SlideShare a Scribd company logo
1 of 61
Trombinoscopes "Chercheurs d’humanité"
Chercheurs de connaissance,
science et technique
3 - de 1601 à 1849
Étienne Godinot .14.09.2021
Athanasius Kircher
(1602-1680), jésuite et savant allemand. Étudie puis enseigne
à Paderborn, Münster, Cologne, Würtzbourg. Se réfugie à Avignon
pendant la Guerre de 30 ans. Termine sa vie à Rome.
Polygraphe et polyglotte, considéré de son vivant comme "le
maître des 100 savoirs", auteur de 39 livres. Aborde presque tous les
domaines du savoir de son temps, écrit des ouvrages magnifiquement
illustrés sur l'astronomie, l’acoustique (mégaphone), l'optique (lanterne
magique), la géologie (volcanologie, tremblements de Terre), la chimie,
la médecine (microorganismes), la mécanique, la musique, les courants
marins, le magnétisme, la linguistique (chinois, copte, hiéroglyphes) et
l’archéologie, la kabbale. Imagine une pasigraphie, ou écriture
universelle, que chacun pourrait lire dans sa langue. Rejette l’alchimie.
Cet encyclopédisme traduit l'ambition non seulement de montrer l'unité
profonde d'un monde qui est la manifestation de Dieu et où « Tout est dans tout",
mais encore, en dégageant les connexions et les correspondances les plus
secrètes entre les choses, de se rapprocher de cette connaissance parfaite que,
selon les kabbalistes, l'Esprit-Saint communique à l'homme dans "la mort par le
baiser".
Souvent contraint de masquer ses propos pour sembler fidèle aux dogmes
(géocentrisme de Ptolémée et Aristote) et contourner la censure, ce qui lui vaudra
aussi une réputation de dilettante.
Blaise Pascal
(1623-1662), mathématicien (démontre à 12 ans la 32ème proposition
d’Euclide, cycloïde), physicien (pression atmosphérique, vide), inventeur
(machine à calculer, brouette, presse hydraulique, système de transports en
commun urbains), philosophe, moraliste et théologien français.
Ayant échappé à une chute du pont de Neuilly, et après une nuit
d’extase mystique en novembre 1654, se consacre à la réflexion
philosophique et religieuse, sans toutefois renoncer aux travaux scientifiques.
Identifie trois ordres, niveaux de réalité ou plans d’existence : l'ordre
du corps, l'ordre de l'esprit ou de la raison, et l'ordre du cœur ou de la charité.
« Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie. »
« Quelle chimère est-ce donc que l'homme ? Quelle nouveauté, quel
monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige ? »
« L'homme est un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un
roseau pensant. »
« Deux excès : exclure la raison, n’admettre que la raison. »
« Nous connaissons la vérité non seulement par la raison, mais encore
par le cœur. (…) Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point. »
../..
Giovanni Domenico Cassini
(1625-1712), astronome et ingénieur italien. Travaille à l'observa-
toire de Panzano et enseigne la géométrie euclidienne et l'astronomie de
Ptolémée. Attiré en France par Colbert en 1669, s'y fait naturaliser, est
reçu membre de l‘’Académie des Sciences’. Dirige l'observatoire de Paris
à partir de 1671.
Participe à la découverte de la variation d'intensité de la pesanteur
en fonction de la latitude au cours d'un voyage à Cayenne. Découvre la
grande tache rouge de Jupiter, 4 satellites de Saturne et la division des
anneaux, détermine la vitesse de rotation de Jupiter, Mars et Vénus, fait
une cartographie de la Lune. Fait la première mesure précise de la
distance de la Terre au Soleil, détermine la parallaxe du Soleil, observe la
lumière zodiacale et en déduit qu’elle a une origine cosmique et non
météorologique. Le premier à observer la rotation différentielle dans
l'atmosphère de Jupiter. Formule en 1693 ce qui sera appelé les lois de
Cassini.
S’attribue l’honneur d’avoir dirigé la mesure de la Terre, exécutée
par l’abbé Jean Picard (1620-1682). Perd la vue en 1711.
Christiaan Huygens
en latin Christianus Hugenius, (1629-1695), mathématicien,
astronome et physicien néerlandais. Études de droit et de mathémati-
ques.
Prenant appui sur la conservation cartésienne de la quantité de
mouvement mv, utilise le principe de relativité pour changer de
référentiel et détermine les lois du choc élastique.
Améliore les lentilles des télescopes, et en 1655, découvre
Titan, la première lune observée de Saturne. Découvre plusieurs
nébuleuses, dont celle d’Orion, et quelques étoiles doubles.
Publie le premier livre sur le calcul des probabilités dans les
jeux de hasard. Régule des horloges au moyen d'un pendule, afin de
rendre la mesure du temps plus précise. En 1659, découvre la formule
donnant la force centrifuge.
En 1666, à l'invitation de Colbert, s'installe à Paris comme
membre de l‘’Académie Royale des Sciences’. En réponse aux articles
de Newton sur la lumière composée de corpuscules, affirme qu’elle est
composée d’ondes.
En 1673, avec son jeune assistant Denis Papin (1647-1713),
met en évidence à Paris le principe des moteurs à combustion interne,
qui conduiront au XIXe siècle à l'invention de l'automobile.
Antoni van Leeuwenhoek
(1632-1723), commerçant et savant néerlandais. Apprenti chez un
drapier, comptable, caissier, drapier, chambellan auprès des juges de
Delft, géomètre. Ses emplois municipaux lui laissent un temps considérable
pour la microscopie. Poursuit l'œuvre de Jan Swammerdam (1637-1680),
naturaliste pionnier de l'usage du microscope en biologie, qui vivait à
Amsterdam.
Développe la technique pour fabriquer des lentilles de microscope
d’une qualité et d’une puissance inconnues ailleurs dans le monde scientifi-
que de son époque. Les meilleurs de ses appareils (photo du bas) peuvent
agrandir 275 fois. Dès 1674, en tire de nombreuses et étonnantes observa-
tions très en avance sur son temps : découverte des protozoaires (1674) et
des spermatozoïdes (1677).
Un des précurseurs de la biologie cellulaire et de la microbiologie.
Affirme aussi l'existence des bactéries. Observant que l’anguillule du
vinaigre est vivipare, s’oppose à la théorie de la génération spontanée.
Étudie les globules rouges, l’anatomie de nombreux insectes, la structure
des feuilles et du bois, de divers métaux, des roches, des cristaux, des sels.
Estime que la Terre pourrait accueillir 13,4 milliards d’humains.
Membre de la Royal Society de Londres et de l’Académie des
Sciences de Paris.
Antoni van Leeuwenhoek et les bactéries
Il existe environ 10 000 espèces de bactéries connues à ce
jour, mais la diversité réelle du groupe est probablement supérieure.
L'estimation du nombre des espèces oscille entre 5 et 10 millions.
Elles peuvent vivre dans des milieux très variés et inhospita-
liers (acidité et températures extrêmes) : sol, eaux douces, marines
ou saumâtres, air, profondeurs océaniques, déchets radioactifs,
croûte terrestre, peau, intestin, etc.
Il y a 3,5 milliards d’années, les cyanobactéries, improprement appelées
« algues bleues », ont été capables de capturer le carbone contenu dans le CO2,
tout en rejetant de l’oxygène (photosynthèse). Elles sont responsables de la ‘grande
oxydation’, un bouleversement écologique majeur vers - 2,45 milliards d’années et
ont contribué au premier puits biologique de carbone et à une désacidification des
océans, lorsqu'elles se sont organisées en colonies fixées (stromatolithes),
capables de produire du calcaire.
Les bactéries ont une importance considérable dans les cycles
biogéochimiques comme le cycle du carbone et la fixation de l’azote de
l’atmosphère.
Isaac Newton
(1643-1727), philosophe, mathématicien, physicien, alchimiste,
astronome et théologien britannique. En optique, comprend que la
lumière blanche n'est pas une entité, mais est la somme de lumières
colorées, invente le télescope à miroir sphérique dépourvu d'aberration
chromatique. En mécanique, établit les trois lois universelles du
mouvement ou "mécanique classique". Généralise le théorème du
binôme.
Montre que le mouvement des objets sur Terre et des corps
célestes sont gouvernés par les mêmes lois naturelles. En se basant
sur les lois de Kepler sur le mouvement des planètes, énonce la loi
universelle de la gravitation.
Développe le calcul infinitésimal. Effectue des recherches dans
les domaines de la théologie, de la chronologie, de l'alchimie et de la
chimie.
« Tous les corps s'attirent avec une force proportionnelle à leur
masse respective et inversement proportionnelle au carré de la distance
qui les sépare ».
Gottfried Wilhelm Leibniz
(1646-1716), philosophe, théologien, physicien, mathématicien,
historien, logicien, diplomate, juriste, bibliothécaire et philologue allemand.
Écrit en latin, allemand et français. En mathématiques, invente le calcul
différentiel ; en physique, formule la loi de la conservation de l’énergie.
Conçoit le projet d’une encyclopédie ou ‟bibliothèque universelle”.
Tente, en vain, de réconcilier les églises chrétiennes protestantes et
catholique.
Tous les philosophes ont, à ses yeux, apporté une contribution
positive à la pensée : il s'efforce de retenir la meilleure partie des systèmes
de ses prédécesseurs. Sa philosophie est rationaliste (place dans la raison
le principe ou du moins la règle de toute la connaissance humaine),
spiritualiste (voit dans l'esprit la première et la plus positive des réalités),
théiste (cherche dans l'idée de la perfection absolue le secret de
l'explication universelle).
C'est dans l'effort par lequel l'être actualise successivement ses
virtualités que consiste son activité et son existence même. Notre âme
seule peut nous en donner une idée en nous montrant dans l'intelligence
comment l'unité peut envelopper la multiplicité, et dans la volonté comment
le réel peut envelopper le possible.
« Pourquoi y a t-il quelque chose plutôt que rien ? »
Edmond Halley
(1656-1742), astronome et ingénieur britannique. Se passionne très
tôt pour l'astronomie. Sans doute marqué par le passage de deux grandes
comètes en 1664 et 1665, se révèle doué pour les calculs astronomiques
dès son plus jeune âge. En 1676, cartographie le ciel austral depuis l'île
Sainte-Hélène. Observe un passage de Mercure devant le Soleil et relève
la position de 350 étoiles. Admis à 22 ans au sein de la Royal Society.
Excellent marin, réalisera d'autres voyages à but scientifique pour
étudier la météorologie, les courants océaniques et les animaux marins.
En 1680, rencontre à l'Observatoire de Paris Giovanni-Domenico
Cassini qui le pousse à travailler sur l'orbite des comètes. S'y consacre, et
ses échanges avec Isaac Newton à partir de 1684 l'aident à élaborer sa
théorie : recalculant les orbites de 24 comètes passées au périhélie* depuis
le 14ème siècle, remarque des similitudes entre 3 d'entre elles, celles
de 1531, 1607 et 1682. En déduit qu'il s'agit de la même comète dont
l'orbite autour du Soleil lui confère une périodicité d'environ 76 ans, et
prédit son retour en 1758.
Propose une méthode utilisant les passages de Vénus devant le Soleil pour
mesurer avec précision la distance de la Terre au Soleil. Équipe l‘Observatoire de
Greenwich des premiers instruments qui feront sa réputation.
* Le périhélie correspond au point de l’orbite d’une planète le plus proche du Soleil
Emanuel Swedenborg
(1688-1772), scientifique, théologien et philosophe suédois. Chercheur,
ingénieur et inventeur prolifique en métallurgie, minéralogie, cristallographie,
zoologie, chimie, physique, magnétisme, cosmologie, anatomie, physiologie,
biologie. Membre de l’’Académie royale’ de Stockholm. S’intéresse aux
finances et aux affaires politiques de son pays.
Passe, entre 1743 et 1745, par une crise mystique. Le premier penseur
qui soumet le domaine spirituel à la souveraineté de la loi ‟naturelle”, car, à
ses yeux, l'Ordre Divin, qui règne à tous les degrés de la création visible et
invisible, forme un tout homogène et indivisible. Affirme qu'il a été choisi par le
Seigneur pour révéler aux hommes le sens spirituel de la Parole de Dieu.
Base son interprétation spirituelle de l'Écriture sur la science des
correspondances qui existent entre le monde spirituel (celui des causes) et le
monde naturel (celui des effets). Le Ciel et l‘Enfer ne sont pas des récompen-
ses ou des punitions mais des états librement choisis : le Ciel est un lieu de
travail, d'altruisme, d'empathie, l’Enfer est le règne de l'individualisme, de la
haine, de la méfiance, de la poursuite du pouvoir.
« Toute religion appartient à la vie, et la vie de la religion est de faire le bien. »
John Harrison
À partir de 1730 et jusqu’à la fin de sa vie, se consacre à la création de
chronomètres de marine pour la détermination de la longitude. Invente en
1736 le chronomètre H1 (photo du milieu), et en 1741 le H2, plus compact.
Découvre une erreur de conception des balanciers, et travaille sur son 3ème
chronomètre, le H3. En 1759, tirant profit du nouvel acier de Sheffield élaboré
par Benjamin Huntsman (1704-1776), conçoit une montre de précision qu’il
fait fabriquer par John Jefferys et qui possède un nouvel échappement, et
s’en inspire pour son 4ème chronomètre, le H4 (photo du bas). Son chronomètre
H5, en 1772, ne fait une erreur que d’environ un tiers de seconde par jour.
Ses inventions marquent l’histoire de la marine en permettant d’amé-
liorer la précision des approches et de diminuer sensiblement le risque
d’échouement, et l’histoire de l’horlogerie par l’invention de nombreux
dispositifs.
(1693-1776), artisan ébéniste et horloger britannique. Autodidacte.
Met au point sur une horloge un ’échappement de sauterelle’, contrôle du
mouvement pas à pas, sans friction et ne nécessitant donc pas de lubri-
fication. Invente le gridiron pendulum, ayant des tiges de 2 métaux diffé-
rents pour être moins sensible aux variations de température, puis le
premier élément bilame : deux fines lames de deux matériaux ayant des
coefficient de dilatation différents et collées entre elles se déforment sous
l’action de la chaleur. Ce dispositif est utilisé de nos jours dans les
thermostats.
Carl von Linné
Carl Linnæus (1707-1778), naturaliste suédois anobli sous le nom
de Carl von Linné. Formation médicale, séjour à Amsterdam. Réalise un
grand herbier, pour lequel il va chercher des plantes jusqu'en Laponie.
Rencontre en 1729 Peter Artedi (1705-1735). Les deux jeunes gens
conçoivent ensemble le plan d'une classification générale des êtres
naturels. Professeur de botanique à l'université d'Uppsala, puis fonde
l'Académie des Sciences de Suède.
En 1753, répartit tous les végétaux en 24 classes selon la
disposition de leurs étamines. Sa nomenclature binomiale pour identifier
les plantes et les animaux est exposée en 1758 dans son ouvrage majeur
Systema naturae,. Cette nomenclature internationale, basée sur la
juxtaposition de deux termes latins désignant respectivement le genre et
l’espèce (par ex. Loup : Canis genre lupus espèce) forme la base de la
taxinomie* moderne
Fixiste convaincu, refuse la théorie de l'évolution.
* taxinomie ou taxonomie : branche de la biologie qui a pour objet de décrire les
organismes vivants et de les regrouper en entités (appelées taxons) afin de les identifier puis les
nommer et enfin les classer et de les reconnaitre via des clés de détermination..
Buffon
Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788), naturaliste,
mathématicien, biologiste, cosmologiste et écrivain français. Partage son
temps entre ses fonctions d’intendant du ‘Jardin du Roi’ (actuellement
‘Muséum national d’histoire naturelle’) et son domaine de Montbard.
Soucieux de fonder la connaissance scientifique sur l’observa-
tion et l’expérience. Conteste la méthode de classification du naturaliste
suédois Carl von Linné (1707-1778), basée sur les fleurs, et lui préfère
l'intérêt subjectif qu'ont les animaux pour l'homme. L'Histoire naturelle,
son œuvre majeure (36 volumes), dont les premiers volumes paraissent
en 1749, l'occupe toute sa vie.
Avec les philosophes des ‘Lumières’, partage le scepticisme
religieux, le matérialisme et l'amour de la raison contre le mysticisme,
mais devient peu à peu déiste.
Écrit sur l’histoire de la Terre, suppose la dérive des continents.
Prouve la réalité des miroirs ardents d'Archimède et les hypothèses de
l’États-unien Benjamin Franklin (1706-1790) sur la foudre et l'électricité.
Inquiété par l’Église pour ses théories sur la formation de l'univers et sur
l'évolution de la Terre et du vivant. La Sorbonne finit par abandonner les poursuites
en avril 1781, en contrepartie d'une vague promesse de contrition.
Charles Bonnet
(1720-1793), naturaliste et philosophe suisse genevois. Juriste,
passionné par l'histoire naturelle et la physiologie végétale. À l’âge de 20
ans, nommé correspondant de l‘’Académie des Sciences’ de Paris pour
avoir réussi la démonstration expérimentale de la parthénogenèse du
puceron.
Son Traité d'insectologie (1745) met fin au dogme de la génération
sexuée. Frappé par la cécité et par une attaque de paralysie, ne pouvant
plus se servir de microscope, s’oriente vers la biologie théorique. En 1764,
publie Contemplation de la nature, ouvrage de synthèse traduit dans les
principales langues européennes.
Profondément religieux et optimiste quant au devenir des êtres et
des espèces. Dans Palingénésie philosophique (1769), puise à des
connaissances très vastes comme la géologie, la biologie, la psychologie
et la métaphysique pour décrire la vie sur Terre et son futur. Affirme que la
Terre subit périodiquement des catastrophes universelles qui détruisent
presque toute vie et que les survivants montent d'un degré sur l'échelle de
l'évolution.
Défend l'immortalité de l'âme de l'être humain, mais aussi de celle
des animaux.
« L’opinion commune qui condamne à une mort éternelle tous les
êtres organisés à l’exception de l’homme appauvrit l’univers. »
John Michell
(1724-1793), physicien, astronome et géologue britannique, un des
fondateurs de la sismologie moderne. Travaille sur les aimants et le
magnétisme.
Invente la balance de torsion, appareil servant à mesurer de très
faibles forces*.
Après le tremblement de terre de Lisbonne (1er novembre 1755),
suggère que les mouvements du sol impliqués dans un séisme se
propagent à l'intérieur de la Terre sous forme d'ondes à partir d'une
rupture dans la croûte terrestre.
Certains de ses travaux ne seront redécouverts par les astronomes
que dans les années 1970. Le premier à imaginer un objet céleste assez
lourd pour empêcher tout échappement de lumière. Un tel objet, invisible,
est proche de ce que l'on appelle aujourd'hui un trou noir. Devance le
mathématicien français Pierre-Simon de Laplace (qui promeut lui aussi la
même idée dans son livre Exposition du Système du Monde en 1796,
sans doute en s'inspirant de Michell bien qu'il ne l'ait pas cité.
* Ce dispositif permet à Henry Cavendish (1731-1810, photo du
milieu) et à Charles-Augustin Coulomb (1736-1806, photo du bas), à la fin du
18ème siècle, de mesurer les forces exercées par les charges électriques,
le magnétisme ou encore la gravitation.
William Herschel
Né Friedrich Wilhelm Herschel (1738-1822), astronome et
musicien britannique d'origine allemande. Enfance à Hanovre. Copiste
musical, professeur de musique, compositeur en Angleterre.
Astronome amateur, construit en 1778 un télescope qui grossit
227 fois. Travaille avec sa sœur Caroline. Découvre la planète Uranus,
détecte le mouvement du Soleil vers un point de la constellation
d'Hercule. Attribue à la météorologie certains changements observés à la
surface de Mars et suppose, le premier, que cette planète a une
atmosphère.
Découvre prés de 2500 nébuleuses qu’il classe dans 2 familles
distinctes : les amas stellaires et les nébuleuses diffuses. En 1785,
propose un modèle d'univers lenticulaire. Ce modèle est une approxima-
tion grossière du modèle contemporain de la Voie lactée. Semble avoir
eu l'intuition de nébuleuses extragalactiques.
En 1787, met en service un nouveau télescope dont le miroir fait
48 cm de diamètre avec lequel il découvre deux satellites d'Uranus,
Titania et Obéron et deux ans plus tard les satellites de Saturne, Mimas
et Encelade.
En 1800, découvre les "rayons calorifiques", que nous appelons
aujourd'hui rayonnement infrarouge. En 1802, montre qu'il y a des étoiles
binaires.
Nicolas de Condorcet
Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet,
(1743-1794), philosophe, économiste, mathématicien et homme politique
français, représentant des ‘Lumières’. Effectue des travaux pionniers sur
la statistique et les probabilités, le calcul intégral, une analyse des
modes de scrutin possibles ("paradoxe de Condorcet"). Rédige pour
l’Encyclopédie des articles d'économie politique
Mène une action politique, tant avant la Révolution que sous
celle-ci. Combat la peine de mort et l’esclavage, lutte en faveur de
l’égalité des droits. Siégeant parmi les Girondins, propose des réformes
du système éducatif (gratuité, obligation, laïcité et universalité) ainsi que
du droit pénal (dénonciation des lettres de cachet, jury pénal). Ne vote
pas la mort de Louis XVI.
La Convention nationale ordonne son arrestation en 1793. Écrit
dans la clandestinité son Esquisse d’un tableau des progrès de l’esprit
humain, où, convaincu du développement indéfini des sciences, il affirme
que le progrès intellectuel et moral de l’humanité peut être assuré grâce
à une éducation bien orientée. Emprisonné en 1794, trouvé mort dans sa
cellule deux jours plus tard, probablement suicidé par empoisonnement.
« Nous ne désirons pas que les hommes pensent comme nous
mais qu'ils apprennent à penser d'après eux-mêmes. »
Antoine Laurent de Lavoisier
(1743-1794), chimiste, philosophe et économiste français.
Fermier général, Régisseur des Poudres, Académicien. Père de la chimie
moderne, qui se développera à partir des bases et des notions qu'il a
établies et d'une nouvelle exigence de précision offerte par les instru-
ments qu'il a mis au point. Ses contributions à la révolution chimique et à
la méthode scientifique sont à la fois techniques, expérimentales et
épistémologiques.
Découvre l'oxydation, les composants de l'air et de l'eau, l'état de
la matière, travaille sur l’éclairage de Paris, la combustion, la respiration,
l’agriculture. Sollicité par l'administration royale puis révolutionnaire sur de
très nombreux sujets, depuis l'instruction publique jusqu'à l'hygiène en
passant par les poids et mesures (système métrique) et le système
monétaire.
Avant d’être guillotiné (en même temps que 26 anciens Fermiers
généraux), demande un sursis pour terminer une expérience…
Sa maxime « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se
transforme » est la paraphrase de celle du philosophe grec présocratique
Anaxagore (- 500 - 428) : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà
existantes se combinent, puis se séparent de nouveau. »
Jean-Baptiste de Lamarck
(1744-1829), naturaliste français. Professeur de zoologie des
invertébrés au ‘Muséum d’histoire naturelle’. Réalise la classification des
invertébrés, qui regroupent environ 80 % des animaux. Un de ceux qui
ont pour la première fois utilisé le terme de biologie pour désigner la
science qui étudie les êtres vivants. Élabore une théorie transformiste de
leur apparition par évolution naturelle.
« L'homme par son égoïsme trop peu clairvoyant pour ses propres
intérêts, par son penchant à jouir de tout ce qui est à sa disposition, en
un mot par son insouciance pour l'avenir et pour ses semblables, semble
travailler à l'anéantissement de ses moyens de conservation et à la
destruction même de sa propre espèce. En détruisant partout les grands
végétaux qui protégeaient le sol, pour des objets qui satisfont son avidité
du moment, il amène progressivement à la stérilité ce sol qu'il habite,
donne lieu au tarissement des sources, en écarte les animaux qui y
trouvaient leur subsistance, et fait que de grandes parties, autrefois
fertiles et très peuplées à tous égards, sont maintenant stériles, inhabita-
bles et désertes. (…)
On dirait que l’homme est destiné à s’exterminer lui-même après
avoir rendu le globe inhabitable ».
Alessandro Volta
(1745-1827), physicien et chimiste lombard. Issu d'une famille
aristocratique, professeur de physique à l’École royale de Côme puis à
l’université de Pavie.
Simplifie la fabrication de l’électrophore, machine électrostatique.
Isole le méthane du gaz des marais. Étudie la dilatation des gaz et
perfectionne l'eudiomètre. De 1780 à 1783, visite la France, l'Allema-
gne, les Pays-Bas et l'Angleterre, collabore avec Antoine de Lavoisier
et Pierre-Simon de Laplace à une étude de l'électricité atmosphérique.
