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EUROPE SACRÉE – MENT
TORTURÉE PAR L’HISTOIRE
Irlande adorée, Irlande martyrisée, Irlande colonisée
Un matin de janvier 2021 je reçois une lettre plus ou moins circulaire, bien que
parfaitement rectangulaire qui me propose d’acheter ce recueil d’Éric Sivry. Nous avons
peut-être croisé nos pas dans certains locaux de l’Université de Paris Créteil, mais j’en
doute. Et justement le doute aidant j’ai demandé à mon Amazone préférée de bien vouloir
me f aire tenir un exemplaire et je l’eus enfin un jour ou l’autre en avril et je suis descendu
dans les affres de l’horreur humaine que seule la poésie sait mettre en mots.
Rumeur menaçante dans la forêt, attrait de la lune et ciel symphonique, le poète s’y
perd et ressurgit au final dans un passé simple glacé et pas si simple que cela,
pourfendant qu’il est glaceur glaçante avec l’imparfait qui porte si bien son nom qu’on s’y
trouve au chaud confortable et converti à quelque religion que ce soit, pourvu que cette
paix du fauteuil puisse durer, et ainsi échapper au temps.
Et au fond de son fauteuil, jouissif plaisir, communion pacifique, le témoin poétique
se prend d’un frisson car le vent du nord se met à martyriser quelques spectres arborés,
tant et si bien que la montagne se suicide. Et ben, dites donc, vous n’y allez pas de main
morte, Monsieur le poète. Une montagne qui se suicide? Ciel, mais c’est un chat en poche
qu’ils nous arbore.
Et donc prévoyons le pire puisqu’il nous le dit. Mais à quoi bon, car aussitôt le voilà
qui jubile comme un ado devant un centimètre carré de chair nue. Mais, cela ne dure
qu’un instant car aussitôt le rideau de la nuit pudique te tombe du ciel jusques à nos pieds.
Fini de jouer. Retour aux choses sérieuses.
Et ne voilà-t-il pas qu’il nous emmène à la maternité des montagnes et qu’il nous en
montre une en train d’accoucher d’un tremblement de terre, d’une éruption volcanique,
d’un tsunami rocheux qui nous laisse un peu … et voilà-t-il pas que cette montagne
accouche de la beauté, rien que cela, de la beauté. Quand on vous le dit que le seigneur a
des inspirations imprévisibles. On attendait une souris et on a eu une beauté.
Mais notre poète revient à la charge avec des imparfaits qui vous capturent la vie,
le ciel, les anges et les démons dans leurs impitoyables activités. La bise, naturellement
glacée, joue de la flûte pas enchantée du tout avec des mots papillons qui comme la
montagne accoucheuse, à leur tour, se suicident.
Il tire alors de son chapeau de magicien un présent qui rend l’espoir illusoire d’une
union qui ne mène à rien car l’Histoire, oui, Elle, la déesse triple et la divinité sublime, est
au rendez-vous et c’est bien ce dont il s’agit. Rendez-vous et déposez les armes, ou vice
versa. Personne ne sera pardonné et vous devrez tous mourir.
Mais il faut quitter cette Irlande névrotique qui nous assoie au bord d’une falaise et
nous fait rêver d’être une mouette qui plonge vers la mer. J’ai le vertige et je ne m’assiérai
jamais au bord d’une falaise. Un coup de vent…! Pas folle la verrue. Elle sait choisir le
pied qui lui plait.
Alors passons en Allemagne, Rebelle, Révoltée, Crucifiée, Catatonique.
Frankfurt nous ramène le passé simple métallique et glacé. On est revenu à un état
de guerre permanent dans nos esprits incapables de tourner les trois cent cinquante mille
pages de l’histoire récente. Et on nous ressert cette historie resucée, pardon, “fondue et
refroidie” par trois fois comme toute bonne malédiction en neuf mots s’ils vous plait, trois
fois trois neuf, l’Apocalypse, la Bête le Dragon. Et voilà notre Saint Jean qui se prend de
planer dans les airs, au-dessus d’une rivière qui n’est plus qu’un vomissement de
vomissures limoneuses chargées du bruit rythmé des métaux cousins germains des
armes et de la mitraille.
Le présent devient enivrant de simple course – cours d’eau – de vie qui n’a pour
elle que ce présent de durée atemporelle. Dans cette atemporalité naît ou frémit un monde
qu’on nomme œuvre car ce monde est divin de créativité qui plus que tisse, coud le linceul
de la vie et le drap de la mort.
