, et propriété de
l’industrie radio. •
Les 100 ans de la radio en France. 40 ans de radio libre. Un siècle d’aventure, 1921 2021
Les 100 ans de la radio en France. 40 ans de radio libre. Un siècle d’aventure, 1921 2021
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  • 3. #9 • COLLECTOR 3 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE SOMMAIRE PAGE 5 PAGE 13 PAGE 8 PAGE 17 PAGE 6 PAGE 14 PAGE 10 PAGE 18 PAGE 20 PAGE 32 PAGE 45 PAGE 41 PAGE 49 PAGE 39 PAGE 46 PAGE 43 PAGE 49 PAGE 57 Le mot... de Jean-Paul Baudecroux towerCast : 35 ans de bons signaux Qu’à apporté la radio aux Français ? Le transistor pionnier de l’écoute en solo Édito Les bonnes ondes : PO, GO, FM, OC et DAB+ Et la radio sauva laTour Eiffel Dans les coulisses de la mémoire de la radio 1940 - 1944 : La Guerre des ondes 100 radios en 2 pages La bataille des radios libres La Success Story 21 Juin Production Les radios libres : Quelle histoire ! Quarante ans de FM en 40 dates Un univers très magnétique Régulation : de l’animation à l’information 12 radios disparues Ce n’est qu’un début, continuons la radio ! PAGE 22 PAGE 29 PAGE 24 PAGE 31 PAGE 23 PAGE 30 PAGE 27 Le mot de... Frank Lanoux Le vaisseau amiral Quand la radio rencontre la publicité Flashback sur la radio française La naissance des stations périphériques Jack Lang lance un avertissement aux radios FM La plus Star des radios à Marseille PAGE 63 PAGE 59 PAGE 67 PAGE 64 PAGE 60 PAGE 69 PAGE 71 Toujours plus loin dans l’automation avecWinMedia La manifestation qui sauva NRJ Le mot de... Jean-ÉricValli Les radios d’autoroutes, sur 9 000 et quelques kilomètres ACPM : la mesure comparable et fiable des radios en live et en digital ISA Group : La force d’un savoir-faire 30 ans d’audiences en france PAGE 79 PAGE 72 PAGE 82 PAGE 81 PAGE 76 PAGE 85 PAGE 87 Plus de 40 années aux côtés des plus grandes stations Espace Group Le paysage radiophonique Infomaniak propulse les radios sur internet depuis 1998 Save Diffusion Médiamétrie, 35 ans aux côtés de la radio ! Marc Scalia : “la radio ne s’éteindra jamais”! PAGE 93 PAGE 91 PAGE 92 Le mot de... Pierre Bellanger En route vers la radio de demain Une radio quantique ? La radio a cent ans 1921 - Inauguration officielle du Poste de la Tour Eiffel. 1987 – Apparition en France de radio thématique “tout info” 1982 - Assemblée générale 1921 – Inauguration officielle du Poste de la Tour Eiffel. 1921 – Le “Poste de la Tour Eiffel” diffuse sa première émission Radio Caroline Ronan O-Rahilly Radio Cité Marcel Bleustein-Blanchet © 100 ans de Radio/Joëlle Girard/DR C M J CM MJ CJ CMJ N laradioacentans.pdf 1 14/05/2021 16:04 les radios libres ont quarante ans En 1981, des auditeurs manifestent devant le Palais de l'Élysée Les auditeurs soutiennent NRJ lors d'une manifestation historique en 1984 Le studio Fil à soi en 1984 à Alès Valérie Abécassis sur Hit FM en 1987t C M J CM MJ CJ CMJ N Quaranteans.pdf 2 17/05/2021 08:14 Les Independants des ondes 1981 - Coluche RFM 3 avril 1981 1968 - ORTF en lutte 1983 - Daniel Balavoine micro 95.2 © 100 ans de Radio/Joëlle Girard/DR 1987 - vabecassis hit fm 1990 - Remi Jounin 1987-Georges Polinski C M J CM MJ CJ CMJ N Independants.pdf 3 17/05/2021 08:14 Le futur de la radio C M J CM MJ CJ CMJ N Futur.pdf 4 17/05/2021 08:14
  • 4.
  • 5. #9 • COLLECTOR 5 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE LE MOT DE... JEAN-PAUL BAUDECROUX Jean-Paul Baudecroux Jean-Paul Baudecroux, président-directeur général - NRJ Group. Crédit photo : SIPA. J’ai l’impression que c’était hier, car cette incroyable aventure, qui a été celle du Groupe NRJ dès le début, est passée en un éclair.Chaque avancée a dû être conquise : la libéralisation des ondes, jusqu’alors réservées au service public et aux radios périphériques historiques, et l’émergence des radios musicales, l’autorisation de se financer par la publicité, le développement des réseaux, l’amélioration du confort d’écoute, la digitalisation… Cette histoire de liberté est celle qui permet aujourd’hui à la France de disposer d’un paysage radiophonique unique dans sa richesse et sa diversité. Le Groupe NRJ est ainsi très attaché à sa présence en local, qui lui permet d’être, partout en France, au plus près des auditeurs.À l’inverse des plateformes de streaming qui relèvent d’une logique d’algorithmes un peu “désincarnée”, la radio apporte à l’auditeur une véritable présence humaine, une proximité, une chaleur, une humanité et un lien de confiance unique   : c’est un véritable compagnon, humain, reconnu, crédible. Ces atouts permettent d’en faire le média préféré des Français et de réunir quotidiennement plus de 42 millions d’auditeurs, audience qui affiche une stabilité insolente depuis la première saison radio sondée par l’étude 126 000, il y a près de 20 ans. ACCOMPAGNER L’AUDITEUR PARTOUT À TOUT MOMENT La révolution digitale, qui permet à plus de 7,8 millions de Français d’écouter la radio chaque jour sur des supports numériques, a rencontré l’esprit d’innovation de la radio, et a permis à notre média de se réinventer sans cesse, en faisant ce qu’elle sait faire le mieux : accompagner l’auditeur partout à tout moment avec les contenus et services qu’il attend : radios digitales, podcasts replay ou natifs,nouveauxmodesdediffusion,nouveaux vecteurs d’écoute, enceintes connectées, de nouvelles aventures passionnantes sont engagées. UNE HYPER RÉGLEMENTATION DEVENUE OBSOLÈTE Le Groupe NRJ est pleinement engagé dans ce mouvement : il est aujourd’hui le premier groupe privé de radios digitales en France. Mais notre média demeure entravé par une hyper réglementation devenue obsolète dans un environnement où tout a changé, et dans lequellesplateformesdestreamingn’obéissent à aucune contrainte. Ainsi, le système des quotas de chansons francophones, tel qu’il est en vigueur depuis la loi de 2016 avec l’instauration du plafonnement des rotations des chansons francophones et de nouveaux talents, ne permet pas aux radios de faire émerger comme elles le pourraient des talents francophones, ni de suivre leur carrière dans le temps. L’industrie musicale a renoué depuis plusieurs années avec la croissance. La radio de demain doit pouvoir s’inscrire dans un cadre renouvelé, assoupli, à même de permettre à ce média irremplaçable de continuer son aventure en phase avec les évolutions structurelles de son secteur. • 1984 - NRJ, the super big radio.
  • 6. #9 • COLLECTOR 6 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE ÉDITO De Radiola au Jeu des Mille francs, de RadioTour Eiffel à Salut les copains, de Radio Monte-Carlo à Bonsoir la planète… la radio a changé nos vies. Avant même sa naissance, elle s’est évertuée à être le reflet d’une France qui va de l’avant grâce aux expérimentations du général Ferrié. Le reflet d’une France qui résiste grâce à son rôle majeur durant la Seconde Guerre mondiale. D’une France insouciante qui s’amuse durant les années yéyé et d’une France qui s’interroge au confluent de deux siècles. Et puis, il y a eu les radios libres. Beaucoup ont disparu. Peu ont laissé une empreinte indélébile. Pourtant, elles ont toutes marqué une génération d’auditeurs par des instants précieux que l’on enregistrait sur des cassettes que certains ont d’ailleurs intelligemment su préserver. Comme leurs grandes sœurs, les périphériques, elles ont apporté une nouvelle culture, là où il n’y en avait pas, ou pas suffisamment encore, comme dans les territoires ruraux. Parfois, elles ont fait naître, au son des grésillements, des passions, mieux, des vocations qui perdurent encore, 20, 30 ou 40 ans après. La FM a eu deux vies en quatre décennies distinctes : la décennie de l’enthousiasme, la décennie du bouillonnement, la décennie des promesses et la décennie des interrogations. D’abord, les deux premières, que l’on qualifiera de “décennies analogiques”, faites d’euphorie pour beaucoup, d’ivresse pour certains. Elles ont nécessité un fort présentiel pour assurer manuellement la continuité des programmes 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Elles se sont terminées par un bouillonnement et une effervescence intacts chez les professionnels et un amour du média confirmé de l’auditeur. Ensuite, deux autres décennies que l’on appellera les “décennies numériques”. Elles ont été marquées par les promesses par l’arrivée de nouveaux outils. Le logiciel a pris le pas sur l’individu, derrière la console, et l’a parfois supplanté. Ces 20 dernières années ont vu, comme jamais, se multiplier les innovations qui ont offert davantage de souplesse dans la mise en ondes des programmes. Elle se sont logiquement terminées sur l’émergence d’interrogations suite à une autre libéralisation, non juridiquement datée ni actée cette fois-ci, celles des flux. Àquoi ressembleralaprochainedécenniequiconduiralaFMverssondemi-siècle?Probablement, cette nouvelle décennie qui s’amorce sera celle de la remise en question. Non pas de sa raison d’être mais de la façon dont elle atteindra demain les auditeurs. Ce collector, élaboré patiemment et porté gaillardement par l’équipe des Éditions HF, célèbre à sa façon les 100 ans de la radio française et les 40 ans de la FM. Il est dédié à toutes celles et tous ceux qui ont aimé la radio, qui l’aiment encore et qui continueront toujours à l’aimer. • Brulhatour et Philippe Chapot Dossier Collector Éditeur : Éditions HF SARL de Presse au capital de 10 000 € Siège et bureaux : ÉDITIONS HF - RADIO HOUSE 8 rue Fernand Delmas 19100 BRIVE Tél. : +33 5 55 18 03 61 redaction@lalettre.pro Directeur de la Publication : Philippe Chapot - philippe@lalettre.pro Rédacteur en chef : Brulhatour - brulhatour@lalettre.pro Rédaction : Alain Léger Brulhatour Christophe Bordet Denis Maréchal Emmanuel Boutterin Emmanuelle Le Goff Floris Roosen Frank Lanoux Jean-Jacques Cheval Jean-Michel Sauvage Jean-Paul Baudecroux Lionel Guiffant Loïc Couatarmanach Olivier Dubrana Olivier Malcurat Olivier Oddou Perrine Pagès Philippe Chapot Pierre Bellanger Sébastien Poulain Thierry Lefebvre Thomas Jacobsen Développement et opérations commerciales : Lucie Gay-Bégis lucie@editonshf.fr Site régie : www.kitmedias.com Secrétaire de rédaction : Delphine Lambert Secrétariat/Maquette : Sabrina Joucq Graphisme : Lucas Julien Site web : www.lalettre.pro Graphisme et mise en page : ÉDITIONS HF - BRIVE - CORRÈZE FRANCE Photos : 100 ans de Radio/Joëlle Girard/DR ©Tous droits réservés ©Reproduction interdite sous réserve de déclaration au CFC - Centre Français de la Copie La première liaison radiotéléphonique entre la France et les États-Unis Merci aux annonceurs de ce Collector : 21 Juin ACPM BMG CI Media CNRA Digigram Espace Group Groupe Mont Blanc Média Hitwest INFOMANIAK Groupe ISA Lagardère MC Doualiya Médiamétrie Néogroupe RadioVINCI AUTOROUTES RCS Europe RFI Save Diffusion SCAM SIRTI Skolradio SNRL SNRL (fonds de dotation radio) SOLUCAST Sud Radio towerCast Universal Music Win-Group Software ZERO JANVIER
  • 7. La radio a cent ans 2000 -SchooP David Hamelin L'inauguration du Poste de la Tour Eiffel a lieu en 1921 Le Poste de la Tour Eiffel diffuse sa première émission en 1921 1964 - Bateau Radio Caroline Marcel Bleustein-Blanchet, le créateur de Radio Cité © 100 ans de Radio/Joëlle Girard/DR L'assemblée générale de la Fédération nationale des radios libres en 1982 1987 – Apparition en France de radio thématique “tout info”
  • 8. #9 • COLLECTOR 8 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE QU’A APPORTÉ LA RADIO AUX FRANÇAIS ? Par Sébastien Poulain Pourconnaîtrel’apportdelaradio,unBrexitcomparatifestpeut-êtrenécessaire.C’estainsiqueMontesquieu a rédigé L’Esprit des lois après l’étude de la démocratie anglaise. Or, la BBC est justement la radio extra- hexagonale la plus citée comme référence. D’où l’idée d’une “BBC à la française” proposée par le Président Emmanuel Macron. La formule “Informer, éduquer et divertir” de son fondateur –John Reith – a été souvent reprise. Il y inversait la mission triptyque “Divertir, informer et éduquer” donnée en 1922 par David Sarnoff à NBC qu’il présidait. Ce réordonnancement des priorités a associé pour longtemps la radio privée au divertissement. BBC en était pourtant une avant sa nationalisation grâce à la première charte royale de 1927 où la mission d’information était d’ailleurs absente ! Mais sans doute faut-il se garder de mépriser l’entertainment. Blaise Pascal ne nous rappelle-t-il pas notre difficulté anthropologique à “ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre “? Une “Pensée” que nous expérimentons chaque matin lors du peak time, et particulièrement pendant les confinements covidiques. Par ailleurs, les radios privées ont largement participé à l’information et à l’éducation. La première d’entre elles – Radiola – diffuse des programmes de recettes culinaires, décoration d’intérieur, mode et chiffon à partir d’octobre 1923. Mais elle dispose aussi de son propre orchestre dirigé par Victor Charpentier. Et son fondateur – Émile Girardeau – est le premier à négocier le paiement de droits d’auteur quand les artistes débutent une fronde. Radiola invente aussi le radioreportage en quasi-direct. Le journaliste Edmond Dehorter – bientôt surnommé “Parleur Inconnu” ! – est à proximité du ring du stade Buffalo de Montrouge où Georges Carpentier obtient à nouveau le titre de champion de France de boxe le 6 mai 1923 face à Marcel Nilles. Il est au téléphone avec deux sténodactylos dans le studio dont les écrits sont lus par le “speaker” Marcel Laporte. De son côté, la