La découverte de l'électricité animale (par Luigi Galvani, 1737-
1798) l’amène à étudier dès 1792 les conditions d'excitation des
muscles d'une grenouille. Introduit la notion de "couple électrochimi-
que". À partir du couple zinc-argent, invente la première pile électrique
(appelée pile voltaïque) : un empilement de couples de disques zinc-
cuivre en contact direct, chaque couple étant séparé du suivant par un
morceau de tissu imbibé d’eau salée. Souligne le fait que, lorsqu'on les
sépare, la lame de cuivre prend une charge négative, et celle de zinc
une charge positive.
Son nom est à l'origine de l'unité de tension électrique, le volt.
Antoine-Laurent de Jussieu
(1748-1836), botaniste français. Durant près de 150 ans, les trois
frères Antoine, Bernard et Joseph, puis leur neveu Antoine-Laurent et son
fils Adrien, tous médecins, se côtoient ou se succèdent au Jardin du Roi
et à l’Académie des sciences. En 1794, nommé directeur du nouveau
Muséum national d'histoire naturelle. Franc-Maçon.
Développe les idées de son oncle Bernard de Jussieu (1699-1777)
sur la classification des végétaux suivant un système basé sur la
morphologie des plantes. En 1774, fait paraître Exposition d'un nouvel
ordre des plantes, puis 15 plus tard Genera plantarum. Les plantes à
fleurs sont ainsi divisées en 15 classes et en 100 ordres. Apparaissent,
pour la première fois, les notions d'étamines hypogynes, périgynes et
épigynes qui sont encore en usage actuellement.
La méthode employée dans cet ouvrage sera reprise en zoologie
par Georges Cuvier (1769-1832), et affinée puis formalisée par le Suisse
Augustin Pyrame de Candolle (1778-1841), qui la complétera en appor-
tant de nouvelles distinctions dans la classification, confortées par les
résultats de la phylogénie*.
* Phylogénie ou philogenèse : étude des relations de parenté entre êtres vivants (entre
individus, entre populations, entre espèces)
Pierre-Simon de Laplace
(1749-1827), mathématicien, astronome, physicien et homme
politique français.
S'intéresse de près à la question de la stabilité à long terme du
système solaire. Contribue de façon décisive à l'émergence de
l'astronomie mathématique, reprenant et étendant le travail de ses
prédécesseurs dans son Traité de Mécanique céleste (1799-1825).
Cet ouvrage majeur, en cinq volumes, transforme l'approche géomé-
trique de la mécanique développée par Newton en une approche
fondée sur l'analyse mathématique.
Un des premiers scientifiques à concevoir l'existence de sortes
de trous noirs (que John Michell est le premier à imaginer) dans le
cadre de la physique classique.
Après avoir effectué ses premiers travaux sur les probabilités
entre 1771 et 1774, redécouvre notamment après le mathématicien et
ex-pasteur presbytérien britannique Thomas Bayes (1702-1761, image
du bas) les probabilités inverses, dites loi de Bayes-Laplace, ancêtres
des statistiques inférentielles, et publie en 1812 sa Théorie analytique
des probabilités.
Thomas Taylor
(1758-1835), traducteur, penseur et écrivain anglais. Maître d'école
puis commis dans banque, s'adonne aux lettres et à la philosophie. Son
but est la traduction de tous les écrits non traduits des philosophes grecs
antiques. Traduit en anglais Platon, Aristote, Plotin, Proclus, Porphyre,
Apuleius, Ocellus Lucanus, Iamblicus, etc. N’échange avec son épouse
qu’en grec classique…
Écrit sur la philosophie et la mythologie des Grecs, sur la démons-
tration platonicienne de l'immortalité de l'âme, sur les mystères et oracles
égyptiens, chaldéens et assyriens, éleusiniens et bachiques, etc.
S’insurge contre la corruption et superficialité dans le christianisme de
son temps.
Auteur des Éléments de la véritable arithmétique des infinis (1809)
et d’une Arithmétique théorique (1816), en 3 livres, contenant la
substance de tout ce qui a été écrit à ce sujet par Théon de Smyrne,
Nicomachus, Iamblicus et Boetius. À leur suite, déplore que les mathéma-
tiques aient été dépossédées de toute une partie de leur finalité, et que
l’étude philosophique du nombre ait été négligée du fait de la prédomi-
nance de l’arithmétique pratique et utilitaire. Écrit en 1823 Les éléments
d'une nouvelle notation arithmétique et d'une nouvelle arithmétique des
infinis.
Claude Chappe
(1763-1805), ingénieur et inventeur français. Études à Rouen, puis
au Collège Royal de la Flèche. Devient prêtre, s'adonne à la mécanique
et à la physique.
Venu à Paris, monte un cabinet scientifique et effectue une série de
recherches sur l'électricité et le pouvoir des pointes. Lors d’une expérien-
ce, reproduit le phénomène de la foudre. En 1789, met au point un
système d'électromètre.
En 1791, communique par signaux avec des amis qui habitent à
proximité. Sa réussite l'encourage à faire des recherches pour améliorer
sa découverte. Place deux cadrans mobiles dotés d'aiguilles et de
chiffres, appelés tachygraphes, dans deux villages distants de 15 km.
Avec ses 4 frères chômeurs et politiciens, développe un système
pratique de stations de relais sémaphore. Son frère Ignace Chappe
(1760-1830), membre de l’Assemblée législative, l’aide à créer en 1794
une ligne de 15 stations et environ 250 km entre Paris et Lille pour
transmettre les informations de guerre.
Le sémaphore, ou télégraphe aérien, ou télégraphe optique, est
procédé de communication de l'information à distance plus rapide que
tous ceux qu'on avait utilisés jusqu'alors.
En 1845, la première ligne de télégraphe électrique installée entre
Paris et Rouen met fin des tours de Chappe.
Wilhelm von Humboldt
(1767-1835) philosophe et pédagogue prussien, diplomate et
ministre de l'éducation, fondateur de l'université de Berlin. Auteur d’un
plaidoyer en faveur des libertés des ‘Lumières’ et sur les limites de
l’action de l’État.
Réforme profondément le système scolaire, en se fondant sur les
idées de J. H. Pestalozzi. Le système d'éducation dont il est l’architecte
a fortement inspiré ceux des États-Unis et du Japon. Jette les bases du
développement des sciences humaines modernes. S'intéresse à la
philosophie politique, à l'esthétique, à la philosophie de l'histoire, à la
religion. Linguiste, apporte d’importantes contributions à la philosophie
du langage.*
« La tâche ultime de notre existence est d'accorder la plus grande
place au concept d'humanité dans notre propre personne (…) à travers
l'impact de nos actions dans nos vies (…) L'éducation individuelle ne
peut continuer que dans le contexte plus large du développement du
monde ».
* Esprit pénétré du don des langues, en manie une soixantaine, du malgache au guarani,
en passant par le copte, le lapon, le mandchou, l'auvergnat et le wolof. Compose une trentaine
de grammaires, est le principal découvreur des langues du Nouveau Monde et de l'Océanie.
Georges Cuvier
Jean Léopold Nicolas Frédéric Cuvier (1769-1832), anatomiste
français. Études à l’’Académie Caroline’ de Stuttgart, précepteur dans
une famille noble, puis Directeur du ‘Muséum d’Histoire Naturelle’ en
1808.
Promoteur de l'anatomie comparée dont les bases ont été mises
en place par Louis Daubenton (1716-1799) et de la paléontologie. Fait
faire à l'anatomie comparée un pas immense mentionnant qu'il existe
entre tous les organes d'un même animal une subordination telle que de
la connaissance d'un seul organe, on peut déduire celle de tous les
autres : c'est la loi de la corrélation des formes qui lui permet de recons-
tituer un animal à partir d’un fragment d’os. Donne à la géologie de
nouvelles bases, en fournissant les moyens de déterminer l'ancienneté
des couches terrestres par la nature des débris qu'elles renferment.
S’oppose aux théorie transformistes et évolutionnistes de Jean-
Baptiste de Lamarck (1744-1829) et d’Étienne Geoffroy Saint Hilaire
(1772-1844).
Chargé par Napoléon de missions relatives à l'instruction publique
et de fonctions universitaires. Joue un rôle essentiel dans l’organisation
de l’enseignement des disciplines scientifiques.
Alexander von Humboldt
(1769-1859), explorateur allemand, naturaliste, géographe, géolo-
gue, physicien, chimiste, botaniste, zoologiste, astronome, météorologue
et climatologue. Mère issue d’une famille française huguenote, marqué par
les Encyclopédistes. Explorations botaniques et géologiques et recherches
sur l’électricité en Europe. Avec son ami français Aimé Bonpland (1773-
1858), remonte les fleuves d’Amérique du Sud en pirogue, ouvre un
chemin dans les forêts vierges, escalade les plus hautes montagnes,
accumule les observations, relevés et échantillons tout au long des 15.000
km de leur trajet. Scandalisé par l’esclavage, refuse d’être transporté sur
une chaise à porteurs.
Mène des expériences scientifiques avec ses amis Louis Joseph
Gay-Lussac (1778-1850) et François Arago (1786-1853). Âgé de 58 ans,
traverse et explore la Sibérie.
Membre associé de l’’Académie des sciences’ française et président
de la ‘Société de géographie de Paris’. Par la qualité des relevés effectués
lors de ses expéditions, fonde les bases des explorations scientifiques.
« N'oublions pas que toutes les croyances populaires, même les plus
absurdes en apparence, reposent sur des faits réels, mais mal observés.
En les traitant avec dédain, on peut perdre la trace d'une découverte. »
Jean-Baptiste Biot
(1774-1862), physicien, astronome, mathématicien et
orientaliste français. Ingénieur des ‘Ponts et Chaussées’ , professeur
de physique mathématique au ‘Collège de France’, astronome du
‘Bureau des longitudes’. Ses champs d'intérêt scientifique sont très
divers : mathématiques, géométrie, électricité, magnétisme, chimie, et
surtout optique. Un des premiers à affirmer que la physique et la chimie
doivent être liées. Pionnier de l'utilisation de la lumière polarisée pour
l'étude des solutions.
En juin 1803, à la demande du ministre de l'Intérieur Chaptal, se
rend à L'Aigle (Orne), où une météorite était tombée le 26 avril 1803.
Choisit des témoins oculaires dispersés dans des endroits suffisam-
ment éloignés les uns des autres pour qu’on ne puisse pas les soup-
çonner d’avoir communiqué entre eux. Fait un rapport considéré
comme la première preuve de l'origine non terrestre des météorites.
Fait en 1804 une périlleuse ascension aérostatique avec Gay-
Lussac, à l'altitude de 13 000 pieds (environ 4 000 mètres), afin
d'étudier les caractéristiques magnétiques, électriques et chimiques de
l'atmosphère.
Coauteur de la loi de Biot et Savart (1820), qui donne le champ
magnétique créé par une distribution de courants continus, une des lois
fondamentales de la magnétostatique.
André-Marie Ampère
(1775-1836), mathématicien français, physicien, chimiste et
philosophe. Titulaire de la chaire de mécanique à ‘l'École polytechnique’,
membre de ‘l'Académie des sciences’ et du ‘Collège de France’.
Crée la théorie de l’électromagnétisme et en donne les premières
formulations mathématiques, découvre la source des actions magné-
tiques dans un courant, étudie les actions réciproques des aimants.
Démontre que deux courants fermés agissent l'un sur l'autre, fondant
ainsi l’électrodynamique. Précurseur de la théorie électronique de la
matière, émet l'hypothèse de l'existence du courant particulaire. Met au
point le galvanomètre, le solénoïde, le télégraphe électrique et, avec
François Arago (1786-1853), l'électroaimant.
. Un des premiers à distinguer les atomes des molécules. Formule
en 1814, indépendamment de l’Italien Amedeo Avogadro (1776-1856),
la loi selon laquelle tous les gaz, à volume égal et à pression égale,
renferment le même nombre de molécules.
À la fin de sa vie, s'intéresse à la classification et à la philosophie
des sciences.
Sándor Kőrösi Csoma
ou Alexandre Csoma de Kőrös (1784-1842), explorateur,
philologue et orientaliste hongrois né en Transylvanie. Études de
philosophie et de théologie. Dès cette époque s’affirme la grande idée
de sa vie : retrouver le berceau de ses ancêtres magyars.
Parcourt 9000 km en deux ans et demi. Fondateur de la
tibétologie comme discipline académique, par le hasard d’une rencontre
avec un vétérinaire-explorateur, qui le charge d’établir un dictionnaire
tibétain. Rédige le premier dictionnaire tibétain-anglais dans une cellule
sans chauffage du Zanksar, la région la plus sauvage de l’Himalaya.
Son travail presque achevé, rejoint l’Inde anglaise, où on le prend
d’abord pour un espion. Mais rapidement l’Asiatic Society, soucieuse de
profiter de son savoir, se décide à l’engager et à le rétribuer : il refuse.
Alors qu’il reprend sa quête linguistique, meurt aux portes du Tibet.
Des Carpates à l’Himalaya, le parcours singulier de cet ascète
parlant une vingtaine de langues est aussi un fabuleux voyage à travers
les civilisations, les religions, à la rencontre d’autres individus hors du
commun.
Proclamé bodhisattra en 1933 à l’université de Tokyo : seul Blanc
honoré d’un titre aussi prestigieux, comparable à la sainteté dans la
tradition chrétienne.
François Arago
(1786-1853), astronome, physicien et homme politique français.
Polytechnicien, membre de l'Académie des Sciences dès l'âge de 23
ans, enseigne pendant 20 ans la géométrie analytique à l'École polytech-
nique, puis dirige l'Observatoire de Paris.
Travaille sur la nature et la vitesse de la lumière (met en évidence
la polarisation chromatique), le magnétisme (magnétisation du fer par le
passage d'un courant électrique à travers une bobine de cuivre), la
polarisation. Détermine le diamètre des planètes, explique le phénomène
de scintillement des étoiles par celui des interférences. Participe à des
travaux sur la vitesse du son, à des mesures de la pression de la vapeur
d’eau à haute température.
S'intéresse aux forages de puits artésiens à Paris et à l'invention
de la photographie en soutenant Louis Daguerre (1787-1851) qui inspire
lui-même Nicéphore Niépce (1765-1833). Sensible à la vulgarisation
scientifique, ouvre aux journalistes de l'Académie et en fait diffuser les
comptes-rendus.
Figure du parti républicain, Franc-Maçon, contribue à l'abolition de
l'esclavage dans les colonies françaises, se préoccupe des problèmes
éducatifs, sociaux et politiques posés par le développement industriel.
Jacques Boucher de Perthes
Jacques Boucher de Crèvecœur (1788-1868) né à Perthes, près
de Réthel, préhistorien. Directeur des Douanes d’Abbeville. Passionné
de botanique, écrit notamment en 1803 une Flore d'Abbeville recensant
25 000 plantes.
Se lie avec le préhistorien Casimir Picard (1805-1841) et crée un
musée local à Abbeville. De 1838 à 1841, publie les 5 volumes de La
Création, exposé philosophique rencontrant les idées de Georges
Cuvier. Suite à des fouilles, démontre* qu'à une période très ancienne
existe déjà un homme "pré-historique".
Après sa retraite, se consacre entièrement à ses études et aux
voyages, parcourant l'Europe à la recherche des traces des hommes. En
1860, publie De l'Homme antédiluvien et de ses œuvres : l’homme a
bien été le contemporain de certains animaux disparus, à une époque
antérieure au Déluge; les climats ont changé puisqu'il y avait des
éléphants et des hippopotames dans la vallée de la Somme; on peut
distinguer une période tropicale, une période glaciaire et une période
tempérée. Jette les bases de la science préhistorique dont il est
considéré comme l'un des fondateurs.
* Il est jusque-là généralement admis que la création de la Terre et de
l'homme remonte à 4 004 ans av. J.-C., et cela sur la base d'estimations
extrapolées du récit biblique par l'archevêque anglican James Ussher (1581-1656).
Jean-François Champollion
(1790-1832), égyptologue français. Vient à Paris en 1807,
‘École des langues orientales’ et ‘Collège de France’.
Dès 1806, se met à l’étude du copte, de l’arabe, du persan, de
l’hébreu, du syriaque, du chaldéen, et de l’amharique. Est convaincu,
après le jésuite allemand Athanasius Kircher (1602-1680), que le
copte est une forme tardive de l’ancienne langue de l’Égypte.
Possède un fac-similé de la pierre de Rosette* dont personne
ne parvient à déchiffrer les hiéroglyphes. Par le texte d’un obélisque
trouvé à Philae en 1821, découvre la correspondance des signes
hiératiques, hiéroglyphiques et démotiques.
Déchiffre les hiéroglyphes, établit le vocabulaire et la gram-
maire des égyptiens anciens. En 1826, conservateur du département
d’égyptologie au musée du Louvre. Conduit une expédition scienti-
fique en Égypte de 1828 à 1830.
* Pierre de granodiorite, découverte en juillet 1799 à Rosette, en Basse Égypte, par un
officier du génie français au cours de travaux de terrassement du fort Saint Julien. Stèle
portant un décret du pharaon Ptolémée V Épiphane promulgué à Memphis en - 196, écrit en
2 langues (égyptien ancien et grec ancien) et en 3 écritures (hiéroglyphes, égyptien
démotique et alphabet grec). L’Anglais Thomas Young (1773-1829) en a effectué en 1814
une traduction partielle.
Michael Faraday
(1791-1867), physicien et chimiste britannique. Famille pauvre,
apprenti chez un relieur-libraire, assistant puis directeur de laboratoire de
la Royal Society.
Découvre le benzène et invente le système du nombre d'oxyda-
tion. Réussit la liquéfaction de gaz naturels, dont le chlore. En 1821,
produit une rotation électromagnétique, base du moteur électrique. En
1831, découvre l’induction électromagnétique et l’effet de blindage dans
le courant continu. En 1833, établit la théorie de l’électrolyse et introduit
les termes d'anode, de cathode, d'anion, de cation et d'ion. Analyse
différents alliages d'acier et obtient des nouveaux types de verres à
usage optique. Mentionne l'existence des nanoparticules métalliques. En
1838, étude l’électroluminescence et le diamagnétisme. En 1846,
découvre que l’énergie électrostatique est localisée dans les
diélectriques. En 1847, observe que les propriétés optiques du colloïde
d'or diffèrent de celles du métal pur, prélude aux nanosciences.
Exprime une conscience aiguë de la faillibilité humaine, y compris
la sienne, et sa conviction que l'unité de l’Univers découle de l'unité et de
la bienveillance du Créateur.
.
Jeanne Villepreux-Power
(1794-1871), naturaliste française. Brodeuse à Paris, épouse
James Power, marchand d’origine irlandaise. Le couple s'établit en
Sicile où Jeanne se consacre à l’étude et notamment à l'histoire
naturelle de l'île.
Autodidacte passionnée, s’intéresse aux coquillages actuels
ou fossiles, et notamment à l’argonaute. Tranche une question
scientifique en suspens à son époque : l'argonaute sécrète sa coquille
et ne l'habite pas à la manière d'un bernard-l'ermite. Pour mieux les
étudier, construit les cages "à la Power" qui deviendront plus tard les
aquariums. Détermine aussi le mode de reproduction de l'espèce qui
présente un grand dimorphisme sexuel.
Première femme membre de l’Académie des sciences de
Catane, correspondante de la Zoological Society de Londres’ et de
seize autres sociétés savantes.
Ses collections, son cabinet d'histoire naturelle et ses
manuscrits disparaissent en mer avec le bateau qui les transportait à
Londres en 1838 dans le naufrage du Bramley.
Pionnière de la biologie marine, précurseure des stations de
biologie marine et d’aquariologie.
Charles Wheatstone
(1802-1875), physicien et inventeur anglais. Au départ employé
au sein de la fabrique familiale d’instruments de musique. Ses
premiers travaux publiés en 1823 portent sur l’acoustique. Devient
ensuite professeur et titulaire de la chaire de physique expérimentale
au King’s College de Londres.
En 1834, est le premier à essayer de mesurer la vitesse d’un
courant électrique dans un conducteur, grâce à un miroir tournant de
son invention et ce sans réel succès. Ce dispositif est utilisé plus tard
par Léon Foucault pour mesurer la vitesse de la lumière.
Rencontre un jeune officier démobilisé, William Cooke (1806-
1879), à son retour de l’armée des Indes rapporte en Angleterre un
exemplaire du dispositif du diplomate Pavel Schilling (1786-1837),
qu'il s‘est procuré en Allemagne à l'université de Heidelberg. En 1837,
met au point avec Cooke le premier télégraphe électrique simple et
fonctionnel. L’invention de la pile par Alessandro Volta en 1799 rend
possible l’invention du télégraphe de Wheatstone et Cooke. Le premier
essai a lieu sur la ligne Londres-Birmingham, sur un kilomètre et demi.
D’autres compagnies adoptent le système dans les années qui
suivent. Le télégraphe se développe dans l’ensemble de l’Europe par
l’intermédiaire des compagnies de chemin de fer. ../..
Charles Wheatstone
En 1938, s’intéresse à la stéréoscopie, perception du relief grâce à
la vision binoculaire. Conçoit des couples stéréoscopiques de dessins,
puis de photographies stéréoscopiques et invente l’appareil permettant
de les observer en relief : le stéréoscope (photo n° 1). Le premier à remar-
quer que la couleur d’une étincelle dépend de la nature des électrodes
utilisées. En 1852, introduit le pseudoscope (photo n°2) , instrument
optique binoculaire qui inverse notre perception de la profondeur.
Améliore en 1844 l’instrument de mesure des résistances élec-
triques inventé en 1833 par Samuel Hunter Christie (1784-1865).
Le ‘pont de Wheatstone’ est le point de départ d'une série de dispositifs
utilisés pour mesurer les résistances électriques.
Par l'invention des relais, contribue à la possibilité des lignes de
transmission de grande longueur, pour lesquelles il est un des premiers
à utiliser les isolations en verre.
On lui doit aussi
- le concertina anglais, instrument de musique à vent et à anches libres,
comme l'accordéon,
- un des premiers microphones, c'est-à-dire un appareil capable de
convertir un signal acoustique en signal électrique,
- une méthode de chiffrement symétrique popularisée par Lyon Playfair.
Alphonse de Candolle
Alphonse Louis Pierre Pyrame de Candolle (1806-1893), botaniste
suisse originaire d’une famille de Français huguenots ayant fui les
persécutions. Après des études de droit, finit par se consacrer à la
botanique. Titulaire de la chaire d'histoire naturelle créée pour lui à
l'Académie de Genève. Continue l'immense œuvre de son père,
Augustin, Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis. Coauteur,
avec son fils Casimir, de l'ouvrage Monographiae phanerogamarum.
Auteur de 55 ouvrages et articles scientifiques sur la géographie
botanique et l'origine des espèces.
S'intéresse à l'origine des plantes cultivées et à leur domestica-
tion par l'homme à partir d'espèces sauvages. Adopte pour cela une
approche pluridisciplinaire utilisant principalement l'archéologie
(datation grossière des lieux et dates de première culture des plantes),
la linguistique (indication de la provenance supposée des végétaux
cultivés) et la botanique (comparaison des plantes domestiques aux
végétaux sauvages que des collègues lui envoient). Prouve le premier
l'origine américaine du haricot et du maïs.
À l'origine des ‘Lois de la nomenclature botanique’ adoptées lors
du Congrès international de botanique de 1867 à Paris.
Antonio Meucci
(1808-1889), inventeur italo-étatsunien. Né en Italie, étudie la
mécanique, travaille comme technicien dans différents théâtres, démé-
nage à Cuba pour continuer dans le théâtre.
Invente une méthode pour galvaniser le métal. Travaille aussi
durant 10 ans sur une méthode efficace de traitement de certaines
maladies par électrochocs.
En 1849, imagine les bases du téléphone et développe un
prototype. Part en 1850 à New York pour promouvoir ses inventions,
sans grand succès. Au cours de ces années, construit son prototype de
téléphone, le telettrofono.
En décembre 1871, fonde la Telettrofono Company avec 3
associés et protège son invention par un ‘avertissement de brevet’,
formule renouvelable plus économique qu'un brevet. En 1874, entre en
contact avec la compagnie Western Union, dans l'espoir de voir son
prototype développé et commercialisé, mais la compagnie ne donne
pas suite.
En 1876, Alexander Graham Bell dépose son brevet de téléphone. Meucci
lui intente un procès. Le procès dure jusqu’en 1889, date à laquelle la mort de
Meucci met fin aux procédures. Son rôle dans l'histoire du téléphone est officielle-
ment reconnu en juin 2002 par la Chambre des représentants des États-Unis.
Edgar Poe
Edgar Allan Poe (1809-1849), poète, romancier, nouvelliste, critique
littéraire, dramaturge et éditeur états-unien. Études brillantes à Londres puis
à Richmond, arrêtées faute de soutien financier. S’engage dans l’armée.
Pigiste puis journaliste à Baltimore, New-York puis Philadelphie. Rédacteur
adjoint au Graham's Magazine puis au Broadway Journal dont il devient
actionnaire principal et qui fait faillite. Célèbre après 1845 suite à la
