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40 ANS DE
MEDIATION
CULTURELLE
NUMÉRIQUE
RAPPORT 2015
Rédacteurs :
Stéphane Bezombes
Jean-Pierre Dalbera
Yves Armel Martin
Isabelle Jouve
François Forge
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
TABLE DES MATIÈRES
40 ANS D'INNOVATIONS NUMÉRIQUES POUR LA VALORISATION DU
PATRIMOINE
Les débuts de l’informatique et des réseaux (1960-1979)
Les années 1980 : le mariage entre culture et technologies
La décennie 1990 : le tournant vers la société de l’information
Le ministère de la culture face à la société de l'information
ANALYSE ET RECENSEMENT HISTORIQUE DES DISPOSITIFS
NUMÉRIQUES DANS LES MUSÉES ET LES ÉTABLISSEMENTS
CULTURELS
Intentions des établissements culturels
Engagement des publics
Typologie des dispositifs
LES NOUVELLES FORGES DE LA MÉDIATION NUMÉRIQUE ET DE LA
DÉMOCRATIE CULTURELLE 2005 - 2015
Lanceurs d’alertes et activistes numériques
Communautés d’échanges et de pratiques
Démarches de Living Labs
Démarches de Mix
Les lieux historiques
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
Crédits : Jean-Pierre Dalbéra, https://www.flickr.com/photos/dalbera/8124615647/in/album-72157651513514086/
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
40 ANS D'INNOVATIONS
NUMÉRIQUES POUR
LA VALORISATION
DU PATRIMOINE
1
5
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
INTRODUCTION
La valorisation numérique du patrimoine culturel est,
dans notre pays, le résultat d’une histoire qui débute
au milieu des années 1970 et qui s’inscrit étroitement,
lors des premières décennies, dans les politiques
publiques qui y sont menées.
Les particularités administratives françaises 
conduisent deux ministères : celui chargé de la
culture et celui chargé de la recherche, ainsi que leurs
établissements publics respectifs, à jouer un rôle de
premier plan dans ce domaine qui relève avant tout
des sciences humaines mais aussi de la recherche-
développement notamment en informatique et en
télécommunications.
Dans ce panorama, la place des projets de médiation,
de nature privée ou commerciale, est elle aussi
significative, en particulier dans le secteur de l’édition
électronique, mais il convient de souligner que
beaucoup de projets d’hier ou d’aujourd’hui, ont fait
ou font l’objet de partenariat avec des établissements
publics comme la réunion des musées nationaux,
premier éditeur d’art européen, ou avec les grands
musées nationaux eux-mêmes : musée du Louvre,
Centre Georges Pompidou...
L’analyse des grands projets engagés durant
ces quarante années montre que les politiques
industrielles, d’aménagement du territoire, de
financement de l’innovation ou que les programmes
européens qui se sont succédés, sont à l’origine de
nombreuses réalisations.
Certaines d’entre elles se sont avérées être des
impasses techniques en raison de l’instabilité des
standards internationaux ou de l’obsolescence rapide
de certains matériels et supports informatiques,
mais un examen historique attentif montre que
l’expérience acquise par les acteurs de terrain
est rarement perdue en cas d’échec car elle est le
plus souvent cumulative et bénéficie pleinement
aux projets suivants. Par contre, ces changements
techniques continuels obèrent gravement la mémoire
du numérique en raison des difficultés rencontrées
pour faire fonctionner aujourd’hui des produits ou des
dispositifs à peine vieux d’une vingtaine d’années.
​Comme dans les autres grands pays industrialisés,
le passage de l’écrit à l’écran a lieu en très peu
d’années, il connaît des débuts difficiles, et la France a
d’abord du retard en raison de ses choix télématiques
volontairement incompatibles avec l’internet. Seuls
quelques pionniers visionnaires ouvrent la voie dans
le monde culturel comme ailleurs.
Ces entrepreneurs culturels, publics ou privés,
perçoivent avant les autres les conséquences de la
révolution numérique qui s’annonce, sur les modes
d’organisation du travail, sur le besoin de structuration
des contenus multimédias, sur les nouvelles
créativités artistiques, sur l’accès au savoir, sur les
transformations de l’édition, de la médiation ou des
formes d’échanges avec les publics.
Leurs réussites permettent à d’autres de progresser
avec ou sans l’aide des pouvoirs publics. Ces succès
tiennent certes aux compétences techniques des
équipes multimédias mobilisées sur les projets mais
aussi à la qualité des contenus et à l’imagination
artistique des concepteurs.
Ce constat rappelle à ceux qui l’oublient un peu trop
vite que des contenus culturels de haut niveau ne
s’élaborent pas en l’espace de quelques semaines
comme dans une démarche journalistique mais qu’ils
nécessitent des années de travail de chercheurs
et l’existence d’institutions de conservation et de
diffusion des connaissances capables elles aussi
d’innover.
Dès le milieu des années 1980 et tout au long de la
décennie suivante, les milieux culturels connaissent
de profondes transformations avec le développement
et l’extension du numérique à toutes les sphères
d’activités.
Malgré tous les changements politiques et les
réorganisations qu’ils connaissent, les services
scientifiques et techniques du ministère de la culture
et de certains établissements publics culturels savent
prendre à temps le virage du numérique et s’engagent
résolument dans la dématérialisation des contenus.
A l’aube du nouveau millénaire, la politique culturelle
numérique française, notamment en matière de
numérisation et de nouveaux services aux publics,
est parmi les plus avancées en Europe.