radio publique n’a pas attendu les billettistes des matinales pour mettre de l’humour ou des jeux à l’antenne. Et les radios locales ont accentué le mouvement sans toutefois égaler l’explosive Carbone 14  ! INTERACTIVITÉ DIRECTE, RÉACTIVITÉ INFORMATIONNELLE, RÉSILIENCE SOCIALE Nous idéalisons peut-être l’ex-Radio Londres de Pierre Dac et Charles de Gaulle. Son auditoire a, par exemple, durement critiqué sa surmédiatisation du décès et enterrement du prince Philip Mountbatten en avril 2021 : 109 741 plaintes. Toutefois, celles-ci concernaient surtout BBCTV. D’ailleurs, la radio – que Bertolt Brecht voulait “rapprocher […] des événements réels” dans Propositions au directeur de la radio (1927) – bénéficie de dix points de crédibilité de plus que la télévision dans l’ensemble des sondages publiés par La Croix depuis la première guerre du Golfe. Ses atouts n’y sont pas pour rien : puissance d’imagination, mobilité polymorphique, interactivité directe, réactivité informationnelle, résilience sociale, adaptabilité technologique, discrétion iconoclaste, liberté d’expression, diversité programmatique, pluralisme économique, implantation territoriale, énergie musicale, gratuité anonyme, accessibilité instantanée, simplicité polyfonctionnelle… LA “BANDE SONORE DE NOS VIES” La fin du “journal « sans papier » et « sans distance »” (Lénine, 5 février 1920) était pourtantenvisageabledèslemilieudesannées 1930. Quand la télévision était expérimentée dans les locaux du ministère des PTT où avait été fondé dix ans plus tôt le troisième “studio d’essai” : Poste de l’École supérieure des PTT. Mais le francophile/phone Orson Welles, qui a fait atterrir des ovnis partout en 1938, n’a-t-il pas dit 20 ans plus tard que la télévision est une “radio illustrée” dans le no 84 des Cahiers du cinéma. Les postradiomorphoses (webradios, RNT, podcasts…) semblent avoir des “jours heureux” devant elles. Ni l’économie de l’attention ni la guerre algorithmique ne mettront fin à l’animation de la “bande sonore de nos vies” dont parlait le francophile/ phone Guy Starkey, chercheur et ex-journaliste de BBC Radio 4. •
  • 9. * Disponible à Marseille et Paris en *sur la même longueur d’onde
  • 10. #9 • COLLECTOR 10 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE Monument emblématique du patrimoine français, la tour Eiffel est aussi le centre névralgique de la radio à Paris. À 324 mètres de hauteur, et à l’abri des regards des touristes, 32 programmes de radios publiques, privées ou associatives sont diffusés sur l’ensemble de la capitale. Si la radio a vu le jour grâce à la tour Eiffel, la tour Eiffel est encore là grâce à la radio. Parce que la radio et la Tour Eiffel, c’est déjà une, très, longue histoire d’amour. C’est bien la radio qui sauva la tour Eiffel et qui lui permit de survivre au-delà des 20 ans de durée de vie initialement prévue. Dès 1898, de nombreuses expériences radiophoniques y sont menées. Le général Ferrié, notamment, réussit à émettre un signal radio à 400 km en 1903 puis à 6 000 km, 5 ans plus tard. Naturellement, la Dame de fer était devenue, grâce aux nombreuses expérimentations scientifiques, un laboratoire et, surtout, une… antenne géante culminant à plus de 300 mètres. Une altitude qui lui garantit ainsi sa pérennité et fit de cette hauteur peu commune un réel intérêt stratégique, notamment durant la Première Guerre mondiale. LA RADIOTÉLÉGRAPHIE D’ABORD “En 1914, lors de la bataille de la Marne, le poste radiotélégraphique de la Tour apprend que le général Von Marwitz, commandant l’aile droite de l’armée allemande, éprouvait des problèmes d’intendance et par conséquent stoppait son avancée. Cette information capitale permit au commandement français d’organiser une contre-attaque victorieuse.” C’est l’épisode des taxis de la Marne. LA RADIODIFFUSION ENSUITE L’édifice fut bien sûr le siège de Radio Tour Eiffel, dès 1921. “La première émission fut diffusée le 24 décembre 1921 et captée par un petit nombre d’auditeurs équipés de postes à galène. Pendant près de 20 ans, Radio Tour Eiffel émettait quotidiennement de courtes émissions à titre expérimental.” Le premier “Journal parlé” eut lieu en 1925. “Des émissions expérimentales sont organisées et des artistes y sont invités tels que Sacha Guitry et Yvonne Printemps.” UNE INSPECTION ANNUELLE PAR TDF Chaque année, au cœur de l’été, une vingtaine de techniciens de TDF et d’intervenants sont mobilisés au cours de trois nuits de travaux. Le temps est compté pour mener les différentes opérations de maintenance, impossibles à réaliser de jour pour des raisons de continuité de service et de sécurité. Les techniciens inspectent alors les antennes TNT et FM en montant au sommet de la Tour, à 324 mètres d’altitude. Ils réalisent des vérifications techniques et des inspections visuelles. Des essais d’énergie et des vérifications de la chaîne technique des émetteurs TNT et FM sont également réalisés. À 324 mètres sont nichés 48 panneaux d’antennes qui couvrent aussi la diffusion TNT dans un rayon de près de 80 km et 6 antennes FM. C’est grâce à ces installations que TDF diffuse à 12 millions de Franciliens, 45 chaînes TNT et 32 programmes de radio. • Par Brulhatour La première émission au pied de la tour Eiffel. Le général Ferrié sur la Dame de Fer en 1910. Une publicité d’époque pour Radio Tour Eiffel. ET LA RADIO SAUVA LA TOUR EIFFEL
  • 11. radiomontblanc.fr @RadioMontBlanc LA RADIO AU SOMMET La radio vit depuis 100 ans, mais la radio n’a pas d’âge. Depuis près de 40 ans, Radio Mont Blanc cultive un lien vivant avec les auditeurs & les acteurs du territoire alpin et traverse les technologies avec brio. Nos équipes sont fières de célébrer la Fête de la Radio et continuent d’innover pour toujours plus de proximité avec son public. Soutenu par Soutenu par
  • 12. towerCast, opérateur de diffusion historique depuis 1986 100 ans de la radio 40 ans de la bande FM
  • 13. #9 • COLLECTOR 13 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE TOWERCAST : 35 ANS DE BONS SIGNAUX Par Olivier Malcurat Créé en 1986 par des passionnés de radio et de technologies, le pôle diffusion de NRJ n’a cessé de se développer, gagnant des parts de marché et des sites de diffusion, jusqu’à devenir l’un des deux acteurs majeurs de la filière en France métropolitaine. À l’origine et dans les années qui ont suivi, le développement de towerCast va de pair avec celui de sa maison mère, NRJ. La radio se développe en région, dans des zones où l’opérateur historique de diffusion n’est pas ou peu implanté. “TDF avait déjà un patrimoine de sites qui diffusait Radio France, mais n’était pas présent dans le périurbain”, souligne Raphaël Eyraud, président de towerCast en charge de l’activité radio. La filiale répond aux besoins du groupe NRJ, soucieux de préserver son indépendance tout en acquérant la maîtrise de sa diffusion. Par la suite, elle propose ses solutions aux radios privées. Son premier client en région, en 1991, sera Skyrock, à Marseille, séduit tant par la solution technique que par la réactivité du diffuseur ou par les tarifs qu’il pratique. Dans la foulée, M40, RFM ou Europe 2 lui emboîtent le pas. “Nous sommes à la fois des passionnés de technologie et des passionnés de radio. towerCast est reconnue pour ses compétences en termes de diffusion, mais aussi pour sa proximité grâce à nos équipes implantées en région.”Aujourd’hui, l’entreprise emploie 170 personnes, réparties sur l’ensemble du territoire, au plus près des radios et de leurs auditeurs. Elle dispose aussi d’un centre de maintenance et de logistique basé à Nazelles-Négron. UN DÉVELOPPEMENT CONSTANT 1994. La société de diffusion de NRJ part conquérir la Bretagne en rachetant Sogetec, les quelques sites qu’elle possède et son portefeuille clients. “Nous continuons de nous développer sous le nom de Sogetec jusqu’au début des années 2000, puis l’entreprise change de nom pour devenir towerCast. Nous développons nos équipes de techniciens dans toute la France et gagnons de nouveaux clients. towerCast a grandi avec le développement des radios privées, que nous avons accompagné.” En acquérant de nouveaux sites, towerCast s’ouvre alors à la téléphonie, proposant son patrimoine étendu aux acteurs des télécoms. Suivra, à partir de 2002, le développement de l’activité à l’international et notamment en Finlande et en Belgique francophone, et dès 2003, en France, les préparatifs liés à la transition numérique de la diffusion de la télévision, car towerCast entend bien être au rendez-vous de la TNT. Parallèlement, le diffuseurmènedesactionsdevantl’autoritéde la concurrence dans le but de mettre un terme au monopole qui lie historiquement Radio France à TDF. Les démarches aboutissent en 2005 au premier appel d’offres lancé par Radio France en vue de confier sa diffusion à un autre opérateur.Ainsi, en 15 ans, towerCast a conquis 30% de la diffusion de Radio France. Autre fait d’armes, en 2014 : towerCast acquiert l’activité de diffusion de Lagardère, se voyant confier la totalité des sites de diffusion et 300 fréquences du Groupe, soit 50% de part de marché des fréquences FM d’Europe 1, RFM etVirgin Radio. Aujourd’hui, towerCast couvre plus de 85% de la population française en FM et près de 70% des Français reçoivent au moins une diffusion TNT opérée par towerCast. ACTEUR INCONTOURNABLE DU DAB + EN FRANCE Dès 1996, towerCast mène différentes expérimentations dans le cadre de la diffusion numériquedelaradio.“Nousavonstestétoutes les technologies qui se présentaient. Ainsi, en 2018, nous avons pu commencer à prendre des parts de marché sur le nouveau mode de diffusion, jusqu’à devenir l’un des acteurs majeurs du DAB +. Sur l’appel métropolitain, nous avons obtenu 100% des têtes de réseau et 100% du transport satellite. Nous avons aussi gagné 65% des sites de diffusion de la première phase de déploiement.” Avec un patrimoine de plus de 550 sites de diffusion urbains, périurbains et ruraux, towerCast est présent sur l’ensemble de la chaîne de valeurs, de la source de production au récepteur télé ou radio des Français. • CONTACT towerCast 46/50 avenueThéophile Gautier 75016 Paris Tél. : 01-40-71-40-71 Web : towercast.fr Publirédactionnel
  • 14. #9 • COLLECTOR 14 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE LES BONNES ONDES : PO, GO, FM, OC ET DAB+ En noir, la partie signal peut par exemple être le son la qu’on voudrait transmettre, en rouge ce que ça donnerait avec un module AM et en bleu ce que ça donne en module FM. Par le passé, l’acheminement des ondes a fait l’objet de recherches. Et, comme par enchantement, la radio est arrivée, simplement mais efficacement, dans les foyers en utilisant des gammes d’ondes différentes. Dans un futur, pas forcément lointain, d’autres formes d’ondes transporteront le signal, beaucoup plus puissamment que le numérique d’aujourd’hui… De manière générale, que ce soit pour de la radio, de la télévision ou tout autre système de communication, que ce soit analogique ou numérique employant des ondes électromagnétiques, pour transmettre de l’information sur une onde électromagnétique qu’on appelle dans ce cas une porteuse, il faut moduler les propriétés de celle-ci. C’est-à- dire qu’on joue sur l’état de l’onde. En effet, une onde peut comporter différents états comme une forte amplitude suivie d’une petite amplitude ainsi que des vagues très rapprochées ou très éloignées. Pour une onde électromagnétique, il y a deux paramètres sur lesquels on peut jouer. En premier, son amplitude qu’on peut se représenter comme la hauteur d’une vague sur la mer. Le second paramètre est sa phase ou sa fréquence, qu’on peut représenter comme l’écart entre les vagues. La phase étant, en quelque sorte, la position de la vague par rapport au temps. Toutes les technologies utilisant des ondes radio font appel forcément à l’un ou l’autre des deux paramètres ou même… les deux à la fois. EN ANALOGIQUE… EnAM, pour amplitude modulation, la hauteur de la vague est modulée proportionnellement au signal audio à transmettre s’il s’agit d’une diffusion analogique. Le signal audio est restitué en comparant la variation d’amplitude de l’onde. En FM, pour modulation de fréquence, on joue sur l’écart entre les fronts d’ondes. Plus exactement, la fréquence varie d’un delta positif et négatif autour de ce qu’on appelle la fréquence centrale, fréquence de référence. S’il s’agit d’une transmission analogique comme en radiodiffusion FM, alors la fréquence de l’onde oscille autour de la fréquence de référence (par exemple 105.5 MHz) et le signal audio est restitué en comparant l’écart entre la fréquence modulée et la fréquence de référence. … OU EN NUMÉRIQUE En radio numérique (DAB, TDMB), on utilise deux types de modulation à la fois, une composante en amplitude et une composante Par Floris Roosen en phase. Ceci en vue de pouvoir transmettre un nombre d’informations plus important à la fois, en gros un débit binaire plus élevé que si l’on n’employait qu’un seul type de modulation. À cela s’ajoute un petit détail et pas des moindres : au lieu d’avoir une seule onde qu’on module, on en module plusieurs à la fois. Chacune de ces ondes modulées à la fois en phase et amplitude transporte une information binaire. En DAB, on utilise 1 536 porteuses mises côte à côte fréquemment afin de constituer un bloc porteur. Un récepteur DAB a pour mission de démoduler simultanément ces 1 536 porteuses afin de reconstituer le paquet de données. • Par Floris Roosen Le signal OFMD du DAB, DAB+, TDMB.