publication de son recueil Le Corbeau et autres poèmes. Sombre dans
l'alcoolisme, fin de sa vie tumultueuse, mort suspecte.
lnventeur du roman policier. Nombre de ses récits préfigurent les
genres de la science-fiction et du fantastique.
Avec son essai Eureka. Essai sur l’univers matériel et spirituel (1848),
tente d’élucider le mystère de l'Univers. Embrassant d'un seul coup d'oeil
l'immensité de tout ce qui est connu en son temps, offre un texte visionnaire
dans lequel il anticipe de multiples découvertes du 20ème siècle : les trous
noirs, la théorie du chaos, l'expansion de l'espace, l'existence des nébuleu-
ses. Y affirme que la lumière se propageant à une vitesse finie depuis
l’origine de l’Univers dont l’âge est aussi fini, nous ne pouvons percevoir que
la lumière d’un nombre fini d’étoiles.
../..
Edgar Poe : pourquoi la nuit est-elle noire ?
* Pourquoi la nuit est-elle noire au lieu d’être
complètement éclairée par les étoiles de l’Univers ?
C’est un problème d’abord posé en 1610 par l’astro-
nome allemand Johannes Kepler (1571-1630), puis en
1576 par l’astronome anglais Thomas Digges (1546-1595,
photo n° 1), puis par l’astronome anglais Edmond Halley
(1656- 1742), puis par l’astronome suisse Jean-Philippe
Loys de Cheseaux (1718-1751, photo N°2), et repris en
termes plus précis en 1826 par l’astronome allemand
Heinrich Olbers (1758-1840).
L’intuition de Poe sera retranscrite scientifiquement
en 1901 par le physicien anglais William Thomson, dit
Lord Kelvin (1824-1907, photo n° 4)
Charles Darwin
(1809-1882), naturaliste anglais, diplômé de l’université de
Cambridge. Parcourt le monde pendant 5 ans à bord du bateau HMS
Beagle de la Royal Navy, fait des observations géologiques, commence
des collections de spécimens d’animaux et de plantes.
Formule en 1859 l'hypothèse selon laquelle toutes les espèces
vivantes ont évolué au cours du temps à partir d'un seul ou quelques
ancêtres communs grâce au processus connu sous le nom de "sélection
naturelle". Ses travaux expliquent de façon logique et unifiée la diversité
de la vie et ont révolutionné la biologie.
Vivement critiqué par les Églises chrétiennes, car il remet en cause
le récit mythique de la création présenté par la Genèse, alors considéré
comme historique.
« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes,
ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux au
changement. »
« Je ne vois aucune limite au nombre de changements, à la beauté et
à l'infinie complexité des adaptations des êtres vivants les uns avec les
autres, liés à leurs conditions de vie, conditions soumises sur la longue
durée au pouvoir de sélection de la nature. »
Claude Bernard
(1813-1878), médecin et physiologiste français. Préparateur en
pharmacie, médecin. Découverte des fonctions digestives du pancréas.
Son travail sur le suc gastrique et le glucose lui vaut une thèse de
doctorat en 1843, mais sa vision iconoclaste et modernisatrice de la
recherche en médecine ne lui permet pas de trouver un poste. Grâce à
son mariage, obtient les financements nécessaires à la poursuite de
ses travaux. Professeur au ‘Collège de France’, membre de l'Académie
des Sciences, nommé à une chaire de physiologie générale à la
Sorbonne.
Fondateur de la médecine expérimentale. On lui doit les notions
de milieu intérieur* et d’homéostasie**, fondements de la physiologie
moderne. Un des principaux fondateurs de la démarche expérimentale
hypothético-déductive, formalisée souvent (et parfois rigidifiée) dans
l’enseignement par ‘OHERIC’ pour : Observation - Hypothèse -
Expérience - Résultat - Interprétation - Conclusion.
« Le microbe n'est rien, c'est le terrain qui est tout. »
« C'est ce que nous pensons déjà connaître qui nous empêche
souvent d'apprendre. »
* ensemble des composants, ou plus souvent des principaux liquides internes, essentiels à
la vie des animaux, leur survie dépendant du maintien de l'homéostasie.
** phénomène par lequel un facteur clé (par exemple, la température) est maintenu autour
d'une valeur bénéfique pour le système considéré, grâce à un processus de régulation.
Léon Foucault
(1819-1868), physicien et astronome français. Abandonne les
études de médecine, se tourne vers la physique. S'intéresse tout
d'abord aux expériences de Louis Daguerre (1787-1951) sur la photo-
graphie. Pendant 3 ans, assiste le bactériologiste Alfred Donné (1801-
1878) pour ses conférences sur l'anatomie microscopique.
Avec le physicien Hippolyte Fizeau (1819-1896), mène une série
d'expériences sur l'intensité de la lumière du Soleil, en la comparant à
celle du carbone dans la lampe à arc, et à celle de la chaux dans la
flamme du chalumeau oxyhydrique. S'intéresse également à l'interfé-
rence du rayonnement infrarouge, aux parcours des rayons lumineux
et à la polarisation chromatique de la lumière.
Reprend l'expérience abandonnée par François Arago en 1843
pour cause de cécité, démontre en 1850, grâce à un miroir tournant de
Charles Wheatstone pour mesurer la vitesse des courants électriques
combiné à un dispositif de miroirs concaves, que la lumière se
propage plus rapidement dans l'air que dans l'eau, invalidant ainsi la
théorie corpusculaire au profit de la théorie ondulatoire de la lumière.
../..
Léon Foucault
En 1851, vérifie et rend manifeste la rotation quotidienne de la
terre en utilisant la rotation libre du plan d'oscillation d'un pendule long de
67 mètres, possédant une boule pesant 28 kilos, suspendu au Panthéon
de Paris (‘pendule de Foucault’ : image n°1) .
Invente le gyroscope (image n° 2), appareil qui exploite le principe de
la conservation du moment cinétique en physique : en l'absence de
couple appliqué à un solide en rotation autour d'un de ses axes
principaux, celui-ci conserve son axe de rotation invariable.
En 1854, chargé de comparer le pouvoir éclairant de deux types de
gaz d'éclairage, invente le photomètre à compartiments.
En sept. 1855, découvre que la force nécessaire à la rotation d'un
disque de cuivre augmente quand il doit tourner avec sa jante entre les
pôles d'un aimant, le disque chauffant dans le même temps du fait des
‘courants de Foucault’ induits dans le métal.
En 1855, nommé physicien de ‘l'Observatoire de Paris’. Y développe
les télescopes à miroir de verre argenté à partir de 1858. En 1862, établit
la vitesse de la lumière à 298 000 km/s. Montre comment, en déposant
une fine couche transparente d'argent du côté externe du verre d'un
télescope, on peut regarder le soleil sans danger pour l'œil.
John Tyndall
(1820-1893), scientifique et alpiniste irlandais. Dessinateur,
ingénieur, puis professeur de mathématiques et d’arpentage. Doctorat
de physique et chimie à l’université de Marbourg (Allemagne) sous la
direction de Robert Bunsen (1811-1899). Conseiller scientifique de
Trinity House, puis du Board of Trade, succède à Michael Faraday
comme recteur de la Royal Institution.
Dans les années 1850, étudie le diamagnétisme, fait des découvertes dans
les domaines du rayonnement infrarouge et des propriétés physiques de l'air.
Trouve l’explication du fait que le ciel est bleu car les particules minuscules de l’air
diffusent la lumière du soleil. Le premier à le prouver que l’atmosphère de la Terre
a un effet de serre, à observer et à signaler le phénomène de thermophorèse
dans les aérosols. Trouve des spores bactériennes viables (endospores) dans des
bouillons soi-disant stérilisés à la chaleur. Invente un meilleur respirateur de
pompier, une cagoule filtrant la fumée et les gaz nocifs de l'air, développe une
meilleure corne de brume.
Consacre une grande partie de son temps à la diffusion de la
science auprès du grand public. Affirme qu'il ne faut pas laisser le
sentiment religieux « envahir la région de la connaissance sur laquelle il
ne détient aucun commandement » , mais aussi que « le vrai mystère
de l'univers demeure non résolu (... ) Abaissons la tête et reconnais-
sons notre ignorance, prêtre et philosophe, tous et chacun. »
Gregor Mendel
Johann Mendel (1822-1884), moine et botaniste autrichien.
Entre en 1843 au monastère des ermites de St Augustin de Brünn
(aujourd'hui Brno), où il est ordonné prêtre en 1847, sous le prénom de
Gregor. En 1851, part à Vienne et étudie les mathématiques et la
physique, la botanique, la physiologie végétale, l’entomologie, la
paléontologie.
À partir de 1856 et durant 11 années, mène dans le jardin de
son monastère des expériences minutieuses portant sur la reproduction
de 28 000 plants de pois et étudie soigneusement les caractéristiques
des hybrides ainsi obtenus. Découvre 3 lois de l'hérédité, à la base de la
génétique moderne, qui seront nommées par la suite ‘les lois de
Mendel’. Elles définissent la caractéristique principale des gènes qui est
la transmission de génération en génération. Montre que les deux
parents jouent un rôle équivalent dans l'hérédité, mais que certains
caractères, dits dominants, prennent le pas sur d'autres, dits récessifs.
L'importance de son œuvre n‘est reconnue qu’en 1900 par Hugo
De Vries (1848-1935) aux Pays-Bas, Carl Erich Correns (1864-1933) en
Allemagne et Erich von Tschermak (1871-1962) en Autriche.
Se passionne également jusqu'à sa mort pour la météorologie,
l’horticulture et l’apiculture.
Marcellin Berthelot
(1827-1907), chimiste, physico-chimiste, biologiste, épistémologue
et homme politique français. Professeur de chimie organique au ‘Collège
de France’, ministre des Affaires étrangères et ministre de l'Instruction
publique. Spécialités : les graisses, le glucose, le glycérol, la saponifica-
tion, l’esthérification, les médicaments, la combustion, les explosifs, la
chaleur animale, la physiologie végétale (liens entre croissance végétale et
électricité).
En politique, soutient l'effort pour l'investissement dans les nouvel-
les technologies et l'aide aux populations les plus démunies, paysannes et
ouvrières. Avec d'autres académiciens, lance par souscription l'édition
d'une encyclopédie. Combat pour la laïcisation des enseignements.
Travaille sur la philosophie et l'histoire des sciences en Asie et au
Moyen-Orient, l’histoire de l’alchimie, apprend le sanskrit et étudie les
Védas. Espérantophone, ami de Victor Hugo et d’Ernest Renan.
« La connaissance rigoureuse de l’ensemble des choses est
inaccessible à l’esprit humain, et cependant chaque homme est forcé de
se construire ou d’accepter tout fait un système complet, embrassant sa
destinée et celle de l’univers. » (Lettre à Ernest Renan)
Louis Pasteur
(1822-1895), scientifique français, spécialisé en chimie et
en microbiologie. Thèse sur la cristallographie. Professeur à Dijon,
Strasbourg, Lille puis Paris
Prouve que les levures sont des micro-organismes
responsables de la fermentation. Étudie à Alès les causes de la
pébrine, maladie des vers à soie. En 1865, dépose un procédé de
conservation et d'amélioration des vins, de la bière et autres par
chauffage, sous le nom de pasteurisation. Travaille sur les maladies
de la bière, se consacre exclusivement après 1877 à la recherche
sur les maladies contagieuses des animaux et de l'homme.
En 1878, énonce les conditions idéales de stérilisation.
Découvre le vaccin contre les maladies du charbon (chez les
moutons), le choléra (chez les poules). Lorsqu’un jeune alsacien
mordu par un chien enragé est amené à son laboratoire, prend le
risque de le vacciner et le sauve de la rage. De ce formidable
succès naît l’institut Pasteur, inauguré en 1888.
« La chance ne sourit qu'aux esprits bien préparés. »
« Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours. »
Charles Wyville Thomson
(1830-1882), historien de la nature et zoologiste marin écossais.
Étudie la médecine à l’université d’Édimbourg, se spécialise dans les
sciences naturelles. Reçoit la chaire de minéralogie et de géologie de la
Queen's University de Belfast puis la chaire d'histoire naturelle de l‘univer-
sité d'Edimbourg.
Sert comme scientifique en chef de l'expédition sur le navire HMS
Challenger qui parcourt plus de 120 000 km autour du monde entre 1872
et 1876. Son travail révolutionne l'océanographie.
En 1840, l’océanographe Edward Forbes (1815-1864) avait
affirmé, dans sa théorie azoïque, que l’abondance et la variété de la vie
marine diminuaient avec l’augmentation de la profondeur et qu’au-delà de
550 mètres la vie ne pouvait exister.
En 1868, Charles Thomson, à bord du Challenger, sonde jusqu’à
8 000 m, établissant définitivement que la vie existe à toutes les profon-
deurs des océans.
Depuis, les chercheurs ont constaté une activité biologique par
11 km de fond dans la fosse des Mariannes (dans le noir, avec des
pressions énormes et à des températures très basses). Des carottages
ont également mis en évidence la trace d'activités bactériennes à plus de
800 mètres d'épaisseur dans des roches volcaniques.
.
James Clerk Maxwell
(1831-1879), physicien et mathématicien écossais. Études de
mathématiques à Cambridge, professeur au King’s College de Londres,
directeur du Cavendish Laboratory de Cambridge.
En se basant sur les travaux de Michael Faraday (1791-1867),
introduit dès 1862 la notion de champ. Montre qu'un champ magnétique
peut être créé par la variation d'un champ électrique. Élabore les
équations différentielles décrivant la nature des champs électromagnéti-
ques dans l'espace et le temps. Définit la lumière comme étant une onde
électromagnétique. Prouve que les champs électriques et magnétiques
voyagent dans l'espace sous forme d'ondes, à une vitesse d'environ
300 000 km/seconde, équivalent à la vitesse de la lumière.
La validité de cette suggestion sera démontrée plus tard par les
expériences de l’Allemand Heinrich Rudolph Hertz (1857-1894) qui
aboutissent à l'invention de la radio, habituellement attribuée à l’Italien
Guglielmo Marconi (1874-1937).
« La théorie de la relativité doit son origine aux équations de
Maxwell sur le champ électromagnétique ».
Albert Einstein
Ernst Hæckel
Ernst Heinrich Philipp August Hæckel (1834-1919), biologiste,
philosophe et libre penseur allemand. Médecin, puis professeur
d’anatomie comparée et de zoologie à Iena. Fait connaître les théories
de Charles Darwin en Allemagne et développe une théorie des origines
de l’homme. Introduit certaines notions de la biologie moderne comme
celles d’"embranchement" ou d‘ "écologie". Introduit l'arbre phylogéné-
tique pour la représentation de l'évolution dans la biologie. Émet l’idée
que l’origine de la vie a été déterminée par des facteurs physiques et
chimiques comme la lumière, la présence d’oxygène, l’eau et le
méthane.
Considéré comme le père de l'écologie, discipline qui cherche à
étudier les rapports entre un organisme et son environnement et le
créateur du terme écologie en 1866. Ce mot vient du grec oikos
signifiant demeure, maison, milieu. Pour lui, l’œcologie désigne l’étude
des relations unissant les organismes vivants.
Les idéologues nazis ont utilisé des extraits de ses écrits comme
justification de leurs théories racistes et du darwinisme social, mais en même
temps déclaré que des éléments essentiels de la vision du monde de Haeckel
étaient incompatibles avec le point de vue du national-socialisme.
Dmitri Mendeleïev
(1834-1907), chimiste russe. Études à l’université de St-
Pétersbourg, travaille à Heidelberg et à Paris. Professeur de chimie
minérale à l'université de Saint-Pétersbourg.
Travaille sur "la dépendance entre les propriétés des masses
atomiques des éléments" et présente en 1869 une classification
périodique des éléments appelée ensuite "tableau de Mendeleïev",
sorte d’alphabet des chimistes. Les classe par masse atomique
croissante, mais en les rassemblant par groupes d’éléments ayant
des propriétés communes. Cela donne un tableau de 5 colonnes de
18 éléments.
Son génie réside dans le fait qu’il laisse aussi des cases libres
dans son tableau pour y placer des éléments qui n’étaient pas encore
découverts à l’époque. Plus tard, de nouveaux éléments chimiques
ont été découverts, et sont allés remplir les cases laissées
vacantes du tableau. De son vivant, a le plaisir de voir que 3
des éléments dont il avait prévu l'existence sont découverts
(gallium, scandium et germanium) et que certaines propriétés
physiques et chimiques qu'il avait annoncées sont bonnes.
Gustave Le Bon
(1841-1931), médecin, anthropologue, psychologue social et sociolo-
gue français. Parcourt l’Europe, l'Asie et l'Afrique du Nord, écrit des récits
de voyage, des ouvrages d’archéologie et d’anthropologie sur les
civilisations de l’Orient. Crée la ‘Bibliothèque de philosophie scientifique’
chez Flammarion.
Ne soutient pas la théorie d’une hiérarchisation des civilisations,
mais admet des différences au niveau des stades de développement. Se
différencie en cela fortement d'Arthur de Gobineau (1816-1882) et
dénonce à plusieurs reprises dans ses œuvres le « mythe de la race
aryenne ».
Détermine plusieurs causes d’action des hommes : biologiques,
émotionnelles, rationnelles, collectives, mystiques.
Définit la foule comme une réunion momentanée d'individus soumis
à une émotion forte à la suite d'un événement et/ou d'un discours ou d'une
image provoquant la peur, la haine, ou, au contraire, l'enthousiasme et
l'amour. Source d’ivresse, l’hypnose émotionnelle et intellectuelle collective
réduit à néant la moindre impulsion de volonté individuelle et l’aptitude à
l’esprit critique.
../..
Gustave Le Bon
Impulsives et irritables, les foules peuvent être excitées
facilement et parcourir rapidement la gamme des émotions les plus
contradictoires. Il se produit ensuite spontanément dans la foule un
phénomène de contagion : l’idée dominante se répand dans les
esprits galvanisés par l’émotion commune. D’une suggestibilité et
d’une crédulité extrêmes, la foule perçoit alors les événements dans
une totale subjectivité ou rien n’est invraisemblable, jusqu’à
l’hallucination collective, puis elle transforme en actes la suggestion
reçue.
En raison de leur irritabilité et de leur impulsivité, les foules ne
peuvent pas réussir à s’autodiscipliner ; elles ont besoin d’un leader
fédérateur personnifiant leurs aspirations : un homme d’action
éloquent, doté d’une foi inébranlable dans l’idéal répandu dans la
foule, pour lequel il est prêt à tout sacrifier.
« Malmenez les hommes tant qu’il vous plaira, massacrez-les
par millions, amenez invasions sur invasions, tout vous est permis si
vous possédez un degré suffisant de prestige et le talent nécessaire
pour le maintenir. »
Wilhelm Röntgen
(1845-1923), physicien allemand. Scolarité aux Pays-Bas puis à
l‘’École polytechnique fédérale’ de Zurich. Successivement professeur
de physique à Strasbourg, Giessen, Würtzburg, Munich. Travaille sur la
chaleur spécifique des gaz, la conductivité thermale des cristaux,
l'influence magnétique sur les plans de la lumière polarisée, et sur les
rayons cathodiques.
Découvre en 1895 les rayons X*, et prouve que le rayonnement
est produit par l'impact des rayons cathodiques sur un objet matériel.
Reçoit le premier prix Nobel de physique en 1901.
Plus tard, Max von Laue (1879-1960) et ses étudiants démontre-
ront que ces rayons sont de nature électromagnétique, tout comme la
lumière, et diffèrent seulement par une plus haute fréquence.
En 1914, est un des signataires du ‘Manifeste des 93’ soutenant
le militarisme de l'Empire allemand. Personne n’est parfait…
* des rayons alors inconnus qu’il nomme X, et que les Allemands appellent aujourd’hui Röntgen
Strahlen.
Image du bas : Photographie de la main d’Albert von Kolliker prise en janvier 1896
Alexander Graham Bell
(1847-1922), scientifique, ingénieur et inventeur scotto-canadien,
naturalisé états-unien. Né en Écosse, étudie à la Royal High School, à
Édimbourg. À 12 ans, aide le père d’un ami, propriétaire d’un moulin, en
inventant un procédé pour décortiquer le blé.
À l’âge de 15 ans, est envoyé à Londres, fait la rencontre de
Charles Wheatstone (1802-1875) qui fait des recherches sur le
télégraphe. Celui-ci avait alors conçu sa propre version de la machine à
parole de l’inventeur hongrois Wolfgang von Kempelen (1734-1804, photo
n° 2), un instrument capable de reproduire mécaniquement la voix
humaine. Ceci donne l’idée à Alexander G. Bell et son frère Melville de
créer leur ‘larynx parlant’, une trachée artificielle produisant quelques
mots reconnaissables lors du passage de l’air.
Émigre au Canada en 1870 avec ses parents, épouse une États-
unienne, est naturalisé citoyen états-unien en 1882.
Sa mère et sa femme étant sourdes, consacre sa vie à apprendre à
parler aux sourds. Professeur de diction à l'université de Boston et
spécialiste de l'élocution (profession connue aujourd'hui sous les noms de
phonologue ou phoniatre).
Alexander Graham Bell
Ses recherches sur l'audition et la parole le conduisent à construire
des appareils auditifs. En juin 1875, découvre qu’un fil électrique reproduit
un son correspondant à la vibration d’un ressort d’acier se trouvant à
l’extrémité du fil. Comprend alors qu’un courant électrique continu peut être
modifié pour reproduire un son et par conséquent une parole. Dépose un
brevet pour un téléphone (photo n° 1) en 1876. L’américain Elisha Gray (1835-
1901, photo n° 3 ) met également en oeuvre un système transmettant la voix
articulée grâce à l’électricité, mais Bell a fait la demande de brevet 2
heures avant Gray… L’antériorité de l'invention du téléphone par l’États-
unien d’origine italienne Antonio Meucci (1808-1889) a depuis été officiel-
lement reconnue.
Toutefois, considère par la suite la téléphonie comme une intrusion
dans son travail de scientifique et refuse même d'avoir un téléphone dans
son laboratoire.
En 1880, conçoit avec Charles Summer Tainter (1854-1940, photo n°
4 ), un dispositif qu’ils appellent le ‘photophone’ (photo n° 2 en haut), qui
transmet le son sur un rai de lumière. Bien que l’appareil ne présente pas
d’intérêt commercial, il est la preuve qu’il est possible de transmettre du
son par la lumière. Cette invention est l’ancêtre de la fibre optique et de la
communication sans fil.
Alexander Graham Bell
En juillet 1881, avec Charles Summer Tainter, fabrique une
sonde à munition électrique. L’appareil est employé par des chirur-
giens militaires pendant plusieurs conflits armés au cours des
années suivantes.
Avec l’aide de son cousin, Chichester A. Bell, et de Charles
Summer Tainter, met aussi au point le graphophone (photo n° 1) , une
version améliorée du phonographe breveté par Thomas Edison en
1878.
En décembre 1907, fait voler un aéronef, le Cygnet I, un
large cerf-volant tétraédrique mu par un moteur de motocyclette,
puis, en 1909. un appareil plus lourd, le Silver Dart (photo n° 2).
Avec Frederic Baldwin (1882-1948), se concentre ensuite
sur les hydroptères : en 1919, l’un de leurs engins, le HD-4,
pulvérise les records de vitesse atteinte sur l’eau avec 114 km/h
(photo n° 3).
Travaille sur d’autres inventions : l’audiomètre; une ‘veste
sous vide’, ancêtre du poumon d’acier; expériences sur la désa-
linisation de l’eau, etc.
Prend part à la fondation de la société National Geogra-
phic. Consacre une importante partie de sa vie à enseigner aux
personnes sourdes, ce qui demeure, selon lui, sa plus importante
contribution.
Hugo de Vries
(1848-1935), botaniste néerlandais. Doctorat à Leyde, séjour en
Allemagne, professeur de botanique à l'université d'Amsterdam.
En 1901, isolant des variétés sauvages d'une banale herbe aux
ânes, observe que celles-ci présentent, outre leurs variations expérimen-
talement observables, une série de variations brusques et discontinues,
suffisamment radicales pour engendrer ce qui semble être de nouvelles
espèces. Redécouvre la loi de disjonction des caractères formulée par
Mendel. Donne à ce phénomène le nom de mutation, qu'il oppose à la
variabilité fluctuante et limitée, postulée par Darwin.
À l’opposé de l’hérédité qui désigne l’influence immédiate du père
et de la mère, l’atavisme (du latin atavi : ancêtres) manifeste la persis-
tance de caractères que l’on pouvait croire définitivement perdus au cours
de l’évolution.* « Grâce à l’atavisme, l’hérédité n’est plus un bloc
cheminant de génération en génération (…), c’est une poussière d’étoiles
dans laquelle chacun de nous puise pour composer sa constellation
personnelle. » (Michel Tournier)
*Ainsi, tel porcelet présente sur le dos et les flancs les stries longitudinales
des marcassins, résurgence des sangliers sauvages. Ainsi l’embryon humain, entre
la 5ème et la 8ème semaine, comporte des fentes branchiales et une queue comme
nos ancêtres très lointains descendant des poissons et des primates. ■

