Les 100 ans de la radio en France. 40 ans de radio libre. Un siècle d’aventure, 1921/2021 Numéro Collector, HF éditions et La Lettre Pro de la Radio, Brive-la-Gaillarde, 2021, https://www.fetedelaradio.com/parution-dun-collector-sur-les-100-ans-de-la-radio/
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
LE MOT DE...
JEAN-PAUL BAUDECROUX
Jean-Paul Baudecroux
Jean-Paul Baudecroux,
président-directeur général - NRJ Group.
Crédit photo : SIPA.
J’ai l’impression que c’était hier, car cette incroyable aventure, qui a été celle du Groupe NRJ dès le début,
est passée en un éclair.Chaque avancée a dû être conquise : la libéralisation des ondes, jusqu’alors réservées
au service public et aux radios périphériques historiques, et l’émergence des radios musicales, l’autorisation
de se financer par la publicité, le développement des réseaux, l’amélioration du confort d’écoute, la
digitalisation…
Cette histoire de liberté est celle qui permet
aujourd’hui à la France de disposer d’un
paysage radiophonique unique dans sa
richesse et sa diversité. Le Groupe NRJ est
ainsi très attaché à sa présence en local, qui
lui permet d’être, partout en France, au plus
près des auditeurs.À l’inverse des plateformes
de streaming qui relèvent d’une logique
d’algorithmes un peu “désincarnée”, la radio
apporte à l’auditeur une véritable présence
humaine, une proximité, une chaleur, une
humanité et un lien de confiance unique :
c’est un véritable compagnon, humain,
reconnu, crédible. Ces atouts permettent
d’en faire le média préféré des Français et de
réunir quotidiennement plus de 42 millions
d’auditeurs, audience qui affiche une stabilité
insolente depuis la première saison radio
sondée par l’étude 126 000, il y a près de 20
ans.
ACCOMPAGNER
L’AUDITEUR PARTOUT
À TOUT MOMENT
La révolution digitale, qui permet à plus de
7,8 millions de Français d’écouter la radio
chaque jour sur des supports numériques, a
rencontré l’esprit d’innovation de la radio,
et a permis à notre média de se réinventer
sans cesse, en faisant ce qu’elle sait faire le
mieux : accompagner l’auditeur partout à tout
moment avec les contenus et services qu’il
attend : radios digitales, podcasts replay ou
natifs,nouveauxmodesdediffusion,nouveaux
vecteurs d’écoute, enceintes connectées,
de nouvelles aventures passionnantes sont
engagées.
UNE HYPER
RÉGLEMENTATION
DEVENUE OBSOLÈTE
Le Groupe NRJ est pleinement engagé dans
ce mouvement : il est aujourd’hui le premier
groupe privé de radios digitales en France.
Mais notre média demeure entravé par une
hyper réglementation devenue obsolète dans
un environnement où tout a changé, et dans
lequellesplateformesdestreamingn’obéissent
à aucune contrainte. Ainsi, le système des
quotas de chansons francophones, tel qu’il
est en vigueur depuis la loi de 2016 avec
l’instauration du plafonnement des rotations
des chansons francophones et de nouveaux
talents, ne permet pas aux radios de faire
émerger comme elles le pourraient des talents
francophones, ni de suivre leur carrière dans le
temps. L’industrie musicale a renoué depuis
plusieurs années avec la croissance.
La radio de demain doit pouvoir s’inscrire
dans un cadre renouvelé, assoupli, à même
de permettre à ce média irremplaçable de
continuer son aventure en phase avec les
évolutions structurelles de son secteur. •
1984 - NRJ, the super big radio.
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
QU’A APPORTÉ LA RADIO
AUX FRANÇAIS ?
Par Sébastien Poulain
Pourconnaîtrel’apportdelaradio,unBrexitcomparatifestpeut-êtrenécessaire.C’estainsiqueMontesquieu
a rédigé L’Esprit des lois après l’étude de la démocratie anglaise. Or, la BBC est justement la radio extra-
hexagonale la plus citée comme référence. D’où l’idée d’une “BBC à la française” proposée par le Président
Emmanuel Macron. La formule “Informer, éduquer et divertir” de son fondateur –John Reith – a été souvent
reprise. Il y inversait la mission triptyque “Divertir, informer et éduquer” donnée en 1922 par David Sarnoff
à NBC qu’il présidait.
Ce réordonnancement des priorités a
associé pour longtemps la radio privée
au divertissement. BBC en était pourtant
une avant sa nationalisation grâce à la
première charte royale de 1927 où la
mission d’information était d’ailleurs
absente !
Mais sans doute faut-il se garder
de mépriser l’entertainment. Blaise
Pascal ne nous rappelle-t-il pas notre
difficulté anthropologique à “ne pas
savoir demeurer en repos dans une
chambre “? Une “Pensée” que nous
expérimentons chaque matin lors du
peak time, et particulièrement pendant
les confinements covidiques.
Par ailleurs, les radios privées ont
largement participé à l’information
et à l’éducation. La première d’entre elles –
Radiola – diffuse des programmes de recettes
culinaires, décoration d’intérieur, mode et
chiffon à partir d’octobre 1923. Mais elle
dispose aussi de son propre orchestre dirigé
par Victor Charpentier. Et son fondateur –
Émile Girardeau – est le premier à négocier le
paiement de droits d’auteur quand les artistes
débutent une fronde. Radiola invente aussi le
radioreportage en quasi-direct. Le journaliste
Edmond Dehorter – bientôt surnommé
“Parleur Inconnu” ! – est à proximité du ring
du stade Buffalo de Montrouge où Georges
Carpentier obtient à nouveau le titre de
champion de France de boxe le 6 mai 1923
face à Marcel Nilles. Il
est au téléphone avec
deux sténodactylos dans
le studio dont les écrits
sont lus par le “speaker”
Marcel Laporte.
De son côté, la radio
publique n’a pas attendu
les billettistes des
matinales pour mettre
de l’humour ou des
jeux à l’antenne. Et
les radios locales ont
accentué le mouvement
sans toutefois égaler
l’explosive Carbone 14 !
INTERACTIVITÉ DIRECTE,
RÉACTIVITÉ
INFORMATIONNELLE,
RÉSILIENCE SOCIALE
Nous idéalisons peut-être l’ex-Radio Londres
de Pierre Dac et Charles de Gaulle. Son
auditoire a, par exemple, durement critiqué
sa surmédiatisation du décès et enterrement
du prince Philip Mountbatten en avril 2021 :
109 741 plaintes. Toutefois, celles-ci
concernaient surtout BBCTV.
D’ailleurs, la radio – que Bertolt Brecht
voulait “rapprocher […] des événements
réels” dans Propositions au directeur de
la radio (1927) – bénéficie de dix points
de crédibilité de plus que la télévision
dans l’ensemble des sondages publiés
par La Croix depuis la première guerre
du Golfe. Ses atouts n’y sont pas pour
rien : puissance d’imagination, mobilité
polymorphique, interactivité directe,
réactivité informationnelle, résilience
sociale, adaptabilité technologique,
discrétion iconoclaste, liberté
d’expression, diversité programmatique,
pluralisme économique, implantation
territoriale, énergie musicale, gratuité
anonyme, accessibilité instantanée,
simplicité polyfonctionnelle…
LA
“BANDE SONORE
DE NOS VIES”
La fin du “journal « sans papier » et « sans
distance »” (Lénine, 5 février 1920) était
pourtantenvisageabledèslemilieudesannées
1930. Quand la télévision était expérimentée
dans les locaux du ministère des PTT où avait
été fondé dix ans plus tôt le troisième “studio
d’essai” : Poste de l’École supérieure des PTT.
Mais le francophile/phone Orson Welles, qui a
fait atterrir des ovnis partout en 1938, n’a-t-il
pas dit 20 ans plus tard que la télévision est une
“radio illustrée” dans le no
84 des Cahiers du cinéma.
Les postradiomorphoses
(webradios, RNT,
podcasts…) semblent
avoir des “jours heureux”
devant elles. Ni l’économie
de l’attention ni la guerre
algorithmique ne mettront
fin à l’animation de la
“bande sonore de nos vies”
dont parlait le francophile/
phone Guy Starkey,
chercheur et ex-journaliste
de BBC Radio 4. •
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
Monument emblématique du patrimoine français, la tour Eiffel est aussi
le centre névralgique de la radio à Paris. À 324 mètres de hauteur, et
à l’abri des regards des touristes, 32 programmes de radios publiques,
privées ou associatives sont diffusés sur l’ensemble de la capitale.