Cela permet d’écarteler le Sturm und Drang qui devrait être l’œuvre des Dieux
nordiques, de dieux de colère et de fureur, le Dieu majeur borgne de pour sa générosité
pour les hommes, mais notre poète se veut plutôt biblique dans justement cette colère,
une colère de Moïse ou encore de Jésus au Temple, quelques jours avant sa mort. Mais
tout cela se brise au contact de la banalité. Il perd sa puissance mythique pour n’être plus
qu’un silence qui écume.
Il s’engouffre dans un triple pentacle “les hommes se sont battus” de violence et de
guerre, comme tout pentacle Belzébuthien qui ne mène qu’à l’abandon, et donc à la fuite
laissant les autres de ses familiers en otages aux vainqueurs. Goût amer de la défaite, de
l’après-guerre d’un peuple vaincu.
Mais la parole, le verbe, reprend quelques mots, tristes balbutiements, sinistre
jérémiades. Jouer avec les mots c’est comme piper les dés ou biseauter les cartes, c’est
tenter d’effrayer la fin pour qu’elle ne perde pas son sens, sa direction, sa définition, si
d’ailleurs elle en a une. C’est croire que les mots viennent du corps et ne prennent sens
que dans la chair de Rimbaud, ce “blanc-bec” qui purement et simplement dégoupille ses
vannes péniennes et nous déverse au fondement des vieilles fanfares d’héroïsme, des
rafales de givre, des brasiers, des écumes, des gouffres qui s’envirent et des glaçons qui
s’entrechoquent à nos hémorroïdes sanguinolentes. Et pendant ce temps Rimbaud se
faisait violenter par Verlaine sur les barricades de la Commune, à même pas dix-sept ans,
ou était-ce seize? Les mots sont les enfants de l’âme qui est née en l’homme quand il
décida de courir le jour durant sur ses deux pattes . Il faut remonter à la barbarie d’il y a
trois cents milliers d’années pour comprendre la puissance des mots qui en deviennent
épiques.
Après ce voyage au bout de la nuit un ennui mortel s’abat sur nos esprits imparfaits
de l’imperfection durative qui brutalement doit céder la place au temps pur du passé
simple qui s’amplifie en présent final purement suicidaire d’un combat qui suspend l’ennui
dans les airs comme une épée de Damoclès si nous cessons le combat. We shall
overcome.
Le locuteur témoin voyeur de la vie est incapable de prendre ce train de la violence
otage. Il reste seul en fait, égaré sur son derrière dans cette vie de transhumance, assis
sur un banc de gare au quai d’un train qu’il ne prendra jamais. Et son esprit part au large
en rêvant et en écrivant, oubliant que la langue est le cri jouissif de nos cellules qui vivent
pour mourir et revivre autant de fois qu’il le faut pour ne plus pouvoir. Et c’est ainsi que
notre poète est aussi libre qu’un vers, un vers libre bien sûr, tourné vers l’univers sans
limite, un ver de terre, une poignée de vers de terre que la bèche broie d’une seconde vie
démultipliée tous les printemps.
Véritable cavalcade de tout ce que notre homme a vécu, ou plutôt de tout ce dont il
a été le témoin inamovible, immobile, inerte, et le passé, la vie donc qui a été et n’est plus
– car on ne peut avoir été et être encore – n’est plus qu’un spectre, une danse macabre
de spectres au mur d’une abbatiale chantant une pandémie ancienne en annonce des
pandémies présentes. Choisir Faust à ce moment-là – Faust UN bien sûr – le DEUX lui
échappe – lui permet d’aller à contre-temps, à contre courant, à contre pied, triade
ternarisée de sainteté romantique.
Mais ici à Rotterdam, que peuvent bien faire des astronautes dans un port que
même Jacques Brel a chanté comme celui d’Amsterdam, un port devenu sans âme simple
bouche de transfert de la terre inondée à la mer jamais asséchée. Il nous manque les …
qui rotent et les … qui se frottent la panse à la bedaine des marins.
Notre homme – car c ‘est un homme – reste ouvert mais à un monde qui passe,
qu’on ne fait que voir, et qui ne parle pas. Où sont donc les mots de la parole prophétique
d’un passant errant? Le discours de la poésie est un vaste réseau qui s’allume dans l’âme
du lecteur et lui raconte une histoire dramatique dont il se remémore l’invention future.
Mais impuissance de l’âge, retour nostalgique, pédophilie narcissique d’un vieil homme qui
rumine à la vue de la mer, mais est-ce bien la mer que cet homme regarde comme au plus
près d’une Mort à Venise germanique jusqu’au bout des ongles des pieds, sauf pour
Benjamin Britten.