More Related Content

What's hot (13)

03 l'europe des lumières
03 l'europe des lumières03 l'europe des lumières
03 l'europe des lumières
 
Chercheurs de connaissance, science et technique. — 08. De 1945 à 1955
Chercheurs de connaissance, science et technique. — 08. De 1945 à 1955Chercheurs de connaissance, science et technique. — 08. De 1945 à 1955
Chercheurs de connaissance, science et technique. — 08. De 1945 à 1955
 
Chercheurs de sens. — 11. De 1901 à 1907
Chercheurs de sens. — 11. De 1901 à 1907Chercheurs de sens. — 11. De 1901 à 1907
Chercheurs de sens. — 11. De 1901 à 1907
 
Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 07. De 1940 à 1949
Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 07. De 1940 à 1949Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 07. De 1940 à 1949
Penseurs et acteurs d’un changement sociétal. — 07. De 1940 à 1949
 
3 - Le doute rend heureux – La Mothe le Vayer
3 - Le doute rend heureux – La Mothe le Vayer3 - Le doute rend heureux – La Mothe le Vayer
3 - Le doute rend heureux – La Mothe le Vayer
 
Chercheurs de sens. — 06. De 1600 à 1749
Chercheurs de sens. — 06. De 1600 à 1749Chercheurs de sens. — 06. De 1600 à 1749
Chercheurs de sens. — 06. De 1600 à 1749
 
Chronologie 1631 à 1670
Chronologie 1631 à 1670Chronologie 1631 à 1670
Chronologie 1631 à 1670
 
Fotios & Kunyi
Fotios & KunyiFotios & Kunyi
Fotios & Kunyi
 
FRANÇOIS RABELAIS
FRANÇOIS RABELAIS FRANÇOIS RABELAIS
FRANÇOIS RABELAIS
 
Chercheurs de sens. — 13. De 1916 à 1923
Chercheurs de sens. — 13. De 1916 à 1923Chercheurs de sens. — 13. De 1916 à 1923
Chercheurs de sens. — 13. De 1916 à 1923
 
Auteurs humanistes : FRANÇOIS RABELAIS
Auteurs humanistes : FRANÇOIS RABELAISAuteurs humanistes : FRANÇOIS RABELAIS
Auteurs humanistes : FRANÇOIS RABELAIS
 
Karl marx et Friedrich Engels..Sur la religion
Karl marx et Friedrich Engels..Sur la religionKarl marx et Friedrich Engels..Sur la religion
Karl marx et Friedrich Engels..Sur la religion
 
2 socrate-sophistes
2 socrate-sophistes2 socrate-sophistes
2 socrate-sophistes
 

Similar to Chercheurs de connaissance, science et technique. — 03. De 1601 à 1849

Cours 5 l'epoque moderne
Cours 5 l'epoque moderneCours 5 l'epoque moderne
Cours 5 l'epoque moderneSenouciKhadidja
 
Tè Ra : Quand l’Histoire dépasse la fiction
Tè Ra : Quand l’Histoire dépasse la fictionTè Ra : Quand l’Histoire dépasse la fiction
Tè Ra : Quand l’Histoire dépasse la fictionHervé Cariou
 
Diaporama renaissance-humanisme
Diaporama renaissance-humanismeDiaporama renaissance-humanisme
Diaporama renaissance-humanismeDuretC
 
Trésors scientifiques
Trésors scientifiquesTrésors scientifiques
Trésors scientifiquesPezou
 
Recherches en science
Recherches en scienceRecherches en science
Recherches en scienceBenoit Fabre
 
4- un prêtre libertin – pierre gassendi - pour pdf
4- un prêtre libertin – pierre gassendi - pour pdf4- un prêtre libertin – pierre gassendi - pour pdf
4- un prêtre libertin – pierre gassendi - pour pdfUPIM
 
Isaac newton-biographie
Isaac newton-biographieIsaac newton-biographie
Isaac newton-biographieHakim Tinaou
 
Empirisme ou positivisme logique : Contexte de parution & Thèses principales.pdf
Empirisme ou positivisme logique : Contexte de parution & Thèses principales.pdfEmpirisme ou positivisme logique : Contexte de parution & Thèses principales.pdf
Empirisme ou positivisme logique : Contexte de parution & Thèses principales.pdfMar Tur
 
L'ordre des cieux. french. français
L'ordre des cieux. french. françaisL'ordre des cieux. french. français
L'ordre des cieux. french. françaisHarunyahyaFrench
 
Scientisme et antiscience
Scientisme et antiscienceScientisme et antiscience
Scientisme et antiscienceMichelJuste
 
L'Europe des Lumières
L'Europe des LumièresL'Europe des Lumières
L'Europe des LumièresXavier Monty
 

Similar to Chercheurs de connaissance, science et technique. — 03. De 1601 à 1849 (20)

Chercheurs de connaissance, science et technique. — 02. De 1200 à 1600
Chercheurs de connaissance, science et technique. — 02. De 1200 à 1600Chercheurs de connaissance, science et technique. — 02. De 1200 à 1600
Chercheurs de connaissance, science et technique. — 02. De 1200 à 1600
 
Cours 5 l'epoque moderne
Cours 5 l'epoque moderneCours 5 l'epoque moderne
Cours 5 l'epoque moderne
 
Chercheurs de connaissance, science et technique. — 01. De l’Antiquité à 1200
Chercheurs de connaissance, science et technique. — 01. De l’Antiquité à 1200Chercheurs de connaissance, science et technique. — 01. De l’Antiquité à 1200
Chercheurs de connaissance, science et technique. — 01. De l’Antiquité à 1200
 
Tè Ra : Quand l’Histoire dépasse la fiction
Tè Ra : Quand l’Histoire dépasse la fictionTè Ra : Quand l’Histoire dépasse la fiction
Tè Ra : Quand l’Histoire dépasse la fiction
 
Diaporama renaissance-humanisme
Diaporama renaissance-humanismeDiaporama renaissance-humanisme
Diaporama renaissance-humanisme
 
Trésors scientifiques
Trésors scientifiquesTrésors scientifiques
Trésors scientifiques
 
02.rabelais
02.rabelais02.rabelais
02.rabelais
 
Recherches en science
Recherches en scienceRecherches en science
Recherches en science
 
Chercheurs de connaissance, science et technique en santé physique et psychiq...
Chercheurs de connaissance, science et technique en santé physique et psychiq...Chercheurs de connaissance, science et technique en santé physique et psychiq...
Chercheurs de connaissance, science et technique en santé physique et psychiq...
 