Si la radio a vu le jour grâce à la tour Eiffel, la
tour Eiffel est encore là grâce à la radio. Parce
que la radio et la Tour Eiffel, c’est déjà une,
très, longue histoire d’amour. C’est bien la
radio qui sauva la tour Eiffel et qui lui permit
de survivre au-delà des 20 ans de durée de vie
initialement prévue. Dès 1898, de nombreuses
expériences radiophoniques y sont menées.
Le général Ferrié, notamment, réussit à
émettre un signal radio à 400 km en 1903 puis
à 6 000 km, 5 ans plus tard. Naturellement,
la Dame de fer était devenue, grâce aux
nombreuses expérimentations scientifiques,
un laboratoire et, surtout, une… antenne
géante culminant à plus de 300 mètres. Une
altitude qui lui garantit ainsi sa pérennité et fit
de cette hauteur peu commune un réel intérêt
stratégique, notamment durant la Première
Guerre mondiale.
LA RADIOTÉLÉGRAPHIE
D’ABORD
“En 1914, lors de la bataille de la Marne, le
poste radiotélégraphique de la Tour apprend
que le général Von Marwitz, commandant
l’aile droite de l’armée allemande, éprouvait
des problèmes d’intendance et par conséquent
stoppait son avancée. Cette information
capitale permit au commandement français
d’organiser une contre-attaque victorieuse.”
C’est l’épisode des taxis de la Marne.
LA RADIODIFFUSION
ENSUITE
L’édifice fut bien sûr le siège de Radio Tour
Eiffel, dès 1921. “La première émission fut
diffusée le 24 décembre 1921 et captée par un
petit nombre d’auditeurs équipés de postes à
galène. Pendant près de 20 ans, Radio Tour
Eiffel émettait quotidiennement de courtes
émissions à titre expérimental.” Le premier
“Journal parlé” eut lieu en 1925. “Des émissions
expérimentales sont organisées et des artistes
y sont invités tels que Sacha Guitry et Yvonne
Printemps.”
UNE INSPECTION ANNUELLE
PAR TDF
Chaque année, au cœur de l’été, une vingtaine
de techniciens de TDF et d’intervenants sont
mobilisés au cours de trois nuits de travaux. Le
temps est compté pour mener les différentes
opérations de maintenance, impossibles à
réaliser de jour pour des raisons de continuité
de service et de sécurité. Les techniciens
inspectent alors les antennes TNT et FM en
montant au sommet de la Tour, à 324 mètres
d’altitude. Ils réalisent des vérifications
techniques et des inspections visuelles. Des
essais d’énergie et des vérifications de la
chaîne technique des émetteurs TNT et FM
sont également réalisés.
À 324 mètres sont nichés 48 panneaux
d’antennes qui couvrent aussi la diffusion TNT
dans un rayon de près de 80 km et 6 antennes
FM. C’est grâce à ces installations que TDF
diffuse à 12 millions de Franciliens, 45 chaînes
TNT et 32 programmes de radio. •
Par Brulhatour
La première émission au pied de la tour Eiffel.
Le général Ferrié sur la Dame de Fer en 1910.
Une publicité d’époque pour Radio Tour Eiffel.
ET LA RADIO SAUVA
LA TOUR EIFFEL
11. radiomontblanc.fr
@RadioMontBlanc
LA RADIO AU SOMMET
La radio vit depuis 100 ans, mais la radio n’a pas d’âge. Depuis
près de 40 ans, Radio Mont Blanc cultive un lien vivant avec les
auditeurs & les acteurs du territoire alpin et traverse les technologies
avec brio. Nos équipes sont fières de célébrer la Fête de la Radio et
continuent d’innover pour toujours plus de proximité avec son public.
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13. #9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
TOWERCAST : 35 ANS
DE BONS SIGNAUX
Par Olivier Malcurat
Créé en 1986 par des passionnés de radio et de technologies, le pôle diffusion de NRJ n’a cessé de se
développer, gagnant des parts de marché et des sites de diffusion, jusqu’à devenir l’un des deux acteurs
majeurs de la filière en France métropolitaine.
À l’origine et dans les années qui ont suivi,
le développement de towerCast va de pair
avec celui de sa maison mère, NRJ. La radio
se développe en région, dans des zones où
l’opérateur historique de diffusion n’est pas ou
peu implanté. “TDF avait déjà un patrimoine de
sites qui diffusait Radio France, mais n’était pas
présent dans le périurbain”, souligne Raphaël
Eyraud, président de towerCast en charge de
l’activité radio. La filiale répond aux besoins
du groupe NRJ, soucieux de préserver son
indépendance tout en acquérant la maîtrise
de sa diffusion. Par la suite, elle propose ses
solutions aux radios privées. Son premier
client en région, en 1991, sera Skyrock, à
Marseille, séduit tant par la solution technique
que par la réactivité du diffuseur ou par les
tarifs qu’il pratique. Dans la foulée, M40,
RFM ou Europe 2 lui emboîtent le pas. “Nous
sommes à la fois des passionnés de technologie
et des passionnés de radio. towerCast est
reconnue pour ses compétences en termes de
diffusion, mais aussi pour sa proximité grâce à
nos équipes implantées en région.”Aujourd’hui,
l’entreprise emploie 170 personnes, réparties
sur l’ensemble du territoire, au plus près des
radios et de leurs auditeurs. Elle dispose aussi
d’un centre de maintenance et de logistique
basé à Nazelles-Négron.
UN DÉVELOPPEMENT
CONSTANT
1994. La société de diffusion de NRJ part
conquérir la Bretagne en rachetant Sogetec,
les quelques sites qu’elle possède et son
portefeuille clients. “Nous continuons de nous
développer sous le nom de Sogetec jusqu’au
début des années 2000, puis l’entreprise
change de nom pour devenir towerCast. Nous
développons nos équipes de techniciens dans
toute la France et gagnons de nouveaux clients.
towerCast a grandi avec le développement des
radios privées, que nous avons accompagné.”
En acquérant de nouveaux sites, towerCast
s’ouvre alors à la téléphonie, proposant son
patrimoine étendu aux acteurs des télécoms.
Suivra, à partir de 2002, le développement
de l’activité à l’international et notamment
en Finlande et en Belgique francophone, et
dès 2003, en France, les préparatifs liés à la
transition numérique de la diffusion de la
télévision, car towerCast entend bien être
au rendez-vous de la TNT. Parallèlement, le
diffuseurmènedesactionsdevantl’autoritéde
la concurrence dans le but de mettre un terme
au monopole qui lie historiquement Radio
France à TDF. Les démarches aboutissent
en 2005 au premier appel d’offres lancé par
Radio France en vue de confier sa diffusion à
un autre opérateur.Ainsi, en 15 ans, towerCast
a conquis 30% de la diffusion de Radio France.
Autre fait d’armes, en 2014 : towerCast
acquiert l’activité de diffusion de Lagardère, se
voyant confier la totalité des sites de diffusion
et 300 fréquences du Groupe, soit 50% de part
de marché des fréquences FM d’Europe 1,
RFM etVirgin Radio.
Aujourd’hui, towerCast couvre plus de 85% de
la population française en FM et près de 70%
des Français reçoivent au moins une diffusion
TNT opérée par towerCast.
ACTEUR
INCONTOURNABLE
DU DAB +
EN FRANCE
Dès 1996, towerCast mène différentes
expérimentations dans le cadre de la diffusion
numériquedelaradio.“Nousavonstestétoutes
les technologies qui se présentaient. Ainsi, en
2018, nous avons pu commencer à prendre
des parts de marché sur le nouveau mode
de diffusion, jusqu’à devenir l’un des acteurs
majeurs du DAB +. Sur l’appel métropolitain,
nous avons obtenu 100% des têtes de réseau et
100% du transport satellite. Nous avons aussi
gagné 65% des sites de diffusion de la première
phase de déploiement.” Avec un patrimoine
de plus de 550 sites de diffusion urbains,
périurbains et ruraux, towerCast est présent
sur l’ensemble de la chaîne de valeurs, de la
source de production au récepteur télé ou
radio des Français. •
CONTACT
towerCast
46/50 avenueThéophile Gautier
75016 Paris
Tél. : 01-40-71-40-71
Web : towercast.fr
Publirédactionnel
14. #9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
LES BONNES ONDES :
PO, GO, FM, OC ET DAB+
En noir, la partie signal peut par exemple être
le son la qu’on voudrait transmettre, en rouge
ce que ça donnerait avec un module AM et en
bleu ce que ça donne en module FM.
