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Regnabit. Revue universelle du Sacré-Coeur. 1921/06.




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1« ANNÉE - N° 12                                            m'Ai 1S2*




             UN          AN         APRÈS

                                   i
      Au mois de mai 1921, s'envolaient     les premiers exemplaires
 de Regnabit. Ils partaient,    assurés des bénédictions    du Sacré-
 Coeur puisqu'ils avaient celles des princes de l'Église. Ils allaient,
 certains que, par le monde, il y a des âmes, en grand nombre, qui
 attendent, inconsciemment    parfois, la parole profonde et ardente
 qui soutient et qui enflamme.
     Nos espérances ont été dépassées. Et notre premier         devoir
 est de remercier le Sacré-Coeur des grâces accordées.
      Vous me permettez bien, Amis, de vous remercier        après Lui.
      Vous avez été délicatement bons,
      Et dévoués.
       Vous avez su trouver les paroles du coeur : du coeur, parce
  qu'elles en viennent ; du coeur, parce qu'elles y vont.
       Vous, bon Père Jésuite,       qui m'avez dit votre « enthou-
  siasme » et qui saluez en -Regnabit la Revue de l'avenir.
        Et vous, bon Père Carme : «Si J'étais riche, m'écrivez-
  vous, je vous donnerais beaucoup d'argent pour la diffusion de
  Regnabit ; mais je suis un pauvre prêtre...       J'ai demandé à un
  de mes amis ce billet de 15 francs pour la
                                               propagation de Regnabit.
   Tous mes chers élèves ont communié pour cette même intention ».
        Et vous, prêtre, mon frère, pour qui. j'ai bien remercié
  Jésus puisqu' Il a permis que Regnabit soit pour vous, « person^
   nellement, au moment même, ce qu'il fallait »...
        Et toi, mon petit Jean, que je n'ai jamais vu et que j'aime
    >en, quoique — tu veux bien que je dise cela— tu as commis
   "ne grosse faute
                    d'ortographe   (!) dans tajbonne lettre généreuse...
530                                                              Doctrine

       Et vous, Apôtre, quiavez fait ce joli geste d'éterniser Regnabit
dans les murailles; même de la grande Basilique du Sacré-Coeur.
Car vous avez envoyé votre offrande. Mais «il est bien entendu
que cette offrande donne droit à une inscription            sur une pierre
noyée dans la maçonnerie, et que cette inscription sera Regnabit ».
       Et vous, Madame,...      « Si je pouvais...   vous n'auriez pas à
demander       le pain matériel de Regnabit. Mais, mon Père, si un
jour, les besoins étaient urgents, j'ai des bijoux, j'ai quelques
titres. Vous n'aurez qu'à me dire qu'il les faut... 11 faudrait que
les abonnés de Regnabit ne se contentent           pas de donner le prix
«du tarif ». Il faudrait      qu'ils proportionnent     leur prix d'abon-
 nement aux besoins de la Revue. Ce serait une belle preuve
 de sympathie,      une force, un exemple. Ceux du Sacré-Coeur ne
 pourraient-ils    pas le faire ? Des laïques l'ont fait, pour leur
 journal.    Je n'oublierai    jamais   leurs accents      émouvants.    Ils
 criaient : « Nous mourons faute de pain. Nous voulons vivre,
 parce que les autres feraient trop de mal. Comprenez,            et aidez-
 nous ». Regnabit ne peut pas mourir. Mais Regnabit peut faire
 plus ou moins de bien, s'il est plus ou moins lu. Et il faut qu'il
  en fasse î ».


      Il en fera beaucoup,     madame. Grâce à vous, Grâce à tous
 ses amis..
      Et je vous remercie d'avoir       compris et crié le désir de
 Regnabit.
 ..., Je l'ai dit. Je le redis. Regnabit doit vivre. Et il le veut.

       Surtout, Regnabit veut réaliser sa tâche immense.
       Et je crois accomplir un devoir en exprimant         ici, une fois
 de plus, toute ma pensée.
       Il faut nous convaincre       que le Sacré-Coeur n'a pas dans la
 vie chrétienne, dans la pensée catholique, la place qui Lui revient.
 Il est bien loin dé l'avoir dans la vie chrétienne.     Beaucoup plus
 loin encore de l'avoir dans la pensée catholique.          Et j'ajoute,
 dans la pensée des dirigeants.
       Àh ! j'ai des documents         douloureux   !
        Comment se fait-il que nous en soyions là ?
        Je l'ignore.
        Mais, voici des vérités qui me semblent lumineuses comme
  des principes,     certaines    comme des axiomes.
        1° C'est le droit et la gloire du Sacré-Coeur de paraître
  dans tout son rayonnement.
        2° C'est l'intérêt    et le bonheur des âmes de Le contemp'er
  ainsi : vraie façon dé bien Le connaître, vrai moyen d'apprendre
  à' L'aimer.
Doctrine                                                                531

    Vous voulez attirer les âmes au Sacré-Coeur ? Montrez-Le
dans son rayonnement     immense. Vous introniserez le Sacré-
Coeur dans la pensée catholique.
                                     *
                                   * *
     Et le moyen de répandre      partout Regnabit ?
     Vous en avez trouvé un, bien simple, ma soeur, en Amérique.
Et je vous laisse l'expliquer   vous-même      aux amis de Regnabit.
     ...« J'ai envoyé Regnabit à une jeune parente               qui a eu
l'heureuse idée d'y abonner la bibliothèque           paroissiale ; ainsi,
me disait-elle, beaucoup de personnes pourront la lire. Ce moyen
de propagande,     que j'ai suggéré à une autre personne,             est à
répandre. Si chaque bibliothèque        paroissiale     avait sa Revue
 Universelle du Sacré-Coeur,     quelle diffusion       de notre      chère
dévotion !»
     — Oui, obtenez      que s'abonnent...      les bibliothèques,        les
 OEuvres, afin que le Sacré-Cosur rayonne          toujours     davantage.

      Et puis, continuez l'apostolat      individuel.
      Je sais bien la difficulté. Beaucoup          d'âmes ont le grand
 tort — dont profite le démon — de trop se défier d'elles-mêmes.
 Elles s'imaginent     qu'elles ne sont pas capables de s'intéresser
 aux Revues sérieuses. Ce sont là précisément             les Revues qu'il
 leur faut. Persuadez-leur     de faire pendant un an, une expérience
 loyale. Qu'elles fassent l'effort de monter ! Elles verront combien
 il leur était facile de s'élever !
      Tout près d'ici habite un bon chrétien — qui sourira en
 lisant cette page — et qui disait l'autre jour à un apôtre du
 Sacré-Coeur : « Regnabit ? C'est curieux ! D'abord il me semblait
 trop,élevé pour moi. Maintenant,...         j'en raffole. » — Eh ! non,
 mon ami, ce n'est pas étonnant.       C'est très normal. Vous pouviez
  vous élever : vous vous êtes élevé, voilà tout. Et cela s'est fait
  S1naturellement
                      que vous ne vous en êtes pas aperçu. Mais
  combien d'âmes en sont encore au point où vous étiez jadis,
  et qui                elles aussi, si vous les persuadez qu'elles le
          monteront,
  Peuvent, et qu'elles le doivent !

 , , Conclusion, que je vous dis sans àmbage, persuadé que ce
 faisant je vous donne une marque de confiance et que je réponds
 at]K désirs du Sacré-Coeur.
      Voici le mois des Ré-abonnements,
      » faut qu'aucun    abonnement    ne revienne seul.
      Ah ! le Sacré-Coeur m'est témoin
                                         que les questions d'argent
  ue'Paraissent, futiles !
532                                                            Doctrine

      Mais un abonnement,     c'est une âme.
      Donnez-moi    des âmes.
      Il faut que cette année, mieux que l'année précédente, et
l'année prochaine mieux que cette année, se réalise la prophétie
du Plan actuel : Videbunl in quem transfixerunt : Ils regarderont
le Divin transpercé    !


                                       II

     Elle le contempla       la première, la Douce Vierge      que nous
honorons spécialement        en ce mois de l'espérance.




     La première Garde d'Honneur. — Fresque de la chapelle de la Visitation
 Sainte Marie, Bourg (Ain) — Hauteur des personnages : 2 mètres.

       Aussitôt ^accompli  le mystère    du coup de lance, elle
 s'approche,   anxieuse, émerveillée, angoissée, avide pourtant de
 scruter les abîmes.
                        Hélas ! quelle admiration I
 lui faisait   dire le trouvère   picard    (1).
                        Hé ! que voy-je ? hé I que voy jou ?
                        Mon chièr ami, à quoi sert chou ?
                        Hé, filz, je voy ton cuer perciet.

       Oui, « c'est bien le coeur qu'elle voit dans la plaie W
  ouverte».
       Quand nous regardons, sans qu'apparaisse     lé coeur, la p'a1^
  du coup de lance, nous l'appelons    comme d'instinct   la plaie" 1
  côté. Pourquoi donc ?

      (!) P?<<wttt. N° ("août 1921, T. I, p. 163.
Poctrine   :                                                          533

                    Hé, Dieu; je voy ton cuer perciet.
    Ainsi voyait    la « dolereuse     » adorante,

    Que j'ai une autre      raison  encore  de vous      montrer
aujourd'hui.
    Tous les peuples ont reconnu en Marie la Reine de la France.
La famille entière de Regnabit se réjouira de voir l'Église elle-
même confirmer     ce titre qui nous honore tous.

   BREF DE S. S. PIE XI QUI DÉCLARE LA SAINTE VIERGE
PATRONNE PRINCIPALE ET SAINTE JEANNE D'ARC SECONDE
PATRONNECÉLESTE DE LA FRANCE.
       Les Pontifes romains,        nos prédécesseurs,  ont toujours,     au
 cours des siècles, comblé des marques particulières         de leur pater-
 nelle affection la France, justement appelée la fille aînée de l'Eglise.
 Noire prédécesseur de sainte mémoire, le Pape Benoît XV, qui
 eut profondément à coeur le bien spirituel de la France, a pensé
 à donner à cette nation, noble entre toutes, un gage spécial de sa
 bienveillance. En effet, lorsque, récemment, Nos vénérables Frères,           .
 les Cardinaux, Archevêques et Evêques de France, d'un consente-
 ment unanime,        lui eurent transmis par Notre vénérable Frère,
 Stanislas Touchet, Evêque d'Orléans,          des supplications    ardentes
  et ferventes pour qu' Il daignât proclamer patronne principale           de
  la Nation française la bienheureuse Vierge Marie reçue au Ciel,
  et seconde patronne       céleste, sainte Jeanne,    pucelle d'Orléans,
  Notre prédécesseur fut d'avis de répondre avec bienveillance               à
  ces pieuses requêtes. Empêché par la mort, il ne put réaliser le
  dessein qu'il avait conçu. Mais à Nous, qui venons d'être élevé par
  la grâce divine sur la chaire sublime du Prince des Apôtres, il nous
   est doux et agréable de remplir le voeu de Notre très regretté prédé-
   cesseur et, par Notre autorité suprême, de décréter ce qui pourra
   devenir pour la France une causé de bien, de prospérité et de bonheur.
         Il est certain, selon un ancien adage, que « le Royaume de
   France » a été appelé le « Royaume de Marie », et cela à juste titre.
   Car, depuis les premiers siècles de l'Eglise jusqu'à notre temps,
   bènéjs et Euçher de Lyon, Hilaire de Poitiers, Anselme, qui, de -...
   France, passa en Angleterre comme Archevêque, Bernard de Clair-
   vaux, François de Sales, et nombre d'autres saints docteurs, ont
   célébré Marie, et ont contribué à promouvoir et amplifier à travers
    la France le culte de ta
                                Vierge Mère de Dieu. A Paris, dans la
    "'es célèbre Université de Sorbonne, il est historiquement        prouvé
    lue, dès le treizième siècle, la Vierge a été proclamée conçue sans
    Pechi. Même les monuments sacrés attestent d'éclatante manière
      antique dévotion du peuple à l'égard de la Vierge Mère de Dieu,
    Parmi lesquelles on aime à rappeler comme les plus célèbres celles
'
  534                                                            Doctrine

  qui s'élèvent à Reims, à Paris, à Amiens, aH2outances et à Rouen.
  L'immense affluence des fidèles accourant "de loin chaque année'
  même de notre temps, aux sanctuaires de Marie, montre clairement
  ce que peut dans le peuple.la piété envers la Mère de Dieu, et plu-
  sieurs fois par an, la Basilique de Lourdes, si vaste qu'elle soit
- est incapable de contenir les foules innombrables         de pèlerins. La
   Vierge Mère en personne, trêsorièré auprès de Dieu de toutes les
   grâces, a semblé, par des apparitions       répétées, approuver et con-
   firmer la dévotion du peuple français. Bien plus, les principaux
   et les chefs de la nation se sont fait gloire longtemps d'affirmer
   et de défendre cette dévotion envers la Vierge. Converti à la vraie
   foi du Christ, Clovis s'empresse, sur les ruines d'un temple drui-
   dique, de poser les fondements de l'église Notre-Dame,          qu'acheva
   son fils Childcbert. Plusieurs       temples sont dédiés à Marie par
   Charlemagne.        Les ducs de Normandie     proclament    Marie Reine
    de la nation. Le roi saint Louis récite dévotement chaque jour
    l'office de la Vierge. Louis XI, pour l'accomplissement       d'un voeu,
    édifie àCléry un temple à Notre-Dame. Enfin Louis XIII consacre
    le royaume de France à Marie et ordonne que chaque année, en
    la fête de l'Assomption de la Vierge, on célèbre dans tous les diocèses
    de France de solennelles fonctions : et ces pompes solennelles,
    nous n'ignorons pas qu'elles continuent de se dérouler chaque année.
           En ce qui concerne la Pucelle d'Orléans,        que notre prédé-
    cesseur a élevée aux suprêmes honneurs des saints, personne m
    peut mettre en doute que ce soit sous les auspices de la Viergt
    qu'elle ait reçu et rempli la mission de sauver la France. Car d'abord,
     c'est sous le patronage de Notre-Dame de Bermont, puis sous celui
     de la Vierge d'Orléans, enfin de la Vierge de Reims, qu'elle entre-
    prit d'un coeur viril une si grande oeuvre, qu'elle demeura sans
     peur en face des épées dégainées et sans tache au milieu de la licenct
     des camps, qu'elle délivra sa patrie du suprême péril et rétablit
 . le sort de la France. C'est après en avoir reçu le conseil de ses
     voix célestes qu'elle ajouta sur son glorieux étendard le nom U
     Marie à celui de Jésus, vrai Roi de France. Montée sur le bûcher,
     c'est en murmurant      au milieu des flammes, en un cri suprême,
     les noms de Jésus et de Marie, qu'elle s'envola au Ciel. Ayant dont
     éprouvé le secours évident de la Pucelle d'Orléans, que la Francs
     reçoive la faveur de cette seconde patronne céleste : c'est ce o&
     réclament le clergé et le peuple, ce qui fut déjà agréable à NoW
     prédécesseur     et qui nous plaît à Nous-même.
            C'est pourquoi, après avoir pris les conseils de Nos Vénérable
     Fils, les cardinaux      de la sainte Eglise romaine préposésgfl^
     Rites, Motu proprio, de science certaine et après mûre délibération,
     dans la plénitude de Notre pouvoir apostolique, par la force d&
     présentes    et à perpétuité,  Nous déclarons et confirmons que M
    .Vierge Marie Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans
poctwne                                                                    535



                  ARMES            DE        FRANCE




      Sur la première couleur, le Sacré-Coeurà qui la France est officiellement
   consacrée.
      Sur la deuxième, le monogramme de la Vierge, sa patronne principale ;
       Sur la troisième, les armes de Jeanne d'Arc, sa «seconde patronne céleste ».
tVoctrine                                                             536

 le Ciel, a été régulièrement     choisie comme principale patronne de
  toute la France auprès de Dieu, avec tous les privilèges et les honneurs
  <que comportent ce noble titre et cette dignité.
         De plus, écoutant les voeux pressants des Evêques, du clergé
  et des fidèles des diocèses et des missions de la France, Nous décla-
  rons avec la plus grande joie et établissons           l'illustre  Pucelle
  d'Orléans, admirée et vénérée spécialement par tous les catholiques
  de France comme l'héroïne de la religion et de la patrie, sainte
   Jeanne d'Arc, vierge, patronne secondaire de la France, choisie
  par le plein suffrage du peuple et cela encore d'après Notre suprême
   autorité   apostolique,* concédant également tous les honneurs et
   privilèges que comporte selon le droit ce titre de seconde patronne.
          En eonséquence, Nous prions Dieu, auteur de tous les biens,
   que, par l'intercession   de ces deux célestes patronnes,      la Mère de
   Dieu élevée au Ciel et sainte Jeanne d'Arc, vierge, ainsi que des
   autres saints patrons des lieux et titulaires des églises, tant des
   diocèses que des missions, la France catholique, ses espérances
. tendues vers la vraie liberté et son antique dignité, soit vraiment
    la fille première née de l'Eglise romaine ; qu'elle échauffe, garde,
    développe par la pensée, l'action, l'amour, ses antiques et glorieuses
    traditions pour le bien de la religion et de la patrie.
           — Très Saint Père, vous êtes bon.

                                       m

         C'est avec une reconnaissance      avivée que nos yeux se tour-
   neront vers Rome en ce mois du XXVI 0 Congrès Eucharistique
   international.
         Ce Congrès, dit S. E. le Cardinal Vicaire dans son « Invito
   Sacro » ce congrès « veut être un grand acte de foi, un hommage
   enthousiaste    d'adoration   et d'amour à Jésus qui, dans le sacre-
   ment de l'autel,      en éclairant   notre foi, et en nous facilitant
   l'observance    de la loi de Dieu, est le doux repos des âmes, le
   lien qui unit tous les hommes comme des frères autour de son
   trône ».
         Chaque jour les amis de Regnabit            réciteront   la «Prière
    pour le Congrès » qu'approuva        et indulgencia     S. S. Benoît XV
   à-la demande de S. G. Mgr Heylen, en son audience du 5 dé-
    cembre 1921.

           0 Jésus, qui vous donnez en nourriture        à nos âmes, daigne*
     couronner      d'un, plein succès, le prochain    Congrès eucharistique
     international.     Inspirez-en les travaux, les résolutions et les voeux,
     agréez les hommages solennels qui vous y. seront rendus, enflammez
     les coeurs des prêtres et des fidèles, des parents et des enfants, ojin
,'.- que la communion fréquente et quotidienne et la communion précoce
Dessin à la plumed'une vieillestatué en bois.
538                                                            ©octrine

soient     en honneur dans tous les pays du monde et que le règne
social     du Sacré-Coeur soit partout reconnu.
         Coeur Sacré de Jésus, bénissez le Congrès.
         Saint Pascal Baylon, priez pour nous.



     La douce demande :... que le règne social du Sacrê-Comt
soit partout reconnu !
      Le noble but aussi à nos efforts !
     Nous y travaillerons.   Nous prierons.
      ... «Quelle joie, m'écrivait   une religieuse, quelle joie de
penser que Regnabit va porter, le nom et le culte du Sacré-Coeur
aux quatre coins du monde ! Puisse-t-elle       profiter de son uni-
versalité pour demander    à tous et à chacun de jeter sans cesse
vers le ciel cet appel ardent : « Coeur Sacré de Jésus, que votre
 Règne arrive » ! Si ce cri partait de tous les centres où pénètre
Regnabit, quelle force d'intercession    monterait    vers le ciel!»

     Dès aujourd'hui      établissons   le Règne   du Sacré-Coeur   dans
 nos âmes.

      ... Que la Vierge bénie offre elle-même      notre   coeur au doux
 Enfant qui se tendra pour le prendre.
                                                           F. ANIZAN.
LES      IDÉES




   '" Grand                                                                             "
Le                  Apostolat           du    mois       du    Sacré-Coeur


       Les Documents      Pontificaux se rapportant à l'excellente
 pratique du Mois DU SACRÉ-COEUR sont des plus expressifs et
 des plus concluants.                                      .       >
       Ils se passent, littéralement, de tout commentaire.



      Nul exercice de dévotion      envers le Sacré-Coeur     n'a été
 gratifié — au total — de faveurs spirituelles      aussi riches.
       Nul, surtout,    ne comporte  autant  de Solennité Populaire
 Universelle.
       Exception faite, évidemment,     pour la Solennité Liturgique
 de la: Fête du .Sacré-Coeur de Jésus.
       D'ailleurs, le «Mois SOLENNEL DU SACRÉ-COEUR» encadre
 — à merveille — la « FÊTE SOLENNELLE DU SACRÉ-COEUR».
       II la prépare...    Comme il la couronne      !...
       Dignement     !



