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CONFLITS
GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISEGÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISES
Les métropoles européennes
entretiennent depuis toujours
des relations duales entre
coopération et concurrence,
reflet des contradictions de
la construction européenne en
termes de puissance.À la lumière
du Brexit,quelles conséquences
économiques vont aujourd’hui
découler de ces mutations
qui transforment les villes
en métropoles?
Par david Simonnet
L
esmutationsquitransformentlesvilles
en métropoles ne datent pas d’au-
jourd’hui.Elles sont ancrées dans l’his-
toire européenne et se déroulent sur le temps
long. Cette lente construction des métropoles
européennes a contribué à façonner non seule-
ment la géoéconomie de notre continent mais
aussi son identité même.Elle est au cœur de la
constructioneuropéenne,avecunelogiqueoscil-
lanttouràtourentrelaconcurrenceetlacoopé-
ration. Max Weber considère ainsi les villes
commeunecomposanteessentielledel’identité
européenne.À ses yeux, la cohésion urbaine
repose sur quatre paramètres-clés: l’économie,
lasécurité,lalibertéetenfinlasociabilitéquicrée
defaitdesdroitsetdesdevoirspourlescitoyens.
FernandBraudel,lui,discernedéjàdansledeve-
nir de cités commeVenise,Amsterdam ou Lon-
dres, les prémices des villes-monde, ces villes
vuescommeunepartieautonomedelaplanète,
parcequecapablesdesesuffireàelles-mêmes
et d’irriguer leurs territoires.
Aujourd’hui, on distingue clairement en
Europe deux villes-monde,Londres et Paris,qui
sontindéniablementdepuissantessourcesd’at-
tractivité. Car au-delà des seuls critères quanti-
tatifs,ondoitprendreencompteicilapuissance
historique,culturelle,voiresymbolique.Quidalors
du Brexit dans cette configuration? Le Brexit a-
t-ilmodifiélacoopérationetlaconcurrenceentre
lesmétropoleseuropéennespourladomination
politique,économiqueouculturelleenEurope?
Indéniablement, le Brexit constitue une aporie
géopolitiquequiposelaquestion– nousconcer-
nanttrèsdirectement –despositionnementsres-
pectifsdeParisetdeLondres.LeBrexitacertes
généré beaucoup de fantasmes,souvent néga-
tifs. Mais à examiner cette thématique de plus
près,ons’aperçoitaussiqu’ellepeutdéboucher
sur des perspectives heureuses pour les autres
capitales européennes et en premier lieu pour
Paris. Notons au passage que Londres, ville-
monde,avotésansambagesenfaveurdumain-
tien dans l’Europe et s’efforce aujourd’hui de
«sauverlesmeubles»(1)
.Sansporterenaucune
manière un quelconque jugement de valeur,on
voit bien que si l’Union européenne a contribué
à dissoudre le fait national, il en va de même
avecl’émergencedesmétropolesetplusencore
desvilles-monde,quiamplifielephénomènede
dilution du fait national. L’enjeu pour Paris se
posedèslorsdavantageentermesd’attractivité
pourlesinvestissements.Or,l’annonceduBrexit
n’apassuscitéàLondresdevolonténotablede
délocalisationdesentreprises.Certes,desentre-
prisesvoulantsedéveloppersurlemarchéeuro-
péen vont préférer l’Europe continentale à
Londres.MaisParisapparaîtra-t-ellecommesuf-
fisamment attractive?
N’allons-nous pas en fait assister à la résur-
gence de cette synergie multiséculaire évoquée
plus haut,mêlant curieusement coopération et
concurrence?Pourpreuvecetteaffirmationfaite
conjointementenjuin2016parAnneHidalgoet
Sadiq Khan, maires de Paris et de Londres :
«Ensemble,nous pouvons être un contrepoids
puissantfaceàlaléthargiedesÉtats-nationset
à l’influence des lobbys.Ensemble nous façon-
neronslesiècleàvenir.»Onvoitdoncbiencom-
ment le Brexit, qui affecte le destin des
souverainetésnationales,contribueparadoxale-
ment au renforcement des métropoles et tout
particulièrement de ces villes-monde que sont
LondresetParis,lesquelless’émancipentouver-
tementdeleurscadresnationauxrespectifs.Leur
avenir se joue désormais à l’échelle du monde.
L’accession d’Anne Hidalgo à la présidence du
C40CitiesClimateLeadershipGroup(2)
estàcet
égard emblématique.Cette organisation (finan-
cée entre autres par la fondation Clinton ou par
l’ancienmairedeNewYorkMichaelBloomberg)
regroupeprèsde90 métropolesmondiales,les-
quellespèsent25%duPIBmondialet70%des
émissions de gaz à effet de serre.On voit donc
clairement que c’est au sein de ces nouveaux
cadresémergentsquesontlesvilles-mondeque
vontsedéployerlesgrandsenjeuxgéopolitiques
et surtout géoéconomiques de demain.w
1. Voir à ce sujet l’analyse de Pierre Verluise, L’Union
européenne post-Brexit : quelles perspectives géopo-
litiques ? in www.diploweb.com/L-Union-europeenne-
post-Brexit-quelles-perspectives-geopolitiques.html
2. www.c40.org
Pour visionner en intégralité l’intervention sur ce thème
de David Simonnet au 9e Festival de Géopolitique de
Grenoble: www.youtube.com/watch?v=teuUNlpz4ao.