  • 15. En à Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Toulouse et Strasbourg PARIS 89 FM ©ATTA KENARE / AFP Ce qui se passe loin nous touche de près
  • 16.
  • 17. #9 • COLLECTOR 17 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE LE TRANSISTOR, PIONNIER DE L’ÉCOUTE EN SOLO Par Olivier Dubrana Descendant de la radio à lampes mais ancêtre du baladeur et du smartphone, le transistor fut pleinement adopté par les foyers français dans les années 60. Aujourd’hui vintage, il était plébiscité par une jeunesse éprise de liberté et développa une nouvelle forme d’écoute : individuelle et nomade. Dans l’histoire de la radio et particulièrement en France, il y eut un avant et un après “transistor”, ce récepteur qui a fini par prendre le nom du composant situé dans son circuit électrique. Les foyers français passèrent grâce à lui d’une écoute collective à une écoute individuelle de la radio, mais aussi portative, sans passer par le balbutiant autoradio. Si le premier poste à transistors avait été construit aux États-Unis en 1954, ce n’est que deux ans plus tard qu’un modèle de fabrication 100% française fut lancé sur le marché hexagonal. LE “SOLISTOR” A ESSUYÉ LES PLÂTRES En 1956, en effet, la Compagnie générale de télégraphie sans fil (CSF) a conçu un récepteur nommé “Solistor”, entièrement fabriqué avec des composants français, mais qui n’eut étonnamment pas le succès escompté. “La CSF était spécialisée dans la production d’articles en petite série. Mais cette fois, ses ingénieurs devaient les construire en masse, ce qui était risqué dans un marché qui n’était pas mature. Il ne suffit donc pas d’être précurseur pour réussir”, analyse Elvina Fesneau, auteure de l’ouvrage Le poste à transistors à la conquête de la France : la radio nomade (1954-1970). La compagnie se fit damer le pion en 1958 par Thomson, qui introduit des composants étrangers dans ses transistors et finit par conquérir le marché. En dix années, l’engouement ne se démentit pas : le nombre de modèles vendus passa de 250 000 en 1958 à plus de 2 millions en 1968, couvrant alors 70% des foyers français. Le taux d’équipement supplantait ainsi celui de ses voisins européens, avec souvent plusieurs récepteurs par famille. Les ingénieurs qui doutaient pourtant, au départ, de l’intérêt que l’on pouvait trouver à se déplacer en écoutant un poste de radio, en baissèrent rapidement le prix. S’il coûtait au départ l’équivalent d’un mois de salaire, il devint ainsi plus accessible à une nouvelle catégorie de consommateurs, qui ne touchaient alors que de l’argent de poche. LES JEUNES BABY-BOOMERS : CIBLES MARKETING ET AMBASSADEURS À l’écoute de leurs artistes préférés dans les nouvelles émissions qui leur étaient dédiées (Salut les copains sur Europe 1, puis Minimax sur RTL), les adolescents de 13 à 21 ans, que l’on nommait à l’époque “les jeunes”, s’approprièrent le transistor. “Les jeunes forment pour la première fois une catégorie à part et deviennent alors une cible marketing privilégiée. Le succès de cet objet en France est donc la conjonction de plusieurs facteurs différents : économiques, sociologiques, politiques mais aussi sociétaux”, estime Elvina Fresneau. Cette tranche d’âge issue du baby-boom devint ainsi une véritable ambassadrice du transistor, notamment sur les affiches publicitaires. Elle n’écoutait pas seulement son transistor de façon intime dans sa chambre, mais l’emmenait aussi hors les murs lors de sorties entre copains : dans les rues, à la plage et même dans les transports, avec à la clé de premières lois contre les nuisances sonores, bien avant le téléphone mobile… Au cœur de l’Histoire des années 60 Si quelques foyers avaient entendu grâce à leur radio à lampes l’appel du général de Gaulle sur la BBC le 18 juin 1940, ce furent “500 000 gaillards munis de transistors”, selon les propres termes du chef d’État, qui reçurent 5 sur 5 son message une vingtaine d’années plus tard. Prononcé afin d’enrayer la tentative de putsch des généraux en Algérie, le discours du Président remobilisa par les ondes le 23 avril 1961 le contingent de combattants, tous munis d’un récepteur, qui se trouvait sur place. L’outil se retourna toutefois contre lui en mai 1968 : afin de coordonner leur progression, les différents manifestants, Daniel Cohn-Bendit en tête, évoluaient l’oreille collée à leur poste, à l’écoute des évènements relatés par les radios périphériques. • À LIRE Elvina Fesneau, Le Poste à transistors à la conquête de la France : la radio nomade (1954-1970), Paris, INA Éditions, 2011. •
  • 18. #9 • COLLECTOR 18 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE DANS LES COULISSES DE LA MÉMOIRE DE LA RADIO L’INA, média patrimonial du service public et de l’audiovisuel public, à Bry-sur-Marne, dans le Val-de-Marne. © INA. La première archive radiophonique conservée par l’INA date du 30 avril 1933. Il s’agit d’un reportage consacré aux caves de la ville de Roquefort. Depuis 45 ans, l’Institut national de l’audiovisuel a engrangé plus de 20 millions d’heures d’archives audiovisuelles, recueillies aujourd’hui sur plus de 180 canaux de diffusion. Depuis 1974, l’Institut national de l’audiovisuel regardelatélévisionetécoutelaradio.L’INAest un établissement public à caractère industriel et commercial, né de l’éclatement de l’ORTF qui rassemblait initialement les compétences de production, de diffusion et d’archivage. “Lorsqu’ont été scindées les compétences entre les diffuseurs que l’on connaît aujourd’hui, Radio France, France Médias Monde et France Télévisions, il leur a été confié la production et la diffusion antenne tandis que la collecte des contenus pour les rendre accessibles à des fins d’exploitation secondaire, mais aussi les missions de recherche, de production à base d’archives et les missions de formation, ont été confiées à l’INA”, explique Éléonore Alquier, directrice adjointe déléguée aux collections. En 1992, la mission de l’INA est élargie avec la mise en œuvre d’un archivage à des fins de mémoire pure et de recherche : c’est le “dépôt légal de la radio et de la télévision” qui consiste aujourd’hui à enregistrer 24h/24 quelque 100 canaux de télévision et 80 canaux de radio. Depuis 2006, l’INA archive aussi une partie du Webfrançais,celleconsacréeauxmédiasradio et télévision (tweets diffusés en parallèle à une émission, sites Web dédiés, pages Facebook, chaînesYouTube où certaines stations de radio ontunusagetrèsdéveloppéderadiofilmée…). “Cela nous permet de montrer comment le média son et le média visuel ont construit un lien qui n’existait pas il y a dix ans.” Comme toutes les archives, celles de l’INA n’ont pas vocation à rester empilées sur des étagères, ni même à être stockées dans des téraoctets de disques durs. “L’archive est accessible à des fins de recherches, dans des salles de lecture où viennent des publics dits chercheurs, étudiants…, poursuit Éléonore Alquier. Par ailleurs, nous exploitons ces fonds pour leur donner une seconde vie, tant auprès des acteurs de l’audiovisuel que du grand public. Tout l’enjeu est d’avoir un fonds très volumineux mais suffisamment maîtrisé pour pouvoir identifier très précisément les moments ou les extraits qui vont pouvoir être utiles sous forme d’intégrale, sous forme d’extraits, dans de nouvelles productions, dans des documentaires, sur notre plateforme Madelen…” Au-delà de la “pige” des radios et télés, les fonds d’archives sont collectés auprès de différentes sources qui possèdent des documents, comme des studios de production, par exemple. L’INA met en place des collectes de matériels, qui sont parfois encore analogiques, de manière à disposer d’archives les plus qualitatives possible, qui sont ensuite rendues accessibles. COMMENT S’Y RETROUVER ? Ce n’est pas tout d’archiver pour archiver. Typiquement, s’il faut six mois pour s’y retrouver, cela n’a pas de sens. C’est là qu’entre en jeu tout l’art de l’archivage : rendre les documents accessibles. Ainsi, les archives sont soumises à un énorme travail de description : les métadonnées vont permettre de qualifier les programmes et accompagner les matériels. Grâce à ce travail de fourmi, le moteur de recherche unique pourra explorer l’ensemble des fonds d’archives. Pour faciliter l’exploitation des archives sonores, l’INA a des contacts privilégiés avec Radio France. “Nous sommes engagés, par convention, à travailler avec les diffuseurs de l’audiovisuel public. Par Olivier Malcurat “La mémoire audiovisuelle française doit être rendue accessible au plus grand nombre.” Éléonore Alquier CONTACT Institut national de l’audiovisuel - INA 18 avenue des Frères Lumière 94336 Bry-sur-Marne Cedex Tél. : 01 49 83 20 00 Web : institut.ina.fr
  • 19. #9 • COLLECTOR 19 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE et de repérer les moments emblématiques, mais nous disposons d’alternatives et notamment la forme d’onde que savent interpréter les documentalistes spécialisés en son. Autre illustration des nouvelles technologies qui commencent à se développer en matière de son  : INA speech segmenter, un outil d’intelligence artificielle développé par l’INA, capable d’identifier automatiquement les moments où l’on entend de la musique ou des personnes qui parlent, des voix de femmes ou des voix d’hommes. Cela permet d’avoir un premier regard analytique sur les sons.” CONSERVER LA MÉMOIRE DE L’AUDIOVISUEL FRANÇAIS Au-delà de l’accès au passé, l’INA est responsable de la pérennité de ces archives. En ce sens, il doit à la fois conserver des supports physiques originaux qualitatifs, mais aussi numériser ces supports et en assurer la conservation numérique, a fortiori lorsqu’il s’agit de supports nativement numériques. “Pour assurer cette pérennité du support numérique, nous disposons de robots d’archivage et menons une politique de veille sur les formats, de manière à toujours avoir à disposition des masters exploitables, que l’on pourra décliner en différentes qualités en fonction des besoins de l’utilisateur.” Danssescollectesdedocuments,l’INAvaaussi hériter de supports légués ou remis par des structures détentrices de fonds audiovisuels, par exemple à l’occasion de la fermeture d’un studio de production. Il va donc falloir gérer ce fonds, éventuellement le numériser, afin qu’il puisse être exploité. “Nous collectons la radio en numérique, mais il nous est arrivé, jusqu’à il y L’archive radiophonique la plus… - Ancienne : il s’agit d’un reportage réalisé le 30 avril 1933, consacré aux caves de la ville de Roquefort. Les thèmes évoqués y sont l’histoire de la ville, les bergers