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Gouverner, psychanalyser, éduquer,
sont trois métiers impossibles
nous dit Freud.
Impossibles, puisque les trois activités demandent
l’engagement de la parole.
Pour Lacan, dire toute la vérité est impossible, il nous manque
les mots.
A cause de ce manque, la vérité n’est que mi-dite.
L’autre part est indicible, et pourtant, elle touche, par quelque
bout, le réel.
Dans le fragment n°7 du Tractatus Logico-Philosophicus,
Wittgenstein affirme d’une façon lapidaire et fulgurante :
« Ce dont on ne peut parler, il faut le taire »*.
Il s’agit de cette demi-vérité qui touche le réel, dont nous ne
pouvons parler.
Cela vaut la peine d’essayer de comprendre les caractéristiques
de cette impossibilité, pour concevoir par la suite l’émergence
d’une transmission possible.
Gouverner, psychanalyser, enseigner ( ?) sont donc des
fonctions en rapport avec ces deux versants de la Vérité, celui
de la parole (le mi-dire) et celui du réel, qui échappe à la prise
de toute symbolisation.
Mais, c’est grâce à cet impossible que l’acte de parole peut
toucher au réel.
Avec le signifié la psychanalyse dit une vérité, mais c’est avec
des signes spécifiques qu’elle touche au réel.
Les limites du sens portés par le signifié ouvrent donc à la
possibilité de rencontrer l’impossible.
2
La parole, instrument permettant d’exercer ces trois fonctions,
n’a pas de prise sur le réel qui lui résiste à la symbolisation.
Pour accéder à une forme de symbolisation qui touche au réel, il
faut laisser choir les signifiés, les concepts déjà établies, laisser
surgir les signifiants, les ouvrir aux possibles.
Le psychanalyste alors doit se mettre en veille par son désêtre
et laisser la place au savoir de l’analysant ; celui qui transmet
se doit de laisser surgir le sujet avec son demi-savoir ; la
démocratie doit laisser la place (l’agora) au peuple.
De la même façon l’im-possible de la transmission devient l’un
possible (possible un par un) d’un acte de séparation entre
transmettre et recevoir, entre parler et écouter.
Une nouvelle réception est ainsi possible, qui permet un écart
qui ouvre à quelque chose d’une transmission du réel.
Ce qu’on reçoit n’est pas la forme du réel (représentation), mais
le réel d’une forme (un signe qui est affecté par l’inconscient).
L’inconscient agit, mouvant le réel dans le symbolique, et ainsi
devient sujet de cette réception.
C’est par ce passage que les formes peuvent se transformer.
La formation agit cette transformation.
Se former, devenir analyste, enseigner, ou faire de la politique
signifie se transforme à partir de l’écoute.
« L’inconscient c’est le réel en tant qu’impossible à dire »*.
Ne serait-il pas aussi le possible à entendre ?
Le réel c’est l’impossible, nous dit Lacan.
Mais comment alors peut-il s’agencer au possible ?
« Le signifiant est ce qui représente un sujet pour un autre
signifiant »*.
Cette dynamique de représentation nécessite l’association qui
casse l’impossible de la parole.
Toutefois le possible permis par l’association libre exige
toujours une première symbolisation.
3
Cette primauté est une prémisse, une nouveauté, une création,
la rencontre entre symbolique et réel.
Comment alors enseigner, comment transmettre si dire toute
la vérité est impossible puisque les mots nous manquent ?
Comment faire en sorte que cet impossible de la transmission
rencontre le possible ?
Suffit-il de faire appel au désir de chacun dans son rapport au
savoir ?
Ou faut-il aussi créer des outils adaptés ?
Et ce désir, pour qu’il soit agissant, ne doit-il pas se faire acte de
séparation avec l’objet, faire alliance avec le symbolique, et
faire surgir la scansion où les signifiants entament le réel ?
C’est à partir de cette transmission impossible que nous
ouvrirons l’accès au discours de la psychanalyse.
Cet impossible pourra nous permettre de rencontrer d’une
façon nouvelle et singulière les textes de Freud et Lacan.
Cette rencontre sera d’autant plus fructueuse qu’elle nous
permettra d’approcher le réel inscrit dans la lettre.
Chacun de nous pourra, avec sa voix essayer d’interroger
l’énigme du savoir dans un lieu de questionnement nouveau où
la psychanalyse, l’invention, l’art sont conviés ensemble au
chevet des textes et des expériences d’analyste et d’analysant.
A l’Université les énoncés théoriques ont valeur de vérité.
Ils doivent constituer un corpus de connaissance, évalué et
validé par l’institution.
Nous proposons un espace de travail où chacun fera œuvre de
sa formation dans un trajet propre de recherche, de
ressourcement et de dé-sidération.
Nous proposons un lieu de travail où s’expérimentera ce
renouvellement du discours analytique dans une lecture
collective des textes de Freud et de Lacan.
Dans ce lieule savoir textuel et le savoir référentiel celui de la
cure pourront se rencontrer.
A partir de cette rencontre pourront se former des cartels et
d’autres espaces de travail, où divers questionnements
théoriques et cliniques pourront s’élaborer.
Dans chaque groupe, chaque participant pourra faire œuvre de
ce qui appelle et le forme en restituant aux autres les questions
personnelles qui l’auront saisi.
La parole singulière de chacun, son style sera la signature
d’une validation.
4
Le parcours analytique individuel de chacun sera la signature
d’une confirmation.
Nous nommons ce projet de transmission de la psychanalyse
Corpo Freudiano, et proposons aux analystes et aux analysants
d’y adhérer dans le but de mettre à l’épreuve le travail de
l’inconscient dans l’échange avec quelques autres.
Le but de Corpo Freudiano est de mettre en place une nouvelle
formation de base, à l’abri des dogmes et des hiérarchies, en
faisant référence aux textes fondateursde lapsychanalyse et à
l’expérience de l’inconscient de chacun.
A Paris,le14 septembre 2014 Paolo Lollo,Jacques Siboni,CristianeCardoso
Cartels dans les textes
JACQUES LACAN
• « L’Acte de Fondationde l’Ecole freudienne de Paris »
21 juin 1964 (Extrait)
Jacques Lacan y présente pour lapremière fois les principes du
cartel.
« Ceux qui viendront dans cette Ecole s’engageront àremplir
une tâche soumise à un contrôle interne et externe.
Ils sontassurés en échange que rien ne sera épargné pour que
tout ce qu’ils feront de valable, ait le retentissement qu’il
mérite, et à la place qui conviendra.
Pour l’exécutiondutravail, nous adopterons le principe d’une
élaboration soutenue dans un petit groupe.
Chacun d’eux (nous avons un nom pour désigner ces groupes)
se composera de trois personnes aumoins, de cinq au plus,
quatre est la juste mesure.
Plus une chargée de la sélection, de ladiscussionet de l’issue à
réserver autravail de chacun.
Après un certain temps de fonctionnement, les éléments d’un
groupese verrontproposer depermuter dans un autre.
5
La charge de directionne constituerapas une chefferie dontle
servicerendu se capitaliserait pour l’accès à un gradesupérieur,
et nul n’aura à se tenir pour rétrogradéde rentrer dans le rang
d’un travail de base.
Pour la raison que toute entreprise personnelle remettra son
auteur dans les conditions de critique et de contrôle où tout
travail à poursuivre serasoumis dans l’Ecole. »
• « D’écolage »11 mars 1980 (Extrait)
Il s’agitd’un texte lu par Jacques Lacan à son Séminaire.
« […] Je démarrela Causefreudienne – et restaure… l’organe de
base repris de la fondation de l’Ecole, soit le cartel, dont,
expérience faite, j’affinela formalisation.
Premièrement– Quatre se choisissent, pour poursuivreun
travail qui doit avoir son produit.
Je précise : produit propreà chacun, et non collectif.
Deuxièmement– La conjonctiondes quatre se fait autour d’un
Plus-Un, qui, s’il est quelconque, doit être quelqu’un.
A chargepour lui de veiller aux effets internes à l’entreprise, et
d’en provoquer l’élaboration.
Troisièmement– Pour prévenir l’effet de colle, permutationdoit
se faire, au terme fixé d’unan, deux maximum.
Quatrièmement –Aucun progrès n’està attendre, sinon d’une
mise à ciel ouvert périodique des résultats comme des crises
de travail.»
JACQUES-ALAIN MILLER
• Le cartel au centre d’une école de psychanalyse :1994
Jacques-Alain Miller prend la parole contre la banalisation et la
désertion du cartel et pour maintenir sonstatut central de
mode de travail dans l’Ecole de la Cause freudienne
Le cartel dans le monde
J’ai choisi ce titre parce que je voulais exprimer, et tirer au clair
une pensée qui me taraude depuis longtemps. Quelque chose
me chiffonne dans le cartel dans le monde. C’estmon point de
départ. II m’a conduitailleurs que là où je pensais aller*.
Un manque d’enthousiasme
En 1979, j’aiinventé avec Eric Laurent le Cataloguedes Cartels.
6
Aujourd’hui, ily a cinq Ecoles du Champ freudien, il y a
cinq Catalogues, avec la même couverture, et les mêmes
rubriques. C’esttrès bien.
Mais n’y a-t-il pas là beaucoup de formalisme ?
Je sens, je crois sentir dans le monde – je peux me tromper, et
certainement on me démentira, sinon d’ici, d’ailleurs – un
certain manque d’enthousiasmepour le cartel.
Je n’entends jamais des collègues d’ailleurs parler de leur cartel.
Je ne vois pas de référenceau travail en cartel.
Je ne perçois pas d’émotion quand des collègues parlent du
cartel.
C’est un fait que !a tradition, ce n’est pas !e cartel, c’est le cours
magistral.
En Argentine, où !’Universitéa été longtemps baîllonnée, où elle
est longtemps restée archaïquedans ses méthodes, on a afflué
auprës de maitres qui dispensaient leurs enseignements hors
universités – des maîtres qui n’étaient pas maîtres par le
diplôme, mais par le charisme.
C’est ce qui a été transportéen Espagne, et au Brésil.
Le plus-un de cartel, qui est le leader fonctionnel d’un groupe
minimal, ne saturepas la demande de charisme.
Le plus-unest un leader, mais un leader modeste, un leader
pauvre.
L’agalma qui le supporte est nondense. II estfaiblement
investi. II est, sil’on peut dire, doté d’un charismeforce4, alors
qu’en pays latin du moins, on veut, semble-t-il, un charisme
d’ordresupérieur, l’investissementmassif d’un plus- un qui soit
aussiun orateur.
L’exigence d’une médiationorale pour avoir accès à l’écrit est
de structure,mais pour peu que l’écrit soit moins présent dans
la formation, cette médiation devient une fin en elle- même, se
convertit en une guidance imaginaire.
Bref, j’aisouventle sentiment, quand on évoque les cartels
ailleurs, qu’il y entre quelque semblant, qu’il y a un forçage, que
c’est un peu chiqué.
Disantcela, je ne vais pas me faire bien voir. Je ne vais pas me
faire bien voir ailleurs. Avec ce que je vais dire maintenant, je ne
vais pas me faire bien voir ici. Je provoque. C’estpour que l’on
me réponde.
A essayer, en tâtonnant, de réfléchir sur ce malaise à propos du
cartel dans le monde, j’aiété conduit à faire retour aux origines
du cartel– à faire aussiun retour sur ce que nous, ici, nous
avons fait du cartel.
7
Aux originesdu cartel
Le cartel, à la différence de la passe, estcontemporain de la
création de l’Ecole. Nous avons eu des Journées sur L’Ecole et
l’expérience de la passe pendant la dissolution de l’Ecole
freudienne de Paris, et, à l’ECF sur Le conceptde l’Ecole et
l’expérience de la passe – nous n’avons jamais eu de Journées
sur L’Ecole et l’expérience du cartel.
Néanmoins, du fait que le cartel est contemporain de la création
de l’Ecole, on peut supposer qu’ilest congruentavec le concept
de l’Ecole, et se demander en quoi il l’est.
Deux remarques préliminaires : La première porte sur l’actualité
du petit groupeen 1964, au moment où Lacan créait sa
première Ecole.
A l’époque, l’idée du travail en petits groupes, de formation à
partir du petit groupe, avait été mise à l’ordredu jour, à la
Sorbonne, par les étudiants en Lettres, spécialement par leur
syndicat-syndicatd’agitateurs, non degestionnaires-, la F.G.E.L.,
la Fédération générale des Etudiants en Lettres, qui avait promu
la nécessité de ce qu’ils appelaient des G.T.U., des groupes de
travail universitaire, invitant les étudiants àtravailler
ensemble, sur une base égalitaire, sansles « profs » ou avec le
moins de « profs » possible, manière de s’opposer aucours
magistral, pratiquetenue pour réactionnaire.
II y avaitdans cette proposition comme les prodromes deMai
1968.
L’idée d’une formation en petits groupes au lieu du cours
magistral, ou à côté du cours magistral, participait déjà du
mouvement anti-autoritaire.
Le pro-cartel est anti-autoritaire.
On l’a vu en 1979-80, lors dela dissolution de l’EFP qui
commença par un renouveau de l’intérêt pour les cartels.
Ma seconde remarqueest que le cartel incarne une thèse de la
théorie des groupes –à un groupe, il faut un leader, tout
groupea un leader.
Cette thèse peut s’inscrire selonles formulesde lasexuation
mâle, de la même façon que la passe répondrait plutôt aux
formules de la sexuationmasculine.
L’idée de Lacan avec le cartel est àla fois que rienne sert de
nier le fait du leader mais qu’on peut l’amincir au lieude le
gonfler, le réduire au minimum, en faire une fonction,
permutative quiplus est.
8
Le travail del’Ecole
C’est alors que j’ai repris laphrase de Lacan qui introduit le
cartel dans son Actede fondation
– « Pour l’exécution du travail, nous adopterons le principe
d’une élaborationsoutenue dans unpetit groupe ».
Commentaire : Le cartel, quiest ce petit groupe, est un moyen
pour exécuter untravail. Ce n’estpas une fin en soi-même. Oui,
mais ce n’est pas non plus exactement un moyen.
Lacan dit plutôt que c’est lemoyen, et non pas pour
exécuter un travail, mais pour exécuter le travail.
Le moyen pour exécuter le travail – avec l’article défini.
Cette phrase, si on s’y arrête, dit que le travail de l’Ecole passe
par le cartel.
On pourrait exécuter un travail de cet ordredans des
séminaires, des cours, des conférences, des Journées d’études.
Justement, Lacan ne dit pas : « Pour l’exécution du travail, nous
adopterons le principe d’une élaboration soutenue dans des
séminaires, des cours, des conférences, des Journées d’études
».
II dit: « Nous adopterons le principe d’uneélaboration
soutenue dans un petit groupe».
Le travail. Quel travail ?
Dans l’Acte de fondation de Lacan, le mot travail est plusieurs
fois répété. On le trouveau second paragraphe, au troisième
paragraphe. Au quatrième paragraphe, l’auteur parle de tâche,
au cinquième de l’exécution du travail, etc. II terminesur les
travailleursdécidés.
L’Acte de fondation estsous l’égide du travail. Mais qu’est-ce
que Lacan appelle le travail de l’Ecole ?
C’est un travail – « qui, dans le champ que Freuda ouvert,
restaure le soc tranchant de sa vérité –qui ramène la praxis
originale qu’il a instituée […] dans le devoir qui lui revient en
notre monde – qui, par une critique assidue, y dénonce les
déviations et les compromissions… »
Autrement dit, l’exigence éthique, épistémologique, aléthique,
praxéologique, queLacan fait entendre est censée s’accomplir
par un travail, qui est le travail de l’Ecole, et ce travailpassepar
le cartel – non par le séminaire, la conférence, le cours.
Cartel et passe
Pourquoile cartel est-il pour Lacan congruent avec le travail de
l’Ecole, dans son exigence laplus intime et laplus haute ?
9
On peut répondreà cette question : pour répondre, il faut
d’abord sedemander – Qu’est-ce qui acompromis la vérité de
la psychanalyse et dévoyé sapratique ?
Nous connaissons la réponsede Lacan – au moins sur son
versantinstitutionnel : on la trouve développée dans « Situation
de la psychanalyse en1956 ».
Le méchant de l’histoire, c’estlabéatitude, c’estle didacticien.
En effet, le cartel, tel que Lacan l’apporte dans l’Acte de
fondation, estune machine de guerre contre ledidacticien et
sa clique– comme Lacan en emploie ailleurs l’expression.
Celafait bienvoir la parenté du cartel et de la passe.
La passe, comme le cartel, est, du point de vue institutionnel,
une machine anti-didacticiens.
L’Ecole, avec son cartel, et sa passe, est un organismequi viseà
arracher la psychanalyseauxdidacticiens. Apparemment, cela
tend toujours à sereformer, puisqueLacan a été amené à
dissoudrecette Ecole pour les mêmes raisons qui la lui avaient
fait fonder.
La passea le résultat institutionnel évident de faire échapper la
nomination des AE aux didacticiens. Le cartel tendait, dans
l’idée de Lacan, à faire aussiéchapper à l’emprise des
didacticiens les membres de baseincités à ne pas segrouper en
cliques concurrentes, mais à entrer dans l’organisation circulaire
de l’Ecole.
Lacan ajoute, dans l’Acte : « Ceci n’implique nullement une
hiérarchie latête enbas ».
Faut-il y reconnaîtreune dénégation ? C’est au moins mettre le
didacticien sens dessus-dessous. Sicen’est pas une hiérarchie à
l’envers, mais bien une organisationcirculaire, celle-ciest
marquée au coin d’un égalitarisme certain.
Dans le système des cartels, l’unvaut l’autre.
L’idéologie du cartel a un petit côté leveller, niveleur. Et, de fait,
Lacan a été accompagné, dans toutes ses initiatives, d’une
Frondedes notables, qui a commencé à la fondation elle-même,
qui s’estpoursuivieau moment de la « Proposition » de la
passe, et qui s’estconclue par la dissolution de la première
Ecole.
Le Plan Lacan
Si l’on saisit que, dans l’intention de Lacan, le travail de l’Ecole
passaitpar le cartel – et non le séminaire, la conférence, etc. –
on comprend alors la fonctiondes Sections de l’Ecole.
Lacan avait prévu trois Sections quiétaient autant de
regroupements de cartels. Ce plan d’Ecole, le Plan Lacan, n’a
10
jamais été réalisé. Selon ce plan, le travail de l’Ecole s’exécute
par cartels. S’il y a des cours, des séminaires, des conférences,
cela sefait hors Ecole. D’ailleurs, le Séminaire de Lacan était
hors Ecole.
L’Acte de fondation dit que le propre de l’Ecole, dans son.
rapport à la vérité, c’estle travail par cartels.
La question pourraitêtre d’actualité. II suffiraitdele décider.
Cela supposeraitdes’interroger sur le point de savoir pourquoi
le Plan Lacan n’a jamais été réalisé. Parce qu’il était irréalisable
?
Parce qu’on ne peut inhiber ni la croissancede charismes, nila
demande de charisme ? Faut-il réaliser ce plan ? Ou serait-ce un
fondamentalisme du cartel ? Faut-il modifier quelque chosede
la définition du cartel, ou de la pratique du cartel, pour réaliser
le Plan Lacan ? -comme, après tout, il a fallu compléter la «
Proposition » de la passepour la rénover.
On me dit qu’il y a un peu d’incertitude quantaux cartels. Si
c’est le cas, il faut choisir- continuer sur la lancée, ou repenser à
nouveauxfrais.
Jacques-Alain Miller a répondu à des questionsde l’assistance
dansles termes suivants (résumé).
La question qui reste poséepar le Plan Lacan de 1 964 est la
suivante: est-ce que nous voulons, ou est-ce que nous ne
voulons pas que l’Ecole soit à part? L’idée initiale est d’une
Ecole à part, et qui, de ce fait même, peut répondre àla
questionque lui pose – ou devrait lui poser – la société, voire
l’Etat : celle de la qualificationdupsychanalyste.
De quelle façon voulons-nous êtreà part ? Ou bien voulons-
nous ne pas être à part ? Comment donner le maximum
d’intensité à l’Ecole ? Est-ce en important ce qui fonctionne avec
succès dans d’autres lieux ? Ou, au contraire, enallant au bout
de notre spécificité, telleque Lacanla dessine ici ? En
l’assumantet en la travaillant ? L’Ecole vat-elle devenir l’Ecole
des ACF ? l’ensemble des ACF ?
Ou restera-t-elleleur plus-un ?
Cela supposederéinventer sa différence.
La passemet déjà l’Ecole à part. Le cartel peut-il aussimettre
l’Ecole à part ? Ou est-il définitivement banalisé ?
Note : J’ai donné une suiteà ces réflexions dans l’Ecole à l’envers, paru dans lenuméro 1
de L’Envers de Paris, édité par l’ECF en novembre de cette année.
J.-A. M.
Intervention à la Journée des cartels du 8 octobre 1994 à l’ECF, transcritepar Catherine
Bonningue. (Paru initialementdans La Lettre mensuelle n°134)
11
L’Ecole à l’envers
Comprendre le nouveau en réchauffantl’ancien.
Confucius, Entretiens, II, 11.
Une lecture attentive de l’Acte de fondation ne devrait laisser
aucun doute : dans l’intention de Lacan, le travail de l’Ecole,
« restaurer la vérité…, ramener la praxis…dansle devoir…,
dénoncer lesdéviations et les compromissions… » passaitpar le
cartel.
Par le cartel, c’est-à-dire: non par les séminaires, ni par les
cours, ou les conférences, ou les colloques.
Rien de tout cela : le cartel.
Faut-il revenir au plan Lacan de 1964 ? J’en ai poséla question
hier, à la journée des cartels. A l’invitation de L’Envers, je
poursuis sur ma lancée. L’Ecole de la Cause freudienne sait
qu’elle est nouvelle. Elle entame sa seconde époque. Elle a de
nouveauxstatuts. C’est ECF 2.
Cela est acquis. Cela ne dispensepas d’anticiper sur le processus
en cours. Un petit effortd’imagination, et de déduction, est
requis pour rester ahead of the curve.
Les ACF sont, pour l’Ecole, une chance. Elles sont aussiun péril.
En effet, les ACF étendent maintenant leur réseau sur la France
entière, sans compter la Belgique francophone; L’Envers
prendra son essor à Paris ; le nomde l’Ecole, ses publications,
ses activités, parviendrontdemain dans les villages; nous
sommes sur le seuil d’une expansioninédite par son ampleur,
et qui marquera l’histoire de la psychanalyseen France. Très
bien.
Les ACF s’insinuentdans les interstices que leur offre le tissu
social, se trament en lui, bien plus agiles à s’y tricoter que
l’Ecole ne peut l’être. C’estce que nous voulions.
Voulons-nous maintenantque l’Ecole soitle nom de l’ensemble
des ACF ? Qu’elle devienne l’Ecole des ACF ? Les ACF avancent
sur l’Ecole. Celle-ci a dû déjà repousser l’assaut, toutamical, de
l’Ile-de- France.
Si l’Ecole ne veut pas devenir l’ensemble des ACF, mais rester
leur Plus-Une, il lui faut « se resserrer sur ses tâches propres
» (voir l’Avant-proposdel’Annuaire1995), c’està dire
réinventer sadifférence.
Sa différence, ce seraitd’être un organisme cohérent avec le
discours analytique.
Elle l’est, quand on la rejoint, non par la voie du servicerendu,
mais par celle de lapasse, mode de sélection qui lui est propre,
et qui demeure incontesté.
Elle ne l’est pas, quand les enseignements qu’elle promeut ne se
distinguent en rien de ce qui se fait partout ailleurs, dans les
ACF, dans les Sections cliniques, à l’Université, à l’IPA.
12
Appliquer le plan Lacan de 1964, ceserait mettre hors-Ecole, ou
sur le pourtour de l’Ecole, tout ce qui est séminaires,
conférences, cours, dégager un espace central pour « le travail
de l’Ecole, « exécuté selon » le principe d’une élaboration
soutenue dansun petit groupe« . Ainsi l’Ecole de lapasse serait-
elle aussi celle ducartel.
Seulement, ce cartel-là ne seraitpas celui que nous pratiquons-
et qui fut défini par Lacan, remarquons-leenfin, pour le
bénéfice de la Cause freudienne, non de son Ecole, qui n’existait
pas encore.
Faut-il distinguer les cartels ACF et les cartels de l’Ecole ? La
question a été posée. Toujours est-il que le cartel modèle 1964
donnait au Plus-Un une fonction qui s’estperdue, du même
mouvement qui déclassa le cartel.
Le cartel aujourd’hui est eneffet unorgane où l’onfait son
apprentissage.
Lorsquecelui-ci est achevé, ou qu’on le croit, on tend à déserter
le cartel. Or, le cartel d’apprentissagen’estpas dans l’intention
première de Lacan. Le cartel originel était unorgane de critique
et de contrôle des productions.
D’où le rôle de la « Plus-une personne », chargéede la
sélection, de la discussion, et de l’issue à réserver au travail de
chacun » .
Dans le cartel contemporain, on ne comprend même plus ce
que cela peut vouloir dire.