Par le passé, l’acheminement des ondes a fait l’objet de recherches. Et, comme par enchantement, la radio
est arrivée, simplement mais efficacement, dans les foyers en utilisant des gammes d’ondes différentes.
Dans un futur, pas forcément lointain, d’autres formes d’ondes transporteront le signal, beaucoup plus
puissamment que le numérique d’aujourd’hui…
De manière générale, que ce soit pour de la
radio, de la télévision ou tout autre système
de communication, que ce soit analogique
ou numérique employant des ondes
électromagnétiques, pour transmettre de
l’information sur une onde électromagnétique
qu’on appelle dans ce cas une porteuse, il faut
moduler les propriétés de celle-ci. C’est-à-
dire qu’on joue sur l’état de l’onde. En effet,
une onde peut comporter différents états
comme une forte amplitude suivie d’une
petite amplitude ainsi que des vagues très
rapprochées ou très éloignées. Pour une onde
électromagnétique, il y a deux paramètres
sur lesquels on peut jouer. En premier, son
amplitude qu’on peut se représenter comme
la hauteur d’une vague sur la mer. Le second
paramètre est sa phase ou sa fréquence,
qu’on peut représenter comme l’écart entre
les vagues. La phase étant, en quelque sorte,
la position de la vague par rapport au temps.
Toutes les technologies utilisant des ondes
radio font appel forcément à l’un ou l’autre des
deux paramètres ou même… les deux à la fois.
EN ANALOGIQUE…
EnAM, pour amplitude modulation, la hauteur
de la vague est modulée proportionnellement
au signal audio à transmettre s’il s’agit d’une
diffusion analogique. Le signal audio est
restitué en comparant la variation d’amplitude
de l’onde.
En FM, pour modulation de fréquence, on
joue sur l’écart entre les fronts d’ondes.
Plus exactement, la fréquence varie d’un
delta positif et négatif autour de ce qu’on
appelle la fréquence centrale, fréquence
de référence. S’il s’agit d’une transmission
analogique comme en radiodiffusion FM,
alors la fréquence de l’onde oscille autour
de la fréquence de référence (par exemple
105.5 MHz) et le signal audio est restitué en
comparant l’écart entre la fréquence modulée
et la fréquence de référence.
… OU EN NUMÉRIQUE
En radio numérique (DAB, TDMB), on utilise
deux types de modulation à la fois, une
composante en amplitude et une composante
Par Floris Roosen
en phase. Ceci en vue de pouvoir transmettre
un nombre d’informations plus important
à la fois, en gros un débit binaire plus élevé
que si l’on n’employait qu’un seul type de
modulation. À cela s’ajoute un petit détail et
pas des moindres : au lieu d’avoir une seule
onde qu’on module, on en module plusieurs
à la fois. Chacune de ces ondes modulées à
la fois en phase et amplitude transporte une
information binaire. En DAB, on utilise 1 536
porteuses mises côte à côte fréquemment
afin de constituer un bloc porteur. Un
récepteur DAB a pour mission de démoduler
simultanément ces 1 536 porteuses afin de
reconstituer le paquet de données. •
Par Floris Roosen
Le signal OFMD du DAB, DAB+, TDMB.
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
LE TRANSISTOR,
PIONNIER DE L’ÉCOUTE
EN SOLO
Par Olivier Dubrana
Descendant de la radio à lampes
mais ancêtre du baladeur et
du smartphone, le transistor
fut pleinement adopté par les
foyers français dans les années
60. Aujourd’hui vintage, il était
plébiscité par une jeunesse
éprise de liberté et développa
une nouvelle forme d’écoute :
individuelle et nomade.
Dans l’histoire de la radio et particulièrement
en France, il y eut un avant et un après
“transistor”, ce récepteur qui a fini par prendre
le nom du composant situé dans son circuit
électrique. Les foyers français passèrent grâce
à lui d’une écoute collective à une écoute
individuelle de la radio, mais aussi portative,
sans passer par le balbutiant autoradio. Si le
premier poste à transistors avait été construit
aux États-Unis en 1954, ce n’est que deux ans
plus tard qu’un modèle de fabrication 100%
française fut lancé sur le marché hexagonal.
LE “SOLISTOR”
A ESSUYÉ LES PLÂTRES
En 1956, en effet, la Compagnie générale de
télégraphie sans fil (CSF) a conçu un récepteur
nommé “Solistor”, entièrement fabriqué
avec des composants français, mais qui
n’eut étonnamment pas le succès escompté.
“La CSF était spécialisée dans la production
d’articles en petite série. Mais cette fois, ses
ingénieurs devaient les construire en masse, ce
qui était risqué dans un marché qui n’était pas
mature. Il ne suffit donc pas d’être précurseur
pour réussir”, analyse Elvina Fesneau, auteure
de l’ouvrage Le poste à transistors à la conquête
de la France : la radio nomade (1954-1970).
La compagnie se fit damer le pion en 1958
par Thomson, qui introduit des composants
étrangers dans ses transistors et finit par
conquérir le marché.
En dix années, l’engouement ne se démentit
pas : le nombre de modèles vendus passa de
250 000 en 1958 à plus de 2 millions en 1968,
couvrant alors 70% des foyers français. Le
taux d’équipement supplantait ainsi celui de
ses voisins européens, avec souvent plusieurs
récepteurs par famille. Les ingénieurs qui
doutaient pourtant, au départ, de l’intérêt que
l’on pouvait trouver à se déplacer en écoutant
un poste de radio, en baissèrent rapidement
le prix. S’il coûtait au départ l’équivalent d’un
mois de salaire, il devint ainsi plus accessible
à une nouvelle catégorie de consommateurs,
qui ne touchaient alors que de l’argent de
poche.
LES JEUNES
BABY-BOOMERS :
CIBLES MARKETING
ET AMBASSADEURS
À l’écoute de leurs artistes préférés dans les
nouvelles émissions qui leur étaient dédiées
(Salut les copains sur Europe 1, puis Minimax
sur RTL), les adolescents de 13 à 21 ans,
que l’on nommait à l’époque “les jeunes”,
s’approprièrent le transistor. “Les jeunes
forment pour la première fois une catégorie à
part et deviennent alors une cible marketing
privilégiée. Le succès de cet objet en France
est donc la conjonction de plusieurs facteurs
différents : économiques, sociologiques,
politiques mais aussi sociétaux”, estime Elvina
Fresneau.
Cette tranche d’âge issue du baby-boom
devint ainsi une véritable ambassadrice
du transistor, notamment sur les affiches
publicitaires. Elle n’écoutait pas seulement son
transistor de façon intime dans sa chambre,
mais l’emmenait aussi hors les murs lors de
sorties entre copains : dans les rues, à la plage
et même dans les transports, avec à la clé de
premières lois contre les nuisances sonores,
bien avant le téléphone mobile…
Au cœur
de l’Histoire
des années 60
Si quelques foyers avaient entendu grâce
à leur radio à lampes l’appel du général de
Gaulle sur la BBC le 18 juin 1940, ce furent
“500 000 gaillards munis de transistors”, selon
les propres termes du chef d’État, qui reçurent
5 sur 5 son message une vingtaine d’années
plus tard. Prononcé afin d’enrayer la tentative
de putsch des généraux en Algérie, le discours
du Président remobilisa par les ondes le 23
avril 1961 le contingent de combattants, tous
munis d’un récepteur, qui se trouvait sur place.
L’outil se retourna toutefois contre lui en mai
1968 : afin de coordonner leur progression, les
différents manifestants, Daniel Cohn-Bendit
en tête, évoluaient l’oreille collée à leur poste,
à l’écoute des évènements relatés par les
radios périphériques. •
À LIRE
Elvina Fesneau, Le Poste à
transistors à la conquête de
la France : la radio nomade
(1954-1970), Paris, INA
Éditions, 2011. •
19. #9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
et de repérer les moments emblématiques, mais
nous disposons d’alternatives et notamment
la forme d’onde que savent interpréter les
documentalistes spécialisés en son. Autre
illustration des nouvelles technologies qui
commencent à se développer en matière
de son : INA speech segmenter, un outil
d’intelligence artificielle développé par l’INA,
capable d’identifier automatiquement les
moments où l’on entend de la musique ou des
personnes qui parlent, des voix de femmes ou
des voix d’hommes. Cela permet d’avoir un
premier regard analytique sur les sons.”