Il se fait alors le deuil de sa propre vie comme si de regarder le passé de sa
jeunesse était un arrêt de mort, comme si la jeunesse passée, il ne restait plus à vivre que
le souvenir distorté, biscornu, disrupté de cette jeunesse disparue. Il s’enchaîne ainsi au
passé pour s’empêcher d’émigrer. Il lui manque la folie de la vraie migrature comme dirait
une candidate à l’élection présidentielle.
Le paradis est un espace sans étoiles et l’enfer est un rêve empli des débris de la
vie de ce monde. Entre les deux il y a la mort déguisée en vie et la vie revivant sans cesse
ses fiançailles avec la mort, ses épousailles avec tous les morts d’antan. Mais où sont-ils
donc tous ces morts d’antan?
Des humbles mal fringués d’humilité absurde sont le poignard de la justice divine
qui crache au visage des nantis toute sa nonchalante hostilité. Vous tous les humbles de
tous les pays de ce monde, ne vous unissez surtout pas sinon les nantis vous enverront à
quelque solution finale ignoblement maléfique.
Berlin mythique, déchirée, à jamais, revisitée, Spree, KM Allee
Voilà une vision de Berlin qui m’effraie comme une sarabande d’animaux sauvages,
comme une tarentelle de tarentules voraces. Je n’ai de Berlin qu’un souvenir de
Friedrichstrasse, Unter den Linden, Karl Marx Allee, Alexander Platz. Je ne vois aucune
survie dans la guerre qui a détruit l’âme de beaucoup de peuples pour construire une
chimère éberluante du côté de la Brandenburg Tor. Je n’arrive pas à concevoir un Berlin
réunifié dans l’horreur de la concentration Nazie que l’on veut dépassée, que l’on souhaite
dépasser et qui toujours vous hante. Dépasser le passé est en soit dépassé.
Berlin me hante toujours d’une phrase inachevée. Ich Habe nicht…! Et je n’arrive
plus à trouver les mots qui pourraient me satisfaire. Mon dictionnaire germanique a perdu
son Goethe et son Schiller, mais il lui reste encore Faust DEUX et une finale en mort
heureuse consentie consacrée partagée pardonnée. Il n’est aucun combat qui ne se
désagrège lui-même en ferrailles et en ruines, en brûlerie et en saoulerie. Il n’est pas de
combat qui ne soit coupable de vouloir; gagner et qui hurle alors à sa volonté de ne pas
perdre. Et l’histoire passe toujours et écrase ceux qui veulent se battre et se battent,
même pas au profit de ceux qui hésitent et se cachent sous les tables.
Glacé passé simple. Distance. Impossibilité d’être vivant. Passé simple mortuaire.
Imaginez le même au passé composé. Le lecteur serait alors projeté dans le spectacle qui
en prendrait vie car la vie d’un poème vient de sa réception par son lecteur. Et une femelle
rhinocéros mutilée est l’Allemagne qui s’est auto-balafrée le visage et s’est éradiqué le nez
et s’est arraché les yeux pour ne plus voir les souvenirs d’un passé honni et désiré à la
fois.
Le poète poisson-chat, triste animal qui ne manque pas d’eau, comme si un
aquarium pouvait héberger les calamars géants de Victor Hugo ou une tempête sous un
crâne noyée à la saumure des égouts des Misérables. L’Histoire oublie son genre féminin
et se fait l’esclave d’hommes à répétition comme le Kalashnikov. Et resservons une fois de
plus la plaisanterie d’un peintre surréaliste délirant sur la libéralisation du communisme
d’un bouc et moustache, à une simple moustache et à un crâne chauve. Vous ne
connaissez pas? Mettez un sourire sur ce crâne chauve et vous aurez une chauve-souris.
Suisse, Friedrich von Schiller, Wilhelm Tell, Fière et Arrogante
Le passage à la Suisse neutre autocentrée se fait comme une autruche aveugle qui
retourne dans son œuf. Un malandrin serpentant à la route retourne à sa bouteille. Le
boutonneux adolescent descend au fin fond du jour naissant à la page souillée de la
condescendance du poète oublieux du monde. Neutralité oblige?
La parole, la langue, le discours, la rhétorique nous tournent en bourriques
silencieuses au lieu de nous dire le verbe sacré du salut, même ne serait-ce que par et
dans la mort. Au commencement était le verbe et à la fin de ce poème il n’y a que silence
de la parole sur fond de bruissement de pièces d’or qui cliquètent.
“Je ne suis qu’un mot dans la langue indifférente du temps.” Au moins un mot qui a
sens lexical. Mais les mots sont les enfants de la durée que l’homme a cogitée en temps,
en temps utile d’ailleurs, en temps et en heure, en temps qui n’en finit pas de passer.