On dira que ce qui avait un sens dans une Ecole d’unepetite
centaine de membres, comme était l’EFP en 1964, n’en a pas
pour la nombreuseECF avec son cortège d’ACF. Je le nie. Qui
sontaujourd’huiles sélecteurs ?
Qui sontceux qui décident de l’issueà réserver aux travaux? Ce
sontdes comités – comités d’organisation, comités de
rédaction, comités de gestion, comme est le Directoire –
brassantdes affaires innombrables, à qui l’on soumet son
travail, et qui répondent par un oui ou par un non.
Dans un ensemble aussivasteoù faire « reconnaîtreson travail
» – je ne dis pas le faire publier – deviendra toujours plus
difficile, ne seriez-vous pas heureuxde faire partie d’un petit
groupecomposéde collègues disponibles, qui prendraient
connaissancede vos élaborations pour les discuter, et vous les
faire ré-élaborer ?
C’était cela même, le cartel 64.
Lisons encore une fois l’Acte de fondation. Ilnes’agissaitpas
d’une élaboration soutenuepar un petit groupe, mais dans un
petit groupe; il ne s’agissaitpas de proscrireles « entreprises
personnelles » mais que toutes soient soumises dans l’Ecole à
des « conditions de critique et de contrôle ».
13
Ce ne sontpas des comités accablés de tâches pratiques qui
peuvent répondreà cette exigence, mais bien des cartels.
Les anecdoctes, je pourrais en apporter beaucoup à l’appui. Tel
collègue, publié en bonne place dans la prestigieuse revuede
l’Ecole, se désespèrepourtant que son élaboration n’ait aucun
écho.
Tel autre publie sans le dire, sans le savoir peut-être, les dits
d’un collègue, et personnene lit d’assez près pour s’en
apercevoir.
Ne disons rien de l’émotion produite par la critique quand elle
se fait en public, ce qui est rareni de l’émotion produitepar le
silence de toute critique (cela s’appelle 1’ennui, l’ennui prix de
l’unité, l’ennui unien).
Présenter ses élaborations dans un petit groupe, être écouté,
critiqué, conseillé par des camarades, n’avoir pas à solliciter seul
la publication de son travail, la programmation de son exposé,
mais avoir son cartel, son plus-un, pour intercesseurs – ne
serait-ce pas mieux que la situation qui prévaut dans l’Ecole ?
Si l’on veut que cela se fasse, il y faut riende moins qu’une
refonte ducartel. Cela met en question une routine puissante,
qui est là. Pour changer les us d’un corps constitué, un seulne
peut rien (à moins d’être Meiji). Si je suis seul, gardons nos
nattes.
(Paru initialement dans L’Envers de Paris n°1)
La passe, interprétation de la psychanalyse
Esthela Solano-Suarez
Considérer la passecomme l’interprétation majeurede la
psychanalysedonnéepar Lacan me semble une proposition très
féconde, donton peut tirer des conséquences.
Cette proposition a été avancée par J.-A. Miller dans son cours
du 19 mars 2008.
Elle est solidaire d’unabordde l’œuvre de Freudet de
l’enseignement de Lacanà la lumière de l’interprétationde la
psychanalyse sans cesse renouvelée.
Dans ce sens, l’interprétation s’avèrenepas être unique et
figée, car elle est « effet et fonctiondu temps qui passe » et de
ce fait, elle prend en compte les effets et les conséquences de la
pratique de la psychanalysesur la psychanalyse.
Cet effet du temps et de la pratique se vérifie comme étant
aussiefficace et agissantau niveau de l’interprétation de la
passe.
Depuis son interprétation inaugurale, celle de la proposition
d’octobre67, Lacan en a donné d’autres versions, au fil des
avancées de son enseignement.
14
Nous sommes convoqués aujourd’hui pour traiter des variétés
de la passe au 21e siècle.
Ceci préfigureles variétés de l’interprétation de la passeque
nous sommes censés prendre encompte ou produire, à
condition de ne pas négliger les effets de lapratique de la
passe et de la pratique analytique, sur lapasse.
La passe est une expérience.
Cette expérience est un fait, et ce fait est un effet de discours.
La passe c’est le nom des effets dudiscours analytique en
termes de conclusionde l’expérience.
Cette conclusion a été conçue d’abord par Lacan
comme solutionaux impasses dudésir.
Plus tard son effort s’est resserréautour des effets et de
l’incidence de l’expérience analytiquesur le rapport du sujet à
sa jouissance.
Néanmoins nous pouvons constater que tout au long de
son enseignement Lacan ne cessepas de revenir sur une
questionqui le chiffonne : celle de savoir comment il se fait
qu’un analysant veuille occuper laplace de l’analyste.
La question portantsur l’effet analyste, ou sur l’analyste
comme produit de l’expérienceanalytique c’estuneconstante.
Ce qui varie, ce sont les réponses.
Pour cette raison, la passecomme interprétation, concerne non
seulement l’idée que l’on se fait de ce que c’est qu’une analyse
et sa conclusion, mais aussil’idée que l’onpeut avoir quant à
l’analyste que l’onveut pour l’Ecole.
Forceest de constater qu’un tissud’interprétationstraverse le
dispositif de lapasse aussibien que la temporalité logique mise
à l’oeuvre dans toutes ses étapes.
L’interprétationdupassant
Le passant demande la passe à l’Ecole pour transmettrece à
quoi son expérience analytique aabouti.
L’exercice de parole dontil doit faire preuvedevant les passeurs
n’est pas du même ordre que la parole analysante.
Icipoint d’association libre, mais exercice d’une parole qui
prétend hystoriser, voirereconstruirela nouvelle version de
l’histoire issuede l’analyse.
Le passant construit sonrécit dans l’après-coupde l’analyse.
15
Ille construità partir de restes qui ont échappé à l’oubli.
Le récit de passeest une histoire qui dit comment la
contingence subvertitet fait ruptureau niveau de ce qui était de
l’ordrede la nécessité, voire de la répétition du même.
L’acte analytique produit l’événementimprévudonnant lieuà
telle séquencemémorable de l’analyse, présentifiantdes
moments de rupturesubjectivequi laissent des traces, isolant
et faisant consister tel signifiant maître où les équivoques de la
langue font retentir un nouveau sens qui touche le corps et
dont la conséquence sensibleaboutit à ce que quelque chose
cesse, de s’écrire.
Le passant fait un effort pour transmettreles faits qui ont eu
lieudans sonanalyse à titre d’événements etcomment ceux-ci
ont porté à conséquence au niveau des événements de corps.
Ilapparaît même, dans certains témoignages, que les
événements de l’analyse prennent laforme des événements
de corps.
Or, le témoignage, est une élucubration.
Le témoignage est un récit articulé par lequel on veut rendre
compte, rendreraison et donner du sens, aux coupures
opérées dans l’analyse qui ont euune incidence sur la
jouissance.
Or si la jouissanceexclut le sens, alors le récit de passeest une
gageure, dès lors qu’il prétend faire entrer dans le sens des
bouts de réel hors sens.
On mesure alors à travers le témoignage un effortpour
surmonter la disjonction et l’abîme entre le réel et le sens, aussi
bien qu’entre le vraiet le réel.
Trop de sens alourdit le témoignage, et pas assez le rend
incohérent.
Toujours est-ilque le témoignage, même le plus idéal qui
n’existe pas, est une version trouée, faisantpreuve
d’incomplétude.
C’est une lecture qui ne cessepas de s’écrire, une lecture qui
accepterait toujours unenouvelle version tout en sachant
que jamais il n’y aura de version ultime qui nous dise le dernier
mot.
Et cela parce qu’on ne vient jamais au bout du bout du réel. Ily
a un trou inviolable et le témoignage tourne autour.
En revanche, ce qui donne une note plus substantielle, plus
authentique au témoignage, c’estson corrélatde satisfaction.
Qui dit satisfaction évoqueun nouveau régime du rapportà la
jouissance, aussibien qu’un nouveau rapportau corps et à
l’affectation du corps par la lalangue.
16
De cette satisfaction font signe des affects, comme
l’enthousiasmeet le gay savoir, isolés par Lacan, qui traduisent
un état d’allégresseet de joie, au sens de Spinoza.
Ce signe surmontel’élucubration interprétative en même temps
qu’il confirme sa consistance, en en faisant ex-sister un index
plus réel.
L’interprétationdes passeurs
Les passeurs reçoiventle témoignage du passantet leur position
n’exclut pas l’interprétation.
Ce qu’ils entendent et la façon dont ils le transmettent
témoigne aussid’uneposition interprétative.
Parfois on peut constater dans le cartel jusqu’à quel point les
mêmes faits transmis par le passantpeuventprendreune
dimension tout à fait différente selon l’interprétation de l’un ou
l’autre passeur.
Ce qui est inévitable, car ici semesure l’écart entre ce qui se dit
et ce qui s’entend.
Cet écart est naturellement comblé par les significations et par
les versions del’entendeur.
Or, ici aussi, ce qui échappe à l’interprétation et qui passedu
récit du passantvers les passeurs estde l’ordrede l’affect.
Le passeur peut témoigner de la façon dont le récit du passant
l’a épaté.
Ila été épaté parce qu’il y a eu surprise, il y a eu quelque chose
d’insolite, de nouveau qui a ébranlé les idées reçues, rendant
contagieux l’allégresse et l’enthousiasme.
L’interprétationducartel
L’interprétation du cartel est décisive, car elle donnelieu à une
nomination ou pas.
Ily a les interprétations « coup de foudre» qui
s’imposent comme étant de l’ordred’une évidence
et précipitent le cartel à conclure de façon unanime et à
décider sur le champ d’une nomination.
Elles sontrares. Et puis il y a les décisions qui demandent du
temps pour comprendreet pour conclure.
Au cours du travail du cartel, plusieurs interprétations se font
jour. Elles peuvent êtres très opposés, même antagoniques.
17
Quelle interprétation emportera la décision du cartel ?
Celle qui est la plus argumentée ou celle qui fait apercevoir une
autre facette jusqu’alors négligée, ou celle qui donne une
lecture du témoignage rendant évidente sa logique ?
Oui, tout cela compte et, en même temps, ça ne compte pas. En
nous orientant de Lacan, nous pourrions nous demander jusqu’à
quel point les effets de prestige ne jouent pas d’un poids
éminent.
À ce titre je m’appuie sur la considération de Lacan selon
laquelle tant l’amour que l’interprétation analytique sontà
mettre au compte des effets de prestige, du poids de l’analyste,
disait-il.
Ily a un travail du cartel certes, mais ce travailmet en évidence
la multiplicité d’interprétations attenantes au processus
d’élucubration.
L’élucubration du cartel dépend de l’idée de la passeque sefait
le cartel, à travers l’idée que s’en font ses membres.
Nous tournons autour d’un trou au cartel de la passe. La
question est celle de pouvoir tourner de la bonne manière.
Pour cela il ne faut pas se prendrepour des experts, ni croire
que nous savons quelquechose sur la passeparce qu’on l’a
passée.
Faire tabula rasa de tout ce qui a été dit, publié, et même
éprouvépar rapportà la passe, me semble essentiel, et cela,
pour garder une position de naïveté afin d’accueillir
l’événement dont témoigne chaque passant.
Cette position fait valoir non pas ce qui est déjà su, mais
la nouveautéqui peut toujours nous enseigner quelque chose
sur l’efficace et aussisur les limites de la psychanalyseen
termes d’impossible.
Prendreune position d’humilité face au réel comporte de ne
pas trop se laisser suggestionner par les effets de prestige de
nos élucubrations, toujours fragiles, incomplètes et par voie de
conséquence, trouées.
Pour cela, chaque témoignage, qu’il donne lieu à une
nomination ou pas, mérite d’être travaillé. Ilne s’agit pas, en
aucun cas, que le cartel prenne la forme d’une commission
d’évaluation comme le rappelait récement Miquel Bassols,
décidant dans la hâte si le témoignage répond ou pas à des
critères consacrés, pour ensuitepasser au suivant.
J’exagère un peu la note, je sais, mais vous le disant, je me le dis
à moi-même, dans l’effort de faire valoir que la passeet son
avenir dépendent de notre travail, de la manière dont nous
procédons et de la manière dont nous la traitons.
18
Ceci étant dit, l’avenir de la passedépend de la passeque nous
voulons dans notre Ecole.
Voulons-nous la passeépreuvede savoir, la passequi épouse
le recouvrementpar le symboliquedu réel et de l’imaginaire, la
passequi se fonderait sur l’illusion d’un point final et définitif
par rapportà ce qui provient du réel, la passequi doit rendre
compte du triomphe du couple sur la solitude, la passequi
réclame l’aveu de l’objet, bref la passequ’ idolâtre la superbe
de la vérité menteuse ?
Ce serait alors l’assassinat de la passe.
En revanchela passepetite chose, tout à fait précaire face à
l’impossible, est une passequi nous met à l’abri du versant
religieux de la passe.
Une petite chose, bouleversanted’authenticité, attenante aux
contingences, à toujours recommencer, invalidée déjà par les
événements imprévus à venir, ouvrevers l’idée qu’il n’y a du
psychanalystequedans l’esp d’un laps et pas dans l’étendue ni
dans la durée, dimensions qui participent du rêve d’éternité
propreau symbolique.
En conséquence, la politique de la passeet son avenir
dépendent de l’interprétation que nous en proposons à l’Ecole.
Intervention prononcée le samedi 29 mars 2008 à l’occasion de la matinée de la passe
proposée par la commission de la formation psychanalytique de l’ECF « Les variétés de la
passe au 21e siècle », publiée dans La lettre mensuelle, n°268, mai 2008,p. 6-8.
Cinq variations sur le thème de « l’élaborationprovoquée »
Jacques-Alain Miller
Intervention à l’Ecole (Soirée des cartels) le 11 décembre 1986
L’expression « l’élaboration provoquée», forgée par Pierre
Thèves à partir d’un texte de Lacan indiquant ce qui revient au
plus-un de cartel, fait mouche, et c’esttrès volontiers que j’ai
accepté sur son invitation de m’essayer ce soir à des variations
sur cette formule. J’en proposeraicinq.
Du cartel, je n’exposeraipas le concept, mais je dirai l’usageque
j’en fais. De but en blanc: le cartel ne m’a jamais intéressé qu’à
des fins de savoir. J’admets volontiers d’autres usages. Celui-ci
est le mien.
VariationI – Une formule frappée
La formule de l’élaboration provoquéeest frappée, et même
harmonieuse.
Cela consonne, et cela parle latin. Ily a le labeur et la voix, et
aussideux préfixes, ex (hors de, à partir de) et pro (en avant, au
devant de).
Et c’esttoujours ainsiqu’on élabore : à partir de… et en étant
appelé, suscité par…
19
Le travail est suscité toujours par un appel, un appel de
provocateurs quiva chercher ce qui est latent et qu’en
appelant, il révèle. voirequ’il crée.
L’appel au travail, c’est le coup de clairon pour le réveil, fait
appel. La structurela plus simple de l’élaboration provoquée
nous est donnée par la première ligne du premier des quatre
discours :
ssssssssssssssssssssssS1 →S2
ou encore, à décoller les signifiants pour ne laisser que
l’indication des places :
Je donne cela pour la structureminimale, le mathème de
l’élaboration provoquée.
VariationII – Une élaborationest toujours provoquée
S’il y a provocation au travail, à l’élaboration, c’est qu’il n’y a
nulle vocation au travail. Ily aurait plutôt vocation à la paresse.
C’est un thème d’économistes : comment provoquer au travail
les travailleurs dont la pente, depuis l’installation du discours
capitaliste, serait de sela couler douce ?
Par quels stimulants matériels ou par quels stimulants
idéologiques ? En fait, la stimulation est toujours signifiante.
Voyez le groupeanalytique : la passeest certainement une
élaboration provoquée.
Ils’agit, par l’appel que comporte l’offrede la passe, de
provoquer uneélaboration de l’analysedevant les passeurs ;
puis, après la procédure, l’A. E., comme « nommé à », est
provoquéà élaborer pour le public.
Une analyse comme telle ne relève pas moins du registre de
l’élaboration provoquée.
C’est ce que dit, à sa façon, le terme Durcharbeitung, qu’on a
justement tenté de traduire en variantle mot « laboration »,
perlaboration, translaboration, on pourraitse contenter du
terme bien français d’ « élaboration ».
L’analyseest une élaboration provoquée par le signifiant du
transfert.
A ce propos, n’en oublions pas le signifédu transfert, que
j’appelais dans mon séminaire son « effet sémantique ».
Je remarque que le sujet–supposé–savoir, quiestune
signification est évidemment distinct du sujet qui sait, à placer
en position d’agent.
Le sujet–supposé–savoir n’estpas du tout un savoir–agent, qui a
un effet plutôt blocal sur l’élaboration ; son mode de provoquer
l’élaboration, c’estplutôt de la révoquer, ou au moins de la
20
remettre à plus tard – ca que comporte, après tout, la notion
même de l’éducation.
VariationIII – L’élaborationde discours
Les quatre discours sontsi, l’on veut, quatre types de maîtrise,
mais on peut les traiter aussibien chacun comme des modes de
provocation, voirenommer chacunedes places de discours d’un
terme nouveau : à la place de l’agent, je mets la provocation : à
la place de l’autre, du travail, l’élaboration ; en bas à droite, la
production, comme il est dit ; et, pourquoipas à la place de la
vérité, l’évocation, qui répond au statut allusif de la vérité
provocation élaboration
_________________________________________
évocation production
Dans le discours du maître, la provocation prend la forme, que
j’évoquais, del’appel au travail, dont la fonction est rappelée
par Lacan dans L’Éthique de la psychanalyse.
Le discours de l’université, je le qualifiais tout à l’heure de
l’élaboration révoquée, j’ai dit aussidifférée.
Qu’est-cequi est ici produit? – sinon un provocateur .
On ne doit s’étonner de la récurrence, là où le discours
universitairefonctionne, de ce qu’on a l’air de considérer
comme contingent, et qui est sa production nécessaire : le
discours universitaireproduit, a toujours produitdes
provocateurs –terme que je prends dans sa meilleure
acception.
VariationIV – L’agent-provocateur
Tel que je l’entends, le plus-un doit être un agent provocateur.
Ila certainement une charge de direction, et je crois qu’on ne
devrait pas faire difficulté à le situer à la place de l’agent.
Cette charge, comment l’exercer ?
Ily a une pente à le faire en tant que maître, et même en tant
« maître-au-travail», sije puis dire – et on fait souventappel au
plus-un à ce titre.
L’ennui est qu’en tant que maître, il ne peut jamais mettre au
travail que du savoir déjà-là. Et il ne peut produireque du hors-
symbolique, que, disons pour l’instant, l’objet a.
Si on fait appel au plus-un en tant qu’il sait ou qu’il saurait, on
produira S, sachons-leà l’avance– et sachons ceque produira
l’appel fait au plus-un en tant qu’analystemême choisipour
cette raison, nous allons voir ce qui en résulte.
21
Je dirai tout de suite que la structurequi répond le mieux à mon
expérience du cartel, est celle du discours del’hystérique.
En effet, quand un cartel se termine avec pour résultat
« quelque chose que l’on ne peut pas dire » – Je crois savoir que
bien des cartels se terminent avec un « on ne peut témoigner de
ce que nous avons fait » – cela me paraît le signequ’il y a eu du
maître au départ, dont on ne s’estpas débarrassé.
Je ne vois pas du tout, dans le fait de cette impuissance, la
preuveque l’on aurait là un cartel excellent.
Si le cartel a cru coopter un analyste, et celui-ci se tient à ça, ce
qui, dans un cartel, veut dire, faire la bûche, le résultat est
connu : les participants déconnent.
C’est la structuredu discours analytique, mais transposéeau
cartel, avec pour seul résultat la dénonciation de quelques
signifiants-maîtres, cequi me paraît très mince.
Si l’on part, dans le cartel, d’un savoir constituéqu’il s’agirait
d’acquérir auprès du plus-un, cesont alors les fameuses « crises
de cartel », notées S.
Elles sonten général le témoignage qu’on a mis au postede
commandement un savoir tout fait, un savoir-en-somme.
On n’obtient un résultatde savoir qu’à la condition de mettre
en position de plus-un S.
C’est donc là proposer pour le cartel la structuredu discours
hystérique, dont il ne faut pas oublier que Lacan disait qu’elle
était presquecelle du discours de la science.
Et c’estpourquoi, s’il me fallait choisir un modèle du plus-un, je
choisirais Socrate, Socratequi est resté dans la mémoire par les
élaborations qu’il provoquaitchez ces interlocuteurs : ce qu’on
a appelé les dialogues de Platon ont autant d’élaborations
provoquées.
Le plus-un doit venir avec des points d’interrogation, et, comme
me le disait tel sujet hystérique, qui s’en ventait comme de sa
fonction éminente en ce monde, faire des trous dans les têtes.
Cela supposequ’ilse refuseà être un maître qui met au travail ;
à être un-qui-sait; à être analystedans le cartel ; cela pour être
cet agent provocateur d’où il y a enseignement.
Dernière variation –L’art d’être plus-un
Le cartel – la référence que j’aiprise à Socratele comportement
– est une sortede Banquet. Le Banquet comporte en effet ce
que j’ai évoquéjusqu’à présent :
ssssssssssssssssssssss$→ S1
ssssssssssssssssssssss ↓
ssssssssssssssssssssssSSSSS2
22
Mais il s’y ajouteque l’on impute à l’agent de receler, dans son
vide même, la causedu désir, sous les dehors brillants de
l’agalma :
ssssssssssssssssssssss$
ssssssssssssssssssssss—
ssssssssssssssssssssssa
Qu’en est–il, sur ce point, du cartel ? On peut certainement
soupçonner que, dans le choix par quatred’un–en–plus, il entre
toujours un élément d’attrait, et les plus–un peuvent en être
flattés.
Mais que faire de l’agalma dans le cartel ? Est–il là bien à sa
place ?
Je remarque que s’il est vraique le plus–un en tant que sujet,
fait travailler – et à cet égard on pourraitparler de son acte – il a
à travailler lui–même : il y a aussiune tâche du plus–un.
Et je ne lui conseillerais pas de faire la bûche, puisqu’ilest aussi
l’un des membres du cartel.
Puisqu’iltravaille, c’est que a, loin d’être situé sous la barre
vient en position de faire travailler le sujet.
Ce qui me conduit à ainsi trafiquer cette structure.
ssssssssssssssssssssssa → S → S1
sssssssssssssssssssssssss ←(x) ↓
sssssssssssssssssssssssssssssssssssssS2
J’évacue ainsile a de sa place statutaire.
Ce serait là l’ascèsedu plus–un. Le plus–un n’a pas à s’épuiser à
incarner la fonction du plus–un. Le plus–un n’est pas le sujetdu
cartel ; il lui revient d’insérer l’effet de sujetdans le cartel, de
prendresur lui la division subjective.
Cela m’amène à éclairer le terme de plus–un par celui de
moins–un : le plus–un ne s’ajouteau cartel qu’à le décompléter,
« de devoir s’y compter et de n’y faire fonction que de
manque »*
L’attraitssssssssssssssssssssLe plus–ou–moins–
unssssssssssssssL’essaim
a sssssssssssss→ ssssssssssssssssss$ sssssssssssssssss→
sssssssssssS
ss↓
ssS2 ssssssssssssssss→ ssssssssssssssssssssss(x) sssssssssssssssss→ ssssssssss↓
sssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssss
sssS2
Ce que Lacan savaitsssssssssssssL’ascèsessssssssssssssssssssLe
plus–de–jouir
Ce moins–un est très bien écrit $, tandis que je lis dans ce
S1 l’essaim, comme il est arrivéà Lacan de l’écrire.
23
Un essaim, c’est au point que je considèrele séminaire que
j’anime toutes les semaines dans cette salle comme un grand
cartel.
Ce n’est certes pas un cartel stricto sensu ; mais il n’est pas
incompatible avec cette écriture qu’il y ait un peu plus
d’abeilles.
Voyez là-dessus Télévision : Lacan y évoquela presqueidentité
de structureentre l’hystérieet la science, et aussiles abeilles au
travail, et von Fritsch.
Mon séminaire est pour moi un grand essaimoù je suis moi–
même abeille, non pas Reine !
J’ai évoqué plus haut le choix du plus–un, j’évoquerai
maintenant la composition de l’essaim, celle qui paraît, à moi, la
bonne. Je considèreque cet essaimest bien formélorsque
chacun a titre à y être.
Je veux dire : que chacun y soit es–qualités ; cette logique
comporte que les membres travaillent à partir de leurs insignes
et non pas de leur manque-à–être
Ilrevient au plus–un, non seulement d’obtenir l’émergence de
l’effet subjectif dans le cartel, mais, corrélativement, d’obtenir
que les membres de ce cartel aient statut de S1, ainsi que lui–
même en tant que membre du cartel.
Ce sont des maîtres, des signifiants–maîtres, quisont au travail
– pas des sujets–supposés–savoir, pas des savants.
La fonction de celui qui se prête au plus–un (pour abréger : le
plus–un) est de faire en sorteque chaque membre du cartel ait
son trait propre; c’est celui qui fait une équipe.
J’évoquais le Banquet, mais c’estplutôt un bouquet qu’il faut
réunir. Ilfaut donc identifier les membres de l’essaim.