Enjeux géopolitiques des
métropoles européennes
david simonnet est PDG du groupe industriel
Axyntis qu’il a créé en 2007. Diplômé de l’Essec
(1993), il a poursuivi ses études en histoire
(Paris IV), en droit (DEA, Paris XIII) et en
économie (DEA, Paris Dauphine) et enseigne
à Paris I Panthéon-Sorbonne la création et la
gestion d’entreprise, après avoir enseigné en
classes préparatoires ECS dès 1991. En 2016,
il a publié Les 100 mots de l’entreprise dans la
collection «Que sais-je?» aux PUF. Il est membre
du jury du prix Anteios du livre de géopolitique,
de l’Institut de l’Entreprise, vice-président de
Polepharma, administrateur de Paris Région
Entreprises et d’Essec alumni.
©ArnaudCalaisPhotographie
 CONFLITS
CONFLITS 
GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISEGÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISES / enTReTIen Avec cLAude ROcheT
en tant que spécialiste des systèmes com-
plexes, quelle est votre perception des rap-
ports entre villes,entreprises et populations,
danslaglobalisationquenousconnaissons?
Pour qu’un système complexe fonc-
tionne,ilfautqu’ilaitsaproprecohérence
et que chaque acteur soit correctement
intégré, donc relié à l’ensemble du sys-
tème. Un tel système n’est pas seulement
technologique. Il est aussi culturel, ancré
dans l’histoire et la géographie,contraire-
ment à ce que promeut l’idéologie des
smartcities,rêvantàunindividudigitalet
enapesanteurterritoriale…Ilnesuffitpas
de mettre des capteurs ou le wifi dans un
lampadaire pour avoir une ville «intelli-
gente». L’impératif premier reste
l’homme. Si l’on n’enracine pas une ville
danssoncontexte,sonterritoireetsonhis-
toire,oncourtàl’échec.Lesentrepreneurs
lesavent,euxquitravaillentsurleterrain:
on doit prioritairement prendre en
compte le capital social territorial, si l’on
veut intégrer correctement les codes
sociaux,mobiliserlesgens,construiredes
accords, réguler les conflits… et tourner
le dos au mythe de la «métropolisation».
La globalisation a engendré une métro-
polisation tous azimuts, avec une gentrifi-
cation des centres-villes, comme l’ont
montrépourlaFrancelesétudesdeChris-
tophe Guilluy. Les nouveaux riches mon-
dialisés – les bobos pour simplifier –
s’implantent dans les centres-villes. Le
peuple – les vieilles classes sociales qui ne
servent plus à rien dans ce contexte – est
relégué à la périphérie. Et l’on «importe»
de nouveaux pauvres, des migrants déso-
cialisés.Car,quandbienmêmel’onvitdans
l’univers digital, il faut bien de la main-
d’œuvre pour faire le ménage et à manger,
à bas coût si possible. Et il faut bien livrer
les pizzas. Une configuration urbaine iné-
diteseforge,avecnaturellementàlaclédes
violencessocialesinévitables:d’uncôtéles
migrants – esclaves déracinés des temps
modernes – qui ne sont pas assimilés, de
l’autre les vieilles classes sociales abandon-
néesdansdeszonesdésindustrialisées,sans
espoir de sortie, qui votent pour des cou-
rantspolitiquesquirefusentcettemondia-
lisation, dont ils espèrent qu’ils leur
rendront leur dignité en même temps que
leur rang social.
à travers le concept de smart city,n’assiste-
t-onàunelutteambivalenteentrepolitiqueet
technologie,qui a en partie pour corollaire le
surgissement des populismes?
La question de la maîtrise des données
reste la pierre angulaire des systèmes
contemporains et les villes/territoires
intelligents n’échappent pas à la règle,
même au niveau le plus élémentaire. Qui
est propriétaire de ces données? Qui les
exploite? Sont-elles confidentielles? Et
surtout qui les contrôle?… Au-delà de
l’aspect purement technique se pose la
question du pouvoir politique. D’appa-
rence libertaire,le projet de Google est en
faitglobal,politique,totalitaire.Sonprojet
transhumaniste vise au contrôle de cette
nouvelle matière première que sont les
données. Les Gafa (Google, Apple, Face-
book et Amazon), sous couvert de tech-
nique, visent de fait un nouvel ordre
politique à l’échelle mondiale: contrôler
lesdonnéespeutsignifieràtermelafinde
toute vie privée et des libertés publiques.
Aussi, pour parvenir à un juste équilibre,
il faut avant tout retrouver les vertus de la
démocratiedirecteàl’échelleduterritoire.
Sous cet angle, la vraie question de fond
est celle du devenir de la démocratie au
sein de ces territoires intelligents.
Comment remédier à ce risque de décompo-
sition sociale qui favorise l’émergence des
populismes ?
Les Suisses ont instauré un système de
quotas pour que les étrangers – fortunés –
ne viennent investir massivement leurs
Pour Claude Rochet,spécialiste
des écosystèmes complexes,
l’intelligence des territoires relève
davantage de l’ordre de l’humain et
du politique que du technologique.
D’où un plaidoyer en faveur de la
démocratie directe,du territoire
vu comme un système de vie
et d’apprentissage permanent.
Et une charge sévère contre les
Gafa,qui,par la puissance de leur
technologie,peuvent assujettir le
pouvoir politique.
La mondialisation :
un combat au couteau
Professeur des universités, docteur en sciences de
gestion, ancien élève de l’ENA, ayant exercé des
responsabilités dans le public comme dans le
privé, Claude Rochet a beaucoup travaillé sur la
modélisation systémique des villes intelligentes.