Les conifères phalliques se tendent le cou, le col, le coq, qu’importe pourvu qu’on
ait l’ivresse. Pour pouvoir violer les cimes blanches pendant que le poète égocentré ne
pense qu’à la bataille dans sa panse qui n’en pense pas moins. Et le sang peut couler
sans que personne ne s’en émeuve.
Je voulais voir Genève et j’ai vu Genève, mais du lac pas grand chose. Et des
trams le brinquebalement métallique. Et des Suisses la mine froide et austère et la course
effrénée le matin comme le soir. Non vraiment si j’avais voulu voir Rome, j’aurais au moins
pu un peu plus me recueillir sur trente siècles d’histoire.
Jamais je ne plongerai jamais plus un doigt dans l’eau pisseuse de quelques
bénitier, même pas celui de l’Apocalypse. Infini renvoyé par le boomerang pour que le
vertige se passe et se mue en une extase suave qui laisse la langue pâteuse et le front
encorné de quelque folie corridienne ou corridorienne. Quelque chambrière plus ou moins
inintéressée.
Sinistre veillée à la lumière chancelante de consommateurs ombrés vacillants.
Entre les deux guerres pour les plus vieux, avant la guerre pour les moins vieux, mais il
n’y a aucune jeunesse dans cette référence à la folie abâtardie de nos grands-pères. Ils
auraient mieux fait de se casser une jambe ou de se tirer une chevrotine dans le pied
gauche.
Bon voyage donc, Monsieur Du Tibia, ou est-ce De l’Humérus? Aussitôt parti,
aussitôt oublié. Il n’y a de vie que dans la présence. Laissez donc aux morts le soin de
s’occuper du passé. Tant que vous vivrez, continuez le voyage! Justement! Arrêtez de
mourir et vivez encore un peu sur les farandoles carnavalesques de la vie en sursis
d’éternité.
Et il ne reste plus qu’à vous dire aurevoir et non je ne ferai pas une critique
académique en forme de billet mondain du Monde. Je préfère me fouettez de ces vers
pour en tirer du plaisir plutôt que d’en décortiquer tout le jus et la moelle pour en faire une
salade sorbonnarde, et dieu seul sait combien je connais bien les coins secrets de cette
Sorbonne-là.
Dr. Jacques COULARDEAU, Critique of « ÉRIC SIVRY – PRIS EN OTAGE
– ÉDITIONS UNICITÉ – 2021 »
DESCRIPTION
À travers Pris en otage, le poète Éric Sivry nous invite à tanguer dans les saisons
voyageuses du temps et de l'espace. Que peuvent nos vaines puissances devant celle de
la nature qui nous pardonne si sincèrement ? L'hiver prenait fin / des fantômes de nuages
/ luttaient avec la lumière, écrit-il à l'endroit où nos grandeurs s'épuisent. Comment
prendre le pouls du ciel illuné / musical lorsqu'il calcule la poésie sobre / de l'étrange ?
Sous cette plume concise, Éric Sivry fait parler les terres, les pays soigneusement
arpentés où il fait bon inventer une résonance / du bout du monde. Ces vers nous content
d'autres solitudes / dans cet océan de contradictions / que l'on nomme une « oeuvre » et
nous sommes suspendus à l'instant / comme le hasard au bout d'un fil. En le suivant du
doigt, habi tuons-nous à ces mélodieuses métamorphoses. illustration de couverture :
Laudine Jacobée-Biriouk. intitulée «Tu me plais et je te plais» oeuvre numérique, 2020
Arthur Rimbaud – Illuminations – 1873 –
Barbare
Bien après les jours et les saisons, et les êtres et les pays,
Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques ;
(elles n'existent pas.)
Remis des vieilles fanfares d'héroïsme - qui nous attaquent encore le cœur
et la tête, - loin des anciens assassins -
Oh ! le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs
arctiques ; (elles n'existent pas.)
Douceurs !
Les brasiers, pleuvant aux rafales de givre, - Douceurs ! - les feux à la pluie
du vent de diamants jetée par le cœur terrestre éternellement
carbonisé pour nous. - O monde ! -
(Loin de vieilles retraites et des vieilles flammes qu'on entend, qu'on sent,)
Les brasiers et les écumes. La musique, virement des gouffres et chocs des
glaçons aux astres.
O douceurs, ô monde, ô musique ! Et là, les formes, les sueurs, les
chevelures et les yeux, flottant. Et les larmes blanches, bouillantes, -
ô douceurs ! - et la voix féminine arrivée au fond des volcans et des
grottes arctiques...