C’est aussibien ce qu’implique à mes yeuxune pratiquede
séminaire inspirée du cartel : faire en sorte que chacun y entre
avec un trait propre, mis en valeur comme tel.
C’est la condition pour avoir un travailqui produisedu savoir.
J’oseà peine évoquer maintenant la question si délicate du
transfertdans le cartel.
Nous connaissons la structuredu transfertsocratique, mais
qu’en serait–il du transfertdans le cartel, il devient travail de
transfertde travail.
Le Travail–de–transfert Le Transfert–de–travail
a → $ → S1
Ce qui en vérifierait la formule, c’estla position même où Lacan
s’estsoutenu dans l’enseignement : instant à savoir, mais en
position d’analysantet ne parlant qu’à partir de Freud.
24
Donner donc sa justeplace à l’objet dans le cartel exige que le
plus–un ne s’appropriepas l’effetd’attrait, mais qu’il le réfère
ailleurs – chez nous, à Freud et à Lacan.
Réponse de Jacques–Alain Miller au coursde la
[…] La logique indique qu’il n’y a production de savoir que si le
travailleur n’estpas embarrassédel’effet subjectif, sinon il ne
produira jamais que de la dénonciation, la dénonciation de
signifiants–maîtres.
L’effet subjectif doit être cantonné à sa place. Le plus–un le
prend sur lui – pour que les autres s’en débarrassent.
L’expérience tend à montrer en effet qu’il est très pernicieux,
pour ce qui est de la production de savoir, quechacun soit dans
le cartel pour s’y livrer à l’association libre, ou pour le
déconnage.
Ce ne peut être le cas pour les cartels de la passe, quiont un
travail à faire, l’obligation de produireun savoir, et dont le
fonctionnement est à repérer par rapportau discours
hystérique, en tant qu’il est presquecelui de la science.
Le cartel de la passefonctionnecertainement à contre–pente
du discours analytique, puisqu’ilaccordeou refuseune
nomination, tandis que le discours analytiqueculmine dans la
dénonciation des signifiants–maîtres, dans l’effet dit de
destitution subjective, au sens même de l’institution analytique.
Cela n’estpourtant pas le discours du maître, puisquede celui
qui est « nommé à – », on attend aussiun travail de production
de savoir.
Cet abord des choses a l’avantage d’indiquer comment prendre
la question de l’élaboration collective.
Cette question se posepartout dans la science sous la forme de
la priorité : quand deux ou trois personnes parlentensemble,
allez savoir après qui a fait émerger la chose ; il y a celui qui l’a
dite, mais il y a celui qui le lui a fait dire, et celui qui s’estaperçu
que c’était important. Finalement, on partage on partage le prix
Nobel …
C’est l’idée Bourbakiqui a présidéà la création de Scilicet. Or,
s’il y a une structureoù le collectif a un sens, c’est bien le
discours hystérique.
Les épidémies hystériques sontbien des phénomènes
d’élaboration collective.
Et dans tous les phénomènes où il y a du spontex, comme dans
les actuelles manifestations étudiantes, il y a élaboration
collective, de petits textes, de petits slogans.
25
Peut– être y a–t–il un petit comité quelque part qui les cisèle,
comme dans les cabinets des Précieuses, au millimètre près,
mais c’esttout de même de l’élaboration collective.
En résumé : plus on cultive l’hystériede cartel, plus l’élaboration
se collectivise.
[…] Les signifiants–maîtres produits dans l’expérience analytique
le sontdans un statut de déchéance. J’ai privilégié l’aspect :
« dénoncer les identifications ».
Qu’est–ce qui scandeune analyse? Des identifications qui
« tombent ».
Elles n’en disparaissentpas toutes pour autant, mais le sujet fait
au moins l’expérience de ce qui, de son être, n’est pas
représenté par ces signifiants–maîtres.
[…] La seule instance à travailler pour produireun savoir, ce sont
des éléments strictement identifiés.
On voit ça chez les scouts : chacun s’invente un nom.
Bien sûr, on ne va pas comparer le cartel à la bande de scout,
mais enfin ! ils ont en commun la notion de l’équipe.
C’est sur les instances de Jean-Pierre Klotz que je livre cette
intervention à la Lettre mensuelle : je ne voudrais pas
pérenniser des mathèmes de Lacan transformés pour les
besoins de la cause. J.-A. M.
* C’estlà déplacer le cartel de la logique du tout et de
l’exception où il est né (le nom de « plus–un » l’indique assez) à
celle du pas–tout (réponseà une remarquede Brigitte Lemerer).
26
T H E S A U R U S
Patrick Valas
Pour faciliter le travail, j'ai donné ici la référence dans les textes
accessibles en 1980. En 2009-07-07, jen’aipas mis à jour la
pagination, raison de plus, comme je le recommandetoujours,
d’aller aux textes pour en faire citation.
Des esprits chagrins me font le reprocheque mes thésaurus ne
prennent en compte que les occurrences des termes, négligeant
ainsi les autres approches où le concept en question est élaboré
par Lacan sans être pour autant nommé.
J’en conviens mais je n’aipas la prétention d’être exhaustif en
composantmes thésaurus quej’ai fabriquéen suivantle texte
de Lacan la plume à la main. Ils sontfait-main. Mon site par
ailleurs ouvrele plus large accès aux textes de Freud et de Lacan
-
Pour qui se donne la peine de chercher !
J. LACAN
III - LA FIN DE L'ANALYSEETLA PASSE
J'ai suivià travers tous les séminaires de Jacques LACAN les
occurrences du terme de la Fin de l'analyseet de la Passe, en
notant (à quelques exceptions près) pour composer ce
thésaurus la citation complète et sa référence. Le lecteur pourra
ainsi la consulter dans son contexte.*
THESAURUS
I - Le Symptôme. Sur le site.
II - Le Surmoi. Sur le site.
III - La fin de l'analyseet la Passe.
IV - La perversion. A paraître.
V - L'amour et le transfert. A paraitre,
VI - La femme. Sur le site.
VII - La jouissance. A paraitre.
*Nota : Pour faciliter le travail, j'ai donné ici la référence dans
les textes accessibles en 1980. En 2009-07-07, jen’aipas mis à
jour la pagination, raison de plus, comme je le recommande
toujours, d’aller aux textes pour en faire citation.
1954-1955 - Livre I - ECRITS TECHNIQUES DE FREUD
1 - L'idéal de l'analyse n'est pas la maîtrise de soi complète,
l'absence de passion. C'est de rendrele sujet capable de
soutenir le dialogue analytique, de parler ni trop tôt, ni trop
tard. C'est à cela que vise une analysedidactique. P.9«
2 - Eh bien, qu'est-ce la fin du traitement ? Est-ce analogue à la
fin d’un processus naturel? l'amour génital - cet Eldorado
promis aux analystes et que nous promettons bien
imprudemment à nos patients - est-ce un processus naturel?
ne s'agit-il au contraireque d'une série d'approximations
culturelles qui ne peuvent être réalisées que dans certains cas ?
L'analyse, sa terminaison, est-elle donc dépendante de toutes
sortes de contingences ? de quoi s'agit-il, sinon de voir quelle
27
est la fonction de l'autre, de l'autre humain dans l'adéquation
de l'Imaginaire et du réel. P.159-160.
3 - Je vous montreraila prochainefois le résultat de cette
expérience de discours désamarré, l'oscillation du Miroir qui
permet le jeu de bascule entre le 0 et 0', à la fin des analyses
conduites correctement. Balint nous donne une définition
sensationnelle de ce qu'on obtient d'habitude à la fin des rares
analyses qu'on peut considérer commeterminées. P.198.
4 - Dans ces conditions, comment Balint décrit-il ce qu'on
observeà la fin d'une analyse, à la fin d'une analyseachevée,
vraiment terminée, comme il n'y en a pas, de son propreaveu,
plus du quart ? Ilse produitchez le sujet, dit-il en toutes lettres,
un état de narcissismequiva à une exaltation sans frein des
désirs. Le sujet s'enivre d'une sensationde maîtrise absolue de
la réalité, tout àfait illusoire, mais dont il a besoindans la
période post-terminale.Ildoits'en libérer en remettant
progressivement en place la nature des choses.
Quant à la dernière séance, elle ne se passepas sans chez l'un et
l'autre des partenaires, la plus forte envie de pleurer. C'est ce
que Balint écrit, et cela a la valeur d'un témoignage
extrêmement précieux de ce qui est la pointe de toute une
tendance de l'analyse. N'avez-vous pas l'impression quec'est là
un jeu extraordinairement peu satisfaisant, un idéal utopique ?
qui assurémentdéçoit en quelque-chose. P. 206.
5 - Suffit-ilsimplement que le sujetnomme ses désirs, qu'il ait
permission de les nommer, pour que l'analysesoit terminée ?
.... A la fin, tout à la fin de l'analyse, après avoir accompli un
certain nombre de circuits et effectué la complète réintégration
de son histoire, le sujetsera-t-il toujours en 0 ? ou bien un peu
plus là vers A ? en d'autres termes, reste-il quelque chose du
sujetau niveau de ce point d'engluement qu'on appelle son ego
? P.217.
6 - Distiqued'Angélus Silesius. Contingence et essence. Homme,
deviens essentiel : car quand le monde passe, la contingence se
perdet l'essentielsubsiste. C'estbien de cela qu'il s'agit au
terme de l'analyse, d'un crépuscule, d'un déclin imaginaire du
monde, et même d'une expérience àlalimite de la
dépersonnalisation. P.258.
7 – Rappelez-vous de ce que Balint nous dit de ce qu'il constate
lors de ce qu'il appelle la terminaison d'une analyse - ce n'est
rien d'autre qu'une relation narcissique. P. 287.
8 - Lisez Nunberg. Quel est à ses yeuxle ressortessentiel du
traitement ? La bonne volonté de l'ego du sujet, laquelle doit
devenir l'alliée de l'analyste . Qu'est-ceà dire ? - sinon que le
nouvel ego du sujet, c'est l'egode l'analyste. M. Hoffer est là
pour nous dire que la fin normale du traitement, c'est
l'identification à l'ego de l'analyste.
De cette fin, qui n'est rien que l'assomption parlée du moi, la
réintégration non pas du moi-idéal, mais de l'idéal du moi,
28
Balint nous donne une description émouvante. Le sujet entre
dans un état semi-maniaque, espècede sublime lâchage,
liberté d'une image narcissiqueà travers le monde -dont il faut
lui laisser un peu de temps pour se remettre et retrouvertout
seul les voies dubon sens. P.314»
1954-1955 - Livre II - LE MOI DANS LA THEORIEDE FREUD ET
DANS LA TECHNIQUE DE LA PSYCHANALYSE.
1 - Le sujetest précipité dans un affrontement avec quelque
chosequi ne peut être aucunement confondu avec l'expérience
quotidienne de la perception, quelque chose que nous
pourrions nommer un id, et que nous appellerons simplement
pour ne fairede confusion, unquod, un qu'est-ce-quec'est ? La
question que nous allons nous poser aujourd'huiest celle de cet
affrontement du sujet au delà de l'ego au quod qui cherche à
advenir dans 1'analyse.P.210,
2 - Dans l'Oedipe à Colonne, Oedipe dit ceci - Est-ce que c'est
maintenant que je ne suis rienque je deviens unhomme ?
C'est la fin de la psychanalysed'Oedipe– La psychanalyse
d’Oedipe ne s'achèvequ'à Colonne, au moment où il s'arrache
la figure.
P.250.
3 - Quoiqu'il en soit, la question de savoir quelle est la fin de
notre pratique est au coeur de la technique analytique. On
s'engage à cet égard dans des erreurs scandaleuses. P.282.
4 - Où est l'essentiel de l'analyse ? l'analyseconsiste-elle dans la
réalisation imaginaire du sujet. P.282.
5 - La question de la paranoïa post-analytiqueest très loin d'être
mythique.
P.283.
6 - Si on forme des analystes, c'est pour qu'il y ait des sujets
tels que chez eux le moi soit absent. C'est l'idéal de l'analyse
qui bien entendu, restevirtuel. P.287.
7 - C'est la relation dernière du sujetà un Autre véritable, à
l'Autre qui donne la réponsequ'on n'attend pas, qui définit
le point terminal de l'analyse. P.288.
8 - II y a deux sens à donner à la phrasede Freud -WO ES VAR,
Soll ich WERDEN. Ce ES, prenez-le comme la lettre S. Il est là, il
est toujours là. C'est le sujet. Ilse connait ou ne se connaît pas.
Ce n'est pas le plus important - II a ou il n'a pas la parole. A la fin
de l'analyse, c'est lui qui doit avoir la parole, et entrer en
relation avec les vrais Autres. Là où le S était, là le ich doit être.
P.288.
9 •* Ne croyez pas pour autant que le moi soit volatilisé après
une analyse- qu'elle soit didactique ou thérapeutique, on ne
monte pas dans le ciel, désincarnéet pur symbole. P.374»
29
1955-1956 - Livre III - LES PSYCHOSES. Paris, Seuil.
1 - Le sujetcommence par parler de lui ; quand il aura parlé de
lui, qui aura sensiblement changédans l'intervalle, à vous, nous
serons arrivés à la fin de l'analyse. III. P.2, 14 Mars 1956,
1956-1957 - Livre IV- LA RELATION D'OBJETET LES
STRUCTURES FREUDIENNES. Paris, Seuil.
1 - Quand on parle de la relation d'objet par le ton purement et
simplement de l'accès au réel, cet accès qui doit être la
terminaison de l'analyse? Ce qui est trouvé dans le réel, est-ce
l'objet ? II.P.3, 28 Novembre1956.
1957-1958 - Livre V- LES FORMATIONS DEL'INCONSCIENT,
(non publié),
1 - On ne peut tout de même pas manquer d'être frappé qu'un
des derniers articles de Freud, celui qu'on a traduit
improprementpar " Analyse terminable ouinterminable " en
réalité concerne le fini ou l'infini. Ils'agit de l'analyse en tant
qu'elle ne finit ou en tant qu'elle doit être située dans une
sorte de portée infinie. C'estde cela qu'il s'agit, et la projection
à l'infini de son but, Freud nous la désigne de la façon la plus
claire, tout à fait au niveau de l'expérience concrète comme il
dit, à savoir ce qu'il y a d'irréductible en fin de compte pour
l'homme dans le complexe de castration, dans la femme dans le
penis-neid, c'est à dire, pour un certain rapportfondamental
avec le phallus. XVII.P.2, 16 Avril1958.
2 - Si Freud d'une certaine façon a marqué là, (rappel complexe
de castration pour le garçon, penis-neid pour la fille, comme
butée de terminaison de l'analyse) ce qu'il appelle en une
certaine occasion "le caractère infini" projetéà l'infini, ce que
l'on a mal traduit par interminable......c'estqu'il ne voit pas que
la solution du problème de la castration, aussibien chez
l'homme que chez la femme, n'est pas autour de ce dilemme de
l'avoir ou de ne pas l'avoir le phallus.....c'estqu'ilne l'est pas le
phallus, et c'est à partir de cette réalisationdans l'analyse que
le sujet n'est pas le phallus qu'il peut normaliser cetteposition,
je dirais naturelle, que ou bien il l'a ou "bien il ne l'a pas. XXIII
P.35, II Juin 1958 .
3 - ...."qu'estceque vous voulez ? et le type répond "La liberté",
"eh bien vous l'avez " lui disait Casimir Perrier, et il lui passe
entre les jambes, et s'en va en le laissant tout interloqué. Ce
n'est peut-être pas exactement ce que nous pouvons attendre
d'une solution analytique. XXIV P.34» 18 Juin 1958.
4 - ....non pas : je suis le phallus, je suis à la place même qu'il
occupe dans la chaine, dans l'articulation signifiante, le sens de
"WO ES WARSOLL ICH WERDEN", c'est cela. XXV P.32, 25 Juin
1958.
5 - L'ivressequasimaniaque qui est l'ordinaire et le signe de ces
traitements qui se terminent par une identification imaginaire .
XXV P.40, 25 Juin 1958.
30
1958-1959 - Livre VI - LE DESIR ET SON INTERPRETATION, (non
publié)
1 - Le sujet.... la seule chosequ'il puisseen ressentir, c'est cette
menace directement portée sur le phallus, à savoir la castration
ou cette notion de manquedu phallus qui dans un sexe et dans
l'autre, est-ce quelque chose à quoi vient se terminer l'analyse
comme Freud l'a articulé. II.P.21,19 Novembre1958.
2 - Que signifieassumer la castration ? La castration est-elle
vraiment jamais assumée? Cette sortede Point autour duquel
viennent se briser les dernières vagues de l'analysefinie ou
indéfiniecomme dit Freud. VI.P.3» I?décembre1958.
3 - "Wo es war, sollich werden" : "Là où c'était, là je dois
advenir". C'est très précis, c'est ce ich qui n'est pas das, Ich qui
n'est pas le moi, qui est un ich, le ich utilisé comme sujetde la
phrase. Là où c'était, là où ça parle.
Où ça parle, c'est à dire où à l'instant d'avantquelque chose
était qui est le désir inconscient, là je dois me désigner, là je dois
être ce je qui est le but, la fin, le terme de l'analyse avant qu'il
se nomme, avant qu'il seforme, avantqu'il s'articule, si tant est
qu'il le fassejamais car aussibien dans la formulefreudienne, ce
soll ich werden, ce doit être, ce dois-jedevenir, est le sujetd'un
devenir, d'un devoir qui vous estproposé. Nous devons
reconquérir ce champ perdu de l'être du sujet comme dit Freud
dans la même phrasepar une jolie comparaison, commela
reconquête de laHollande sur le Zuydersee de terres offertesà
une conquête pacifique. XXI. P.7, 20 Mai1959.
4 - Mais avant que ceci soit fait là où c'était, qu'est ce qui nous
désigne la place de ce je qui doit venir au jour ? ce qui nous le
désigne, c'est l'index de quoi ? très exactement de ce dont il
s'agit, du désir, du désir entant qu'il est fonction et terme de
ce dont il s'agit dans l'inconscient. XXI.P.7, 20 Mai1959.
5 - le sujet...estau bord de cette nomination défaillante.... et il
est au point où il subit.....au maximum.....cequ'on peut appeler
la virulence du logos, pour autant qu'il se rencontreavec le
point suprêmede l'effet aliénant de son implication dans le
logos. XXI. P.8, 20 Mai1959.
6 - Comment l'homme y fait face, comment il le soutient....c'est
qu'il fautqu'il le soutienne réellement, qu'il le soutienne de son
réel, de lui en tant que réel ; c'est à dire aussibien de ce qui lui
reste toujours deplus mystérieux. XXI.P.9,20 Mai 1959.
7 - ....c'estbien quelque chose qui au sens complet mérite d'être
nommé comme de l'ordre de l'être, puisquec'est déjà quelque
chosequi sepose comme un réel articulé dans le symbolique,
comme un réel qui a pris sa place dans le symbolique, et qui a
pris cette place au-delàdu sujet de la connaissance. XXI. P.12,
20 Mai 1959.
8 - La chaine signifiante inconsciente....pour autantque le sujet
31
en portera la marque....dece qui reste pour lui non pas
seulement ambigu, mais à proprementparler inaccessible
jusqu'à un certain terme qui est celui justement que donne
l'expérience analytique. XXII P.8, 27 Mai1958......
Ily a là une distancedont il n'est même pas dit, malgré que le
commandement de Freud nous en donne la visée, que d'une
façon quelconque le sujetpuisse en atteindre le but. XXII P.8, 27
Mai 1958.
9 - Le Pas-un à quoi se désigne le 0 dans la structure
fondamentale du désir, se transforme dans unen trop, ou
quelque chose en trop, ou quelque choseen moins dans
la menace de la castrationpour l'homme, ou dans le phallus
ressenti comme absence pour lafemme.
C'est pourquoion peut dire qu'à l'issue de la démystification
analytique de la position du névrosé, quelque chose semble
rester dans la structure, tout au moins ce dont nous témoigne
Freud dans sa propreexpérience qui se présentecomme un
reste, comme quelque chosequi pour le sujet le fait dans tous
les cas rester dans une positioninadéquate, celle dupéril pour
le phallus, chez l'homme, celle de l'absence de phallus chez la
femme. XXIV P.17, 10 Juin 1959.
1959-1960 - Livre VII - L'ETHIQUE DE LA PSYCHANALYSE. Paris
Seuil.
1 - ce "Wo es war soll ich werden" où Freud aboutit dans la
deuxième série de ses conférences sur la psychanalyse, etqui
n'est rien d'autre que quelque chosedont la racine nous est
donnée dans une expérience qui mérite le terme d'expérience
morale, qui se situe tout à fait au principe de l'entrée elle-même
du patient dans la psychanalysesur cequ'il veut. I P.13, 18
Novembre1959*
2 - car ce je qui doit devenir là où c'était, ce quelque choseque
l'analyse nous apprend à mesurer, ce je n'est pas autre chose
que ce dont nous avons déjà la racine dans ce je qui s'interroge
3 - Va-t-il ou ne va-t-il pas se soumettre à ce devoir qu'il sent en
lui-même comme étrange, au-delà, au second degré. Doit-il ou
ne doit-il pas se soumettre à cet impératif du surmoiparadoxal
et morbide, demi-inconscient, et au reste qui se révèle de plus
en plus dans son instance, à mesureque progressela
découverte analytique ?.... sonvrai devoir, si je puis
m'exprimer ainsi, n'est-il pas d'aller contre cet impératif ? I
P.13, 18 Novembre1959 «
4 - Premièrement la fin de l'analyseest-elle ce qu'on nous
demande ?....cequ'on nous demande .... le bonheur. XXV P.3»
22 Juin I960.
32
5 - Cette différence irréductible qui est celle sur laquelle a
achoppé toute l'entreprise freudienne, celle autour de quoi
Freud, à la fin d'un de ses derniers articles, celui sur
l'analyse finie et infinie, nous dit finalement, se brise en une
nostalgie irréductible l'aspiration du patient au terme dernier,
c'est à savoir sur ceci que ce phallus d'aucune façon il ne saurait
l'être, et que pour ne pas l'être il ne saurait l'avoir qu'à
condition : penis-neid pour la femme, et castration chez
l'homme. XXV P.23, 22 Juin I960.
6 - Non seulement ce qu'on lui demande, le souverain bien, il ne
l'a pas bien sûr, mais il sait qu'il n'y en a pas, parce que rien
d'autre n'est d'avoir mené à son terme une
analyse, sinon d'avoir saisi, d'avoir rencontré, de s'être heurté à
cette limite qui est celle où se posetoute la problématique du
désir. XXV P.23, 22 Juin I960.
7 - Est-ceque la fin d'une analyse, si nous devons la concevoir
comme pleinement terminée, pour quelqu'un qui doit se
trouver, par rapportà l'analyse en position responsable, c'està
dire lui-même analyste, est-ce qu'elle doit idéalement, je dirai
en droit se terminer sur cette perspective de confortqui est....
de cette sortede rationalisation moralisante où elle tend à
s'exprimer aujourd'huitrop souvent. XXV P.2, 29 Juin I960.
8 - Je pose la question, si la terminaison de l'analyse, la
véritable, j'entends celle qui prépareà devenir analyste ne soit
pas à son terme affronter....cettedétresse....n'a à
attendre d'aide de personne, c'est à dire doit finalement
atteindre et connaître, j'entends au terme de cette analyse
didactique, champ, le niveau de l'expérience de
ce désarroiabsolu, de ce désarroiau delà de celui au niveau
duquel l'angoisseest déjà une protection. XXV P.5, 29 Juin I960.
I960-I96I - Livre VIII - LE TRANSFERT, (non publié).
1 - ....Leparadoxede ce qui se présente à nous comme terme,
comme aboutissement, terminaison de l'analyse. Qu'est-ce-que
nous dit Freud ? sinon qu'en fin de compte ce que trouvera au
terme celui qui suit ce chemin, ce n'est pas autre chose
essentiellement qu'un manque, que vous appeliez ce manque
castration ou que vous l'appeliez penis-neid. II P.5, 7 Décembre
I960.
2 - Nous ne sommes même pas au petit commencement de ce
que l'on pourrait articuler tellement sous formede question
concernantce qui doit être obtenu chez quelqu'un pour qu'il
puisseêtre un analyste. VII P.18, II Janvier 1961.
3 - Que doit-il rester de ses fantasmes ? vous savez queje suis
capable d'aller plus loin, de dire son phantasme, si tant est qu'il
y est un fantasmefondamental : si la castration est ce qui doit
être accepté au dernier terme de l'analyse, quel doit être le rôle
de sa cicatrice à la castration dans l'eros de l'analyste ? VII P.18,
II Janvier 1961.
33
4 - .....cen'est pas non plus pour vous dire que l'analyste doit
être un Socrate, ni un pur, ni un saint....1'analystedoitêtre
capable d'atteindre simplement pour occuper la place qui est la
sienne, laquelle se définit comme la place qu'il doit offrir
vacante au désir du patient pour qu'il se réalise comme désir de
l'autre. VII P.20, II Janvier 1961.