       Ces faveurs spirituelles           octroyées par l'Église, à l'exercice
  du Mois du Sacré-Coeur ; —- faveurs d'abord                        diocésaines,      (1)
  Puis universelles ; exercice tant privé, que publique —
      (1) Par exemple,pour le diocèsede Nantes, PIE IX — « Lettres apostoliques »
  (m forme de BREF)Exponendum Nobis curavit, du 27 septembre 1869 — accorde
  une Indulgencede 300 jours pour « chacun des trente-troisjours » (sic), c'est-à-dire :
  pour « te mois de juin, en entier, et les trois premiers jours de juillet a et une Indul-
  genceplénière, aux conditions ordinaires, à tous ceux « qui, au moins pendant
  seizejours », auront assisté à 'l'exercice du Mois du Sacré-Coeurfait « à la cathé-
  draleou dans les autres églises de la ville et du diocèsede Nantes, à désigner par
  1ordinaire.»
      Ce BREFa été publié dans le « MANDEMENT 7) de MM. les Vicaires Capi-
                                                       (n°
           le
  "Jtoires, Siègevacant, pour le saint temps de Carêmede l'an de grâce 1870SURLA
   "EVOTION SACRÉ-COEURJÉSUS.
              AU               DE            »
   . Les Vicaires Capitulaires étaient : M. RICHARD,           mort cardinal-archevêque
              et
     PARIS, M. LABORDE, tard évêque de NANTES.
                               plus
540                                                            Doctrine

        Les exhortations     réitérées     et pressantes   des Souverains
  Pontifes Pie IX et Léon XIII ;
        Les fruits excellents     recueillis partout ;
        Un grand zèle pour les âmes et un brûlant amour pour le
  Coeur de Jésus ;
        Et, aussi, croyons-nous,     une spéciale inspiration  du ciel ; —
  ont suggéré,     sur la fin du règne de Léon XIII, à quelques
  âmes d'élite, en Italie, — au profit du Mois solennel et universel
  du Sacré-Coeur — une véritable            « Croisade moderne ».
        Le mouvement       est parti de Naples.
         Il s'est étendu — royalement — à tout l'Univers.
        Naples est resté le'centre et le foyer de l'ardente campagne,
  menée depuis plus de vingt ans, avec.les plus inlassables efforts
  et les plus consolants succès.
        Son nom est significatif.
         Il formule tout un programme            :
      LE GRAND APOSTOLAT                DU MOIS DU SACRÉ-COEUR

                                     ***

         Mieux qu'une pâle notice,les     documents circonstanciés    qu'on
   va lire renseigneront   utilement    les amis du Sacré-Coeur.
         On a pu écrire qu'ils sont     « sans exemple dans l'histoire des
   largesses de la Sainte Église. »
         Puisse leur connaissance       éclairer et stimuler  le zèle de
   tous, et de chacun, à tous les       degrés de l'échelle sociale — ou
   cléricale — catholique.
                                        *
                                      * *

                                DOCUMENTS.

                                            I   .

             LETTRE DE LÉON XIU, du 10 Avril 1902, accordant la « Béné-
,     diction Apostolique    à ceux qui propageront ce pieux exercice»
      du. Mois du Sacré-Coeur de Jésus.
             Nous regrettons   de ne point posséder, le texte original
       intégral de ce document.
  -'.-...                              H

           LETTRE-ADRESSE à Sa Sainteté Pie X, du chanoine Louis
;.-.; Caruso, de Naples, en date du 11 juillet 1906, sur l'oeuvre du
      «Grand Apostolat    du Mois du Sacré-Coeur ».(1)
          (1) Voir ANALECTA          volume XIV, année 1906, p. 407 et stiiv
                          EÇCLESIASTICA,
ke mois du Sacré-Coeur                                                       541

          Texte original Italien.          Traduction littérale de Regnabit.
       « Beatissimo Padre,                           Très Bienheureux Père,
   « Il convicimenlo, che il pio               La conviction      que le pieux
esercizio del Mese consecrato al           exercice du Mois consacré au
Cuore Divino           sia   il mezza      Coeur Divin est le meilleur moyen,
migliore di estendere e di perfezio-       d'étendre et de perfectionner la
nare la devozione a quel Cuore - dévotion à ce Coeur Sacré, a
SSmo, mosse dlcuni del Sacre-              poussé       quelques     prêtres     et
dozio e del laicato napolitano a           quelques laïques de Naples à
dare opéra, con la Benedizione             travailler, avec la Bénédiction de
del loro Cardinale Arcivescovo,            leur Cardinal Archevêque, à la
alla propagazione di quel santo            propagation de ce saint exercice.
esercizio.Segui nel 1902, il nostro        Suivit, en 1902, notre Congrès en
Congresso in omaggio al Cuore              hommage au Coeur Sacré de
SSmo di Gesii, Congresso che Jésus,                    Congrès qui applaudit
molto plauso fe' ail' opéra loro,          beaucoup à leur oeuvre et l'encou- .
e l'incoraggiô' si che prese incre-        ragea au point qu'elle prit de
 mento, e ne venue su il Grande             l'accroissement et qu'en surgit le
 Apostolato del Mese del Sacro              Grand Apostolat du Mois du
 Cuore, grande nella sua piccio-            Sacré-Coeur, grand dans sa peti-
 lezza per l'ardore dei desiderii e         tesse par l'ardeur de ses désirs et
 la forte aspirazione a universalità.       par sa forte aspiration à l'uni-
 Cotesio,   apostolato mira a che l''eser-  versalité. Cet apostolat vise à ce
 cizio del Mese del Sacro Cuore             que l'exercice du Mois du Sacré-
 non pur si ponga (?) in ogni               Coeur non seulement se fasse dans
 Chiesa, ma in tuile le Case Reli-          toute Église, mais dans toutes les
 giose, / Seminarï, i Collegi, i            Maisons Religieuses, les Sémi-
 Laboratorii, le Officine, gli Ospc-         naires, les Collèges, les Ouvroirs,
  âali, le Famiglie lutte, e dovunque        les Ateliers, les Hôpitaux, toutes
  si compta in modo che non con-             les Familles; et que partout il.
  sista solo in un po' di preci e di         s'accomplisse d'une manière qui
  pratiche esteriori, ma risulti corne       ne consiste pas seulement en un
  nna sacra Missione universale, la          peu de prières et de pratiques
  quale, atlingendo ogni efficacia           extérieures, mais qu'il en résulte
  dalla consideraztone dell' infinita        comme une Mission Sacrée Uni-
  dolcezza e misericordia del Cuore          verselle, laquelle, atteignant toute
  di Cristo, valga possentemente a           efficacité en considération          de
  r'formaré la vita individuale e            l'infinie douceur et miséricorde du
   sociale conformandola ail' Idéale         Coeur du Christ, vaille puissam-
   supremo di ogni verità, bontà e           ment à réformer la vie indivis
   bellezza, che è Cristo S. N.               duelle et sociale en la conformant
                                              à l'Idéal suprême de toute vérité,
                                              bonté et beauté, qu'est le Christ
       « 'H Grande                            Nôtre-Seigneur.
                        Apostolato     del       Le Grand Apostolat du Mois du
   Mese del Sacro Cuore, veniva in            Sacré-Coeur en vint, la même
   W medesimo ànno, 1902, dalla               année, 1902, à être béni avec
    °- M. di Leone XIII con                   effusion par Léon XI II, de
                                effusione
    ^neoletto. E, daquel tempo inde-
    lessamentenon perdonando a sacri-
                                              sainte mémoire. Et, depuis ce
    'iJM di sorta, tutto ha messo in          temps, infatigablement,        n'épar-
                                              gnant sacrifice d'aucune sorte, il
542                                                                    Doctrine

opéra, che gli è parso al suo fine         a mis en oeuvre tout ce qui lui j
rispondente : stampa e larghis-            paru répondre à sa fin : impres-
sima diffusione gratuita di speciali       sion et très large diffusion gra-
opuscoli dichiarativi ; diffusione         tuite d'opuscules explicatifs spé-
in moite centinaia di migliaia, e          ciaux ; diffusion à plusieurs cen-
del pari       sempre gratuita,      di    taines de milliers, et pareillement
fogltetti, che accennano ai modi           toujours gratuite, de feuillets qui
di compiere frutiuosamenle, secon-         indiquaient les manières d'accom-
do la diversità dei luoghi e délie         plir fructueusement,         selon la
persane, il pio esercizio ; âono di        diversité des lieux et des per-
migliaia di libri diversi pel Mese         sonnes, ce pieux exercice ; don
del Sacro Cuore a Predicatori,              de milliers de livres divers pour
 Sacerdoli, Scuole, Famiglie, Labo-         Mois du Sacré-Coeur aux Prédi-
 ratorii,, Opérai, Militari ; e, in-        cateurs, Prêtres, Écoles, Familles,
 sieme, di quadri, di immagini, di          Ouvroirs,     Ouvriers,    Militaires ;
 scapolari    innumerevoli.    Ancora,      et, en même temps, de cadres,
 con articoli pnbblicati in tutti i         d'images, de scapulaires innom-
 Perodici religiosi e politico-reli-        brables. En outre, par des articles
 giosi ha procurato variamente di           publiés dans tous les Périodiques
 render nota e caro e fecondo               religieux et politico-religieux il
 Vesercizio santo ; con lettera a           a pourvu de manière variée à
 tutti i Predicatori Quaresimalisti         rendre notoire, et cher, et fécond,
 e Mariani, ai Panocci, aile Case           ce saint exercice ; par lettre à
  Religiose, ha tavorato a oitenere         tous les Prédicateurs de Carême
  non solo cite, in quelle loro Chiese,     et de Mois de Marie, aux Curés,
  si compisse frutiuosamenle il pio         aux Maisons Religieuses, il a
  esercizio, ma anche a moltiplicare        travaillé non seulement à obte-
  gli apostoli del Mese del Sacro           nir que, dans leurs Églises,
  Cuore ; ha distribuito,       special-    s'accomplisse     fructueusement      le
  mente nette Chiese, in maggio, e           pieux exercice, mais encore à
  a migliaia nellà Ponlificia Basi-          multiplier les apôtres du Mois du
  lica di Valle di Pompei, ai pelle-         Sacré-Coeur ; il a distribué, spécia-
  grinanti al Santuario di Maria,            lement dans les Églises, en mai,
  piccoli inviti ferventi di compiere        et par milliers dans la Basilique
  e bene l'esercizio del Mese del            Pontificale de Valle di Pompei,
  Sacro Cuore ; ha rivolto urnili            aux pèlerins du Sanctuaire de
  istanze agli Ecc. mi Vescovi, molli        Marie, de petits appels fervents
  dei quali, ail' appressarsi        del   ' pour accomplir, et bien, l'exercice
   giugno, jecero speciali Circolari ;       du Mois du Sacré-Coeur ; il a
   alcuni largirono anche, nelle loro        adressé d'humbles instances aux
  Diocesi, Indulgenze per le buone           Excellentissimes     Évêques, panm
  opère intese a propagare o perfe-          lesquels un grand nombre, à
  zionare l'esercizio del Mese del           l'approche de juin, ont fait des
   Sacro Cuore ; qualcuno lo ha,             Circulaires spéciales ; quelques-
  egli stesso, prèdicato al suo gregge.      uns ont accordé aussi, dans leurs
                                              Diocèses, des Indulgences pouf
                                             les bonnes oeuvres faites en vue
                                             de propager ou de perfectionne'.
                                             l'exercice   du Mois du S.aciC"
                                             Coeur ; l'un ou l'autre l'a, l" 1'
                                             même, prêché à son troupeau.
Le mois du Sacré-Coeur                                                  543


   « i copiosi fruiti di salute,             Les fruits abondants de salut,
per divina misericordia ottenuti         obtenus de par la miséricorde
in Italia, fecero il Grande Aposto-      divine en Italie, ont rendu le
lato del Mese del Sacro Cuore            Grand Apostolat du Mois' du
più injocatamente        desioso di      Sacré-Coeur plus enflammé        du
abbraeciare lutte le genti, per le       désir d'embrasser toutes les na-
quali Cristo dette il Sangue del         tions, pour lesquelles le Christ a
suo Cuore. E la brama ardentis-          donné le Sang de son Coeur. Et
sima puô dirsi avesse suo batte-         son aspiration la plus ardente, a
simo nella Roma- délia Santità           reçu, peut-on dire, son baptême
 Vostra, quando l'ultimo Congresso       dans la Rome de Votre Sainteté,
 Eucaristico Internazionale (1) fece     quand le dernier Congrès Eucha-
 voto, che a tutti i Pastori délia       ristique International (1) a émis
 Cattolica Chiesa si rivolgesse sup-      le voeu qu'à tous les Pasteurs de
 plica, perché; con raccomando-           l'Église Catholique on adressât
 zioni inserite specialmente      ne      une supplique, afin que, par des
 Calendari Diocesani, volessero ren-      recommandations      insérées spé-
 dere générale nelle loro Diocesi,        cialement dans les Calendriers
 e ben compiuto, l'esercizio del          Diocésains, ils voulussent     bien
 Mese al Divin Cuore consecrato.          rendre général dans leurs Dio-
                                          cèses, et bien accompli, l'exercice
                                           du Mois consacré au Divin Coeur.

    d Quel voto, comunicato dal              Ce voeu, communiqué par le
 Grande Apostolato del Mese del           Grand Apostolat du Mois du
 Sacro Cuore a tutti i Vescovi dell'      Sacré-Coeur à tous les Évêques
 Orbe, du fa molli Ecc.mi Pastori         de l'Univers, fut par un grand
 benignamente e anche largamente          nombre d'Excelléntissimes     Pas-
 attuato si, che in Italia e fuori,       teurs réalisé avec bienveillance
 avi'enturatamente, la pia pratica si     et, de plus, largement, au point
 affennava. Quando tutti in cià           qu'en Italie et au dehors, très
 cmverranno, oh ! allora in ogni          heureusement,     la pieuse pra-
 lerra il Cuore di Cristo avrà la         tique s'est affermie, Quand tous
 gioia e la gloria di un Suo Mese,        en ceci concourront, oh ! alors,
 nel quaie i Pastori délie anime          sur toute terre, le Coeur du
 saranno allietati dai meravigliosi       Christ aura la joie et la gloire
 frutti di salute, di cui le nuove,        d'un Mois à Lui, durant lequel
 che da ogni parte abbiamo, ci             les Pasteurs    des âmes seront
 dicono esser fecondissimo quel            réjouis des merveilleux fruits de
  santo esercizio, specialmente tra        salut, dont les nouvelles, que
  «* gente operaia, e
                        cià, che sem-      nous avons de toutes parts, nous
  orava lontano da ogni speranza,          disent être très fécond ce saint
 anche tra la gente milltare. E la         exercice, spécialement   parmi le
   Vergine Madré, che, nel Maggio          monde ouvrier, et, ce qui semblait
  aolcissimo tanti cuori accoglie          loin de toute espérance, même
  Mto l'azzurro
                  manto, esulterà di       parmi le monde militaire. Et la
  Vw intensa gioia e più
                             piena per      Vierge Mère, qui, pendant le très
  potere, nel Giugno benedetto, pro-        doux Mois de Mai, accueille tant
  Wiaando tutti quel cuori, il cuore        de coeurs sous son manteau
                                International; tenu à Rome du 1" au 4 juin 1905.
  <Woii1dsC^"gî7ès.!Sj,(:haristiclue
544                                                                Doctrine

di tutti neW injinito oceano délia        d'azur, tressaillira de joie pius
misericordia  infinita, che è il          intense et plus complète, de
Cuore del Figliol suo !                   pouvoir, au Mois de Juin béni
                                          plonger tous ces coeurs, le coeur
                                          de tous, dans l'océan infini de
                                          l'infinie miséricorde   qu'est le
                                          Coeur de son Fils !
    « Per far, poi, progredire la             Pour faire, ensuite, progresser
povera opéra nostra fuori d'Italia,       notre pauvre petite oeuvre hors
il nostro opusculo dichiarativo è         d'Italie,    notre opuscule expli-
stato tradotto in più lingue, e           catif a été traduit en plusieurs
distribuito largamente ail' estera, e     langues, et distribué largement
importanti Riviste religiose lianno       à l'étranger ; et d'importantes
avuto articoli pel Mese del Sacro         Revues Religieuses ont eu des
Cuore. Ancora, un santo P. Géné-          articles pour le Mois du Sacré-
rale dt fiorentissima Congregazione       Coeur. Même, un saint Père
Religiosa, in una sua Circolare           Général d'une très florissante Con-
 aile Case del suo Istituto, sparse       grégation      religieuse, dans une
 in lutto il mondo, ràccomandava          de ses Circulaires aux Maisons
 l'apostolato del Mese del Sacro           de son Institut, répandues dans
 Cuore e il nostro opuscolo in pro-        le monde entier, a recommandé
 posito.                                   l'apostolat    du Mois du Sacré-
                                           Coeur et notre opuscule à ce sujet.
    «Ma cheô pucosa essere veramente          Mais qu'est-ce qui peut être
 benedetto e diventare veramente           vraiment béni et devenir véri-
 universale, che non prenda sug-           tablement    universel, qui ne
 gello dalla Suprema Autorità in           prenne le sceau de la Suprême
 terra ?                                   Autorité sur terre ?
     « Perô, con umilissimo ardire             C'est pourquoi, avec la très
 di figliuoli, supplichiamo la San-        humble audace de petits enfants,
 tità Vostra, che, per gloria del          nous supplions Votre Sainteté,
 Cuore infinitamente amante, vo-           pour la gloire du Coeur infiniment
 glia non solo di nuovo schiudere          aimant, qu'elle veuille non seu-
 i tesori di Santa Chiesa in favore        lement ouvrir de nouveau les
 del pio esercizio del Mese del            trésors de la Sainte Église en
 Sacro Cuore, ma anche in favore           faveur du pieux exercice du Mois
 délie persone, che, nel mondo intero,     du Sacré-Coeur ; mais aussi en
 si spendono, e si spenderanno, a          faveur des personnes, qui, dans
 renderlo universale e universal-          le monde entier, se dépensent,
 mente ben comptuto, arriccliendo          et se dépenseront,      à le rendre
  le loro buone opère diverse, a           universel et universellement bien
  questo fine intese, di tali Indul-       accompli, en enrichissant Iet,rs
  genze, che, si faccia aperto il pen-     bonnes oeuvres diverses, entre-
  sïero delta Santità Vostra, che, da       prises à cette fin, d'Indulgences
  pertutto, si compta il pio esercizio,     telles que se fasse manifeste
  e tutti, che net cenno del Vicario        pensée de Votre Sainteté, /F;
  di Cristo san vedere da desiosa           partout   s'accomplisse   le PieU.
 .volontà del Signore, s'infiammino         exercice, et que tous ceux Q
  per cotesto apostolato santo si, da       dans le geste (litt. signe)
Le mois,du    Sacré-Coeur                                                  545


cooperare, per questo modo, alla           Vicaire du Christ savent voir
sospirata dalla Santità   Vostra           la volonté désireuse du Seigneur,
ristorazione di lutte cose in              s'enflamment pour ce saint-apos-
Cristo.                                    tolat au point de coopérer, de
                                           cette manière, à la restauration,
                                           tant désirée de Votre Sainteté,
                                           de toutes choses dans le Christ.

   « Che se a noi fosse lecito dir            Que s'il nous était permis
iutto il desiderio nostro, con             d'exprimer tout notre désir, avec
semplicità di figliuoli e audacia di       la simplicité de petits enfants et
poverelli supplicheremmo la San-           l'audace de grands pauvres, nous
tità Vostra che, aile indulgenze già       supplierions Votre Sainteté de
largite dalla S. M. di Leone XIII,         daigner ajouter aux indulgences
si degni aggiungere la concessione         déjà accordées par Léon XIII,
 perpétua :                                 de sainte mémoire, la concession
                                            perpétuelle (suivante) :
    « 1° Dell' Indulgenza plenaria            1° De l'indulgence       plénière
 toties quoties    applicabile aile        toties quoties applicable aux âmes
 anime dei defanti, il giorno 30           des défunts, le jour du 30 juin,
  giugno, in quelle Chiese dove il         dans ces Églises où le Mois du
 Mese del Sacro Cuore sia stalo            Sacré-Coeur a été solennellement
  solennemente compiuto.                    accompli.
   « 2° Del favore dell' Altare Gre-           2° De la faveur de l'Autel
 goriano ad instar nella loro Messa         Grégorien ad instar, dans leur
 del 30 guigno ai Predicatori del           Messe du 30 juin, aux Prédica-
 Mese del Sacro Cuore, ed ai                teurs du Mois du Sacré-Coeur,
 Rettort délie Chiese ove il pio            et aux Recteurs des Églises où
 esercizio venue solennemente com-          le pieux exercice a été solennel-
 piuto.                                     lement accompli.
    « 3d Per le persone, che promu-            3° Pour les personnes qui tra-
  ovono il pio esercizio : dell' Indul-     vaillent à promouvoir le pieux
  genza di 500 giorni, da lucrarsi          exercice : de l'indulgence de 500
  con qualsiasi loro opéra buona,           jours, à gagner par quelle que
  intesa à propagarlo o a farlo             soit leur bonne oeuvre tendant
  eompier meglio ; délia Indulgenza         à le propager ou à le faire mieux
  Plenaria nelle loro Communioni            accomplir ; (et) de l'Indulgence
  del giugno ; tutto applicabile aile       Plénière dans leurs Communions
  Anime Santé del Purgatorio.               de juin ; le tout applicable aux
                                             Saintes Ames du Purgatoire.
     i-Picni oltremodo di fiducia,              Extraordinairement     remplis de
   che il patemo cuore délia Vostra          la confiance que le coeur paternel
   Santità benignamente vorrà acco-          de Votre Sainteté voudra accueil-
   glierel'humile, ardentissima, filiale     lir avec      bienveillance     notre
   P'eghiera, prostrati al bacio del         humble, très ardente, et filiale
   sacro Piede, supplichiamo intanto         prière, prosternés- au baisement
    1 Sfntità Vostra impartir e copio-       de Vos Pieds sacrés, nous sup-
   vssitna l'Apostolica Benedizione          plions, en attendant, Votre Sain-
546
                                                                     Doctrine

  sopra ï'opera nostra, sopra quanti,
                                    teté de répandre très, abondante,
. con noi fan parte del Grande      sa Bénédiction Apostolique sur
  Apostolato del Mese del Sacro     notre oeuvre, et sur tous ceux qui,
  Cuore.                            avec nous, font partie du Grand
             Napoli, 11 Luglio 1906.Apostolat du Mois du Sacré-Coeur,
   « Délia S. V. um. obb. figliuolo       Naples, 11. juillet 1906.
 e servo,                               De Votre Sainteté le très
            « LUIGI Can. CARUSO. humble, très obéissant fils et
                                     serviteur,
                                          Chanoine Louis CARUSO.

                                        III

      SUPPLIQUE du Même, et RESCRIT de la S. Congrégation des
 Indulgences, du 8 août 1906, en faveur des Dévots et des Apôtres
 du Mois du Sacré-Coeur.(l)

                                1° Supplique.