locaux (qui s’expriment en occitan), les caves… le tout accompagné de chansons locales, et de quelques publicités. - Solennelle : l’appel du général de Gaulle “du 18 juin 1940”… ou plutôt du 22 juin, car celui du 18, s’il a été enregistré, n’a pas été conservé. L’enregistrement du 22 juin, très similaire à celui du 18, est une illustration emblématique de la “guerre des ondes” qui se tient durant la Seconde Guerre mondiale. - Animée : un reportage du 6 mai 1968 dans lequel le journaliste Jean-Claude Bourret prend l’antenne en direct des manifestations d’étudiants, dans le Quartier latin, à Paris : on “assiste” en direct à la charge des CRS et à la dispersion des manifestants à coups de gaz asphyxiants. - Sportive : les dernières minutes de la Coupe du monde de football du 12 juillet 1998, commentées par JacquesVendroux sur France Inter. • a trois ans, dans des locales de France Bleu, de collecter des fonds anciens, qui étaient encore à l’état de bandes 6,25 mm. La mémoire radio et télé est encore présente un peu partout en France, y compris chez des acteurs qui ne sont pas des chaînes ni de radio ni de télévision, mais qui ont fabriqué de l’audiovisuel pour une raison ou pour une autre. Nous participons aussi à cette sauvegarde-là, en traitant et en mettant à disposition des supports analogiques anciens.” Enfin, les détenteurs de droits sont aussi des contacts privilégiés de l’INA, comme les fédérations sportives qui détiennent souvent les droits sur les images diffusées à la télévision, ou des entités qui ont généré des supports ou des contenus audiovisuels, même s’ils n’ont jamais été diffusés, comme les fonds de l’Opéra de Paris, accessibles dans les salles de lecture de l’INA, à des fins de recherche. Forts de cette maîtrise des archives de l’audiovisuel français, l’INA s’adresse à tous types de clients : médias, chercheurs, mais aussi grand public. Pour faciliter cet accès, l’INA dispose depuis le premier confinement (mars 2020) d’une plateforme SVOD baptisée Madelen, qui valorise une sélection de contenus parmi les plus emblématiques, “sur lesquels l’INA apporte un soin éditorial particulier, pour partager cette mémoire des archives audiovisuelles”. • L’INA a une permanence de documentalistes à Radio France, dans le but d’accompagner les responsables d’émissions dans la préparation d’émissions à venir. Et en particulier les émissions très consommatrices d’archives, comme Affaires sensibles, sur France Inter. Les journaux parlés et les magazines d’histoire sont aussi très consommateurs d’archives.” Pour explorer les archives sonores efficacement, l’INA s’est dotée de différents outils. “A priori, les archives sonores sont plus difficiles à appréhender, car il n’y a pas de report visuel qui permette de faire une lecture accélérée Cartographie des fonds.
  • 20. #9 • COLLECTOR 20 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE 1940-1944 : LA GUERRE DES ONDES Après avoir animé La Fabrique de l’Histoire et La Marche des sciences, Aurélie Luneau s’intéresse à l’écologie dans De cause à effets, sur France Culture. © Christophe Abramowitz / Radio France. Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, la radio, canal de propagande et outil de transmission, est au centre du conflit. Historienne des médias et journaliste à France Culture, Aurélie Luneau a travaillé dix ans sur cette période de l’Histoire et publié sa thèse : Radio Londres, 1940-1944. Septembre 1939, l’Europe s’embrase. Le paysage radiophonique vit une drôle de guerre. La France compte 14 stations de radio publiques (Radio Paris, Paris PTT, Paris-Tour Eiffel…) et 12 privées (Le Poste parisien, Radio Méditerranée, Radio Cité… Le monopole d’État sur la radio sera établi après-guerre, en 1945). On compte en France 6,5 millions de récepteurs radio pour 40 millions d’habitants. Tout le monde n’en possède pas, mais, malgré tout, on le retrouve dans les différentes classes sociales. On se rassemble chez des amis ou des voisins pour écouter les “nouvelles”. “À ce moment-là, la France n’a pas la culture de l’utilisation de la radio comme arme de guerre et outil de propagande, explique Aurélie Luneau. On estime qu’elle sert à informer, éduquer, divertir, mais il faut faire attention, encadrer l’information et la censurer. Les programmes sont très limités, notamment par manque de forces vives puisque les hommes sont mobilisés. Sur la radio nationale, les programmes vivent de 6h à 9h, de 14h30-15h à 18h-18h30. La censure fait que l’auditeur se tourne vers d’autres radios, comme la BBC basée à Londres ou Radio Sottens en Suisse.” Mais les Français se tournent aussi vers ces radios surnommées les “postes noirs”, comme Radio Stuttgart, un des fleurons du dispositif nazi en langue française. “EN PÉRIODE DE GUERRE, LES MOTS SONT DES ARMES” Adolf Hitler dans le texte. Mein Kampf (1925). “Dans cette période de guerre, Hitler a tout compris de la force de la radio, poursuit Aurélie Luneau. Dès qu’il envahit un pays, il fait en sorte de s’emparer des émetteurs les plus puissants et met la radio au pas, comme il l’a fait dans l’Allemagne hitlérienne. La propagande diffusée sur les ondes avait pour but de démolir le moral des troupes.Sur la ligne Maginot, les Allemands font installer des haut-parleurs qui distillent des slogans et des nouvelles démoralisantes, tout en donnant à entendre des chansons populaires, de Joséphine Baker ou Maurice Chevalier. En face, le gouvernement français hésite à utiliser la radio comme arme de guerre, estimant que ce n’est pas le bon choix.” Durant la SecondeGuerre mondiale, il n’y aura aucun sondage d’audience, mais des Français écrivent à la BBC, qui, en février 1940, a déjà reçu 1 500 lettres de France, comme celle de cette habitante du Cher : “Nous sommes des assidus, ma famille et moi, des informations en français au poste Radio Londres par la BBC et souvent nous comparons les informations de Stuttgart et les vôtres.Quelle différence !Tandis que les leurs puent le mensonge et la révolte contre l’Angleterre, les vôtres sont clairement exposées.” Jusqu’à l’armistice du 22 juin 1940, la BBC recevra, en moyenne, 900 lettres par mois. Avant même que le général de Gaulle prenne la parole le 18 juin 1940, avant même que les émissions phares (Les Français parlent aux Français, Honneur et Patrie…) se mettent en place à l’été 1940, il y a des Français qui se tournent vers Radio Londres pour écouter une radio fiable qui va les informer. En 1939, la BBC diffuse en neuf langues. Quatre ans plus tard, en 45 ! L’APPEL DU 18 JUIN Très tôt, l’officier de Gaulle voit la radio comme un outil. Elle deviendra son lien principal avec les Français, lorsque le Premier ministre britannique Winston Churchill lui offrira un rendez-vous quotidien de 5’ sur Radio Londres. Il a déjà prôné la radio comme outil militaire pour les transmissions. Et c’est bien sûr par la radio que le 18 juin 1940, le jeune général promu lancera son appel à poursuivre les combats. La veille, le maréchal Pétain avait au contraire appelé à les cesser. “Ce n’est pas le premier appel radio de Charles de Gaulle, précise Aurélie Luneau. Le 21 mai 1940, alors qu’il était colonel à la tête d’une division de cuirassiers, il est interviewé par un reporter à Savigny-sur-Ardres, pour l’émission quotidienne Le quart d’heure du soldat. Il y a quelques années, deux historiens,Anne et Pierre Rouanet, ont retrouvé le texte de cet appel lancé par de Gaulle sur les champs de bataille. Les propos sont très similaires à ceux de son appel du 18 juin : il milite pour l’arme blindée, parle de Par Olivier Malcurat
  • 21. #9 • COLLECTOR 21 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE continuer les combats, convaincu de la victoire finale de la France. On ne sait pas si cet appel a été entendu, tandis que celui lancé depuis Londres le sera, en partie. Il aurait même été enregistré sur un disque et rediffusé à plusieurs reprises jusqu’au lendemain.” Le 25 juin 1940, la radiodiffusion nationale s’arrête. Les Allemands sont à Paris et prennent le contrôle des émetteurs et stoppent toute diffusion jusqu’au 5 juillet, où Radio Paris redémarre pour diffuser des émissions anti-Alliés ou antisémites et des discours prônant le national-socialisme et la collaboration. “Les Allemands sont malins   ! concède Aurélie Luneau. Pour faire en sorte d’être écoutés par un public large, qui ne se doute pas forcément de la propagande établie, ils diffusent aussi énormément d’émissions culturelles, comme des retransmissions de pièces de théâtre ou de concerts.” En zone libre se met en place Radio Vichy. “Une radio à la gloire du maréchal Pétain, qui défend l’ordre, la morale, la famille et le travail. Elle a un ton plutôt modéré jusqu’en 1942, puis devient plus hostile aux Alliés et prône la collaboration avec les Allemands. Comme les Allemands qui ont fait interdire l’écoute de radios ennemies, Vichy interdit l’écoute des émissions de la BBC. Au mieux, celui qui était pris par la police française devait s’acquitter d’une amende et voyait son poste confisqué. Au pire, avec les Allemands, c’était l’enfermement, l’emprisonnement, les travaux forcés et même la déportation.” LA RADIO COMME ARME DE GUERRE Chacun l’a utilisée pour diffuser sa ligne de propagande. Mais cette guerre des mots se transforme aussi très vite en guerre de techniciens. Les Britanniques passaient leur temps à chercher de nouvelles longueurs “Radio Londres est entrée dans l’Histoire de la radio en France comme une grande dame.” d’ondes pour contourner le brouillage allemand. Les Allemands, bien que pas spécialement doués pour le brouillage, cherchaient à neutraliser la diffusion britannique. “Radio Londres est entrée dans l’Histoire de la radio en France comme une grande dame, parce qu’elle a été aux côtés des Français. À partir du 28 juin 1940, les évadés qui rejoignent l’Angleterre viennent parler à la radio pour informer leurs familles qu’ils sont bien arrivés. Cette pratique va donner l’idée aux services secrets de lancer les fameux messages codés ; le premier fut émis le 3 septembre 1941  : “Lisette va bien” (annonçant une opération aérienne, NDLR). En cinq années de guerre, le général de Gaulle s’est exprimé 67 fois à la BBC. Le reste du temps, c’était Maurice Schumann, son porte-parole, qui intervenait.” Et puis Radio Londres, c’est aussi cette émission emblématique, Les Français parlent aux Français. Un rendez-vous qui devient vite incontournable. Il fait du bien, informe et donne à comprendre ce qui se passe, alors que le monde est en plein chaos. • 1944 - Radio Cherbourg.