4- un prêtre libertin – pierre gassendi - pour pdf
4- un prêtre libertin – pierre gassendi - pour pdf4- un prêtre libertin – pierre gassendi - pour pdf
4- un prêtre libertin – pierre gassendi - pour pdf
 
Los Lumieres
Los LumieresLos Lumieres
Los Lumieres
 
03.rabelais
03.rabelais03.rabelais
03.rabelais
 
Isaac newton-biographie
Isaac newton-biographieIsaac newton-biographie
Isaac newton-biographie
 
Empirisme ou positivisme logique : Contexte de parution & Thèses principales.pdf
Empirisme ou positivisme logique : Contexte de parution & Thèses principales.pdfEmpirisme ou positivisme logique : Contexte de parution & Thèses principales.pdf
Empirisme ou positivisme logique : Contexte de parution & Thèses principales.pdf
 
Chercheurs de sens. — 17. De 1941 à 1945
Chercheurs de sens. — 17. De 1941 à 1945Chercheurs de sens. — 17. De 1941 à 1945
Chercheurs de sens. — 17. De 1941 à 1945
 
L'ordre des cieux. french. français
L'ordre des cieux. french. françaisL'ordre des cieux. french. français
L'ordre des cieux. french. français
 
Notre place à l´univers 2
Notre place à l´univers 2Notre place à l´univers 2
Notre place à l´univers 2
 
Notre place à l´univers 2
Notre place à l´univers 2Notre place à l´univers 2
Notre place à l´univers 2
 
Scientisme et antiscience
Scientisme et antiscienceScientisme et antiscience
Scientisme et antiscience
 
L'Europe des Lumières
L'Europe des LumièresL'Europe des Lumières
L'Europe des Lumières
 

More from Institut de recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits

More from Institut de recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits (20)

Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12z. Mémoire des guerres : Mu...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12z. Mémoire des guerres : Mu...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12z. Mémoire des guerres : Mu...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12z. Mémoire des guerres : Mu...
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h-2. Mémoire des guerres : ...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h-2. Mémoire des guerres : ...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h-2. Mémoire des guerres : ...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h-2. Mémoire des guerres : ...
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12 h-1. Mémoire des guerres :...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12 h-1. Mémoire des guerres :...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12 h-1. Mémoire des guerres :...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12 h-1. Mémoire des guerres :...
 
Armes nucléaires. — 11. Tous ces États qui refusent les armes nucléaires
Armes nucléaires. — 11. Tous ces États qui refusent les armes nucléairesArmes nucléaires. — 11. Tous ces États qui refusent les armes nucléaires
Armes nucléaires. — 11. Tous ces États qui refusent les armes nucléaires
 
Préparer la défense civile non-violente. — 01. Une alternative à la défense a...
Préparer la défense civile non-violente. — 01. Une alternative à la défense a...Préparer la défense civile non-violente. — 01. Une alternative à la défense a...
Préparer la défense civile non-violente. — 01. Une alternative à la défense a...
 
Armes nucléaires. — 11. Les États refusant les armes nucléaires
Armes nucléaires. — 11. Les États refusant les armes nucléairesArmes nucléaires. — 11. Les États refusant les armes nucléaires
Armes nucléaires. — 11. Les États refusant les armes nucléaires
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h. Mémoire des guerres : Mu...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h. Mémoire des guerres : Mu...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h. Mémoire des guerres : Mu...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12h. Mémoire des guerres : Mu...
 
Chercheurs de sens. — 102. Figures du protestantisme de Luther à nos jours
Chercheurs de sens. — 102. Figures du protestantisme de Luther à nos joursChercheurs de sens. — 102. Figures du protestantisme de Luther à nos jours
Chercheurs de sens. — 102. Figures du protestantisme de Luther à nos jours
 
Chercheurs de sens. — 03. Jésus de Nazareth
Chercheurs de sens. — 03. Jésus de NazarethChercheurs de sens. — 03. Jésus de Nazareth
Chercheurs de sens. — 03. Jésus de Nazareth
 
Le conflit Israël-Palestine. — 02. Quelle stratégie pour les Palestiniens ? P...
Le conflit Israël-Palestine. — 02. Quelle stratégie pour les Palestiniens ? P...Le conflit Israël-Palestine. — 02. Quelle stratégie pour les Palestiniens ? P...
Le conflit Israël-Palestine. — 02. Quelle stratégie pour les Palestiniens ? P...
 
Chercheurs de sens. — 101. Figures de l’hindouïsme et du bouddhisme de l’Anti...
Chercheurs de sens. — 101. Figures de l’hindouïsme et du bouddhisme de l’Anti...Chercheurs de sens. — 101. Figures de l’hindouïsme et du bouddhisme de l’Anti...
Chercheurs de sens. — 101. Figures de l’hindouïsme et du bouddhisme de l’Anti...
 
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l’islam de Mahomet à nos jours
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l’islam de Mahomet  à nos joursChercheurs de sens. — 100. Figures de l’islam de Mahomet  à nos jours
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l’islam de Mahomet à nos jours
 
Chercheurs de sens. — 99. Figures du judaïsme de l'Antiquité à nos jours
Chercheurs de sens. — 99. Figures du judaïsme de l'Antiquité à nos joursChercheurs de sens. — 99. Figures du judaïsme de l'Antiquité à nos jours
Chercheurs de sens. — 99. Figures du judaïsme de l'Antiquité à nos jours
 
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l'islam du 6<sup>e</sup> siècle à nos j...
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l'islam du 6<sup>e</sup> siècle à nos j...Chercheurs de sens. — 100. Figures de l'islam du 6<sup>e</sup> siècle à nos j...
Chercheurs de sens. — 100. Figures de l'islam du 6<sup>e</sup> siècle à nos j...
 
Chercheurs de sens. — 21. De 1960 à 1969
Chercheurs de sens. — 21. De 1960 à 1969Chercheurs de sens. — 21. De 1960 à 1969
Chercheurs de sens. — 21. De 1960 à 1969
 
Chercheurs de sens. — 15. De 1930 à 1934
Chercheurs de sens. — 15. De 1930 à 1934Chercheurs de sens. — 15. De 1930 à 1934
Chercheurs de sens. — 15. De 1930 à 1934
 
Histoire et figures de la non-violence. — 09b. Alexeï Navalny et les dissiden...
Histoire et figures de la non-violence. — 09b. Alexeï Navalny et les dissiden...Histoire et figures de la non-violence. — 09b. Alexeï Navalny et les dissiden...
Histoire et figures de la non-violence. — 09b. Alexeï Navalny et les dissiden...
 
Histoire et figures de la non-violence. — 09. Depuis 1970
Histoire et figures de la non-violence. — 09. Depuis 1970Histoire et figures de la non-violence. — 09. Depuis 1970
Histoire et figures de la non-violence. — 09. Depuis 1970
 
Le conflit Israël-Palestine. — 06. Figures de la résistance à l'occupation is...
Le conflit Israël-Palestine. — 06. Figures de la résistance à l'occupation is...Le conflit Israël-Palestine. — 06. Figures de la résistance à l'occupation is...
Le conflit Israël-Palestine. — 06. Figures de la résistance à l'occupation is...
 