      C'est le résumé, en forme,              et pour être déposé dans les
 Bureaux de.la S. Congrégation                des Indulgences, de la Lettre-
 Adresse qui précède.

         Texte original italien.              Traduction littérale de Regnabit.
          Beatissimo Padre                          Très Bienheureux Père,
     « Essendo la devozione al Cuore             La dévotion du Très Sacre-
  SS. di Gesù la più féconda di               Coeur de Jésus étant la plus
  frutti spirituali, di grazie e di           féconde en fruits spirituels, en
  meravigliose conversioni, per oui           grâces et en conversions merveil-
  uomlni ostinati nella colpa si sono         leuses par lesquelles les hommes
  ravveduti ; ed essendo il pio               obstinés dans le péché se sont
  esercizio del mese consecrato a             repentis ; et le pieux exercice du
  quel Cuore Divino il mezzo più              mois consacré à ce Divin Coeur
  adatto ad estendere e perfezionare           étant le moyen le plus apte à
  la deita devozione, il sottoscritto,(l)      étendre et à perfectionner la
   umilmente prostrato ai piedi delta          dite dévotion, le soussigné,^)
   S. V., supplica che aile indulgènze         humblement prosterné aux pieds
   già largite dalla S. M. di Leone            de Votre Sainteté, la supplie aux
   XIII si degni aggiunla concessione          indulgences déjà accordées pex
   perpétua : etc.                             Léon XIII de sainte mémoire de
                                               daigner ajouter la concession
                                               perpétuelle. de : etc,
       Suivent les trois nouvelles indulgences demandées : 1° •>
  2° ... et 3° ... comme indiquées dans la LETTRE-ADRESSE ati
  précède.
      (1) Voir : ACTA SANCTOE SEDIS,vol. XXXIX, p. 434.               ..A
      (2) Le chanoine Louis Caruso du document précédent (Note de Regnaou-
Le mois du Sacré-Coeur                                                 547


                       2° Rescrit pontifical.     ()
                       a) Texte    original   latin.
             « Ex audientia   Sanctissimi,  die 8 Augusti 1906.
     «SSmus Dominus Noster PP. X, qui in votis vel-maxime
habet, ut pium exercitium mensis Cordis Jesu Sacratissimo dicati
magis In diss propagetur, et in Christifidelibus saluberrimas sane
radiées fortius et fructuosius      agere conspiciatur,      infrascriptis
precibus     libenter annuens   pro gratia,     indulgentias      expetitas
perpetuo valituras bénigne elargiri dignatus est, atque optatam
 benedictionem Apostolicam peramanter       impertivit. »
                     A. CARD. TRIPEPI, Praefectus.
         Pro R. P. D. D. PANICI. Archiep. Laodieen., Secretario,
            Josephus M. Can. Coselli, Substitutus.


                  b) Traduction    littérale de REGNABIT.

       De l'audience de Sa Sainteté, le 8 août 1906.
       Sa Sainteté Notre-Seigneur       Pie X, Pape, dont le voeu le
 plus grand est que le pieux exercice du Mois consacré au Coeur
 Très Sacré de Jésus se propage de jour en jour davantage,             et
 qu'on le voit jeter avec plus de force et plus de fruit, parmi les
 fidèles du Christ, ses racines assurément         très salutaires ; —
 acquiesçant volontiers par faveur aux prières relatées, a daigné
 accorder avec bienveillance       les indulgences sollicitées, à valoir
  à perpétuité, — et Elle a donné très affectueusement           la Béné-
  diction Apostolique    souhaitée.
                     Signé : Card. A. TRIPEPI, Préfet
     Pour le R. P. Mgr PANICI, archevêque de Laodiçée, Secrétaire,
                 Chanoine JOSEPH M. COSELLI, Substitut.


                                      IV

       DÉCLARATION du 26 janvier              1908. Solution de quelques
  doutes au sujet de la. célébration          du Mois solennel du Sacré-
  Coeur.^)

  _ (1) Voir : ANALECTA  ECCLESIASTICA, XIV, année 1906, p. 407 — ACTA
                                        vol.
  SANCTVESEDIS,vol. XXXIX, p. 434,    — et ACTAPONTIFICIA
                                                        (Pustet), vol. IV,
  Année 1908, page 388.
     (0 Voir ANALECTACCLESIASTICA, XVI (année 1908) page 242 —
                        E               vol.
  « Acta SANCTAE  SEDIS,vol.' XLI page 354.
548                                                                  Doctrine


                                  1° Supplique

         Texte original italien           Traduction    littérale de Regnabit.
         « Beatissimo Padre,                     Très Bienheureux Père,
   « Il sacerdote Michèle Ietti di           Le prêtre       Michel letti de
Napoli, Direltore dell' Apostolato        Naples, Directeur de VApostolat
dél Mese del Cuore di Gesù,               du Mois du Coeur de Jésus,
prosîrato ai piedi délia S. V.,           prosterné aux pieds de Votre
umllmente espone che, essendosi           Sainteté, expose humblement que,
la S. V. degnata di concedere             Votre Sainteté ayant daigné con-
grazie specialissime, con Rescritto       céder des faveurs très spéciales,
délia S; Congregazione délie Indul-       par Rescrit de la S. Congréga-
genze del di 8 agosto 1906, per           tion des Indulgences en date du
la solenne celebrazione del Mese          8 août 1906, pour la célébration
del Sacro Cuore, sono sorti alcuni        solennelle du Mois du Sacré-Coeur,
dubbi circa l'interpretazione    di       quelques doutes se sont élevés
esso Rescritto ; onde supplica la         sur l'interprétation de ce Rescrit ;
 S. V. a volersi degnare di risol-        en conséquence il supplie Votre
verli autorevolmente.                     Sainteté de vouloir bien daigner
                                          les résoudre d'une manière auto-
                                          risée.

  « Essl sono :                              Ce sont (les suivants)    :

   « 1° Corne debba intendersi la            '1° Comment doit s'entendre
celebrazione solenne del detto mese.       la célébration solennelle du dit
                                           mois.

   « 2° Se la chiusa del prefato              2° Si la clôture du mois sus-
mese debba fissarsi, per la uni-           dit doit se fixer, pour l'unifor-
formità e pet maggior concorso dei         mité, et pour un plus grand con-
fedeli, ail' ultima domenica dl            cours des fidèles, au dernier
giugno.                                    dimanche de juin.

  « 3° Se le concessioni straordl-            3° Si les concessions extra-
narie possano godersi anche per            ordinaires on peut en jouir aussi
la celebrazione del Mese negli             pour la célébration du mois dans
Oratorii semi-publici dei Semi-            les Oratoires semi-publics    des
narii, dette Comunità Religiose e          Séminaires,    des Communautés
degli attri Luoghi pii.                    religieuses, et des autres Lieux
                                           pies.

   « 4° Se il detto Mese, per                4° Si le dit mois, pour quelque
qualche ragionevole motivo, possa          motif raisonnable, peut se célé-
celebrarsi, anzichè in giugno, in          brer, plutôt qu'en juin, en un
àltro mese, godendosi le medesime          autre mois, en jouissant des
concessioni.                               mêmes concessions.

      « Che ecc.                             Et que Dieu etc.
Le mois du Sacré-Coeur                                          549


                         2° Rescrit pontifical,
                        a) Texte original latin.
    « Ex   audientia   Sanctissimi,   die Ianuarii   1908.
      « Sanctissimus Dominus Noster Pius Papa X, auditis supra
relatis, ad proposita dubia responderi iussit prout sequitur :
       «Ad    1. — Mensem Sacratissimo      Cordi dicatum celebrari
debere cum sacra praedicatione aut quotidie, aut saltem ad formam
spiritualium     exercitiorum per octiduum.
       « Ad- 2. — Affirmative.
       Ad 3. — Affirmative.
       Aid 4. — Affirmative ex aequa causa et praehabita    permis-
 sione Episcopi. »
        In quorum fidem, etc.
                                        CASIMIRUS Card. GENNARI.

               b) Traduction    littérale   de REGNABIT

     De l'audience     de Sa Sainteté, le 26 janvier 1908.
     Sa Sainteté    Notre-Seigneur   Pie X, Pape, ayant entendu
la relation ci-dessus, a donné ordre de répondre comme suit
aux doutes qui sont proposés :
     Au 1° — Le Mois dédié au Sacré-Coeur doit être célébré
avec prédication sacrée, ou chaque jour ou, au moins, par manière
d'exercices spirituels, pendant huit jours.
      Au 2° — Affirmativement.
      Au 3° — Affirmativement.
      Au 4° — Affirmativement,      pour une juste cause et avec
 la permission préalable de l'Évêque.
      En foi de quoi, etc.
                     Signé : Cardinal    CASIMIR GENNARI.

                                    * **

     Après la lecture de ces textes, nous pouvons demander            :
 « Que faut-il de plus pour convaincre les hésitants ?... »
      C'est le cas de redire : Roma locuta est, causa finita est

      Que le Mois solennel du Sacré-Coeur prenne donc son plein
 épanouissement,  tel que l'ont escompté les précieux témoignages
 de bienveillance pontificale dont il a été l'objet.
      Le « Mois de Marie » partout si populaire doit être le pré-,
 curseur du « Mois Solennel du Sacré-Coeur ».
550                                                                    Doctrine

     A la veille du mois de juin, les bonnes volontés ont encore
le temps de s'organiser...
     Qu'au soleil éclatant des DOCUMENTS reproduits, fondent,
comme neige, les dernières objections ou réserves que d'aucuns
voudraient     encore formuler sur l'opportunité,     les convenances
locales ou personnelles, les difficultés pratiques, voire l'insuccès
— relatif !...-— des essais imparfaitement          tentés.
      Il suffit de leur répéter :
      — «Relisez simplement        !... »
      — «Essayez      énergiquement     !... »
      — «Persévérez      constamment       !... »
      — « Et vous récolterez...      surabondamment      !... »

      En somme, la résolution et le mot d'ordre général doivent
 être : Le Sacré-Coeur de Jésus et les Souverains Pontifes désirent le
 « Mois Solennel du Sacré-Coeur »
      Donc : 1° — Il faut le faire.
      2° — Il faut le bien faire.
      3° — Il faut partout le faire.
      4° — Il faut toujours le faire.
       5° ,— Il faut toujours, partout, mieux le faire.Çi)
                                           *
                                          * *

      REGNABIT salue, avec joie, cette « Croisade d'Amour », cette
 « Grande Mission du Coeur de Jésus », ce « GRAND APOSTOLAT
 DU Mois DU SACRÉ-COEUR.»
               Lyon, mars 1922.
                                            EMILE HOFFET.




          (1)  S'adresser à : Grand Apostolatdu Mois du Sacré-Coeur, Naples, Itah*
                                                                       à
                                                                                : or*
      pour renseignementspratiques et divers éléments de propagande, tels que
      çhuers, tracts, imprimés, en tangues multiples, pour églises,communautés,oeuvres'
      familles, missions,etc..
Infirmités du Sacré-Coeur                                           551



                      Le         Sacré-Coeur

        et    les   infirmités       de   sa    nature   humaine

                                    CSufteJ


   Le        Sacré-Coeur                   et     les    maladies
       Puisque la maladie provient en nous soit d'une faiblesse
native, soit d'un vice de constitution,        soit de l'intempérance,
du désordre ou de l'imprudence dans la conduite, le Sacré-Coeur n'a
jamais été malade. Il ne pouvait l'être, ni en vertu de l'hérédité :
sa nature était parfaitement saine, et son corps, formé par miracle,
à l'abri de tout germe morbide ; ni par ignorance ou par impru-
dence : sa science et son impeccabilité           s'y opposaient.   Il ne
convenait d'ailleurs pas qu'il contractât         nos maladies, lui qui
les venait guérir.
       C'est du moins la doctrine que S. Athanase expose avec
 toute son autorité, il se demande pourquoi le Sauveur, puisqu'il
 voulait et devait mourir pour nous racheter, n'a pas préféré à
 la mort violente et ignominieuse de la croix une mort naturelle,
 honorable, dans le secret d'une demeure. Objection trop humaine
 que celle-là, répond-il. « Ce que le Seigneur a fait en l'espèce est
 vraiment divin et digne pour bien des raisons de sa majesté.
 Tout d'abord la mort qui emporte les hommes leur survient en
 raison de la faiblesse de leur nature. Ils ne peuvent durer toujours.
  Arrive une heure où ils disparaissent         : ils tombent malades,
  perdent peu à peu leurs forces et bientôt meurent. Or le Seigneur
  n'est pas faible ou sans vigueur : il est la Vertu de Dieu, le Verbe
  de Dieu, la Vie elle-même. Si donc il avait étendu son corps sur
  «ne couche en son particulier, comme font les autres, hommes,
  on eût cru qu'il s'alitait lui aussi à causé de la faiblesse de sa
  nature et conclu qu'il n'avait rien de plus que les autres enfants
  d'Adam. Mais parce qu'il est la Vie et le Verbe de Dieu, et que
  d'autre part il devait mourir pour tous les hommes, en tant que
  Vie et Vertu, il fortifie en lui-même son
                                              corps, — et comme devant
  goûter la mort, il ne saisit pas de lui-même Pcccasion de son
  sacrifiée, il veut qu'elle lui vienne des autres hommes. Il ne
   convenait en effet pas que le Seigneur qui guérissait les maladies
   '«t lui-même victime de la
                                   maladie, ni qu'il connût la faiblesse
   f- la dçbilitatïon de ce corps par lequel il rendait la force aux
   bibles...
        «Admettons      que son corps ait été terrassé par la maladie
    et que le Verbe incarné se soit
                                     retiré, contraint par la souffrance,
552                                                                  Doctrine

loin de tous les regards. N'eût-ce pas été chose souverainement
inconvenante         que celui qui guérissait les maladies des autres
négligeât de secourir son propre corps consumé par la maladie ?
Car comment aurait-on cru que réellement il avait guéri les maux
des autres, si le temple de son corps eût été, comme nos corps
à nous, envahi par la faiblesse et la maladie ? Ou il eut prêté à la
 moquerie, comme incapable d'écarter de lui la maladie ; — ou
 bien le pouvant et ne le faisant pas, il eût passé pour inhumain
 aux yeux de ses frères (1) ».
        Peut-être, n'est-il pas inutile de faire observer que S. Atha-
 nase emploie dans les lignes qui suivent une expression à tout le
 moins impropre, quand il nous parle du « Verbe quittant                     son
 corps ». C'est à coup sûr l'âme qu'il veut dire. La mort n'a pas
 consisté pour le Verbe incarné dans la séparation de sa divinité d'a-
 vec son humanité, mais bien comme pour nous dans la séparation
  de son âme d'avec son corps, le Verbe demeurant indissolublement
  uni tant à son corps dans le tombeau, qu'à son âme descendant
  aux limbes. Je ne veux ici pour preuve de cette infrangible per-
  manence de l'union hypostatique              que notre Credo : nous y chan-
  tons en effet que le Fils de Dieu est mort, qu'il a été enseveli,
  et est descendu aux enfers. « La divinité et l'humanité s'accordent
  chez lui en une telle unité, disait S. Léon le Grand, que ni la
  souffrance n'a pu les disjoindre, ni la mort les séparer». (2)
         Mais, dira-t-on, comment admettre               que Jésus-Christ    n'ait
  jamais été ni malade ni infirme ? L'Apôtre affirme, que le Verbe
  incarné a voulu passer par toutes nos misères (3), et nous res-
   sembler en toutes choses, (4). Et pour démontrer l'intégrité et la
   réalité de la nature humaine dans le Christ, les Pères invoquent
   souvent ce principe : Jésus-Christ             n'a .guéri que ce qu'il a pris
   sur Lui. Le Christ ne nous ressemble donc pas en toutes choses,
   il n'a pas porté remède à tous nos maux, s'il n'a pas accepté pour
   lui toutes nos maladies et toutes nos misères personnelles.
          Les théologiens réduisent sans peine cette antinomie. Pour
   nous ressembler en tout, le Verbe incarné non seulement a pris
    notre nature humaine, mais il l'a prise soumise à ces conditions
    et infirmités communes que lui a créées le péché, à ces afflictions
    de corps et d'esprit qui en sont la conséquence, à la mort quien
    est le châtiment dernier. Cela suffit. Il devait d'autre part, — ef
    c'est un principe proclamé par tous les Pères, — éloigner de lui
    tout ce qui aurait été une injure à sa dignité personnelle de Fils
    de Dieu, ou une entrave à sa fonction de Sauveur et de Rédemp;
    teur.Par     conséquent, il ne pouvait accepter pour son humanité
    ni le péché, ni la concupiscence,           ni tout ce qui mène au pêche,
         <1) Orat. de Incarnat. Verbi, ira 21-22. P. G. 25, 133 a b - 136 b.
         (1) Serin. 68, de Passione 17, e. 4. P. L. 54, 373 a.
         (2) Hebr., IV, 15.
         (4) Ibid., II, 17.
Infirmités   du Sacré-Coeur                                         553

ni ces infirmités personnelles qui ne dérivent pas universellement
des principes de notre nature mais ont pour cause une hérédité
particulière, une culpabilité personnelle. Sa dignité et son rôle,
je le répète, le lui interdisaient.       Et pourquoi veut-il nous res-
sembler en tout ? « Afin, répond S. Paul, d'être un Pontife misé-
ricordieux et qui s'acquittât       fidèlement de ce qu'il faut auprès
de Dieu pour expier les péchés du peuple ». (1) Pour cela, son
acceptation volontaire des infirmités communes de notre nature,
qu'il venait guérir sans distinction de personnes, était simplement
suffisante. Pas n'était besoin qu'il y ajoutât le surcroît de nos
 misères et de nos maux individuels. Il ne le pouvait d'ailleurs pas.
 Beaucoup de nos maladies et de nos infirmités personnelles se
 contredisent et s'excluent l'une l'autre (2).
       Ce nonobstant,     Notre-Seigneur     n'en a pas moins porté re-
 mède à nos misères personnelles, — ce qui justifie le principe
 des Pères que je me suis objecté ; — car il a guéri et purifié, en
 se l'unissant, notre nature corrompue, cause profonde, primor-
 diale, d'où se propagent, comme d'une source empoisonnée, tous
 nos maux. et toutes nos misères personnelles.            La réponse est
 encore de S. Thomas : « Toutes les infirmités personnelles des
 hommes proviennent        foncièrement     de la corruptibilité et de la
 passibilité du corps, sous l'influence de certaines causes parti-
  culières et déterminées. C'est pourquoi, ayant guéri, en la prenant
 pour lui, la passibilité      et la corruptibilité   de notre corps, le
  Christ a par là même porté remède à tous nos autres défauts » (3).
       D'ailleurs, ce ne sont pas à proprement parler les maladies
  ou les infirmités que l'on guérit, mais bien la nature infirme et
  malade, par l'expulsion des maux dont elle souffre. En s'unis-
  sant personnellement      à une nature infirme et en la guérissant
  par le fait, le Verbe incarné a donc porté remède à toutes nos
  misères. Les Pères ne veulent pas dire autre chose.

                                    D. G. L. DÉMARET, moine de Solesmes.
         (A suivre)




     (1) Hebr., II, 17.
     (2) Q. 14, a. 4, Sed contra.
     (3) Ibid., ad 1.
554                                                                        Doctrine


 La   Théologie       du    Sacré-Coeur               et   le   Protestantisme


        Les Premiers Réformateurs                 -
                                          (fin)        e) Les Rationalistes
         Ce qui a dû frapper nos lecteurs, dans les brèves études que
  Regnabit a déjà données sur la Théologie du Sacré-Coeur et le
  Protestantisme,     c'est l'effrayante    inconsistance     de la prétendue
  Réforme, en matière doctrinale. Là est pour nous sa tare indé-
  lébile. Elle ne peut nous donner aucune certitude. Elle ébranle
  ait contraire toutes les convictions. Sans doute elle prétend pos-
  séder la vérité, elle montre une intransigeance             et une assurance
  que trois siècles de perpétuelles variations pourront seuls lui faire
  perdre. Mais n'est-il pas étrange qu'ayant à résumer ici la théo-
  logie christologique       des premiers Réformateurs,          pour faire res-
. sortir les rapports qu'elle peut avoir avec notre théologie du
   Sacré-Coeur, abrégé de notre Christologie catholique,                j'aie dû
   diviser et subdiviser, étudier successivement            chacun des grands
   chefs, Luther, Mélanchthon, Calvin, puis les dissidents, Anabap-
   tistes, Mystiques, tous différents les uns des autres et souvent
   opposés les uns aux autres, pour aboutir enfin aujourd'hui                 aux
   rationalistes de la première génération protestante              ?
          II est en effet bien remarquable que le Biblicisme protestant
   ait, dès le principe et malgré la forte emprise que l'unité catho-
   lique avait exercée sur les esprits, produit le libre-examen, d'où
   allait sortir la libre-pensée, mère elle-même de l'incrédulité con-
    temporaine, en sorte que la soi-disant Réforme, au lieu de res-
    taurer le christianisme,      ainsi qu'elle le promettait,' ne tendait à
   rien moins qu'à sa ruine.
          Ce n'est pas, notons-le bien, que Luther, Mélanchthon,
    Calvin et les autres grands chefs aient, eux-mêmes, proclamé le
    libre-examen, comme certaines histoires de l'enseignement                 pri-
    maire ou même secondaire le donnent parfois à entendre. Non,
    les Réformateurs       croyaient que la raison doit se taire devant la
    Bible, que du reste elle est totalement            impuissante,    qu'elle ne
     peut que se tromper et que seul l'Esprit-Saint             fait comprendre
    à chaque croyant le texte sacré.
           Mais leurs contradictions     incessantes dénonçaient        la vanité
     de leurs prétentions à l'infaillibilité personnelle. Il restait qu'ils
     avaient mis la Bible entre les mains de tous en assurant que tout
     homme qui a la foi-confiance peut et doit la comprendre sans
     recourir au magistère interprétatif       de l'Église du Christ. Le libre-
     examen était en germe dans leur attitude, dans l'exemple qu'lls
     donnaient au monde, dans l'usurpation             qu'ils avaient comm>se
Les Rationalistes    Protestants                                            555


en se révoltant  contre la hiérarchie fondée            par le Christ      pour
régir son Église immortelle   et infaillible.