5 - Que le sujet que nous avons avertiprécisément par
l'expérience de l'analysedidactique, sache en quelque sorte en
jouer comme d'un instrument, de la caissedu violon dont par
ailleurs il possèdeles cordes. XIII P.5» 8 Mars 1961.
6 - il restera quand même que soit légitime que nous sentions la
nécessité d'élucider le point de passageoù cette qualification
est acquise. XIII P.5» 8 Mars 196l.
7 - la définition du point de passageoù ce qui est ainsi défini
peut néanmoins être utilisé comme sourced'information. XIII
P.6, 8 Mars 1961.
8 - mieux il sera analysé, plus il sera possiblequ'il soit
franchementamoureux, ou franchement état d'aversion, de
répulsion, sur les modes les plus élémentaires des
rapports des corps entre eux, par rapportà son partenaire. XIII
P.10, 8 Mars 196l.
I96I-I962 - Livre IX- L'IDENTIFICATION, (non publié).
1 - ....cequelque chose vers quoinous avons le couraged'aller
pour l'interroger au nom de la formule"Vo es war soll ich
werden" que nous tendrions à pousser vers une formule très
légèrement différemment accentuée dans le sens d'un étant
ayant été, d'un GEWESEN qui subsistepour autant que le sujet
s'y avançantne peut ignorer qu'il faut un travail de profond
retournement de sa position pour qu'il puisses'y saisir déjà.
VIII P. 4» 17 Janvier 1962,
2 - est-ce que ce n'est pas là que commence la dimension
morale qui n'est pas de savoir quel devoir nous devons remplir
ou non vis à vis de la vérité, ni si notre conduite tombe ou non
sous le coup de la règle universelle, mais si nous devons
satisfaireou non au désir du tyran ? Là est la balance éthique à
proprementparler ; et c'est à ce niveau que sans faire intervenir
aucun dramatismeexterne - nous n'en avons pas besoin -nous
avons aussià faire à ce qui, au terme de l'analyse, reste
suspendu à l'Autre.
C'est pour autant que la mesure du désir inconscient au terme
de l'analyse reste encore' impliquée dans ce Lieu de l'Autre que
nous incarnons comme analystes, queFreud au terme de son
oeuvrepeut marquer comme irréductible le complexe de
castration comme par le sujetinassumable. Ce, je l'articulerai la
prochainefois, me faisantfort de vous laisser à tout le moins
entrevoir qu'une juste définition du fantasme et de son
assomption par le sujetnous permet peut être d'aller plus loin
34
dans la réduction de ce qui est apparu jusqu'icià l'expérience
comme une frustration. XIV P.13» 21 Mars 1962.
3 - La formulede Freud "Là où était la chose, je dois advenir"... il
faudraitremplacer par...Là où était le un en tant que un, le trait
unaire,adviendra le "je". XV P.8, 28 Mars 1962 .
4 - II està proprementparler pas au pouvoir de l'Autre d'en
faire le don sur le plan de la demande (à propos du phallus) -
c'est dans la mesureoù la thérapeutique n'arrivepoint à
résoudremieux qu'elle ne l'a fait la terminaison de l'analyse,
n'arrivepas à la faire sortir du cercle proprede la demande,
qu'elle bute, qu'elle se termine à la fin sur cette forme
revendicatoire, sous cette forme inassouvissablequeFreud
dans son dernier article "l'analyseterminée et interminable",
signe comme angoissenon résolue de la castration chez
l'homme, comme penis-neid chez la femme. XVI P.10, 4 Avril
1962.
5 - ....cen'est que dans les cas les plus rares que nous arrivons à
buter à ce terme marquépar Freud comme point d'arrêtà sa
propreexpérience. Plût au ciel, que nous en arrivions là même si
c'est en impasse1 cela prouveraitau moins déjà jusqu'où nous
pouvons aller, alors que ce dont il s'agit c'est de savoir
effectivement sid'aller jusquelà nous mène à une impasseou si
ailleurs on peut passer. XVI P.10, 4 Avril1962.
1962-1963 - Livre X- L'ANGOISSE,. Paris. Seuil.
1 - il n'est pas exclu et Dieu merci, que l'analyste, pour peu qu'il
y soit déjà disposé, je veux dire par de très bonnes dispositions à
être un analyste, que l'analyste entrant dans sa pratique,
ressentde ses premières relations avec le malade sur le divan
quelque angoisse. P.3, 14 Novembre1962.
2 - et qu'est ce que nous a dit Freud, c'estque le dernier terme
où il soit arrivé, en élaborant cette expérience, le terme sur
lequel il nous indique que, à lui, son point d'arrivée, sa butée, le
terme pour lui indépassable, c'est l'angoissede castration.
Qu'est ce dire ce terme est-il indépassable. P.6, 5 Décembre
1962.
3 - C'est donc au niveau de la mise en question de ce complexe
de castration que toute notre exploration concrète de l'angoisse
cette année, va nous permettre d'étudier ce passagepossible,
ce passagepossibled'autant plus possiblequ'il est déjà, dans
maintes occasions franchi. IV P.8, 5 Décembre1962.
4 - Que représente, dans cette économie essentielle du désir,
cette sorte privilégiée de désir que j'appelle, le désir de
l'analyste ? IV P.24, 5 Décembre1962.
5 _ Est-ce qu'une analysequi se termine par l'entrée du patient
ou de la patiente dans le tiers ordreest une guérison, même si
son sujet s'en trouve mieux quand à ses symptômes ? et d'une
certaine voie, un certain ordre qu'il a reconquis, énonce les
35
réserves les plus expresses sur les voies, dès lors à ses yeux
perverses par où nous l'avons fait penser pour le faire entrer au
royaumedu ciel ? V P.3, 12 Décembre1962.
6 - Freud dans son article sur analyseterminée et analyse
interminable^ et si l'on part de l'idée que la limite de Freud ça a
été....la non-a perception de ce qu'il avait de proprement à
analyser dans la relation synchroniquedel'analysé à l'analyste
concernantcette fonction de l'objet partiel....on y verra surtout
pourquoiFreud nous désigne dans l'angoissede castration ce
qu'il appelle la limite de l'analyse, précisément dans la mesure
où lui restait pour son analyséle siège, le lieu de cet objet
partiel.
Si Freud nous dit que l'analyse laissehomme et femme sur leur
soif, l'un dans le champ de ce qu'on appelle proprementchez le
mâle complexe de castration et l'autre sur le penis-neid, ce n'est
pas là une limite absolue. C'est la limite où s'arrêtel'analyse
finie avec Freud, c'est la limite du continu de suivrece
parallélisme indéfiniment approchéqui caractérise l'asymptote,
analyseque Freud appelle l'analyseindéfinie, illimitée et non
pas infinie.
C'est dans la mesureoù quelque chose dont au moins je peux
poser la question de savoir comment il est analysable, a été non
pas je dirais non analysée mais révélée d'une façon seulement
partielle au point où s'institue cette limite. VII. P.23, 9 Janvier
1963.
7 - ....dans unelittérature, mener le sujet à l'identification non
pas à cette image comme reflet du moi idéal dans l'autre, mais
au moi de l'analyste avec ce résultat que nous décrit Balint, la
crise terminale maniaque qu'il nous décrit comme étant celle de
la fin d'une analyseainsi caractériséeet qui représente
l'insurrection du "a" qui est resté absolument intouché. IX P.30,
23 Janvier 1963.
8 - pourquoiamener jusqu'à un certain point et pas au delà
l'expérience analytique, ce terme que Freud nous donne comme
dernier du complexe de castration chez l'homme, nous dit-il et
du penis-neid chez la femme, peut être mis en question, qu'il
soit dernier n'est pas nécessaire. X.P.II, 30 Janvier 1963»
9 - ....d'un nomméSZACS.....promouvantcommefin dernière de
l'anlyse, de toute analyse, qu'elle soit didactique ou pas,
l'initiation du patient, à un point de vuescientifique, c'est ainsi
que s'exprime l'auteur, concernantses propres mouvements.
X.P.33» 30 Janvier 1963.
10 - L'angoisseest castration de ce qui fonctionne chez le sujet à
la fin d'une analyse, ce que Freud désigne comme menace de
castration s'y maintient, s'il y a quelque chosequi nous fasse
toucher du doigt que c'est là un point dépassable.... c'est
justement cette distinction, pour savoir commenous pourrions
franchir ce point limite. XIV.P.18,13 Mars 1963.
11 - avec l'expérience de Freud, à buter sur une impasse,
impasseque je promeus n'être qu'apparente et jusqu'icijamais
36
franchie, celle du complexe de castration.....cequeveut dire la
butée de Freud sur le complexe de castration. XVII. P.4, 15 Mai
1963.
12 - dans toute la mesure où toute la situation du désir,
virtuellement impliqué dans notre expérience qui, si je puis dire,
la trouve toute entière, n'est pas pourtant dans Freud
véritablement articulée, la fin de l'analyse bute sur quelque
chosequi fait prendredu signe, impliqué dans la relation
phallique, le (^) en tant qu'il fonctionne structurellement
comme (- 4*) qui fait perdrecette formeen étant le corrélat
essentiel de la satisfaction.
Si à la fin de l'analyse freudienne, le patient quoiqu'il soit, mâle
ou femelle, nous réclame le phallus que nous lui devons, c'est
en fonction de quelque chosed'insuffisantpar quoi la relation
du désir à l'objet qui est fondamentale, n'est pas distinguée à
chaque niveau de ce dont il s'agit comme manque constituant
de la satisfaction. XVII. P.25, 15 Mai1963.
13 - nul phallus à demeure....avouer notreimpuissance, notre
limite, et le point où se brisela distinction de l'analyse finie à
l'analyse indéfinie, je crois qu'il n'en est rien...XVII
P.26, 15 Mai 1963.
....."Iln'estpas sans objet", c'estau-delà de ceci que se pose
pour nous, la question de savoir où peut être franchila barre du
complexe de castration. C'est ce que nous aborderons la
prochainefois. XVII. P.32, 15 Mai1963.
14 - Quel est véritablement ce rapportde l'angoisseà la
castration, il ne suffitpas que nous le sachions, vécu commetel,
dans telle phasedite terminale ou non terminale de l'analyse
pour que nous sachions ce que c'est. XIX.P.7» 29 MaiI963«
15 - ce que la femme nous demande à nous analystes, à la fin
d'une analysemenée selon Freud, c'est un pénis sans doute,
penis-neid, mais pour faire mieux que l'homme. XIX P.23, 29 Mai
1963»
16 - mais il est clair qu'il y a, ce n'est pas moi qui l'est énoncé, un
problème de la fin de l'analyse, celui qui s'énonce ainsi :
l'irréductibilité d'une névrosede transfert, cette névrose
de transfertest ou n'est plus la même que celle qui était
détectable au départ, assurément elle a cette différence d'être
toute entière présente, elle nous apparait quelquefois en
impasse, c'est à dire aboutit parfois à une parfaitestagnation
des rapports del'analysé à l'analyste. XXI.P7,12 Juin 1963.
17 - à savoir si l'analyste doit être ou non athée, et si le sujet
II à la fin de l'analyse, peut considérer son analyse terminée s'il
croit encore en Dieu. XXII P.34, 19 Juin 1963.
18 - l'existence donc de l'athée, au véritable sens, ne peut être
conçue, en effet, qu'à la limite d'une ascèsedont il apparaît bien
qu'elle ne peut être qu'une ascèse psychanalytique. XXII P.35»
19 Juin 1963.
37
19 - que la jouissancenesoit pas de nature, pour nous promise
au désir, que le désir ne peut faire que d'aller à sa rencontre,
que pour la rencontrer, le désir ne doit pas seulement
comprendremais franchir le fantasmemême qui le soutient et
le construit. Ceci que nous avons découvertcomme cette butée
qui s'appelle angoissede castration. XXIV P.16, 3 Juillet 1963.
20 - disons tout de suite en passantque dans la manie, c'est la
non-fonction de "a" et non plus sa méconnaissancequiest en
cause. C'est le quelque chose par quoi le sujetn'est pas lesté par
aucun (a) qui le livre, quelquefois sans aucunepossibilité de
liberté, à la métonymie infinie et ludique pure de la chaine
signifiante. XXIV P.26, 3 Juillet 1963.
1963-1964 - Livre XI - LES 4 CONCEPTS FONDAMENTAUXDELA
PSYCHANALYSE. Paris, Seuil.
1 - Ce que l'expérience analytique nous permet d'énoncer, c'est
bien plutôt la fonction limitée du désir. Le désir, plus que tout
autre point de l'empan humain, rencontre quelque part sa
limite. P.32, 29 Janvier 1964.
2 - Mais je dirai que Freud s'adresseau sujetpour lui dire ceci,
qui est nouveau - ici, dans le champ du rêve, tu es chez toi - Vo
es war, sollich werden . IV P.45» 5 Février 1964»
3 - ....l'identification n'est qu'un temps d'arrêt, qu'une fausse
terminaison de l'analyse, qui est très fréquemment confondue
avec sa terminaison normale. XI. P.133, 22 Avril1964.
4 - J'ai nommément pointé aujourd'huides fausses définitions
qu'on peut donner de sa terminaison, comme celle de Balint
quand il parle de l'identification à l'analyste. XI P.134, 22 Avril
1964.
5 - Le sujetprovient de son assujetissementsynchronique dans
ce champ de l'Autre. C'est pour cela qu'il lui fauten sortir, s'en
sortir, et dans le"s'en sortir", à la fin, il saura que l'Autre réel
a, tout autant que lui, à s'en sortir, à s'en dépatouiller. XV PI?2,
20 Mai 1964.
6 - est-ce que nous n'avons plus d'inconscientaprès une
analyse. XX P240, 24 Juin 1964.
7-Ilseraittout de même singulier que ce sujetsupposé savoir,
supposésavoir quelquechose de vous, et qui, en fait, n'en sait
rien, puisseêtre considéré comme liquidé, au moment où, à la
fin d'une analysejustement sur vous au moins à en savoir un
bout. C'est donc au moment où il prendrait le plus de
consistance, que le sujet supposésavoir devraitêtre supposé
vaporisé. XX. P. 241» 24 Juin 1964.
8 - A définir la fin de l'analyse comme identification à l'analyste
fait par la même l'aveu de ses limites. Toute analyseque l'on
doctrine comme devant se terminer par l'identification
à l'analyste révèle, du même coup, que son véritable moteur est
élidé . Ily a un au delà à cette identification, et cet au delà est
défini par le rapportet la distance de l'objet "a" au grand I
idéalisant de l'identification. XX P. 244, 24 Juin 1964.
38
9 - Ce franchissementdu plan de l'identification est possible.
Tout un chacun de ceux qui ont vécu jusqu'au boutavec moi,
dans l'analyse didactique l'expérience analytique, sait que ce
que je dis est vrai. XX P. 245, 24 Juin 1964.
10 - C'est au delà de la fonction du "a" que la courbese referme,
là où elle n'est jamais dite, concernant l'issuede l'analyse, à
savoir après le repérage du sujetpar rapportau a, l'expérience
du fantasmefondamental devient la pulsion. Que devient
alors celui qui a passépar l'expérience de ce rapportopaqueà
l'origine de la pulsion. XX P. 245, 24 Juin 1964.
11 - Comment un sujet qui a traverséle fantasme fondamental
peut-il vivrela pulsion ? Cela est l'au delà de l'analyse, et n'a
jamais été abordé. Il n'est jusqu'à présent abordablequ'au
niveau de l'analyste pour autant qu'il serait exigé de lui d'avoir
précisément traversédans sa totalité le cycle de l'expérience
analytique. XX P. 246, 24 Juin 1964.
12 - II n'y a qu'unepsychanalyse, la psychanalysedidactique-ce
qui veut dire une psychanalysequia bouclé cette boucle jusqu'à
son terme. La boucle doit être parcourueplusieurs fois. XX P.
246, 24 Juin 1964.
- C'est pour autant que le désir de l'analyste qui reste un x, tend
dans le sens exactement contraire à l'identification que le
franchissementdu plan de l'identification est possible, par
l'intermédiaire de la séparation du sujetdans l'expérience.
L'expérience du sujetest ainsi ramenée au plan où peut se
présentifier, de la réalité de l'inconscient, la pulsion. XX P. 246,
24 Juin 1964.
1964-1965 - Livre XII - PROBLEMES CRUCIAUXPOUR LA
PSYCHANALYSE. (non publié).
1 - La question de la terminaison de l'analyse et du sens de cette
terminaison n'est point à l'heure actuelle résolue, je l'évoque
comme témoignage de ce que j'avance concernantce que
j'appelle ce repérage qui n'est point forcément repéragepensé.
1 P.2, 5 Janvier 1965.
2 - Assurément, il est quelque chosequi restede cette
expérience assuréequ'elle est associéeà ce que nous
appellerons des effets de dénouement. Dénouement de choses
chargées de sens et qui ne sauraientêtre dénouées par d'autres
voies. I. P.2, 5 Janvier 1965.
3 - La fin de l'analyse est suspenduedans unealternative entre
deux termes qui commandent, qui déterminent les
identifications qui sont distinctes sans qu'on puisseles dire
opposées, car ils ne sont pas du même ordre: l'idéal du moi,
lieu de la fonction du trait unaire, de notreaccrochage du sujet
dans le champ de 1'autre....la question n'est pas de savoir si
nous devons considérer que la fin de l'analyse peut secontenter
d'une seule de ces dimensions que déterminent ces deux pôles,
à savoir aboutir à la rectification de l'idéal du Moi. Est-ce une
autre identification du même ordreet nommément ce qu'on a
39
appelle l'identification à l'analyste. V. P.5» 3 Février 1965.
4 - La castration dans le vécu terminal d'une analysede névrosé,
ou d'une analyseféminine est à proprementparler impensable,
si l'opération analytique n'est rien d'autre que cette expérience
conjuguéede la demande, du transfert, au cours de quoi le sujet
a à faire l'expérience de la faille qui le sépare de la
reconnaissance, qu'ilvit ailleurs que dans la réalité et que cette
expérience de la béance c'est là tout ce qu'il y a à intégrer dans
l'expérience analytique. VII P.9» 9 Mars 1965.
5 - L'expérience analytique qui est faite pour nous mettre en
évidence que le but est de se satisfairede l'identification à
l'analyste, ou au contraire de l'altérité, de le rejeter comme
autre. Pathétique terminal de l'expérience analytique. VII P.13,
9 Mars 1965.
6 - II nesauraity avoir d'analysequi puissed'aucune façon se
dire achevée si ce n'est pas au niveau du sujet lui-même quand
à une voie qui est précisémentune voie qui franchitcette étape
purement identificatoire. IX P.10, 17 Mars 1965»
7 - Car ce que tu mets ici en jeu n'a rien à faire avec ce qu*il en
est pour l'issue d'une psychanalyseordinaire. Etle terme de
parfaitement analysé qu'on te fait mirer à l'issue de ta
psychanalysequalifiéede didactique est aussitrompeur
qu'insuffisantela définition des fins de cette analyse. XV P.2, 16
Juin 1965.
8 - Je ne débarasseraipas l'Autre, ni de son savoir, nide sa
vérité, le terme de l'analyses'il est ce que j'ai inscrit dans le S
signifiant du $ barré, l'Autre, sait qu'il n'est rien. XV P.13, 16 Juin
1965.
1965-1966 - Livre XIII - L'OBJET DE LA PSYCHANALYSE, (non
publié)
1966-1967 - Livre XIV - LA LOGIQUE DU FANTASME.
1 - ....à la place du "je ne suis pas" ou le ça venir, le "je
va être positionné en un "Je suis ça", ce qui nous rapprochede
l'impératif : "WO ES VAR, SOLL ICH VERDEN" où "Je" n'est
justement pas appelé à déloger le ça, mais si vous me permettez
cette équivoque, à seloger dans sa loque, ou dans ce qui est la
vérité de la structure, à se connoter au "a". III P.18,II Janvier
1967. ......inversement, l'inconscient, dans son essencepoétique
de bedeutung, peut venir à la place du "Je ne pense pas"
corrélatif du ça, pour nous révéler ce qui est frappéde je ne sais
quelle caducité dans la pensée, à savoir l'incapacité de tout
betentung à recouvrir cequ'il en est du sexe. La différence des
sexes ne se supporteen effet que de la bedeutung de quelque
chosequi manquesous l'aspect du phallus. III P.18, II Janvier
1967.
1967-1968 - Livre XV - L'ACTE PSYCHANALYTIQUE, (non publié).
1 - Commencer d'être psychanalyste, toutle monde le sait, ça
commence à la fin d'une psychanalyse. P. 14, 10 Janvier 1968.
40
2 - on est arrivéà la fin de sa psychanalyseunefois, et cet acte
si difficile à saisir au commencement de chacune des
psychanalyses quenous faisons, çadoit avoir un rapportavec
cette fin une fois. V. P. 15, 10 Janvier 1968.
3 - Dans cette logique la fin de la psychanalysesupposeune
certaine réalisation de l'opération- vérité, à savoir que sien
effet ça doit constituer cette sortede parcours, qui du sujet
installé dans son faux-être, lui fait réaliser quelque chose d'une
pensée qui comporte le "Je ne suis pas", çan'est pas sans
retrouver comme il convientsous une forme croisée, inversée,
sa place du vraisous la forme du là où c'était, ou je ne suis pas
qui se retrouvedans cet objet "a" dont nous avons beaucoup
fait me semble- t-il pour vous donner le sens et la pratique, et
d'autre part ce manque qui subsiste, au niveau du. sujetnaturel,
du sujetde la connaissance, du faux-être du sujet, ce manque
qui toujours sedéfinit comme essencede l'homme et qui
s'appelle le désir, mais qui à la fin d'une analysese traduit en
cette chose non seulement formulée, mais incarnée qui
s'appelle la castration. V.P.I5, 10 Janvier 1968.
4 - il nous faut en général s'arrêter un temps pour s'apercevoir
que l'on a passésans le savoir. ...ilvaudraitmieux dire "passant"
et même "pas sans le savoir", c'està dire avec le savoir on l'a
passé. V .P. 16, 10 Janvier 1968.
5 - Le terme de l'analyseconsiste dans la chute du sujet supposé
savoir et sa réduction à l'avènement de cet objet "a" comme
causede la division du sujet qui vient à sa place. V.P.I9, 10
Janvier 1968.
6 - celui qui fantasmatiquementavec le psychanalysantjouela
partie au regard du sujet supposésavoir, à savoir l'analyste,
c'est celui-là, l'analyste qui vient au terme de l'analyse
supporter de n'être plus rien que ce reste, ce reste de la chose
chue, qui s'appelle l'objet "a".
L'analysantvenu à la fin de l'analyse dans l'acte s'il en est un qui
le porte à devenir psychanalyste, nous faut-ilpas croirequ'il ne
l'opère, ce passage, que dans l'acte qui remet à sa place le sujet
supposésavoir. Nous voyons maintenantoù est cette place,
parce qu'elle peut être occupée, mais qu'elle n'est occupée
qu'autant que ce sujetsupposésavoir s'estréduit à ce terme
que celui qui l'a jusque-là garantipar son acte, à savoir le
psychanalystelui, le psychanalystel'estdevenu ce résidu, cet
objet "a". V P.19, 10 Janvier 1968.
7 - celui qui, à la fin d'une analysedidactique, relève, si je puis
dire, le gant de cet acte, nous ne pouvons pas omettre que c'est
sachantce que son analysteest devenu dans l'accomplissement
de cet acte, à savoir ce résidu, ce déchet, cette chose rejetée. A
restaurer le sujet supposésavoir, à reprendrele flambeau de
l'analyste lui-même^Ll ne se peut pas qu'il s'installe plus à ne
pas le toucher, là qu'il n'installe le petit "a" au niveau du sujet
supposésavoir, dece sujet supposésavoir qu'ilne peut que
reprendrecomme condition de tout acte analytique, lui sait à ce
41
moment que j'ai appelé dans la passe, quelà est le dés-êtrequi
par lui le psychanalysanta frappél'être de l'analyste. V.P.20, 10
Janvier 1968.
8 - J'ai dit sans le toucher, que c'est comme cela qu'il s'engage
car ce desêtre, institué au point du sujet supposésavoir, luile
sujet, dans la passe, au moment de l'acte analytique, il n'en sait
rien justement parcequ'il est devenu la vérité de ce savoir. V.
P.20, 10 Janvier 1968.
9 - Cette incommensurabilité, ce rapportdu "a", puisquec'est le
petit a que j'ai repris non sans intention pour le symboliser sous
le nombred'or, du petit a au 1, voilà où se jouece qui apparait
comme réalisation subjectiveau bout de la tâche
psychanalytique. VI. P.9» 17 Janvier 1968.
10 - C'est là la fonction de l'analyste, de cet objet perdu d'où
dans la genèse nous pouvons concevoir ques'originetoute la
structure. Distinction : aliénation du petit "a" en tant qu'il vient
ici et se sépare du -^f qui est à la fin de l'analyseest idéalement
la réalisation du sujet. VI. P.12, 17 Janvier 1968.
11 - c'est au terme d'une psychanalysesupposéeachevéeque le
psychanalysantpeutdevenir psychanalyste. VI. P.15, 17
JanvierI968.