Fin connaisseur des systèmes de pilotage stratégique
des politiques publiques et des questions d’innovation,
il n’a de cesse de rappeler que c’est d’abord le
tissu humain qui rend un territoire intelligent.
CONFLITS
CONFLITS
GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE
villes et en chambouler l’harmonie en
créant des ghettos de riches. Le territoire
est géré. On peut donc définir une cohé-
rence sociale et spatiale pour que ce terri-
toireproduisedesinteractionspertinentes.
Une économie ne peut être uniquement
basée sur des services – entre activités
financières et livreurs de sushis pour cari-
caturer! Il faut aussi de l’agriculture, de
l’industrie, avec des gens qui fabriquent,
produisent,échangentets’instruisent.Une
ville intelligente,c’est d’abord un système
d’apprentissage, qui permet grâce au
numériquedereveniràdeslogiquesinter-
actives laissant chacun en mesure d’ap-
prendre,donc de comprendre.
Plus généralement, se pose la question
de la taille des ensembles urbains. Est-il
opportun de concentrer des personnels
venant de loin, avec des trajets parfois
épuisants,pourfinalementleslaisserdans
leurs bureaux, seuls face à un écran ? Ne
vaut-il pas mieux miser sur des systèmes
décentralisés et exploiter les ressources
quenousoffrele2.0?D’autantquel’équa-
tion «économie d’énergie implique den-
sité» que nous connaissions jusqu’à
aujourd’hui est en passe de s’inverser et
permet de repenser les méthodes de tra-
vail en même temps que les modes de
transport.Pourpreuve,lesChinoistravail-
lent maintenant sur des clusters d’éco-
cités privilégiant des tissus urbains diffus,
avec des unités de travail à taille humaine
immergéesdanslaverdure…Sil’ons’ins-
piredel’exempledeSingapour,villepartie
de rien il y a un demi-siècle et qui s’avère
êtreunauthentiquesuccès,onvoitquece
n’est pas la technologie qui rend une ville
intelligente, mais sa capacité à être une
ville au sens traditionnel du terme, selon
uneévolutionnaturelle,sansplanification
excessive,engendrantunepluralitéd’acti-
vités et une vie civique des plus actives.
Vous insistez souvent sur l’exigence pour les
chefs d’entreprise de bien connaître leur ter-
ritoire,notammentpourtrouverunconsensus
social, grâce à la prise en compte des carac-
téristiques culturelles, historiques, géogra-
phiques et sociales…
Oui.Prenonsl’exempleconcretdel’évo-
lutiondel’industriehorlogèreenSuisseet
en France dans les années 1970.Ce sont là
deux parties du Jura, mais les traditions
sociales n’étant pas les mêmes, les évolu-
tions furent différentes. En France, ça a
tourné à la lutte sociale violente. Résultat,
on a perdu notre industrie horlogère. À
l’inverse, quand la montre digitale a fait
son apparition en Suisse,on a observé un
doublemouvementdesortiedecrisedela
partdel’industriehorlogèrelocale.D’une
part, elle s’est tournée vers une industrie
émergenteenredéployantsonsavoir-faire
minutieux dans le domaine des prothèses
médicales. D’autre part, Nicolas Hayek,
présidentdugroupeSwatch, asuinnover
et la montre traditionnelle a survécu. En
l’espèce,c’estl’industrietraditionnellequi
a absorbé l’électronique et pas l’inverse.
L’innovation a stimulé les savoir-faire
anciensetaconduitàunerevitalisationdu
territoire.Autreexempledemutationgéo-
graphique industrielle réussie, en France
cette fois: toujours dans les années 70, on
a assisté à un succès semblable dans la
région de Cholet quand le patronat local,
catholique et enraciné dans le territoire,a
su accomplir une mue qui a permis aux
entreprises locales de reconvertir une
industrie – le textile et la chaussure – en
intégrant les nouvelles technologies.
L’apparition des populismes constitue-t-elle
unecomposantemajeuredujeugéopolitique?
On sait que les zones qui ont voté
Trump aux États-Unis correspondent
peu ou prou à celles où le vieux peuple a
étérejeté.IdemenFrancepourlevoteFN,
sauf dans les zones comme la Bretagne
qui ont su conserver une forte identité
sociale et culturelle. Le populisme fait
partie du jeu géopolitique mondial
d’abordparcequelamétropolisationfait
elle-même partie de ce jeu. Il en est une
conséquence. Mais attention à ce terme
de populisme utilisé à tort et à travers.
N’oublions pas qu’il remonte à des
sources aussi diverses que Thomas Paine
etlecourantdesFarmersaméricains,aux
narodniki russes… À l’origine, le terme
avait une connotation positive.En fait,le
populisme, c’est tout simplement la
consciencequelepeupleadesonidentité
et qu’il entend garder.
Les élites dirigeantes mondialisées
– médiatiques, économiques ou poli-
tiques – doivent cesser de vouer les
peuples aux gémonies et de leur faire la
morale, arrêter aussi de leur imposer des
directivesbureaucratiquesoudesrecettes-
miraclesvenantdeBruxellesoudumana-
gementanglo-saxon.Ellesseraientmieux
aviséesdesepencherànouveausurleréel,
de redécouvrir l’histoire et la géographie
despeuples,bref ellesdevraientapprendre
à «lire» un territoire et faire du sur-
mesurepourrétablirl’harmonieaucœur
delaCité.Maisest-ceréellementleursou-
hait? Il est permis d’en douter… w
POuR en SaVOiR PLuS : CLaude-ROChet.fRDavid Simonnet avec Claude Rochet, lors du Festival de Géopolitique de Grenoble.