Le pavillon...
https://www.facebook.com/ville.douai/videos/exposition-rimbaud-
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Indiscible torture, la Prusse Porte de La Chapelle,
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Europe Sacrée — Ment Torturée par Ton Histoire

  • 1. EUROPE SACRÉE – MENT TORTURÉE PAR L’HISTOIRE
  • 2. Irlande adorée, Irlande martyrisée, Irlande colonisée Un matin de janvier 2021 je reçois une lettre plus ou moins circulaire, bien que parfaitement rectangulaire qui me propose d’acheter ce recueil d’Éric Sivry. Nous avons peut-être croisé nos pas dans certains locaux de l’Université de Paris Créteil, mais j’en doute. Et justement le doute aidant j’ai demandé à mon Amazone préférée de bien vouloir me f aire tenir un exemplaire et je l’eus enfin un jour ou l’autre en avril et je suis descendu dans les affres de l’horreur humaine que seule la poésie sait mettre en mots. Rumeur menaçante dans la forêt, attrait de la lune et ciel symphonique, le poète s’y perd et ressurgit au final dans un passé simple glacé et pas si simple que cela, pourfendant qu’il est glaceur glaçante avec l’imparfait qui porte si bien son nom qu’on s’y trouve au chaud confortable et converti à quelque religion que ce soit, pourvu que cette paix du fauteuil puisse durer, et ainsi échapper au temps. Et au fond de son fauteuil, jouissif plaisir, communion pacifique, le témoin poétique se prend d’un frisson car le vent du nord se met à martyriser quelques spectres arborés, tant et si bien que la montagne se suicide. Et ben, dites donc, vous n’y allez pas de main morte, Monsieur le poète. Une montagne qui se suicide? Ciel, mais c’est un chat en poche qu’ils nous arbore. Et donc prévoyons le pire puisqu’il nous le dit. Mais à quoi bon, car aussitôt le voilà qui jubile comme un ado devant un centimètre carré de chair nue. Mais, cela ne dure qu’un instant car aussitôt le rideau de la nuit pudique te tombe du ciel jusques à nos pieds. Fini de jouer. Retour aux choses sérieuses. Et ne voilà-t-il pas qu’il nous emmène à la maternité des montagnes et qu’il nous en montre une en train d’accoucher d’un tremblement de terre, d’une éruption volcanique, d’un tsunami rocheux qui nous laisse un peu … et voilà-t-il pas que cette montagne accouche de la beauté, rien que cela, de la beauté. Quand on vous le dit que le seigneur a des inspirations imprévisibles. On attendait une souris et on a eu une beauté. Mais notre poète revient à la charge avec des imparfaits qui vous capturent la vie, le ciel, les anges et les démons dans leurs impitoyables activités. La bise, naturellement glacée, joue de la flûte pas enchantée du tout avec des mots papillons qui comme la montagne accoucheuse, à leur tour, se suicident. Il tire alors de son chapeau de magicien un présent qui rend l’espoir illusoire d’une union qui ne mène à rien car l’Histoire, oui, Elle, la déesse triple et la divinité sublime, est au rendez-vous et c’est bien ce dont il s’agit. Rendez-vous et déposez les armes, ou vice versa. Personne ne sera pardonné et vous devrez tous mourir. Mais il faut quitter cette Irlande névrotique qui nous assoie au bord d’une falaise et nous fait rêver d’être une mouette qui plonge vers la mer. J’ai le vertige et je ne m’assiérai jamais au bord d’une falaise. Un coup de vent…! Pas folle la verrue. Elle sait choisir le pied qui lui plait. Alors passons en Allemagne, Rebelle, Révoltée, Crucifiée, Catatonique. Frankfurt nous ramène le passé simple métallique et glacé. On est revenu à un état de guerre permanent dans nos esprits incapables de tourner les trois cent cinquante mille pages de l’histoire récente. Et on nous ressert cette historie resucée, pardon, “fondue et
