L'expression du but : fiche et exercices niveau C1 FLE
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 11. La mémoire de l’apartheid en Afrique du Sud
1. Diaporamas ‘De l’offense à la réconciliation’
Série ‘Mémoire et reconnaissance de crimes du passé’
11 - La mémoire de l’apartheid
en Afrique du Sud
Étienne Godinot 11.05.2023
2. La série de diaporamas
‘De l’offense à la réconciliation’
Sommaire - Rappel
Série 1 : Mémoire et reconnaissance de crimes du passé
1 - Introduction
2 - La mémoire de l’esclavage
3 - La mémoire du colonialisme
4 - La mémoire du génocide des Arméniens
5 - La mémoire de la Shoah
6 - La mémoire des crimes du communisme
7 - La mémoire des crimes commis par les États-Unis
8 - La mémoire des crimes des Khmers rouges au Cambodge
9 - La mémoire du génocide du Rwanda
10 - La mémoire des crimes commis pendant les guerres en ex-Yougoslavie
11 - La mémoire de l’apartheid en Afrique du Sud
12 - La mémoire des crimes commis par les institutions religieuses
Série 2 : Justice, pardon et réconciliation
1 - Justice, pardon et réconciliation : dissiper les malentendus
2 - Pardon et réconciliation entre personnes
3 - Pardon et réconciliation entre groupes humains
4 - La réconciliation franco-allemande
5-1 - L’Algérie et la France : de 1830 à 1962
5-2 - L’Algérie et la France : depuis 1962
6 - Le Japon et les traces de sa période impériale en Asie du Sud-Est
7 - La Chine. Une volonté de revanche ?
8 - Institutions en faveur des droits humains.
9 - Relire et dépasser le passé pour inventer l’avenir
3. La mémoire de l’apartheid
en Afrique du Sud
L’apartheid (mot afrikaans signifiant "séparation, mise à part") était
une politique de "développement séparé" affectant, selon des critères
raciaux ou ethniques, les populations d'Afrique du Sud concernées dans
des zones géographiques déterminées. Il fut conceptualisé et introduit à
partir de 1948 en Afrique du Sud par le ‘Parti national’, puis aboli en juin
1991.
La politique d'apartheid se voulait l'aboutissement institutionnel
d'une politique et d'une pratique jusque-là empirique de ségrégation
raciale élaborée en Afrique du Sud depuis la fondation par la ‘Compagnie
néerlandaise des Indes orientales’ de la colonie du Cap en 1652.
La politique d'apartheid fut le résultat de l'anxiété historique des
Afrikaners obsédés par leur peur d'être engloutis par la masse des
peuples noirs environnants. Les lois rigides qui en résultèrent furent
dictées par une minorité blanche dynamique obsédée par sa survie en
tant que nation distincte.
Images :
- Entrée ségréguée pour les Non-Européens dans le bâtiment des postes à Pretoria
- Hendrik Verwoerd (1901-1966), Premier ministre d'Afrique du Sud et théoricien de l'apartheid.
- Pancarte sur la plage de Muizenberg en 1985, interdite aux Non-Blancs et aux chiens.
4. La lutte contre l’apartheid
En juin 1955, 3 000 délégués de l'African National Congress
(ANC) et de divers autres groupes anti-apartheid comme le
Congrès indien, le Congrès des Démocrates ou la Fédération des femmes
sud-africaines (Federation of South African Women - FSAW), se réunissent
à Kliptown, un township de Johannesburg. Ils adoptent la Charte de la
liberté (Freedom Charter), énonçant les bases fondamentales des reven-
dications des gens de couleur, appelant à l'égalité des droits quelle que soit
la race, l'abrogation de toute discrimination raciale, l'instauration d'un régime
démocratique pour tous et un programme social.
En 1961, Umkhonto we Sizwe (MK), branche militaire de l'ANC est
fondée et lance une campagne de sabotages. Son leader Nelson Mandela
est arrêté en août 1962.
Images :
- Marche de protestation organisée par Gandhi en 1913 dans le Transvaal.
- Un geste de résistance à l'apartheid consiste à brûler son laissez-passer (passeport intérieur) que
tout Noir de plus de 16 ans doit porter sur soi. Ce document mentionne notamment les autorisations
éventuelles de présence de son porteur dans les quartiers blancs indiqués au-delà des horaires de
travail. Ici, Nelson Mandela brûle son pass en 1960
- Manifestation de Black Sash, une organisation non-violente de femmes blanches opposées à
l'apartheid.
5. La pression internationale
Le massacre de Sharpeville est un épisode de répression policière
dans l'Afrique du Sud durant l'apartheid. Il a lieu le 21 mars 1960 à
Sharpeville, un township (banlieue noire) de Vereeniging, dans le Transvaal,
et se solde par la mort de 69 manifestants noirs.
Après le massacre de Sharpeville et dans le contexte de la décoloni-
sation, les critiques internationales contre l'apartheid prennent de l'ampleur
(exclusion de ‘l'Organisation mondiale de la santé’, du ‘Bureau international
du travail’ puis du ‘Comité international olympique’, retrait du mandat sur le
Sud-Ouest africain).