 CONFLITS
GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISES / enTReTIen Avec cLAude ROcheT
CONFLITS 
GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE
s’applique à tous, partout, de la même
manière. Restaurer ces quartiers est sou-
ventinsuffisant.Ilfautlesrefaireavecbeau-
coup d’ambition en imaginant de
nouvelles configurations, avec un habitat
social de qualité, en inventant une «nou-
velle urbanité» associant toutes les fonc-
tions (habitat, mais aussi commerces,
entreprises,formation,culture,sports,loi-
sirs…)Carlamixitésocialevadepairavec
lamixitéfonctionnelle.Voilàpourquoil’en-
treprise a sa place pleine et entière dans la
ville.Leszonesfranchesnesontpaslapana-
cée et constituent souvent un sérieux
manque à gagner fiscal, sans bénéfice réel
pour le territoire. Mieux vaut aider les
entreprises à se réinstaller dans la ville,
même si certaines trouveront plutôt leur
placedanslecadrespécifiquedeparcsd’ac-
tivité ou technologiques.
Globalement favorable au partenariat
entrelesentreprisesetlapuissancepublique
–jedemeureassezréservésurlaformuledes
PPP,partenariatspublic-privé–,jecroisque
lesentreprisespeuventjouerunrôlemajeur,
y compris citoyen, dans la politique de la
ville.Pourcela,ilfautcombinerlefondetla
forme. D’abord, privilégier une approche
esthétique. Prenons l’exemple de l’aména-
gement des entrées de ville, souvent fort
laides avec leurs panneaux publicitaires. À
l’entrée d’Orléans en venant de Pithiviers,
nousavonscréé400hectaresdeforêts-pro-
menades, aménagés avec à l’intérieur 100
hectaresdédiésàdesimplantationsd’entre-
prises, fondues dans le paysage. Réussite
esthétique! Ensuite, l’entreprise a son rôle
àjouercommevecteurdecitoyenneté.L’ar-
tisanat et l’apprentissage sont des atouts
pour l’intégration et la formation des
jeunes. Bref, intégrer l’entreprise dans le
cadreurbainexigeuneréflexionsurlelong
terme.Carletempsdel’urbanismen’estpas
le temps politique. Pour preuve, le Paris
d’aujourd’hui est encore largement déter-
minéparlavisionqu’eneutlebaronHauss-
mann… en un temps où l’automobile
n’existaitpas!w
GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISES / enTReTIen Avec JeAn-PIeRRe sueuR
groupe axyntis - 45 rue de Pommard - 75012 Paris
www.axyntis.com - tél : +33 (0)1 44 06 77 00
géopolitique.entreprises@axyntis.com
à la suite du brexit,les maires de Londres et de
Parisontsouligné,dansunedéclarationcommune,
que«sileXIXe siècleaétédéfiniparlesempires
etleXXe siècleparlesÉtats-nations,leXXIe siècle
estceluidesvilles-mondes».Cesdernièressont-
ellesdevenuesdesacteursdelagéopolitique?
Indéniablement.Maiscelanevautpasseu-
lement pour les villes-monde. Le phéno-
mène urbain dans son ensemble est un fait
géopolitique majeur. Le dynamisme des
métropolesestglobalementpositif.Maissub-
sistent des zones d’ombre.Car la concentra-
tionsurceszonesfortementurbaniséespeut
se faire au détriment des petites villes et de
l’espace rural.D’où la question de l’articula-
tion optimale à trouver entre ces différents
territoires.Au-delàducasspécifiquedeParis,
onaainsipuobserverdesréticencesquantà
la reconnaissance de ce statut de métropole
enfaveurd’unevingtainedevillesenFrance.
Pour parvenir à l’équilibre,il faut en contre-
poidsdescommunautésdecommunesplus
grandes,àmêmederépondreauxexigences
dedéveloppementdesterritoires,etparticu-
lièrement des territoires ruraux. Ce fut l’un
des objectifs majeurs de la loi NOTRe por-
tantsurlaréorganisationterritoriale.
En1947,legéographeJean-FrançoisGra-
vier connut la célébrité en publiant un
ouvrage intitulé Paris ou le désert français.
Cette formule n’a plus lieu d’être,fort heu-
reusement. Car depuis, on a assisté à un
rééquilibrage. Certes, Paris est un atout
pour toute la France, mais des grandes
métropolesoudesEurométropolescomme
Lille ou Strasbourg jouent désormais des
rôles majeurs.Nous devons toutefois trou-
ver de bonnes synergies entre les différents
typesdecollectivités:communes,intercom-
munalités, départements, régions, métro-
polesetpôlesmétropolitains…Ilfautgérer
efficacementcettecomplexité,celasuppose
une limitation des «compétences géné-
rales», une claire définition des compé-
tences de chaque niveau et de solides
complémentarités dans l’action. Et quand
on a affaire à des chantiers d’importance
géopolitique majeure comme le Grand
Paris,il est indispensable d’y associer étroi-
tementl’Étatpouréviterlesblocages.
à côté de ces zones de développement écono-
mique,que dites-vous des fameuses zones de
non-droitquiéchappentàtouteformederégu-
lation sociale ou politique? quel rôle peuvent
jouerlesentreprises?
Ces zones sont un échec de la Répu-
blique.Iln’yadeRépubliquequesiledroit
Pour Jean-Pierre Sueur,ancien secrétaire d’État en charge des collectivités
locales,mixité sociale va de pair avec mixité fonctionnelle.