12 - Le tracé, le vecteur, l'opération de l'acte psychanalytique
doit, ce sujet, le réduire à la fonction de l'objet "a" ( à propos du
sujetsupposésavoir). C'estce que dans l'analyse, celui qui l'a
fondé dans un acte, à savoir son proprepsychanalyste, est
devenu. Il l'est devenu précisément en ceci qu'au terme il est
conjointavec ce qu'il n'était pas d'abord au départ, le sujet
supposésavoir. Ille devient au terme de l'analyse. VII. P.5, 24
Janvier 1968.
*••/•••
1968-1969 - Livre XVI - D'UN AUTREA L'AUTRE. Paris, Seuil.
1 - Toute carrière d'homme engage quelque chosequi a dans la
mort sa limite, et c'est seulement de ce point de vue que nous
pouvons du chemin tracé par Freud, trouver le terme dans la
question qu'il pose en fin d'analyseterminale : terminable ou
interminable. X. P.1, 5 Février 1969.
Ce qui ne fait que marquer le temps de la question que je
rouvreen disant : est-ce que ce qui s'engage pour le sujet - du
fait de la répétition comme origine - est lui-même un processus
qui a sa limite ou pas ? X.P.1, 5 Février 1969.
2 - L'élaboration analytique....ceuxqui sontsur un divan
s'aperçoiventque ça consisteà revenir tout le temps sur le
même truc, et il faut que ça durepour arriver justementà
ce que je vous ai expliqué à la minute, à la terminaison quand
on va dans le bon sens naturellement. Là où on rencontrela
limite. X. P.13, 5 Février 1969.
3 - Cet homme à qui cette femme s'adressaitdans ce que je
viens de dire, ("vous ne me tenez pas comme on tient une
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Gouverner psychanalyser eduquer

  • 1. 1 Gouverner, psychanalyser, éduquer, sont trois métiers impossibles nous dit Freud. Impossibles, puisque les trois activités demandent l’engagement de la parole. Pour Lacan, dire toute la vérité est impossible, il nous manque les mots. A cause de ce manque, la vérité n’est que mi-dite. L’autre part est indicible, et pourtant, elle touche, par quelque bout, le réel. Dans le fragment n°7 du Tractatus Logico-Philosophicus, Wittgenstein affirme d’une façon lapidaire et fulgurante : « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire »*. Il s’agit de cette demi-vérité qui touche le réel, dont nous ne pouvons parler. Cela vaut la peine d’essayer de comprendre les caractéristiques de cette impossibilité, pour concevoir par la suite l’émergence d’une transmission possible. Gouverner, psychanalyser, enseigner ( ?) sont donc des fonctions en rapport avec ces deux versants de la Vérité, celui de la parole (le mi-dire) et celui du réel, qui échappe à la prise de toute symbolisation. Mais, c’est grâce à cet impossible que l’acte de parole peut toucher au réel. Avec le signifié la psychanalyse dit une vérité, mais c’est avec des signes spécifiques qu’elle touche au réel. Les limites du sens portés par le signifié ouvrent donc à la possibilité de rencontrer l’impossible.
  • 2. 2 La parole, instrument permettant d’exercer ces trois fonctions, n’a pas de prise sur le réel qui lui résiste à la symbolisation. Pour accéder à une forme de symbolisation qui touche au réel, il faut laisser choir les signifiés, les concepts déjà établies, laisser surgir les signifiants, les ouvrir aux possibles. Le psychanalyste alors doit se mettre en veille par son désêtre et laisser la place au savoir de l’analysant ; celui qui transmet se doit de laisser surgir le sujet avec son demi-savoir ; la démocratie doit laisser la place (l’agora) au peuple. De la même façon l’im-possible de la transmission devient l’un possible (possible un par un) d’un acte de séparation entre transmettre et recevoir, entre parler et écouter. Une nouvelle réception est ainsi possible, qui permet un écart qui ouvre à quelque chose d’une transmission du réel. Ce qu’on reçoit n’est pas la forme du réel (représentation), mais le réel d’une forme (un signe qui est affecté par l’inconscient). L’inconscient agit, mouvant le réel dans le symbolique, et ainsi devient sujet de cette réception. C’est par ce passage que les formes peuvent se transformer. La formation agit cette transformation. Se former, devenir analyste, enseigner, ou faire de la politique signifie se transforme à partir de l’écoute. « L’inconscient c’est le réel en tant qu’impossible à dire »*. Ne serait-il pas aussi le possible à entendre ? Le réel c’est l’impossible, nous dit Lacan. Mais comment alors peut-il s’agencer au possible ? « Le signifiant est ce qui représente un sujet pour un autre signifiant »*. Cette dynamique de représentation nécessite l’association qui casse l’impossible de la parole. Toutefois le possible permis par l’association libre exige toujours une première symbolisation.
  • 3. 3 Cette primauté est une prémisse, une nouveauté, une création, la rencontre entre symbolique et réel. Comment alors enseigner, comment transmettre si dire toute la vérité est impossible puisque les mots nous manquent ? Comment faire en sorte que cet impossible de la transmission rencontre le possible ? Suffit-il de faire appel au désir de chacun dans son rapport au savoir ? Ou faut-il aussi créer des outils adaptés ? Et ce désir, pour qu’il soit agissant, ne doit-il pas se faire acte de séparation avec l’objet, faire alliance avec le symbolique, et faire surgir la scansion où les signifiants entament le réel ? C’est à partir de cette transmission impossible que nous ouvrirons l’accès au discours de la psychanalyse. Cet impossible pourra nous permettre de rencontrer d’une façon nouvelle et singulière les textes de Freud et Lacan. Cette rencontre sera d’autant plus fructueuse qu’elle nous permettra d’approcher le réel inscrit dans la lettre. Chacun de nous pourra, avec sa voix essayer d’interroger l’énigme du savoir dans un lieu de questionnement nouveau où la psychanalyse, l’invention, l’art sont conviés ensemble au chevet des textes et des expériences d’analyste et d’analysant. A l’Université les énoncés théoriques ont valeur de vérité. Ils doivent constituer un corpus de connaissance, évalué et validé par l’institution. Nous proposons un espace de travail où chacun fera œuvre de sa formation dans un trajet propre de recherche, de ressourcement et de dé-sidération. Nous proposons un lieu de travail où s’expérimentera ce renouvellement du discours analytique dans une lecture collective des textes de Freud et de Lacan. Dans ce lieule savoir textuel et le savoir référentiel celui de la cure pourront se rencontrer. A partir de cette rencontre pourront se former des cartels et d’autres espaces de travail, où divers questionnements théoriques et cliniques pourront s’élaborer. Dans chaque groupe, chaque participant pourra faire œuvre de ce qui appelle et le forme en restituant aux autres les questions personnelles qui l’auront saisi. La parole singulière de chacun, son style sera la signature d’une validation.
  • 4. 4 Le parcours analytique individuel de chacun sera la signature d’une confirmation. Nous nommons ce projet de transmission de la psychanalyse Corpo Freudiano, et proposons aux analystes et aux analysants d’y adhérer dans le but de mettre à l’épreuve le travail de l’inconscient dans l’échange avec quelques autres. Le but de Corpo Freudiano est de mettre en place une nouvelle formation de base, à l’abri des dogmes et des hiérarchies, en faisant référence aux textes fondateursde lapsychanalyse et à l’expérience de l’inconscient de chacun. A Paris,le14 septembre 2014 Paolo Lollo,Jacques Siboni,CristianeCardoso Cartels dans les textes JACQUES LACAN • « L’Acte de Fondationde l’Ecole freudienne de Paris » 21 juin 1964 (Extrait) Jacques Lacan y présente pour lapremière fois les principes du cartel. « Ceux qui viendront dans cette Ecole s’engageront àremplir une tâche soumise à un contrôle interne et externe. Ils sontassurés en échange que rien ne sera épargné pour que tout ce qu’ils feront de valable, ait le retentissement qu’il mérite, et à la place qui conviendra. Pour l’exécutiondutravail, nous adopterons le principe d’une élaboration soutenue dans un petit groupe. Chacun d’eux (nous avons un nom pour désigner ces groupes) se composera de trois personnes aumoins, de cinq au plus, quatre est la juste mesure. Plus une chargée de la sélection, de ladiscussionet de l’issue à réserver autravail de chacun. Après un certain temps de fonctionnement, les éléments d’un groupese verrontproposer depermuter dans un autre.
  • 5. 5 La charge de directionne constituerapas une chefferie dontle servicerendu se capitaliserait pour l’accès à un gradesupérieur, et nul n’aura à se tenir pour rétrogradéde rentrer dans le rang d’un travail de base. Pour la raison que toute entreprise personnelle remettra son auteur dans les conditions de critique et de contrôle où tout travail à poursuivre serasoumis dans l’Ecole. » • « D’écolage »11 mars 1980 (Extrait) Il s’agitd’un texte lu par Jacques Lacan à son Séminaire. « […] Je démarrela Causefreudienne – et restaure… l’organe de base repris de la fondation de l’Ecole, soit le cartel, dont, expérience faite, j’affinela formalisation. Premièrement– Quatre se choisissent, pour poursuivreun travail qui doit avoir son produit. Je précise : produit propreà chacun, et non collectif. Deuxièmement– La conjonctiondes quatre se fait autour d’un Plus-Un, qui, s’il est quelconque, doit être quelqu’un. A chargepour lui de veiller aux effets internes à l’entreprise, et d’en provoquer l’élaboration. Troisièmement– Pour prévenir l’effet de colle, permutationdoit se faire, au terme fixé d’unan, deux maximum. Quatrièmement –Aucun progrès n’està attendre, sinon d’une mise à ciel ouvert périodique des résultats comme des crises de travail.» JACQUES-ALAIN MILLER • Le cartel au centre d’une école de psychanalyse :1994 Jacques-Alain Miller prend la parole contre la banalisation et la désertion du cartel et pour maintenir sonstatut central de mode de travail dans l’Ecole de la Cause freudienne Le cartel dans le monde J’ai choisi ce titre parce que je voulais exprimer, et tirer au clair une pensée qui me taraude depuis longtemps. Quelque chose me chiffonne dans le cartel dans le monde. C’estmon point de départ. II m’a conduitailleurs que là où je pensais aller*. Un manque d’enthousiasme En 1979, j’aiinventé avec Eric Laurent le Cataloguedes Cartels.
  • 6. 6 Aujourd’hui, ily a cinq Ecoles du Champ freudien, il y a cinq Catalogues, avec la même couverture, et les mêmes rubriques. C’esttrès bien. Mais n’y a-t-il pas là beaucoup de formalisme ? Je sens, je crois sentir dans le monde – je peux me tromper, et certainement on me démentira, sinon d’ici, d’ailleurs – un certain manque d’enthousiasmepour le cartel. Je n’entends jamais des collègues d’ailleurs parler de leur cartel. Je ne vois pas de référenceau travail en cartel. Je ne perçois pas d’émotion quand des collègues parlent du cartel. C’est un fait que !a tradition, ce n’est pas !e cartel, c’est le cours magistral. En Argentine, où !’Universitéa été longtemps baîllonnée, où elle est longtemps restée archaïquedans ses méthodes, on a afflué auprës de maitres qui dispensaient leurs enseignements hors universités – des maîtres qui n’étaient pas maîtres par le diplôme, mais par le charisme. C’est ce qui a été transportéen Espagne, et au Brésil. Le plus-un de cartel, qui est le leader fonctionnel d’un groupe minimal, ne saturepas la demande de charisme. Le plus-unest un leader, mais un leader modeste, un leader pauvre. L’agalma qui le supporte est nondense. II estfaiblement investi. II est, sil’on peut dire, doté d’un charismeforce4, alors qu’en pays latin du moins, on veut, semble-t-il, un charisme d’ordresupérieur, l’investissementmassif d’un plus- un qui soit aussiun orateur. L’exigence d’une médiationorale pour avoir accès à l’écrit est de structure,mais pour peu que l’écrit soit moins présent dans la formation, cette médiation devient une fin en elle- même, se convertit en une guidance imaginaire. Bref, j’aisouventle sentiment, quand on évoque les cartels ailleurs, qu’il y entre quelque semblant, qu’il y a un forçage, que c’est un peu chiqué. Disantcela, je ne vais pas me faire bien voir. Je ne vais pas me faire bien voir ailleurs. Avec ce que je vais dire maintenant, je ne vais pas me faire bien voir ici. Je provoque. C’estpour que l’on me réponde. A essayer, en tâtonnant, de réfléchir sur ce malaise à propos du cartel dans le monde, j’aiété conduit à faire retour aux origines du cartel– à faire aussiun retour sur ce que nous, ici, nous avons fait du cartel.
  • 7. 7 Aux originesdu cartel Le cartel, à la différence de la passe, estcontemporain de la création de l’Ecole. Nous avons eu des Journées sur L’Ecole et l’expérience de la passe pendant la dissolution de l’Ecole freudienne de Paris, et, à l’ECF sur Le conceptde l’Ecole et l’expérience de la passe – nous n’avons jamais eu de Journées sur L’Ecole et l’expérience du cartel. Néanmoins, du fait que le cartel est contemporain de la création de l’Ecole, on peut supposer qu’ilest congruentavec le concept de l’Ecole, et se demander en quoi il l’est. Deux remarques préliminaires : La première porte sur l’actualité du petit groupeen 1964, au moment où Lacan créait sa première Ecole. A l’époque, l’idée du travail en petits groupes, de formation à partir du petit groupe, avait été mise à l’ordredu jour, à la Sorbonne, par les étudiants en Lettres, spécialement par leur syndicat-syndicatd’agitateurs, non degestionnaires-, la F.G.E.L., la Fédération générale des Etudiants en Lettres, qui avait promu la nécessité de ce qu’ils appelaient des G.T.U., des groupes de travail universitaire, invitant les étudiants àtravailler ensemble, sur une base égalitaire, sansles « profs » ou avec le moins de « profs » possible, manière de s’opposer aucours magistral, pratiquetenue pour réactionnaire. II y avaitdans cette proposition comme les prodromes deMai 1968. L’idée d’une formation en petits groupes au lieu du cours magistral, ou à côté du cours magistral, participait déjà du mouvement anti-autoritaire. Le pro-cartel est anti-autoritaire. On l’a vu en 1979-80, lors dela dissolution de l’EFP qui commença par un renouveau de l’intérêt pour les cartels. Ma seconde remarqueest que le cartel incarne une thèse de la théorie des groupes –à un groupe, il faut un leader, tout groupea un leader. Cette thèse peut s’inscrire selonles formulesde lasexuation mâle, de la même façon que la passe répondrait plutôt aux formules de la sexuationmasculine. L’idée de Lacan avec le cartel est àla fois que rienne sert de nier le fait du leader mais qu’on peut l’amincir au lieude le gonfler, le réduire au minimum, en faire une fonction, permutative quiplus est.
  • 8. 8 Le travail del’Ecole C’est alors que j’ai repris laphrase de Lacan qui introduit le cartel dans son Actede fondation – « Pour l’exécution du travail, nous adopterons le principe d’une élaborationsoutenue dans unpetit groupe ». Commentaire : Le cartel, quiest ce petit groupe, est un moyen pour exécuter untravail. Ce n’estpas une fin en soi-même. Oui, mais ce n’est pas non plus exactement un moyen. Lacan dit plutôt que c’est lemoyen, et non pas pour exécuter un travail, mais pour exécuter le travail. Le moyen pour exécuter le travail – avec l’article défini. Cette phrase, si on s’y arrête, dit que le travail de l’Ecole passe par le cartel. On pourrait exécuter un travail de cet ordredans des séminaires, des cours, des conférences, des Journées d’études. Justement, Lacan ne dit pas : « Pour l’exécution du travail, nous adopterons le principe d’une élaboration soutenue dans des séminaires, des cours, des conférences, des Journées d’études ». II dit: « Nous adopterons le principe d’uneélaboration soutenue dans un petit groupe». Le travail. Quel travail ? Dans l’Acte de fondation de Lacan, le mot travail est plusieurs fois répété. On le trouveau second paragraphe, au troisième paragraphe. Au quatrième paragraphe, l’auteur parle de tâche, au cinquième de l’exécution du travail, etc. II terminesur les travailleursdécidés. L’Acte de fondation estsous l’égide du travail. Mais qu’est-ce que Lacan appelle le travail de l’Ecole ? C’est un travail – « qui, dans le champ que Freuda ouvert, restaure le soc tranchant de sa vérité –qui ramène la praxis originale qu’il a instituée […] dans le devoir qui lui revient en notre monde – qui, par une critique assidue, y dénonce les déviations et les compromissions… » Autrement dit, l’exigence éthique, épistémologique, aléthique, praxéologique, queLacan fait entendre est censée s’accomplir par un travail, qui est le travail de l’Ecole, et ce travailpassepar le cartel – non par le séminaire, la conférence, le cours. Cartel et passe Pourquoile cartel est-il pour Lacan congruent avec le travail de l’Ecole, dans son exigence laplus intime et laplus haute ?
  • 9. 9 On peut répondreà cette question : pour répondre, il faut d’abord sedemander – Qu’est-ce qui acompromis la vérité de la psychanalyse et dévoyé sapratique ? Nous connaissons la réponsede Lacan – au moins sur son versantinstitutionnel : on la trouve développée dans « Situation de la psychanalyse en1956 ». Le méchant de l’histoire, c’estlabéatitude, c’estle didacticien. En effet, le cartel, tel que Lacan l’apporte dans l’Acte de fondation, estune machine de guerre contre ledidacticien et sa clique– comme Lacan en emploie ailleurs l’expression. Celafait bienvoir la parenté du cartel et de la passe. La passe, comme le cartel, est, du point de vue institutionnel, une machine anti-didacticiens. L’Ecole, avec son cartel, et sa passe, est un organismequi viseà arracher la psychanalyseauxdidacticiens. Apparemment, cela tend toujours à sereformer, puisqueLacan a été amené à dissoudrecette Ecole pour les mêmes raisons qui la lui avaient fait fonder. La passea le résultat institutionnel évident de faire échapper la nomination des AE aux didacticiens. Le cartel tendait, dans l’idée de Lacan, à faire aussiéchapper à l’emprise des didacticiens les membres de baseincités à ne pas segrouper en cliques concurrentes, mais à entrer dans l’organisation circulaire de l’Ecole. Lacan ajoute, dans l’Acte : « Ceci n’implique nullement une hiérarchie latête enbas ». Faut-il y reconnaîtreune dénégation ? C’est au moins mettre le didacticien sens dessus-dessous. Sicen’est pas une hiérarchie à l’envers, mais bien une organisationcirculaire, celle-ciest marquée au coin d’un égalitarisme certain. Dans le système des cartels, l’unvaut l’autre. L’idéologie du cartel a un petit côté leveller, niveleur. Et, de fait, Lacan a été accompagné, dans toutes ses initiatives, d’une Frondedes notables, qui a commencé à la fondation elle-même, qui s’estpoursuivieau moment de la « Proposition » de la passe, et qui s’estconclue par la dissolution de la première Ecole. Le Plan Lacan Si l’on saisit que, dans l’intention de Lacan, le travail de l’Ecole passaitpar le cartel – et non le séminaire, la conférence, etc. – on comprend alors la fonctiondes Sections de l’Ecole. Lacan avait prévu trois Sections quiétaient autant de regroupements de cartels. Ce plan d’Ecole, le Plan Lacan, n’a
  • 10. 10 jamais été réalisé. Selon ce plan, le travail de l’Ecole s’exécute par cartels. S’il y a des cours, des séminaires, des conférences, cela sefait hors Ecole. D’ailleurs, le Séminaire de Lacan était hors Ecole. L’Acte de fondation dit que le propre de l’Ecole, dans son. rapport à la vérité, c’estle travail par cartels. La question pourraitêtre d’actualité. II suffiraitdele décider. Cela supposeraitdes’interroger sur le point de savoir pourquoi le Plan Lacan n’a jamais été réalisé. Parce qu’il était irréalisable ? Parce qu’on ne peut inhiber ni la croissancede charismes, nila demande de charisme ? Faut-il réaliser ce plan ? Ou serait-ce un fondamentalisme du cartel ? Faut-il modifier quelque chosede la définition du cartel, ou de la pratique du cartel, pour réaliser le Plan Lacan ? -comme, après tout, il a fallu compléter la « Proposition » de la passepour la rénover. On me dit qu’il y a un peu d’incertitude quantaux cartels. Si c’est le cas, il faut choisir- continuer sur la lancée, ou repenser à nouveauxfrais. Jacques-Alain Miller a répondu à des questionsde l’assistance dansles termes suivants (résumé). La question qui reste poséepar le Plan Lacan de 1 964 est la suivante: est-ce que nous voulons, ou est-ce que nous ne voulons pas que l’Ecole soit à part? L’idée initiale est d’une Ecole à part, et qui, de ce fait même, peut répondre àla questionque lui pose – ou devrait lui poser – la société, voire l’Etat : celle de la qualificationdupsychanalyste. De quelle façon voulons-nous êtreà part ? Ou bien voulons- nous ne pas être à part ? Comment donner le maximum d’intensité à l’Ecole ? Est-ce en important ce qui fonctionne avec succès dans d’autres lieux ? Ou, au contraire, enallant au bout de notre spécificité, telleque Lacanla dessine ici ? En l’assumantet en la travaillant ? L’Ecole vat-elle devenir l’Ecole des ACF ? l’ensemble des ACF ? Ou restera-t-elleleur plus-un ? Cela supposederéinventer sa différence. La passemet déjà l’Ecole à part. Le cartel peut-il aussimettre l’Ecole à part ? Ou est-il définitivement banalisé ? Note : J’ai donné une suiteà ces réflexions dans l’Ecole à l’envers, paru dans lenuméro 1 de L’Envers de Paris, édité par l’ECF en novembre de cette année. J.-A. M. Intervention à la Journée des cartels du 8 octobre 1994 à l’ECF, transcritepar Catherine Bonningue. (Paru initialementdans La Lettre mensuelle n°134)
  • 11. 11 L’Ecole à l’envers Comprendre le nouveau en réchauffantl’ancien. Confucius, Entretiens, II, 11. Une lecture attentive de l’Acte de fondation ne devrait laisser aucun doute : dans l’intention de Lacan, le travail de l’Ecole, « restaurer la vérité…, ramener la praxis…dansle devoir…, dénoncer lesdéviations et les compromissions… » passaitpar le cartel. Par le cartel, c’est-à-dire: non par les séminaires, ni par les cours, ou les conférences, ou les colloques. Rien de tout cela : le cartel. Faut-il revenir au plan Lacan de 1964 ? J’en ai poséla question hier, à la journée des cartels. A l’invitation de L’Envers, je poursuis sur ma lancée. L’Ecole de la Cause freudienne sait qu’elle est nouvelle. Elle entame sa seconde époque. Elle a de nouveauxstatuts. C’est ECF 2. Cela est acquis. Cela ne dispensepas d’anticiper sur le processus en cours. Un petit effortd’imagination, et de déduction, est requis pour rester ahead of the curve. Les ACF sont, pour l’Ecole, une chance. Elles sont aussiun péril. En effet, les ACF étendent maintenant leur réseau sur la France entière, sans compter la Belgique francophone; L’Envers prendra son essor à Paris ; le nomde l’Ecole, ses publications, ses activités, parviendrontdemain dans les villages; nous sommes sur le seuil d’une expansioninédite par son ampleur, et qui marquera l’histoire de la psychanalyseen France. Très bien. Les ACF s’insinuentdans les interstices que leur offre le tissu social, se trament en lui, bien plus agiles à s’y tricoter que l’Ecole ne peut l’être. C’estce que nous voulions. Voulons-nous maintenantque l’Ecole soitle nom de l’ensemble des ACF ? Qu’elle devienne l’Ecole des ACF ? Les ACF avancent sur l’Ecole. Celle-ci a dû déjà repousser l’assaut, toutamical, de l’Ile-de- France. Si l’Ecole ne veut pas devenir l’ensemble des ACF, mais rester leur Plus-Une, il lui faut « se resserrer sur ses tâches propres » (voir l’Avant-proposdel’Annuaire1995), c’està dire réinventer sadifférence. Sa différence, ce seraitd’être un organisme cohérent avec le discours analytique. Elle l’est, quand on la rejoint, non par la voie du servicerendu, mais par celle de lapasse, mode de sélection qui lui est propre, et qui demeure incontesté. Elle ne l’est pas, quand les enseignements qu’elle promeut ne se distinguent en rien de ce qui se fait partout ailleurs, dans les ACF, dans les Sections cliniques, à l’Université, à l’IPA.