  • 22. #9 • COLLECTOR 22 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE LE MOT DE... FRANK LANOUX Frank Lanoux Frank Lanoux (à droite) a activement participé à la deuxième vie de RMC. Il y a eu les années TSF, les années transistor, les années FM, et nous avons déjà bien entamé les années digitales. La radio traverse les époques et passe allégrement d’un meuble pour soirées familiales à une fonction induite dans une multitude d’objets du quotidien. J’ai eu la chance d’être nourri par Europe 1, élevé par les musicales et à la manœuvre pour transformer une généraliste. Ces expériences, je les ai développées sur une locale, sur des réseaux, à Paris, en région et à l’étranger. J’ai euaussilachancedepasserd’uneexpérienceà une autre en laissant toujours plus d’auditeurs que j’en avais trouvé en arrivant. La dernière expérience est intéressante, car l’on peut considérer que nous avons lancé la dernière radio nationale. Il ne s’agissait pas d’un reformatage, mais bel et bien de la création d’un nouveau format. C’est aussi intéressant, car je ne connais pas un autre média qui après unpasséglorieux,puisunedescenteauxenfers a su s’écrire une deuxième vie. Ce fut aussi le début de la construction d’un groupe qui vit naître une chaîne d’information devenue la première du pays en quelques mois. J’ai déjà raconté cette histoire*, mais il convient aujourd’hui d’en retenir de nouveaux enseignements. 1 - La radio est une école exceptionnelle. Les ponts se sont multipliés avec la télé et les meilleurs viennent de la radio ; inutile d’en publier l’annuaire, ça crève l’écran. Mais la radio n’est pas le son de la télé. La concentration et l’énergie que demande la production du spectacle sans images sont telles qu’en produisant les deux en même temps, il y a le risque de mal livrer chacun. 2 - La radio est la meilleure des compagnies parce que vous l’écoutez seul. Vous la choisissez, vous montez ou baissez le son, vous l’éteignez au besoin. Bref, elle vous ressemble en même temps qu’elle vous perturbe, elle vous parle au même titre qu’un ami. Aujourd’hui, la vie déstructurée la rend encore plus nécessaire, car elle vous rythme du tempo qui est le vôtre. 3 - La radio a toutes les qualités du digital depuis près de 70 ans. Dématérialisée, mobile et gratuite, elle offre toujours aujourd’hui la dextérité du monde moderne alliée à la dimension humaine. Aujourd’hui, les équipes radio sont aux avant-postes tant la vitesse, la proximité, l’intime et l’accompagnement sont des valeurs partagées. 4 - À l’évidence, l’agitation digitale et l’explosion de l’offre médiatique doivent nous conduire à mieux répondre encore à la confiance qu’ont les Français dans le média. Pour l’information, il y a donc urgence à la séparer nettement du commentaire. La confusion prête le flanc aux effets de manche et embarque le média dans le flux insipide d’une information non qualifiée. 5 - Le monde complexe nous oblige à trouver les équipes qui répondent à toutes les dimensions. Aujourd’hui, il faut savoir éditorialiser, produire, promouvoir, digitaliser, gérer, vendre… en même temps. Le chef d’orchestre n’a pas de parti pris et doit défendre un 360 fait d’équilibre, d’audace et d’énergie. Je le sais, ce n’est pas donné à tous les métiers du secteur. 6 - L’obsession de la concurrence est une dérive… La radio est le média de l’intime et travailler la relation avec ses auditeurs est bien plus utile que d’observer les confrères pour les copier. On ne conduit pas une Formule 1 avec un rétroviseur. Une fois trouvée sa voie, il vaut mieux creuser son sillon et flatter sa communauté, pour gagner en différence et triompher par soi-même. 7 - Le doute est plus fort que la certitude. J’ai l’impression d’en lister ici une belle collection, mais une question reste meilleure conseillère que la réponse toute faite. À se reposer les questions, on trouve de nouvelles réponses et c’est peut-être le plus important quand l’enjeu est l’innovation et la créativité. On doit faire différent par principe, voire le contraire pour réussir. 8 - La radio, c’est tous les jours pareil et tous les jours différent. Comment expliquer mieux que ce “en même temps” est la clé du média  ? Déjà, parce qu’il sait le faire et cet art n’est pas donné à tout le monde. On est pareil, car on fixe des rendez-vous et on est différent pour mieux étonner. Finalement, la radio est une définition de l’amour et l’amour, c’est pour toujours. 9 - La radio est une chance, car c’est le produit qui parle ! Investir le produit est bien plus productif que de se perdre en communication, éléments de langage ou gonflette promotionnelle. On a bien relancé RMC sans changer le nom et sans campagne d’image. C’est le produit qui parle. Ça va jusqu’à préférer la pub qu’on vend à celle qu’on pourrait acheter ! J’ai une certitude : toutes les bougies que nous soufflons aujourd’hui continueront à mettre le feu. • * La deuxième vie de RMC, Éditions du Rocher.
  • 23. #9 • COLLECTOR 23 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE LA NAISSANCE DES STATIONS PÉRIPHÉRIQUES Par Denis Maréchal L’expression “radios périphériques” recouvre un phénomène bien spécifique. Il s’agissait de dénommer ainsi des postes émetteurs implantés de l’autre côté des frontières de la France. Au Luxembourg depuis 1933, en Andorre entre 1939 et 1981, dans la principauté de Monaco depuis 1943 et en Sarre depuis 1955. Dans l’entre-deux-guerres, le statut des postes radiophoniques était régi par le double secteur  : stations privées et stations publiques se disputaient l’audience, tandis qu’une station de droit luxembourgeois mais de capitaux français diffusait ses programmes sur les trois quarts du territoire. En Andorre, une station également constituée par des capitaux français émettait sur le Sud-Ouest. Au lendemain de la SecondeGuerre mondiale, le régime de la radiodiffusion relevait désormais exclusivement du monopole de service public. Seulement trois stations devaient subsister : Radio Luxembourg, Radio Andorre et Radio Monte-Carlo justement parce qu’elles émettaient depuis un territoire étranger à la périphérie de la France. L’expression de “radios périphériques” était née. C’est dans cette brèche que s’engouffrèrent les initiateurs de la station Europe n° 1 enSarre dix ans plus tard. Du point de vue de la matière diffusée, ces quatre stations eurent pour point commun de recourir massivement à la publicité pour se développer, ce qui les distinguait immanquablement des stations de la Radio Diffusion Française (RDF) puis à partir de 1964 des stations de l’ORTF où la publicité sur les ondes était prohibée. Les stations privées développèrent leurs programmes de manière originale au point, dans les années cinquante et soixante, de s’imposer par d’éclatants succès d’audience. Leur influence respective, Radio Luxembourg demeura majoritaire dans les classes populaires et Europe n° 1 conquit le public des cadres, tandis que Radio Monte- Carlo et Radio Andorre au sein de leur espace régional propre séduisaient les auditeurs. À partir de 1964, il revint à une nouvelle station publique, France Inter, de tenter de conquérir les auditeurs partis à l’écoute des stations périphériques. Ces stations privées se démarquaient dès l’origine de l’offre du monopole de deux manières : la première concernait les programmes et la seconde par le traitement de l’information. ALPHA ET OMÉGA DES PROGRAMMES : L’AUDIENCE ! Et, pour drainer le plus grand nombre d’auditeurs, il fallait les captiver par des émissions de distraction. Jeux et feuilletons sur Radio Luxembourg, musique “jeune” pour Europe no 1. Ajoutons à cela de grandes opérations d’entraide comme l’appel de l’abbé Pierre en 1954 à Radio Luxembourg ou encore Vous êtes formidables sur Europe no 1. Ainsi, les principaux ingrédients pour faire monter l’audience se trouvaient réunis, loin des émissions pédagogiques et littéraires de la Radiodiffusion française. Sur le terrain de l’information, là où les stations de l’ORTF étaient inévitablement taxées de leur propension à jouer les faire-valoir de l’action gouvernementale, les stations privées s’employèrent à traiter l’information de façon dite “objective”. La référence au pouvoir y était sinon absente, beaucoup moins marquée. À la fin de l’année 1962, 42% des Français écoutaient Radio Luxembourg, 34% Europe no  1 et seulement 24% pour France Inter. On l’aura compris, bien au-delà de leur statut et du positionnement de leur émetteur, c’est bel et bien sur le terrain des contenus et de son succès qu’il convient de définir finalement ce que recouvrait l’expression “radios périphériques”. • Denis Maréchal Docteur en histoire RTL, histoire d’une radio populaire, Nouveau Monde éditions, 2010. France Inter, une histoire de pouvoirs, Ina éditions, 2020. Nous sommes en 1953. Radio Monte-Carlo se dote de véhicules à ses couleurs. Le célèbre Appel de l’abbé Pierre sur Radio Luxembourg durant l’hiver 1954.
  • 24. #9 • COLLECTOR 24 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE QUAND LA RADIO RENCONTRE LA PUBLICITÉ Par Jean-Jacques Cheval Professeur des Universités en poste à l’Université Bordeaux Montaigne Fondateur du Groupe de Recherches et d’Études sur la Radio (GRER) La question publicitaire n’a cessé de contribuer à la structuration du paysage radiophonique français, l’invention de la radio s’est accompagnée de l’invention de la publicité radiophonique. Dès novembre 1922, le lancementdeRadiolacorrespondaitausoucidedévelopperlemarchédespostesrécepteurs.Sesprogrammes, animés par Radiolo, devaient par eux-mêmes susciter l’appétit des consommateurs pour une nouvelle forme de distraction et d’information et entraîner par là les ventes des récepteurs Radiola précisément. Les stations privées créées à sa suite imitent ce modèle inspiré des États-Unis. En 1930, selon Christian Brochand, “la publicité sévit sans mesure. Il arrive à Radio Toulouse d’accompagner chacun de ses disques de deux ou trois annonces publicitaires. Radio Paris suit de près 1 ”. Mais pour les radios privées, la dépendance envers la publicité n’en est pas une, elles revendiquent au contraire fièrement ce mode de financement. Radio Luxembourg, dès ses débuts, proclame qu’elle est “un poste privé n’attendant des ressources que de ses recettes publicitaires, à l’exclusion de tout prélèvement sur ses auditeurs 2 ”. Quant aux radios publiques, la publicité n’y fut jamais formellement autorisée. Mais les difficiles conditions d’existence des premières stations publiques, le faible investissement de l’État dans la radio naissante entraînent des tolérances et jusqu’au milieu des années  30, elle y est aussi présente pourtant, à Paris, comme en province. En 1926, avant d’être écarté, Maurice Privat avait confié l’affermage de la publicité de la première radio publique française, le Poste de la Tour Eiffel, à un personnage encore inconnu, mais appelé à devenir célèbre : Alexandre Stavisky. En 1933, l’instauration de la taxe sur les récepteurs, première forme de redevance, n’est pas pour autant suivie d’une disparition immédiate de la publicité. C’est en 1935 que le ministre Georges Mandel veut la faire disparaître sur les stations parisiennes, puis sur celles de province, mais non sans encore des exceptions jusqu’en 1939. DÉJÀ, LA PUBLICITÉ AGACE La publicité radiophonique provoque des agacements pour ses antiennes lancinantes ou bien des réflexions moralisantes sur son incompatibilité avec les hautes missions culturelles assignées à la radiophonie. Jean- Jacques Ledos rappelait qu’en 1934, “Georges Duhamel dénonçait encore, dans Scènes de la vie future, la publicité qui « donne de l’homme une idée trop grossière, par trop méprisable aussi […] Honnis soient ces mercantis qui pensent nous amadouer et nous obtenir en nous considérant comme des imbéciles 3 »”. Une forme de publicité particulièrement attire les foudres et les critiques de toute part, c’est la publicité en langue étrangère, en l’occurrence en anglais, que l’on retrouve abondamment sur plusieurs radios privées. Les ressources publicitaires britanniques fournissent rapidement les neuf dixièmes des recettes de Radio Luxembourg 4 . En 1936, une loi instaure des taxes sur la publicité à la radio (13% des recettes, et jusqu’à 48% pour la publicité en langue étrangère, puis 20% et 65% en 1937 5 ). ENTRE ÉMISSIONS “PATRONNÉES” ET “COMMUNIQUÉS” Durant l’entre-deux-guerres, la publicité radiophonique se présente sous deux formes principales : les émissions “patronnées” et les “communiqués”. L’émission “patronnée”, c’est “un programme fait sur mesure dont l’idée générale contient déjà la publicité du donateur” afin de saisir l’auditeur et le conduire “bien disposé et bien attentif jusqu’à l’endroit où la publicité l’attend 6 ”. Ces programmes prennent la forme de concerts patronnés, de jeux et de feuilletons (Les fiancés de Byrrh, Le quart d’heure Cinzano). Leur succès culmine avec les émissions en public et notamment avec les radio-crochets, tel celui de Monsavon sur Le Poste parisien. Quant aux communiqués, ils jouent sur les formules, les refrains, les slogans, non sans talent pour des créations qui restent dans les esprits et les mémoires, et parfois jusqu’à nos jours 7  : “André le chausseur sachant chausser  !”, “Un meuble signé Lévitan est garanti pour longtemps   !…” C’est une nouvelle forme d’expression à laquelle se frottent des auteurs notables tels que Robert Desnos, Armand Salacrou, créateurs de textes dramatiques pour la radio, mais aussi rédacteurs de “communiqués” publicitaires. La musique et les chansonnettes sont mises à contribution. En 1925, une ritournelle devient à la mode, présentée en direct du Poste parisien, elle vante les qualités du journal auquel est associée la station, Le Petit Parisien  : “Qu’est-ce qu’elle faisait ? Elle lisait Le P’tit Parisien, elle s’intéressait à la politique, elle lisait Le P’tit Parisien, l’plus fort tirage des journaux du matin.” Beaucoup d’artistes participent à cette expression nouvelle : Édith Piaf, Micheline Presle, Charles Trenet… sont de ceux-là. L’efficacité de la publicité radiophonique est attestée par le résultat des ventes et non par des enquêtes d’audiences encore inexistantes. La publicité radiophonique bénéficie à cette Marcel Bleustein-Blanchet à son bureau de Radio Cité. Par Jean-Jacques Cheval