                                     * *

       Le Rationalisme appliqué à la Bible apparaît dès le commen-
cement de la Réforme. Il découle de l'esprit critique développé
dans la scolastique, — contrairement               à ce qu'on dit souvent, —
et au sein de l'humanisme. Cet esprit critique, contre lequel Luther
et Calvin luttèrent        avec violence, tout en le pratiquant       pour leur
compte, c'était donc un legs du passé et c'était une chose excel-
lente, à condition de rester dans ses limites propres et de s'en-
cadrer spontanément            et librement      dans l'harmonie    supérieure
 de la foi en Jésus-Christ         et en son Église.
        Mais quand la Réforme eut opposé le Christ à l'Église au
 point d'oser appeler l'Église catholique                romaine : l'Église de
 l'Antéchrist, l'esprit critique libéré des chaînes salutaires            qui le
 retenaient jusque là commença               à s'exercer sans réserve, sans
 freinet bientôt sans respect. Comme un acide répandu au hasard
 surune médaille par un graveur imprudent la rongerait bien vite,
 au lieu d'en approfondir           les traits et d'en accuser les reliefs,
  ainsi le criticisrrie allait s'attaquer       à toutes les croyances, à tous
  les dogmes, à toutes les certitudes,           à la foi d'abord, à la raison
  ensuite, jusqu'au        jour où l'on essaierait vainement         de relever
  les ruines qu'il aurait accumulées.
         On des premiers chefs du rationalisme protestant            fut l'infor-,
   tuné Michel Servet. C'était un Espagnol, né en 1511, à Tudela de
   Navarre, très cultivé, très intelligent, d'esprit curieux et inquiet,
   quitout en exerçant la médecine, — surtout à Vienne, en France,
   -s'occupait       surtout de Théologie. Dès 1531, n'ayant encore que
   20 ans, il professait des idées critiques très accentuées et atta-
    quait notamment,        — la Bible en main, — le dogme de la sainte
    Trinité. Il avait publié à Hagueneau             un ouvrage antitrinitaire
    *De Trinitatis erroribus libri VII, puis, en 1532, un autre ou-
    vrage de même nature : Dialogorum de Trînitale tibri II. Plus
    tard, il reprenait le même thème et donnait, en 1553, son ouvrage
    capital : « Christianismi          restitutio » — La Restauration           du
    ^ristianisme. Ce titre seul est bien éloquent. Il apparente Servet
    ^réformateurs.
     e                      Tous, ils n'ont eu qu'une ambition : restaurer
        christianisme, et c'était précisément          leur commune, leur fon-
     ,.am.entale, leur déplorable erreur à tous de croire que le chris-
      •anismeait pu être perdu et qu'il ait eu besoin d'une restauration,
      "même titre qu'un système humain quelconque de philosophie
     eu de
             religion !
          Mais justement parce que la prétention de Servet valait tout
556                                                              Doctrine

autant que celle de Luther ou de Calvin, il fut traité par les pro-
testants avec une dureté que ne tempérait aucun sentiment de
pitié ni de tolérance. Ils lui en voulaient parce qu'il les compro-
mettait.      On sait qu'il fut. dénoncé de Genève à l'Inquisition
catholique qui le condamna mais le laissa échapper, que le mal-
heureux voulant aller en Italie eut la malencontreuse              idée de
passer à Genève où il fut reconnu, appréhendé, accusé par Calvin
 d'attaques     contre la Trinité et la divinité de Jésus-Christ, accusé
 aussi de panthéisme et d'anabaptisme,         condamné à mort et brûlé
vif le 27 octobre 1553.
         Mais l'exécution de Servet ne pouvait empêcher le rationa-
 lisme de se développer tôt ou tard au sein des églises réformées.
 De fait, il réussit, avec les deux Socin, à constituer un groupe-
 ment durable, le Socinianisme,         qui existe encore, sous le nom
 d'Unitarisme,      en Angleterre et en Amérique.
         L'aîné des Socin, — Lélius Sozzini, — était d'une famille de
 juristes. Né à Sienne, Italie, en 1525, il avait quitté son pays
  assez jeune, dès 1547, en raison des idées protestantes        qu'il avait
  plus ou moins secrètement        embrassées. On le trouve peu après
  à Zurich. Il voyage, se lie avec Mélanchthon,           correspond avec
  Calvin que son esprit chercheur, discuteur et critique inquiète
  d'abord et irrite bientôt. D'un caractère très doux, Lélius Socin
  réussit à éviter les trop grands éclats, et quand il mourut il
  laissait à son neveu Fauste Socin, — le grand Socin, — de nom-
  breux travaux manuscrits où il avait essayé de systématiser ses
  idées (1562). -
          Fauste Socin avait 14 ans de moins que son oncle. De Sienne,
  où il était né, il l'avait rejoint à Zurich, après un séjour de trois
  ans à Lyon, et il était arrivé à peu près pour recevoir son dernier
  soupir en 1562. Il avait eu le temps toutefois de l'imprégner de
   ses idées et la lecture des manuscrits hérités de son oncle ne fît
   que le confirmer dans son criticisme radical, à l'égard des dogmes
   traditionnels.
          Pendant douze ans, de 1562 à 1574, Fauste Socin mena un?
   vie en quelque sorte double. Il était très en faveur auprès du
   duc François de Médicis, à Florence, et vivait à sa cour dans $
   charges et les honneurs.       Dans le même temps, il poursuive»
   secrètement     ses études de théologie dissidente, à l'école de »
   Bible interprétée par son oncle.
          Brusquement,    une fois sa décision prise, il quitta le rnorHft
    il quitta son souverain, il quitta l'Italie et vint se cacher à Bato
    où il acheva de réduire en système sa doctrine critique. C'est
    que vint le trouver, en 1578, une invitation du médecin George
                                                                        vefl
    Biandrata, fixé alors en Transylvanie,      qui lui demandait de
    l'aider à combattre les idées, plus radicales que les siennes,
    saxon antitrinitaire    Franz Davidis. Ainsi la guerre existait, P
"Les Rationalistes   Protestants                                          557-


une conséquence fatale, parmi les critiques eux-mêmes. Un radical
trouve toujours plus radical que lui, un critique est toujours
critiqué par un autre qui se donne pour plus avancé que son
rival.
        Fauste Socin se rendit à l'appel de Biandrata,           demeura un
an en Transylvanie       et passa de là en Pologne, où son oncle Lélio
 avait jadis séjourné, il y devint le chef d'une église antitrihitaire,
 qu'il s'attacha    à organiser jusqu'à sa mort, en 1604,
        Ainsi ce critique finissait, comme les autres, dans le dogma-
 tisme, seule attitude'vraiment       naturelle et nécessaire à l'homme.
        Son Église se. nommait         l'Eglise des frères polonais, elle
 comptait, de son vivant, une quantité notable de communautés
 sociniennes, composées        surtout     de membres        de la noblesse.
  Rakow était leur centre universitaire         et comptait des étudiants
  par milliers. Le socinianisme          devait se perpétuer       ainsi, sans
  compter jamais d'hommes vraiment éminents par la pensée ou
  le talent littéraire mais avec beaucoup de représentants               érudits
  et cultivés. C'est une église bourgeoise qui s'est maintenue                 en
  volant des partisants aux grandes sectes protestantes               voisines.
  On peut la définir : un rationalisme supranaturaliste,            on y croit
   à la révélation, à la Bible, mais on interprète celle-ci d'après les
   exigences de la raison humaine, ou plus exactement de la raison
   socinienrte.
         Nous sommes dès lors aux antipodes du mysticisme. Et si
   l'on peut encore trouver quelques lointaines accointances                entre
   la théologie aventureuse     des protestants,    à tendances mystiques,
   et notre belle théologie du Sacré-Coeur, on n'en trouve plus aucune
   entre le rationalisme socinien et notre enseignement à ce sujet.
         La théologie protestante    manifeste donc ici une autre de ses
    virtualités. Du moment qu'elle sortait de l'ordre, de la discipline,
    de la règle, voulue et fixée par le Christ, il était fatal qu'elle
    développât, tumultueusement          et dans des sens divers, les ten-
    dances que le catholicisme seul peut coordonner et harmoniser
    dans un équilibre supérieur : dogmatisme            et criticisme, mysti-
    cisme et rationalisme,     conformisme       et individualisme,       etc.
          Quelle sera donc l'attitude      d'un antitrinitaire    à l'égard du
     Christ ? Forcément, il rejette le dogme essentiel de l'Incarnation.
     P°ur lui, Jésus n'est qu'un homme. Il mérite notre vénération,
     comme un prophète divin, non point notre adoration comme une
     Personne divine.
          Ouvrons le fameux Catéchisme de Rakow, oeuvre de Fauste
     ^°cin mise au point par ses successeurs immédiats et publié en
      |605, en polonais, puis en allemand, en 1608, Je cite cette dernière
     édition :
          «Apprends-moi      ce que je dois croire de Jésus-Christ.
          — Fort bien. Tu sauras
                                       donc, qu'il y a deux choses à con-
558                                                            Doctrine

naître au sujet du seigneur Jésus : l'une regarde sa personne'
l'autre, sa fonction.
       — Quelle est celle qui regarde sa personne ?
       — (Il faut savoir) ceci : qu'il est par nature un homme vérl
table ainsi que l'Écriture l'atteste à maintes reprises, notamment
dans ce passage : « Il est le médiateur de Dieu et des hommes,
l'homme Christ-Jésus (I Tim. II, 5). Et ailleurs : « De même que
par un seul homme, la mort est venue, ainsi par un seul homme,
la résurrection des morts ». (I Cor. XV, 21). C'est ainsi que Dieu
 l'avait annoncé depuis longtemps. C'est ainsi que nous le présente
 la Confession de Foi, qu'on appelle le Symbole des Apôtres, que
 la chrétienté entière admet comme nous.
        — Ainsi, le Seigneur Jésus est un simple homme ?
        — Pas du tout, puisqu'il a été engendré de l'Esprit-Saint,
  qu'il est né de la Vierge Marie et qu'en vertu de sa génération et
 de sa naissance il est le Fils de Dieu, comme on le lit dans saint
  Lue (Luc. I, 35).
        — Tu m'as dit cependant que le Seigneur Jésus est un homme
  par sa nature. N'a-t-il pas une nature divine ?
        — Non, il n'en a point. Car cela est contraire non seulement
  à la raison, mais encore à la sainte Écriture.
        — Montre-moi comment cela est contraire à la raison ?
       '—Premièrement,        parce que deux essences, dont les pro-
  priétés sont contraires entre elles, ne peuvent aucunement être
  unies en une seule personne, telles que celles-ci : être mortel et
  immortel,     avoir un commencement         et n'en avoir point, être
  changeant      et immuable.
         De plus, parce que deux natures, dont chacune est par elle-
   même une personne, ne peuvent pas être réunies en une seule
   personne, car autrement elles devraient être non pas une personne
   mais deux en sorte qu'il y aurait deux Christs. Or, tout le monde
   sait qu'il n'y a qu'un seul Christ et qu'il n'a qu'une seule personne.
         — Mais à ceux qui avancent que le Christ est d'une nature
   à la fois divine et humaine, comme l'homme est composé de
   corps et d'âme, que faut-il répondre ?
         — On doit leur prouver que ce sont deux choses bien dit"-
   rentes : quand ils disent que deux natures sont ainsi unies dans
   le Christ et que le Christ est à la fois Dieu et homme. Car l'âme
   et le corps sont unis dans l'homme de telle façon que l'homtfCi
   à proprement      parler, n'est ni corps ni âme, puisque ni le c°rPs
    ni l'âme ne sont sa personne. Mais puisque la nature divin
   forme, d'après eux, une personne à elle seule, de même la natu
    humaine doit en faire une autre.
          — Montre-moi comment il est contraire à la sainte Écrite.
    de dire que le Christ a une nature divine.
Les Rationalistes    Protestants

      — Premièrement,        parce que la Sainte Écriture nous montre
seulement un être, qui soit Dieu par nature. Nous avons prouvé
plus haut que celui-là est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ.,
Deuxièmement,       parce que la même Écriture atteste que le Christ
par nature est homme, comme nous l'avons brièvement                démon-
tré ci-dessus. Par là, elle lui dénie la nature divine.
       Troisièmement,     la Sainte Écriture prouve que tout ce que le
 Christ a de divin est un don de son père. Et enfin elle nous en-
 seigne que cette nature divine serait en vain et sans raison dans
 le Christ, puisqu'elle     témoigne que le seigneur. Jésus-Christ      lui-
 même n'a jamais attribué ses oeuvres divines à soi-même ni à
 une nature divine mais seulement à son père.
       — Et pourtant les hommes s'efforcent de prouver par l'Écri-
  ture l'existence   de cette nature divine dans le Christ ?
       — Ils s'efforcent en effet, de le prouver de deux manières :
  d'abord, en tirant de l'Écriture au sujet du Christ, ce qui n'y est
  point contenu.     Ensuite, en appliquant       très faussement    à leur
  opinion ce que l'Écriture       dit du Christ.
        — Je vois maintenant         que le Christ n'a point une nature
   divine, mais qu'il est vraiment        un homme par nature. Mainte-
   nant, montre-moi     comment la connaissance       de ce mystère (sic !)
   est nécessaire au salut ?
        — Je te montre cela aussi, à savoir que de cette certitude que
   le Christ est un homme véritable,           découle une puissante        et
   complète assurance de notre espérance du salut, qui se trouve
   affaiblie par l'opinion contraire et même complètement           détruite
   par elle.
        — Comment prouves-tu           cela ?
       — Ainsi : parce que de l'opinion contraire il suit que le
  Christ n'est pas un homme véritable, puisqu'on ne lui reconnaît
  point la personnalité  humaine, sans laquelle on ne saurait être
  un homme. Or, si le Christ n'est pas un homme véritable il n'a
  pu mourir vraiment pour nous, ni ressusciter vraiment des morts.
  Et de la sorte, notre espérance qui repose sur la résurrection du
  Seigneur, comme sur son fondement, se trouve affaiblie et même
  totalement ruinée. Tout au contraire, la croyance qui reconnaît
  le Seigneur Christ comme un homme véritable
                                                   qui, dés son entrée
   dans le monde a été obéissant à son Père, jusqu'à sa mort et qui
   a souffert et
                 que son Père a ressuscité des morts et à qui il a
   donné l'immortalité, cette croyance-là  affermit notre espérance
   "u salut au delà de toute mesure et nous
                                                représente vivement
   comment nous-mêmes, en marchant sur ses traces, bien que nous
   Soyons mortels, cependant,   en temps voulu, nous ressusciterons,
   ^ Posséderons avec lui l'immortalité..»
560                                                              Doctrine


        J'ai voulu citer ces pages en entier pour donner une idée de
l'esprit qui anime le Catéchisme de Rakow. Le rationalisme ne
fait encore que commencer son oeuvre. Longtemps, il restera figé
dans sa position primitive. Le Catéchisme a un ton si dogmatique
que l'esprit critique s'y trouve de nouveau enchaîné, dans une
 intenable position. Mais le protestantisme       continuera à sécréter
 de nouveaux dissolvants et notre dévotion au Sacré-Coeur n'aura
 pas de plus mortels adversaires que ces froids ergoteurs qui pré-
 tendront parler à la fois au nom de la raison et de l'Écriture, ou
 au nom de la raison toute seule : les jansénistes et les rationalistes
  du XVIIIe siècle.
         En passant en revue toutes ces prétendues          restitutions   du
  christianisme,    il est difficile de ne pas approuver les belles ré-
  flexions que faisait récemment un écrivain du plus grand talent,
  Louis Bertrand, dans la Revue des Deux-Mondes ( 1er janv. 1922) :
         « Il en est de ces villes mortes, exhumées par l'archéologie
   comme de ces constructions         savantes et artificielles auxquelles
   se livrent des exégètes et des théologiens dissidents, logiciens
   aux formules trop rigides et tranchantes         qui prétendent       nous
   restituer   dans toute sa pureté on ne sait quel christianisme
   primitif. Ici, nous n'avons plus qu'un ossement décharné de la
   cité morte, — encore sans bien savoir au juste si cet ossement
   en était ou non une partie essentielle, — et là, nous n'avons plus
    qu'un cadavre de doctrine, cadavre mutilé et déserté par l'âme
   vivante de la tradition. »
                                                         L. CRISTIANI.




        L'abondance des matières nous oblige à reporter au mois pro-
   chain une très belle étude du R. P. Masson, des Sacrés-Coeurs ai
              sur l'Association  extérieure  des Sacrés-Coeurs   et dc
   Picpus,
                                                                  dans
   l'Adoration    perpétuelle du Très-Saint Sacrement de l'autel
   l'Amérique du Sud.
' 561
Les « Scapulaires    » Vendéens      du Sacrë-Coeur



                                     du      Coeur          de     Jésus
l'iconographie
                        dans       les    armées

       contre-révolutionnaires                     de   la Vendée



       Un simple post-scriptum           à l'étude du mois dernier sur les
Insignes de ralliement de l'armée vendéenne dits ;<Scapulaires
du Sacré-Coeur » :
       Après les guerres contre-révolutionnaires,             bien plus encore
qu'au XVIIIe siècle, l'usage du Coeur de Jésus, sur étoffe, resta
en Vendée, un emblème affectionné par la piété populaire.
       Durant le XIXe siècle, comme encore aujourd'hui,                   elle fut
l'insigne des pèlerinages et des pèlerins vendéens. En plusieurs
paroisses la coutume était de la placer sur le coeur des agonisants
comme un préservatif contre les tentations dernières et pour que
le coeur du chrétien cesse de palpiter sous l'image de Celui de
son Sauveur. Ailleurs-—on              la mettait en place d'honneur          dans
les maisons et je l'ai vue même dans l'a grange d'une ferme
 de la paroisse de Largeasse (Deux-Sèvres)                avec l'inscription    au
 crayon : Mon Dieu protégés nous et nos affercs — ; prière naïve
 que la liturgie exprime plus savamment,               mais non moins expres-
 sément dans les supplications              des Litanies des Saints.          Pour
 ces usages de la vie familiale un modèle spécial d'insignes fut
 créé est mis en commerce.              Il présente, sur une toile blanche
 dentelée un Sacré-Coeur              imprimé       en rouge, entouré d'une
 couronne       d'épines     formant       cadre ovalaire,        et accompagné
  de l'injonction     impérative : ARRÊTE, LE COEURDE JÉSUS EST LA.
        Plusieurs de ces insignes furent recueillis sur les champs
  de bataille de 1870, et quelques-uns             ont été placés depuis dans
  les collections de l'Ecole d'Anthropologie              de Paris, section des
  amulettes,      sous    la désignation         : « Préservatifs     contre     les
  balles » (!!), (1) les organisateurs        n'ayant pas compris que l'ins-
  cription, dans la pensée de son inventeur,                 s'adresse non aux
  projectiles prussiens ou autres, mais à l'Esprit du Mal !
         Pour plus régulier et plus significatif avec sa formule d'exor-
   cisme, ce type de « scapulaire du Sacré-Coeur », ne saurait pourtant
   faire oublier les anciens insignes où chacun mettait un peu de
   s°i, un peu de ses affections politiques quelquefois, mais surtout
   beaucoup de sa confiance et de sa foi.
         En juin 1888, aux fêtes triomphales                de la béatification
   ^ P. de Montfort,          le grand promoteur          de la piété envers le
    _„ Sy> Cf; La Société: l'Ecole et le Laboratoire d'Anthropologiede Paris à l'Ex-
    wsilionuniversellede 188!).-— Ch: IV. 308 - 329.-
562                                                              Doctrine

Coeur de Jésus dans l'Ouest au temps de Louis XIV, les 25.000
fidèles venus à Saint-Laurent-sur-Sèvre     (Vendée),   de toute
l'ancienne Vendée .- Militaire surtout, portaient  presque tous
l'insigne traditionnel.