Remettrel’entrepriseaucœurdelaville
EXPLORE LE CHAMP DES RAPPORTS
ENTRE LA GÉOPOLITIQUE ET LES ENTREPRISES
Ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé de l’université, Jean-Pierre Sueur est
aujourd’hui sénateur du Loiret. Ancien maire d’Orléans, il a été secrétaire d’État auprès du ministre de
l’Intérieur, chargé des collectivités locales de mai 1991 à mars 1993 (gouvernement d’Édith Cresson puis
de Pierre Bérégovoy). De 1998 à 2001, il a également été président de l’Association des maires des
grandes villes de France. Ici avec David Simonnet lors du Festival de géopolitique de Grenoble
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Géopolitique & entreprises n°3

  • 1. CONFLITS GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISEGÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISES Les métropoles européennes entretiennent depuis toujours des relations duales entre coopération et concurrence, reflet des contradictions de la construction européenne en termes de puissance.À la lumière du Brexit,quelles conséquences économiques vont aujourd’hui découler de ces mutations qui transforment les villes en métropoles? Par david Simonnet L esmutationsquitransformentlesvilles en métropoles ne datent pas d’au- jourd’hui.Elles sont ancrées dans l’his- toire européenne et se déroulent sur le temps long. Cette lente construction des métropoles européennes a contribué à façonner non seule- ment la géoéconomie de notre continent mais aussi son identité même.Elle est au cœur de la constructioneuropéenne,avecunelogiqueoscil- lanttouràtourentrelaconcurrenceetlacoopé- ration. Max Weber considère ainsi les villes commeunecomposanteessentielledel’identité européenne.À ses yeux, la cohésion urbaine repose sur quatre paramètres-clés: l’économie, lasécurité,lalibertéetenfinlasociabilitéquicrée defaitdesdroitsetdesdevoirspourlescitoyens. FernandBraudel,lui,discernedéjàdansledeve- nir de cités commeVenise,Amsterdam ou Lon- dres, les prémices des villes-monde, ces villes vuescommeunepartieautonomedelaplanète, parcequecapablesdesesuffireàelles-mêmes et d’irriguer leurs territoires. Aujourd’hui, on distingue clairement en Europe deux villes-monde,Londres et Paris,qui sontindéniablementdepuissantessourcesd’at- tractivité. Car au-delà des seuls critères quanti- tatifs,ondoitprendreencompteicilapuissance historique,culturelle,voiresymbolique.Quidalors du Brexit dans cette configuration? Le Brexit a- t-ilmodifiélacoopérationetlaconcurrenceentre lesmétropoleseuropéennespourladomination politique,économiqueouculturelleenEurope? Indéniablement, le Brexit constitue une aporie géopolitiquequiposelaquestion– nousconcer- nanttrèsdirectement –despositionnementsres- pectifsdeParisetdeLondres.LeBrexitacertes généré beaucoup de fantasmes,souvent néga- tifs. Mais à examiner cette thématique de plus près,ons’aperçoitaussiqu’ellepeutdéboucher sur des perspectives heureuses pour les autres capitales européennes et en premier lieu pour Paris. Notons au passage que Londres, ville- monde,avotésansambagesenfaveurdumain- tien dans l’Europe et s’efforce aujourd’hui de «sauverlesmeubles»(1) .Sansporterenaucune manière un quelconque jugement de valeur,on voit bien que si l’Union européenne a contribué à dissoudre le fait national, il en va de même avecl’émergencedesmétropolesetplusencore desvilles-monde,quiamplifielephénomènede dilution du fait national. L’enjeu pour Paris se posedèslorsdavantageentermesd’attractivité pourlesinvestissements.Or,l’annonceduBrexit n’apassuscitéàLondresdevolonténotablede délocalisationdesentreprises.Certes,desentre- prisesvoulantsedéveloppersurlemarchéeuro- péen vont préférer l’Europe continentale à Londres.MaisParisapparaîtra-t-ellecommesuf- fisamment attractive? N’allons-nous pas en fait assister à la résur- gence de cette synergie multiséculaire évoquée plus haut,mêlant curieusement coopération et concurrence?Pourpreuvecetteaffirmationfaite conjointementenjuin2016parAnneHidalgoet Sadiq Khan, maires de Paris et de Londres : «Ensemble,nous pouvons être un contrepoids puissantfaceàlaléthargiedesÉtats-nationset à l’influence des lobbys.Ensemble nous façon- neronslesiècleàvenir.»Onvoitdoncbiencom- ment le Brexit, qui affecte le destin des souverainetésnationales,contribueparadoxale- ment au renforcement des métropoles et tout particulièrement de ces villes-monde que sont LondresetParis,lesquelless’émancipentouver- tementdeleurscadresnationauxrespectifs.Leur avenir se joue désormais à l’échelle du monde. L’accession d’Anne Hidalgo à la présidence du C40CitiesClimateLeadershipGroup(2) estàcet égard emblématique.Cette organisation (finan- cée entre autres par la fondation Clinton ou par l’ancienmairedeNewYorkMichaelBloomberg) regroupeprèsde90 métropolesmondiales,les- quellespèsent25%duPIBmondialet70%des émissions de gaz à effet de serre.On voit donc clairement que c’est au sein de ces nouveaux cadresémergentsquesontlesvilles-mondeque vontsedéployerlesgrandsenjeuxgéopolitiques et surtout géoéconomiques de demain.w 1. Voir à ce sujet l’analyse de Pierre Verluise, L’Union européenne post-Brexit : quelles perspectives géopo- litiques ? in www.diploweb.com/L-Union-europeenne- post-Brexit-quelles-perspectives-geopolitiques.html 2. www.c40.org Pour visionner en intégralité l’intervention sur