  • 25. #9 • COLLECTOR 25 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE activité en général. Souvent décriée, méprisée avant 1914, dans la presse écrite, au risque de laisser proliférer les publicités clandestines, la radio avec le cinéma et l’affiche imposent et popularisent cette communication commerciale dans les esprits. MARCEL BLEUSTEIN-BLANCHET : UN DÉFENSEUR ACHARNÉ DE LA PUBLICITÉ Une figure parmi d’autres se détache dans cette période, celle de Marcel Bleustein- Blanchet. Fondateur de Publicis en 1923, il commence à s’intéresser à la radio en 1929 et organise très tôt la publicité de Radio Paris. Le succès quasi immédiat d’une première campagne pour le fourreur Brunswick (“Brunswick, le fourreur qui fait fureur !”) le persuade des potentialités de ce nouveau support. Il entreprend de créer un réseau de diffusion publicitaire radiophonique français et sillonne le pays au nom de sa société Les Antennes de Publicis. Il démarche les stations publiques et privées et afferme leurs recettes publicitaires, obtenant l’accord de beaucoup. Publicis assure la régie de postes d’État (Bordeaux, Marseille, Grenoble, Strasbourg, Rennes, Toulouse) et travaille avec plusieurs stations privées. Marcel Bleustein-Blanchet se présentera ou se laissera présenter comme l’inventeur de la publicité moderne en France. Il innovait indéniablement, secondé par des personnalités de talent, tel son neveu Jean-Jacques Vital (de son vrai nom Jean Lévitan, héritier des meubles du même nom). Ensemble, ils font partie de ceux qui inventent la radio populaire et imposent la publicité comme genre radiophonique à part entière. L’interdiction de la publicité des stations Pour en savoir plus : Jean-Jacques Cheval, “Invention et réinvention de la publicité à la radio, de l’entre- deux-guerres aux années 1980”, Paris, LeTemps des Médias, no 2, printemps 2004. Marc Martin, “L’arrivée de la logique publicitaire sur les émetteurs radiophoniques français (1922-1939)”, Paris : Cahiers d’Histoire de la Radio, no 87, janvier-mars 2006. 1. Christian Brochand, 1994, Histoire générale de la radio et de la télévision en France, Paris, La Documentation française, tome 1, p. 493. 2. Denis Maréchal, 1994, Radio Luxembourg, 1933-1993. Un média au cœur de l’Europe, Nancy, Presses Universitaires de Nancy / Éditions Serpenoise, p. 69. 3. Jean-Jacques Ledos, 2019, Dictionnaire historique de radiophonie, Paris, L’Harmattan, p. 293. 4. Denis Maréchal, 1994, op. cit., p. 71. 5. Christian Brochand, 1994, Histoire générale de la radio et de la télévision en France, Paris, La Documentation française, tome 1, p. 490- 505. 6. Paul Deharme, Vendre, février 1934, no 123. 7. Marc Martin, 1987, “Publicité et programmes radiophoniques dans la France d’avant-guerre” in Histoire des programmes et des jeux à la radio et à la télévision, Actes de la journée d’étude du 24 février 1986, Paris, Comité d’Histoire de la Radio, Comité d’Histoire de la Télévision, Groupe d’Études Historiques sur la Radiodiffusion, Radio France, p. 119-130. • publiques le pousse à s’investir directement dans l’activité radiophonique en fondant Radio Cité en 1935. Bleustein-Blanchet fut un défenseur acharné de la publicité. Dans ses mémoires, publiés dès 1948, il écrivait qu’elle seule “permet l’émulation, aussi bien entre les clients qui ont le désir de faire mieux que leurs concurrents qu’entre les postes qui doivent s’ingénier à conserver l’audience du public en améliorant sans cesse leurs programmes”. Il poursuivait  : “Or une émission qui réussit est une émission écoutée, et par des gens que personne ne force à supporter la publicité. Il est donc faux d’affirmer comme le font certains que la publicité est intolérable. […] Que penser par contre d’une radio qui n’a cure d’aucun jugement ? […] Il faut être en contact avec l’auditeur pour savoir ce qui lui plaît.” Charles Trenet fut son employé. “Je l’utilisais pour la composition de petites chansons publicitaires qui devaient remplacer certains communiqués parlés trop monotones ou indigestes. Quelle fraîcheur il mettait dans ces quatrains sans prétention ! […] Ses petites rengaines étaient si réussies qu’elles permettaient aux auditeurs récalcitrants d’avaler – si je puis dire – les pilules publicitaires et qu’elles se gravaient agréablement dans leur mémoire.” • À consulter : le dossier Marcel Bleustein- Blanchet dans Cahiers d’Histoire de la radiodiffusion, no 51, décembre-février 1997. Marcel Bleustein-Blanchet, 1948, Sur mon Antenne, Paris, Éditions Défense de la France. Une publicité de Radio Cité à l’occasion de son 3e anniversaire. La radio émettait, tous les jours, de 06h30 à minuit.
  • 26. R É G I E P U B L I C I TA I R E I N D É P E N D A N T E M U LT I - S U P P O R T S WAZE CRÉATION VISUELLE ET SONORE ON VOUS ÉCOUTE POUR MIEUX VOUS FAIRE ENTENDRE ! www.ci-media.fr ci-media.fr
  • 27. #9 • COLLECTOR 27 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE LA PLUS STAR DES RADIOS À MARSEILLE CONTACT Radio Star 25 Chemin de Caban 13380 Plan-de-Cuques Standard : 04 91 54 14 14 Administration : 04 91 55 57 07 Web : radiostarcom.com Cette radio repose sur la personnalité de son créateur, René Baldaccini. Chanteur et passionné par les médias, neveu du sculpteur César, il va créer Radio Star en 1981 et va y recevoir Michael Jackson, Madonna, Stevie Wonder… Tous se battent pour venir dans les studios, sur la planète Marseille. L’histoire de cette FM ne ressemble à aucune autre. Elle a fait la fierté des Marseillais. Elle est ancrée dans le paysage médiatique local. Même Luc Besson a voulu faire apparaître le logo de la station dans son film Taxi. Preuve en est que Radio Star fait partie intégrante de la ville et de son état d’esprit. Dès le début, avec l’aide d’Yves Mourousi, René Baldaccini va donner des paillettes à cette radio. Étonnamment, l’aventure Radiostar germe dans la tête de son créateur à Paris et non dans le Sud. René Baldaccini est dans la capitale pour le lancement de NRJ. “On était une bande de copains, et j’ai assisté au lancement de cette radio au 55 rue du Télégraphe”. Des membres de NRJ vont passer, ensuite, le réveillon de 1981 à Marseille. “Ils m’ont baratiné, et m’ont demandé de créer aussi une radio dans le Sud, on était une bande de passionnés.”C’est à cette époque que va naître Star. Les animateurs parlent depuis le massif de l’Étoile, au nord de Marseille. L’ÉPOQUE FASTE DE RADIO STAR Radio Star devient rapidement la plus grande radiodesBouches-du-Rhône.Ettoutlemonde veut y travailler. Jean-Marc Morandini va y faire ses premières armes. “Dans les années 80, on avait un petit gosse qui nous écoutait.” Ce gamin s’appellera plus tard Akhenaton, le membre emblématique d’IAM. D’autres viendront rejoindre la radio qui fera rêver les Psy 4 de la rime, groupe de rap de Marseille avec Soprano. “On les a tous eus ici”, raconte le patron de cette étoile marseillaise. Le roi de la nuit, Jean-Roch y sera animateur. Childéric Muller fera partie de l’équipe avant de rejoindre la chaîne de télévision de Berlusconi, La 5, puis producteur à Coyote Productions et élu au conseil municipal de Marseille. LES ANTENNES D’OR AVEC RADIO STAR MARSEILLE ET NRJ PARIS La station marseillaise se développe de façon exponentielle. Après Marseille, on va la capter à Toulon, Avignon, Nice et sur toute la Côte bleue. Les années 80 sont des années fastes. “On va mettre en place les Antennes d’or, un podium avec les vedettes de la chanson.” À cette l’époque, René Baldaccini était un ami de NRJ. “Je connaissais Jean-Pierre d’Amico et l’équipe de ce qui était encore à l’époque l’associationNRJ.”Ledirigeantveutfaireplaisir et peut-être aussi profiter de la notoriété de la radio à la panthère. “J’avais décidé d’organiser une soirée à l’opéra en annonçant : Radio Star Marseille et NRJ Paris vous présentent les Antennes d’Or. Mais Jean-Paul Beaudecroux m’a fait un procès.” Il y a les amis, mais il y a le monde des affaires. LA CHUTE DANS LES ANNÉES 90 AVANT UN RETOUR EN 96 Star connaît la concurrence de Radio Service et des réseaux nationaux, la publicité n’est plus au rendez-vous. Elle est aidée par RMC, mais la loi de 1986 sur l’audiovisuel conduira le CSA à ne pas renouveler la fréquence à Marseille. Fun Radio va prendre la place. Mais le dirigeant n’a pas dit son dernier mot “Radio Star va redevenir indépendante en 96 et reprend des couleurs, le bleu de Marseille”. • René Baldaccini, un patron artiste La radio, il a ça dans les veines, mais René Baldaccini est aussi artiste. Auteur, compositeur et interprète, ce fils d’une famille d’immigrés italiens a pour oncle l’artisteCésar. Grâce à lui, il va rencontrer Picasso et Dali. Il côtoiera Lino Ventura,Yves Montand, Brigitte Bardot et Mick Jagger. En 1976, Baldaccini monte son studio d’enregistrement. Le son, c’est toute sa vie. Forcément, avec l’arrivée de Mitterrand au pouvoir, il ne pouvait passer à côté de la FM. Plus de 40 ans après la naissance de Radio Star, Baldaccini reste seul actionnaire et dirige le premier réseau indépendant de la région PACA. Radiostar est aujourd’hui très fière de sa régie CI Média menée par son associé Sébastien Pesqué qui est devenue avec ses médias, la première régie régionale de France en termes de CA. • Le premier studio de Radio Star sur le massif de l’Étoile. © Radio Star Yves Mourousi, le présentateur du JT de TF1, s’est engagé dans le développement de Radio Star. © Radio Star Par Loïc Couatarmanach Publirédactionnel