       Sacré-Coeurporté par S. E. le Cardinal Place, archevêque de Rennes
       Je possède celui qu'y porta, sur la pourpre romaine, FÉmi-
 nentissime     archevêque      de Rennes,       cardinal   Place. C'est un
 grand rectangle        de fine étoffe blanche,        au pourtour    dentelé,
 de douze centimètres        et demi sur onze ; au milieu, uiï ovale è
 velours pourpre -à reflets chatoyants           porte un coeur d'or blessé
 de rouge extraordinairement            saillant,    surmonté     de flamntf
 brodées en passementeries          d'or et d'une croix formée de cïï
 petites plaques d'or ; du coeur tombent de gouttes en soie écarîat
        Encadrant     le coeur, une Couronne d'épines, en fine pass
 menterie d'or, suit l'ovale de la pourpre dentelée. C'est le pi
  somptueux      insigne du Sacré-Coeur que je connaisse, et si
  pauvre gravure en rend fidèlement             les lignes elle est bien lo"
  d'en laisser soupçonner        la magnificence.         Loudun (Vienne)
                (A suivre)                    L. CHARBONNEAU-LASSAY.
//. — PT'ÉTÉ


  Verbum                  caro             factum             est       (0

                   Le   Verts      S'est    fait    chair


        En deux mots d'une saisissante énergie, S* Jean, dès le début
  de Son Évangile, mesure l'abîme que l'amour de Dieu s'est imposé
; de franchir pour nous sauver.
'.      Quelle antithèse en effet dans ces mots : « Le Verbe S'est
  fait chair » ! Et quel contraste, quelle opposition dans les choses
                         '!
   qu'ils expriment
         Le Verbe n'est-Il pas le Fils unique de Dieu, Dieu lui-même,
   pur esprit, éternel comme Son Père, le principe indéfectible de
   toute vie, la source intarissable de toute beauté, de toute bonté,
   de toute pureté, de toute sainteté ?
         Et la chair n'est-elle pas au contraire matérielle, sensible
   et sensuelle, faible et faillible, « caro infirma », aussi exposée aux
   humiliations du vice que vouée aux horreurs de la décomposition
   dans la tombe ?
         Comment donc notre bon Sauveur a-t-Il pu dans Son Incar-
   nation concilier les exigences de notre sanctification             avec le
    suprême souci de Sa propre sainteté ?
         La réponse confond le coeur de l'homme tant elle dépasse
    ses espérances !
         Tout en prenant un corps semblable au nôtre, «in similitu-
    dinem carnis peccati » (2).         ;
         Non seulement le Verbe divin préserve sa chair adorable de
    la lèpre du mal, héréditaire dans la lignée humaine ;
          mais, comme il convenait à un Sauveur, Il purifie nos
    Propres membres de la souillure originelle, et sans détruire là
     concupiscence, nous permet par Sa grâce d'en prévenir ou d'en
     combattre les effets ;
          H fait plus : par la plus insigne des faveurs, Il nous élève
     Jusqu'à Lui, unit d'une même vie de justice nos âmes à Son âme,
     et>par cette justification même, nos corps purifiés à Son corps
         (1) S'Jean (I. 14.)
     r. V-)«Une chair semblable à celle qui est sujette au péché ». (S4 Paul aux
      ^mains, VIII. 3.)
564                                                                       Piété

immaculé, faisant ainsi de nous les membres de Son corps mys-
tique (1) : « Membra sumus corporis Ejus ». ; (2)
       Mettons les choses au point.
       I. Et tout d'abord reconnaissons   qu'en dehors de la justi-
fication et de la discipline    du Christ, la chair est la grande
coupable. Elle est en effet :
a) LA      GRANDE         CORRUPTRICE                ;
     celle qui invite, pousse et entraîne à la volupté.     Et elle le
fait de mille manières, notamment      :
     — par les provocations     d'une mode éhontée ;
     — par les suggestions de la toilette et du maquillage ;
     — par les sollicitations  d'une tenue lascive et sensuelle ;
     — par les avances brutales d'un impudent          décolletage ;
     — par l'agression effrontée du regard, du geste ou du tact ;
     —- par les exemples d'un libertinage     effréné ;
     — par les propositions    abjectes de la prostitution     ;
     — etc.,    etc..

