Présentation Jour 2 : Etude de cas et méthodologie (session 3)
Cette présentation a été faite à l'occasion de l'école-chercheurs qui s'est déroulée à Azrou (Maroc) du 9 au 15 avril 2018. Le thème de cette école était le suivant : "Évolution et gouvernance des communs : enjeux méthodologiques, comparatifs et pluridisciplinaires". Cette formation, réunissant une cinquantaine de personnes dont 30 doctorants de divers horizons, a été imaginée et organisée par le LMI MediTer (Maroc / Tunisie), en association étroite avec les LMI PATEO (Sénégal) et MESO (Mexique), ainsi qu'avec le RIAM, sans oublier l'appui de l'IRD au Maroc, du centre culturel d'Azrou et de la FLSH de l'UM5-Rabat.
1. LA CARTOGRAPHIE PARTICIPATIVE COMME OUTIL D’AIDE A LA
COMPRÉHENSION DES DYNAMIQUES TERRITORIALES RURALES
EXPERIENCES DU LMI PATEO AU SÉNÉGAL
ÉCOLE-CHERCHEUR INTER-LMI du 9 au 15 avril 2018 Centre culturel d’Azrou, Maroc
Évolution et gouvernance des communs : enjeux méthodologiques, comparatifs et
pluridisciplinaires.
D i é y e E . H . B . - S a n é T. - C o r m i e r - S a l e m M . C . B A D . B . - K A R . - D e s c r o i x
L . - F a b r e M . - H a b e r t E . - E h e m b a F. - L e c o q Y. - D i a k h a t é M . M .
A Z R O U , A v r i l 2 0 1 8
2. PALN DE L’EXPOSE
INTRODUCTION
I - QUELQUES DÉFINITIONS DE LA CP
II - OBJECTIFS
III - DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE
IV - OUTILS MIS EN ŒUVRE
V – RÉSULTATS
CONCLUSION
3. INTRODUCTION
LMI PATEO : OJECTIF ET ZONE CIBLE
- Objectif : Analyse de la gouvernance des
patrimoines et territoires dans trois
deltas transfrontaliers
§ Delta du fleuve Sénégal Réserve
de Biosphère transfrontalière en
2009
(PATEO RIM (Univ. Nouakchott, ENS, IST,
PND) – LEIDI/UGB
§ Delta du Sine Saloum-Niumi
(IFAN-CAD, UMR PALOC, IRD)
§ Bassin de la Casamance-Geba
(UASZ et Grdr)
- LMI PATEO : Laboratoire Mixte International "Patrimoines et territoires
de l'eau" (LMI PATEO)
4. INTRODUCTION
LMI PATEO : QUELQUES ACTIONS
Quelques actions du LMI PATEO depuis 2012 :
§ Ecole chercheur sur services écosystémiques et territoires en 2012
§ Ecole chercheur sur la Muséologie participative en janvier 2013
§ Ecole chercheur sur migration et gouvernance territoriale en 2013
§ Atelier sur la cartographie participative en 2014
§ Colloque international sur les « sciences participatives et gouvernance
des patrimoines et territoires des deltas » en 2016
§ Plateforme Sirena : Un SIG participatif pour une gouvernance durable et
partagée du Delta Transfrontalier Sénégal/Mauritanie (reference
scientifiques, terrain et technique)
§ Répondre à des appels à candidature et déposer des demandes de
projet et Programme avec les partenaires du LMI
5. INTRODUCTION
FINANCEMENT D’UNE CONVENTION PROGRAMME
§ Convention Programme pour une Gouvernance Concertée du
littoral avec le soutien de l’AFD (2012-2016) piloté par le Grdr et ses
partenaires du PATEAO (IRD, UASZ)
• Régions de Ziguinchor et Sédhiou (Casamance) et Cacheu et OIO
(Guinée-Bissau)
6. INTRODUCTION
q Organisation d’un pré-atelier à travers des missions (4 jours) sur deux
villages test de la Casamance et de la Guinée Bissau pour tester un certain
nombre d’outils de collecte de données et d’informations nécessaires pour une
meilleure connaissance des caractéristiques physiques et humaines et des
dynamiques socio-économiques des sites pilotes ciblés ;
q Organisation d’atelier LMI PATAEO de cartographie participation
avec des communications présentées par des experts de la cartographie, de la
cartographie et de la notion de Patrimoine
q Applications dans quelques localités de la Casamance dans le département
(Diembéring, Cabrousse, Bouyouye, Varela Lale et Varela Madina)
q Communication : Application sur deux villages de la Basse-Casamance
(pour la communication)
CONTEXTE DE L’UTILISATION DE LA CARTORAPHIE PARTICIPATIVE
7. INTRODUCTION
SITUATION DES LOCALITÉS CIBLÉES
ü Littoral de la Basse Casamance fait
face à de multiples enjeux
économiques, écologiques, sociaux et
politiques de plus en plus croissants ;
ü cette zone subit de profondes
mutations de son environnement
biophysique et socio-économique
dans un contexte global de
changement ;
ü C h o i x c o m m u n e r u r a l e d e
Diembering : diversité de ses RN,
importance de la riziculture, un
milieu en évolution.