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  • 29. #9 • COLLECTOR 29 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE LE VAISSEAU AMIRAL Inaugurée en grande pompe le 14 décembre 1963 par le général de Gaulle, la Maison de la radio et de la musiqueestlesiègehistoriquedelaRadiodiffusion-télévisionfrançaise.Aujourd’hui,inscriteauxMonuments historiques, elle abrite Radio France, son orchestre et ses chœurs. “Historiquement, la RTF était disséminée dans une douzaine de bâtiments parisiens, ce qui ne facilitait pas la communication, raconte Jean- Guillaume Martin, coordinateur à la direction de la réhabilitation. Il a été jugé stratégique, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, de regrouper les activités de radiodiffusion et de débuts de télévision dans un lieu unique. En 1953, l’architecte Henry Bernard, premier grand prix de Rome en 1938, remporte le concours grâce à son projet ambitieux, moderne et innovant. Son idée, telle qu’il la raconte, était de construire une sorte de château fort, un colisée protégé de l’extérieur de la ville et notamment du bruit de la ville. Une maison ronde, pour pouvoir y aménager des studios de forme trapézoïdale respectant la loi des ondes en évitant les surfaces parallèles, sans angles à 90°. La grande couronne s’élève sur dix étages, à l’exception du front de Seine qui n’en compte que six. Dans une logique de château fort, Henry Bernard a voulu créer une tour, qu’il appelait le donjon. C’était à l’origine une tour d’archives dont la façade est recouverte de blocs d’aluminium pour l’habiller de meurtrières de façon que la chaleur et la lumière y pénètrent difficilement pour une meilleure conservation des disques en cire de l’époque.Au dernier étage de la tour, il y avait un bureau du ministère de l’Information de l’époque, qui était surnommé “la censure”. Le ministre donnait son aval sur les informations, les contenus éditoriaux et les émissions qui étaient diffusés.” UN OUTIL AJUSTÉ AUX BESOINS Aujourd’hui, la Maison de la radio n’abrite plus que… les sept antennes de Radio France, mais aussi l’Orchestre philharmonique de Radio France,leChœurdeRadioFranceetlaMaîtrise de Radio France. Les studios 102 et 103 ont été détruits pour laisser place à un auditorium de 1 450 places assises, inauguré en 2014. La Maison ronde compte une soixantaine de studios de différentes tailles. Les 14 studios de taille moyenne sont actuellement en travaux et seront livrés à l’horizon 2025. “À mon arrivée dans l’entreprise il y a deux ans, je rencontre un voisin à qui j’explique que je travaille sur le chantier et lui qui vit depuis longtemps dans le quartier de me répondre que la Maison de la radio a toujours été en travaux, poursuit Jean-Guillaume Martin. C’est une maison qui a évolué avec son temps. Le nombre total de studios a évolué en fonction des besoins. Pratiquement tous sont désormais adaptés à la réalité des réseaux sociaux, c’est-à-dire que l’on peut faire de la captation vidéo, pour pouvoir être en direct sur les réseaux sociaux.” Dans les sous-sols, des abris antiatomiques avaient été construits pour pouvoir continuer d’émettre en cas d’attaque. On y trouve la reprographie, les bureaux de la sécurité, des magasins informatiques et techniques, des galeries de câbles, un parking souterrain… INSOLITE… À PLUS D’UN TITRE Le bâtiment en soi est déjà insolite. À l’inauguration, c’était le plus grand bâtiment public construit après la Seconde Guerre mondiale. C’est aussi la seule façade de Paris composée exclusivement de mosaïques, de verre et d’aluminium. Il a été classé Monument historique en 2018. Le 22e étage de la tour offre une vue panoramique sur Paris. Dans le jardin est conservée la première pierre, posée en 1954 par René Coty ; un fragment du mur de Berlin offert en 2009 par la radio publique allemande à l’occasion des 20 ans de la chute du mur ; ou encore une maquette en Lego de la Maison de la radio. Enfin, l’édifice abrite plusieurs œuvres d’art. L’architecte, Henry Bernard, avait demandé à des artistes de l’époque d’habiller les espaces de vie. Ainsi, en arpentant les couloirs, l’on peut admirer des œuvres de Georges Mathieu, Jean Bazaine, Alfred Manessier, Gustave Singier ou Pierre Soulage. • Le 22e étage de la tour de la Maison de la radio offre une vue panoramique sur la capitale. © Christophe Abramowitz / Radio France. CONTACT Maison de la radio 116 avenue du Président Kennedy 75220 Paris Cedex 16 Tél. : 01 56 40 22 22 Web : maisondelaradio.fr Par Olivier Malcurat La Maison de la radio en chiffres - 110 000 m² de surface, sur un terrain de 2 hectares et un volume total de 450 000 m3 - Un auditorium de 18 000 m3 de volume, avec 1 450 places assises et une scène de 260 m² pouvant accueillir près de 250 musiciens -Une façade de 500 m de longueur, recouverte de 10 000 panneaux d’aluminium - Une centrale géothermique puisant dans la Seine pour chauffer et refroidir le bâtiment - 5 000 fenêtres - 30 ascenseurs - 6 portes d’accès - Une tour de 22 étages, culminant à 65 m de hauteur - Un grand orgue comptant 5 000 tuyaux - 60 studios d’enregistrement - 2 500 collaborateurs y travaillent - 50 tonnes de pression au mètre carré : c’est la résistance des parois en béton des abris antiatomiques situés au sous-sol. • “Le bureau de la présidence, en palissandre de Rio, est inscrit au Mobilier national.”
  • 30. #9 • COLLECTOR 30 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE JACKLANGLANCEUNAVERTISSEMENT AUX RADIOS FM Par Christophe Bordet Jack Lang, ancien ministre de la Culture de François Mitterrand et président de l’Institut du monde arabe. © IMA / Thierry Rambaud L’ancien ministre de la Culture de François Mitterrand (1981-1986 et 1988-1993), aujourd’hui à la tête de l’Institut du monde arabe, fut aux premières loges lors de la libération de la bande FM en 1981. Quarante ans après, il ne regrette rien, mais s’inquiète de la médiocrité des programmes et appelle les radios à retrouver leur vitalité et leur imagination d’antan. LLPR - Vous avez été à l’origine de la libéralisation de la FM, il y a 40 ans avec François Mitterrand, qu’est-ce que cela vous inspire, aujourd’hui en 2021 ? JL - Je suis très heureux qu’en France, nous ayons ainsi facilité l’émergence de radios de toutes sortes et je crois que c’est assez unique en Europe. Je me remémore les années de combats pour arracher le droit pour ces radios à vivre. Avant l’élection de François Mitterrand en 1981, la création d’une radio était interdite. Pire encore, ceux qui s’aventuraient à créer une radio pirate étaient pénalement punissables. La plus belle preuve, c’est quand François Mitterrand, alors patron du Parti socialiste, lance une petite radio qui s’appelait Radio Riposte, la radio de l’opposition au pouvoir giscardien. Une instruction au pénal a été aussitôt ouverte et la police est venue démonter l’installation technique. C’est incroyable qu’à l’époque une petite radio comme celle-là soit traitée avec une telle brutalité. Il y avait une tradition ancienne en France de monopole des radios de service public, mais par ailleurs, il y avait les radios périphériques comme Europe 1, RTL, RMC qui étaient entre les mains de groupes privés puissants. Dans ces conditions, quelle hypocrisie d’interdire les radios libres ! LLPR - Au début des années 80, lorsque la gauche prend le pouvoir, c’est la cacophonie, beaucoup de radios émettent clandestinement, comment avez-vous mis de l’ordre ? JL - Il y avait une grande aspiration à la liberté, très vite, nous avons levé les interdits. Peut- être même trop rapidement. Ça a été une anarchie heureuse, mais le problème que l’on a rencontré, c’est que nous n’avions fixé aucune règle de programmation culturelle ou de financement. C’était sans doute une erreur de ne pas avoir mieux encadré le secteur, dès le début. Finalement, l’année 1982 a été l’année de naissance de la loi permettant la liberté de communication dans notre pays. À l’époque, le Premier ministre Pierre Mauroy disait : “Les radios libres, oui, mais pas les radios fric.” Sous-entendu, il n’y a pas de liberté sans un minimum d’encadrement et de règles.C’est d’ailleurs pour cela que nous avons ensuite créé la Haute Autorité de l’audiovisuel, le CSA d’aujourd’hui. LLPR - Et 40 ans après, les radios libres sont devenues les radios fric ? JL - C’est vrai que beaucoup de ces radios sont devenues des radios commerciales. À l’origine, nous les avons libérées pour qu’elles apportent un plus à la culture, à l’imagination, à l’invention. Mais au même titre qu’Europe 1, RTL ou RMC, il fallait bien qu’elles aient un modèle économique pour vivre. LLPR - Il y a l’épisode NRJ avec 300 000 jeunes dans les rues de Paris en 1984 pour soutenir la radio privée qui était menacée de suspension d’antenne pendant un mois. JL - À l’époque, NRJ avait considérablement augmenté sa puissance sans autorisation, brouillant au passage ses concurrents. TDF s’est plaint à la Haute Autorité et la sanction décidée a mis le feu aux poudres, mais François Mitterrand a su calmer le jeu et tout est rentré dans l’ordre… Preuve en tout cas que la bande FM manquait de règles, comme je l’ai dit. C’était le FarWest. LLPR - Vous écoutez quelle radio aujourd’hui  ? JL -J’écouteunpeumoinslaradio,cesderniers temps, car je travaille beaucoup à la tête de l’Institut du monde arabe, mais le matin, je me branche notamment sur Inter ou Info. LLPR - Comment vivez-vous l’évolution de la radio que l’on écoute sur Internet et donc n’importe où aujourd’hui ? L’arrivée du DAB  ? JL - J’ai toujours été l’ami des nouvelles technologies. Cette explosion des possibilités d’écoute de la radio me séduit beaucoup, mais elle m’inquiète aussi. Pourquoi avoir de meilleures technologies si l’on n’est pas capable de faire de la qualité en mettant une fois de plus en avant notre culture ? J’ai beaucoup soutenu, lorsque j’étais ministre, Skyrock, Nova ou NRJ… Je trouve aujourd’hui qu’il y a beaucoup de médiocrité. Par ailleurs, il y a de moins en moins de pluralité d’idées. C’est le nivellement par le bas. Où sont les programmes riches et brillants ? Certains tournent le dos à notre richesse culturelle. “Je trouve aujourd’hui qu’il y a beaucoup de médiocrité. Par ailleurs, il y a de moins en moins de pluralité d’idées. C’est le nivellement par le bas.” Jack Lang LLPR - Si vous aviez, pour terminer, un mot d’anniversaire à dire à la FM ? JL - Quarante ans, c’est deux fois 20 ans, deux fois l’âge de la jeunesse. Prenez garde, il ne faut jamais penser que l’on est installé pour l’éternité. De moins en moins de Français écoutent la radio. Prenez garde à retrouver votre vitalité première. • De 1958 à aujourd’hui, Jack Lang a marqué la vie culturelle française. Dans ce livre, on suit la fondation et la mise en œuvre de la nouvelle politique des arts qu’il a imaginée. Au cœur de cet ouvrage : les multiples notes confidentielles que Jack Lang a adressées à François Mitterrand, émaillées de jugements et de recommandations, ici publiées pour la première fois. •
  • 31. #9 • COLLECTOR 31 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE FLASHBACK SUR LA RADIO FRANÇAISE Le 24 décembre 1921, le Poste de laTour Eiffel diffusait sa première émission quotidienne de 14h30 à 17h. Pour autant, l’aventure avait débuté quelques années plutôt, notamment en 1915, par la première transmission transatlantique de la voie par radio entre la tour Eiffel et Arlington aux États-Unis… Trois ans plus tard, en 1918, on invente le système de réception superhétérodyne, encore exploité dans presque tous les récepteursactuels.Dèslors,toutvas’accélérer avec notamment la création en 1920 du Radio- Club de France qui se fixe comme objectif de vulgariser la TSF. En 1921, le 26 novembre, c’est au tour de la SFR (Société française radio-électrique) de réaliser la retransmission d’un concert, depuis son usine Radiola à Levallois : le récepteur était situé à la Salle des Ingénieurs civils à Paris. En 1922, c’est la naissance de la radiodiffusion grand public et c’est d’ailleurs la date officielle que retiennent habituellement les historiens pour s’accorder sur la naissance de la radio en France. La même année, Radiola (station privée de la SFR) produit des émissions régulières. Le développement se poursuit dans les années 20 de façon soutenue : lancement des ondes moyennes (1923), le premier journal parlé depuis la tour Eiffel par Maurice Privat et l’invention de la modulation de fréquence (1925). Cette année marque l’autorisation de la réclame, autrement dit de la publicité à la radio. LES STATIONS SE MULTIPLIENT ET LES RÉCEPTEURS AUSSI Le Parlement débat du statut de la radio alors que Publicis voit le jour. Les années 30 marquent l’organisation de la radio d’État. En 1933, la célèbre et plus ancienne radio privée de France, Radio Paris, ex-Radiola, est vendue par la CSF à l’État qui lance, le 17 décembre 1933, le nouveau Poste National Radio Paris. Si les radios privées vivent déjà de la publicité, l’article 109 de la Loi de finance de 1933 institue pour droit d’usage la redevance radiophonique : une taxe payée pour financer la radio d’État. En 1934, on recense 1 525 444 postes de radio déclarés en France. Les années 30 sont marquées par la mise au point de la modulation de fréquence par Edwin H. Armstrong, par le lancement de Radio Cité sous l’impulsion de Marcel Bleustein, par la création de Radio Andorre par Jacques Trémoulet... NAISSANCE DE PARIS INTER EN 1947 Le début de cette décennie est marqué par la Seconde Guerre mondiale et l’année 1940, par la débâcle.Alors quela bandeFM se développe aux États-Unis (40 canaux de 42 à 50 MHz) la France voit l’instauration du monopole de l’État sur la radio. Radio Monte-Carlo est lancée par une société berlinoise avec des capitaux français et italiens, le 1er juillet 1943. Le rôle de la radio sera déterminant dans la réussite du débarquement en Normandie. 1946 est probablement l’annus horribilis pour la radio française : la reconstruction d’un réseau d’émetteurs débute et demande d’importants investissements. Paris Inter (la future France Inter) est lancée en 1947. Le brevet du transistor est déposé en 1948. La même année, Pierre Crenesse retransmet en direct la victoire de MarcelCerdan depuis New York. Suite page 34. Par Brulhatour Dès 1918, la radio suscite déjà l’engouement et la curiosité.