  • 3. refroidie” par trois fois comme toute bonne malédiction en neuf mots s’ils vous plait, trois fois trois neuf, l’Apocalypse, la Bête le Dragon. Et voilà notre Saint Jean qui se prend de planer dans les airs, au-dessus d’une rivière qui n’est plus qu’un vomissement de vomissures limoneuses chargées du bruit rythmé des métaux cousins germains des armes et de la mitraille. Le présent devient enivrant de simple course – cours d’eau – de vie qui n’a pour elle que ce présent de durée atemporelle. Dans cette atemporalité naît ou frémit un monde qu’on nomme œuvre car ce monde est divin de créativité qui plus que tisse, coud le linceul de la vie et le drap de la mort. Cela permet d’écarteler le Sturm und Drang qui devrait être l’œuvre des Dieux nordiques, de dieux de colère et de fureur, le Dieu majeur borgne de pour sa générosité pour les hommes, mais notre poète se veut plutôt biblique dans justement cette colère, une colère de Moïse ou encore de Jésus au Temple, quelques jours avant sa mort. Mais tout cela se brise au contact de la banalité. Il perd sa puissance mythique pour n’être plus qu’un silence qui écume. Il s’engouffre dans un triple pentacle “les hommes se sont battus” de violence et de guerre, comme tout pentacle Belzébuthien qui ne mène qu’à l’abandon, et donc à la fuite laissant les autres de ses familiers en otages aux vainqueurs. Goût amer de la défaite, de l’après-guerre d’un peuple vaincu. Mais la parole, le verbe, reprend quelques mots, tristes balbutiements, sinistre jérémiades. Jouer avec les mots c’est comme piper les dés ou biseauter les cartes, c’est tenter d’effrayer la fin pour qu’elle ne perde pas son sens, sa direction, sa définition, si d’ailleurs elle en a une. C’est croire que les mots viennent du corps et ne prennent sens que dans la chair de Rimbaud, ce “blanc-bec” qui purement et simplement dégoupille ses vannes péniennes et nous déverse au fondement des vieilles fanfares d’héroïsme, des
  • 4. rafales de givre, des brasiers, des écumes, des gouffres qui s’envirent et des glaçons qui s’entrechoquent à nos hémorroïdes sanguinolentes. Et pendant ce temps Rimbaud se faisait violenter par Verlaine sur les barricades de la Commune, à même pas dix-sept ans, ou était-ce seize? Les mots sont les enfants de l’âme qui est née en l’homme quand il décida de courir le jour durant sur ses deux pattes . Il faut remonter à la barbarie d’il y a trois cents milliers d’années pour comprendre la puissance des mots qui en deviennent épiques. Après ce voyage au bout de la nuit un ennui mortel s’abat sur nos esprits imparfaits de l’imperfection durative qui brutalement doit céder la place au temps pur du passé simple qui s’amplifie en présent final purement suicidaire d’un combat qui suspend l’ennui dans les airs comme une épée de Damoclès si nous cessons le combat. We shall overcome. Le locuteur témoin voyeur de la vie est incapable de prendre ce train de la violence otage. Il reste seul en fait, égaré sur son derrière dans cette vie de transhumance, assis sur un banc de gare au quai d’un train qu’il ne prendra jamais. Et son esprit part au large en rêvant et en écrivant, oubliant que la langue est le cri jouissif de nos cellules qui vivent pour mourir et revivre autant de fois qu’il le faut pour ne plus pouvoir. Et c’est ainsi que notre poète est aussi libre qu’un vers, un vers libre bien sûr, tourné vers l’univers sans limite, un ver de terre, une poignée de vers de terre que la bèche broie d’une seconde vie démultipliée tous les printemps.
  • 5. Véritable cavalcade de tout ce que notre homme a vécu, ou plutôt de tout ce dont il a été le témoin inamovible, immobile, inerte, et le passé, la vie donc qui a été et n’est plus – car on ne peut avoir été et être encore – n’est plus qu’un spectre, une danse macabre de spectres au mur d’une abbatiale chantant une pandémie ancienne en annonce des pandémies présentes. Choisir Faust à ce moment-là – Faust UN bien sûr – le DEUX lui échappe – lui permet d’aller à contre-temps, à contre courant, à contre pied, triade ternarisée de sainteté romantique. Mais ici à Rotterdam, que peuvent bien faire des astronautes dans un port que même Jacques Brel a chanté comme celui d’Amsterdam, un port devenu sans âme simple bouche de transfert de la terre inondée à la mer jamais asséchée. Il nous manque les … qui rotent et les … qui se frottent la panse à la bedaine des marins. Notre homme – car c ‘est un homme – reste ouvert mais à un monde qui passe, qu’on ne fait que voir, et qui ne parle pas. Où sont donc les mots de la parole prophétique d’un passant errant? Le discours de la poésie est un vaste