CONSERVER LA MÉMOIRE
DE L’AUDIOVISUEL
FRANÇAIS
Au-delà de l’accès au passé, l’INA est
responsable de la pérennité de ces archives.
En ce sens, il doit à la fois conserver des
supports physiques originaux qualitatifs,
mais aussi numériser ces supports et en
assurer la conservation numérique, a fortiori
lorsqu’il s’agit de supports nativement
numériques. “Pour assurer cette pérennité du
support numérique, nous disposons de robots
d’archivage et menons une politique de veille
sur les formats, de manière à toujours avoir
à disposition des masters exploitables, que
l’on pourra décliner en différentes qualités en
fonction des besoins de l’utilisateur.”
Danssescollectesdedocuments,l’INAvaaussi
hériter de supports légués ou remis par des
structures détentrices de fonds audiovisuels,
par exemple à l’occasion de la fermeture d’un
studio de production. Il va donc falloir gérer ce
fonds, éventuellement le numériser, afin qu’il
puisse être exploité. “Nous collectons la radio
en numérique, mais il nous est arrivé, jusqu’à il y
L’archive
radiophonique
la plus…
- Ancienne : il s’agit d’un reportage réalisé
le 30 avril 1933, consacré aux caves de la
ville de Roquefort. Les thèmes évoqués y
sont l’histoire de la ville, les bergers locaux
(qui s’expriment en occitan), les caves… le
tout accompagné de chansons locales, et de
quelques publicités.
- Solennelle : l’appel du général de Gaulle “du
18 juin 1940”… ou plutôt du 22 juin, car celui du
18, s’il a été enregistré, n’a pas été conservé.
L’enregistrement du 22 juin, très similaire à
celui du 18, est une illustration emblématique
de la “guerre des ondes” qui se tient durant la
Seconde Guerre mondiale.
- Animée : un reportage du 6 mai 1968 dans
lequel le journaliste Jean-Claude Bourret
prend l’antenne en direct des manifestations
d’étudiants, dans le Quartier latin, à Paris : on
“assiste” en direct à la charge des CRS et à la
dispersion des manifestants à coups de gaz
asphyxiants.
- Sportive : les dernières minutes de la Coupe
du monde de football du 12 juillet 1998,
commentées par JacquesVendroux sur France
Inter. •
a trois ans, dans des locales de France Bleu, de
collecter des fonds anciens, qui étaient encore
à l’état de bandes 6,25 mm. La mémoire radio
et télé est encore présente un peu partout en
France, y compris chez des acteurs qui ne sont
pas des chaînes ni de radio ni de télévision, mais
qui ont fabriqué de l’audiovisuel pour une raison
ou pour une autre. Nous participons aussi à
cette sauvegarde-là, en traitant et en mettant à
disposition des supports analogiques anciens.”
Enfin, les détenteurs de droits sont aussi
des contacts privilégiés de l’INA, comme
les fédérations sportives qui détiennent
souvent les droits sur les images diffusées
à la télévision, ou des entités qui ont généré
des supports ou des contenus audiovisuels,
même s’ils n’ont jamais été diffusés, comme
les fonds de l’Opéra de Paris, accessibles dans
les salles de lecture de l’INA, à des fins de
recherche. Forts de cette maîtrise des archives
de l’audiovisuel français, l’INA s’adresse à tous
types de clients : médias, chercheurs, mais
aussi grand public. Pour faciliter cet accès,
l’INA dispose depuis le premier confinement
(mars 2020) d’une plateforme SVOD baptisée
Madelen, qui valorise une sélection de
contenus parmi les plus emblématiques,
“sur lesquels l’INA apporte un soin éditorial
particulier, pour partager cette mémoire des
archives audiovisuelles”. •
L’INA a une permanence de documentalistes
à Radio France, dans le but d’accompagner les
responsables d’émissions dans la préparation
d’émissions à venir. Et en particulier les
émissions très consommatrices d’archives,
comme Affaires sensibles, sur France Inter. Les
journaux parlés et les magazines d’histoire sont
aussi très consommateurs d’archives.”
Pour explorer les archives sonores
efficacement, l’INA s’est dotée de différents
outils. “A priori, les archives sonores sont plus
difficiles à appréhender, car il n’y a pas de report
visuel qui permette de faire une lecture accélérée
Cartographie des fonds.
21. #9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
continuer les combats, convaincu de la victoire
finale de la France. On ne sait pas si cet appel
a été entendu, tandis que celui lancé depuis
Londres le sera, en partie. Il aurait même été
enregistré sur un disque et rediffusé à plusieurs
reprises jusqu’au lendemain.”
Le 25 juin 1940, la radiodiffusion nationale
s’arrête. Les Allemands sont à Paris et
prennent le contrôle des émetteurs et
stoppent toute diffusion jusqu’au 5 juillet,
où Radio Paris redémarre pour diffuser des
émissions anti-Alliés ou antisémites et des
discours prônant le national-socialisme et la
collaboration. “Les Allemands sont malins !
concède Aurélie Luneau. Pour faire en sorte
d’être écoutés par un public large, qui ne se
doute pas forcément de la propagande établie,
ils diffusent aussi énormément d’émissions
culturelles, comme des retransmissions de
pièces de théâtre ou de concerts.” En zone libre
se met en place Radio Vichy. “Une radio à la
gloire du maréchal Pétain, qui défend l’ordre,
la morale, la famille et le travail. Elle a un ton
plutôt modéré jusqu’en 1942, puis devient plus
hostile aux Alliés et prône la collaboration avec
les Allemands. Comme les Allemands qui ont
fait interdire l’écoute de radios ennemies, Vichy
interdit l’écoute des émissions de la BBC. Au
mieux, celui qui était pris par la police française
devait s’acquitter d’une amende et voyait son
poste confisqué. Au pire, avec les Allemands,
c’était l’enfermement, l’emprisonnement, les
travaux forcés et même la déportation.”
LA RADIO
COMME
ARME DE GUERRE
Chacun l’a utilisée pour diffuser sa ligne de
propagande. Mais cette guerre des mots
se transforme aussi très vite en guerre de
techniciens. Les Britanniques passaient leur
temps à chercher de nouvelles longueurs
“Radio Londres est entrée dans l’Histoire
de la radio en France comme une grande dame.”
d’ondes pour contourner le brouillage
allemand. Les Allemands, bien que pas
spécialement doués pour le brouillage,
cherchaient à neutraliser la diffusion
britannique. “Radio Londres est entrée dans
l’Histoire de la radio en France comme une
grande dame, parce qu’elle a été aux côtés des
Français. À partir du 28 juin 1940, les évadés
qui rejoignent l’Angleterre viennent parler à la
radio pour informer leurs familles qu’ils sont
bien arrivés. Cette pratique va donner l’idée aux
services secrets de lancer les fameux messages
codés ; le premier fut émis le 3 septembre 1941 :
“Lisette va bien” (annonçant une opération
aérienne, NDLR). En cinq années de guerre,
le général de Gaulle s’est exprimé 67 fois à
la BBC. Le reste du temps, c’était Maurice
Schumann, son porte-parole, qui intervenait.”
Et puis Radio Londres, c’est aussi cette
émission emblématique, Les Français parlent
aux Français. Un rendez-vous qui devient vite
incontournable. Il fait du bien, informe et
donne à comprendre ce qui se passe, alors que
le monde est en plein chaos. •
1944 - Radio Cherbourg.
22. #9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
LE MOT DE...
FRANK LANOUX
Frank Lanoux
Frank Lanoux (à droite) a activement participé à la deuxième vie de RMC.
Il y a eu les années TSF, les années transistor, les années FM, et nous avons déjà bien entamé les années
digitales. La radio traverse les époques et passe allégrement d’un meuble pour soirées familiales à une
fonction induite dans une multitude d’objets du quotidien.