  • 12. 12 Appliquer le plan Lacan de 1964, ceserait mettre hors-Ecole, ou sur le pourtour de l’Ecole, tout ce qui est séminaires, conférences, cours, dégager un espace central pour « le travail de l’Ecole, « exécuté selon » le principe d’une élaboration soutenue dansun petit groupe« . Ainsi l’Ecole de lapasse serait- elle aussi celle ducartel. Seulement, ce cartel-là ne seraitpas celui que nous pratiquons- et qui fut défini par Lacan, remarquons-leenfin, pour le bénéfice de la Cause freudienne, non de son Ecole, qui n’existait pas encore. Faut-il distinguer les cartels ACF et les cartels de l’Ecole ? La question a été posée. Toujours est-il que le cartel modèle 1964 donnait au Plus-Un une fonction qui s’estperdue, du même mouvement qui déclassa le cartel. Le cartel aujourd’hui est eneffet unorgane où l’onfait son apprentissage. Lorsquecelui-ci est achevé, ou qu’on le croit, on tend à déserter le cartel. Or, le cartel d’apprentissagen’estpas dans l’intention première de Lacan. Le cartel originel était unorgane de critique et de contrôle des productions. D’où le rôle de la « Plus-une personne », chargéede la sélection, de la discussion, et de l’issue à réserver au travail de chacun » . Dans le cartel contemporain, on ne comprend même plus ce que cela peut vouloir dire. On dira que ce qui avait un sens dans une Ecole d’unepetite centaine de membres, comme était l’EFP en 1964, n’en a pas pour la nombreuseECF avec son cortège d’ACF. Je le nie. Qui sontaujourd’huiles sélecteurs ? Qui sontceux qui décident de l’issueà réserver aux travaux? Ce sontdes comités – comités d’organisation, comités de rédaction, comités de gestion, comme est le Directoire – brassantdes affaires innombrables, à qui l’on soumet son travail, et qui répondent par un oui ou par un non. Dans un ensemble aussivasteoù faire « reconnaîtreson travail » – je ne dis pas le faire publier – deviendra toujours plus difficile, ne seriez-vous pas heureuxde faire partie d’un petit groupecomposéde collègues disponibles, qui prendraient connaissancede vos élaborations pour les discuter, et vous les faire ré-élaborer ? C’était cela même, le cartel 64. Lisons encore une fois l’Acte de fondation. Ilnes’agissaitpas d’une élaboration soutenuepar un petit groupe, mais dans un petit groupe; il ne s’agissaitpas de proscrireles « entreprises personnelles » mais que toutes soient soumises dans l’Ecole à des « conditions de critique et de contrôle ».
  • 13. 13 Ce ne sontpas des comités accablés de tâches pratiques qui peuvent répondreà cette exigence, mais bien des cartels. Les anecdoctes, je pourrais en apporter beaucoup à l’appui. Tel collègue, publié en bonne place dans la prestigieuse revuede l’Ecole, se désespèrepourtant que son élaboration n’ait aucun écho. Tel autre publie sans le dire, sans le savoir peut-être, les dits d’un collègue, et personnene lit d’assez près pour s’en apercevoir. Ne disons rien de l’émotion produite par la critique quand elle se fait en public, ce qui est rareni de l’émotion produitepar le silence de toute critique (cela s’appelle 1’ennui, l’ennui prix de l’unité, l’ennui unien). Présenter ses élaborations dans un petit groupe, être écouté, critiqué, conseillé par des camarades, n’avoir pas à solliciter seul la publication de son travail, la programmation de son exposé, mais avoir son cartel, son plus-un, pour intercesseurs – ne serait-ce pas mieux que la situation qui prévaut dans l’Ecole ? Si l’on veut que cela se fasse, il y faut riende moins qu’une refonte ducartel. Cela met en question une routine puissante, qui est là. Pour changer les us d’un corps constitué, un seulne peut rien (à moins d’être Meiji). Si je suis seul, gardons nos nattes. (Paru initialement dans L’Envers de Paris n°1) La passe, interprétation de la psychanalyse Esthela Solano-Suarez Considérer la passecomme l’interprétation majeurede la psychanalysedonnéepar Lacan me semble une proposition très féconde, donton peut tirer des conséquences. Cette proposition a été avancée par J.-A. Miller dans son cours du 19 mars 2008. Elle est solidaire d’unabordde l’œuvre de Freudet de l’enseignement de Lacanà la lumière de l’interprétationde la psychanalyse sans cesse renouvelée. Dans ce sens, l’interprétation s’avèrenepas être unique et figée, car elle est « effet et fonctiondu temps qui passe » et de ce fait, elle prend en compte les effets et les conséquences de la pratique de la psychanalysesur la psychanalyse. Cet effet du temps et de la pratique se vérifie comme étant aussiefficace et agissantau niveau de l’interprétation de la passe. Depuis son interprétation inaugurale, celle de la proposition d’octobre67, Lacan en a donné d’autres versions, au fil des avancées de son enseignement.
  • 14. 14 Nous sommes convoqués aujourd’hui pour traiter des variétés de la passe au 21e siècle. Ceci préfigureles variétés de l’interprétation de la passeque nous sommes censés prendre encompte ou produire, à condition de ne pas négliger les effets de lapratique de la passe et de la pratique analytique, sur lapasse. La passe est une expérience. Cette expérience est un fait, et ce fait est un effet de discours. La passe c’est le nom des effets dudiscours analytique en termes de conclusionde l’expérience. Cette conclusion a été conçue d’abord par Lacan comme solutionaux impasses dudésir. Plus tard son effort s’est resserréautour des effets et de l’incidence de l’expérience analytiquesur le rapport du sujet à sa jouissance. Néanmoins nous pouvons constater que tout au long de son enseignement Lacan ne cessepas de revenir sur une questionqui le chiffonne : celle de savoir comment il se fait qu’un analysant veuille occuper laplace de l’analyste. La question portantsur l’effet analyste, ou sur l’analyste comme produit de l’expérienceanalytique c’estuneconstante. Ce qui varie, ce sont les réponses. Pour cette raison, la passecomme interprétation, concerne non seulement l’idée que l’on se fait de ce que c’est qu’une analyse et sa conclusion, mais aussil’idée que l’onpeut avoir quant à l’analyste que l’onveut pour l’Ecole. Forceest de constater qu’un tissud’interprétationstraverse le dispositif de lapasse aussibien que la temporalité logique mise à l’oeuvre dans toutes ses étapes. L’interprétationdupassant Le passant demande la passe à l’Ecole pour transmettrece à quoi son expérience analytique aabouti. L’exercice de parole dontil doit faire preuvedevant les passeurs n’est pas du même ordre que la parole analysante. Icipoint d’association libre, mais exercice d’une parole qui prétend hystoriser, voirereconstruirela nouvelle version de l’histoire issuede l’analyse. Le passant construit sonrécit dans l’après-coupde l’analyse.
  • 15. 15 Ille construità partir de restes qui ont échappé à l’oubli. Le récit de passeest une histoire qui dit comment la contingence subvertitet fait ruptureau niveau de ce qui était de l’ordrede la nécessité, voire de la répétition du même. L’acte analytique produit l’événementimprévudonnant lieuà telle séquencemémorable de l’analyse, présentifiantdes moments de rupturesubjectivequi laissent des traces, isolant et faisant consister tel signifiant maître où les équivoques de la langue font retentir un nouveau sens qui touche le corps et dont la conséquence sensibleaboutit à ce que quelque chose cesse, de s’écrire. Le passant fait un effort pour transmettreles faits qui ont eu lieudans sonanalyse à titre d’événements etcomment ceux-ci ont porté à conséquence au niveau des événements de corps. Ilapparaît même, dans certains témoignages, que les événements de l’analyse prennent laforme des événements de corps. Or, le témoignage, est une élucubration. Le témoignage est un récit articulé par lequel on veut rendre compte, rendreraison et donner du sens, aux coupures opérées dans l’analyse qui ont euune incidence sur la jouissance. Or si la jouissanceexclut le sens, alors le récit de passeest une gageure, dès lors qu’il prétend faire entrer dans le sens des bouts de réel hors sens. On mesure alors à travers le témoignage un effortpour surmonter la disjonction et l’abîme entre le réel et le sens, aussi bien qu’entre le vraiet le réel. Trop de sens alourdit le témoignage, et pas assez le rend incohérent. Toujours est-ilque le témoignage, même le plus idéal qui n’existe pas, est une version trouée, faisantpreuve d’incomplétude. C’est une lecture qui ne cessepas de s’écrire, une lecture qui accepterait toujours unenouvelle version tout en sachant que jamais il n’y aura de version ultime qui nous dise le dernier mot. Et cela parce qu’on ne vient jamais au bout du bout du réel. Ily a un trou inviolable et le témoignage tourne autour. En revanche, ce qui donne une note plus substantielle, plus authentique au témoignage, c’estson corrélatde satisfaction. Qui dit satisfaction évoqueun nouveau régime du rapportà la jouissance, aussibien qu’un nouveau rapportau corps et à l’affectation du corps par la lalangue.
  • 16. 16 De cette satisfaction font signe des affects, comme l’enthousiasmeet le gay savoir, isolés par Lacan, qui traduisent un état d’allégresseet de joie, au sens de Spinoza. Ce signe surmontel’élucubration interprétative en même temps qu’il confirme sa consistance, en en faisant ex-sister un index plus réel. L’interprétationdes passeurs Les passeurs reçoiventle témoignage du passantet leur position n’exclut pas l’interprétation. Ce qu’ils entendent et la façon dont ils le transmettent témoigne aussid’uneposition interprétative. Parfois on peut constater dans le cartel jusqu’à quel point les mêmes faits transmis par le passantpeuventprendreune dimension tout à fait différente selon l’interprétation de l’un ou l’autre passeur. Ce qui est inévitable, car ici semesure l’écart entre ce qui se dit et ce qui s’entend. Cet écart est naturellement comblé par les significations et par les versions del’entendeur. Or, ici aussi, ce qui échappe à l’interprétation et qui passedu récit du passantvers les passeurs estde l’ordrede l’affect. Le passeur peut témoigner de la façon dont le récit du passant l’a épaté. Ila été épaté parce qu’il y a eu surprise, il y a eu quelque chose d’insolite, de nouveau qui a ébranlé les idées reçues, rendant contagieux l’allégresse et l’enthousiasme. L’interprétationducartel L’interprétation du cartel est décisive, car elle donnelieu à une nomination ou pas. Ily a les interprétations « coup de foudre» qui s’imposent comme étant de l’ordred’une évidence et précipitent le cartel à conclure de façon unanime et à décider sur le champ d’une nomination. Elles sontrares. Et puis il y a les décisions qui demandent du temps pour comprendreet pour conclure. Au cours du travail du cartel, plusieurs interprétations se font jour. Elles peuvent êtres très opposés, même antagoniques.
  • 17. 17 Quelle interprétation emportera la décision du cartel ? Celle qui est la plus argumentée ou celle qui fait apercevoir une autre facette jusqu’alors négligée, ou celle qui donne une lecture du témoignage rendant évidente sa logique ? Oui, tout cela compte et, en même temps, ça ne compte pas. En nous orientant de Lacan, nous pourrions nous demander jusqu’à quel point les effets de prestige ne jouent pas d’un poids éminent. À ce titre je m’appuie sur la considération de Lacan selon laquelle tant l’amour que l’interprétation analytique sontà mettre au compte des effets de prestige, du poids de l’analyste, disait-il. Ily a un travail du cartel certes, mais ce travailmet en évidence la multiplicité d’interprétations attenantes au processus d’élucubration. L’élucubration du cartel dépend de l’idée de la passeque sefait le cartel, à travers l’idée que s’en font ses membres. Nous tournons autour d’un trou au cartel de la passe. La question est celle de pouvoir tourner de la bonne manière. Pour cela il ne faut pas se prendrepour des experts, ni croire que nous savons quelquechose sur la passeparce qu’on l’a passée. Faire tabula rasa de tout ce qui a été dit, publié, et même éprouvépar rapportà la passe, me semble essentiel, et cela, pour garder une position de naïveté afin d’accueillir l’événement dont témoigne chaque passant. Cette position fait valoir non pas ce qui est déjà su, mais la nouveautéqui peut toujours nous enseigner quelque chose sur l’efficace et aussisur les limites de la psychanalyseen termes d’impossible. Prendreune position d’humilité face au réel comporte de ne pas trop se laisser suggestionner par les effets de prestige de nos élucubrations, toujours fragiles, incomplètes et par voie de conséquence, trouées. Pour cela, chaque témoignage, qu’il donne lieu à une nomination ou pas, mérite d’être travaillé. Ilne s’agit pas, en aucun cas, que le cartel prenne la forme d’une commission d’évaluation comme le rappelait récement Miquel Bassols, décidant dans la hâte si le témoignage répond ou pas à des critères consacrés, pour ensuitepasser au suivant. J’exagère un peu la note, je sais, mais vous le disant, je me le dis à moi-même, dans l’effort de faire valoir que la passeet son avenir dépendent de notre travail, de la manière dont nous procédons et de la manière dont nous la traitons.
  • 18. 18 Ceci étant dit, l’avenir de la passedépend de la passeque nous voulons dans notre Ecole. Voulons-nous la passeépreuvede savoir, la passequi épouse le recouvrementpar le symboliquedu réel et de l’imaginaire, la passequi se fonderait sur l’illusion d’un point final et définitif par rapportà ce qui provient du réel, la passequi doit rendre compte du triomphe du couple sur la solitude, la passequi réclame l’aveu de l’objet, bref la passequ’ idolâtre la superbe de la vérité menteuse ? Ce serait alors l’assassinat de la passe. En revanchela passepetite chose, tout à fait précaire face à l’impossible, est une passequi nous met à l’abri du versant religieux de la passe. Une petite chose, bouleversanted’authenticité, attenante aux contingences, à toujours recommencer, invalidée déjà par les événements imprévus à venir, ouvrevers l’idée qu’il n’y a du psychanalystequedans l’esp d’un laps et pas dans l’étendue ni dans la durée, dimensions qui participent du rêve d’éternité propreau symbolique. En conséquence, la politique de la passeet son avenir dépendent de l’interprétation que nous en proposons à l’Ecole. Intervention prononcée le samedi 29 mars 2008 à l’occasion de la matinée de la passe proposée par la commission de la formation psychanalytique de l’ECF « Les variétés de la passe au 21e siècle », publiée dans La lettre mensuelle, n°268, mai 2008,p. 6-8. Cinq variations sur le thème de « l’élaborationprovoquée » Jacques-Alain Miller Intervention à l’Ecole (Soirée des cartels) le 11 décembre 1986 L’expression « l’élaboration provoquée», forgée par Pierre Thèves à partir d’un texte de Lacan indiquant ce qui revient au plus-un de cartel, fait mouche, et c’esttrès volontiers que j’ai accepté sur son invitation de m’essayer ce soir à des variations sur cette formule. J’en proposeraicinq. Du cartel, je n’exposeraipas le concept, mais je dirai l’usageque j’en fais. De but en blanc: le cartel ne m’a jamais intéressé qu’à des fins de savoir. J’admets volontiers d’autres usages. Celui-ci est le mien. VariationI – Une formule frappée La formule de l’élaboration provoquéeest frappée, et même harmonieuse. Cela consonne, et cela parle latin. Ily a le labeur et la voix, et aussideux préfixes, ex (hors de, à partir de) et pro (en avant, au devant de). Et c’esttoujours ainsiqu’on élabore : à partir de… et en étant appelé, suscité par…
  • 19. 19 Le travail est suscité toujours par un appel, un appel de provocateurs quiva chercher ce qui est latent et qu’en appelant, il révèle. voirequ’il crée. L’appel au travail, c’est le coup de clairon pour le réveil, fait appel. La structurela plus simple de l’élaboration provoquée nous est donnée par la première ligne du premier des quatre discours : ssssssssssssssssssssssS1 →S2 ou encore, à décoller les signifiants pour ne laisser que l’indication des places : Je donne cela pour la structureminimale, le mathème de l’élaboration provoquée. VariationII – Une élaborationest toujours provoquée S’il y a provocation au travail, à l’élaboration, c’est qu’il n’y a nulle vocation au travail. Ily aurait plutôt vocation à la paresse. C’est un thème d’économistes : comment provoquer au travail les travailleurs dont la pente, depuis l’installation du discours capitaliste, serait de sela couler douce ? Par quels stimulants matériels ou par quels stimulants idéologiques ? En fait, la stimulation est toujours signifiante. Voyez le groupeanalytique : la passeest certainement une élaboration provoquée. Ils’agit, par l’appel que comporte l’offrede la passe, de provoquer uneélaboration de l’analysedevant les passeurs ; puis, après la procédure, l’A. E., comme « nommé à », est provoquéà élaborer pour le public. Une analyse comme telle ne relève pas moins du registre de l’élaboration provoquée. C’est ce que dit, à sa façon, le terme Durcharbeitung, qu’on a justement tenté de traduire en variantle mot « laboration », perlaboration, translaboration, on pourraitse contenter du terme bien français d’ « élaboration ». L’analyseest une élaboration provoquée par le signifiant du transfert. A ce propos, n’en oublions pas le signifédu transfert, que j’appelais dans mon séminaire son « effet sémantique ». Je remarque que le sujet–supposé–savoir, quiestune signification est évidemment distinct du sujet qui sait, à placer en position d’agent. Le sujet–supposé–savoir n’estpas du tout un savoir–agent, qui a un effet plutôt blocal sur l’élaboration ; son mode de provoquer l’élaboration, c’estplutôt de la révoquer, ou au moins de la
  • 20. 20 remettre à plus tard – ca que comporte, après tout, la notion même de l’éducation. VariationIII – L’élaborationde discours Les quatre discours sontsi, l’on veut, quatre types de maîtrise, mais on peut les traiter aussibien chacun comme des modes de provocation, voirenommer chacunedes places de discours d’un terme nouveau : à la place de l’agent, je mets la provocation : à la place de l’autre, du travail, l’élaboration ; en bas à droite, la production, comme il est dit ; et, pourquoipas à la place de la vérité, l’évocation, qui répond au statut allusif de la vérité provocation élaboration _________________________________________ évocation production Dans le discours du maître, la provocation prend la forme, que j’évoquais, del’appel au travail, dont la fonction est rappelée par Lacan dans L’Éthique de la psychanalyse. Le discours de l’université, je le qualifiais tout à l’heure de l’élaboration révoquée, j’ai dit aussidifférée. Qu’est-cequi est ici produit? – sinon un provocateur . On ne doit s’étonner de la récurrence, là où le discours universitairefonctionne, de ce qu’on a l’air de considérer comme contingent, et qui est sa production nécessaire : le discours universitaireproduit, a toujours produitdes provocateurs –terme que je prends dans sa meilleure acception. VariationIV – L’agent-provocateur Tel que je l’entends, le plus-un doit être un agent provocateur. Ila certainement une charge de direction, et je crois qu’on ne devrait pas faire difficulté à le situer à la place de l’agent. Cette charge, comment l’exercer ? Ily a une pente à le faire en tant que maître, et même en tant « maître-au-travail», sije puis dire – et on fait souventappel au plus-un à ce titre. L’ennui est qu’en tant que maître, il ne peut jamais mettre au travail que du savoir déjà-là. Et il ne peut produireque du hors- symbolique, que, disons pour l’instant, l’objet a. Si on fait appel au plus-un en tant qu’il sait ou qu’il saurait, on produira S, sachons-leà l’avance– et sachons ceque produira l’appel fait au plus-un en tant qu’analystemême choisipour cette raison, nous allons voir ce qui en résulte.
  • 21. 21 Je dirai tout de suite que la structurequi répond le mieux à mon expérience du cartel, est celle du discours del’hystérique. En effet, quand un cartel se termine avec pour résultat « quelque chose que l’on ne peut pas dire » – Je crois savoir que bien des cartels se terminent avec un « on ne peut témoigner de ce que nous avons fait » – cela me paraît le signequ’il y a eu du maître au départ, dont on ne s’estpas débarrassé. Je ne vois pas du tout, dans le fait de cette impuissance, la preuveque l’on aurait là un cartel excellent. Si le cartel a cru coopter un analyste, et celui-ci se tient à ça, ce qui, dans un cartel, veut dire, faire la bûche, le résultat est connu : les participants déconnent. C’est la structuredu discours analytique, mais transposéeau cartel, avec pour seul résultat la dénonciation de quelques signifiants-maîtres, cequi me paraît très mince. Si l’on part, dans le cartel, d’un savoir constituéqu’il s’agirait d’acquérir auprès du plus-un, cesont alors les fameuses « crises de cartel », notées S. Elles sonten général le témoignage qu’on a mis au postede commandement un savoir tout fait, un savoir-en-somme. On n’obtient un résultatde savoir qu’à la condition de mettre en position de plus-un S. C’est donc là proposer pour le cartel la structuredu discours hystérique, dont il ne faut pas oublier que Lacan disait qu’elle était presquecelle du discours de la science. Et c’estpourquoi, s’il me fallait choisir un modèle du plus-un, je choisirais Socrate, Socratequi est resté dans la mémoire par les élaborations qu’il provoquaitchez ces interlocuteurs : ce qu’on a appelé les dialogues de Platon ont autant d’élaborations provoquées. Le plus-un doit venir avec des points d’interrogation, et, comme me le disait tel sujet hystérique, qui s’en ventait comme de sa fonction éminente en ce monde, faire des trous dans les têtes. Cela supposequ’ilse refuseà être un maître qui met au travail ; à être un-qui-sait; à être analystedans le cartel ; cela pour être cet agent provocateur d’où il y a enseignement. Dernière variation –L’art d’être plus-un Le cartel – la référence que j’aiprise à Socratele comportement – est une sortede Banquet. Le Banquet comporte en effet ce que j’ai évoquéjusqu’à présent : ssssssssssssssssssssss$→ S1 ssssssssssssssssssssss ↓ ssssssssssssssssssssssSSSSS2
  • 22. 22 Mais il s’y ajouteque l’on impute à l’agent de receler, dans son vide même, la causedu désir, sous les dehors brillants de l’agalma : ssssssssssssssssssssss$ ssssssssssssssssssssss— ssssssssssssssssssssssa Qu’en est–il, sur ce point, du cartel ? On peut certainement soupçonner que, dans le choix par quatred’un–en–plus, il entre toujours un élément d’attrait, et les plus–un peuvent en être flattés. Mais que faire de l’agalma dans le cartel ? Est–il là bien à sa place ? Je remarque que s’il est vraique le plus–un en tant que sujet, fait travailler – et à cet égard on pourraitparler de son acte – il a à travailler lui–même : il y a aussiune tâche du plus–un. Et je ne lui conseillerais pas de faire la bûche, puisqu’ilest aussi l’un des membres du cartel. Puisqu’iltravaille, c’est que a, loin d’être situé sous la barre vient en position de faire travailler le sujet. Ce qui me conduit à ainsi trafiquer cette structure. ssssssssssssssssssssssa → S → S1 sssssssssssssssssssssssss ←(x) ↓ sssssssssssssssssssssssssssssssssssssS2 J’évacue ainsile a de sa place statutaire. Ce serait là l’ascèsedu plus–un. Le plus–un n’a pas à s’épuiser à incarner la fonction du plus–un. Le plus–un n’est pas le sujetdu cartel ; il lui revient d’insérer l’effet de sujetdans le cartel, de prendresur lui la division subjective. Cela m’amène à éclairer le terme de plus–un par celui de moins–un : le plus–un ne s’ajouteau cartel qu’à le décompléter, « de devoir s’y compter et de n’y faire fonction que de manque »* L’attraitssssssssssssssssssssLe plus–ou–moins– unssssssssssssssL’essaim a sssssssssssss→ ssssssssssssssssss$ sssssssssssssssss→ sssssssssssS ss↓ ssS2 ssssssssssssssss→ ssssssssssssssssssssss(x) sssssssssssssssss→ ssssssssss↓ sssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssss sssS2 Ce que Lacan savaitsssssssssssssL’ascèsessssssssssssssssssssLe plus–de–jouir Ce moins–un est très bien écrit $, tandis que je lis dans ce S1 l’essaim, comme il est arrivéà Lacan de l’écrire.
  • 23. 23 Un essaim, c’est au point que je considèrele séminaire que j’anime toutes les semaines dans cette salle comme un grand cartel. Ce n’est certes pas un cartel stricto sensu ; mais il n’est pas incompatible avec cette écriture qu’il y ait un peu plus d’abeilles. Voyez là-dessus Télévision : Lacan y évoquela presqueidentité de structureentre l’hystérieet la science, et aussiles abeilles au travail, et von Fritsch. Mon séminaire est pour moi un grand essaimoù je suis moi– même abeille, non pas Reine ! J’ai évoqué plus haut le choix du plus–un, j’évoquerai maintenant la composition de l’essaim, celle qui paraît, à moi, la bonne. Je considèreque cet essaimest bien formélorsque chacun a titre à y être. Je veux dire : que chacun y soit es–qualités ; cette logique comporte que les membres travaillent à partir de leurs insignes et non pas de leur manque-à–être Ilrevient au plus–un, non seulement d’obtenir l’émergence de l’effet subjectif dans le cartel, mais, corrélativement, d’obtenir que les membres de ce cartel aient statut de S1, ainsi que lui– même en tant que membre du cartel. Ce sont des maîtres, des signifiants–maîtres, quisont au travail – pas des sujets–supposés–savoir, pas des savants. La fonction de celui qui se prête au plus–un (pour abréger : le plus–un) est de faire en sorteque chaque membre du cartel ait son trait propre; c’est celui qui fait une équipe. J’évoquais le Banquet, mais c’estplutôt un bouquet qu’il faut réunir. Ilfaut donc identifier les membres de l’essaim. C’est aussibien ce qu’implique à mes yeuxune pratiquede séminaire inspirée du cartel : faire en sorte que chacun y entre avec un trait propre, mis en valeur comme tel. C’est la condition pour avoir un travailqui produisedu savoir. J’oseà peine évoquer maintenant la question si délicate du transfertdans le cartel. Nous connaissons la structuredu transfertsocratique, mais qu’en serait–il du transfertdans le cartel, il devient travail de transfertde travail. Le Travail–de–transfert Le Transfert–de–travail a → $ → S1 Ce qui en vérifierait la formule, c’estla position même où Lacan s’estsoutenu dans l’enseignement : instant à savoir, mais en position d’analysantet ne parlant qu’à partir de Freud.