b)    ET   LA     GRANDE           PERVERTIE;
       car le jour où l'orgueil a contaminé l'âme humaine, le même
jour l'impureté,        cet orgueil de la chair, a souillé le corps de
l'homme ;
       Et cette dépravation         originelle, qui s'appelle la concupis-
cence, et que nous apportons              en naissant,      ne meurt qu'avec
nous. Parfois après de longues accalmies les passions s'embrasent
plus ardentes ; tel, un volcan depuis longtemps endormi brusque-
 ment se réveille. Et parfois à-la-sérénité d'une vertueuse jeunesse
 succèdent les noirs orages de l'âge mûr : ce qui faisait jeter au
 poète ce défi attristé :
                « Laisse vieillir ton innocence
                « Avant de croire à ta vertu. » (3)
       Or, dans la vie que ne pénètre pas la religion, tout conspire
 pour attiser et enflammer la concupiscence               :
       — dans l'individu,       c'est l'horreur de la contrainte,       principe
 d'inavouables       désordres et d'humiliantes         capitulations    : —'a
 complaisance      donnée, sous prétexte d'hygiène, au soin du corps ;
 — la sensualité flattée et accrue par la délicatesse, la variété et
 le raffinement      des mets ; — la mollesse entretenue           par le berce-
 ment de la musique,           la finesse des parfums,         le moelleux àtt
 tissus, l'habitude       du bien-être ; etc..
      (1) C'est-à-dire unis par leur pureté, leurs souffrances et leurs expiati0IlS
 à la vie et aux mérites du divin Crucifié.                                 , ..,
      (2) « Nous sommes les membres de Son corps ». (S* Paul aux Epnesu.
 V. 30.)
      (3) Victor Hugo.
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  • 1. Regnabit. Revue universelle du Sacré-Coeur. 1921/06. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés sauf dans le cadre de la copie privée sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source Gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue par un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter reutilisation@bnf.fr.
  • 2. 1« ANNÉE - N° 12 m'Ai 1S2* UN AN APRÈS i Au mois de mai 1921, s'envolaient les premiers exemplaires de Regnabit. Ils partaient, assurés des bénédictions du Sacré- Coeur puisqu'ils avaient celles des princes de l'Église. Ils allaient, certains que, par le monde, il y a des âmes, en grand nombre, qui attendent, inconsciemment parfois, la parole profonde et ardente qui soutient et qui enflamme. Nos espérances ont été dépassées. Et notre premier devoir est de remercier le Sacré-Coeur des grâces accordées. Vous me permettez bien, Amis, de vous remercier après Lui. Vous avez été délicatement bons, Et dévoués. Vous avez su trouver les paroles du coeur : du coeur, parce qu'elles en viennent ; du coeur, parce qu'elles y vont. Vous, bon Père Jésuite, qui m'avez dit votre « enthou- siasme » et qui saluez en -Regnabit la Revue de l'avenir. Et vous, bon Père Carme : «Si J'étais riche, m'écrivez- vous, je vous donnerais beaucoup d'argent pour la diffusion de Regnabit ; mais je suis un pauvre prêtre... J'ai demandé à un de mes amis ce billet de 15 francs pour la propagation de Regnabit. Tous mes chers élèves ont communié pour cette même intention ». Et vous, prêtre, mon frère, pour qui. j'ai bien remercié Jésus puisqu' Il a permis que Regnabit soit pour vous, « person^ nellement, au moment même, ce qu'il fallait »... Et toi, mon petit Jean, que je n'ai jamais vu et que j'aime >en, quoique — tu veux bien que je dise cela— tu as commis "ne grosse faute d'ortographe (!) dans tajbonne lettre généreuse...
  • 3. 530 Doctrine Et vous, Apôtre, quiavez fait ce joli geste d'éterniser Regnabit dans les murailles; même de la grande Basilique du Sacré-Coeur. Car vous avez envoyé votre offrande. Mais «il est bien entendu que cette offrande donne droit à une inscription sur une pierre noyée dans la maçonnerie, et que cette inscription sera Regnabit ». Et vous, Madame,... « Si je pouvais... vous n'auriez pas à demander le pain matériel de Regnabit. Mais, mon Père, si un jour, les besoins étaient urgents, j'ai des bijoux, j'ai quelques titres. Vous n'aurez qu'à me dire qu'il les faut... 11 faudrait que les abonnés de Regnabit ne se contentent pas de donner le prix «du tarif ». Il faudrait qu'ils proportionnent leur prix d'abon- nement aux besoins de la Revue. Ce serait une belle preuve de sympathie, une force, un exemple. Ceux du Sacré-Coeur ne pourraient-ils pas le faire ? Des laïques l'ont fait, pour leur journal. Je n'oublierai jamais leurs accents émouvants. Ils criaient : « Nous mourons faute de pain. Nous voulons vivre, parce que les autres feraient trop de mal. Comprenez, et aidez- nous ». Regnabit ne peut pas mourir. Mais Regnabit peut faire plus ou moins de bien, s'il est plus ou moins lu. Et il faut qu'il en fasse î ». Il en fera beaucoup, madame. Grâce à vous, Grâce à tous ses amis.. Et je vous remercie d'avoir compris et crié le désir de Regnabit. ..., Je l'ai dit. Je le redis. Regnabit doit vivre. Et il le veut. Surtout, Regnabit veut réaliser sa tâche immense. Et je crois accomplir un devoir en exprimant ici, une fois de plus, toute ma pensée. Il faut nous convaincre que le Sacré-Coeur n'a pas dans la vie chrétienne, dans la pensée catholique, la place qui Lui revient. Il est bien loin dé l'avoir dans la vie chrétienne. Beaucoup plus loin encore de l'avoir dans la pensée catholique. Et j'ajoute, dans la pensée des dirigeants. Àh ! j'ai des documents douloureux ! Comment se fait-il que nous en soyions là ? Je l'ignore. Mais, voici des vérités qui me semblent lumineuses comme des principes, certaines comme des axiomes. 1° C'est le droit et la gloire du Sacré-Coeur de paraître dans tout son rayonnement. 2° C'est l'intérêt et le bonheur des âmes de Le contemp'er ainsi : vraie façon dé bien Le connaître, vrai moyen d'apprendre à' L'aimer.
  • 4. Doctrine 531 Vous voulez attirer les âmes au Sacré-Coeur ? Montrez-Le dans son rayonnement immense. Vous introniserez le Sacré- Coeur dans la pensée catholique. * * * Et le moyen de répandre partout Regnabit ? Vous en avez trouvé un, bien simple, ma soeur, en Amérique. Et je vous laisse l'expliquer vous-même aux amis de Regnabit. ...« J'ai envoyé Regnabit à une jeune parente qui a eu l'heureuse idée d'y abonner la bibliothèque paroissiale ; ainsi, me disait-elle, beaucoup de personnes pourront la lire. Ce moyen de propagande, que j'ai suggéré à une autre personne, est à répandre. Si chaque bibliothèque paroissiale avait sa Revue Universelle du Sacré-Coeur, quelle diffusion de notre chère dévotion !» — Oui, obtenez que s'abonnent... les bibliothèques, les OEuvres, afin que le Sacré-Cosur rayonne toujours davantage. Et puis, continuez l'apostolat individuel. Je sais bien la difficulté. Beaucoup d'âmes ont le grand tort — dont profite le démon — de trop se défier d'elles-mêmes. Elles s'imaginent qu'elles ne sont pas capables de s'intéresser aux Revues sérieuses. Ce sont là précisément les Revues qu'il leur faut. Persuadez-leur de faire pendant un an, une expérience loyale. Qu'elles fassent l'effort de monter ! Elles verront combien il leur était facile de s'élever ! Tout près d'ici habite un bon chrétien — qui sourira en lisant cette page — et qui disait l'autre jour à un apôtre du Sacré-Coeur : « Regnabit ? C'est curieux ! D'abord il me semblait trop,élevé pour moi. Maintenant,... j'en raffole. » — Eh ! non, mon ami, ce n'est pas étonnant. C'est très normal. Vous pouviez vous élever : vous vous êtes élevé, voilà tout. Et cela s'est fait S1naturellement que vous ne vous en êtes pas aperçu. Mais combien d'âmes en sont encore au point où vous étiez jadis, et qui elles aussi, si vous les persuadez qu'elles le monteront, Peuvent, et qu'elles le doivent ! , , Conclusion, que je vous dis sans àmbage, persuadé que ce faisant je vous donne une marque de confiance et que je réponds at]K désirs du Sacré-Coeur. Voici le mois des Ré-abonnements, » faut qu'aucun abonnement ne revienne seul. Ah ! le Sacré-Coeur m'est témoin que les questions d'argent ue'Paraissent, futiles !
  • 5. 532 Doctrine Mais un abonnement, c'est une âme. Donnez-moi des âmes. Il faut que cette année, mieux que l'année précédente, et l'année prochaine mieux que cette année, se réalise la prophétie du Plan actuel : Videbunl in quem transfixerunt : Ils regarderont le Divin transpercé ! II Elle le contempla la première, la Douce Vierge que nous honorons spécialement en ce mois de l'espérance. La première Garde d'Honneur. — Fresque de la chapelle de la Visitation Sainte Marie, Bourg (Ain) — Hauteur des personnages : 2 mètres. Aussitôt ^accompli le mystère du coup de lance, elle s'approche, anxieuse, émerveillée, angoissée, avide pourtant de scruter les abîmes. Hélas ! quelle admiration I lui faisait dire le trouvère picard (1). Hé ! que voy-je ? hé I que voy jou ? Mon chièr ami, à quoi sert chou ? Hé, filz, je voy ton cuer perciet. Oui, « c'est bien le coeur qu'elle voit dans la plaie W ouverte». Quand nous regardons, sans qu'apparaisse lé coeur, la p'a1^ du coup de lance, nous l'appelons comme d'instinct la plaie" 1 côté. Pourquoi donc ? (!) P?<<wttt. N° ("août 1921, T. I, p. 163.
  • 6. Poctrine : 533 Hé, Dieu; je voy ton cuer perciet. Ainsi voyait la « dolereuse » adorante, Que j'ai une autre raison encore de vous montrer aujourd'hui. Tous les peuples ont reconnu en Marie la Reine de la France. La famille entière de Regnabit se réjouira de voir l'Église elle- même confirmer ce titre qui nous honore tous. BREF DE S. S. PIE XI QUI DÉCLARE LA SAINTE VIERGE PATRONNE PRINCIPALE ET SAINTE JEANNE D'ARC SECONDE PATRONNECÉLESTE DE LA FRANCE. Les Pontifes romains, nos prédécesseurs, ont toujours, au cours des siècles, comblé des marques particulières de leur pater- nelle affection la France, justement appelée la fille aînée de l'Eglise. Noire prédécesseur de sainte mémoire, le Pape Benoît XV, qui eut profondément à coeur le bien spirituel de la France, a pensé à donner à cette nation, noble entre toutes, un gage spécial de sa bienveillance. En effet, lorsque, récemment, Nos vénérables Frères, . les Cardinaux, Archevêques et Evêques de France, d'un consente- ment unanime, lui eurent transmis par Notre vénérable Frère, Stanislas Touchet, Evêque d'Orléans, des supplications ardentes et ferventes pour qu' Il daignât proclamer patronne principale de la Nation française la bienheureuse Vierge Marie reçue au Ciel, et seconde patronne céleste, sainte Jeanne, pucelle d'Orléans, Notre prédécesseur fut d'avis de répondre avec bienveillance à ces pieuses requêtes. Empêché par la mort, il ne put réaliser le dessein qu'il avait conçu. Mais à Nous, qui venons d'être élevé par la grâce divine sur la chaire sublime du Prince des Apôtres, il nous est doux et agréable de remplir le voeu de Notre très regretté prédé- cesseur et, par Notre autorité suprême, de décréter ce qui pourra devenir pour la France une causé de bien, de prospérité et de bonheur. Il est certain, selon un ancien adage, que « le Royaume de France » a été appelé le « Royaume de Marie », et cela à juste titre. Car, depuis les premiers siècles de l'Eglise jusqu'à notre temps, bènéjs et Euçher de Lyon, Hilaire de Poitiers, Anselme, qui, de -... France, passa en Angleterre comme Archevêque, Bernard de Clair- vaux, François de Sales, et nombre d'autres saints docteurs, ont célébré Marie, et ont contribué à promouvoir et amplifier à travers la France le culte de ta Vierge Mère de Dieu. A Paris, dans la "'es célèbre Université de Sorbonne, il est historiquement prouvé lue, dès le treizième siècle, la Vierge a été proclamée conçue sans Pechi. Même les monuments sacrés attestent d'éclatante manière antique dévotion du peuple à l'égard de la Vierge Mère de Dieu, Parmi lesquelles on aime à rappeler comme les plus célèbres celles
  • 7. ' 534 Doctrine qui s'élèvent à Reims, à Paris, à Amiens, aH2outances et à Rouen. L'immense affluence des fidèles accourant "de loin chaque année' même de notre temps, aux sanctuaires de Marie, montre clairement ce que peut dans le peuple.la piété envers la Mère de Dieu, et plu- sieurs fois par an, la Basilique de Lourdes, si vaste qu'elle soit - est incapable de contenir les foules innombrables de pèlerins. La Vierge Mère en personne, trêsorièré auprès de Dieu de toutes les grâces, a semblé, par des apparitions répétées, approuver et con- firmer la dévotion du peuple français. Bien plus, les principaux et les chefs de la nation se sont fait gloire longtemps d'affirmer et de défendre cette dévotion envers la Vierge. Converti à la vraie foi du Christ, Clovis s'empresse, sur les ruines d'un temple drui- dique, de poser les fondements de l'église Notre-Dame, qu'acheva son fils Childcbert. Plusieurs temples sont dédiés à Marie par Charlemagne. Les ducs de Normandie proclament Marie Reine de la nation. Le roi saint Louis récite dévotement chaque jour l'office de la Vierge. Louis XI, pour l'accomplissement d'un voeu, édifie àCléry un temple à Notre-Dame. Enfin Louis XIII consacre le royaume de France à Marie et ordonne que chaque année, en la fête de l'Assomption de la Vierge, on célèbre dans tous les diocèses de France de solennelles fonctions : et ces pompes solennelles, nous n'ignorons pas qu'elles continuent de se dérouler chaque année. En ce qui concerne la Pucelle d'Orléans, que notre prédé- cesseur a élevée aux suprêmes honneurs des saints, personne m peut mettre en doute que ce soit sous les auspices de la Viergt qu'elle ait reçu et rempli la mission de sauver la France. Car d'abord, c'est sous le patronage de Notre-Dame de Bermont, puis sous celui de la Vierge d'Orléans, enfin de la Vierge de Reims, qu'elle entre- prit d'un coeur viril une si grande oeuvre, qu'elle demeura sans peur en face des épées dégainées et sans tache au milieu de la licenct des camps, qu'elle délivra sa patrie du suprême péril et rétablit . le sort de la France. C'est après en avoir reçu le conseil de ses voix célestes qu'elle ajouta sur son glorieux étendard le nom U Marie à celui de Jésus, vrai Roi de France. Montée sur le bûcher, c'est en murmurant au milieu des flammes, en un cri suprême, les noms de Jésus et de Marie, qu'elle s'envola au Ciel. Ayant dont éprouvé le secours évident de la Pucelle d'Orléans, que la Francs reçoive la faveur de cette seconde patronne céleste : c'est ce o& réclament le clergé et le peuple, ce qui fut déjà agréable à NoW prédécesseur et qui nous plaît à Nous-même. C'est pourquoi, après avoir pris les conseils de Nos Vénérable Fils, les cardinaux de la sainte Eglise romaine préposésgfl^ Rites, Motu proprio, de science certaine et après mûre délibération, dans la plénitude de Notre pouvoir apostolique, par la force d& présentes et à perpétuité, Nous déclarons et confirmons que M .Vierge Marie Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans
  • 8. poctwne 535 ARMES DE FRANCE Sur la première couleur, le Sacré-Coeurà qui la France est officiellement consacrée. Sur la deuxième, le monogramme de la Vierge, sa patronne principale ; Sur la troisième, les armes de Jeanne d'Arc, sa «seconde patronne céleste ».
  • 9. tVoctrine 536 le Ciel, a été régulièrement choisie comme principale patronne de toute la France auprès de Dieu, avec tous les privilèges et les honneurs <que comportent ce noble titre et cette dignité. De plus, écoutant les voeux pressants des Evêques, du clergé et des fidèles des diocèses et des missions de la France, Nous décla- rons avec la plus grande joie et établissons l'illustre Pucelle d'Orléans, admirée et vénérée spécialement par tous les catholiques de France comme l'héroïne de la religion et de la patrie, sainte Jeanne d'Arc, vierge, patronne secondaire de la France, choisie par le plein suffrage du peuple et cela encore d'après Notre suprême autorité apostolique,* concédant également tous les honneurs et privilèges que comporte selon le droit ce titre de seconde patronne. En eonséquence, Nous prions Dieu, auteur de tous les biens, que, par l'intercession de ces deux célestes patronnes, la Mère de Dieu élevée au Ciel et sainte Jeanne d'Arc, vierge, ainsi que des autres saints patrons des lieux et titulaires des églises, tant des diocèses que des missions, la France catholique, ses espérances . tendues vers la vraie liberté et son antique dignité, soit vraiment la fille première née de l'Eglise romaine ; qu'elle échauffe, garde, développe par la pensée, l'action, l'amour, ses antiques et glorieuses traditions pour le bien de la religion et de la patrie. — Très Saint Père, vous êtes bon. m C'est avec une reconnaissance avivée que nos yeux se tour- neront vers Rome en ce mois du XXVI 0 Congrès Eucharistique international. Ce Congrès, dit S. E. le Cardinal Vicaire dans son « Invito Sacro » ce congrès « veut être un grand acte de foi, un hommage enthousiaste d'adoration et d'amour à Jésus qui, dans le sacre- ment de l'autel, en éclairant notre foi, et en nous facilitant l'observance de la loi de Dieu, est le doux repos des âmes, le lien qui unit tous les hommes comme des frères autour de son trône ». Chaque jour les amis de Regnabit réciteront la «Prière pour le Congrès » qu'approuva et indulgencia S. S. Benoît XV à-la demande de S. G. Mgr Heylen, en son audience du 5 dé- cembre 1921. 0 Jésus, qui vous donnez en nourriture à nos âmes, daigne* couronner d'un, plein succès, le prochain Congrès eucharistique international. Inspirez-en les travaux, les résolutions et les voeux, agréez les hommages solennels qui vous y. seront rendus, enflammez les coeurs des prêtres et des fidèles, des parents et des enfants, ojin ,'.- que la communion fréquente et quotidienne et la communion précoce
  • 10. Dessin à la plumed'une vieillestatué en bois.
  • 11. 538 ©octrine soient en honneur dans tous les pays du monde et que le règne social du Sacré-Coeur soit partout reconnu. Coeur Sacré de Jésus, bénissez le Congrès. Saint Pascal Baylon, priez pour nous. La douce demande :... que le règne social du Sacrê-Comt soit partout reconnu ! Le noble but aussi à nos efforts ! Nous y travaillerons. Nous prierons. ... «Quelle joie, m'écrivait une religieuse, quelle joie de penser que Regnabit va porter, le nom et le culte du Sacré-Coeur aux quatre coins du monde ! Puisse-t-elle profiter de son uni- versalité pour demander à tous et à chacun de jeter sans cesse vers le ciel cet appel ardent : « Coeur Sacré de Jésus, que votre Règne arrive » ! Si ce cri partait de tous les centres où pénètre Regnabit, quelle force d'intercession monterait vers le ciel!» Dès aujourd'hui établissons le Règne du Sacré-Coeur dans nos âmes. ... Que la Vierge bénie offre elle-même notre coeur au doux Enfant qui se tendra pour le prendre. F. ANIZAN.
  • 12. LES IDÉES '" Grand " Le Apostolat du mois du Sacré-Coeur Les Documents Pontificaux se rapportant à l'excellente pratique du Mois DU SACRÉ-COEUR sont des plus expressifs et des plus concluants. . > Ils se passent, littéralement, de tout commentaire. Nul exercice de dévotion envers le Sacré-Coeur n'a été gratifié — au total — de faveurs spirituelles aussi riches. Nul, surtout, ne comporte autant de Solennité Populaire Universelle. Exception faite, évidemment, pour la Solennité Liturgique de la: Fête du .Sacré-Coeur de Jésus. D'ailleurs, le «Mois SOLENNEL DU SACRÉ-COEUR» encadre — à merveille — la « FÊTE SOLENNELLE DU SACRÉ-COEUR». II la prépare... Comme il la couronne !... Dignement ! Ces faveurs spirituelles octroyées par l'Église, à l'exercice du Mois du Sacré-Coeur ; —- faveurs d'abord diocésaines, (1) Puis universelles ; exercice tant privé, que publique — (1) Par exemple,pour le diocèsede Nantes, PIE IX — « Lettres apostoliques » (m forme de BREF)Exponendum Nobis curavit, du 27 septembre 1869 — accorde une Indulgencede 300 jours pour « chacun des trente-troisjours » (sic), c'est-à-dire : pour « te mois de juin, en entier, et les trois premiers jours de juillet a et une Indul- genceplénière, aux conditions ordinaires, à tous ceux « qui, au moins pendant seizejours », auront assisté à 'l'exercice du Mois du Sacré-Coeurfait « à la cathé- draleou dans les autres églises de la ville et du diocèsede Nantes, à désigner par 1ordinaire.» Ce BREFa été publié dans le « MANDEMENT 7) de MM. les Vicaires Capi- (n° le "Jtoires, Siègevacant, pour le saint temps de Carêmede l'an de grâce 1870SURLA "EVOTION SACRÉ-COEURJÉSUS. AU DE » . Les Vicaires Capitulaires étaient : M. RICHARD, mort cardinal-archevêque et PARIS, M. LABORDE, tard évêque de NANTES. plus
  • 13. 540 Doctrine Les exhortations réitérées et pressantes des Souverains Pontifes Pie IX et Léon XIII ; Les fruits excellents recueillis partout ; Un grand zèle pour les âmes et un brûlant amour pour le Coeur de Jésus ; Et, aussi, croyons-nous, une spéciale inspiration du ciel ; — ont suggéré, sur la fin du règne de Léon XIII, à quelques âmes d'élite, en Italie, — au profit du Mois solennel et universel du Sacré-Coeur — une véritable « Croisade moderne ». Le mouvement est parti de Naples. Il s'est étendu — royalement — à tout l'Univers. Naples est resté le'centre et le foyer de l'ardente campagne, menée depuis plus de vingt ans, avec.les plus inlassables efforts et les plus consolants succès. Son nom est significatif. Il formule tout un programme : LE GRAND APOSTOLAT DU MOIS DU SACRÉ-COEUR *** Mieux qu'une pâle notice,les documents circonstanciés qu'on va lire renseigneront utilement les amis du Sacré-Coeur. On a pu écrire qu'ils sont « sans exemple dans l'histoire des largesses de la Sainte Église. » Puisse leur connaissance éclairer et stimuler le zèle de tous, et de chacun, à tous les degrés de l'échelle sociale — ou cléricale — catholique. * * * DOCUMENTS. I . LETTRE DE LÉON XIU, du 10 Avril 1902, accordant la « Béné- , diction Apostolique à ceux qui propageront ce pieux exercice» du. Mois du Sacré-Coeur de Jésus. Nous regrettons de ne point posséder, le texte original intégral de ce document. -'.-... H LETTRE-ADRESSE à Sa Sainteté Pie X, du chanoine Louis ;.-.; Caruso, de Naples, en date du 11 juillet 1906, sur l'oeuvre du «Grand Apostolat du Mois du Sacré-Coeur ».(1) (1) Voir ANALECTA volume XIV, année 1906, p. 407 et stiiv EÇCLESIASTICA,
  • 14. ke mois du Sacré-Coeur 541 Texte original Italien. Traduction littérale de Regnabit. « Beatissimo Padre, Très Bienheureux Père, « Il convicimenlo, che il pio La conviction que le pieux esercizio del Mese consecrato al exercice du Mois consacré au Cuore Divino sia il mezza Coeur Divin est le meilleur moyen, migliore di estendere e di perfezio- d'étendre et de perfectionner la nare la devozione a quel Cuore - dévotion à ce Coeur Sacré, a SSmo, mosse dlcuni del Sacre- poussé quelques prêtres et dozio e del laicato napolitano a quelques laïques de Naples à dare opéra, con la Benedizione travailler, avec la Bénédiction de del loro Cardinale Arcivescovo, leur Cardinal Archevêque, à la alla propagazione di quel santo propagation de ce saint exercice. esercizio.Segui nel 1902, il nostro Suivit, en 1902, notre Congrès en Congresso in omaggio al Cuore hommage au Coeur Sacré de SSmo di Gesii, Congresso che Jésus, Congrès qui applaudit molto plauso fe' ail' opéra loro, beaucoup à leur oeuvre et l'encou- . e l'incoraggiô' si che prese incre- ragea au point qu'elle prit de mento, e ne venue su il Grande l'accroissement et qu'en surgit le Apostolato del Mese del Sacro Grand Apostolat du Mois du Cuore, grande nella sua piccio- Sacré-Coeur, grand dans sa peti- lezza per l'ardore dei desiderii e tesse par l'ardeur de ses désirs et la forte aspirazione a universalità. par sa forte aspiration à l'uni- Cotesio, apostolato mira a che l''eser- versalité. Cet apostolat vise à ce cizio del Mese del Sacro Cuore que l'exercice du Mois du Sacré- non pur si ponga (?) in ogni Coeur non seulement se fasse dans Chiesa, ma in tuile le Case Reli- toute Église, mais dans toutes les giose, / Seminarï, i Collegi, i Maisons Religieuses, les Sémi- Laboratorii, le Officine, gli Ospc- naires, les Collèges, les Ouvroirs, âali, le Famiglie lutte, e dovunque les Ateliers, les Hôpitaux, toutes si compta in modo che non con- les Familles; et que partout il. sista solo in un po' di preci e di s'accomplisse d'une manière qui pratiche esteriori, ma risulti corne ne consiste pas seulement en un nna sacra Missione universale, la peu de prières et de pratiques quale, atlingendo ogni efficacia extérieures, mais qu'il en résulte dalla consideraztone dell' infinita comme une Mission Sacrée Uni- dolcezza e misericordia del Cuore verselle, laquelle, atteignant toute di Cristo, valga possentemente a efficacité en considération de r'formaré la vita individuale e l'infinie douceur et miséricorde du sociale conformandola ail' Idéale Coeur du Christ, vaille puissam- supremo di ogni verità, bontà e ment à réformer la vie indivis bellezza, che è Cristo S. N. duelle et sociale en la conformant à l'Idéal suprême de toute vérité, bonté et beauté, qu'est le Christ « 'H Grande Nôtre-Seigneur. Apostolato del Le Grand Apostolat du Mois du Mese del Sacro Cuore, veniva in Sacré-Coeur en vint, la même W medesimo ànno, 1902, dalla année, 1902, à être béni avec °- M. di Leone XIII con effusion par Léon XI II, de effusione ^neoletto. E, daquel tempo inde- lessamentenon perdonando a sacri- sainte mémoire. Et, depuis ce 'iJM di sorta, tutto ha messo in temps, infatigablement, n'épar- gnant sacrifice d'aucune sorte, il