Chercheurs de connaissance, science et technique. — 03. De 1601 à 1849

  • 1. Trombinoscopes "Chercheurs d’humanité" Chercheurs de connaissance, science et technique 3 - de 1601 à 1849 Étienne Godinot .14.09.2021
  • 2. Athanasius Kircher (1602-1680), jésuite et savant allemand. Étudie puis enseigne à Paderborn, Münster, Cologne, Würtzbourg. Se réfugie à Avignon pendant la Guerre de 30 ans. Termine sa vie à Rome. Polygraphe et polyglotte, considéré de son vivant comme "le maître des 100 savoirs", auteur de 39 livres. Aborde presque tous les domaines du savoir de son temps, écrit des ouvrages magnifiquement illustrés sur l'astronomie, l’acoustique (mégaphone), l'optique (lanterne magique), la géologie (volcanologie, tremblements de Terre), la chimie, la médecine (microorganismes), la mécanique, la musique, les courants marins, le magnétisme, la linguistique (chinois, copte, hiéroglyphes) et l’archéologie, la kabbale. Imagine une pasigraphie, ou écriture universelle, que chacun pourrait lire dans sa langue. Rejette l’alchimie. Cet encyclopédisme traduit l'ambition non seulement de montrer l'unité profonde d'un monde qui est la manifestation de Dieu et où « Tout est dans tout", mais encore, en dégageant les connexions et les correspondances les plus secrètes entre les choses, de se rapprocher de cette connaissance parfaite que, selon les kabbalistes, l'Esprit-Saint communique à l'homme dans "la mort par le baiser". Souvent contraint de masquer ses propos pour sembler fidèle aux dogmes (géocentrisme de Ptolémée et Aristote) et contourner la censure, ce qui lui vaudra aussi une réputation de dilettante.
  • 3. Blaise Pascal (1623-1662), mathématicien (démontre à 12 ans la 32ème proposition d’Euclide, cycloïde), physicien (pression atmosphérique, vide), inventeur (machine à calculer, brouette, presse hydraulique, système de transports en commun urbains), philosophe, moraliste et théologien français. Ayant échappé à une chute du pont de Neuilly, et après une nuit d’extase mystique en novembre 1654, se consacre à la réflexion philosophique et religieuse, sans toutefois renoncer aux travaux scientifiques. Identifie trois ordres, niveaux de réalité ou plans d’existence : l'ordre du corps, l'ordre de l'esprit ou de la raison, et l'ordre du cœur ou de la charité. « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie. » « Quelle chimère est-ce donc que l'homme ? Quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige ? » « L'homme est un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant. » « Deux excès : exclure la raison, n’admettre que la raison. » « Nous connaissons la vérité non seulement par la raison, mais encore par le cœur. (…) Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point. » ../..
  • 4. Giovanni Domenico Cassini (1625-1712), astronome et ingénieur italien. Travaille à l'observa- toire de Panzano et enseigne la géométrie euclidienne et l'astronomie de Ptolémée. Attiré en France par Colbert en 1669, s'y fait naturaliser, est reçu membre de l‘’Académie des Sciences’. Dirige l'observatoire de Paris à partir de 1671. Participe à la découverte de la variation d'intensité de la pesanteur en fonction de la latitude au cours d'un voyage à Cayenne. Découvre la grande tache rouge de Jupiter, 4 satellites de Saturne et la division des anneaux, détermine la vitesse de rotation de Jupiter, Mars et Vénus, fait une cartographie de la Lune. Fait la première mesure précise de la distance de la Terre au Soleil, détermine la parallaxe du Soleil, observe la lumière zodiacale et en déduit qu’elle a une origine cosmique et non météorologique. Le premier à observer la rotation différentielle dans l'atmosphère de Jupiter. Formule en 1693 ce qui sera appelé les lois de Cassini. S’attribue l’honneur d’avoir dirigé la mesure de la Terre, exécutée par l’abbé Jean Picard (1620-1682). Perd la vue en 1711.
  • 5. Christiaan Huygens en latin Christianus Hugenius, (1629-1695), mathématicien, astronome et physicien néerlandais. Études de droit et de mathémati- ques. Prenant appui sur la conservation cartésienne de la quantité de mouvement mv, utilise le principe de relativité pour changer de référentiel et détermine les lois du choc élastique. Améliore les lentilles des télescopes, et en 1655, découvre Titan, la première lune observée de Saturne. Découvre plusieurs nébuleuses, dont celle d’Orion, et quelques étoiles doubles. Publie le premier livre sur le calcul des probabilités dans les jeux de hasard. Régule des horloges au moyen d'un pendule, afin de rendre la mesure du temps plus précise. En 1659, découvre la formule donnant la force centrifuge. En 1666, à l'invitation de Colbert, s'installe à Paris comme membre de l‘’Académie Royale des Sciences’. En réponse aux articles de Newton sur la lumière composée de corpuscules, affirme qu’elle est composée d’ondes. En 1673, avec son jeune assistant Denis Papin (1647-1713), met en évidence à Paris le principe des moteurs à combustion interne, qui conduiront au XIXe siècle à l'invention de l'automobile.
  • 6. Antoni van Leeuwenhoek (1632-1723), commerçant et savant néerlandais. Apprenti chez un drapier, comptable, caissier, drapier, chambellan auprès des juges de Delft, géomètre. Ses emplois municipaux lui laissent un temps considérable pour la microscopie. Poursuit l'œuvre de Jan Swammerdam (1637-1680), naturaliste pionnier de l'usage du microscope en biologie, qui vivait à Amsterdam. Développe la technique pour fabriquer des lentilles de microscope d’une qualité et d’une puissance inconnues ailleurs dans le monde scientifi- que de son époque. Les meilleurs de ses appareils (photo du bas) peuvent agrandir 275 fois. Dès 1674, en tire de nombreuses et étonnantes observa- tions très en avance sur son temps : découverte des protozoaires (1674) et des spermatozoïdes (1677). Un des précurseurs de la biologie cellulaire et de la microbiologie. Affirme aussi l'existence des bactéries. Observant que l’anguillule du vinaigre est vivipare, s’oppose à la théorie de la génération spontanée. Étudie les globules rouges, l’anatomie de nombreux insectes, la structure des feuilles et du bois, de divers métaux, des roches, des cristaux, des sels. Estime que la Terre pourrait accueillir 13,4 milliards d’humains. Membre de la Royal Society de Londres et de l’Académie des Sciences de Paris.
  • 7. Antoni van Leeuwenhoek et les bactéries Il existe environ 10 000 espèces de bactéries connues à ce jour, mais la diversité réelle du groupe est probablement supérieure. L'estimation du nombre des espèces oscille entre 5 et 10 millions. Elles peuvent vivre dans des milieux très variés et inhospita- liers (acidité et températures extrêmes) : sol, eaux douces, marines ou saumâtres, air, profondeurs océaniques, déchets radioactifs, croûte terrestre, peau, intestin, etc. Il y a 3,5 milliards d’années, les cyanobactéries, improprement appelées « algues bleues », ont été capables de capturer le carbone contenu dans le CO2, tout en rejetant de l’oxygène (photosynthèse). Elles sont responsables de la ‘grande oxydation’, un bouleversement écologique majeur vers - 2,45 milliards d’années et ont contribué au premier puits biologique de carbone et à une désacidification des océans, lorsqu'elles se sont organisées en colonies fixées (stromatolithes), capables de produire du calcaire. Les bactéries ont une importance considérable dans les cycles biogéochimiques comme le cycle du carbone et la fixation de l’azote de l’atmosphère.
  • 8. Isaac Newton (1643-1727), philosophe, mathématicien, physicien, alchimiste, astronome et théologien britannique. En optique, comprend que la lumière blanche n'est pas une entité, mais est la somme de lumières colorées, invente le télescope à miroir sphérique dépourvu d'aberration chromatique. En mécanique, établit les trois lois universelles du mouvement ou "mécanique classique". Généralise le théorème du binôme. Montre que le mouvement des objets sur Terre et des corps célestes sont gouvernés par les mêmes lois naturelles. En se basant sur les lois de Kepler sur le mouvement des planètes, énonce la loi universelle de la gravitation. Développe le calcul infinitésimal. Effectue des recherches dans les domaines de la théologie, de la chronologie, de l'alchimie et de la chimie. « Tous les corps s'attirent avec une force proportionnelle à leur masse respective et inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare ».
  • 9. Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716), philosophe, théologien, physicien, mathématicien, historien, logicien, diplomate, juriste, bibliothécaire et philologue allemand. Écrit en latin, allemand et français. En mathématiques, invente le calcul différentiel ; en physique, formule la loi de la conservation de l’énergie. Conçoit le projet d’une encyclopédie ou ‟bibliothèque universelle”. Tente, en vain, de réconcilier les églises chrétiennes protestantes et catholique. Tous les philosophes ont, à ses yeux, apporté une contribution positive à la pensée : il s'efforce de retenir la meilleure partie des systèmes de ses prédécesseurs. Sa philosophie est rationaliste (place dans la raison le principe ou du moins la règle de toute la connaissance humaine), spiritualiste (voit dans l'esprit la première et la plus positive des réalités), théiste (cherche dans l'idée de la perfection absolue le secret de l'explication universelle). C'est dans l'effort par lequel l'être actualise successivement ses virtualités que consiste son activité et son existence même. Notre âme seule peut nous en donner une idée en nous montrant dans l'intelligence comment l'unité peut envelopper la multiplicité, et dans la volonté comment le réel peut envelopper le possible. « Pourquoi y a t-il quelque chose plutôt que rien ? »
  • 10. Edmond Halley (1656-1742), astronome et ingénieur britannique. Se passionne très tôt pour l'astronomie. Sans doute marqué par le passage de deux grandes comètes en 1664 et 1665, se révèle doué pour les calculs astronomiques dès son plus jeune âge. En 1676, cartographie le ciel austral depuis l'île Sainte-Hélène. Observe un passage de Mercure devant le Soleil et relève la position de 350 étoiles. Admis à 22 ans au sein de la Royal Society. Excellent marin, réalisera d'autres voyages à but scientifique pour étudier la météorologie, les courants océaniques et les animaux marins. En 1680, rencontre à l'Observatoire de Paris Giovanni-Domenico Cassini qui le pousse à travailler sur l'orbite des comètes. S'y consacre, et ses échanges avec Isaac Newton à partir de 1684 l'aident à élaborer sa théorie : recalculant les orbites de 24 comètes passées au périhélie* depuis le 14ème siècle, remarque des similitudes entre 3 d'entre elles, celles de 1531, 1607 et 1682. En déduit qu'il s'agit de la même comète dont l'orbite autour du Soleil lui confère une périodicité d'environ 76 ans, et prédit son retour en 1758. Propose une méthode utilisant les passages de Vénus devant le Soleil pour mesurer avec précision la distance de la Terre au Soleil. Équipe l‘Observatoire de Greenwich des premiers instruments qui feront sa réputation. * Le périhélie correspond au point de l’orbite d’une planète le plus proche du Soleil
  • 11. Emanuel Swedenborg (1688-1772), scientifique, théologien et philosophe suédois. Chercheur, ingénieur et inventeur prolifique en métallurgie, minéralogie, cristallographie, zoologie, chimie, physique, magnétisme, cosmologie, anatomie, physiologie, biologie. Membre de l’’Académie royale’ de Stockholm. S’intéresse aux finances et aux affaires politiques de son pays. Passe, entre 1743 et 1745, par une crise mystique. Le premier penseur qui soumet le domaine spirituel à la souveraineté de la loi ‟naturelle”, car, à ses yeux, l'Ordre Divin, qui règne à tous les degrés de la création visible et invisible, forme un tout homogène et indivisible. Affirme qu'il a été choisi par le Seigneur pour révéler aux hommes le sens spirituel de la Parole de Dieu. Base son interprétation spirituelle de l'Écriture sur la science des correspondances qui existent entre le monde spirituel (celui des causes) et le monde naturel (celui des effets). Le Ciel et l‘Enfer ne sont pas des récompen- ses ou des punitions mais des états librement choisis : le Ciel est un lieu de travail, d'altruisme, d'empathie, l’Enfer est le règne de l'individualisme, de la haine, de la méfiance, de la poursuite du pouvoir. « Toute religion appartient à la vie, et la vie de la religion est de faire le bien. »
  • 12. John Harrison À partir de 1730 et jusqu’à la fin de sa vie, se consacre à la création de chronomètres de marine pour la détermination de la longitude. Invente en 1736 le chronomètre H1 (photo du milieu), et en 1741 le H2, plus compact. Découvre une erreur de conception des balanciers, et travaille sur son 3ème chronomètre, le H3. En 1759, tirant profit du nouvel acier de Sheffield élaboré par Benjamin Huntsman (1704-1776), conçoit une montre de précision qu’il fait fabriquer par John Jefferys et qui possède un nouvel échappement, et s’en inspire pour son 4ème chronomètre, le H4 (photo du bas). Son chronomètre H5, en 1772, ne fait une erreur que d’environ un tiers de seconde par jour. Ses inventions marquent l’histoire de la marine en permettant d’amé- liorer la précision des approches et de diminuer sensiblement le risque d’échouement, et l’histoire de l’horlogerie par l’invention de nombreux dispositifs. (1693-1776), artisan ébéniste et horloger britannique. Autodidacte. Met au point sur une horloge un ’échappement de sauterelle’, contrôle du mouvement pas à pas, sans friction et ne nécessitant donc pas de lubri- fication. Invente le gridiron pendulum, ayant des tiges de 2 métaux diffé- rents pour être moins sensible aux variations de température, puis le premier élément bilame : deux fines lames de deux matériaux ayant des coefficient de dilatation différents et collées entre elles se déforment sous l’action de la chaleur. Ce dispositif est utilisé de nos jours dans les thermostats.
  • 13. Carl von Linné Carl Linnæus (1707-1778), naturaliste suédois anobli sous le nom de Carl von Linné. Formation médicale, séjour à Amsterdam. Réalise un grand herbier, pour lequel il va chercher des plantes jusqu'en Laponie. Rencontre en 1729 Peter Artedi (1705-1735). Les deux jeunes gens conçoivent ensemble le plan d'une classification générale des êtres naturels. Professeur de botanique à l'université d'Uppsala, puis fonde l'Académie des Sciences de Suède. En 1753, répartit tous les végétaux en 24 classes selon la disposition de leurs étamines. Sa nomenclature binomiale pour identifier les plantes et les animaux est exposée en 1758 dans son ouvrage majeur Systema naturae,. Cette nomenclature internationale, basée sur la juxtaposition de deux termes latins désignant respectivement le genre et l’espèce (par ex. Loup : Canis genre lupus espèce) forme la base de la taxinomie* moderne Fixiste convaincu, refuse la théorie de l'évolution. * taxinomie ou taxonomie : branche de la biologie qui a pour objet de décrire les organismes vivants et de les regrouper en entités (appelées taxons) afin de les identifier puis les nommer et enfin les classer et de les reconnaitre via des clés de détermination..
  • 14. Buffon Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788), naturaliste, mathématicien, biologiste, cosmologiste et écrivain français. Partage son temps entre ses fonctions d’intendant du ‘Jardin du Roi’ (actuellement ‘Muséum national d’histoire naturelle’) et son domaine de Montbard. Soucieux de fonder la connaissance scientifique sur l’observa- tion et l’expérience. Conteste la méthode de classification du naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), basée sur les fleurs, et lui préfère l'intérêt subjectif qu'ont les animaux pour l'homme. L'Histoire naturelle, son œuvre majeure (36 volumes), dont les premiers volumes paraissent en 1749, l'occupe toute sa vie. Avec les philosophes des ‘Lumières’, partage le scepticisme religieux, le matérialisme et l'amour de la raison contre le mysticisme, mais devient peu à peu déiste. Écrit sur l’histoire de la Terre, suppose la dérive des continents. Prouve la réalité des miroirs ardents d'Archimède et les hypothèses de l’États-unien Benjamin Franklin (1706-1790) sur la foudre et l'électricité. Inquiété par l’Église pour ses théories sur la formation de l'univers et sur l'évolution de la Terre et du vivant. La Sorbonne finit par abandonner les poursuites en avril 1781, en contrepartie d'une vague promesse de contrition.
  • 15. Charles Bonnet (1720-1793), naturaliste et philosophe suisse genevois. Juriste, passionné par l'histoire naturelle et la physiologie végétale. À l’âge de 20 ans, nommé correspondant de l‘’Académie des Sciences’ de Paris pour avoir réussi la démonstration expérimentale de la parthénogenèse du puceron. Son Traité d'insectologie (1745) met fin au dogme de la génération sexuée. Frappé par la cécité et par une attaque de paralysie, ne pouvant plus se servir de microscope, s’oriente vers la biologie théorique. En 1764, publie Contemplation de la nature, ouvrage de synthèse traduit dans les principales langues européennes. Profondément religieux et optimiste quant au devenir des êtres et des espèces. Dans Palingénésie philosophique (1769), puise à des connaissances très vastes comme la géologie, la biologie, la psychologie et la métaphysique pour décrire la vie sur Terre et son futur. Affirme que la Terre subit périodiquement des catastrophes universelles qui détruisent presque toute vie et que les survivants montent d'un degré sur l'échelle de l'évolution. Défend l'immortalité de l'âme de l'être humain, mais aussi de celle des animaux. « L’opinion commune qui condamne à une mort éternelle tous les êtres organisés à l’exception de l’homme appauvrit l’univers. »
  • 16. John Michell (1724-1793), physicien, astronome et géologue britannique, un des fondateurs de la sismologie moderne. Travaille sur les aimants et le magnétisme. Invente la balance de torsion, appareil servant à mesurer de très faibles forces*. Après le tremblement de terre de Lisbonne (1er novembre 1755), suggère que les mouvements du sol impliqués dans un séisme se propagent à l'intérieur de la Terre sous forme d'ondes à partir d'une rupture dans la croûte terrestre. Certains de ses travaux ne seront redécouverts par les astronomes que dans les années 1970. Le premier à imaginer un objet céleste assez lourd pour empêcher tout échappement de lumière. Un tel objet, invisible, est proche de ce que l'on appelle aujourd'hui un trou noir. Devance le mathématicien français Pierre-Simon de Laplace (qui promeut lui aussi la même idée dans son livre Exposition du Système du Monde en 1796, sans doute en s'inspirant de Michell bien qu'il ne l'ait pas cité. * Ce dispositif permet à Henry Cavendish (1731-1810, photo du milieu) et à Charles-Augustin Coulomb (1736-1806, photo du bas), à la fin du 18ème siècle, de mesurer les forces exercées par les charges électriques, le magnétisme ou encore la gravitation.
  • 17. William Herschel Né Friedrich Wilhelm Herschel (1738-1822), astronome et musicien britannique d'origine allemande. Enfance à Hanovre. Copiste musical, professeur de musique, compositeur en Angleterre. Astronome amateur, construit en 1778 un télescope qui grossit 227 fois. Travaille avec sa sœur Caroline. Découvre la planète Uranus, détecte le mouvement du Soleil vers un point de la constellation d'Hercule. Attribue à la météorologie certains changements observés à la surface de Mars et suppose, le premier, que cette planète a une atmosphère. Découvre prés de 2500 nébuleuses qu’il classe dans 2 familles distinctes : les amas stellaires et les nébuleuses diffuses. En 1785, propose un modèle d'univers lenticulaire. Ce modèle est une approxima- tion grossière du modèle contemporain de la Voie lactée. Semble avoir eu l'intuition de nébuleuses extragalactiques. En 1787, met en service un nouveau télescope dont le miroir fait 48 cm de diamètre avec lequel il découvre deux satellites d'Uranus, Titania et Obéron et deux ans plus tard les satellites de Saturne, Mimas et Encelade. En 1800, découvre les "rayons calorifiques", que nous appelons aujourd'hui rayonnement infrarouge. En 1802, montre qu'il y a des étoiles binaires.
  • 18. Nicolas de Condorcet Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, (1743-1794), philosophe, économiste, mathématicien et homme politique français, représentant des ‘Lumières’. Effectue des travaux pionniers sur la statistique et les probabilités, le calcul intégral, une analyse des modes de scrutin possibles ("paradoxe de Condorcet"). Rédige pour l’Encyclopédie des articles d'économie politique Mène une action politique, tant avant la Révolution que sous celle-ci. Combat la peine de mort et l’esclavage, lutte en faveur de l’égalité des droits. Siégeant parmi les Girondins, propose des réformes du système éducatif (gratuité, obligation, laïcité et universalité) ainsi que du droit pénal (dénonciation des lettres de cachet, jury pénal). Ne vote pas la mort de Louis XVI. La Convention nationale ordonne son arrestation en 1793. Écrit dans la clandestinité son Esquisse d’un tableau des progrès de l’esprit humain, où, convaincu du développement indéfini des sciences, il affirme que le progrès intellectuel et moral de l’humanité peut être assuré grâce à une éducation bien orientée. Emprisonné en 1794, trouvé mort dans sa cellule deux jours plus tard, probablement suicidé par empoisonnement. « Nous ne désirons pas que les hommes pensent comme nous mais qu'ils apprennent à penser d'après eux-mêmes. »
  • 19. Antoine Laurent de Lavoisier (1743-1794), chimiste, philosophe et économiste français. Fermier général, Régisseur des Poudres, Académicien. Père de la chimie moderne, qui se développera à partir des bases et des notions qu'il a établies et d'une nouvelle exigence de précision offerte par les instru- ments qu'il a mis au point. Ses contributions à la révolution chimique et à la méthode scientifique sont à la fois techniques, expérimentales et épistémologiques. Découvre l'oxydation, les composants de l'air et de l'eau, l'état de la matière, travaille sur l’éclairage de Paris, la combustion, la respiration, l’agriculture. Sollicité par l'administration royale puis révolutionnaire sur de très nombreux sujets, depuis l'instruction publique jusqu'à l'hygiène en passant par les poids et mesures (système métrique) et le système monétaire. Avant d’être guillotiné (en même temps que 26 anciens Fermiers généraux), demande un sursis pour terminer une expérience… Sa maxime « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » est la paraphrase de celle du philosophe grec présocratique Anaxagore (- 500 - 428) : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau. »
  • 20. Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829), naturaliste français. Professeur de zoologie des invertébrés au ‘Muséum d’histoire naturelle’. Réalise la classification des invertébrés, qui regroupent environ 80 % des animaux. Un de ceux qui ont pour la première fois utilisé le terme de biologie pour désigner la science qui étudie les êtres vivants. Élabore une théorie transformiste de leur apparition par évolution naturelle. « L'homme par son égoïsme trop peu clairvoyant pour ses propres intérêts, par son penchant à jouir de tout ce qui est à sa disposition, en un mot par son insouciance pour l'avenir et pour ses semblables, semble travailler à l'anéantissement de ses moyens de conservation et à la destruction même de sa propre espèce. En détruisant partout les grands végétaux qui protégeaient le sol, pour des objets qui satisfont son avidité du moment, il amène progressivement à la stérilité ce sol qu'il habite, donne lieu au tarissement des sources, en écarte les animaux qui y trouvaient leur subsistance, et fait que de grandes parties, autrefois fertiles et très peuplées à tous égards, sont maintenant stériles, inhabita- bles et désertes. (…) On dirait que l’homme est destiné à s’exterminer lui-même après avoir rendu le globe inhabitable ».