  • 24. 24 Donner donc sa justeplace à l’objet dans le cartel exige que le plus–un ne s’appropriepas l’effetd’attrait, mais qu’il le réfère ailleurs – chez nous, à Freud et à Lacan. Réponse de Jacques–Alain Miller au coursde la […] La logique indique qu’il n’y a production de savoir que si le travailleur n’estpas embarrassédel’effet subjectif, sinon il ne produira jamais que de la dénonciation, la dénonciation de signifiants–maîtres. L’effet subjectif doit être cantonné à sa place. Le plus–un le prend sur lui – pour que les autres s’en débarrassent. L’expérience tend à montrer en effet qu’il est très pernicieux, pour ce qui est de la production de savoir, quechacun soit dans le cartel pour s’y livrer à l’association libre, ou pour le déconnage. Ce ne peut être le cas pour les cartels de la passe, quiont un travail à faire, l’obligation de produireun savoir, et dont le fonctionnement est à repérer par rapportau discours hystérique, en tant qu’il est presquecelui de la science. Le cartel de la passefonctionnecertainement à contre–pente du discours analytique, puisqu’ilaccordeou refuseune nomination, tandis que le discours analytiqueculmine dans la dénonciation des signifiants–maîtres, dans l’effet dit de destitution subjective, au sens même de l’institution analytique. Cela n’estpourtant pas le discours du maître, puisquede celui qui est « nommé à – », on attend aussiun travail de production de savoir. Cet abord des choses a l’avantage d’indiquer comment prendre la question de l’élaboration collective. Cette question se posepartout dans la science sous la forme de la priorité : quand deux ou trois personnes parlentensemble, allez savoir après qui a fait émerger la chose ; il y a celui qui l’a dite, mais il y a celui qui le lui a fait dire, et celui qui s’estaperçu que c’était important. Finalement, on partage on partage le prix Nobel … C’est l’idée Bourbakiqui a présidéà la création de Scilicet. Or, s’il y a une structureoù le collectif a un sens, c’est bien le discours hystérique. Les épidémies hystériques sontbien des phénomènes d’élaboration collective. Et dans tous les phénomènes où il y a du spontex, comme dans les actuelles manifestations étudiantes, il y a élaboration collective, de petits textes, de petits slogans.
  • 25. 25 Peut– être y a–t–il un petit comité quelque part qui les cisèle, comme dans les cabinets des Précieuses, au millimètre près, mais c’esttout de même de l’élaboration collective. En résumé : plus on cultive l’hystériede cartel, plus l’élaboration se collectivise. […] Les signifiants–maîtres produits dans l’expérience analytique le sontdans un statut de déchéance. J’ai privilégié l’aspect : « dénoncer les identifications ». Qu’est–ce qui scandeune analyse? Des identifications qui « tombent ». Elles n’en disparaissentpas toutes pour autant, mais le sujet fait au moins l’expérience de ce qui, de son être, n’est pas représenté par ces signifiants–maîtres. […] La seule instance à travailler pour produireun savoir, ce sont des éléments strictement identifiés. On voit ça chez les scouts : chacun s’invente un nom. Bien sûr, on ne va pas comparer le cartel à la bande de scout, mais enfin ! ils ont en commun la notion de l’équipe. C’est sur les instances de Jean-Pierre Klotz que je livre cette intervention à la Lettre mensuelle : je ne voudrais pas pérenniser des mathèmes de Lacan transformés pour les besoins de la cause. J.-A. M. * C’estlà déplacer le cartel de la logique du tout et de l’exception où il est né (le nom de « plus–un » l’indique assez) à celle du pas–tout (réponseà une remarquede Brigitte Lemerer).
  • 26. 26 T H E S A U R U S Patrick Valas Pour faciliter le travail, j'ai donné ici la référence dans les textes accessibles en 1980. En 2009-07-07, jen’aipas mis à jour la pagination, raison de plus, comme je le recommandetoujours, d’aller aux textes pour en faire citation. Des esprits chagrins me font le reprocheque mes thésaurus ne prennent en compte que les occurrences des termes, négligeant ainsi les autres approches où le concept en question est élaboré par Lacan sans être pour autant nommé. J’en conviens mais je n’aipas la prétention d’être exhaustif en composantmes thésaurus quej’ai fabriquéen suivantle texte de Lacan la plume à la main. Ils sontfait-main. Mon site par ailleurs ouvrele plus large accès aux textes de Freud et de Lacan - Pour qui se donne la peine de chercher ! J. LACAN III - LA FIN DE L'ANALYSEETLA PASSE J'ai suivià travers tous les séminaires de Jacques LACAN les occurrences du terme de la Fin de l'analyseet de la Passe, en notant (à quelques exceptions près) pour composer ce thésaurus la citation complète et sa référence. Le lecteur pourra ainsi la consulter dans son contexte.* THESAURUS I - Le Symptôme. Sur le site. II - Le Surmoi. Sur le site. III - La fin de l'analyseet la Passe. IV - La perversion. A paraître. V - L'amour et le transfert. A paraitre, VI - La femme. Sur le site. VII - La jouissance. A paraitre. *Nota : Pour faciliter le travail, j'ai donné ici la référence dans les textes accessibles en 1980. En 2009-07-07, jen’aipas mis à jour la pagination, raison de plus, comme je le recommande toujours, d’aller aux textes pour en faire citation. 1954-1955 - Livre I - ECRITS TECHNIQUES DE FREUD 1 - L'idéal de l'analyse n'est pas la maîtrise de soi complète, l'absence de passion. C'est de rendrele sujet capable de soutenir le dialogue analytique, de parler ni trop tôt, ni trop tard. C'est à cela que vise une analysedidactique. P.9« 2 - Eh bien, qu'est-ce la fin du traitement ? Est-ce analogue à la fin d’un processus naturel? l'amour génital - cet Eldorado promis aux analystes et que nous promettons bien imprudemment à nos patients - est-ce un processus naturel? ne s'agit-il au contraireque d'une série d'approximations culturelles qui ne peuvent être réalisées que dans certains cas ? L'analyse, sa terminaison, est-elle donc dépendante de toutes sortes de contingences ? de quoi s'agit-il, sinon de voir quelle
  • 27. 27 est la fonction de l'autre, de l'autre humain dans l'adéquation de l'Imaginaire et du réel. P.159-160. 3 - Je vous montreraila prochainefois le résultat de cette expérience de discours désamarré, l'oscillation du Miroir qui permet le jeu de bascule entre le 0 et 0', à la fin des analyses conduites correctement. Balint nous donne une définition sensationnelle de ce qu'on obtient d'habitude à la fin des rares analyses qu'on peut considérer commeterminées. P.198. 4 - Dans ces conditions, comment Balint décrit-il ce qu'on observeà la fin d'une analyse, à la fin d'une analyseachevée, vraiment terminée, comme il n'y en a pas, de son propreaveu, plus du quart ? Ilse produitchez le sujet, dit-il en toutes lettres, un état de narcissismequiva à une exaltation sans frein des désirs. Le sujet s'enivre d'une sensationde maîtrise absolue de la réalité, tout àfait illusoire, mais dont il a besoindans la période post-terminale.Ildoits'en libérer en remettant progressivement en place la nature des choses. Quant à la dernière séance, elle ne se passepas sans chez l'un et l'autre des partenaires, la plus forte envie de pleurer. C'est ce que Balint écrit, et cela a la valeur d'un témoignage extrêmement précieux de ce qui est la pointe de toute une tendance de l'analyse. N'avez-vous pas l'impression quec'est là un jeu extraordinairement peu satisfaisant, un idéal utopique ? qui assurémentdéçoit en quelque-chose. P. 206. 5 - Suffit-ilsimplement que le sujetnomme ses désirs, qu'il ait permission de les nommer, pour que l'analysesoit terminée ? .... A la fin, tout à la fin de l'analyse, après avoir accompli un certain nombre de circuits et effectué la complète réintégration de son histoire, le sujetsera-t-il toujours en 0 ? ou bien un peu plus là vers A ? en d'autres termes, reste-il quelque chose du sujetau niveau de ce point d'engluement qu'on appelle son ego ? P.217. 6 - Distiqued'Angélus Silesius. Contingence et essence. Homme, deviens essentiel : car quand le monde passe, la contingence se perdet l'essentielsubsiste. C'estbien de cela qu'il s'agit au terme de l'analyse, d'un crépuscule, d'un déclin imaginaire du monde, et même d'une expérience àlalimite de la dépersonnalisation. P.258. 7 – Rappelez-vous de ce que Balint nous dit de ce qu'il constate lors de ce qu'il appelle la terminaison d'une analyse - ce n'est rien d'autre qu'une relation narcissique. P. 287. 8 - Lisez Nunberg. Quel est à ses yeuxle ressortessentiel du traitement ? La bonne volonté de l'ego du sujet, laquelle doit devenir l'alliée de l'analyste . Qu'est-ceà dire ? - sinon que le nouvel ego du sujet, c'est l'egode l'analyste. M. Hoffer est là pour nous dire que la fin normale du traitement, c'est l'identification à l'ego de l'analyste. De cette fin, qui n'est rien que l'assomption parlée du moi, la réintégration non pas du moi-idéal, mais de l'idéal du moi,
  • 28. 28 Balint nous donne une description émouvante. Le sujet entre dans un état semi-maniaque, espècede sublime lâchage, liberté d'une image narcissiqueà travers le monde -dont il faut lui laisser un peu de temps pour se remettre et retrouvertout seul les voies dubon sens. P.314» 1954-1955 - Livre II - LE MOI DANS LA THEORIEDE FREUD ET DANS LA TECHNIQUE DE LA PSYCHANALYSE. 1 - Le sujetest précipité dans un affrontement avec quelque chosequi ne peut être aucunement confondu avec l'expérience quotidienne de la perception, quelque chose que nous pourrions nommer un id, et que nous appellerons simplement pour ne fairede confusion, unquod, un qu'est-ce-quec'est ? La question que nous allons nous poser aujourd'huiest celle de cet affrontement du sujet au delà de l'ego au quod qui cherche à advenir dans 1'analyse.P.210, 2 - Dans l'Oedipe à Colonne, Oedipe dit ceci - Est-ce que c'est maintenant que je ne suis rienque je deviens unhomme ? C'est la fin de la psychanalysed'Oedipe– La psychanalyse d’Oedipe ne s'achèvequ'à Colonne, au moment où il s'arrache la figure. P.250. 3 - Quoiqu'il en soit, la question de savoir quelle est la fin de notre pratique est au coeur de la technique analytique. On s'engage à cet égard dans des erreurs scandaleuses. P.282. 4 - Où est l'essentiel de l'analyse ? l'analyseconsiste-elle dans la réalisation imaginaire du sujet. P.282. 5 - La question de la paranoïa post-analytiqueest très loin d'être mythique. P.283. 6 - Si on forme des analystes, c'est pour qu'il y ait des sujets tels que chez eux le moi soit absent. C'est l'idéal de l'analyse qui bien entendu, restevirtuel. P.287. 7 - C'est la relation dernière du sujetà un Autre véritable, à l'Autre qui donne la réponsequ'on n'attend pas, qui définit le point terminal de l'analyse. P.288. 8 - II y a deux sens à donner à la phrasede Freud -WO ES VAR, Soll ich WERDEN. Ce ES, prenez-le comme la lettre S. Il est là, il est toujours là. C'est le sujet. Ilse connait ou ne se connaît pas. Ce n'est pas le plus important - II a ou il n'a pas la parole. A la fin de l'analyse, c'est lui qui doit avoir la parole, et entrer en relation avec les vrais Autres. Là où le S était, là le ich doit être. P.288. 9 •* Ne croyez pas pour autant que le moi soit volatilisé après une analyse- qu'elle soit didactique ou thérapeutique, on ne monte pas dans le ciel, désincarnéet pur symbole. P.374»
  • 29. 29 1955-1956 - Livre III - LES PSYCHOSES. Paris, Seuil. 1 - Le sujetcommence par parler de lui ; quand il aura parlé de lui, qui aura sensiblement changédans l'intervalle, à vous, nous serons arrivés à la fin de l'analyse. III. P.2, 14 Mars 1956, 1956-1957 - Livre IV- LA RELATION D'OBJETET LES STRUCTURES FREUDIENNES. Paris, Seuil. 1 - Quand on parle de la relation d'objet par le ton purement et simplement de l'accès au réel, cet accès qui doit être la terminaison de l'analyse? Ce qui est trouvé dans le réel, est-ce l'objet ? II.P.3, 28 Novembre1956. 1957-1958 - Livre V- LES FORMATIONS DEL'INCONSCIENT, (non publié), 1 - On ne peut tout de même pas manquer d'être frappé qu'un des derniers articles de Freud, celui qu'on a traduit improprementpar " Analyse terminable ouinterminable " en réalité concerne le fini ou l'infini. Ils'agit de l'analyse en tant qu'elle ne finit ou en tant qu'elle doit être située dans une sorte de portée infinie. C'estde cela qu'il s'agit, et la projection à l'infini de son but, Freud nous la désigne de la façon la plus claire, tout à fait au niveau de l'expérience concrète comme il dit, à savoir ce qu'il y a d'irréductible en fin de compte pour l'homme dans le complexe de castration, dans la femme dans le penis-neid, c'est à dire, pour un certain rapportfondamental avec le phallus. XVII.P.2, 16 Avril1958. 2 - Si Freud d'une certaine façon a marqué là, (rappel complexe de castration pour le garçon, penis-neid pour la fille, comme butée de terminaison de l'analyse) ce qu'il appelle en une certaine occasion "le caractère infini" projetéà l'infini, ce que l'on a mal traduit par interminable......c'estqu'il ne voit pas que la solution du problème de la castration, aussibien chez l'homme que chez la femme, n'est pas autour de ce dilemme de l'avoir ou de ne pas l'avoir le phallus.....c'estqu'ilne l'est pas le phallus, et c'est à partir de cette réalisationdans l'analyse que le sujet n'est pas le phallus qu'il peut normaliser cetteposition, je dirais naturelle, que ou bien il l'a ou "bien il ne l'a pas. XXIII P.35, II Juin 1958 . 3 - ...."qu'estceque vous voulez ? et le type répond "La liberté", "eh bien vous l'avez " lui disait Casimir Perrier, et il lui passe entre les jambes, et s'en va en le laissant tout interloqué. Ce n'est peut-être pas exactement ce que nous pouvons attendre d'une solution analytique. XXIV P.34» 18 Juin 1958. 4 - ....non pas : je suis le phallus, je suis à la place même qu'il occupe dans la chaine, dans l'articulation signifiante, le sens de "WO ES WARSOLL ICH WERDEN", c'est cela. XXV P.32, 25 Juin 1958. 5 - L'ivressequasimaniaque qui est l'ordinaire et le signe de ces traitements qui se terminent par une identification imaginaire . XXV P.40, 25 Juin 1958.
  • 30. 30 1958-1959 - Livre VI - LE DESIR ET SON INTERPRETATION, (non publié) 1 - Le sujet.... la seule chosequ'il puisseen ressentir, c'est cette menace directement portée sur le phallus, à savoir la castration ou cette notion de manquedu phallus qui dans un sexe et dans l'autre, est-ce quelque chose à quoi vient se terminer l'analyse comme Freud l'a articulé. II.P.21,19 Novembre1958. 2 - Que signifieassumer la castration ? La castration est-elle vraiment jamais assumée? Cette sortede Point autour duquel viennent se briser les dernières vagues de l'analysefinie ou indéfiniecomme dit Freud. VI.P.3» I?décembre1958. 3 - "Wo es war, sollich werden" : "Là où c'était, là je dois advenir". C'est très précis, c'est ce ich qui n'est pas das, Ich qui n'est pas le moi, qui est un ich, le ich utilisé comme sujetde la phrase. Là où c'était, là où ça parle. Où ça parle, c'est à dire où à l'instant d'avantquelque chose était qui est le désir inconscient, là je dois me désigner, là je dois être ce je qui est le but, la fin, le terme de l'analyse avant qu'il se nomme, avant qu'il seforme, avantqu'il s'articule, si tant est qu'il le fassejamais car aussibien dans la formulefreudienne, ce soll ich werden, ce doit être, ce dois-jedevenir, est le sujetd'un devenir, d'un devoir qui vous estproposé. Nous devons reconquérir ce champ perdu de l'être du sujet comme dit Freud dans la même phrasepar une jolie comparaison, commela reconquête de laHollande sur le Zuydersee de terres offertesà une conquête pacifique. XXI. P.7, 20 Mai1959. 4 - Mais avant que ceci soit fait là où c'était, qu'est ce qui nous désigne la place de ce je qui doit venir au jour ? ce qui nous le désigne, c'est l'index de quoi ? très exactement de ce dont il s'agit, du désir, du désir entant qu'il est fonction et terme de ce dont il s'agit dans l'inconscient. XXI.P.7, 20 Mai1959. 5 - le sujet...estau bord de cette nomination défaillante.... et il est au point où il subit.....au maximum.....cequ'on peut appeler la virulence du logos, pour autant qu'il se rencontreavec le point suprêmede l'effet aliénant de son implication dans le logos. XXI. P.8, 20 Mai1959. 6 - Comment l'homme y fait face, comment il le soutient....c'est qu'il fautqu'il le soutienne réellement, qu'il le soutienne de son réel, de lui en tant que réel ; c'est à dire aussibien de ce qui lui reste toujours deplus mystérieux. XXI.P.9,20 Mai 1959. 7 - ....c'estbien quelque chose qui au sens complet mérite d'être nommé comme de l'ordre de l'être, puisquec'est déjà quelque chosequi sepose comme un réel articulé dans le symbolique, comme un réel qui a pris sa place dans le symbolique, et qui a pris cette place au-delàdu sujet de la connaissance. XXI. P.12, 20 Mai 1959. 8 - La chaine signifiante inconsciente....pour autantque le sujet
  • 31. 31 en portera la marque....dece qui reste pour lui non pas seulement ambigu, mais à proprementparler inaccessible jusqu'à un certain terme qui est celui justement que donne l'expérience analytique. XXII P.8, 27 Mai1958...... Ily a là une distancedont il n'est même pas dit, malgré que le commandement de Freud nous en donne la visée, que d'une façon quelconque le sujetpuisse en atteindre le but. XXII P.8, 27 Mai 1958. 9 - Le Pas-un à quoi se désigne le 0 dans la structure fondamentale du désir, se transforme dans unen trop, ou quelque chose en trop, ou quelque choseen moins dans la menace de la castrationpour l'homme, ou dans le phallus ressenti comme absence pour lafemme. C'est pourquoion peut dire qu'à l'issue de la démystification analytique de la position du névrosé, quelque chose semble rester dans la structure, tout au moins ce dont nous témoigne Freud dans sa propreexpérience qui se présentecomme un reste, comme quelque chosequi pour le sujet le fait dans tous les cas rester dans une positioninadéquate, celle dupéril pour le phallus, chez l'homme, celle de l'absence de phallus chez la femme. XXIV P.17, 10 Juin 1959. 1959-1960 - Livre VII - L'ETHIQUE DE LA PSYCHANALYSE. Paris Seuil. 1 - ce "Wo es war soll ich werden" où Freud aboutit dans la deuxième série de ses conférences sur la psychanalyse, etqui n'est rien d'autre que quelque chosedont la racine nous est donnée dans une expérience qui mérite le terme d'expérience morale, qui se situe tout à fait au principe de l'entrée elle-même du patient dans la psychanalysesur cequ'il veut. I P.13, 18 Novembre1959* 2 - car ce je qui doit devenir là où c'était, ce quelque choseque l'analyse nous apprend à mesurer, ce je n'est pas autre chose que ce dont nous avons déjà la racine dans ce je qui s'interroge 3 - Va-t-il ou ne va-t-il pas se soumettre à ce devoir qu'il sent en lui-même comme étrange, au-delà, au second degré. Doit-il ou ne doit-il pas se soumettre à cet impératif du surmoiparadoxal et morbide, demi-inconscient, et au reste qui se révèle de plus en plus dans son instance, à mesureque progressela découverte analytique ?.... sonvrai devoir, si je puis m'exprimer ainsi, n'est-il pas d'aller contre cet impératif ? I P.13, 18 Novembre1959 « 4 - Premièrement la fin de l'analyseest-elle ce qu'on nous demande ?....cequ'on nous demande .... le bonheur. XXV P.3» 22 Juin I960.
  • 32. 32 5 - Cette différence irréductible qui est celle sur laquelle a achoppé toute l'entreprise freudienne, celle autour de quoi Freud, à la fin d'un de ses derniers articles, celui sur l'analyse finie et infinie, nous dit finalement, se brise en une nostalgie irréductible l'aspiration du patient au terme dernier, c'est à savoir sur ceci que ce phallus d'aucune façon il ne saurait l'être, et que pour ne pas l'être il ne saurait l'avoir qu'à condition : penis-neid pour la femme, et castration chez l'homme. XXV P.23, 22 Juin I960. 6 - Non seulement ce qu'on lui demande, le souverain bien, il ne l'a pas bien sûr, mais il sait qu'il n'y en a pas, parce que rien d'autre n'est d'avoir mené à son terme une analyse, sinon d'avoir saisi, d'avoir rencontré, de s'être heurté à cette limite qui est celle où se posetoute la problématique du désir. XXV P.23, 22 Juin I960. 7 - Est-ceque la fin d'une analyse, si nous devons la concevoir comme pleinement terminée, pour quelqu'un qui doit se trouver, par rapportà l'analyse en position responsable, c'està dire lui-même analyste, est-ce qu'elle doit idéalement, je dirai en droit se terminer sur cette perspective de confortqui est.... de cette sortede rationalisation moralisante où elle tend à s'exprimer aujourd'huitrop souvent. XXV P.2, 29 Juin I960. 8 - Je pose la question, si la terminaison de l'analyse, la véritable, j'entends celle qui prépareà devenir analyste ne soit pas à son terme affronter....cettedétresse....n'a à attendre d'aide de personne, c'est à dire doit finalement atteindre et connaître, j'entends au terme de cette analyse didactique, champ, le niveau de l'expérience de ce désarroiabsolu, de ce désarroiau delà de celui au niveau duquel l'angoisseest déjà une protection. XXV P.5, 29 Juin I960. I960-I96I - Livre VIII - LE TRANSFERT, (non publié). 1 - ....Leparadoxede ce qui se présente à nous comme terme, comme aboutissement, terminaison de l'analyse. Qu'est-ce-que nous dit Freud ? sinon qu'en fin de compte ce que trouvera au terme celui qui suit ce chemin, ce n'est pas autre chose essentiellement qu'un manque, que vous appeliez ce manque castration ou que vous l'appeliez penis-neid. II P.5, 7 Décembre I960. 2 - Nous ne sommes même pas au petit commencement de ce que l'on pourrait articuler tellement sous formede question concernantce qui doit être obtenu chez quelqu'un pour qu'il puisseêtre un analyste. VII P.18, II Janvier 1961. 3 - Que doit-il rester de ses fantasmes ? vous savez queje suis capable d'aller plus loin, de dire son phantasme, si tant est qu'il y est un fantasmefondamental : si la castration est ce qui doit être accepté au dernier terme de l'analyse, quel doit être le rôle de sa cicatrice à la castration dans l'eros de l'analyste ? VII P.18, II Janvier 1961.