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  • 34. #9 • COLLECTOR 34 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE FLASHBACK SUR LA RADIO FRANÇAISE (SUITE) 42% DES FRANÇAIS ÉCOUTENT RADIO LUXEMBOURG En 1951, c’est au tour de Sud Radio d’entamer sonaventurealorsquelespremièresémissions en modulation de fréquence ont lieu à partir de 1953. Deux ans plus tard, on écoute les premières émissions d’Europe n° 1 en grandes ondes depuis un émetteur situé à Sarrebruck, en Allemagne. La célèbre émission Salut les copains accompagne la génération Yéyé, dès 1959. En 1962, 42% des Français écoutent Radio Luxembourg, 34% Europe n°1 et 24% Paris Inter. La création de l’ORTF (Office de Radio-Télévision Française) intervient en 1964. L’émission Pop Club de José Artur est lancée sur France Inter, le 4 octobre 1965. Radio Luxembourg devient RTL (1966), Menie Grégoire arrive sur RTL (1967) et France Inter devient la station la plus écoutée de France. Europe n° 1 et RTL sont au cœur des barricades en mai 68. La première radio libre naît en 1969 en OM : Radio Campus àVilleneuve-d’Asq. LE 9 NOVEMBRE 1981 : UNE DATE HISTORIQUE France Inter Paris (FIP) voit le jour en 1971. Le 8 mai 1972, Max Meynier lance sur RTL la célèbre émission Les Routiers sont sympas. L’ORTF éclate en sept sociétés distinctes (INA, TDF, SFP, Radio France…). Le milieu des années 70 voit apparaître les premières radios libres comme Radio Verte ou encore Radio Riposte. Les radios pirates mettent à mal le monopole d’État. Tout s’accélère le 9 novembre 1981. Le marché de la radio se structure progressivement, les auditeurs de NRJ descendent dans la rue. Au 15 janvier 1985, la radio locale représente 60 000 collaborateurs et pèse 2 600 salariés. Fun Radio est lancée en 1985. Un an plus tard, le 21 mars 1986, c’est au tour de Skyrock. Europe  2 arrive à Paris en janvier 1987 et France Info lance un format singulier : la radio tout-info. Cette même année, on compte 45 radios privées à Paris et la décennie se termine avec la création du CSA et de ses 16 CTR. DU DAB AU SALON DE LA RADIO En 1990, 98% des foyers disposent d’un récepteur. On teste le DAB à Paris. Maxximum disparaît au profit de M40 qui deviendra RTL1 puis RTL2. Le 1er février 1994, la loi sur les quotas impose progressivement 40% de chansons francophones à la radio. La station Mouv est lancée le 17 juin 1997. Montmartre FM devient MFM. En 2000, c’est la fusion des 38 locales de Radio France et de Radio Bleue qui donne naissance à France Bleu. Le RADIO, qui deviendra en 2010 le Salon de la Radio, est lancé en 2003. C’est l’acronyme de “Rendez-vous Annuel des Décideurs Indépendants des Ondes”. Il s’impose comme le rendez-vous annuel incontournable de toute la famille de la radio française. Le 31 mars 2009, c’est au tour de la radio de passer au numérique grâce à un premier appel à candidatures du CSA. Moins de 10 ans après, le DAB arrive dans de nombreuses agglomérations. En 2011, on fête les 30 ans de la radio à Issy-les-Moulineaux. La dernière décennie a été marquée par une numérisation presque totale de la radio et par l’émergence de nouveaux supports comme les webradios ou les podcasts. Les professionnels sont toujours aussi enthousiastes. Chaque jour, la radio est écoutée par plus de 40 millions d’auditeurs ! • Par Brulhatour Une affiche promotionnelle de l’émission Les Routiers sont sympa en 1972. Capture d’écran du site web du RADIO 2004.
  • 35. Nous souhaitons un joyeux anniversaire à la radio ! Nous sommes à votre écoute. Isabelle Bougeois, responsable radio & podcast vous accompagne et vous propose des sélections musicales sur mesure. Tendez l’oreille. Sur notre site, vous aurez accès à un moteur de recherche performant, une fonction de recherche similaire pour trouver en un clic des titres proches de vos références musicales, des playlists radio & podcast spécifiques, un répertoire hexagonal sans équivalent, 1000 nouveaux albums par an. Nous allons bien nous entendre. Pour l’illustration musicale de vos habillages antenne, parrainages, autopromotions, productions publicitaires locales, tous nos forfaits radio sont adaptés à vos audiences. Isabelle.bougeois@umusic.com 06 74 76 60 01 Music is Universal universalproductionmusic.com
  • 37. les radios libres ont quarante ans En 1981, des auditeurs manifestent devant le Palais de l'Élysée Les auditeurs soutiennent NRJ lors d'une manifestation historique en 1984 En 1984, François Mitterand autorise la publicité sur les radios libres Le studio Fil à soi en 1984 à Alès 1987 – Apparition en France de radio thématique “tout info” © 100 ans de Radio/Joëlle Girard/DR Valérie Abécassis sur Hit FM en 1987t Le Forum international des radios locales en 1983
  • 38. Traversez les époques avec 100ansderadio.fr
  • 39. #9 • COLLECTOR 39 100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE L’HISTOIRE DES RADIOS LIBRES EN 40 DATES Par Olivier Oddou Incontestablement, la FM renvoie aux années 80. Les créations, les acquisitions, les décisions (même les manifestations) y ont été nombreuses, signes d’une belle vitalité. Cette décennie marque l’histoire de la radio dans son ensemble. Le marché se structure. La liberté est l’essence de chaque projet porté par des défricheurs engagés et des visionnaires passionnés. ANNÉES 60 Mars 1964 - Radio Caroline commence à émettre depuis un bateau au large des côtes britanniques 1969 - RadioCampus Lille, l’une des premières FM pirates en France, commence ses émissions ANNÉES 70 20 mars 1977 - Radio Verte s’invite sur un plateau de TF1, elle n’émettra réellement que 2 mois plus tard à Paris avant d’être aussitôt brouillée parTDF 4 juin 1977 - Première émission de Radio Verte Fessenheim contre le nucléaire, elle sera suivie par Radio Libre 44 pour la même cause à Nantes 12 juillet 1977 - Création de Radio Fil Bleu à Montpellier, première radio libre “de droite” 17 mars 1979 - Première émission de Radio Lorraine Cœur d’Acier, émanation de la CGT 28 juin 1979 - Radio Riposte émet depuis le siège du PS parisien et est aussitôt saisie ANNÉES 80 Mai-Juin 1980 - Création par Radio France de Radio 7 et Fréquence Nord en riposte aux radios libres, l’une destinée aux jeunes, l’autre comme première locale Radio France en région Mai 1981 - Élection de François Mitterrand, qui a promis de légaliser les radios libres durant sa campagne 19août1981-70radioslocalesquiontaccepté les critères provisoires du gouvernement cessent d’être brouillées 9 novembre 1981 - La loi autorisant les radios FM est publiée. La publicité reste interdite, seules les radios associatives sont autorisées 5 décembre 1981 - Création de Radio Service Tour Eiffel au service de la municipalité parisienne de Jacques Chirac 29 juillet 1982 - Création de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle, qui sera en charge d’autoriser et de réguler les nouvelles radios 29 décembre 1982 - RFM cesse d’être brouillée après plus d’un an de conflit avec les autorités pour puissance excessive et diffusion de publicité 29 mai 1983 - Parution au JO des radios parisiennes autorisées, nombreuses d’entre elles doivent partager une fréquence faute de place, les radios recalées manifestent 17 août 1983 - Saisie de Carbone 14, radio parisienne non autorisée Janvier 1984 - 620 radios autorisées partout en France 30 juin 1984 - Vote de la loi autorisant la publicité, les radios pourront choisir un statut commercial si elles le souhaitent 8décembre1984-NRJappellesesanimateurs à manifester alors les autorités lui reprochent une puissance d’émission excessive. Raz-de- marée dans les rues et recul du pouvoir Juillet 1985 - Fermeture de Gilda à Paris qui n’a pas su trouver son audience et a accumulé les dettes. NRJ rachète sa dépouille pour créer Chérie FM début 1987 2 Octobre 1985 - 6 franchisés NRJ du sud de la France font sécession et créent un nouveau réseau qui deviendra grand : Fun Radio Février 1986 - 5 ans après les radios libres, les généralistes sont autorisées à émettre sur la FM 30 septembre 1986 - Loi de l’audiovisuel définissant les premiers seuils anti- concentration : toute radio couvrant plus de 30 millions de personnes ne pourra posséder de second réseau de plus de 15 millions d’auditeurs potentiels. Les grands groupes trouvent la parade en créant des “fournisseurs de programme” comme seconds réseaux (Programme Europe 2, Programme Chérie FM...) 21 mars 1986 - Création de Skyrock par Pierre Bellanger. Gros son, habillage éclectique, et animateurs à forte personnalité marquent ses premières années d’existence Novembre 1986 - Création par Europe 1 de la “fréquence magique”, le futur Europe 2 12 novembre 1986 - La CNCL remplace la Haute Autorité après le changement de majorité au Parlement 1er juin 1987 - Création de France info sur les cendresdeRadio7.RadioFranceneréinvestira sur la jeunesse qu’en 1997 avec la création du Mouv’ 17 janvier 1989 -Création duConseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) en remplacement de la CNCL 29 août 1989 - Le CSA publie son fameux Communiqué 34 qui définira de manière durable le cadre du paysage radio français, notamment les 5 catégories de radio encore en vigueur aujourd’hui ANNÉES 90 Janvier1992-FindeMaxximum,réseaudance à succès victime des seuils anticoncentration, et naissance de M40 (nos photos) 23 décembre 1993 - Vote de la loi Carignon réhaussant très fortement le seuil anti- concentration à 150 millions d’auditeurs potentiels par groupe radiophonique. S’ensuit une période de chasse aux fréquences qui durera jusqu’à la fin des années 90 Mars 1994 - Affaire Lovin’Fun : l’émission à succès de Fun Radio est menacée par le CSA qui demande de modérer son contenu. Les jeunes descendent dans la rue, la radio fait la une des JT, leCSA recule et les audiences de la radio bondissent 1995 - Fin de M40, création de RTL2 1er janvier 1996 - Début des quotas de chanson française à hauteur de 40% du temps d’antenne, marquant profondément la programmationmusicaledesradiosfrançaises encore aujourd’hui Décembre 1996 - Une dizaine de radios indépendantes rachetées en sous-main par NRJ basculent sur Rire et Chansons. Le CSA temporise avant de blanchir des centaines de fréquences chez tous les groupes de radio lors du fameux Yalta des fréquences. C’est le dernier épisode de transformation profonde du paysage radio, bien stabilisé depuis. 1998 - NRJ reprend Nostalgie, son 4e réseau national À PARTIR DE 2000... 2000 - Alain Weill démissionne de NRJ pour reprendre RMC 2008 - Europe 2 devientVirgin Radio 2014 - Lancement du DAB+ à Paris, Marseille et Nice. Après de nombreux délais suivra l’ambitieux et réussi plan des noeuds et des arcs de Nicolas Curien à partir de 2017, aboutissant au lancement de multiplex nationaux en 2021 en plus de dizaines de régions françaises 2021 - Lancement de Radioplayer France, portail unique d’écoute de la radio en France en direct et en replay, et propriété de l’industrie radio. •