réseau qui s’allume dans l’âme du lecteur et lui raconte une histoire dramatique dont il se remémore l’invention future. Mais impuissance de l’âge, retour nostalgique, pédophilie narcissique d’un vieil homme qui rumine à la vue de la mer, mais est-ce bien la mer que cet homme regarde comme au plus près d’une Mort à Venise germanique jusqu’au bout des ongles des pieds, sauf pour Benjamin Britten. Il se fait alors le deuil de sa propre vie comme si de regarder le passé de sa jeunesse était un arrêt de mort, comme si la jeunesse passée, il ne restait plus à vivre que le souvenir distorté, biscornu, disrupté de cette jeunesse disparue. Il s’enchaîne ainsi au passé pour s’empêcher d’émigrer. Il lui manque la folie de la vraie migrature comme dirait une candidate à l’élection présidentielle. Le paradis est un espace sans étoiles et l’enfer est un rêve empli des débris de la vie de ce monde. Entre les deux il y a la mort déguisée en vie et la vie revivant sans cesse ses fiançailles avec la mort, ses épousailles avec tous les morts d’antan. Mais où sont-ils donc tous ces morts d’antan? Des humbles mal fringués d’humilité absurde sont le poignard de la justice divine qui crache au visage des nantis toute sa nonchalante hostilité. Vous tous les humbles de tous les pays de ce monde, ne vous unissez surtout pas sinon les nantis vous enverront à quelque solution finale ignoblement maléfique. Berlin mythique, déchirée, à jamais, revisitée, Spree, KM Allee Voilà une vision de Berlin qui m’effraie comme une sarabande d’animaux sauvages, comme une tarentelle de tarentules voraces. Je n’ai de Berlin qu’un souvenir de Friedrichstrasse, Unter den Linden, Karl Marx Allee, Alexander Platz. Je ne vois aucune survie dans la guerre qui a détruit l’âme de beaucoup de peuples pour construire une chimère éberluante du côté de la Brandenburg Tor. Je n’arrive pas à concevoir un Berlin réunifié dans l’horreur de la concentration Nazie que l’on veut dépassée, que l’on souhaite dépasser et qui toujours vous hante. Dépasser le passé est en soit dépassé. Berlin me hante toujours d’une phrase inachevée. Ich Habe nicht…! Et je n’arrive plus à trouver les mots qui pourraient me satisfaire. Mon dictionnaire germanique a perdu son Goethe et son Schiller, mais il lui reste encore Faust DEUX et une finale en mort heureuse consentie consacrée partagée pardonnée. Il n’est aucun combat qui ne se
  • 6. désagrège lui-même en ferrailles et en ruines, en brûlerie et en saoulerie. Il n’est pas de combat qui ne soit coupable de vouloir; gagner et qui hurle alors à sa volonté de ne pas perdre. Et l’histoire passe toujours et écrase ceux qui veulent se battre et se battent, même pas au profit de ceux qui hésitent et se cachent sous les tables. Glacé passé simple. Distance. Impossibilité d’être vivant. Passé simple mortuaire. Imaginez le même au passé composé. Le lecteur serait alors projeté dans le spectacle qui en prendrait vie car la vie d’un poème vient de sa réception par son lecteur. Et une femelle rhinocéros mutilée est l’Allemagne qui s’est auto-balafrée le visage et s’est éradiqué le nez et s’est arraché les yeux pour ne plus voir les souvenirs d’un passé honni et désiré à la fois. Le poète poisson-chat, triste animal qui ne manque pas d’eau, comme si un aquarium pouvait héberger les calamars géants de Victor Hugo ou une tempête sous un crâne noyée à la saumure des égouts des Misérables. L’Histoire oublie son genre féminin et se fait l’esclave d’hommes à répétition comme le Kalashnikov. Et resservons une fois de plus la plaisanterie d’un peintre surréaliste délirant sur la libéralisation du communisme d’un bouc et moustache, à une simple moustache et à un crâne chauve. Vous ne connaissez pas? Mettez un sourire sur ce crâne chauve et vous aurez une chauve-souris. Suisse, Friedrich von Schiller, Wilhelm Tell, Fière et Arrogante Le passage à la Suisse neutre autocentrée se fait comme une autruche aveugle qui retourne dans son œuf. Un malandrin serpentant à la route retourne à sa bouteille. Le boutonneux adolescent descend au fin fond du jour naissant à la page souillée de la condescendance du poète oublieux du monde. Neutralité oblige?