  • 21. Alessandro Volta (1745-1827), physicien et chimiste lombard. Issu d'une famille aristocratique, professeur de physique à l’École royale de Côme puis à l’université de Pavie. Simplifie la fabrication de l’électrophore, machine électrostatique. Isole le méthane du gaz des marais. Étudie la dilatation des gaz et perfectionne l'eudiomètre. De 1780 à 1783, visite la France, l'Allema- gne, les Pays-Bas et l'Angleterre, collabore avec Antoine de Lavoisier et Pierre-Simon de Laplace à une étude de l'électricité atmosphérique. La découverte de l'électricité animale (par Luigi Galvani, 1737- 1798) l’amène à étudier dès 1792 les conditions d'excitation des muscles d'une grenouille. Introduit la notion de "couple électrochimi- que". À partir du couple zinc-argent, invente la première pile électrique (appelée pile voltaïque) : un empilement de couples de disques zinc- cuivre en contact direct, chaque couple étant séparé du suivant par un morceau de tissu imbibé d’eau salée. Souligne le fait que, lorsqu'on les sépare, la lame de cuivre prend une charge négative, et celle de zinc une charge positive. Son nom est à l'origine de l'unité de tension électrique, le volt.
  • 22. Antoine-Laurent de Jussieu (1748-1836), botaniste français. Durant près de 150 ans, les trois frères Antoine, Bernard et Joseph, puis leur neveu Antoine-Laurent et son fils Adrien, tous médecins, se côtoient ou se succèdent au Jardin du Roi et à l’Académie des sciences. En 1794, nommé directeur du nouveau Muséum national d'histoire naturelle. Franc-Maçon. Développe les idées de son oncle Bernard de Jussieu (1699-1777) sur la classification des végétaux suivant un système basé sur la morphologie des plantes. En 1774, fait paraître Exposition d'un nouvel ordre des plantes, puis 15 plus tard Genera plantarum. Les plantes à fleurs sont ainsi divisées en 15 classes et en 100 ordres. Apparaissent, pour la première fois, les notions d'étamines hypogynes, périgynes et épigynes qui sont encore en usage actuellement. La méthode employée dans cet ouvrage sera reprise en zoologie par Georges Cuvier (1769-1832), et affinée puis formalisée par le Suisse Augustin Pyrame de Candolle (1778-1841), qui la complétera en appor- tant de nouvelles distinctions dans la classification, confortées par les résultats de la phylogénie*. * Phylogénie ou philogenèse : étude des relations de parenté entre êtres vivants (entre individus, entre populations, entre espèces)
  • 23. Pierre-Simon de Laplace (1749-1827), mathématicien, astronome, physicien et homme politique français. S'intéresse de près à la question de la stabilité à long terme du système solaire. Contribue de façon décisive à l'émergence de l'astronomie mathématique, reprenant et étendant le travail de ses prédécesseurs dans son Traité de Mécanique céleste (1799-1825). Cet ouvrage majeur, en cinq volumes, transforme l'approche géomé- trique de la mécanique développée par Newton en une approche fondée sur l'analyse mathématique. Un des premiers scientifiques à concevoir l'existence de sortes de trous noirs (que John Michell est le premier à imaginer) dans le cadre de la physique classique. Après avoir effectué ses premiers travaux sur les probabilités entre 1771 et 1774, redécouvre notamment après le mathématicien et ex-pasteur presbytérien britannique Thomas Bayes (1702-1761, image du bas) les probabilités inverses, dites loi de Bayes-Laplace, ancêtres des statistiques inférentielles, et publie en 1812 sa Théorie analytique des probabilités.
  • 24. Thomas Taylor (1758-1835), traducteur, penseur et écrivain anglais. Maître d'école puis commis dans banque, s'adonne aux lettres et à la philosophie. Son but est la traduction de tous les écrits non traduits des philosophes grecs antiques. Traduit en anglais Platon, Aristote, Plotin, Proclus, Porphyre, Apuleius, Ocellus Lucanus, Iamblicus, etc. N’échange avec son épouse qu’en grec classique… Écrit sur la philosophie et la mythologie des Grecs, sur la démons- tration platonicienne de l'immortalité de l'âme, sur les mystères et oracles égyptiens, chaldéens et assyriens, éleusiniens et bachiques, etc. S’insurge contre la corruption et superficialité dans le christianisme de son temps. Auteur des Éléments de la véritable arithmétique des infinis (1809) et d’une Arithmétique théorique (1816), en 3 livres, contenant la substance de tout ce qui a été écrit à ce sujet par Théon de Smyrne, Nicomachus, Iamblicus et Boetius. À leur suite, déplore que les mathéma- tiques aient été dépossédées de toute une partie de leur finalité, et que l’étude philosophique du nombre ait été négligée du fait de la prédomi- nance de l’arithmétique pratique et utilitaire. Écrit en 1823 Les éléments d'une nouvelle notation arithmétique et d'une nouvelle arithmétique des infinis.
  • 25. Claude Chappe (1763-1805), ingénieur et inventeur français. Études à Rouen, puis au Collège Royal de la Flèche. Devient prêtre, s'adonne à la mécanique et à la physique. Venu à Paris, monte un cabinet scientifique et effectue une série de recherches sur l'électricité et le pouvoir des pointes. Lors d’une expérien- ce, reproduit le phénomène de la foudre. En 1789, met au point un système d'électromètre. En 1791, communique par signaux avec des amis qui habitent à proximité. Sa réussite l'encourage à faire des recherches pour améliorer sa découverte. Place deux cadrans mobiles dotés d'aiguilles et de chiffres, appelés tachygraphes, dans deux villages distants de 15 km. Avec ses 4 frères chômeurs et politiciens, développe un système pratique de stations de relais sémaphore. Son frère Ignace Chappe (1760-1830), membre de l’Assemblée législative, l’aide à créer en 1794 une ligne de 15 stations et environ 250 km entre Paris et Lille pour transmettre les informations de guerre. Le sémaphore, ou télégraphe aérien, ou télégraphe optique, est procédé de communication de l'information à distance plus rapide que tous ceux qu'on avait utilisés jusqu'alors. En 1845, la première ligne de télégraphe électrique installée entre Paris et Rouen met fin des tours de Chappe.
  • 26. Wilhelm von Humboldt (1767-1835) philosophe et pédagogue prussien, diplomate et ministre de l'éducation, fondateur de l'université de Berlin. Auteur d’un plaidoyer en faveur des libertés des ‘Lumières’ et sur les limites de l’action de l’État. Réforme profondément le système scolaire, en se fondant sur les idées de J. H. Pestalozzi. Le système d'éducation dont il est l’architecte a fortement inspiré ceux des États-Unis et du Japon. Jette les bases du développement des sciences humaines modernes. S'intéresse à la philosophie politique, à l'esthétique, à la philosophie de l'histoire, à la religion. Linguiste, apporte d’importantes contributions à la philosophie du langage.* « La tâche ultime de notre existence est d'accorder la plus grande place au concept d'humanité dans notre propre personne (…) à travers l'impact de nos actions dans nos vies (…) L'éducation individuelle ne peut continuer que dans le contexte plus large du développement du monde ». * Esprit pénétré du don des langues, en manie une soixantaine, du malgache au guarani, en passant par le copte, le lapon, le mandchou, l'auvergnat et le wolof. Compose une trentaine de grammaires, est le principal découvreur des langues du Nouveau Monde et de l'Océanie.
  • 27. Georges Cuvier Jean Léopold Nicolas Frédéric Cuvier (1769-1832), anatomiste français. Études à l’’Académie Caroline’ de Stuttgart, précepteur dans une famille noble, puis Directeur du ‘Muséum d’Histoire Naturelle’ en 1808. Promoteur de l'anatomie comparée dont les bases ont été mises en place par Louis Daubenton (1716-1799) et de la paléontologie. Fait faire à l'anatomie comparée un pas immense mentionnant qu'il existe entre tous les organes d'un même animal une subordination telle que de la connaissance d'un seul organe, on peut déduire celle de tous les autres : c'est la loi de la corrélation des formes qui lui permet de recons- tituer un animal à partir d’un fragment d’os. Donne à la géologie de nouvelles bases, en fournissant les moyens de déterminer l'ancienneté des couches terrestres par la nature des débris qu'elles renferment. S’oppose aux théorie transformistes et évolutionnistes de Jean- Baptiste de Lamarck (1744-1829) et d’Étienne Geoffroy Saint Hilaire (1772-1844). Chargé par Napoléon de missions relatives à l'instruction publique et de fonctions universitaires. Joue un rôle essentiel dans l’organisation de l’enseignement des disciplines scientifiques.
  • 28. Alexander von Humboldt (1769-1859), explorateur allemand, naturaliste, géographe, géolo- gue, physicien, chimiste, botaniste, zoologiste, astronome, météorologue et climatologue. Mère issue d’une famille française huguenote, marqué par les Encyclopédistes. Explorations botaniques et géologiques et recherches sur l’électricité en Europe. Avec son ami français Aimé Bonpland (1773- 1858), remonte les fleuves d’Amérique du Sud en pirogue, ouvre un chemin dans les forêts vierges, escalade les plus hautes montagnes, accumule les observations, relevés et échantillons tout au long des 15.000 km de leur trajet. Scandalisé par l’esclavage, refuse d’être transporté sur une chaise à porteurs. Mène des expériences scientifiques avec ses amis Louis Joseph Gay-Lussac (1778-1850) et François Arago (1786-1853). Âgé de 58 ans, traverse et explore la Sibérie. Membre associé de l’’Académie des sciences’ française et président de la ‘Société de géographie de Paris’. Par la qualité des relevés effectués lors de ses expéditions, fonde les bases des explorations scientifiques. « N'oublions pas que toutes les croyances populaires, même les plus absurdes en apparence, reposent sur des faits réels, mais mal observés. En les traitant avec dédain, on peut perdre la trace d'une découverte. »
  • 29. Jean-Baptiste Biot (1774-1862), physicien, astronome, mathématicien et orientaliste français. Ingénieur des ‘Ponts et Chaussées’ , professeur de physique mathématique au ‘Collège de France’, astronome du ‘Bureau des longitudes’. Ses champs d'intérêt scientifique sont très divers : mathématiques, géométrie, électricité, magnétisme, chimie, et surtout optique. Un des premiers à affirmer que la physique et la chimie doivent être liées. Pionnier de l'utilisation de la lumière polarisée pour l'étude des solutions. En juin 1803, à la demande du ministre de l'Intérieur Chaptal, se rend à L'Aigle (Orne), où une météorite était tombée le 26 avril 1803. Choisit des témoins oculaires dispersés dans des endroits suffisam- ment éloignés les uns des autres pour qu’on ne puisse pas les soup- çonner d’avoir communiqué entre eux. Fait un rapport considéré comme la première preuve de l'origine non terrestre des météorites. Fait en 1804 une périlleuse ascension aérostatique avec Gay- Lussac, à l'altitude de 13 000 pieds (environ 4 000 mètres), afin d'étudier les caractéristiques magnétiques, électriques et chimiques de l'atmosphère. Coauteur de la loi de Biot et Savart (1820), qui donne le champ magnétique créé par une distribution de courants continus, une des lois fondamentales de la magnétostatique.
  • 30. André-Marie Ampère (1775-1836), mathématicien français, physicien, chimiste et philosophe. Titulaire de la chaire de mécanique à ‘l'École polytechnique’, membre de ‘l'Académie des sciences’ et du ‘Collège de France’. Crée la théorie de l’électromagnétisme et en donne les premières formulations mathématiques, découvre la source des actions magné- tiques dans un courant, étudie les actions réciproques des aimants. Démontre que deux courants fermés agissent l'un sur l'autre, fondant ainsi l’électrodynamique. Précurseur de la théorie électronique de la matière, émet l'hypothèse de l'existence du courant particulaire. Met au point le galvanomètre, le solénoïde, le télégraphe électrique et, avec François Arago (1786-1853), l'électroaimant. . Un des premiers à distinguer les atomes des molécules. Formule en 1814, indépendamment de l’Italien Amedeo Avogadro (1776-1856), la loi selon laquelle tous les gaz, à volume égal et à pression égale, renferment le même nombre de molécules. À la fin de sa vie, s'intéresse à la classification et à la philosophie des sciences.
  • 31. Sándor Kőrösi Csoma ou Alexandre Csoma de Kőrös (1784-1842), explorateur, philologue et orientaliste hongrois né en Transylvanie. Études de philosophie et de théologie. Dès cette époque s’affirme la grande idée de sa vie : retrouver le berceau de ses ancêtres magyars. Parcourt 9000 km en deux ans et demi. Fondateur de la tibétologie comme discipline académique, par le hasard d’une rencontre avec un vétérinaire-explorateur, qui le charge d’établir un dictionnaire tibétain. Rédige le premier dictionnaire tibétain-anglais dans une cellule sans chauffage du Zanksar, la région la plus sauvage de l’Himalaya. Son travail presque achevé, rejoint l’Inde anglaise, où on le prend d’abord pour un espion. Mais rapidement l’Asiatic Society, soucieuse de profiter de son savoir, se décide à l’engager et à le rétribuer : il refuse. Alors qu’il reprend sa quête linguistique, meurt aux portes du Tibet. Des Carpates à l’Himalaya, le parcours singulier de cet ascète parlant une vingtaine de langues est aussi un fabuleux voyage à travers les civilisations, les religions, à la rencontre d’autres individus hors du commun. Proclamé bodhisattra en 1933 à l’université de Tokyo : seul Blanc honoré d’un titre aussi prestigieux, comparable à la sainteté dans la tradition chrétienne.
  • 32. François Arago (1786-1853), astronome, physicien et homme politique français. Polytechnicien, membre de l'Académie des Sciences dès l'âge de 23 ans, enseigne pendant 20 ans la géométrie analytique à l'École polytech- nique, puis dirige l'Observatoire de Paris. Travaille sur la nature et la vitesse de la lumière (met en évidence la polarisation chromatique), le magnétisme (magnétisation du fer par le passage d'un courant électrique à travers une bobine de cuivre), la polarisation. Détermine le diamètre des planètes, explique le phénomène de scintillement des étoiles par celui des interférences. Participe à des travaux sur la vitesse du son, à des mesures de la pression de la vapeur d’eau à haute température. S'intéresse aux forages de puits artésiens à Paris et à l'invention de la photographie en soutenant Louis Daguerre (1787-1851) qui inspire lui-même Nicéphore Niépce (1765-1833). Sensible à la vulgarisation scientifique, ouvre aux journalistes de l'Académie et en fait diffuser les comptes-rendus. Figure du parti républicain, Franc-Maçon, contribue à l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises, se préoccupe des problèmes éducatifs, sociaux et politiques posés par le développement industriel.
  • 33. Jacques Boucher de Perthes Jacques Boucher de Crèvecœur (1788-1868) né à Perthes, près de Réthel, préhistorien. Directeur des Douanes d’Abbeville. Passionné de botanique, écrit notamment en 1803 une Flore d'Abbeville recensant 25 000 plantes. Se lie avec le préhistorien Casimir Picard (1805-1841) et crée un musée local à Abbeville. De 1838 à 1841, publie les 5 volumes de La Création, exposé philosophique rencontrant les idées de Georges Cuvier. Suite à des fouilles, démontre* qu'à une période très ancienne existe déjà un homme "pré-historique". Après sa retraite, se consacre entièrement à ses études et aux voyages, parcourant l'Europe à la recherche des traces des hommes. En 1860, publie De l'Homme antédiluvien et de ses œuvres : l’homme a bien été le contemporain de certains animaux disparus, à une époque antérieure au Déluge; les climats ont changé puisqu'il y avait des éléphants et des hippopotames dans la vallée de la Somme; on peut distinguer une période tropicale, une période glaciaire et une période tempérée. Jette les bases de la science préhistorique dont il est considéré comme l'un des fondateurs. * Il est jusque-là généralement admis que la création de la Terre et de l'homme remonte à 4 004 ans av. J.-C., et cela sur la base d'estimations extrapolées du récit biblique par l'archevêque anglican James Ussher (1581-1656).
  • 34. Jean-François Champollion (1790-1832), égyptologue français. Vient à Paris en 1807, ‘École des langues orientales’ et ‘Collège de France’. Dès 1806, se met à l’étude du copte, de l’arabe, du persan, de l’hébreu, du syriaque, du chaldéen, et de l’amharique. Est convaincu, après le jésuite allemand Athanasius Kircher (1602-1680), que le copte est une forme tardive de l’ancienne langue de l’Égypte. Possède un fac-similé de la pierre de Rosette* dont personne ne parvient à déchiffrer les hiéroglyphes. Par le texte d’un obélisque trouvé à Philae en 1821, découvre la correspondance des signes hiératiques, hiéroglyphiques et démotiques. Déchiffre les hiéroglyphes, établit le vocabulaire et la gram- maire des égyptiens anciens. En 1826, conservateur du département d’égyptologie au musée du Louvre. Conduit une expédition scienti- fique en Égypte de 1828 à 1830. * Pierre de granodiorite, découverte en juillet 1799 à Rosette, en Basse Égypte, par un officier du génie français au cours de travaux de terrassement du fort Saint Julien. Stèle portant un décret du pharaon Ptolémée V Épiphane promulgué à Memphis en - 196, écrit en 2 langues (égyptien ancien et grec ancien) et en 3 écritures (hiéroglyphes, égyptien démotique et alphabet grec). L’Anglais Thomas Young (1773-1829) en a effectué en 1814 une traduction partielle.
  • 35. Michael Faraday (1791-1867), physicien et chimiste britannique. Famille pauvre, apprenti chez un relieur-libraire, assistant puis directeur de laboratoire de la Royal Society. Découvre le benzène et invente le système du nombre d'oxyda- tion. Réussit la liquéfaction de gaz naturels, dont le chlore. En 1821, produit une rotation électromagnétique, base du moteur électrique. En 1831, découvre l’induction électromagnétique et l’effet de blindage dans le courant continu. En 1833, établit la théorie de l’électrolyse et introduit les termes d'anode, de cathode, d'anion, de cation et d'ion. Analyse différents alliages d'acier et obtient des nouveaux types de verres à usage optique. Mentionne l'existence des nanoparticules métalliques. En 1838, étude l’électroluminescence et le diamagnétisme. En 1846, découvre que l’énergie électrostatique est localisée dans les diélectriques. En 1847, observe que les propriétés optiques du colloïde d'or diffèrent de celles du métal pur, prélude aux nanosciences. Exprime une conscience aiguë de la faillibilité humaine, y compris la sienne, et sa conviction que l'unité de l’Univers découle de l'unité et de la bienveillance du Créateur. .
  • 36. Jeanne Villepreux-Power (1794-1871), naturaliste française. Brodeuse à Paris, épouse James Power, marchand d’origine irlandaise. Le couple s'établit en Sicile où Jeanne se consacre à l’étude et notamment à l'histoire naturelle de l'île. Autodidacte passionnée, s’intéresse aux coquillages actuels ou fossiles, et notamment à l’argonaute. Tranche une question scientifique en suspens à son époque : l'argonaute sécrète sa coquille et ne l'habite pas à la manière d'un bernard-l'ermite. Pour mieux les étudier, construit les cages "à la Power" qui deviendront plus tard les aquariums. Détermine aussi le mode de reproduction de l'espèce qui présente un grand dimorphisme sexuel. Première femme membre de l’Académie des sciences de Catane, correspondante de la Zoological Society de Londres’ et de seize autres sociétés savantes. Ses collections, son cabinet d'histoire naturelle et ses manuscrits disparaissent en mer avec le bateau qui les transportait à Londres en 1838 dans le naufrage du Bramley. Pionnière de la biologie marine, précurseure des stations de biologie marine et d’aquariologie.
  • 37. Charles Wheatstone (1802-1875), physicien et inventeur anglais. Au départ employé au sein de la fabrique familiale d’instruments de musique. Ses premiers travaux publiés en 1823 portent sur l’acoustique. Devient ensuite professeur et titulaire de la chaire de physique expérimentale au King’s College de Londres. En 1834, est le premier à essayer de mesurer la vitesse d’un courant électrique dans un conducteur, grâce à un miroir tournant de son invention et ce sans réel succès. Ce dispositif est utilisé plus tard par Léon Foucault pour mesurer la vitesse de la lumière. Rencontre un jeune officier démobilisé, William Cooke (1806- 1879), à son retour de l’armée des Indes rapporte en Angleterre un exemplaire du dispositif du diplomate Pavel Schilling (1786-1837), qu'il s‘est procuré en Allemagne à l'université de Heidelberg. En 1837, met au point avec Cooke le premier télégraphe électrique simple et fonctionnel. L’invention de la pile par Alessandro Volta en 1799 rend possible l’invention du télégraphe de Wheatstone et Cooke. Le premier essai a lieu sur la ligne Londres-Birmingham, sur un kilomètre et demi. D’autres compagnies adoptent le système dans les années qui suivent. Le télégraphe se développe dans l’ensemble de l’Europe par l’intermédiaire des compagnies de chemin de fer. ../..
  • 38. Charles Wheatstone En 1938, s’intéresse à la stéréoscopie, perception du relief grâce à la vision binoculaire. Conçoit des couples stéréoscopiques de dessins, puis de photographies stéréoscopiques et invente l’appareil permettant de les observer en relief : le stéréoscope (photo n° 1). Le premier à remar- quer que la couleur d’une étincelle dépend de la nature des électrodes utilisées. En 1852, introduit le pseudoscope (photo n°2) , instrument optique binoculaire qui inverse notre perception de la profondeur. Améliore en 1844 l’instrument de mesure des résistances élec- triques inventé en 1833 par Samuel Hunter Christie (1784-1865). Le ‘pont de Wheatstone’ est le point de départ d'une série de dispositifs utilisés pour mesurer les résistances électriques. Par l'invention des relais, contribue à la possibilité des lignes de transmission de grande longueur, pour lesquelles il est un des premiers à utiliser les isolations en verre. On lui doit aussi - le concertina anglais, instrument de musique à vent et à anches libres, comme l'accordéon, - un des premiers microphones, c'est-à-dire un appareil capable de convertir un signal acoustique en signal électrique, - une méthode de chiffrement symétrique popularisée par Lyon Playfair.
  • 39. Alphonse de Candolle Alphonse Louis Pierre Pyrame de Candolle (1806-1893), botaniste suisse originaire d’une famille de Français huguenots ayant fui les persécutions. Après des études de droit, finit par se consacrer à la botanique. Titulaire de la chaire d'histoire naturelle créée pour lui à l'Académie de Genève. Continue l'immense œuvre de son père, Augustin, Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis. Coauteur, avec son fils Casimir, de l'ouvrage Monographiae phanerogamarum. Auteur de 55 ouvrages et articles scientifiques sur la géographie botanique et l'origine des espèces. S'intéresse à l'origine des plantes cultivées et à leur domestica- tion par l'homme à partir d'espèces sauvages. Adopte pour cela une approche pluridisciplinaire utilisant principalement l'archéologie (datation grossière des lieux et dates de première culture des plantes), la linguistique (indication de la provenance supposée des végétaux cultivés) et la botanique (comparaison des plantes domestiques aux végétaux sauvages que des collègues lui envoient). Prouve le premier l'origine américaine du haricot et du maïs. À l'origine des ‘Lois de la nomenclature botanique’ adoptées lors du Congrès international de botanique de 1867 à Paris.
  • 40. Antonio Meucci (1808-1889), inventeur italo-étatsunien. Né en Italie, étudie la mécanique, travaille comme technicien dans différents théâtres, démé- nage à Cuba pour continuer dans le théâtre. Invente une méthode pour galvaniser le métal. Travaille aussi durant 10 ans sur une méthode efficace de traitement de certaines maladies par électrochocs. En 1849, imagine les bases du téléphone et développe un prototype. Part en 1850 à New York pour promouvoir ses inventions, sans grand succès. Au cours de ces années, construit son prototype de téléphone, le telettrofono. En décembre 1871, fonde la Telettrofono Company avec 3 associés et protège son invention par un ‘avertissement de brevet’, formule renouvelable plus économique qu'un brevet. En 1874, entre en contact avec la compagnie Western Union, dans l'espoir de voir son prototype développé et commercialisé, mais la compagnie ne donne pas suite. En 1876, Alexander Graham Bell dépose son brevet de téléphone. Meucci lui intente un procès. Le procès dure jusqu’en 1889, date à laquelle la mort de Meucci met fin aux procédures. Son rôle dans l'histoire du téléphone est officielle- ment reconnu en juin 2002 par la Chambre des représentants des États-Unis.