  • 15. 542 Doctrine opéra, che gli è parso al suo fine a mis en oeuvre tout ce qui lui j rispondente : stampa e larghis- paru répondre à sa fin : impres- sima diffusione gratuita di speciali sion et très large diffusion gra- opuscoli dichiarativi ; diffusione tuite d'opuscules explicatifs spé- in moite centinaia di migliaia, e ciaux ; diffusion à plusieurs cen- del pari sempre gratuita, di taines de milliers, et pareillement fogltetti, che accennano ai modi toujours gratuite, de feuillets qui di compiere frutiuosamenle, secon- indiquaient les manières d'accom- do la diversità dei luoghi e délie plir fructueusement, selon la persane, il pio esercizio ; âono di diversité des lieux et des per- migliaia di libri diversi pel Mese sonnes, ce pieux exercice ; don del Sacro Cuore a Predicatori, de milliers de livres divers pour Sacerdoli, Scuole, Famiglie, Labo- Mois du Sacré-Coeur aux Prédi- ratorii,, Opérai, Militari ; e, in- cateurs, Prêtres, Écoles, Familles, sieme, di quadri, di immagini, di Ouvroirs, Ouvriers, Militaires ; scapolari innumerevoli. Ancora, et, en même temps, de cadres, con articoli pnbblicati in tutti i d'images, de scapulaires innom- Perodici religiosi e politico-reli- brables. En outre, par des articles giosi ha procurato variamente di publiés dans tous les Périodiques render nota e caro e fecondo religieux et politico-religieux il Vesercizio santo ; con lettera a a pourvu de manière variée à tutti i Predicatori Quaresimalisti rendre notoire, et cher, et fécond, e Mariani, ai Panocci, aile Case ce saint exercice ; par lettre à Religiose, ha tavorato a oitenere tous les Prédicateurs de Carême non solo cite, in quelle loro Chiese, et de Mois de Marie, aux Curés, si compisse frutiuosamenle il pio aux Maisons Religieuses, il a esercizio, ma anche a moltiplicare travaillé non seulement à obte- gli apostoli del Mese del Sacro nir que, dans leurs Églises, Cuore ; ha distribuito, special- s'accomplisse fructueusement le mente nette Chiese, in maggio, e pieux exercice, mais encore à a migliaia nellà Ponlificia Basi- multiplier les apôtres du Mois du lica di Valle di Pompei, ai pelle- Sacré-Coeur ; il a distribué, spécia- grinanti al Santuario di Maria, lement dans les Églises, en mai, piccoli inviti ferventi di compiere et par milliers dans la Basilique e bene l'esercizio del Mese del Pontificale de Valle di Pompei, Sacro Cuore ; ha rivolto urnili aux pèlerins du Sanctuaire de istanze agli Ecc. mi Vescovi, molli Marie, de petits appels fervents dei quali, ail' appressarsi del ' pour accomplir, et bien, l'exercice giugno, jecero speciali Circolari ; du Mois du Sacré-Coeur ; il a alcuni largirono anche, nelle loro adressé d'humbles instances aux Diocesi, Indulgenze per le buone Excellentissimes Évêques, panm opère intese a propagare o perfe- lesquels un grand nombre, à zionare l'esercizio del Mese del l'approche de juin, ont fait des Sacro Cuore ; qualcuno lo ha, Circulaires spéciales ; quelques- egli stesso, prèdicato al suo gregge. uns ont accordé aussi, dans leurs Diocèses, des Indulgences pouf les bonnes oeuvres faites en vue de propager ou de perfectionne'. l'exercice du Mois du S.aciC" Coeur ; l'un ou l'autre l'a, l" 1' même, prêché à son troupeau.
  • 16. Le mois du Sacré-Coeur 543 « i copiosi fruiti di salute, Les fruits abondants de salut, per divina misericordia ottenuti obtenus de par la miséricorde in Italia, fecero il Grande Aposto- divine en Italie, ont rendu le lato del Mese del Sacro Cuore Grand Apostolat du Mois' du più injocatamente desioso di Sacré-Coeur plus enflammé du abbraeciare lutte le genti, per le désir d'embrasser toutes les na- quali Cristo dette il Sangue del tions, pour lesquelles le Christ a suo Cuore. E la brama ardentis- donné le Sang de son Coeur. Et sima puô dirsi avesse suo batte- son aspiration la plus ardente, a simo nella Roma- délia Santità reçu, peut-on dire, son baptême Vostra, quando l'ultimo Congresso dans la Rome de Votre Sainteté, Eucaristico Internazionale (1) fece quand le dernier Congrès Eucha- voto, che a tutti i Pastori délia ristique International (1) a émis Cattolica Chiesa si rivolgesse sup- le voeu qu'à tous les Pasteurs de plica, perché; con raccomando- l'Église Catholique on adressât zioni inserite specialmente ne une supplique, afin que, par des Calendari Diocesani, volessero ren- recommandations insérées spé- dere générale nelle loro Diocesi, cialement dans les Calendriers e ben compiuto, l'esercizio del Diocésains, ils voulussent bien Mese al Divin Cuore consecrato. rendre général dans leurs Dio- cèses, et bien accompli, l'exercice du Mois consacré au Divin Coeur. d Quel voto, comunicato dal Ce voeu, communiqué par le Grande Apostolato del Mese del Grand Apostolat du Mois du Sacro Cuore a tutti i Vescovi dell' Sacré-Coeur à tous les Évêques Orbe, du fa molli Ecc.mi Pastori de l'Univers, fut par un grand benignamente e anche largamente nombre d'Excelléntissimes Pas- attuato si, che in Italia e fuori, teurs réalisé avec bienveillance avi'enturatamente, la pia pratica si et, de plus, largement, au point affennava. Quando tutti in cià qu'en Italie et au dehors, très cmverranno, oh ! allora in ogni heureusement, la pieuse pra- lerra il Cuore di Cristo avrà la tique s'est affermie, Quand tous gioia e la gloria di un Suo Mese, en ceci concourront, oh ! alors, nel quaie i Pastori délie anime sur toute terre, le Coeur du saranno allietati dai meravigliosi Christ aura la joie et la gloire frutti di salute, di cui le nuove, d'un Mois à Lui, durant lequel che da ogni parte abbiamo, ci les Pasteurs des âmes seront dicono esser fecondissimo quel réjouis des merveilleux fruits de santo esercizio, specialmente tra salut, dont les nouvelles, que «* gente operaia, e cià, che sem- nous avons de toutes parts, nous orava lontano da ogni speranza, disent être très fécond ce saint anche tra la gente milltare. E la exercice, spécialement parmi le Vergine Madré, che, nel Maggio monde ouvrier, et, ce qui semblait aolcissimo tanti cuori accoglie loin de toute espérance, même Mto l'azzurro manto, esulterà di parmi le monde militaire. Et la Vw intensa gioia e più piena per Vierge Mère, qui, pendant le très potere, nel Giugno benedetto, pro- doux Mois de Mai, accueille tant Wiaando tutti quel cuori, il cuore de coeurs sous son manteau International; tenu à Rome du 1" au 4 juin 1905. <Woii1dsC^"gî7ès.!Sj,(:haristiclue
  • 17. 544 Doctrine di tutti neW injinito oceano délia d'azur, tressaillira de joie pius misericordia infinita, che è il intense et plus complète, de Cuore del Figliol suo ! pouvoir, au Mois de Juin béni plonger tous ces coeurs, le coeur de tous, dans l'océan infini de l'infinie miséricorde qu'est le Coeur de son Fils ! « Per far, poi, progredire la Pour faire, ensuite, progresser povera opéra nostra fuori d'Italia, notre pauvre petite oeuvre hors il nostro opusculo dichiarativo è d'Italie, notre opuscule expli- stato tradotto in più lingue, e catif a été traduit en plusieurs distribuito largamente ail' estera, e langues, et distribué largement importanti Riviste religiose lianno à l'étranger ; et d'importantes avuto articoli pel Mese del Sacro Revues Religieuses ont eu des Cuore. Ancora, un santo P. Géné- articles pour le Mois du Sacré- rale dt fiorentissima Congregazione Coeur. Même, un saint Père Religiosa, in una sua Circolare Général d'une très florissante Con- aile Case del suo Istituto, sparse grégation religieuse, dans une in lutto il mondo, ràccomandava de ses Circulaires aux Maisons l'apostolato del Mese del Sacro de son Institut, répandues dans Cuore e il nostro opuscolo in pro- le monde entier, a recommandé posito. l'apostolat du Mois du Sacré- Coeur et notre opuscule à ce sujet. «Ma cheô pucosa essere veramente Mais qu'est-ce qui peut être benedetto e diventare veramente vraiment béni et devenir véri- universale, che non prenda sug- tablement universel, qui ne gello dalla Suprema Autorità in prenne le sceau de la Suprême terra ? Autorité sur terre ? « Perô, con umilissimo ardire C'est pourquoi, avec la très di figliuoli, supplichiamo la San- humble audace de petits enfants, tità Vostra, che, per gloria del nous supplions Votre Sainteté, Cuore infinitamente amante, vo- pour la gloire du Coeur infiniment glia non solo di nuovo schiudere aimant, qu'elle veuille non seu- i tesori di Santa Chiesa in favore lement ouvrir de nouveau les del pio esercizio del Mese del trésors de la Sainte Église en Sacro Cuore, ma anche in favore faveur du pieux exercice du Mois délie persone, che, nel mondo intero, du Sacré-Coeur ; mais aussi en si spendono, e si spenderanno, a faveur des personnes, qui, dans renderlo universale e universal- le monde entier, se dépensent, mente ben comptuto, arriccliendo et se dépenseront, à le rendre le loro buone opère diverse, a universel et universellement bien questo fine intese, di tali Indul- accompli, en enrichissant Iet,rs genze, che, si faccia aperto il pen- bonnes oeuvres diverses, entre- sïero delta Santità Vostra, che, da prises à cette fin, d'Indulgences pertutto, si compta il pio esercizio, telles que se fasse manifeste e tutti, che net cenno del Vicario pensée de Votre Sainteté, /F; di Cristo san vedere da desiosa partout s'accomplisse le PieU. .volontà del Signore, s'infiammino exercice, et que tous ceux Q per cotesto apostolato santo si, da dans le geste (litt. signe)
  • 18. Le mois,du Sacré-Coeur 545 cooperare, per questo modo, alla Vicaire du Christ savent voir sospirata dalla Santità Vostra la volonté désireuse du Seigneur, ristorazione di lutte cose in s'enflamment pour ce saint-apos- Cristo. tolat au point de coopérer, de cette manière, à la restauration, tant désirée de Votre Sainteté, de toutes choses dans le Christ. « Che se a noi fosse lecito dir Que s'il nous était permis iutto il desiderio nostro, con d'exprimer tout notre désir, avec semplicità di figliuoli e audacia di la simplicité de petits enfants et poverelli supplicheremmo la San- l'audace de grands pauvres, nous tità Vostra che, aile indulgenze già supplierions Votre Sainteté de largite dalla S. M. di Leone XIII, daigner ajouter aux indulgences si degni aggiungere la concessione déjà accordées par Léon XIII, perpétua : de sainte mémoire, la concession perpétuelle (suivante) : « 1° Dell' Indulgenza plenaria 1° De l'indulgence plénière toties quoties applicabile aile toties quoties applicable aux âmes anime dei defanti, il giorno 30 des défunts, le jour du 30 juin, giugno, in quelle Chiese dove il dans ces Églises où le Mois du Mese del Sacro Cuore sia stalo Sacré-Coeur a été solennellement solennemente compiuto. accompli. « 2° Del favore dell' Altare Gre- 2° De la faveur de l'Autel goriano ad instar nella loro Messa Grégorien ad instar, dans leur del 30 guigno ai Predicatori del Messe du 30 juin, aux Prédica- Mese del Sacro Cuore, ed ai teurs du Mois du Sacré-Coeur, Rettort délie Chiese ove il pio et aux Recteurs des Églises où esercizio venue solennemente com- le pieux exercice a été solennel- piuto. lement accompli. « 3d Per le persone, che promu- 3° Pour les personnes qui tra- ovono il pio esercizio : dell' Indul- vaillent à promouvoir le pieux genza di 500 giorni, da lucrarsi exercice : de l'indulgence de 500 con qualsiasi loro opéra buona, jours, à gagner par quelle que intesa à propagarlo o a farlo soit leur bonne oeuvre tendant eompier meglio ; délia Indulgenza à le propager ou à le faire mieux Plenaria nelle loro Communioni accomplir ; (et) de l'Indulgence del giugno ; tutto applicabile aile Plénière dans leurs Communions Anime Santé del Purgatorio. de juin ; le tout applicable aux Saintes Ames du Purgatoire. i-Picni oltremodo di fiducia, Extraordinairement remplis de che il patemo cuore délia Vostra la confiance que le coeur paternel Santità benignamente vorrà acco- de Votre Sainteté voudra accueil- glierel'humile, ardentissima, filiale lir avec bienveillance notre P'eghiera, prostrati al bacio del humble, très ardente, et filiale sacro Piede, supplichiamo intanto prière, prosternés- au baisement 1 Sfntità Vostra impartir e copio- de Vos Pieds sacrés, nous sup- vssitna l'Apostolica Benedizione plions, en attendant, Votre Sain-
  • 19. 546 Doctrine sopra ï'opera nostra, sopra quanti, teté de répandre très, abondante, . con noi fan parte del Grande sa Bénédiction Apostolique sur Apostolato del Mese del Sacro notre oeuvre, et sur tous ceux qui, Cuore. avec nous, font partie du Grand Napoli, 11 Luglio 1906.Apostolat du Mois du Sacré-Coeur, « Délia S. V. um. obb. figliuolo Naples, 11. juillet 1906. e servo, De Votre Sainteté le très « LUIGI Can. CARUSO. humble, très obéissant fils et serviteur, Chanoine Louis CARUSO. III SUPPLIQUE du Même, et RESCRIT de la S. Congrégation des Indulgences, du 8 août 1906, en faveur des Dévots et des Apôtres du Mois du Sacré-Coeur.(l) 1° Supplique. C'est le résumé, en forme, et pour être déposé dans les Bureaux de.la S. Congrégation des Indulgences, de la Lettre- Adresse qui précède. Texte original italien. Traduction littérale de Regnabit. Beatissimo Padre Très Bienheureux Père, « Essendo la devozione al Cuore La dévotion du Très Sacre- SS. di Gesù la più féconda di Coeur de Jésus étant la plus frutti spirituali, di grazie e di féconde en fruits spirituels, en meravigliose conversioni, per oui grâces et en conversions merveil- uomlni ostinati nella colpa si sono leuses par lesquelles les hommes ravveduti ; ed essendo il pio obstinés dans le péché se sont esercizio del mese consecrato a repentis ; et le pieux exercice du quel Cuore Divino il mezzo più mois consacré à ce Divin Coeur adatto ad estendere e perfezionare étant le moyen le plus apte à la deita devozione, il sottoscritto,(l) étendre et à perfectionner la umilmente prostrato ai piedi delta dite dévotion, le soussigné,^) S. V., supplica che aile indulgènze humblement prosterné aux pieds già largite dalla S. M. di Leone de Votre Sainteté, la supplie aux XIII si degni aggiunla concessione indulgences déjà accordées pex perpétua : etc. Léon XIII de sainte mémoire de daigner ajouter la concession perpétuelle. de : etc, Suivent les trois nouvelles indulgences demandées : 1° •> 2° ... et 3° ... comme indiquées dans la LETTRE-ADRESSE ati précède. (1) Voir : ACTA SANCTOE SEDIS,vol. XXXIX, p. 434. ..A (2) Le chanoine Louis Caruso du document précédent (Note de Regnaou-
  • 20. Le mois du Sacré-Coeur 547 2° Rescrit pontifical. () a) Texte original latin. « Ex audientia Sanctissimi, die 8 Augusti 1906. «SSmus Dominus Noster PP. X, qui in votis vel-maxime habet, ut pium exercitium mensis Cordis Jesu Sacratissimo dicati magis In diss propagetur, et in Christifidelibus saluberrimas sane radiées fortius et fructuosius agere conspiciatur, infrascriptis precibus libenter annuens pro gratia, indulgentias expetitas perpetuo valituras bénigne elargiri dignatus est, atque optatam benedictionem Apostolicam peramanter impertivit. » A. CARD. TRIPEPI, Praefectus. Pro R. P. D. D. PANICI. Archiep. Laodieen., Secretario, Josephus M. Can. Coselli, Substitutus. b) Traduction littérale de REGNABIT. De l'audience de Sa Sainteté, le 8 août 1906. Sa Sainteté Notre-Seigneur Pie X, Pape, dont le voeu le plus grand est que le pieux exercice du Mois consacré au Coeur Très Sacré de Jésus se propage de jour en jour davantage, et qu'on le voit jeter avec plus de force et plus de fruit, parmi les fidèles du Christ, ses racines assurément très salutaires ; — acquiesçant volontiers par faveur aux prières relatées, a daigné accorder avec bienveillance les indulgences sollicitées, à valoir à perpétuité, — et Elle a donné très affectueusement la Béné- diction Apostolique souhaitée. Signé : Card. A. TRIPEPI, Préfet Pour le R. P. Mgr PANICI, archevêque de Laodiçée, Secrétaire, Chanoine JOSEPH M. COSELLI, Substitut. IV DÉCLARATION du 26 janvier 1908. Solution de quelques doutes au sujet de la. célébration du Mois solennel du Sacré- Coeur.^) _ (1) Voir : ANALECTA ECCLESIASTICA, XIV, année 1906, p. 407 — ACTA vol. SANCTVESEDIS,vol. XXXIX, p. 434, — et ACTAPONTIFICIA (Pustet), vol. IV, Année 1908, page 388. (0 Voir ANALECTACCLESIASTICA, XVI (année 1908) page 242 — E vol. « Acta SANCTAE SEDIS,vol.' XLI page 354.
  • 21. 548 Doctrine 1° Supplique Texte original italien Traduction littérale de Regnabit. « Beatissimo Padre, Très Bienheureux Père, « Il sacerdote Michèle Ietti di Le prêtre Michel letti de Napoli, Direltore dell' Apostolato Naples, Directeur de VApostolat dél Mese del Cuore di Gesù, du Mois du Coeur de Jésus, prosîrato ai piedi délia S. V., prosterné aux pieds de Votre umllmente espone che, essendosi Sainteté, expose humblement que, la S. V. degnata di concedere Votre Sainteté ayant daigné con- grazie specialissime, con Rescritto céder des faveurs très spéciales, délia S; Congregazione délie Indul- par Rescrit de la S. Congréga- genze del di 8 agosto 1906, per tion des Indulgences en date du la solenne celebrazione del Mese 8 août 1906, pour la célébration del Sacro Cuore, sono sorti alcuni solennelle du Mois du Sacré-Coeur, dubbi circa l'interpretazione di quelques doutes se sont élevés esso Rescritto ; onde supplica la sur l'interprétation de ce Rescrit ; S. V. a volersi degnare di risol- en conséquence il supplie Votre verli autorevolmente. Sainteté de vouloir bien daigner les résoudre d'une manière auto- risée. « Essl sono : Ce sont (les suivants) : « 1° Corne debba intendersi la '1° Comment doit s'entendre celebrazione solenne del detto mese. la célébration solennelle du dit mois. « 2° Se la chiusa del prefato 2° Si la clôture du mois sus- mese debba fissarsi, per la uni- dit doit se fixer, pour l'unifor- formità e pet maggior concorso dei mité, et pour un plus grand con- fedeli, ail' ultima domenica dl cours des fidèles, au dernier giugno. dimanche de juin. « 3° Se le concessioni straordl- 3° Si les concessions extra- narie possano godersi anche per ordinaires on peut en jouir aussi la celebrazione del Mese negli pour la célébration du mois dans Oratorii semi-publici dei Semi- les Oratoires semi-publics des narii, dette Comunità Religiose e Séminaires, des Communautés degli attri Luoghi pii. religieuses, et des autres Lieux pies. « 4° Se il detto Mese, per 4° Si le dit mois, pour quelque qualche ragionevole motivo, possa motif raisonnable, peut se célé- celebrarsi, anzichè in giugno, in brer, plutôt qu'en juin, en un àltro mese, godendosi le medesime autre mois, en jouissant des concessioni. mêmes concessions. « Che ecc. Et que Dieu etc.
  • 22. Le mois du Sacré-Coeur 549 2° Rescrit pontifical, a) Texte original latin. « Ex audientia Sanctissimi, die Ianuarii 1908. « Sanctissimus Dominus Noster Pius Papa X, auditis supra relatis, ad proposita dubia responderi iussit prout sequitur : «Ad 1. — Mensem Sacratissimo Cordi dicatum celebrari debere cum sacra praedicatione aut quotidie, aut saltem ad formam spiritualium exercitiorum per octiduum. « Ad- 2. — Affirmative. Ad 3. — Affirmative. Aid 4. — Affirmative ex aequa causa et praehabita permis- sione Episcopi. » In quorum fidem, etc. CASIMIRUS Card. GENNARI. b) Traduction littérale de REGNABIT De l'audience de Sa Sainteté, le 26 janvier 1908. Sa Sainteté Notre-Seigneur Pie X, Pape, ayant entendu la relation ci-dessus, a donné ordre de répondre comme suit aux doutes qui sont proposés : Au 1° — Le Mois dédié au Sacré-Coeur doit être célébré avec prédication sacrée, ou chaque jour ou, au moins, par manière d'exercices spirituels, pendant huit jours. Au 2° — Affirmativement. Au 3° — Affirmativement. Au 4° — Affirmativement, pour une juste cause et avec la permission préalable de l'Évêque. En foi de quoi, etc. Signé : Cardinal CASIMIR GENNARI. * ** Après la lecture de ces textes, nous pouvons demander : « Que faut-il de plus pour convaincre les hésitants ?... » C'est le cas de redire : Roma locuta est, causa finita est Que le Mois solennel du Sacré-Coeur prenne donc son plein épanouissement, tel que l'ont escompté les précieux témoignages de bienveillance pontificale dont il a été l'objet. Le « Mois de Marie » partout si populaire doit être le pré-, curseur du « Mois Solennel du Sacré-Coeur ».
  • 23. 550 Doctrine A la veille du mois de juin, les bonnes volontés ont encore le temps de s'organiser... Qu'au soleil éclatant des DOCUMENTS reproduits, fondent, comme neige, les dernières objections ou réserves que d'aucuns voudraient encore formuler sur l'opportunité, les convenances locales ou personnelles, les difficultés pratiques, voire l'insuccès — relatif !...-— des essais imparfaitement tentés. Il suffit de leur répéter : — «Relisez simplement !... » — «Essayez énergiquement !... » — «Persévérez constamment !... » — « Et vous récolterez... surabondamment !... » En somme, la résolution et le mot d'ordre général doivent être : Le Sacré-Coeur de Jésus et les Souverains Pontifes désirent le « Mois Solennel du Sacré-Coeur » Donc : 1° — Il faut le faire. 2° — Il faut le bien faire. 3° — Il faut partout le faire. 4° — Il faut toujours le faire. 5° ,— Il faut toujours, partout, mieux le faire.Çi) * * * REGNABIT salue, avec joie, cette « Croisade d'Amour », cette « Grande Mission du Coeur de Jésus », ce « GRAND APOSTOLAT DU Mois DU SACRÉ-COEUR.» Lyon, mars 1922. EMILE HOFFET. (1) S'adresser à : Grand Apostolatdu Mois du Sacré-Coeur, Naples, Itah* à : or* pour renseignementspratiques et divers éléments de propagande, tels que çhuers, tracts, imprimés, en tangues multiples, pour églises,communautés,oeuvres' familles, missions,etc..
  • 24. Infirmités du Sacré-Coeur 551 Le Sacré-Coeur et les infirmités de sa nature humaine CSufteJ Le Sacré-Coeur et les maladies Puisque la maladie provient en nous soit d'une faiblesse native, soit d'un vice de constitution, soit de l'intempérance, du désordre ou de l'imprudence dans la conduite, le Sacré-Coeur n'a jamais été malade. Il ne pouvait l'être, ni en vertu de l'hérédité : sa nature était parfaitement saine, et son corps, formé par miracle, à l'abri de tout germe morbide ; ni par ignorance ou par impru- dence : sa science et son impeccabilité s'y opposaient. Il ne convenait d'ailleurs pas qu'il contractât nos maladies, lui qui les venait guérir. C'est du moins la doctrine que S. Athanase expose avec toute son autorité, il se demande pourquoi le Sauveur, puisqu'il voulait et devait mourir pour nous racheter, n'a pas préféré à la mort violente et ignominieuse de la croix une mort naturelle, honorable, dans le secret d'une demeure. Objection trop humaine que celle-là, répond-il. « Ce que le Seigneur a fait en l'espèce est vraiment divin et digne pour bien des raisons de sa majesté. Tout d'abord la mort qui emporte les hommes leur survient en raison de la faiblesse de leur nature. Ils ne peuvent durer toujours. Arrive une heure où ils disparaissent : ils tombent malades, perdent peu à peu leurs forces et bientôt meurent. Or le Seigneur n'est pas faible ou sans vigueur : il est la Vertu de Dieu, le Verbe de Dieu, la Vie elle-même. Si donc il avait étendu son corps sur «ne couche en son particulier, comme font les autres, hommes, on eût cru qu'il s'alitait lui aussi à causé de la faiblesse de sa nature et conclu qu'il n'avait rien de plus que les autres enfants d'Adam. Mais parce qu'il est la Vie et le Verbe de Dieu, et que d'autre part il devait mourir pour tous les hommes, en tant que Vie et Vertu, il fortifie en lui-même son corps, — et comme devant goûter la mort, il ne saisit pas de lui-même Pcccasion de son sacrifiée, il veut qu'elle lui vienne des autres hommes. Il ne convenait en effet pas que le Seigneur qui guérissait les maladies '«t lui-même victime de la maladie, ni qu'il connût la faiblesse f- la dçbilitatïon de ce corps par lequel il rendait la force aux bibles... «Admettons que son corps ait été terrassé par la maladie et que le Verbe incarné se soit retiré, contraint par la souffrance,
  • 25. 552 Doctrine loin de tous les regards. N'eût-ce pas été chose souverainement inconvenante que celui qui guérissait les maladies des autres négligeât de secourir son propre corps consumé par la maladie ? Car comment aurait-on cru que réellement il avait guéri les maux des autres, si le temple de son corps eût été, comme nos corps à nous, envahi par la faiblesse et la maladie ? Ou il eut prêté à la moquerie, comme incapable d'écarter de lui la maladie ; — ou bien le pouvant et ne le faisant pas, il eût passé pour inhumain aux yeux de ses frères (1) ». Peut-être, n'est-il pas inutile de faire observer que S. Atha- nase emploie dans les lignes qui suivent une expression à tout le moins impropre, quand il nous parle du « Verbe quittant son corps ». C'est à coup sûr l'âme qu'il veut dire. La mort n'a pas consisté pour le Verbe incarné dans la séparation de sa divinité d'a- vec son humanité, mais bien comme pour nous dans la séparation de son âme d'avec son corps, le Verbe demeurant indissolublement uni tant à son corps dans le tombeau, qu'à son âme descendant aux limbes. Je ne veux ici pour preuve de cette infrangible per- manence de l'union hypostatique que notre Credo : nous y chan- tons en effet que le Fils de Dieu est mort, qu'il a été enseveli, et est descendu aux enfers. « La divinité et l'humanité s'accordent chez lui en une telle unité, disait S. Léon le Grand, que ni la souffrance n'a pu les disjoindre, ni la mort les séparer». (2) Mais, dira-t-on, comment admettre que Jésus-Christ n'ait jamais été ni malade ni infirme ? L'Apôtre affirme, que le Verbe incarné a voulu passer par toutes nos misères (3), et nous res- sembler en toutes choses, (4). Et pour démontrer l'intégrité et la réalité de la nature humaine dans le Christ, les Pères invoquent souvent ce principe : Jésus-Christ n'a .guéri que ce qu'il a pris sur Lui. Le Christ ne nous ressemble donc pas en toutes choses, il n'a pas porté remède à tous nos maux, s'il n'a pas accepté pour lui toutes nos maladies et toutes nos misères personnelles. Les théologiens réduisent sans peine cette antinomie. Pour nous ressembler en tout, le Verbe incarné non seulement a pris notre nature humaine, mais il l'a prise soumise à ces conditions et infirmités communes que lui a créées le péché, à ces afflictions de corps et d'esprit qui en sont la conséquence, à la mort quien est le châtiment dernier. Cela suffit. Il devait d'autre part, — ef c'est un principe proclamé par tous les Pères, — éloigner de lui tout ce qui aurait été une injure à sa dignité personnelle de Fils de Dieu, ou une entrave à sa fonction de Sauveur et de Rédemp; teur.Par conséquent, il ne pouvait accepter pour son humanité ni le péché, ni la concupiscence, ni tout ce qui mène au pêche, <1) Orat. de Incarnat. Verbi, ira 21-22. P. G. 25, 133 a b - 136 b. (1) Serin. 68, de Passione 17, e. 4. P. L. 54, 373 a. (2) Hebr., IV, 15. (4) Ibid., II, 17.