8. I - QUELQUES DÉFINITIONS DE LA CP
Cartographie participative :
… "un processus d’élaboration collective des représentations cartographiques
par la base, c’est-à-dire par un ensemble de personnes n’appartenant pas aux
milieux de la cartographie professionnelle ou académique" (Palsky, 2010).
"un type particulier de cartographie qui, réalisée par les communautés locales
pour représenter leur territoire, permet de faire émerger les savoirs
traditionnels et certaines problématiques qui échappent des enquêtes
traditionnelles" (Burini, 2009).
"carte d’un territoire produite par un groupe d’habitants encadré par un groupe
d’experts (Habert, 2014).
9. II - OBJECTIFS
— connaître l’organisation actuelle de l’espace et de ses usages afin de mettre en
exergue les zones à enjeux (contraintes et/ou opportunités) ;
— comprendre les principales évolutions dans l’organisation et les usages de
l’espace à partir d’entretiens historiques ;
— Evaluer dans quelle mesure des cartes produites peuvent servir de support à
des échanges sur l’avenir de la localité concernée et de document de
plaidoyer ;
…le but final étant de tester un certain nombre d’outils pour une meilleure
compréhension des caractéristiques physiques et humaines, et des dynamiques
socio-économiques en cours.
Objectif principal : montrer la contribution de la cartographie participative dans
la compréhension des dynamiques territoriales. Il s’agit spécifiquement de chercher
à :
10. III - DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE
— Préparation de la mission : élaboration des TDR et des guides d’entretien, logistique,
création des équipes de travail pluridisciplinaires… ;
— Critères choix des sites : littoralité, mangrove, vulnérabilité, conflit foncier… :
Diembering, Cabrousse et Bouyouye (Sénégal)
— Sensibilisation des acteurs : autorités décentralisées ou déconcentrées, chefs de
villages, des différents groupes communautaires ;
— Choix et sensibilisation des points focaux : réunion d’information sur le cadre et les
objectifs de la mission ;
— Travaux de terrain : Chaque localité, deux équipes pluridisciplinaires (riziculture et
patrimoine) ;
— Restitution : restitution des données récoltées avec la population locale.
11. IV – QUATRE OUTILS SONT UTILISES
1. Profil historique : date de création du terroir, dynamique de la population,
évolution des RN, gestion du pouvoir, événements marquants… ;
2. Carte du terroir : Echanges avec un groupe représentant au mieux la population du
village dans sa diversité et élaboration d’une carte de l’occupation des sols (forme du
terroir, sa configuration, son contenu… ) ;
3. Transect : visualiser les ressources du village et leur distribution spatiale
(organisation/gestion espace) : visites guidées pour observer les différentes unités
paysagères ;
4. Entretiens collectifs : susciter des questionnements, établir le calendrier saisonnier,
favoriser l’expression des problèmes et de leurs résolutions, mettre en évidence les
obstacles potentiels aux actions de développement ;
12. V – RÉSULTATS
1. Village de Diembering
• Origine du village: kikiniou entre Boucotte et Diembering (les Houdiabousse
originaire de la Guinée-Bissau) ;
• Découverte du riz : Diembéring, Bouyouye, Boucotte diola (site kikiniou) et Nikine
Profil Historique (1)
Entretiens ouverts,
collectifs et individuels
(historique, événements
marquants, changements
intervenus) :
13. V – RÉSULTATS
2. Village de Cabrousse :
• Nom du 1er habitant : "Ere" (vrai nom du village, origine Guinée-Bissau) ;
• Origine "Cabrousse" : Cap Roxo / Cases de brousse ou cases dans la brousse ;
— 3 quartiers (Keloum) : Kadiakaye, Nialou, Mossor
• Evénements marquants : - Initiation au bukut (20 à 35 ans) : 1978, 2009 ;
- Installation des premiers hôtels : années 1970.