J’ai eu la chance d’être nourri par Europe 1,
élevé par les musicales et à la manœuvre pour
transformer une généraliste. Ces expériences,
je les ai développées sur une locale, sur des
réseaux, à Paris, en région et à l’étranger. J’ai
euaussilachancedepasserd’uneexpérienceà
une autre en laissant toujours plus d’auditeurs
que j’en avais trouvé en arrivant. La dernière
expérience est intéressante, car l’on peut
considérer que nous avons lancé la dernière
radio nationale. Il ne s’agissait pas d’un
reformatage, mais bel et bien de la création
d’un nouveau format. C’est aussi intéressant,
car je ne connais pas un autre média qui après
unpasséglorieux,puisunedescenteauxenfers
a su s’écrire une deuxième vie. Ce fut aussi le
début de la construction d’un groupe qui vit
naître une chaîne d’information devenue la
première du pays en quelques mois.
J’ai déjà raconté cette histoire*, mais il
convient aujourd’hui d’en retenir de nouveaux
enseignements.
1 - La radio est une école exceptionnelle.
Les ponts se sont multipliés avec la télé et
les meilleurs viennent de la radio ; inutile
d’en publier l’annuaire, ça crève l’écran.
Mais la radio n’est pas le son de la télé. La
concentration et l’énergie que demande la
production du spectacle sans images sont
telles qu’en produisant les deux en même
temps, il y a le risque de mal livrer chacun.
2 - La radio est la meilleure des compagnies
parce que vous l’écoutez seul. Vous la
choisissez, vous montez ou baissez le son,
vous l’éteignez au besoin. Bref, elle vous
ressemble en même temps qu’elle vous
perturbe, elle vous parle au même titre qu’un
ami. Aujourd’hui, la vie déstructurée la rend
encore plus nécessaire, car elle vous rythme
du tempo qui est le vôtre.
3 - La radio a toutes les qualités du digital
depuis près de 70 ans. Dématérialisée, mobile
et gratuite, elle offre toujours aujourd’hui
la dextérité du monde moderne alliée à la
dimension humaine. Aujourd’hui, les équipes
radio sont aux avant-postes tant la vitesse, la
proximité, l’intime et l’accompagnement sont
des valeurs partagées.
4 - À l’évidence, l’agitation digitale et
l’explosion de l’offre médiatique doivent
nous conduire à mieux répondre encore à la
confiance qu’ont les Français dans le média.
Pour l’information, il y a donc urgence à
la séparer nettement du commentaire. La
confusion prête le flanc aux effets de manche
et embarque le média dans le flux insipide
d’une information non qualifiée.
5 - Le monde complexe nous oblige
à trouver les équipes qui répondent à
toutes les dimensions. Aujourd’hui, il faut
savoir éditorialiser, produire, promouvoir,
digitaliser, gérer, vendre… en même temps.
Le chef d’orchestre n’a pas de parti pris et doit
défendre un 360 fait d’équilibre, d’audace et
d’énergie. Je le sais, ce n’est pas donné à tous
les métiers du secteur.
6 - L’obsession de la concurrence est une
dérive… La radio est le média de l’intime et
travailler la relation avec ses auditeurs est bien
plus utile que d’observer les confrères pour
les copier. On ne conduit pas une Formule 1
avec un rétroviseur. Une fois trouvée sa voie,
il vaut mieux creuser son sillon et flatter sa
communauté, pour gagner en différence et
triompher par soi-même.
7 - Le doute est plus fort que la certitude. J’ai
l’impression d’en lister ici une belle collection,
mais une question reste meilleure conseillère
que la réponse toute faite. À se reposer les
questions, on trouve de nouvelles réponses et
c’est peut-être le plus important quand l’enjeu
est l’innovation et la créativité. On doit faire
différent par principe, voire le contraire pour
réussir.
8 - La radio, c’est tous les jours pareil et tous
les jours différent. Comment expliquer mieux
que ce “en même temps” est la clé du média ?
Déjà, parce qu’il sait le faire et cet art n’est pas
donné à tout le monde. On est pareil, car on
fixe des rendez-vous et on est différent pour
mieux étonner. Finalement, la radio est une
définition de l’amour et l’amour, c’est pour
toujours.
9 - La radio est une chance, car c’est le
produit qui parle ! Investir le produit est
bien plus productif que de se perdre en
communication, éléments de langage ou
gonflette promotionnelle. On a bien relancé
RMC sans changer le nom et sans campagne
d’image. C’est le produit qui parle. Ça va
jusqu’à préférer la pub qu’on vend à celle qu’on
pourrait acheter !
J’ai une certitude : toutes les bougies que nous
soufflons aujourd’hui continueront à mettre le
feu. •
* La deuxième vie de RMC, Éditions du Rocher.
23. #9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
LA NAISSANCE DES STATIONS
PÉRIPHÉRIQUES
Par Denis Maréchal
L’expression “radios périphériques” recouvre
un phénomène bien spécifique. Il s’agissait de
dénommer ainsi des postes émetteurs implantés
de l’autre côté des frontières de la France.
Au Luxembourg depuis 1933, en Andorre
entre 1939 et 1981, dans la principauté de
Monaco depuis 1943 et en Sarre depuis 1955.
Dans l’entre-deux-guerres, le statut des
postes radiophoniques était régi par le double
secteur : stations privées et stations publiques
se disputaient l’audience, tandis qu’une
station de droit luxembourgeois mais de
capitaux français diffusait ses programmes sur
les trois quarts du territoire. En Andorre, une
station également constituée par des capitaux
français émettait sur le Sud-Ouest.
Au lendemain de la SecondeGuerre mondiale,
le régime de la radiodiffusion relevait
désormais exclusivement du monopole
de service public. Seulement trois stations
devaient subsister : Radio Luxembourg, Radio
Andorre et Radio Monte-Carlo justement
parce qu’elles émettaient depuis un territoire
étranger à la périphérie de la France.
L’expression de “radios périphériques” était
née.
C’est dans cette brèche que s’engouffrèrent les
initiateurs de la station Europe n°
1 enSarre dix
ans plus tard.
Du point de vue de la matière diffusée, ces
quatre stations eurent pour point commun
de recourir massivement à la publicité
pour se développer, ce qui les distinguait
immanquablement des stations de la Radio
Diffusion Française (RDF) puis à partir de 1964
des stations de l’ORTF où la publicité sur les
ondes était prohibée. Les stations privées
développèrent leurs programmes de manière
originale au point, dans les années cinquante
et soixante, de s’imposer par d’éclatants
succès d’audience. Leur influence respective,
Radio Luxembourg demeura majoritaire dans
les classes populaires et Europe n°
1 conquit
le public des cadres, tandis que Radio Monte-
Carlo et Radio Andorre au sein de leur espace
régional propre séduisaient les auditeurs.
À partir de 1964, il revint à une nouvelle
station publique, France Inter, de tenter de
conquérir les auditeurs partis à l’écoute des
stations périphériques. Ces stations privées
se démarquaient dès l’origine de l’offre du
monopole de deux manières : la première
concernait les programmes et la seconde par
le traitement de l’information.
ALPHA ET OMÉGA
DES PROGRAMMES :
L’AUDIENCE !
Et, pour drainer le plus grand nombre
d’auditeurs, il fallait les captiver par des
émissions de distraction. Jeux et feuilletons
sur Radio Luxembourg, musique “jeune”
pour Europe no
1. Ajoutons à cela de grandes
opérations d’entraide comme l’appel de
l’abbé Pierre en 1954 à Radio Luxembourg
ou encore Vous êtes formidables sur Europe
no
1. Ainsi, les principaux ingrédients pour
faire monter l’audience se trouvaient
réunis, loin des émissions pédagogiques et
littéraires de la Radiodiffusion française. Sur
le terrain de l’information, là où les stations
de l’ORTF étaient inévitablement taxées de
leur propension à jouer les faire-valoir de
l’action gouvernementale, les stations privées
s’employèrent à traiter l’information de façon
dite “objective”. La référence au pouvoir y était
sinon absente, beaucoup moins marquée.
À la fin de l’année 1962, 42% des Français
écoutaient Radio Luxembourg, 34% Europe
no
1 et seulement 24% pour France Inter.
On l’aura compris, bien au-delà de leur statut
et du positionnement de leur émetteur, c’est
bel et bien sur le terrain des contenus et de
son succès qu’il convient de définir finalement
ce que recouvrait l’expression “radios
périphériques”. •
Denis Maréchal
Docteur en histoire
RTL, histoire d’une radio populaire,
Nouveau Monde éditions, 2010.
France Inter, une histoire de pouvoirs,
Ina éditions, 2020.
Nous sommes en 1953. Radio Monte-Carlo se
dote de véhicules à ses couleurs.
Le célèbre Appel de l’abbé Pierre sur Radio
Luxembourg durant l’hiver 1954.