  • 26. Infirmités du Sacré-Coeur 553 ni ces infirmités personnelles qui ne dérivent pas universellement des principes de notre nature mais ont pour cause une hérédité particulière, une culpabilité personnelle. Sa dignité et son rôle, je le répète, le lui interdisaient. Et pourquoi veut-il nous res- sembler en tout ? « Afin, répond S. Paul, d'être un Pontife misé- ricordieux et qui s'acquittât fidèlement de ce qu'il faut auprès de Dieu pour expier les péchés du peuple ». (1) Pour cela, son acceptation volontaire des infirmités communes de notre nature, qu'il venait guérir sans distinction de personnes, était simplement suffisante. Pas n'était besoin qu'il y ajoutât le surcroît de nos misères et de nos maux individuels. Il ne le pouvait d'ailleurs pas. Beaucoup de nos maladies et de nos infirmités personnelles se contredisent et s'excluent l'une l'autre (2). Ce nonobstant, Notre-Seigneur n'en a pas moins porté re- mède à nos misères personnelles, — ce qui justifie le principe des Pères que je me suis objecté ; — car il a guéri et purifié, en se l'unissant, notre nature corrompue, cause profonde, primor- diale, d'où se propagent, comme d'une source empoisonnée, tous nos maux. et toutes nos misères personnelles. La réponse est encore de S. Thomas : « Toutes les infirmités personnelles des hommes proviennent foncièrement de la corruptibilité et de la passibilité du corps, sous l'influence de certaines causes parti- culières et déterminées. C'est pourquoi, ayant guéri, en la prenant pour lui, la passibilité et la corruptibilité de notre corps, le Christ a par là même porté remède à tous nos autres défauts » (3). D'ailleurs, ce ne sont pas à proprement parler les maladies ou les infirmités que l'on guérit, mais bien la nature infirme et malade, par l'expulsion des maux dont elle souffre. En s'unis- sant personnellement à une nature infirme et en la guérissant par le fait, le Verbe incarné a donc porté remède à toutes nos misères. Les Pères ne veulent pas dire autre chose. D. G. L. DÉMARET, moine de Solesmes. (A suivre) (1) Hebr., II, 17. (2) Q. 14, a. 4, Sed contra. (3) Ibid., ad 1.
  • 27. 554 Doctrine La Théologie du Sacré-Coeur et le Protestantisme Les Premiers Réformateurs - (fin) e) Les Rationalistes Ce qui a dû frapper nos lecteurs, dans les brèves études que Regnabit a déjà données sur la Théologie du Sacré-Coeur et le Protestantisme, c'est l'effrayante inconsistance de la prétendue Réforme, en matière doctrinale. Là est pour nous sa tare indé- lébile. Elle ne peut nous donner aucune certitude. Elle ébranle ait contraire toutes les convictions. Sans doute elle prétend pos- séder la vérité, elle montre une intransigeance et une assurance que trois siècles de perpétuelles variations pourront seuls lui faire perdre. Mais n'est-il pas étrange qu'ayant à résumer ici la théo- logie christologique des premiers Réformateurs, pour faire res- . sortir les rapports qu'elle peut avoir avec notre théologie du Sacré-Coeur, abrégé de notre Christologie catholique, j'aie dû diviser et subdiviser, étudier successivement chacun des grands chefs, Luther, Mélanchthon, Calvin, puis les dissidents, Anabap- tistes, Mystiques, tous différents les uns des autres et souvent opposés les uns aux autres, pour aboutir enfin aujourd'hui aux rationalistes de la première génération protestante ? II est en effet bien remarquable que le Biblicisme protestant ait, dès le principe et malgré la forte emprise que l'unité catho- lique avait exercée sur les esprits, produit le libre-examen, d'où allait sortir la libre-pensée, mère elle-même de l'incrédulité con- temporaine, en sorte que la soi-disant Réforme, au lieu de res- taurer le christianisme, ainsi qu'elle le promettait,' ne tendait à rien moins qu'à sa ruine. Ce n'est pas, notons-le bien, que Luther, Mélanchthon, Calvin et les autres grands chefs aient, eux-mêmes, proclamé le libre-examen, comme certaines histoires de l'enseignement pri- maire ou même secondaire le donnent parfois à entendre. Non, les Réformateurs croyaient que la raison doit se taire devant la Bible, que du reste elle est totalement impuissante, qu'elle ne peut que se tromper et que seul l'Esprit-Saint fait comprendre à chaque croyant le texte sacré. Mais leurs contradictions incessantes dénonçaient la vanité de leurs prétentions à l'infaillibilité personnelle. Il restait qu'ils avaient mis la Bible entre les mains de tous en assurant que tout homme qui a la foi-confiance peut et doit la comprendre sans recourir au magistère interprétatif de l'Église du Christ. Le libre- examen était en germe dans leur attitude, dans l'exemple qu'lls donnaient au monde, dans l'usurpation qu'ils avaient comm>se
  • 28. Les Rationalistes Protestants 555 en se révoltant contre la hiérarchie fondée par le Christ pour régir son Église immortelle et infaillible. * * Le Rationalisme appliqué à la Bible apparaît dès le commen- cement de la Réforme. Il découle de l'esprit critique développé dans la scolastique, — contrairement à ce qu'on dit souvent, — et au sein de l'humanisme. Cet esprit critique, contre lequel Luther et Calvin luttèrent avec violence, tout en le pratiquant pour leur compte, c'était donc un legs du passé et c'était une chose excel- lente, à condition de rester dans ses limites propres et de s'en- cadrer spontanément et librement dans l'harmonie supérieure de la foi en Jésus-Christ et en son Église. Mais quand la Réforme eut opposé le Christ à l'Église au point d'oser appeler l'Église catholique romaine : l'Église de l'Antéchrist, l'esprit critique libéré des chaînes salutaires qui le retenaient jusque là commença à s'exercer sans réserve, sans freinet bientôt sans respect. Comme un acide répandu au hasard surune médaille par un graveur imprudent la rongerait bien vite, au lieu d'en approfondir les traits et d'en accuser les reliefs, ainsi le criticisrrie allait s'attaquer à toutes les croyances, à tous les dogmes, à toutes les certitudes, à la foi d'abord, à la raison ensuite, jusqu'au jour où l'on essaierait vainement de relever les ruines qu'il aurait accumulées. On des premiers chefs du rationalisme protestant fut l'infor-, tuné Michel Servet. C'était un Espagnol, né en 1511, à Tudela de Navarre, très cultivé, très intelligent, d'esprit curieux et inquiet, quitout en exerçant la médecine, — surtout à Vienne, en France, -s'occupait surtout de Théologie. Dès 1531, n'ayant encore que 20 ans, il professait des idées critiques très accentuées et atta- quait notamment, — la Bible en main, — le dogme de la sainte Trinité. Il avait publié à Hagueneau un ouvrage antitrinitaire *De Trinitatis erroribus libri VII, puis, en 1532, un autre ou- vrage de même nature : Dialogorum de Trînitale tibri II. Plus tard, il reprenait le même thème et donnait, en 1553, son ouvrage capital : « Christianismi restitutio » — La Restauration du ^ristianisme. Ce titre seul est bien éloquent. Il apparente Servet ^réformateurs. e Tous, ils n'ont eu qu'une ambition : restaurer christianisme, et c'était précisément leur commune, leur fon- ,.am.entale, leur déplorable erreur à tous de croire que le chris- •anismeait pu être perdu et qu'il ait eu besoin d'une restauration, "même titre qu'un système humain quelconque de philosophie eu de religion ! Mais justement parce que la prétention de Servet valait tout
  • 29. 556 Doctrine autant que celle de Luther ou de Calvin, il fut traité par les pro- testants avec une dureté que ne tempérait aucun sentiment de pitié ni de tolérance. Ils lui en voulaient parce qu'il les compro- mettait. On sait qu'il fut. dénoncé de Genève à l'Inquisition catholique qui le condamna mais le laissa échapper, que le mal- heureux voulant aller en Italie eut la malencontreuse idée de passer à Genève où il fut reconnu, appréhendé, accusé par Calvin d'attaques contre la Trinité et la divinité de Jésus-Christ, accusé aussi de panthéisme et d'anabaptisme, condamné à mort et brûlé vif le 27 octobre 1553. Mais l'exécution de Servet ne pouvait empêcher le rationa- lisme de se développer tôt ou tard au sein des églises réformées. De fait, il réussit, avec les deux Socin, à constituer un groupe- ment durable, le Socinianisme, qui existe encore, sous le nom d'Unitarisme, en Angleterre et en Amérique. L'aîné des Socin, — Lélius Sozzini, — était d'une famille de juristes. Né à Sienne, Italie, en 1525, il avait quitté son pays assez jeune, dès 1547, en raison des idées protestantes qu'il avait plus ou moins secrètement embrassées. On le trouve peu après à Zurich. Il voyage, se lie avec Mélanchthon, correspond avec Calvin que son esprit chercheur, discuteur et critique inquiète d'abord et irrite bientôt. D'un caractère très doux, Lélius Socin réussit à éviter les trop grands éclats, et quand il mourut il laissait à son neveu Fauste Socin, — le grand Socin, — de nom- breux travaux manuscrits où il avait essayé de systématiser ses idées (1562). - Fauste Socin avait 14 ans de moins que son oncle. De Sienne, où il était né, il l'avait rejoint à Zurich, après un séjour de trois ans à Lyon, et il était arrivé à peu près pour recevoir son dernier soupir en 1562. Il avait eu le temps toutefois de l'imprégner de ses idées et la lecture des manuscrits hérités de son oncle ne fît que le confirmer dans son criticisme radical, à l'égard des dogmes traditionnels. Pendant douze ans, de 1562 à 1574, Fauste Socin mena un? vie en quelque sorte double. Il était très en faveur auprès du duc François de Médicis, à Florence, et vivait à sa cour dans $ charges et les honneurs. Dans le même temps, il poursuive» secrètement ses études de théologie dissidente, à l'école de » Bible interprétée par son oncle. Brusquement, une fois sa décision prise, il quitta le rnorHft il quitta son souverain, il quitta l'Italie et vint se cacher à Bato où il acheva de réduire en système sa doctrine critique. C'est que vint le trouver, en 1578, une invitation du médecin George vefl Biandrata, fixé alors en Transylvanie, qui lui demandait de l'aider à combattre les idées, plus radicales que les siennes, saxon antitrinitaire Franz Davidis. Ainsi la guerre existait, P
  • 30. "Les Rationalistes Protestants 557- une conséquence fatale, parmi les critiques eux-mêmes. Un radical trouve toujours plus radical que lui, un critique est toujours critiqué par un autre qui se donne pour plus avancé que son rival. Fauste Socin se rendit à l'appel de Biandrata, demeura un an en Transylvanie et passa de là en Pologne, où son oncle Lélio avait jadis séjourné, il y devint le chef d'une église antitrihitaire, qu'il s'attacha à organiser jusqu'à sa mort, en 1604, Ainsi ce critique finissait, comme les autres, dans le dogma- tisme, seule attitude'vraiment naturelle et nécessaire à l'homme. Son Église se. nommait l'Eglise des frères polonais, elle comptait, de son vivant, une quantité notable de communautés sociniennes, composées surtout de membres de la noblesse. Rakow était leur centre universitaire et comptait des étudiants par milliers. Le socinianisme devait se perpétuer ainsi, sans compter jamais d'hommes vraiment éminents par la pensée ou le talent littéraire mais avec beaucoup de représentants érudits et cultivés. C'est une église bourgeoise qui s'est maintenue en volant des partisants aux grandes sectes protestantes voisines. On peut la définir : un rationalisme supranaturaliste, on y croit à la révélation, à la Bible, mais on interprète celle-ci d'après les exigences de la raison humaine, ou plus exactement de la raison socinienrte. Nous sommes dès lors aux antipodes du mysticisme. Et si l'on peut encore trouver quelques lointaines accointances entre la théologie aventureuse des protestants, à tendances mystiques, et notre belle théologie du Sacré-Coeur, on n'en trouve plus aucune entre le rationalisme socinien et notre enseignement à ce sujet. La théologie protestante manifeste donc ici une autre de ses virtualités. Du moment qu'elle sortait de l'ordre, de la discipline, de la règle, voulue et fixée par le Christ, il était fatal qu'elle développât, tumultueusement et dans des sens divers, les ten- dances que le catholicisme seul peut coordonner et harmoniser dans un équilibre supérieur : dogmatisme et criticisme, mysti- cisme et rationalisme, conformisme et individualisme, etc. Quelle sera donc l'attitude d'un antitrinitaire à l'égard du Christ ? Forcément, il rejette le dogme essentiel de l'Incarnation. P°ur lui, Jésus n'est qu'un homme. Il mérite notre vénération, comme un prophète divin, non point notre adoration comme une Personne divine. Ouvrons le fameux Catéchisme de Rakow, oeuvre de Fauste ^°cin mise au point par ses successeurs immédiats et publié en |605, en polonais, puis en allemand, en 1608, Je cite cette dernière édition : «Apprends-moi ce que je dois croire de Jésus-Christ. — Fort bien. Tu sauras donc, qu'il y a deux choses à con-
  • 31. 558 Doctrine naître au sujet du seigneur Jésus : l'une regarde sa personne' l'autre, sa fonction. — Quelle est celle qui regarde sa personne ? — (Il faut savoir) ceci : qu'il est par nature un homme vérl table ainsi que l'Écriture l'atteste à maintes reprises, notamment dans ce passage : « Il est le médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Christ-Jésus (I Tim. II, 5). Et ailleurs : « De même que par un seul homme, la mort est venue, ainsi par un seul homme, la résurrection des morts ». (I Cor. XV, 21). C'est ainsi que Dieu l'avait annoncé depuis longtemps. C'est ainsi que nous le présente la Confession de Foi, qu'on appelle le Symbole des Apôtres, que la chrétienté entière admet comme nous. — Ainsi, le Seigneur Jésus est un simple homme ? — Pas du tout, puisqu'il a été engendré de l'Esprit-Saint, qu'il est né de la Vierge Marie et qu'en vertu de sa génération et de sa naissance il est le Fils de Dieu, comme on le lit dans saint Lue (Luc. I, 35). — Tu m'as dit cependant que le Seigneur Jésus est un homme par sa nature. N'a-t-il pas une nature divine ? — Non, il n'en a point. Car cela est contraire non seulement à la raison, mais encore à la sainte Écriture. — Montre-moi comment cela est contraire à la raison ? '—Premièrement, parce que deux essences, dont les pro- priétés sont contraires entre elles, ne peuvent aucunement être unies en une seule personne, telles que celles-ci : être mortel et immortel, avoir un commencement et n'en avoir point, être changeant et immuable. De plus, parce que deux natures, dont chacune est par elle- même une personne, ne peuvent pas être réunies en une seule personne, car autrement elles devraient être non pas une personne mais deux en sorte qu'il y aurait deux Christs. Or, tout le monde sait qu'il n'y a qu'un seul Christ et qu'il n'a qu'une seule personne. — Mais à ceux qui avancent que le Christ est d'une nature à la fois divine et humaine, comme l'homme est composé de corps et d'âme, que faut-il répondre ? — On doit leur prouver que ce sont deux choses bien dit"- rentes : quand ils disent que deux natures sont ainsi unies dans le Christ et que le Christ est à la fois Dieu et homme. Car l'âme et le corps sont unis dans l'homme de telle façon que l'homtfCi à proprement parler, n'est ni corps ni âme, puisque ni le c°rPs ni l'âme ne sont sa personne. Mais puisque la nature divin forme, d'après eux, une personne à elle seule, de même la natu humaine doit en faire une autre. — Montre-moi comment il est contraire à la sainte Écrite. de dire que le Christ a une nature divine.
  • 32. Les Rationalistes Protestants — Premièrement, parce que la Sainte Écriture nous montre seulement un être, qui soit Dieu par nature. Nous avons prouvé plus haut que celui-là est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ., Deuxièmement, parce que la même Écriture atteste que le Christ par nature est homme, comme nous l'avons brièvement démon- tré ci-dessus. Par là, elle lui dénie la nature divine. Troisièmement, la Sainte Écriture prouve que tout ce que le Christ a de divin est un don de son père. Et enfin elle nous en- seigne que cette nature divine serait en vain et sans raison dans le Christ, puisqu'elle témoigne que le seigneur. Jésus-Christ lui- même n'a jamais attribué ses oeuvres divines à soi-même ni à une nature divine mais seulement à son père. — Et pourtant les hommes s'efforcent de prouver par l'Écri- ture l'existence de cette nature divine dans le Christ ? — Ils s'efforcent en effet, de le prouver de deux manières : d'abord, en tirant de l'Écriture au sujet du Christ, ce qui n'y est point contenu. Ensuite, en appliquant très faussement à leur opinion ce que l'Écriture dit du Christ. — Je vois maintenant que le Christ n'a point une nature divine, mais qu'il est vraiment un homme par nature. Mainte- nant, montre-moi comment la connaissance de ce mystère (sic !) est nécessaire au salut ? — Je te montre cela aussi, à savoir que de cette certitude que le Christ est un homme véritable, découle une puissante et complète assurance de notre espérance du salut, qui se trouve affaiblie par l'opinion contraire et même complètement détruite par elle. — Comment prouves-tu cela ? — Ainsi : parce que de l'opinion contraire il suit que le Christ n'est pas un homme véritable, puisqu'on ne lui reconnaît point la personnalité humaine, sans laquelle on ne saurait être un homme. Or, si le Christ n'est pas un homme véritable il n'a pu mourir vraiment pour nous, ni ressusciter vraiment des morts. Et de la sorte, notre espérance qui repose sur la résurrection du Seigneur, comme sur son fondement, se trouve affaiblie et même totalement ruinée. Tout au contraire, la croyance qui reconnaît le Seigneur Christ comme un homme véritable qui, dés son entrée dans le monde a été obéissant à son Père, jusqu'à sa mort et qui a souffert et que son Père a ressuscité des morts et à qui il a donné l'immortalité, cette croyance-là affermit notre espérance "u salut au delà de toute mesure et nous représente vivement comment nous-mêmes, en marchant sur ses traces, bien que nous Soyons mortels, cependant, en temps voulu, nous ressusciterons, ^ Posséderons avec lui l'immortalité..»
  • 33. 560 Doctrine J'ai voulu citer ces pages en entier pour donner une idée de l'esprit qui anime le Catéchisme de Rakow. Le rationalisme ne fait encore que commencer son oeuvre. Longtemps, il restera figé dans sa position primitive. Le Catéchisme a un ton si dogmatique que l'esprit critique s'y trouve de nouveau enchaîné, dans une intenable position. Mais le protestantisme continuera à sécréter de nouveaux dissolvants et notre dévotion au Sacré-Coeur n'aura pas de plus mortels adversaires que ces froids ergoteurs qui pré- tendront parler à la fois au nom de la raison et de l'Écriture, ou au nom de la raison toute seule : les jansénistes et les rationalistes du XVIIIe siècle. En passant en revue toutes ces prétendues restitutions du christianisme, il est difficile de ne pas approuver les belles ré- flexions que faisait récemment un écrivain du plus grand talent, Louis Bertrand, dans la Revue des Deux-Mondes ( 1er janv. 1922) : « Il en est de ces villes mortes, exhumées par l'archéologie comme de ces constructions savantes et artificielles auxquelles se livrent des exégètes et des théologiens dissidents, logiciens aux formules trop rigides et tranchantes qui prétendent nous restituer dans toute sa pureté on ne sait quel christianisme primitif. Ici, nous n'avons plus qu'un ossement décharné de la cité morte, — encore sans bien savoir au juste si cet ossement en était ou non une partie essentielle, — et là, nous n'avons plus qu'un cadavre de doctrine, cadavre mutilé et déserté par l'âme vivante de la tradition. » L. CRISTIANI. L'abondance des matières nous oblige à reporter au mois pro- chain une très belle étude du R. P. Masson, des Sacrés-Coeurs ai sur l'Association extérieure des Sacrés-Coeurs et dc Picpus, dans l'Adoration perpétuelle du Très-Saint Sacrement de l'autel l'Amérique du Sud.
  • 34. ' 561 Les « Scapulaires » Vendéens du Sacrë-Coeur du Coeur de Jésus l'iconographie dans les armées contre-révolutionnaires de la Vendée Un simple post-scriptum à l'étude du mois dernier sur les Insignes de ralliement de l'armée vendéenne dits ;<Scapulaires du Sacré-Coeur » : Après les guerres contre-révolutionnaires, bien plus encore qu'au XVIIIe siècle, l'usage du Coeur de Jésus, sur étoffe, resta en Vendée, un emblème affectionné par la piété populaire. Durant le XIXe siècle, comme encore aujourd'hui, elle fut l'insigne des pèlerinages et des pèlerins vendéens. En plusieurs paroisses la coutume était de la placer sur le coeur des agonisants comme un préservatif contre les tentations dernières et pour que le coeur du chrétien cesse de palpiter sous l'image de Celui de son Sauveur. Ailleurs-—on la mettait en place d'honneur dans les maisons et je l'ai vue même dans l'a grange d'une ferme de la paroisse de Largeasse (Deux-Sèvres) avec l'inscription au crayon : Mon Dieu protégés nous et nos affercs — ; prière naïve que la liturgie exprime plus savamment, mais non moins expres- sément dans les supplications des Litanies des Saints. Pour ces usages de la vie familiale un modèle spécial d'insignes fut créé est mis en commerce. Il présente, sur une toile blanche dentelée un Sacré-Coeur imprimé en rouge, entouré d'une couronne d'épines formant cadre ovalaire, et accompagné de l'injonction impérative : ARRÊTE, LE COEURDE JÉSUS EST LA. Plusieurs de ces insignes furent recueillis sur les champs de bataille de 1870, et quelques-uns ont été placés depuis dans les collections de l'Ecole d'Anthropologie de Paris, section des amulettes, sous la désignation : « Préservatifs contre les balles » (!!), (1) les organisateurs n'ayant pas compris que l'ins- cription, dans la pensée de son inventeur, s'adresse non aux projectiles prussiens ou autres, mais à l'Esprit du Mal ! Pour plus régulier et plus significatif avec sa formule d'exor- cisme, ce type de « scapulaire du Sacré-Coeur », ne saurait pourtant faire oublier les anciens insignes où chacun mettait un peu de s°i, un peu de ses affections politiques quelquefois, mais surtout beaucoup de sa confiance et de sa foi. En juin 1888, aux fêtes triomphales de la béatification ^ P. de Montfort, le grand promoteur de la piété envers le _„ Sy> Cf; La Société: l'Ecole et le Laboratoire d'Anthropologiede Paris à l'Ex- wsilionuniversellede 188!).-— Ch: IV. 308 - 329.-
  • 35. 562 Doctrine Coeur de Jésus dans l'Ouest au temps de Louis XIV, les 25.000 fidèles venus à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée), de toute l'ancienne Vendée .- Militaire surtout, portaient presque tous l'insigne traditionnel. Sacré-Coeurporté par S. E. le Cardinal Place, archevêque de Rennes Je possède celui qu'y porta, sur la pourpre romaine, FÉmi- nentissime archevêque de Rennes, cardinal Place. C'est un grand rectangle de fine étoffe blanche, au pourtour dentelé, de douze centimètres et demi sur onze ; au milieu, uiï ovale è velours pourpre -à reflets chatoyants porte un coeur d'or blessé de rouge extraordinairement saillant, surmonté de flamntf brodées en passementeries d'or et d'une croix formée de cïï petites plaques d'or ; du coeur tombent de gouttes en soie écarîat Encadrant le coeur, une Couronne d'épines, en fine pass menterie d'or, suit l'ovale de la pourpre dentelée. C'est le pi somptueux insigne du Sacré-Coeur que je connaisse, et si pauvre gravure en rend fidèlement les lignes elle est bien lo" d'en laisser soupçonner la magnificence. Loudun (Vienne) (A suivre) L. CHARBONNEAU-LASSAY.
  • 36. //. — PT'ÉTÉ Verbum caro factum est (0 Le Verts S'est fait chair En deux mots d'une saisissante énergie, S* Jean, dès le début de Son Évangile, mesure l'abîme que l'amour de Dieu s'est imposé ; de franchir pour nous sauver. '. Quelle antithèse en effet dans ces mots : « Le Verbe S'est fait chair » ! Et quel contraste, quelle opposition dans les choses '! qu'ils expriment Le Verbe n'est-Il pas le Fils unique de Dieu, Dieu lui-même, pur esprit, éternel comme Son Père, le principe indéfectible de toute vie, la source intarissable de toute beauté, de toute bonté, de toute pureté, de toute sainteté ? Et la chair n'est-elle pas au contraire matérielle, sensible et sensuelle, faible et faillible, « caro infirma », aussi exposée aux humiliations du vice que vouée aux horreurs de la décomposition dans la tombe ? Comment donc notre bon Sauveur a-t-Il pu dans Son Incar- nation concilier les exigences de notre sanctification avec le suprême souci de Sa propre sainteté ? La réponse confond le coeur de l'homme tant elle dépasse ses espérances ! Tout en prenant un corps semblable au nôtre, «in similitu- dinem carnis peccati » (2). ; Non seulement le Verbe divin préserve sa chair adorable de la lèpre du mal, héréditaire dans la lignée humaine ; mais, comme il convenait à un Sauveur, Il purifie nos Propres membres de la souillure originelle, et sans détruire là concupiscence, nous permet par Sa grâce d'en prévenir ou d'en combattre les effets ; H fait plus : par la plus insigne des faveurs, Il nous élève Jusqu'à Lui, unit d'une même vie de justice nos âmes à Son âme, et>par cette justification même, nos corps purifiés à Son corps (1) S'Jean (I. 14.) r. V-)«Une chair semblable à celle qui est sujette au péché ». (S4 Paul aux ^mains, VIII. 3.)
  • 37. 564 Piété immaculé, faisant ainsi de nous les membres de Son corps mys- tique (1) : « Membra sumus corporis Ejus ». ; (2) Mettons les choses au point. I. Et tout d'abord reconnaissons qu'en dehors de la justi- fication et de la discipline du Christ, la chair est la grande coupable. Elle est en effet : a) LA GRANDE CORRUPTRICE ; celle qui invite, pousse et entraîne à la volupté. Et elle le fait de mille manières, notamment : — par les provocations d'une mode éhontée ; — par les suggestions de la toilette et du maquillage ; — par les sollicitations d'une tenue lascive et sensuelle ; — par les avances brutales d'un impudent décolletage ; — par l'agression effrontée du regard, du geste ou du tact ; —- par les exemples d'un libertinage effréné ; — par les propositions abjectes de la prostitution ; — etc., etc.. b) ET LA GRANDE PERVERTIE; car le jour où l'orgueil a contaminé l'âme humaine, le même jour l'impureté, cet orgueil de la chair, a souillé le corps de l'homme ; Et cette dépravation originelle, qui s'appelle la concupis- cence, et que nous apportons en naissant, ne meurt qu'avec nous. Parfois après de longues accalmies les passions s'embrasent plus ardentes ; tel, un volcan depuis longtemps endormi brusque- ment se réveille. Et parfois à-la-sérénité d'une vertueuse jeunesse succèdent les noirs orages de l'âge mûr : ce qui faisait jeter au poète ce défi attristé : « Laisse vieillir ton innocence « Avant de croire à ta vertu. » (3) Or, dans la vie que ne pénètre pas la religion, tout conspire pour attiser et enflammer la concupiscence : — dans l'individu, c'est l'horreur de la contrainte, principe d'inavouables désordres et d'humiliantes capitulations : —'a complaisance donnée, sous prétexte d'hygiène, au soin du corps ; — la sensualité flattée et accrue par la délicatesse, la variété et le raffinement des mets ; — la mollesse entretenue par le berce- ment de la musique, la finesse des parfums, le moelleux àtt tissus, l'habitude du bien-être ; etc.. (1) C'est-à-dire unis par leur pureté, leurs souffrances et leurs expiati0IlS à la vie et aux mérites du divin Crucifié. , .., (2) « Nous sommes les membres de Son corps ». (S* Paul aux Epnesu. V. 30.) (3) Victor Hugo.