Les réformes* entamées sous les gouvernements de Pieter Botha) ne
suffisent pas à enrayer la multiplication des sanctions internationales
bilatérales (restrictions diplomatiques ou commerciales, embargo sur les
importations de charbon, refus d'exportation de technologies) tandis que les
townships deviennent ingouvernables.
* autorisation de syndicats non blancs puis mixtes, abolition des emplois réservés, nouvelle
constitution ré-instaurant de droits politiques aux indiens et aux métis, abolition de la loi sur les
laissez-passer et de celle interdisant les mariages mixtes, ouverture des lieux publics à toutes les
communautés
Images : - Le massacre de Sharpeville (mars 1960)
- Affiche en France appelant au bycott des oranges Outspan d’Afrique du Sud
6. La fin de l’apartheid
Mais ce n'est qu’après les émeutes de Soweto* en 1976 que des
sanctions internationales contraignantes (embargo sur les ventes d'armes)
sont imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies contre l'Afrique
du Sud.
À la suite de l'arrivée au pouvoir en août 1989 du président Frederik
de Klerk et à la libération, après 27 années d'emprisonnement, le 11 février
1990, de Nelson Mandela, chef de file de la lutte contre l'apartheid, les
dernières lois piliers de l'apartheid (notamment le Group Areas Act et le
Population Registration Act) sont abolies en juin 1991. Les négociations
constitutionnelles menées entre le gouvernement, l’ANC, le Parti national et
les principaux partis politiques sud-africains aboutissent à l'élaboration
d'une constitution intérimaire, aux premières élections parlementaires non
raciales au suffrage universel (avril 1994) et à l'élection de Nelson Mandela
comme premier président noir d'Afrique du Sud le 10 mai 1994.
Pour avoir pacifiquement mis fin à la politique d'apartheid et entamé
des négociations politiques, Nelson Mandela et Frederik de Klerk reçoivent
conjointement le prix Nobel de la paix en 1993.
* Manifestations de 20 000 élèves. Pour disperser la foule, la police tire à balles
réelles, causant au moins 23 morts. Entre 200 et 700 personnes sont tuées lors de la
répression menée par les forces de police. Photo du haut
7. La ‘Commission vérité et réconciliation’
La Truth and Reconciliation Commission, présidée par Desmond
Tutu, est chargée de recenser toutes les violations des droits humains
commises depuis le massacre de Sharpeville (1960), afin de permettre une
réconciliation nationale entre les victimes et les auteurs d'exactions.
30 000 personnes sont entendues entre 1995 et 1998 : 22 000
victimes et 7 000 tortionnaires.
L'objet de cette commission concerne les crimes et les exactions
politiques commis, de mars 1960 à mai 1994, au nom du gouvernement
sud-africain, mais également les crimes et exactions commis au nom des
mouvements de libération nationale.
Sa spécificité consiste en l'échange d'une amnistie pleine et entière
des crimes en échange de leur confession publique. Cette amnistie est
individuelle : contrairement aux pratiques habituelles des États sortant de
période de dictature, cette amnistie n'est ni générale ni automatique, mais
consentie à titre individuel et contre l'aveu public des crimes effectués. Dans
un pays assez religieux, cette commission s'appuie sur les principes
chrétiens de justice et de pardon.
Même si des victimes en ont critiqué les limites, il semble que cette
pratique des repentances ait désactivé psychologiquement les désirs de
vengeance des victimes.
8. Les mémoriaux et musées
de l’apartheid
L’Apartheid Museum à Johannesbourg
Mandela House à Soweto
Robben Island au large de Cape Town
Le Kwa Muhle Museum à Durban, etc.
Photos :
1 et 2- L’Apartheid Museum à Johannesbourg est un complexe muséal consacré à l'histoire
de l'Afrique du Sud au 20ème siècle et plus spécialement axé sur l'apartheid, depuis ses
débuts en 1948, son développement, et son abolition en 1994.
3 - Le Mandela museum ou Mandela House dans le township de Soweto (banlieue sud-
ouest de Johannesbourg) est le premier domicile familial historique de Nelson Mandela où il
vécut entre 1946 et 1962. Il commémore « les droits humains, la démocratie, la
réconciliation, le respect et la tolérance entre les peuples de l'Afrique du Sud .»
43 - L’île de Robben Island, au large du Cap, a été utilisée comme prison, léproserie, hôpital
psychiatrique et poste militaire de défense. Au 20ème siècle, les opposants noirs au régime
d'apartheid, condamnés à de longues peines, y sont internés dont trois futurs présidents
sud-africains (Nelson Mandela, Kgalema Motlanthe et Jacob Zuma). Robben Island devient
en 1997 un musée national.
5 - À Durban, le Kwa Muhle Museum (1991) est installé dans l’ancien bâtiment colonial qui
abrita les bureaux du Département des Affaires indigènes régional qui délivrait les pass, ces
outils de contrôle de la population noire.
Autres musées : Le District Six Museum à Cap Town est consacré aux familles
expulsées du ‘District 6’ et à leur histoire. ■