Profil historique (2)
17. V – RÉSULTATS
Carte au sol
Un groupe de 5 femmes
et 2 hommes
(1 jeune, 1 plus agé)
3 intervenants ont
réellement activement
dessiné
(1 jeune femme, 1 plus
agée, 1 jeune homme)
Construction des cartes de terroir à Bouyouye
26. Période Riz de plateau Femme
s
Homm
es
Jeunes
Homm
es
Riz de bas fond Femm
es
Homm
es
Jeunes
Homm
es
Mars Débroussailler le
plateau pour
préparer les
pépinières
1-15 juillet Ramasser le bois
sur la parcelle
Augmenter la fer:lité
par de la fumure et des
déchets organiques
15 juillet
(après les
1eres pluies)
Semis direct du riz Semis du riz pour
la pépinière
Désherbage Préparation des
sillons pour le
désherbagee
Refaire les digues
et contrôler la
hauteur de l’eau
15 Aout
Surveiller la parcelle
Transporter et
repiquer le riz
Octobre Récolte
Novembre
Décembre Récolte
Calendrier rizicole (Bouyouye)
27. Etapes en kuwatay1 Etapes en français Période Organisation du travail
Elouhène Engrais vert Février-Mars Hommes
Kassiou Mise en place de nouveaux billons (rizières
profondes)
Mars-Avril Hommes/Femmes
Kaïyane Fertilisation des rizières (fumier) Décembre-Avril Femmes
Boutossine Défrichage Avril Hommes
Kassoufou Mise à feu des éléments défrichés Mai Hommes-Femmes
Boussohine Enlèvement des résidus de bois brulés Mai-Juin Hommes
Eyossene Semis dans les pépinières Juin-Juillet Hommes
Kassissou Clôture des champs de pépinières Juin-Juillet Femmes/Hommes
Boudjoukar Surveillance des champs en période de
germination (oiseaux et autres prédateurs)
Juin-Juillet Femmes/Hommes
Mouïss Semis direct (épandage du riz) Juin-Juillet Hommes-Femmes
Bahorar Labour des rizières non inondées Juillet-Aôut Hommes
Erodjine Labour des rizières inondées Juillet-Aôut Hommes
Ebonine Récupération des pépinières Juillet-Août-Septembre Hommes/femmes
Bisedio Transport des pépinières Juillet-Août-Septembre Hommes/Femmes
Bouyoyene Repiquage des plants de riz Juillet-Août-Septembre Hommes/Femmes
Boudioukar Surveillance du niveau d’eau dans les parcelles
rizicoles
Septembre-Octobre-Novembre Hommes/Femmes
Ehotukane Récolte du riz Décembre-Janvier-Février Hommes/Femmes
Kamignou ou Kakobou Battage du riz récolté (kamignou) ou sa mise en
bottes (Kakobou)
Décembre-Janvier-Février Hommes/Femmes
Bissedio Transport du riz des parcelles vers les maisons Décembre-Janvier-Février Hommes/Femmes
Bitikiss Pilage du riz récolté Janvier-Décembre Femmes
Calendrier rizicole (Diembering)
VI – RÉSULTATS
28. Noms locaux Cycle végétatif Besoin en eau
Houfél* Hâtif (JAS) Epandage Beaucoup d’eau
Hébane Hâtif (JAS) Epandage Beaucoup d’eau
Héfandjé Hâtif (JAS) Epandage Beaucoup d’eau
Elokassine ou
Yaka
Tardif (JASO) Repiquage/
épandage
Beaucoup d’eau
Bacoura Hâtif (JAS) Epandage Beaucoup d’eau
Ali Ngone* Hâtif (JAS) Repiquage Beaucoup d’eau
Etabalandia Tardif (JASO) repiquage Beaucoup d’eau
Gnouck* Tardif (JASO) Repiquage/ Beaucoup d’eau
Noms locaux Cycle végétatif et mode cultural Besoin en eau
Badiabone Tardif (JASO)/Repiquage Beaucoup d’eau
Baboucar Hâtif (JAS) repiquage/épandage Pas trop d’eau
Tomora Hâtif (JAS) repiquage Pas trop d’eau
Hissandiaye Tardif (JASO) Repiquage Beaucoup d’eau
Atouka Hâtif (JAS) Repiquage/épandage Pas trop d’eau
Kalounaye Hâtif (JAS) Repiquage Pas trop d’eau
France Hâtif (JAS) Repiquage Pas trop d’eau
Atourro Hâtif (JAS) repiquage Pas trop d’eau
Boudouck Hâtif (JAS) Epandage Pas trop d’eau
Assemblée Tardif (JASO) Repiquage/Epandage Beaucoup d’eau
Goana Très hâtif (JA-mis S) Epandage/
Abandonnée à cause de sa petite taille
Pas trop d’eau
Anciennes variétés de riz
Nouvelles variétés de riz
Variétés de riz (Diembering)
VI – RÉSULTATS
30. QUE RETENIR DE CE PROCESSUS ?
• Le profil historique, un outil d’échanges, surtout entre
générations
• La carte du terroir villageois, un révélateur des usages du
terroir
• Le transect, un outil de vérification et de validation des
connaissances identifiées par les populations locales
• Les entretiens (thématiques), un outil d’aide à la
caractérisation des principales activités des terroirs
• La restitution, un moment de débat sur l’avenir des
terroirs
31. LIMITES DE LA DÉMARCHE
— Une faible sensibilisation des acteurs (temps de préparation
très court) ;
— Une faible participation des femmes ;
— L’influence des certains acteurs (chefs traditionnels,
coutumiers ou autres leaders) ;
— Le temps court de déroulement des activités sur le terrain.
32. CONCLUSION
L’exercice a permis de :
ü Dresser un portrait du village dans sa globalité sur les deux
thèmes choisis : patrimoine et riziculture ;
ü Avoir une compréhension globale des dynamiques et enjeux des
terroirs rizicoles (opportunités/contraintes) ;
ü Tirer des leçons sur le cadre méthodologique mis en œuvre ;
ü Avoir des éléments de base permettant d’élaborer un diagnostic
territorial…