ce thème de David Simonnet au 9e Festival de Géopolitique de Grenoble: www.youtube.com/watch?v=teuUNlpz4ao. Enjeux géopolitiques des métropoles européennes david simonnet est PDG du groupe industriel Axyntis qu’il a créé en 2007. Diplômé de l’Essec (1993), il a poursuivi ses études en histoire (Paris IV), en droit (DEA, Paris XIII) et en économie (DEA, Paris Dauphine) et enseigne à Paris I Panthéon-Sorbonne la création et la gestion d’entreprise, après avoir enseigné en classes préparatoires ECS dès 1991. En 2016, il a publié Les 100 mots de l’entreprise dans la collection «Que sais-je?» aux PUF. Il est membre du jury du prix Anteios du livre de géopolitique, de l’Institut de l’Entreprise, vice-président de Polepharma, administrateur de Paris Région Entreprises et d’Essec alumni. ©ArnaudCalaisPhotographie CONFLITS
  • 2. CONFLITS GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISEGÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISES / enTReTIen Avec cLAude ROcheT en tant que spécialiste des systèmes com- plexes, quelle est votre perception des rap- ports entre villes,entreprises et populations, danslaglobalisationquenousconnaissons? Pour qu’un système complexe fonc- tionne,ilfautqu’ilaitsaproprecohérence et que chaque acteur soit correctement intégré, donc relié à l’ensemble du sys- tème. Un tel système n’est pas seulement technologique. Il est aussi culturel, ancré dans l’histoire et la géographie,contraire- ment à ce que promeut l’idéologie des smartcities,rêvantàunindividudigitalet enapesanteurterritoriale…Ilnesuffitpas de mettre des capteurs ou le wifi dans un lampadaire pour avoir une ville «intelli- gente». L’impératif premier reste l’homme. Si l’on n’enracine pas une ville danssoncontexte,sonterritoireetsonhis- toire,oncourtàl’échec.Lesentrepreneurs lesavent,euxquitravaillentsurleterrain: on doit prioritairement prendre en compte le capital social territorial, si l’on veut intégrer correctement les codes sociaux,mobiliserlesgens,construiredes accords, réguler les conflits… et tourner le dos au mythe de la «métropolisation». La globalisation a engendré une métro- polisation tous azimuts, avec une gentrifi- cation des centres-villes, comme l’ont montrépourlaFrancelesétudesdeChris- tophe Guilluy. Les nouveaux riches mon- dialisés – les bobos pour simplifier – s’implantent dans les centres-villes. Le peuple – les vieilles classes sociales qui ne servent plus à rien dans ce contexte – est relégué à la périphérie. Et l’on «importe» de nouveaux pauvres, des migrants déso- cialisés.Car,quandbienmêmel’onvitdans l’univers digital, il faut bien de la main- d’œuvre pour faire le ménage et à manger, à bas coût si possible. Et il faut bien livrer les pizzas. Une configuration urbaine iné- diteseforge,avecnaturellementàlaclédes violencessocialesinévitables:d’uncôtéles migrants – esclaves déracinés des temps modernes – qui ne sont pas assimilés, de l’autre les vieilles classes sociales abandon- néesdansdeszonesdésindustrialisées,sans espoir de sortie, qui votent pour des cou- rantspolitiquesquirefusentcettemondia- lisation, dont ils espèrent qu’ils leur rendront leur dignité en même temps que leur rang social. à travers le concept de smart city,n’assiste- t-onàunelutteambivalenteentrepolitiqueet technologie,qui a en partie pour corollaire le surgissement des populismes? La question de la maîtrise des données reste la pierre angulaire des systèmes contemporains et les villes/territoires intelligents n’échappent pas à la règle, même au niveau le plus élémentaire. Qui est propriétaire de ces données? Qui les exploite? Sont-elles confidentielles? Et surtout qui les contrôle?… Au-delà de l’aspect purement technique se pose la question du pouvoir politique. D’appa- rence libertaire,le projet de Google est en faitglobal,politique,totalitaire.Sonprojet transhumaniste vise au contrôle de cette nouvelle matière première que sont les données. Les Gafa (Google, Apple, Face- book et Amazon), sous couvert de tech- nique, visent de fait un nouvel ordre politique à l’échelle mondiale: contrôler lesdonnéespeutsignifieràtermelafinde toute vie privée et des libertés publiques. Aussi, pour parvenir à un juste équilibre, il faut avant tout retrouver les vertus de la démocratiedirecteàl’échelleduterritoire. Sous cet angle, la vraie question de fond est celle du devenir de la démocratie au sein de ces territoires intelligents. Comment remédier à ce risque de décompo- sition sociale qui favorise l’émergence des populismes ? Les Suisses ont instauré un système de quotas pour que les étrangers – fortunés – ne viennent investir massivement leurs Pour Claude Rochet,spécialiste des écosystèmes complexes, l’intelligence des territoires relève davantage de l’ordre de l’humain et du politique que du technologique. D’où un plaidoyer en faveur de la démocratie directe,du territoire vu comme un système de vie et d’apprentissage permanent. Et une charge sévère contre les Gafa,qui,par la puissance de leur technologie,peuvent assujettir le pouvoir politique. La mondialisation : un combat au couteau Professeur des universités, docteur en sciences de gestion, ancien élève de l’ENA, ayant exercé des responsabilités dans le public comme dans le privé, Claude Rochet a beaucoup travaillé sur la modélisation systémique des villes intelligentes. Fin connaisseur des systèmes de pilotage stratégique des politiques publiques et des questions d’innovation, il n’a de cesse de rappeler que c’est d’abord le tissu humain qui rend un territoire intelligent. CONFLITS