24. #9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
QUAND LA RADIO
RENCONTRE LA PUBLICITÉ
Par Jean-Jacques Cheval
Professeur des Universités en poste à l’Université Bordeaux Montaigne
Fondateur du Groupe de Recherches et d’Études sur la Radio (GRER)
La question publicitaire n’a cessé de contribuer à la structuration du paysage radiophonique français,
l’invention de la radio s’est accompagnée de l’invention de la publicité radiophonique. Dès novembre 1922, le
lancementdeRadiolacorrespondaitausoucidedévelopperlemarchédespostesrécepteurs.Sesprogrammes,
animés par Radiolo, devaient par eux-mêmes susciter l’appétit des consommateurs pour une nouvelle forme
de distraction et d’information et entraîner par là les ventes des récepteurs Radiola précisément.
Les stations privées créées à sa suite imitent
ce modèle inspiré des États-Unis. En 1930,
selon Christian Brochand, “la publicité
sévit sans mesure. Il arrive à Radio Toulouse
d’accompagner chacun de ses disques de deux
ou trois annonces publicitaires. Radio Paris
suit de près 1
”. Mais pour les radios privées, la
dépendance envers la publicité n’en est pas
une, elles revendiquent au contraire fièrement
ce mode de financement. Radio Luxembourg,
dès ses débuts, proclame qu’elle est “un
poste privé n’attendant des ressources que de
ses recettes publicitaires, à l’exclusion de tout
prélèvement sur ses auditeurs 2
”.
Quant aux radios publiques, la publicité n’y
fut jamais formellement autorisée. Mais les
difficiles conditions d’existence des premières
stations publiques, le faible investissement de
l’État dans la radio naissante entraînent des
tolérances et jusqu’au milieu des années 30,
elle y est aussi présente pourtant, à Paris,
comme en province. En 1926, avant d’être
écarté, Maurice Privat avait confié l’affermage
de la publicité de la première radio publique
française, le Poste de la Tour Eiffel, à un
personnage encore inconnu, mais appelé à
devenir célèbre : Alexandre Stavisky. En 1933,
l’instauration de la taxe sur les récepteurs,
première forme de redevance, n’est pas pour
autant suivie d’une disparition immédiate
de la publicité. C’est en 1935 que le ministre
Georges Mandel veut la faire disparaître sur
les stations parisiennes, puis sur celles de
province, mais non sans encore des exceptions
jusqu’en 1939.
DÉJÀ, LA PUBLICITÉ AGACE
La publicité radiophonique provoque des
agacements pour ses antiennes lancinantes
ou bien des réflexions moralisantes sur son
incompatibilité avec les hautes missions
culturelles assignées à la radiophonie. Jean-
Jacques Ledos rappelait qu’en 1934, “Georges
Duhamel dénonçait encore, dans Scènes de la
vie future, la publicité qui « donne de l’homme
une idée trop grossière, par trop méprisable
aussi […] Honnis soient ces mercantis qui
pensent nous amadouer et nous obtenir en nous
considérant comme des imbéciles 3
»”.
Une forme de publicité particulièrement
attire les foudres et les critiques de toute
part, c’est la publicité en langue étrangère,
en l’occurrence en anglais, que l’on retrouve
abondamment sur plusieurs radios privées.
Les ressources publicitaires britanniques
fournissent rapidement les neuf dixièmes des
recettes de Radio Luxembourg 4
. En 1936,
une loi instaure des taxes sur la publicité à la
radio (13% des recettes, et jusqu’à 48% pour
la publicité en langue étrangère, puis 20% et
65% en 1937 5
).
ENTRE ÉMISSIONS
“PATRONNÉES”
ET “COMMUNIQUÉS”
Durant l’entre-deux-guerres, la publicité
radiophonique se présente sous deux formes
principales : les émissions “patronnées” et les
“communiqués”. L’émission “patronnée”, c’est
“un programme fait sur mesure dont l’idée
générale contient déjà la publicité du donateur”
afin de saisir l’auditeur et le conduire “bien
disposé et bien attentif jusqu’à l’endroit où la
publicité l’attend 6
”. Ces programmes prennent
la forme de concerts patronnés, de jeux et
de feuilletons (Les fiancés de Byrrh, Le quart
d’heure Cinzano). Leur succès culmine avec
les émissions en public et notamment avec
les radio-crochets, tel celui de Monsavon sur
Le Poste parisien. Quant aux communiqués,
ils jouent sur les formules, les refrains, les
slogans, non sans talent pour des créations
qui restent dans les esprits et les mémoires, et
parfois jusqu’à nos jours 7
: “André le chausseur
sachant chausser !”, “Un meuble signé Lévitan
est garanti pour longtemps !…” C’est une
nouvelle forme d’expression à laquelle se
frottent des auteurs notables tels que Robert
Desnos, Armand Salacrou, créateurs de
textes dramatiques pour la radio, mais aussi
rédacteurs de “communiqués” publicitaires.
La musique et les chansonnettes sont mises
à contribution. En 1925, une ritournelle
devient à la mode, présentée en direct du
Poste parisien, elle vante les qualités du
journal auquel est associée la station, Le Petit
Parisien : “Qu’est-ce qu’elle faisait ? Elle lisait
Le P’tit Parisien, elle s’intéressait à la politique,
elle lisait Le P’tit Parisien, l’plus fort tirage des
journaux du matin.”
Beaucoup d’artistes participent à cette
expression nouvelle : Édith Piaf, Micheline
Presle, Charles Trenet… sont de ceux-là.
L’efficacité de la publicité radiophonique est
attestée par le résultat des ventes et non par
des enquêtes d’audiences encore inexistantes.
La publicité radiophonique bénéficie à cette
Marcel Bleustein-Blanchet à son bureau de Radio Cité.
Par Jean-Jacques Cheval
25. #9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
activité en général. Souvent décriée, méprisée
avant 1914, dans la presse écrite, au risque de
laisser proliférer les publicités clandestines,
la radio avec le cinéma et l’affiche imposent
et popularisent cette communication
commerciale dans les esprits.
MARCEL
BLEUSTEIN-BLANCHET :
UN DÉFENSEUR ACHARNÉ
DE LA PUBLICITÉ
Une figure parmi d’autres se détache dans
cette période, celle de Marcel Bleustein-
Blanchet. Fondateur de Publicis en 1923, il
commence à s’intéresser à la radio en 1929 et
organise très tôt la publicité de Radio Paris.
Le succès quasi immédiat d’une première
campagne pour le fourreur Brunswick
(“Brunswick, le fourreur qui fait fureur !”) le
persuade des potentialités de ce nouveau
support. Il entreprend de créer un réseau de
diffusion publicitaire radiophonique français
et sillonne le pays au nom de sa société Les
Antennes de Publicis. Il démarche les stations
publiques et privées et afferme leurs recettes
publicitaires, obtenant l’accord de beaucoup.
Publicis assure la régie de postes d’État
(Bordeaux, Marseille, Grenoble, Strasbourg,
Rennes, Toulouse) et travaille avec plusieurs
stations privées. Marcel Bleustein-Blanchet
se présentera ou se laissera présenter comme
l’inventeur de la publicité moderne en France.
Il innovait indéniablement, secondé par
des personnalités de talent, tel son neveu
Jean-Jacques Vital (de son vrai nom Jean
Lévitan, héritier des meubles du même nom).
Ensemble, ils font partie de ceux qui inventent
la radio populaire et imposent la publicité
comme genre radiophonique à part entière.
L’interdiction de la publicité des stations
Pour en savoir plus :
Jean-Jacques Cheval,
“Invention et réinvention de la
publicité à la radio, de l’entre-
deux-guerres aux années
1980”, Paris,
LeTemps des Médias, no
2, printemps 2004.
Marc Martin, “L’arrivée de la logique publicitaire
sur les émetteurs radiophoniques français
(1922-1939)”, Paris : Cahiers d’Histoire de la
Radio, no
87, janvier-mars 2006.
1. Christian Brochand, 1994, Histoire générale
de la radio et de la télévision en France, Paris,
La Documentation française, tome 1, p. 493.
2. Denis Maréchal, 1994, Radio Luxembourg,
1933-1993. Un média au cœur de l’Europe,
Nancy, Presses Universitaires de Nancy /
Éditions Serpenoise, p. 69.