  • 41. Edgar Poe Edgar Allan Poe (1809-1849), poète, romancier, nouvelliste, critique littéraire, dramaturge et éditeur états-unien. Études brillantes à Londres puis à Richmond, arrêtées faute de soutien financier. S’engage dans l’armée. Pigiste puis journaliste à Baltimore, New-York puis Philadelphie. Rédacteur adjoint au Graham's Magazine puis au Broadway Journal dont il devient actionnaire principal et qui fait faillite. Célèbre après 1845 suite à la publication de son recueil Le Corbeau et autres poèmes. Sombre dans l'alcoolisme, fin de sa vie tumultueuse, mort suspecte. lnventeur du roman policier. Nombre de ses récits préfigurent les genres de la science-fiction et du fantastique. Avec son essai Eureka. Essai sur l’univers matériel et spirituel (1848), tente d’élucider le mystère de l'Univers. Embrassant d'un seul coup d'oeil l'immensité de tout ce qui est connu en son temps, offre un texte visionnaire dans lequel il anticipe de multiples découvertes du 20ème siècle : les trous noirs, la théorie du chaos, l'expansion de l'espace, l'existence des nébuleu- ses. Y affirme que la lumière se propageant à une vitesse finie depuis l’origine de l’Univers dont l’âge est aussi fini, nous ne pouvons percevoir que la lumière d’un nombre fini d’étoiles. ../..
  • 42. Edgar Poe : pourquoi la nuit est-elle noire ? * Pourquoi la nuit est-elle noire au lieu d’être complètement éclairée par les étoiles de l’Univers ? C’est un problème d’abord posé en 1610 par l’astro- nome allemand Johannes Kepler (1571-1630), puis en 1576 par l’astronome anglais Thomas Digges (1546-1595, photo n° 1), puis par l’astronome anglais Edmond Halley (1656- 1742), puis par l’astronome suisse Jean-Philippe Loys de Cheseaux (1718-1751, photo N°2), et repris en termes plus précis en 1826 par l’astronome allemand Heinrich Olbers (1758-1840). L’intuition de Poe sera retranscrite scientifiquement en 1901 par le physicien anglais William Thomson, dit Lord Kelvin (1824-1907, photo n° 4)
  • 43. Charles Darwin (1809-1882), naturaliste anglais, diplômé de l’université de Cambridge. Parcourt le monde pendant 5 ans à bord du bateau HMS Beagle de la Royal Navy, fait des observations géologiques, commence des collections de spécimens d’animaux et de plantes. Formule en 1859 l'hypothèse selon laquelle toutes les espèces vivantes ont évolué au cours du temps à partir d'un seul ou quelques ancêtres communs grâce au processus connu sous le nom de "sélection naturelle". Ses travaux expliquent de façon logique et unifiée la diversité de la vie et ont révolutionné la biologie. Vivement critiqué par les Églises chrétiennes, car il remet en cause le récit mythique de la création présenté par la Genèse, alors considéré comme historique. « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux au changement. » « Je ne vois aucune limite au nombre de changements, à la beauté et à l'infinie complexité des adaptations des êtres vivants les uns avec les autres, liés à leurs conditions de vie, conditions soumises sur la longue durée au pouvoir de sélection de la nature. »
  • 44. Claude Bernard (1813-1878), médecin et physiologiste français. Préparateur en pharmacie, médecin. Découverte des fonctions digestives du pancréas. Son travail sur le suc gastrique et le glucose lui vaut une thèse de doctorat en 1843, mais sa vision iconoclaste et modernisatrice de la recherche en médecine ne lui permet pas de trouver un poste. Grâce à son mariage, obtient les financements nécessaires à la poursuite de ses travaux. Professeur au ‘Collège de France’, membre de l'Académie des Sciences, nommé à une chaire de physiologie générale à la Sorbonne. Fondateur de la médecine expérimentale. On lui doit les notions de milieu intérieur* et d’homéostasie**, fondements de la physiologie moderne. Un des principaux fondateurs de la démarche expérimentale hypothético-déductive, formalisée souvent (et parfois rigidifiée) dans l’enseignement par ‘OHERIC’ pour : Observation - Hypothèse - Expérience - Résultat - Interprétation - Conclusion. « Le microbe n'est rien, c'est le terrain qui est tout. » « C'est ce que nous pensons déjà connaître qui nous empêche souvent d'apprendre. » * ensemble des composants, ou plus souvent des principaux liquides internes, essentiels à la vie des animaux, leur survie dépendant du maintien de l'homéostasie. ** phénomène par lequel un facteur clé (par exemple, la température) est maintenu autour d'une valeur bénéfique pour le système considéré, grâce à un processus de régulation.
  • 45. Léon Foucault (1819-1868), physicien et astronome français. Abandonne les études de médecine, se tourne vers la physique. S'intéresse tout d'abord aux expériences de Louis Daguerre (1787-1951) sur la photo- graphie. Pendant 3 ans, assiste le bactériologiste Alfred Donné (1801- 1878) pour ses conférences sur l'anatomie microscopique. Avec le physicien Hippolyte Fizeau (1819-1896), mène une série d'expériences sur l'intensité de la lumière du Soleil, en la comparant à celle du carbone dans la lampe à arc, et à celle de la chaux dans la flamme du chalumeau oxyhydrique. S'intéresse également à l'interfé- rence du rayonnement infrarouge, aux parcours des rayons lumineux et à la polarisation chromatique de la lumière. Reprend l'expérience abandonnée par François Arago en 1843 pour cause de cécité, démontre en 1850, grâce à un miroir tournant de Charles Wheatstone pour mesurer la vitesse des courants électriques combiné à un dispositif de miroirs concaves, que la lumière se propage plus rapidement dans l'air que dans l'eau, invalidant ainsi la théorie corpusculaire au profit de la théorie ondulatoire de la lumière. ../..
  • 46. Léon Foucault En 1851, vérifie et rend manifeste la rotation quotidienne de la terre en utilisant la rotation libre du plan d'oscillation d'un pendule long de 67 mètres, possédant une boule pesant 28 kilos, suspendu au Panthéon de Paris (‘pendule de Foucault’ : image n°1) . Invente le gyroscope (image n° 2), appareil qui exploite le principe de la conservation du moment cinétique en physique : en l'absence de couple appliqué à un solide en rotation autour d'un de ses axes principaux, celui-ci conserve son axe de rotation invariable. En 1854, chargé de comparer le pouvoir éclairant de deux types de gaz d'éclairage, invente le photomètre à compartiments. En sept. 1855, découvre que la force nécessaire à la rotation d'un disque de cuivre augmente quand il doit tourner avec sa jante entre les pôles d'un aimant, le disque chauffant dans le même temps du fait des ‘courants de Foucault’ induits dans le métal. En 1855, nommé physicien de ‘l'Observatoire de Paris’. Y développe les télescopes à miroir de verre argenté à partir de 1858. En 1862, établit la vitesse de la lumière à 298 000 km/s. Montre comment, en déposant une fine couche transparente d'argent du côté externe du verre d'un télescope, on peut regarder le soleil sans danger pour l'œil.
  • 47. John Tyndall (1820-1893), scientifique et alpiniste irlandais. Dessinateur, ingénieur, puis professeur de mathématiques et d’arpentage. Doctorat de physique et chimie à l’université de Marbourg (Allemagne) sous la direction de Robert Bunsen (1811-1899). Conseiller scientifique de Trinity House, puis du Board of Trade, succède à Michael Faraday comme recteur de la Royal Institution. Dans les années 1850, étudie le diamagnétisme, fait des découvertes dans les domaines du rayonnement infrarouge et des propriétés physiques de l'air. Trouve l’explication du fait que le ciel est bleu car les particules minuscules de l’air diffusent la lumière du soleil. Le premier à le prouver que l’atmosphère de la Terre a un effet de serre, à observer et à signaler le phénomène de thermophorèse dans les aérosols. Trouve des spores bactériennes viables (endospores) dans des bouillons soi-disant stérilisés à la chaleur. Invente un meilleur respirateur de pompier, une cagoule filtrant la fumée et les gaz nocifs de l'air, développe une meilleure corne de brume. Consacre une grande partie de son temps à la diffusion de la science auprès du grand public. Affirme qu'il ne faut pas laisser le sentiment religieux « envahir la région de la connaissance sur laquelle il ne détient aucun commandement » , mais aussi que « le vrai mystère de l'univers demeure non résolu (... ) Abaissons la tête et reconnais- sons notre ignorance, prêtre et philosophe, tous et chacun. »
  • 48. Gregor Mendel Johann Mendel (1822-1884), moine et botaniste autrichien. Entre en 1843 au monastère des ermites de St Augustin de Brünn (aujourd'hui Brno), où il est ordonné prêtre en 1847, sous le prénom de Gregor. En 1851, part à Vienne et étudie les mathématiques et la physique, la botanique, la physiologie végétale, l’entomologie, la paléontologie. À partir de 1856 et durant 11 années, mène dans le jardin de son monastère des expériences minutieuses portant sur la reproduction de 28 000 plants de pois et étudie soigneusement les caractéristiques des hybrides ainsi obtenus. Découvre 3 lois de l'hérédité, à la base de la génétique moderne, qui seront nommées par la suite ‘les lois de Mendel’. Elles définissent la caractéristique principale des gènes qui est la transmission de génération en génération. Montre que les deux parents jouent un rôle équivalent dans l'hérédité, mais que certains caractères, dits dominants, prennent le pas sur d'autres, dits récessifs. L'importance de son œuvre n‘est reconnue qu’en 1900 par Hugo De Vries (1848-1935) aux Pays-Bas, Carl Erich Correns (1864-1933) en Allemagne et Erich von Tschermak (1871-1962) en Autriche. Se passionne également jusqu'à sa mort pour la météorologie, l’horticulture et l’apiculture.
  • 49. Marcellin Berthelot (1827-1907), chimiste, physico-chimiste, biologiste, épistémologue et homme politique français. Professeur de chimie organique au ‘Collège de France’, ministre des Affaires étrangères et ministre de l'Instruction publique. Spécialités : les graisses, le glucose, le glycérol, la saponifica- tion, l’esthérification, les médicaments, la combustion, les explosifs, la chaleur animale, la physiologie végétale (liens entre croissance végétale et électricité). En politique, soutient l'effort pour l'investissement dans les nouvel- les technologies et l'aide aux populations les plus démunies, paysannes et ouvrières. Avec d'autres académiciens, lance par souscription l'édition d'une encyclopédie. Combat pour la laïcisation des enseignements. Travaille sur la philosophie et l'histoire des sciences en Asie et au Moyen-Orient, l’histoire de l’alchimie, apprend le sanskrit et étudie les Védas. Espérantophone, ami de Victor Hugo et d’Ernest Renan. « La connaissance rigoureuse de l’ensemble des choses est inaccessible à l’esprit humain, et cependant chaque homme est forcé de se construire ou d’accepter tout fait un système complet, embrassant sa destinée et celle de l’univers. » (Lettre à Ernest Renan)
  • 50. Louis Pasteur (1822-1895), scientifique français, spécialisé en chimie et en microbiologie. Thèse sur la cristallographie. Professeur à Dijon, Strasbourg, Lille puis Paris Prouve que les levures sont des micro-organismes responsables de la fermentation. Étudie à Alès les causes de la pébrine, maladie des vers à soie. En 1865, dépose un procédé de conservation et d'amélioration des vins, de la bière et autres par chauffage, sous le nom de pasteurisation. Travaille sur les maladies de la bière, se consacre exclusivement après 1877 à la recherche sur les maladies contagieuses des animaux et de l'homme. En 1878, énonce les conditions idéales de stérilisation. Découvre le vaccin contre les maladies du charbon (chez les moutons), le choléra (chez les poules). Lorsqu’un jeune alsacien mordu par un chien enragé est amené à son laboratoire, prend le risque de le vacciner et le sauve de la rage. De ce formidable succès naît l’institut Pasteur, inauguré en 1888. « La chance ne sourit qu'aux esprits bien préparés. » « Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours. »
  • 51. Charles Wyville Thomson (1830-1882), historien de la nature et zoologiste marin écossais. Étudie la médecine à l’université d’Édimbourg, se spécialise dans les sciences naturelles. Reçoit la chaire de minéralogie et de géologie de la Queen's University de Belfast puis la chaire d'histoire naturelle de l‘univer- sité d'Edimbourg. Sert comme scientifique en chef de l'expédition sur le navire HMS Challenger qui parcourt plus de 120 000 km autour du monde entre 1872 et 1876. Son travail révolutionne l'océanographie. En 1840, l’océanographe Edward Forbes (1815-1864) avait affirmé, dans sa théorie azoïque, que l’abondance et la variété de la vie marine diminuaient avec l’augmentation de la profondeur et qu’au-delà de 550 mètres la vie ne pouvait exister. En 1868, Charles Thomson, à bord du Challenger, sonde jusqu’à 8 000 m, établissant définitivement que la vie existe à toutes les profon- deurs des océans. Depuis, les chercheurs ont constaté une activité biologique par 11 km de fond dans la fosse des Mariannes (dans le noir, avec des pressions énormes et à des températures très basses). Des carottages ont également mis en évidence la trace d'activités bactériennes à plus de 800 mètres d'épaisseur dans des roches volcaniques. .
  • 52. James Clerk Maxwell (1831-1879), physicien et mathématicien écossais. Études de mathématiques à Cambridge, professeur au King’s College de Londres, directeur du Cavendish Laboratory de Cambridge. En se basant sur les travaux de Michael Faraday (1791-1867), introduit dès 1862 la notion de champ. Montre qu'un champ magnétique peut être créé par la variation d'un champ électrique. Élabore les équations différentielles décrivant la nature des champs électromagnéti- ques dans l'espace et le temps. Définit la lumière comme étant une onde électromagnétique. Prouve que les champs électriques et magnétiques voyagent dans l'espace sous forme d'ondes, à une vitesse d'environ 300 000 km/seconde, équivalent à la vitesse de la lumière. La validité de cette suggestion sera démontrée plus tard par les expériences de l’Allemand Heinrich Rudolph Hertz (1857-1894) qui aboutissent à l'invention de la radio, habituellement attribuée à l’Italien Guglielmo Marconi (1874-1937). « La théorie de la relativité doit son origine aux équations de Maxwell sur le champ électromagnétique ». Albert Einstein
  • 53. Ernst Hæckel Ernst Heinrich Philipp August Hæckel (1834-1919), biologiste, philosophe et libre penseur allemand. Médecin, puis professeur d’anatomie comparée et de zoologie à Iena. Fait connaître les théories de Charles Darwin en Allemagne et développe une théorie des origines de l’homme. Introduit certaines notions de la biologie moderne comme celles d’"embranchement" ou d‘ "écologie". Introduit l'arbre phylogéné- tique pour la représentation de l'évolution dans la biologie. Émet l’idée que l’origine de la vie a été déterminée par des facteurs physiques et chimiques comme la lumière, la présence d’oxygène, l’eau et le méthane. Considéré comme le père de l'écologie, discipline qui cherche à étudier les rapports entre un organisme et son environnement et le créateur du terme écologie en 1866. Ce mot vient du grec oikos signifiant demeure, maison, milieu. Pour lui, l’œcologie désigne l’étude des relations unissant les organismes vivants. Les idéologues nazis ont utilisé des extraits de ses écrits comme justification de leurs théories racistes et du darwinisme social, mais en même temps déclaré que des éléments essentiels de la vision du monde de Haeckel étaient incompatibles avec le point de vue du national-socialisme.
  • 54. Dmitri Mendeleïev (1834-1907), chimiste russe. Études à l’université de St- Pétersbourg, travaille à Heidelberg et à Paris. Professeur de chimie minérale à l'université de Saint-Pétersbourg. Travaille sur "la dépendance entre les propriétés des masses atomiques des éléments" et présente en 1869 une classification périodique des éléments appelée ensuite "tableau de Mendeleïev", sorte d’alphabet des chimistes. Les classe par masse atomique croissante, mais en les rassemblant par groupes d’éléments ayant des propriétés communes. Cela donne un tableau de 5 colonnes de 18 éléments. Son génie réside dans le fait qu’il laisse aussi des cases libres dans son tableau pour y placer des éléments qui n’étaient pas encore découverts à l’époque. Plus tard, de nouveaux éléments chimiques ont été découverts, et sont allés remplir les cases laissées vacantes du tableau. De son vivant, a le plaisir de voir que 3 des éléments dont il avait prévu l'existence sont découverts (gallium, scandium et germanium) et que certaines propriétés physiques et chimiques qu'il avait annoncées sont bonnes.
  • 55. Gustave Le Bon (1841-1931), médecin, anthropologue, psychologue social et sociolo- gue français. Parcourt l’Europe, l'Asie et l'Afrique du Nord, écrit des récits de voyage, des ouvrages d’archéologie et d’anthropologie sur les civilisations de l’Orient. Crée la ‘Bibliothèque de philosophie scientifique’ chez Flammarion. Ne soutient pas la théorie d’une hiérarchisation des civilisations, mais admet des différences au niveau des stades de développement. Se différencie en cela fortement d'Arthur de Gobineau (1816-1882) et dénonce à plusieurs reprises dans ses œuvres le « mythe de la race aryenne ». Détermine plusieurs causes d’action des hommes : biologiques, émotionnelles, rationnelles, collectives, mystiques. Définit la foule comme une réunion momentanée d'individus soumis à une émotion forte à la suite d'un événement et/ou d'un discours ou d'une image provoquant la peur, la haine, ou, au contraire, l'enthousiasme et l'amour. Source d’ivresse, l’hypnose émotionnelle et intellectuelle collective réduit à néant la moindre impulsion de volonté individuelle et l’aptitude à l’esprit critique. ../..
  • 56. Gustave Le Bon Impulsives et irritables, les foules peuvent être excitées facilement et parcourir rapidement la gamme des émotions les plus contradictoires. Il se produit ensuite spontanément dans la foule un phénomène de contagion : l’idée dominante se répand dans les esprits galvanisés par l’émotion commune. D’une suggestibilité et d’une crédulité extrêmes, la foule perçoit alors les événements dans une totale subjectivité ou rien n’est invraisemblable, jusqu’à l’hallucination collective, puis elle transforme en actes la suggestion reçue. En raison de leur irritabilité et de leur impulsivité, les foules ne peuvent pas réussir à s’autodiscipliner ; elles ont besoin d’un leader fédérateur personnifiant leurs aspirations : un homme d’action éloquent, doté d’une foi inébranlable dans l’idéal répandu dans la foule, pour lequel il est prêt à tout sacrifier. « Malmenez les hommes tant qu’il vous plaira, massacrez-les par millions, amenez invasions sur invasions, tout vous est permis si vous possédez un degré suffisant de prestige et le talent nécessaire pour le maintenir. »
  • 57. Wilhelm Röntgen (1845-1923), physicien allemand. Scolarité aux Pays-Bas puis à l‘’École polytechnique fédérale’ de Zurich. Successivement professeur de physique à Strasbourg, Giessen, Würtzburg, Munich. Travaille sur la chaleur spécifique des gaz, la conductivité thermale des cristaux, l'influence magnétique sur les plans de la lumière polarisée, et sur les rayons cathodiques. Découvre en 1895 les rayons X*, et prouve que le rayonnement est produit par l'impact des rayons cathodiques sur un objet matériel. Reçoit le premier prix Nobel de physique en 1901. Plus tard, Max von Laue (1879-1960) et ses étudiants démontre- ront que ces rayons sont de nature électromagnétique, tout comme la lumière, et diffèrent seulement par une plus haute fréquence. En 1914, est un des signataires du ‘Manifeste des 93’ soutenant le militarisme de l'Empire allemand. Personne n’est parfait… * des rayons alors inconnus qu’il nomme X, et que les Allemands appellent aujourd’hui Röntgen Strahlen. Image du bas : Photographie de la main d’Albert von Kolliker prise en janvier 1896
  • 58. Alexander Graham Bell (1847-1922), scientifique, ingénieur et inventeur scotto-canadien, naturalisé états-unien. Né en Écosse, étudie à la Royal High School, à Édimbourg. À 12 ans, aide le père d’un ami, propriétaire d’un moulin, en inventant un procédé pour décortiquer le blé. À l’âge de 15 ans, est envoyé à Londres, fait la rencontre de Charles Wheatstone (1802-1875) qui fait des recherches sur le télégraphe. Celui-ci avait alors conçu sa propre version de la machine à parole de l’inventeur hongrois Wolfgang von Kempelen (1734-1804, photo n° 2), un instrument capable de reproduire mécaniquement la voix humaine. Ceci donne l’idée à Alexander G. Bell et son frère Melville de créer leur ‘larynx parlant’, une trachée artificielle produisant quelques mots reconnaissables lors du passage de l’air. Émigre au Canada en 1870 avec ses parents, épouse une États- unienne, est naturalisé citoyen états-unien en 1882. Sa mère et sa femme étant sourdes, consacre sa vie à apprendre à parler aux sourds. Professeur de diction à l'université de Boston et spécialiste de l'élocution (profession connue aujourd'hui sous les noms de phonologue ou phoniatre).
  • 59. Alexander Graham Bell Ses recherches sur l'audition et la parole le conduisent à construire des appareils auditifs. En juin 1875, découvre qu’un fil électrique reproduit un son correspondant à la vibration d’un ressort d’acier se trouvant à l’extrémité du fil. Comprend alors qu’un courant électrique continu peut être modifié pour reproduire un son et par conséquent une parole. Dépose un brevet pour un téléphone (photo n° 1) en 1876. L’américain Elisha Gray (1835- 1901, photo n° 3 ) met également en oeuvre un système transmettant la voix articulée grâce à l’électricité, mais Bell a fait la demande de brevet 2 heures avant Gray… L’antériorité de l'invention du téléphone par l’États- unien d’origine italienne Antonio Meucci (1808-1889) a depuis été officiel- lement reconnue. Toutefois, considère par la suite la téléphonie comme une intrusion dans son travail de scientifique et refuse même d'avoir un téléphone dans son laboratoire. En 1880, conçoit avec Charles Summer Tainter (1854-1940, photo n° 4 ), un dispositif qu’ils appellent le ‘photophone’ (photo n° 2 en haut), qui transmet le son sur un rai de lumière. Bien que l’appareil ne présente pas d’intérêt commercial, il est la preuve qu’il est possible de transmettre du son par la lumière. Cette invention est l’ancêtre de la fibre optique et de la communication sans fil.
  • 60. Alexander Graham Bell En juillet 1881, avec Charles Summer Tainter, fabrique une sonde à munition électrique. L’appareil est employé par des chirur- giens militaires pendant plusieurs conflits armés au cours des années suivantes. Avec l’aide de son cousin, Chichester A. Bell, et de Charles Summer Tainter, met aussi au point le graphophone (photo n° 1) , une version améliorée du phonographe breveté par Thomas Edison en 1878. En décembre 1907, fait voler un aéronef, le Cygnet I, un large cerf-volant tétraédrique mu par un moteur de motocyclette, puis, en 1909. un appareil plus lourd, le Silver Dart (photo n° 2). Avec Frederic Baldwin (1882-1948), se concentre ensuite sur les hydroptères : en 1919, l’un de leurs engins, le HD-4, pulvérise les records de vitesse atteinte sur l’eau avec 114 km/h (photo n° 3). Travaille sur d’autres inventions : l’audiomètre; une ‘veste sous vide’, ancêtre du poumon d’acier; expériences sur la désa- linisation de l’eau, etc. Prend part à la fondation de la société National Geogra- phic. Consacre une importante partie de sa vie à enseigner aux personnes sourdes, ce qui demeure, selon lui, sa plus importante contribution.
  • 61. Hugo de Vries (1848-1935), botaniste néerlandais. Doctorat à Leyde, séjour en Allemagne, professeur de botanique à l'université d'Amsterdam. En 1901, isolant des variétés sauvages d'une banale herbe aux ânes, observe que celles-ci présentent, outre leurs variations expérimen- talement observables, une série de variations brusques et discontinues, suffisamment radicales pour engendrer ce qui semble être de nouvelles espèces. Redécouvre la loi de disjonction des caractères formulée par Mendel. Donne à ce phénomène le nom de mutation, qu'il oppose à la variabilité fluctuante et limitée, postulée par Darwin. À l’opposé de l’hérédité qui désigne l’influence immédiate du père et de la mère, l’atavisme (du latin atavi : ancêtres) manifeste la persis- tance de caractères que l’on pouvait croire définitivement perdus au cours de l’évolution.* « Grâce à l’atavisme, l’hérédité n’est plus un bloc cheminant de génération en génération (…), c’est une poussière d’étoiles dans laquelle chacun de nous puise pour composer sa constellation personnelle. » (Michel Tournier) *Ainsi, tel porcelet présente sur le dos et les flancs les stries longitudinales des marcassins, résurgence des sangliers sauvages. Ainsi l’embryon humain, entre la 5ème et la 8ème semaine, comporte des fentes branchiales et une queue comme nos ancêtres très lointains descendant des poissons et des primates. ■