  • 3. CONFLITS GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE villes et en chambouler l’harmonie en créant des ghettos de riches. Le territoire est géré. On peut donc définir une cohé- rence sociale et spatiale pour que ce terri- toireproduisedesinteractionspertinentes. Une économie ne peut être uniquement basée sur des services – entre activités financières et livreurs de sushis pour cari- caturer! Il faut aussi de l’agriculture, de l’industrie, avec des gens qui fabriquent, produisent,échangentets’instruisent.Une ville intelligente,c’est d’abord un système d’apprentissage, qui permet grâce au numériquedereveniràdeslogiquesinter- actives laissant chacun en mesure d’ap- prendre,donc de comprendre. Plus généralement, se pose la question de la taille des ensembles urbains. Est-il opportun de concentrer des personnels venant de loin, avec des trajets parfois épuisants,pourfinalementleslaisserdans leurs bureaux, seuls face à un écran ? Ne vaut-il pas mieux miser sur des systèmes décentralisés et exploiter les ressources quenousoffrele2.0?D’autantquel’équa- tion «économie d’énergie implique den- sité» que nous connaissions jusqu’à aujourd’hui est en passe de s’inverser et permet de repenser les méthodes de tra- vail en même temps que les modes de transport.Pourpreuve,lesChinoistravail- lent maintenant sur des clusters d’éco- cités privilégiant des tissus urbains diffus, avec des unités de travail à taille humaine immergéesdanslaverdure…Sil’ons’ins- piredel’exempledeSingapour,villepartie de rien il y a un demi-siècle et qui s’avère êtreunauthentiquesuccès,onvoitquece n’est pas la technologie qui rend une ville intelligente, mais sa capacité à être une ville au sens traditionnel du terme, selon uneévolutionnaturelle,sansplanification excessive,engendrantunepluralitéd’acti- vités et une vie civique des plus actives. Vous insistez souvent sur l’exigence pour les chefs d’entreprise de bien connaître leur ter- ritoire,notammentpourtrouverunconsensus social, grâce à la prise en compte des carac- téristiques culturelles, historiques, géogra- phiques et sociales… Oui.Prenonsl’exempleconcretdel’évo- lutiondel’industriehorlogèreenSuisseet en France dans les années 1970.Ce sont là deux parties du Jura, mais les traditions sociales n’étant pas les mêmes, les évolu- tions furent différentes. En France, ça a tourné à la lutte sociale violente. Résultat, on a perdu notre industrie horlogère. À l’inverse, quand la montre digitale a fait son apparition en Suisse,on a observé un doublemouvementdesortiedecrisedela partdel’industriehorlogèrelocale.D’une part, elle s’est tournée vers une industrie émergenteenredéployantsonsavoir-faire minutieux dans le domaine des prothèses médicales. D’autre part, Nicolas Hayek, présidentdugroupeSwatch, asuinnover et la montre traditionnelle a survécu. En l’espèce,c’estl’industrietraditionnellequi a absorbé l’électronique et pas l’inverse. L’innovation a stimulé les savoir-faire anciensetaconduitàunerevitalisationdu territoire.Autreexempledemutationgéo- graphique industrielle réussie, en France cette fois: toujours dans les années 70, on a assisté à un succès semblable dans la région de Cholet quand le patronat local, catholique et enraciné dans le territoire,a su accomplir une mue qui a permis aux entreprises locales de reconvertir une industrie – le textile et la chaussure – en intégrant les nouvelles technologies. L’apparition des populismes constitue-t-elle unecomposantemajeuredujeugéopolitique? On sait que les zones qui ont voté Trump aux États-Unis correspondent peu ou prou à celles où le vieux peuple a étérejeté.IdemenFrancepourlevoteFN, sauf dans les zones comme la Bretagne qui ont su conserver une forte identité sociale et culturelle. Le populisme fait partie du jeu géopolitique mondial d’abordparcequelamétropolisationfait elle-même partie de ce jeu. Il en est une conséquence. Mais attention à ce terme de populisme utilisé à tort et à travers. N’oublions pas qu’il remonte à des sources aussi diverses que Thomas Paine etlecourantdesFarmersaméricains,aux narodniki russes… À l’origine, le terme avait une connotation positive.En fait,le populisme, c’est tout simplement la consciencequelepeupleadesonidentité et qu’il entend garder. Les élites dirigeantes mondialisées – médiatiques, économiques ou poli- tiques – doivent cesser de vouer les peuples aux gémonies et de leur faire la morale, arrêter aussi de leur imposer des directivesbureaucratiquesoudesrecettes- miraclesvenantdeBruxellesoudumana- gementanglo-saxon.Ellesseraientmieux aviséesdesepencherànouveausurleréel, de redécouvrir l’histoire et la géographie despeuples,bref ellesdevraientapprendre à «lire» un territoire et faire du sur- mesurepourrétablirl’harmonieaucœur delaCité.Maisest-ceréellementleursou- hait? Il est permis d’en douter… w POuR en SaVOiR PLuS : CLaude-ROChet.fRDavid Simonnet avec Claude Rochet, lors du Festival de Géopolitique de Grenoble. CONFLITS GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISES / enTReTIen Avec cLAude ROcheT