3. Jean-Jacques Ledos, 2019, Dictionnaire
historique de radiophonie, Paris, L’Harmattan,
p. 293.
4. Denis Maréchal, 1994, op. cit., p. 71.
5. Christian Brochand, 1994, Histoire générale
de la radio et de la télévision en France, Paris,
La Documentation française, tome 1, p. 490-
505.
6. Paul Deharme, Vendre, février 1934, no
123.
7. Marc Martin, 1987, “Publicité et programmes
radiophoniques dans la France d’avant-guerre”
in Histoire des programmes et des jeux à la
radio et à la télévision, Actes de la journée
d’étude du 24 février 1986, Paris, Comité
d’Histoire de la Radio, Comité d’Histoire de la
Télévision, Groupe d’Études Historiques sur la
Radiodiffusion, Radio France, p. 119-130. •
publiques le pousse à s’investir directement
dans l’activité radiophonique en fondant
Radio Cité en 1935.
Bleustein-Blanchet fut un défenseur acharné
de la publicité. Dans ses mémoires, publiés
dès 1948, il écrivait qu’elle seule “permet
l’émulation, aussi bien entre les clients qui ont
le désir de faire mieux que leurs concurrents
qu’entre les postes qui doivent s’ingénier à
conserver l’audience du public en améliorant
sans cesse leurs programmes”. Il poursuivait :
“Or une émission qui réussit est une émission
écoutée, et par des gens que personne ne force à
supporter la publicité. Il est donc faux d’affirmer
comme le font certains que la publicité est
intolérable. […] Que penser par contre d’une
radio qui n’a cure d’aucun jugement ? […] Il faut
être en contact avec l’auditeur pour savoir ce
qui lui plaît.” Charles Trenet fut son employé.
“Je l’utilisais pour la composition de petites
chansons publicitaires qui devaient remplacer
certains communiqués parlés trop monotones
ou indigestes. Quelle fraîcheur il mettait
dans ces quatrains sans prétention ! […] Ses
petites rengaines étaient si réussies qu’elles
permettaient aux auditeurs récalcitrants
d’avaler – si je puis dire – les pilules publicitaires
et qu’elles se gravaient agréablement dans leur
mémoire.” •
À consulter : le dossier Marcel Bleustein-
Blanchet dans Cahiers d’Histoire de la
radiodiffusion, no
51, décembre-février 1997.
Marcel Bleustein-Blanchet, 1948, Sur mon
Antenne, Paris, Éditions Défense de la France.
Une publicité de Radio Cité à l’occasion de son 3e
anniversaire.
La radio émettait, tous les jours, de 06h30 à minuit.
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31. #9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
FLASHBACK SUR
LA RADIO FRANÇAISE
Le 24 décembre 1921, le Poste de laTour Eiffel diffusait sa première émission quotidienne de 14h30 à 17h. Pour
autant, l’aventure avait débuté quelques années plutôt, notamment en 1915, par la première transmission
transatlantique de la voie par radio entre la tour Eiffel et Arlington aux États-Unis…
Trois ans plus tard, en 1918, on invente le
système de réception superhétérodyne,
encore exploité dans presque tous les
récepteursactuels.Dèslors,toutvas’accélérer
avec notamment la création en 1920 du Radio-
Club de France qui se fixe comme objectif de
vulgariser la TSF. En 1921, le 26 novembre,
c’est au tour de la SFR (Société française
radio-électrique) de réaliser la retransmission
d’un concert, depuis son usine Radiola à
Levallois : le récepteur était situé à la Salle
des Ingénieurs civils à Paris. En 1922, c’est la
naissance de la radiodiffusion grand public et
c’est d’ailleurs la date officielle que retiennent
habituellement les historiens pour s’accorder
sur la naissance de la radio en France. La
même année, Radiola (station privée de la
SFR) produit des émissions régulières.
Le développement se poursuit dans les
années 20 de façon soutenue : lancement des
ondes moyennes (1923), le premier journal
parlé depuis la tour Eiffel par Maurice Privat
et l’invention de la modulation de fréquence
(1925). Cette année marque l’autorisation de
la réclame, autrement dit de la publicité à la
radio.
LES STATIONS
SE MULTIPLIENT
ET LES RÉCEPTEURS AUSSI
Le Parlement débat du statut de la radio
alors que Publicis voit le jour. Les années 30
marquent l’organisation de la radio d’État.
En 1933, la célèbre et plus ancienne radio
privée de France, Radio Paris, ex-Radiola,
est vendue par la CSF à l’État qui lance, le 17
décembre 1933, le nouveau Poste National
Radio Paris. Si les radios privées vivent déjà de
la publicité, l’article 109 de la Loi de finance de
1933 institue pour droit d’usage la redevance
radiophonique : une taxe payée pour financer
la radio d’État. En 1934, on recense 1 525 444
postes de radio déclarés en France.
Les années 30 sont marquées par la mise au
point de la modulation de fréquence par Edwin
H. Armstrong, par le lancement de Radio
Cité sous l’impulsion de Marcel Bleustein,
par la création de Radio Andorre par Jacques
Trémoulet...
NAISSANCE
DE PARIS INTER
EN 1947
Le début de cette décennie est marqué par la
Seconde Guerre mondiale et l’année 1940, par
la débâcle.Alors quela bandeFM se développe
aux États-Unis (40 canaux de 42 à 50 MHz)
la France voit l’instauration du monopole
de l’État sur la radio. Radio Monte-Carlo est
lancée par une société berlinoise avec des
capitaux français et italiens, le 1er
juillet 1943.
Le rôle de la radio sera déterminant dans la
réussite du débarquement en Normandie.
1946 est probablement l’annus horribilis
pour la radio française : la reconstruction
d’un réseau d’émetteurs débute et demande
d’importants investissements. Paris Inter (la
future France Inter) est lancée en 1947. Le
brevet du transistor est déposé en 1948. La
même année, Pierre Crenesse retransmet en
direct la victoire de MarcelCerdan depuis New
York. Suite page 34.
Par Brulhatour
Dès 1918, la radio suscite déjà l’engouement et la curiosité.
32.
33.
34. #9 • COLLECTOR
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100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
FLASHBACK SUR LA RADIO FRANÇAISE (SUITE)
42% DES FRANÇAIS
ÉCOUTENT
RADIO LUXEMBOURG
En 1951, c’est au tour de Sud Radio d’entamer
sonaventurealorsquelespremièresémissions
en modulation de fréquence ont lieu à partir
de 1953. Deux ans plus tard, on écoute les
premières émissions d’Europe n°
1 en grandes
ondes depuis un émetteur situé à Sarrebruck,
en Allemagne. La célèbre émission Salut les
copains accompagne la génération Yéyé, dès
1959. En 1962, 42% des Français écoutent
Radio Luxembourg, 34% Europe n°1 et 24%
Paris Inter. La création de l’ORTF (Office de
Radio-Télévision Française) intervient en
1964. L’émission Pop Club de José Artur est
lancée sur France Inter, le 4 octobre 1965.
Radio Luxembourg devient RTL (1966), Menie
Grégoire arrive sur RTL (1967) et France Inter
devient la station la plus écoutée de France.
Europe n°
1 et RTL sont au cœur des barricades
en mai 68. La première radio libre naît en 1969
en OM : Radio Campus àVilleneuve-d’Asq.
LE 9 NOVEMBRE 1981 :
UNE DATE HISTORIQUE
France Inter Paris (FIP) voit le jour en 1971.
Le 8 mai 1972, Max Meynier lance sur RTL la
célèbre émission Les Routiers sont sympas.
L’ORTF éclate en sept sociétés distinctes
(INA, TDF, SFP, Radio France…). Le milieu
des années 70 voit apparaître les premières
radios libres comme Radio Verte ou encore
Radio Riposte. Les radios pirates mettent
à mal le monopole d’État. Tout s’accélère le
9 novembre 1981. Le marché de la radio se
structure progressivement, les auditeurs de
NRJ descendent dans la rue. Au 15 janvier
1985, la radio locale représente 60 000
collaborateurs et pèse 2 600 salariés. Fun
Radio est lancée en 1985. Un an plus tard, le 21
mars 1986, c’est au tour de Skyrock. Europe 2
arrive à Paris en janvier 1987 et France Info
lance un format singulier : la radio tout-info.
Cette même année, on compte 45 radios
privées à Paris et la décennie se termine avec
la création du CSA et de ses 16 CTR.