  • 33. 33 4 - .....cen'est pas non plus pour vous dire que l'analyste doit être un Socrate, ni un pur, ni un saint....1'analystedoitêtre capable d'atteindre simplement pour occuper la place qui est la sienne, laquelle se définit comme la place qu'il doit offrir vacante au désir du patient pour qu'il se réalise comme désir de l'autre. VII P.20, II Janvier 1961. 5 - Que le sujet que nous avons avertiprécisément par l'expérience de l'analysedidactique, sache en quelque sorte en jouer comme d'un instrument, de la caissedu violon dont par ailleurs il possèdeles cordes. XIII P.5» 8 Mars 1961. 6 - il restera quand même que soit légitime que nous sentions la nécessité d'élucider le point de passageoù cette qualification est acquise. XIII P.5» 8 Mars 196l. 7 - la définition du point de passageoù ce qui est ainsi défini peut néanmoins être utilisé comme sourced'information. XIII P.6, 8 Mars 1961. 8 - mieux il sera analysé, plus il sera possiblequ'il soit franchementamoureux, ou franchement état d'aversion, de répulsion, sur les modes les plus élémentaires des rapports des corps entre eux, par rapportà son partenaire. XIII P.10, 8 Mars 196l. I96I-I962 - Livre IX- L'IDENTIFICATION, (non publié). 1 - ....cequelque chose vers quoinous avons le couraged'aller pour l'interroger au nom de la formule"Vo es war soll ich werden" que nous tendrions à pousser vers une formule très légèrement différemment accentuée dans le sens d'un étant ayant été, d'un GEWESEN qui subsistepour autant que le sujet s'y avançantne peut ignorer qu'il faut un travail de profond retournement de sa position pour qu'il puisses'y saisir déjà. VIII P. 4» 17 Janvier 1962, 2 - est-ce que ce n'est pas là que commence la dimension morale qui n'est pas de savoir quel devoir nous devons remplir ou non vis à vis de la vérité, ni si notre conduite tombe ou non sous le coup de la règle universelle, mais si nous devons satisfaireou non au désir du tyran ? Là est la balance éthique à proprementparler ; et c'est à ce niveau que sans faire intervenir aucun dramatismeexterne - nous n'en avons pas besoin -nous avons aussià faire à ce qui, au terme de l'analyse, reste suspendu à l'Autre. C'est pour autant que la mesure du désir inconscient au terme de l'analyse reste encore' impliquée dans ce Lieu de l'Autre que nous incarnons comme analystes, queFreud au terme de son oeuvrepeut marquer comme irréductible le complexe de castration comme par le sujetinassumable. Ce, je l'articulerai la prochainefois, me faisantfort de vous laisser à tout le moins entrevoir qu'une juste définition du fantasme et de son assomption par le sujetnous permet peut être d'aller plus loin
  • 34. 34 dans la réduction de ce qui est apparu jusqu'icià l'expérience comme une frustration. XIV P.13» 21 Mars 1962. 3 - La formulede Freud "Là où était la chose, je dois advenir"... il faudraitremplacer par...Là où était le un en tant que un, le trait unaire,adviendra le "je". XV P.8, 28 Mars 1962 . 4 - II està proprementparler pas au pouvoir de l'Autre d'en faire le don sur le plan de la demande (à propos du phallus) - c'est dans la mesureoù la thérapeutique n'arrivepoint à résoudremieux qu'elle ne l'a fait la terminaison de l'analyse, n'arrivepas à la faire sortir du cercle proprede la demande, qu'elle bute, qu'elle se termine à la fin sur cette forme revendicatoire, sous cette forme inassouvissablequeFreud dans son dernier article "l'analyseterminée et interminable", signe comme angoissenon résolue de la castration chez l'homme, comme penis-neid chez la femme. XVI P.10, 4 Avril 1962. 5 - ....cen'est que dans les cas les plus rares que nous arrivons à buter à ce terme marquépar Freud comme point d'arrêtà sa propreexpérience. Plût au ciel, que nous en arrivions là même si c'est en impasse1 cela prouveraitau moins déjà jusqu'où nous pouvons aller, alors que ce dont il s'agit c'est de savoir effectivement sid'aller jusquelà nous mène à une impasseou si ailleurs on peut passer. XVI P.10, 4 Avril1962. 1962-1963 - Livre X- L'ANGOISSE,. Paris. Seuil. 1 - il n'est pas exclu et Dieu merci, que l'analyste, pour peu qu'il y soit déjà disposé, je veux dire par de très bonnes dispositions à être un analyste, que l'analyste entrant dans sa pratique, ressentde ses premières relations avec le malade sur le divan quelque angoisse. P.3, 14 Novembre1962. 2 - et qu'est ce que nous a dit Freud, c'estque le dernier terme où il soit arrivé, en élaborant cette expérience, le terme sur lequel il nous indique que, à lui, son point d'arrivée, sa butée, le terme pour lui indépassable, c'est l'angoissede castration. Qu'est ce dire ce terme est-il indépassable. P.6, 5 Décembre 1962. 3 - C'est donc au niveau de la mise en question de ce complexe de castration que toute notre exploration concrète de l'angoisse cette année, va nous permettre d'étudier ce passagepossible, ce passagepossibled'autant plus possiblequ'il est déjà, dans maintes occasions franchi. IV P.8, 5 Décembre1962. 4 - Que représente, dans cette économie essentielle du désir, cette sorte privilégiée de désir que j'appelle, le désir de l'analyste ? IV P.24, 5 Décembre1962. 5 _ Est-ce qu'une analysequi se termine par l'entrée du patient ou de la patiente dans le tiers ordreest une guérison, même si son sujet s'en trouve mieux quand à ses symptômes ? et d'une certaine voie, un certain ordre qu'il a reconquis, énonce les
  • 35. 35 réserves les plus expresses sur les voies, dès lors à ses yeux perverses par où nous l'avons fait penser pour le faire entrer au royaumedu ciel ? V P.3, 12 Décembre1962. 6 - Freud dans son article sur analyseterminée et analyse interminable^ et si l'on part de l'idée que la limite de Freud ça a été....la non-a perception de ce qu'il avait de proprement à analyser dans la relation synchroniquedel'analysé à l'analyste concernantcette fonction de l'objet partiel....on y verra surtout pourquoiFreud nous désigne dans l'angoissede castration ce qu'il appelle la limite de l'analyse, précisément dans la mesure où lui restait pour son analyséle siège, le lieu de cet objet partiel. Si Freud nous dit que l'analyse laissehomme et femme sur leur soif, l'un dans le champ de ce qu'on appelle proprementchez le mâle complexe de castration et l'autre sur le penis-neid, ce n'est pas là une limite absolue. C'est la limite où s'arrêtel'analyse finie avec Freud, c'est la limite du continu de suivrece parallélisme indéfiniment approchéqui caractérise l'asymptote, analyseque Freud appelle l'analyseindéfinie, illimitée et non pas infinie. C'est dans la mesureoù quelque chose dont au moins je peux poser la question de savoir comment il est analysable, a été non pas je dirais non analysée mais révélée d'une façon seulement partielle au point où s'institue cette limite. VII. P.23, 9 Janvier 1963. 7 - ....dans unelittérature, mener le sujet à l'identification non pas à cette image comme reflet du moi idéal dans l'autre, mais au moi de l'analyste avec ce résultat que nous décrit Balint, la crise terminale maniaque qu'il nous décrit comme étant celle de la fin d'une analyseainsi caractériséeet qui représente l'insurrection du "a" qui est resté absolument intouché. IX P.30, 23 Janvier 1963. 8 - pourquoiamener jusqu'à un certain point et pas au delà l'expérience analytique, ce terme que Freud nous donne comme dernier du complexe de castration chez l'homme, nous dit-il et du penis-neid chez la femme, peut être mis en question, qu'il soit dernier n'est pas nécessaire. X.P.II, 30 Janvier 1963» 9 - ....d'un nomméSZACS.....promouvantcommefin dernière de l'anlyse, de toute analyse, qu'elle soit didactique ou pas, l'initiation du patient, à un point de vuescientifique, c'est ainsi que s'exprime l'auteur, concernantses propres mouvements. X.P.33» 30 Janvier 1963. 10 - L'angoisseest castration de ce qui fonctionne chez le sujet à la fin d'une analyse, ce que Freud désigne comme menace de castration s'y maintient, s'il y a quelque chosequi nous fasse toucher du doigt que c'est là un point dépassable.... c'est justement cette distinction, pour savoir commenous pourrions franchir ce point limite. XIV.P.18,13 Mars 1963. 11 - avec l'expérience de Freud, à buter sur une impasse, impasseque je promeus n'être qu'apparente et jusqu'icijamais
  • 36. 36 franchie, celle du complexe de castration.....cequeveut dire la butée de Freud sur le complexe de castration. XVII. P.4, 15 Mai 1963. 12 - dans toute la mesure où toute la situation du désir, virtuellement impliqué dans notre expérience qui, si je puis dire, la trouve toute entière, n'est pas pourtant dans Freud véritablement articulée, la fin de l'analyse bute sur quelque chosequi fait prendredu signe, impliqué dans la relation phallique, le (^) en tant qu'il fonctionne structurellement comme (- 4*) qui fait perdrecette formeen étant le corrélat essentiel de la satisfaction. Si à la fin de l'analyse freudienne, le patient quoiqu'il soit, mâle ou femelle, nous réclame le phallus que nous lui devons, c'est en fonction de quelque chosed'insuffisantpar quoi la relation du désir à l'objet qui est fondamentale, n'est pas distinguée à chaque niveau de ce dont il s'agit comme manque constituant de la satisfaction. XVII. P.25, 15 Mai1963. 13 - nul phallus à demeure....avouer notreimpuissance, notre limite, et le point où se brisela distinction de l'analyse finie à l'analyse indéfinie, je crois qu'il n'en est rien...XVII P.26, 15 Mai 1963. ....."Iln'estpas sans objet", c'estau-delà de ceci que se pose pour nous, la question de savoir où peut être franchila barre du complexe de castration. C'est ce que nous aborderons la prochainefois. XVII. P.32, 15 Mai1963. 14 - Quel est véritablement ce rapportde l'angoisseà la castration, il ne suffitpas que nous le sachions, vécu commetel, dans telle phasedite terminale ou non terminale de l'analyse pour que nous sachions ce que c'est. XIX.P.7» 29 MaiI963« 15 - ce que la femme nous demande à nous analystes, à la fin d'une analysemenée selon Freud, c'est un pénis sans doute, penis-neid, mais pour faire mieux que l'homme. XIX P.23, 29 Mai 1963» 16 - mais il est clair qu'il y a, ce n'est pas moi qui l'est énoncé, un problème de la fin de l'analyse, celui qui s'énonce ainsi : l'irréductibilité d'une névrosede transfert, cette névrose de transfertest ou n'est plus la même que celle qui était détectable au départ, assurément elle a cette différence d'être toute entière présente, elle nous apparait quelquefois en impasse, c'est à dire aboutit parfois à une parfaitestagnation des rapports del'analysé à l'analyste. XXI.P7,12 Juin 1963. 17 - à savoir si l'analyste doit être ou non athée, et si le sujet II à la fin de l'analyse, peut considérer son analyse terminée s'il croit encore en Dieu. XXII P.34, 19 Juin 1963. 18 - l'existence donc de l'athée, au véritable sens, ne peut être conçue, en effet, qu'à la limite d'une ascèsedont il apparaît bien qu'elle ne peut être qu'une ascèse psychanalytique. XXII P.35» 19 Juin 1963.
  • 37. 37 19 - que la jouissancenesoit pas de nature, pour nous promise au désir, que le désir ne peut faire que d'aller à sa rencontre, que pour la rencontrer, le désir ne doit pas seulement comprendremais franchir le fantasmemême qui le soutient et le construit. Ceci que nous avons découvertcomme cette butée qui s'appelle angoissede castration. XXIV P.16, 3 Juillet 1963. 20 - disons tout de suite en passantque dans la manie, c'est la non-fonction de "a" et non plus sa méconnaissancequiest en cause. C'est le quelque chose par quoi le sujetn'est pas lesté par aucun (a) qui le livre, quelquefois sans aucunepossibilité de liberté, à la métonymie infinie et ludique pure de la chaine signifiante. XXIV P.26, 3 Juillet 1963. 1963-1964 - Livre XI - LES 4 CONCEPTS FONDAMENTAUXDELA PSYCHANALYSE. Paris, Seuil. 1 - Ce que l'expérience analytique nous permet d'énoncer, c'est bien plutôt la fonction limitée du désir. Le désir, plus que tout autre point de l'empan humain, rencontre quelque part sa limite. P.32, 29 Janvier 1964. 2 - Mais je dirai que Freud s'adresseau sujetpour lui dire ceci, qui est nouveau - ici, dans le champ du rêve, tu es chez toi - Vo es war, sollich werden . IV P.45» 5 Février 1964» 3 - ....l'identification n'est qu'un temps d'arrêt, qu'une fausse terminaison de l'analyse, qui est très fréquemment confondue avec sa terminaison normale. XI. P.133, 22 Avril1964. 4 - J'ai nommément pointé aujourd'huides fausses définitions qu'on peut donner de sa terminaison, comme celle de Balint quand il parle de l'identification à l'analyste. XI P.134, 22 Avril 1964. 5 - Le sujetprovient de son assujetissementsynchronique dans ce champ de l'Autre. C'est pour cela qu'il lui fauten sortir, s'en sortir, et dans le"s'en sortir", à la fin, il saura que l'Autre réel a, tout autant que lui, à s'en sortir, à s'en dépatouiller. XV PI?2, 20 Mai 1964. 6 - est-ce que nous n'avons plus d'inconscientaprès une analyse. XX P240, 24 Juin 1964. 7-Ilseraittout de même singulier que ce sujetsupposé savoir, supposésavoir quelquechose de vous, et qui, en fait, n'en sait rien, puisseêtre considéré comme liquidé, au moment où, à la fin d'une analysejustement sur vous au moins à en savoir un bout. C'est donc au moment où il prendrait le plus de consistance, que le sujet supposésavoir devraitêtre supposé vaporisé. XX. P. 241» 24 Juin 1964. 8 - A définir la fin de l'analyse comme identification à l'analyste fait par la même l'aveu de ses limites. Toute analyseque l'on doctrine comme devant se terminer par l'identification à l'analyste révèle, du même coup, que son véritable moteur est élidé . Ily a un au delà à cette identification, et cet au delà est défini par le rapportet la distance de l'objet "a" au grand I idéalisant de l'identification. XX P. 244, 24 Juin 1964.
  • 38. 38 9 - Ce franchissementdu plan de l'identification est possible. Tout un chacun de ceux qui ont vécu jusqu'au boutavec moi, dans l'analyse didactique l'expérience analytique, sait que ce que je dis est vrai. XX P. 245, 24 Juin 1964. 10 - C'est au delà de la fonction du "a" que la courbese referme, là où elle n'est jamais dite, concernant l'issuede l'analyse, à savoir après le repérage du sujetpar rapportau a, l'expérience du fantasmefondamental devient la pulsion. Que devient alors celui qui a passépar l'expérience de ce rapportopaqueà l'origine de la pulsion. XX P. 245, 24 Juin 1964. 11 - Comment un sujet qui a traverséle fantasme fondamental peut-il vivrela pulsion ? Cela est l'au delà de l'analyse, et n'a jamais été abordé. Il n'est jusqu'à présent abordablequ'au niveau de l'analyste pour autant qu'il serait exigé de lui d'avoir précisément traversédans sa totalité le cycle de l'expérience analytique. XX P. 246, 24 Juin 1964. 12 - II n'y a qu'unepsychanalyse, la psychanalysedidactique-ce qui veut dire une psychanalysequia bouclé cette boucle jusqu'à son terme. La boucle doit être parcourueplusieurs fois. XX P. 246, 24 Juin 1964. - C'est pour autant que le désir de l'analyste qui reste un x, tend dans le sens exactement contraire à l'identification que le franchissementdu plan de l'identification est possible, par l'intermédiaire de la séparation du sujetdans l'expérience. L'expérience du sujetest ainsi ramenée au plan où peut se présentifier, de la réalité de l'inconscient, la pulsion. XX P. 246, 24 Juin 1964. 1964-1965 - Livre XII - PROBLEMES CRUCIAUXPOUR LA PSYCHANALYSE. (non publié). 1 - La question de la terminaison de l'analyse et du sens de cette terminaison n'est point à l'heure actuelle résolue, je l'évoque comme témoignage de ce que j'avance concernantce que j'appelle ce repérage qui n'est point forcément repéragepensé. 1 P.2, 5 Janvier 1965. 2 - Assurément, il est quelque chosequi restede cette expérience assuréequ'elle est associéeà ce que nous appellerons des effets de dénouement. Dénouement de choses chargées de sens et qui ne sauraientêtre dénouées par d'autres voies. I. P.2, 5 Janvier 1965. 3 - La fin de l'analyse est suspenduedans unealternative entre deux termes qui commandent, qui déterminent les identifications qui sont distinctes sans qu'on puisseles dire opposées, car ils ne sont pas du même ordre: l'idéal du moi, lieu de la fonction du trait unaire, de notreaccrochage du sujet dans le champ de 1'autre....la question n'est pas de savoir si nous devons considérer que la fin de l'analyse peut secontenter d'une seule de ces dimensions que déterminent ces deux pôles, à savoir aboutir à la rectification de l'idéal du Moi. Est-ce une autre identification du même ordreet nommément ce qu'on a
  • 39. 39 appelle l'identification à l'analyste. V. P.5» 3 Février 1965. 4 - La castration dans le vécu terminal d'une analysede névrosé, ou d'une analyseféminine est à proprementparler impensable, si l'opération analytique n'est rien d'autre que cette expérience conjuguéede la demande, du transfert, au cours de quoi le sujet a à faire l'expérience de la faille qui le sépare de la reconnaissance, qu'ilvit ailleurs que dans la réalité et que cette expérience de la béance c'est là tout ce qu'il y a à intégrer dans l'expérience analytique. VII P.9» 9 Mars 1965. 5 - L'expérience analytique qui est faite pour nous mettre en évidence que le but est de se satisfairede l'identification à l'analyste, ou au contraire de l'altérité, de le rejeter comme autre. Pathétique terminal de l'expérience analytique. VII P.13, 9 Mars 1965. 6 - II nesauraity avoir d'analysequi puissed'aucune façon se dire achevée si ce n'est pas au niveau du sujet lui-même quand à une voie qui est précisémentune voie qui franchitcette étape purement identificatoire. IX P.10, 17 Mars 1965» 7 - Car ce que tu mets ici en jeu n'a rien à faire avec ce qu*il en est pour l'issue d'une psychanalyseordinaire. Etle terme de parfaitement analysé qu'on te fait mirer à l'issue de ta psychanalysequalifiéede didactique est aussitrompeur qu'insuffisantela définition des fins de cette analyse. XV P.2, 16 Juin 1965. 8 - Je ne débarasseraipas l'Autre, ni de son savoir, nide sa vérité, le terme de l'analyses'il est ce que j'ai inscrit dans le S signifiant du $ barré, l'Autre, sait qu'il n'est rien. XV P.13, 16 Juin 1965. 1965-1966 - Livre XIII - L'OBJET DE LA PSYCHANALYSE, (non publié) 1966-1967 - Livre XIV - LA LOGIQUE DU FANTASME. 1 - ....à la place du "je ne suis pas" ou le ça venir, le "je va être positionné en un "Je suis ça", ce qui nous rapprochede l'impératif : "WO ES VAR, SOLL ICH VERDEN" où "Je" n'est justement pas appelé à déloger le ça, mais si vous me permettez cette équivoque, à seloger dans sa loque, ou dans ce qui est la vérité de la structure, à se connoter au "a". III P.18,II Janvier 1967. ......inversement, l'inconscient, dans son essencepoétique de bedeutung, peut venir à la place du "Je ne pense pas" corrélatif du ça, pour nous révéler ce qui est frappéde je ne sais quelle caducité dans la pensée, à savoir l'incapacité de tout betentung à recouvrir cequ'il en est du sexe. La différence des sexes ne se supporteen effet que de la bedeutung de quelque chosequi manquesous l'aspect du phallus. III P.18, II Janvier 1967. 1967-1968 - Livre XV - L'ACTE PSYCHANALYTIQUE, (non publié). 1 - Commencer d'être psychanalyste, toutle monde le sait, ça commence à la fin d'une psychanalyse. P. 14, 10 Janvier 1968.
  • 40. 40 2 - on est arrivéà la fin de sa psychanalyseunefois, et cet acte si difficile à saisir au commencement de chacune des psychanalyses quenous faisons, çadoit avoir un rapportavec cette fin une fois. V. P. 15, 10 Janvier 1968. 3 - Dans cette logique la fin de la psychanalysesupposeune certaine réalisation de l'opération- vérité, à savoir que sien effet ça doit constituer cette sortede parcours, qui du sujet installé dans son faux-être, lui fait réaliser quelque chose d'une pensée qui comporte le "Je ne suis pas", çan'est pas sans retrouver comme il convientsous une forme croisée, inversée, sa place du vraisous la forme du là où c'était, ou je ne suis pas qui se retrouvedans cet objet "a" dont nous avons beaucoup fait me semble- t-il pour vous donner le sens et la pratique, et d'autre part ce manque qui subsiste, au niveau du. sujetnaturel, du sujetde la connaissance, du faux-être du sujet, ce manque qui toujours sedéfinit comme essencede l'homme et qui s'appelle le désir, mais qui à la fin d'une analysese traduit en cette chose non seulement formulée, mais incarnée qui s'appelle la castration. V.P.I5, 10 Janvier 1968. 4 - il nous faut en général s'arrêter un temps pour s'apercevoir que l'on a passésans le savoir. ...ilvaudraitmieux dire "passant" et même "pas sans le savoir", c'està dire avec le savoir on l'a passé. V .P. 16, 10 Janvier 1968. 5 - Le terme de l'analyseconsiste dans la chute du sujet supposé savoir et sa réduction à l'avènement de cet objet "a" comme causede la division du sujet qui vient à sa place. V.P.I9, 10 Janvier 1968. 6 - celui qui fantasmatiquementavec le psychanalysantjouela partie au regard du sujet supposésavoir, à savoir l'analyste, c'est celui-là, l'analyste qui vient au terme de l'analyse supporter de n'être plus rien que ce reste, ce reste de la chose chue, qui s'appelle l'objet "a". L'analysantvenu à la fin de l'analyse dans l'acte s'il en est un qui le porte à devenir psychanalyste, nous faut-ilpas croirequ'il ne l'opère, ce passage, que dans l'acte qui remet à sa place le sujet supposésavoir. Nous voyons maintenantoù est cette place, parce qu'elle peut être occupée, mais qu'elle n'est occupée qu'autant que ce sujetsupposésavoir s'estréduit à ce terme que celui qui l'a jusque-là garantipar son acte, à savoir le psychanalystelui, le psychanalystel'estdevenu ce résidu, cet objet "a". V P.19, 10 Janvier 1968. 7 - celui qui, à la fin d'une analysedidactique, relève, si je puis dire, le gant de cet acte, nous ne pouvons pas omettre que c'est sachantce que son analysteest devenu dans l'accomplissement de cet acte, à savoir ce résidu, ce déchet, cette chose rejetée. A restaurer le sujet supposésavoir, à reprendrele flambeau de l'analyste lui-même^Ll ne se peut pas qu'il s'installe plus à ne pas le toucher, là qu'il n'installe le petit "a" au niveau du sujet supposésavoir, dece sujet supposésavoir qu'ilne peut que reprendrecomme condition de tout acte analytique, lui sait à ce
  • 41. 41 moment que j'ai appelé dans la passe, quelà est le dés-êtrequi par lui le psychanalysanta frappél'être de l'analyste. V.P.20, 10 Janvier 1968. 8 - J'ai dit sans le toucher, que c'est comme cela qu'il s'engage car ce desêtre, institué au point du sujet supposésavoir, luile sujet, dans la passe, au moment de l'acte analytique, il n'en sait rien justement parcequ'il est devenu la vérité de ce savoir. V. P.20, 10 Janvier 1968. 9 - Cette incommensurabilité, ce rapportdu "a", puisquec'est le petit a que j'ai repris non sans intention pour le symboliser sous le nombred'or, du petit a au 1, voilà où se jouece qui apparait comme réalisation subjectiveau bout de la tâche psychanalytique. VI. P.9» 17 Janvier 1968. 10 - C'est là la fonction de l'analyste, de cet objet perdu d'où dans la genèse nous pouvons concevoir ques'originetoute la structure. Distinction : aliénation du petit "a" en tant qu'il vient ici et se sépare du -^f qui est à la fin de l'analyseest idéalement la réalisation du sujet. VI. P.12, 17 Janvier 1968. 11 - c'est au terme d'une psychanalysesupposéeachevéeque le psychanalysantpeutdevenir psychanalyste. VI. P.15, 17 JanvierI968. 12 - Le tracé, le vecteur, l'opération de l'acte psychanalytique doit, ce sujet, le réduire à la fonction de l'objet "a" ( à propos du sujetsupposésavoir). C'estce que dans l'analyse, celui qui l'a fondé dans un acte, à savoir son proprepsychanalyste, est devenu. Il l'est devenu précisément en ceci qu'au terme il est conjointavec ce qu'il n'était pas d'abord au départ, le sujet supposésavoir. Ille devient au terme de l'analyse. VII. P.5, 24 Janvier 1968. *••/••• 1968-1969 - Livre XVI - D'UN AUTREA L'AUTRE. Paris, Seuil. 1 - Toute carrière d'homme engage quelque chosequi a dans la mort sa limite, et c'est seulement de ce point de vue que nous pouvons du chemin tracé par Freud, trouver le terme dans la question qu'il pose en fin d'analyseterminale : terminable ou interminable. X. P.1, 5 Février 1969. Ce qui ne fait que marquer le temps de la question que je rouvreen disant : est-ce que ce qui s'engage pour le sujet - du fait de la répétition comme origine - est lui-même un processus qui a sa limite ou pas ? X.P.1, 5 Février 1969. 2 - L'élaboration analytique....ceuxqui sontsur un divan s'aperçoiventque ça consisteà revenir tout le temps sur le même truc, et il faut que ça durepour arriver justementà ce que je vous ai expliqué à la minute, à la terminaison quand on va dans le bon sens naturellement. Là où on rencontrela limite. X. P.13, 5 Février 1969. 3 - Cet homme à qui cette femme s'adressaitdans ce que je viens de dire, ("vous ne me tenez pas comme on tient une