  • 7. La parole, la langue, le discours, la rhétorique nous tournent en bourriques silencieuses au lieu de nous dire le verbe sacré du salut, même ne serait-ce que par et dans la mort. Au commencement était le verbe et à la fin de ce poème il n’y a que silence de la parole sur fond de bruissement de pièces d’or qui cliquètent. “Je ne suis qu’un mot dans la langue indifférente du temps.” Au moins un mot qui a sens lexical. Mais les mots sont les enfants de la durée que l’homme a cogitée en temps, en temps utile d’ailleurs, en temps et en heure, en temps qui n’en finit pas de passer. Les conifères phalliques se tendent le cou, le col, le coq, qu’importe pourvu qu’on ait l’ivresse. Pour pouvoir violer les cimes blanches pendant que le poète égocentré ne pense qu’à la bataille dans sa panse qui n’en pense pas moins. Et le sang peut couler sans que personne ne s’en émeuve. Je voulais voir Genève et j’ai vu Genève, mais du lac pas grand chose. Et des trams le brinquebalement métallique. Et des Suisses la mine froide et austère et la course effrénée le matin comme le soir. Non vraiment si j’avais voulu voir Rome, j’aurais au moins pu un peu plus me recueillir sur trente siècles d’histoire.
  • 8. Jamais je ne plongerai jamais plus un doigt dans l’eau pisseuse de quelques bénitier, même pas celui de l’Apocalypse. Infini renvoyé par le boomerang pour que le vertige se passe et se mue en une extase suave qui laisse la langue pâteuse et le front encorné de quelque folie corridienne ou corridorienne. Quelque chambrière plus ou moins inintéressée. Sinistre veillée à la lumière chancelante de consommateurs ombrés vacillants. Entre les deux guerres pour les plus vieux, avant la guerre pour les moins vieux, mais il n’y a aucune jeunesse dans cette référence à la folie abâtardie de nos grands-pères. Ils auraient mieux fait de se casser une jambe ou de se tirer une chevrotine dans le pied gauche. Bon voyage donc, Monsieur Du Tibia, ou est-ce De l’Humérus? Aussitôt parti, aussitôt oublié. Il n’y a de vie que dans la présence. Laissez donc aux morts le soin de s’occuper du passé. Tant que vous vivrez, continuez le voyage! Justement! Arrêtez de mourir et vivez encore un peu sur les farandoles carnavalesques de la vie en sursis d’éternité. Et il ne reste plus qu’à vous dire aurevoir et non je ne ferai pas une critique académique en forme de billet mondain du Monde. Je préfère me fouettez de ces vers pour en tirer du plaisir plutôt que d’en décortiquer tout le jus et la moelle pour en faire une salade sorbonnarde, et dieu seul sait combien je connais bien les coins secrets de cette Sorbonne-là. Dr. Jacques COULARDEAU, Critique of « ÉRIC SIVRY – PRIS EN OTAGE – ÉDITIONS UNICITÉ – 2021 » DESCRIPTION À travers Pris en otage, le poète Éric Sivry nous invite à tanguer dans les saisons voyageuses du temps et de l'espace. Que peuvent nos vaines puissances devant celle de la nature qui nous pardonne si sincèrement ? L'hiver prenait fin / des fantômes de nuages / luttaient avec la lumière, écrit-il à l'endroit où nos grandeurs s'épuisent. Comment prendre le pouls du ciel illuné / musical lorsqu'il calcule la poésie sobre / de l'étrange ? Sous cette plume concise, Éric Sivry fait parler les terres, les pays soigneusement arpentés où il fait bon inventer une résonance / du bout du monde. Ces vers nous content d'autres solitudes / dans cet océan de contradictions / que l'on nomme une « oeuvre » et nous sommes suspendus à l'instant / comme le hasard au bout d'un fil. En le suivant du doigt, habi tuons-nous à ces mélodieuses métamorphoses. illustration de couverture : Laudine Jacobée-Biriouk. intitulée «Tu me plais et je te plais» oeuvre numérique, 2020 Arthur Rimbaud – Illuminations – 1873 – Barbare Bien après les jours et les saisons, et les êtres et les pays, Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques ; (elles n'existent pas.) Remis des vieilles fanfares d'héroïsme - qui nous attaquent encore le cœur et la tête, - loin des anciens assassins -
  • 9. Oh ! le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques ; (elles n'existent pas.) Douceurs ! Les brasiers, pleuvant aux rafales de givre, - Douceurs ! - les feux à la pluie du vent de diamants jetée par le cœur terrestre éternellement carbonisé pour nous. - O monde ! - (Loin de vieilles retraites et des vieilles flammes qu'on entend, qu'on sent,) Les brasiers et les écumes. La musique, virement des gouffres et chocs des glaçons aux astres. O douceurs, ô monde, ô musique ! Et là, les formes, les sueurs, les chevelures et les yeux, flottant. Et les larmes blanches, bouillantes, - ô douceurs ! - et la voix féminine arrivée au fond des volcans et des grottes arctiques... Le pavillon... https://www.facebook.com/ville.douai/videos/exposition-rimbaud- daujourdhui/2700816100185132/ Indiscible torture, la Prusse Porte de La Chapelle, Préfiguration dramatique