DU DAB AU
SALON DE LA RADIO
En 1990, 98% des foyers disposent d’un
récepteur. On teste le DAB à Paris. Maxximum
disparaît au profit de M40 qui deviendra
RTL1 puis RTL2. Le 1er
février 1994, la loi sur
les quotas impose progressivement 40% de
chansons francophones à la radio. La station
Mouv est lancée le 17 juin 1997. Montmartre
FM devient MFM. En 2000, c’est la fusion des
38 locales de Radio France et de Radio Bleue
qui donne naissance à France Bleu.
Le RADIO, qui deviendra en 2010 le Salon de
la Radio, est lancé en 2003. C’est l’acronyme
de “Rendez-vous Annuel des Décideurs
Indépendants des Ondes”. Il s’impose comme
le rendez-vous annuel incontournable de
toute la famille de la radio française. Le
31 mars 2009, c’est au tour de la radio de
passer au numérique grâce à un premier
appel à candidatures du CSA. Moins de 10
ans après, le DAB arrive dans de nombreuses
agglomérations. En 2011, on fête les 30 ans de
la radio à Issy-les-Moulineaux.
La dernière décennie a été marquée par une
numérisation presque totale de la radio et par
l’émergence de nouveaux supports comme les
webradios ou les podcasts. Les professionnels
sont toujours aussi enthousiastes. Chaque
jour, la radio est écoutée par plus de
40 millions d’auditeurs ! •
Par Brulhatour
Une affiche promotionnelle de l’émission Les Routiers sont sympa en 1972.
Capture d’écran du site web du RADIO 2004.
35. Nous souhaitons un joyeux
anniversaire à la radio !
Nous sommes à votre écoute.
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39. #9 • COLLECTOR
39
100 ANS DE RADIO • 40 ANS DE RADIO LIBRE
L’HISTOIRE DES RADIOS LIBRES
EN 40 DATES
Par Olivier Oddou
Incontestablement, la FM renvoie aux années 80. Les créations,
les acquisitions, les décisions (même les manifestations) y ont été
nombreuses, signes d’une belle vitalité. Cette décennie marque
l’histoire de la radio dans son ensemble. Le marché se structure. La
liberté est l’essence de chaque projet porté par des défricheurs engagés
et des visionnaires passionnés.
ANNÉES 60
Mars 1964 - Radio Caroline commence à
émettre depuis un bateau au large des côtes
britanniques
1969 - RadioCampus Lille, l’une des premières
FM pirates en France, commence ses
émissions
ANNÉES 70
20 mars 1977 - Radio Verte s’invite sur un
plateau de TF1, elle n’émettra réellement que
2 mois plus tard à Paris avant d’être aussitôt
brouillée parTDF
4 juin 1977 - Première émission de Radio
Verte Fessenheim contre le nucléaire, elle sera
suivie par Radio Libre 44 pour la même cause
à Nantes
12 juillet 1977 - Création de Radio Fil Bleu à
Montpellier, première radio libre “de droite”
17 mars 1979 - Première émission de Radio
Lorraine Cœur d’Acier, émanation de la CGT
28 juin 1979 - Radio Riposte émet depuis le
siège du PS parisien et est aussitôt saisie
ANNÉES 80
Mai-Juin 1980 - Création par Radio France
de Radio 7 et Fréquence Nord en riposte aux
radios libres, l’une destinée aux jeunes, l’autre
comme première locale Radio France en
région
Mai 1981 - Élection de François Mitterrand,
qui a promis de légaliser les radios libres
durant sa campagne
19août1981-70radioslocalesquiontaccepté
les critères provisoires du gouvernement
cessent d’être brouillées
9 novembre 1981 - La loi autorisant les radios
FM est publiée. La publicité reste interdite,
seules les radios associatives sont autorisées
5 décembre 1981 - Création de Radio Service
Tour Eiffel au service de la municipalité
parisienne de Jacques Chirac
29 juillet 1982 - Création de la Haute Autorité
de la communication audiovisuelle, qui sera en
charge d’autoriser et de réguler les nouvelles
radios
29 décembre 1982 - RFM cesse d’être
brouillée après plus d’un an de conflit avec les
autorités pour puissance excessive et diffusion
de publicité
29 mai 1983 - Parution au JO des radios
parisiennes autorisées, nombreuses d’entre
elles doivent partager une fréquence faute de
place, les radios recalées manifestent
17 août 1983 - Saisie de Carbone 14, radio
parisienne non autorisée
Janvier 1984 - 620 radios autorisées partout
en France
30 juin 1984 - Vote de la loi autorisant la
publicité, les radios pourront choisir un statut
commercial si elles le souhaitent
8décembre1984-NRJappellesesanimateurs
à manifester alors les autorités lui reprochent
une puissance d’émission excessive. Raz-de-
marée dans les rues et recul du pouvoir
Juillet 1985 - Fermeture de Gilda à Paris qui
n’a pas su trouver son audience et a accumulé
les dettes. NRJ rachète sa dépouille pour créer
Chérie FM début 1987
2 Octobre 1985 - 6 franchisés NRJ du sud de
la France font sécession et créent un nouveau
réseau qui deviendra grand : Fun Radio
Février 1986 - 5 ans après les radios libres, les
généralistes sont autorisées à émettre sur la
FM
30 septembre 1986 - Loi de l’audiovisuel
définissant les premiers seuils anti-
concentration : toute radio couvrant plus de
30 millions de personnes ne pourra posséder
de second réseau de plus de 15 millions
d’auditeurs potentiels. Les grands groupes
trouvent la parade en créant des “fournisseurs
de programme” comme seconds réseaux
(Programme Europe 2, Programme Chérie
FM...)
21 mars 1986 - Création de Skyrock par Pierre
Bellanger. Gros son, habillage éclectique, et
animateurs à forte personnalité marquent ses
premières années d’existence
Novembre 1986 - Création par Europe 1 de la
“fréquence magique”, le futur Europe 2
12 novembre 1986 - La CNCL remplace
la Haute Autorité après le changement de
majorité au Parlement
1er
juin 1987 - Création de France info sur les
cendresdeRadio7.RadioFranceneréinvestira
sur la jeunesse qu’en 1997 avec la création du
Mouv’
17 janvier 1989 -Création duConseil supérieur
de l’audiovisuel (CSA) en remplacement de la
CNCL
29 août 1989 - Le CSA publie son fameux
Communiqué 34 qui définira de manière
durable le cadre du paysage radio français,
notamment les 5 catégories de radio encore
en vigueur aujourd’hui
ANNÉES 90
Janvier1992-FindeMaxximum,réseaudance
à succès victime des seuils anticoncentration,
et naissance de M40 (nos photos)
23 décembre 1993 - Vote de la loi Carignon
réhaussant très fortement le seuil anti-
concentration à 150 millions d’auditeurs
potentiels par groupe radiophonique. S’ensuit
une période de chasse aux fréquences qui
durera jusqu’à la fin des années 90
Mars 1994 - Affaire Lovin’Fun : l’émission à
succès de Fun Radio est menacée par le CSA
qui demande de modérer son contenu. Les
jeunes descendent dans la rue, la radio fait la
une des JT, leCSA recule et les audiences de la
radio bondissent
1995 - Fin de M40, création de RTL2
1er
janvier 1996 - Début des quotas de
chanson française à hauteur de 40% du
temps d’antenne, marquant profondément la
programmationmusicaledesradiosfrançaises
encore aujourd’hui
Décembre 1996 - Une dizaine de radios
indépendantes rachetées en sous-main par
NRJ basculent sur Rire et Chansons. Le CSA
temporise avant de blanchir des centaines
de fréquences chez tous les groupes de radio
lors du fameux Yalta des fréquences. C’est le
dernier épisode de transformation profonde
du paysage radio, bien stabilisé depuis.
1998 - NRJ reprend Nostalgie, son 4e
réseau
national
À PARTIR DE 2000...
2000 - Alain Weill démissionne de NRJ pour
reprendre RMC
2008 - Europe 2 devientVirgin Radio
2014 - Lancement du DAB+ à Paris, Marseille
et Nice. Après de nombreux délais suivra
l’ambitieux et réussi plan des noeuds et
des arcs de Nicolas Curien à partir de 2017,
aboutissant au lancement de multiplex
nationaux en 2021 en plus de dizaines de
régions françaises
2021 - Lancement de Radioplayer France,
portail unique d’écoute de la radio en France
en direct et en replay, et propriété de
l’industrie radio. •