  • 4. CONFLITS GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE s’applique à tous, partout, de la même manière. Restaurer ces quartiers est sou- ventinsuffisant.Ilfautlesrefaireavecbeau- coup d’ambition en imaginant de nouvelles configurations, avec un habitat social de qualité, en inventant une «nou- velle urbanité» associant toutes les fonc- tions (habitat, mais aussi commerces, entreprises,formation,culture,sports,loi- sirs…)Carlamixitésocialevadepairavec lamixitéfonctionnelle.Voilàpourquoil’en- treprise a sa place pleine et entière dans la ville.Leszonesfranchesnesontpaslapana- cée et constituent souvent un sérieux manque à gagner fiscal, sans bénéfice réel pour le territoire. Mieux vaut aider les entreprises à se réinstaller dans la ville, même si certaines trouveront plutôt leur placedanslecadrespécifiquedeparcsd’ac- tivité ou technologiques. Globalement favorable au partenariat entrelesentreprisesetlapuissancepublique –jedemeureassezréservésurlaformuledes PPP,partenariatspublic-privé–,jecroisque lesentreprisespeuventjouerunrôlemajeur, y compris citoyen, dans la politique de la ville.Pourcela,ilfautcombinerlefondetla forme. D’abord, privilégier une approche esthétique. Prenons l’exemple de l’aména- gement des entrées de ville, souvent fort laides avec leurs panneaux publicitaires. À l’entrée d’Orléans en venant de Pithiviers, nousavonscréé400hectaresdeforêts-pro- menades, aménagés avec à l’intérieur 100 hectaresdédiésàdesimplantationsd’entre- prises, fondues dans le paysage. Réussite esthétique! Ensuite, l’entreprise a son rôle àjouercommevecteurdecitoyenneté.L’ar- tisanat et l’apprentissage sont des atouts pour l’intégration et la formation des jeunes. Bref, intégrer l’entreprise dans le cadreurbainexigeuneréflexionsurlelong terme.Carletempsdel’urbanismen’estpas le temps politique. Pour preuve, le Paris d’aujourd’hui est encore largement déter- minéparlavisionqu’eneutlebaronHauss- mann… en un temps où l’automobile n’existaitpas!w GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISES / enTReTIen Avec JeAn-PIeRRe sueuR groupe axyntis - 45 rue de Pommard - 75012 Paris www.axyntis.com - tél : +33 (0)1 44 06 77 00 géopolitique.entreprises@axyntis.com à la suite du brexit,les maires de Londres et de Parisontsouligné,dansunedéclarationcommune, que«sileXIXe siècleaétédéfiniparlesempires etleXXe siècleparlesÉtats-nations,leXXIe siècle estceluidesvilles-mondes».Cesdernièressont- ellesdevenuesdesacteursdelagéopolitique? Indéniablement.Maiscelanevautpasseu- lement pour les villes-monde. Le phéno- mène urbain dans son ensemble est un fait géopolitique majeur. Le dynamisme des métropolesestglobalementpositif.Maissub- sistent des zones d’ombre.Car la concentra- tionsurceszonesfortementurbaniséespeut se faire au détriment des petites villes et de l’espace rural.D’où la question de l’articula- tion optimale à trouver entre ces différents territoires.Au-delàducasspécifiquedeParis, onaainsipuobserverdesréticencesquantà la reconnaissance de ce statut de métropole enfaveurd’unevingtainedevillesenFrance. Pour parvenir à l’équilibre,il faut en contre- poidsdescommunautésdecommunesplus grandes,àmêmederépondreauxexigences dedéveloppementdesterritoires,etparticu- lièrement des territoires ruraux. Ce fut l’un des objectifs majeurs de la loi NOTRe por- tantsurlaréorganisationterritoriale. En1947,legéographeJean-FrançoisGra- vier connut la célébrité en publiant un ouvrage intitulé Paris ou le désert français. Cette formule n’a plus lieu d’être,fort heu- reusement. Car depuis, on a assisté à un rééquilibrage. Certes, Paris est un atout pour toute la France, mais des grandes métropolesoudesEurométropolescomme Lille ou Strasbourg jouent désormais des rôles majeurs.Nous devons toutefois trou- ver de bonnes synergies entre les différents typesdecollectivités:communes,intercom- munalités, départements, régions, métro- polesetpôlesmétropolitains…Ilfautgérer efficacementcettecomplexité,celasuppose une limitation des «compétences géné- rales», une claire définition des compé- tences de chaque niveau et de solides complémentarités dans l’action. Et quand on a affaire à des chantiers d’importance géopolitique majeure comme le Grand Paris,il est indispensable d’y associer étroi- tementl’Étatpouréviterlesblocages. à côté de ces zones de développement écono- mique,que dites-vous des fameuses zones de non-droitquiéchappentàtouteformederégu- lation sociale ou politique? quel rôle peuvent jouerlesentreprises? Ces zones sont un échec de la Répu- blique.Iln’yadeRépubliquequesiledroit Pour Jean-Pierre Sueur,ancien secrétaire d’État en charge des collectivités locales,mixité sociale va de pair avec mixité fonctionnelle. Remettrel’entrepriseaucœurdelaville EXPLORE LE CHAMP DES RAPPORTS ENTRE LA GÉOPOLITIQUE ET LES ENTREPRISES Ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé de l’université, Jean-Pierre Sueur est aujourd’hui sénateur du Loiret. Ancien maire d’Orléans, il a été secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, chargé des collectivités locales de mai 1991 à mars 1993 (gouvernement d’Édith Cresson puis de Pierre Bérégovoy). De 1998 à 2001, il a également été président de l’Association des maires des grandes villes de France. Ici avec David Simonnet lors du Festival de géopolitique de Grenoble CONFLITS