Grâce au soutien du ministère chargé de la recherche,
6
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
les services culturels à vocation scientifique
disposent d’ingénieurs et de techniciens compétents
qui, avec certains conservateurs et personnels
de documentation, apportent une contribution
importante à l’effort national de recherche sur le
patrimoine culturel français, à sa numérisation et à
sa médiation en direction de tous les publics.
Le partenariat de recherche du ministère de la
culture avec des laboratoires universitaires, du
CNRS, du CEA ou de l’INRIA est un facteur décisif
pour la structuration des données et des documents
numérisés comme pour la conception des plateformes
en vue de faciliter les échanges et l’adaptation
progressive aux exigences du web sémantique.
Il en est de même pour les progrès accomplis pour la
reconnaissance de formes artistiques, la numérisation
de haut niveau en 2D ou 3D et la simulation en 3D du
patrimoine archéologique ou bâti.
Depuis une vingtaine d’années, la multiplication des
établissements publics culturels et les moyens dont
ils disposent, en personnels et crédits, les incitent à
mener leurs propres programmes de recherche, de
numérisation et de médiation, souvent avec le soutien
de mécènes à l’occasion de grandes expositions.
La création des pôles de compétitivité en 2004,
de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) en
2005, puis des structures créées dans le cadre
de la politique des «  Investissements d’avenir  »,
lancée en 2010, incite au regroupement des acteurs
scientifiques et culturels et multiplie les sources de
financement, tout en concentrant les moyens en
certains points du territoire et tout particulièrement
en Île-de-France pour les sciences humaines.
Cette politique redonne aux universités le rôle moteur
qu’elles avaient perdu dans certains domaines
au profit des grands organismes de recherche et
permet les innovations pédagogiques nécessaires
à l’adaptation des enseignements à la société
d’aujourd’hui.
Dans ce contexte, l’enjeu principal pour les
établissements culturels est de s’insérer dans cette
nouvelle organisation, où leur tutelle ministérielle
est beaucoup moins présente qu’autrefois, tout en
parvenant à faire entendre leurs besoins en matière
de recherche et d’expérimentation.
La fin des appels à projets de «  services numériques
culturels innovants  », annoncée en 2015 par le
ministère de la culture, due en réalité à la baisse
généralisée des crédits publics, montre que la
recherche de moyens pour des expérimentations de
ce type devra dorénavant se diversifier et que les
acteurs culturels devront trouver de nouvelles formes
de financement par le mécénat ou la participation
volontaire d’amateurs.
En matière de médiation du patrimoine culturel,
la tendance est déjà à la commercialisation
systématique de produits sur supports mobiles, cette
orientation mérite d’être contrebalancée par une
politique volontariste de soutien aux logiciels libres
et à des plate formes d’accès gratuit au patrimoine
pour que la notion de service public culturel ne perde
pas tout son sens et que les institutions culturelles
les plus modestes ne restent pas au bord de la route.
Ces évolutions très importantes imposent de
repenser fondamentalement la politique de pilotage
de la recherche culturelle et de redéfinir la place
de ses différents acteurs pour éviter les risques de
dispersion des efforts et maintenir la cohérence des
politiques et des investissements publics.
En décrivant plus de quarante années d’initiatives
et de programmes, les difficultés rencontrées, les
revirements techniques, les succès et les échecs, les
chapitres qui suivent, ont pour seule ambition d’aider
les nouveaux acteurs du numérique à inscrire leurs
projets dans la continuité et à éviter les écueils que
d’autres ont tenté de surmonter avant eux.
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
LES DÉBUTS DE
L’INFORMATIQUE
ET DES RÉSEAUX (1960-1979)
8
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
Au milieu des années 1960, le lancement du Plan
Calcul par le Général de Gaulle a pour but de rattraper
le retard pris par la France vis à vis des États-Unis
d’Amérique en matière d’équipements informatiques,
un marché dominé à l’époque par la firme IBM.
La construction d’ordinateurs français est inscrite
au Vè Plan (1966-1970) dans le cadre de l’essor
industriel qui y est programmé. La société CII
(Compagnie Internationale pour l’Informatique) est
créée avec l’aide de l’État en 1967.
Dans le monde de la recherche, après l’échec du
CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique)
dans la conception de nouveaux ordinateurs, le
gouvernement, créé en 1967, l’IRIA (Institut de
Recherche en Informatique et en Automatique,
devenu ensuite l’INRIA) pour accélérer les formations
et les applications de l’informatique, tout en soutenant
le monde industriel et notamment la CII.
L’informatique est alors reconnue en France comme
une discipline scientifique et les études dans ce
1	 Huitema, Christian. Et Dieu créa l’Internet ... Paris: Eyrolles, 1996.
domaine sont sanctionnées par de nouveaux
diplômes de l’enseignement supérieur.
ARPAnet, le premier réseau par paquets, est créé en
1969-1970 par le ministère de la Défense des États-
Unis d’Amérique entre l’université de Stanford, deux
universités de Californie et l’université de l’Utah. Le
nombre de sites connectés à l’ARPAnet croît très
rapidement dans les années qui suivent (23 sites en
1971).
Parmi les chercheurs à l’initiative de ce réseau figure
Vint Cerf qui invente en 1973, avec son collègue Bob
Kahn, le concept d’Internet, à savoir les protocoles
permettant la communication entre ordinateurs (TCP/
IP..).
Dans les petites et moyennes entreprises comme
dans les laboratoires de la recherche publique, le
début des années 1970 est marqué dans notre pays
par l’arrivée des mini-ordinateurs de la CII mais aussi
des modèles PDP et VAX de la société DEC (Digital
Equipment Corporation) moins chers que ceux d’IBM.
Les français ne sont pas absents de ce mouvement
de mise en réseau d’ordinateurs utilisant la
commutation par paquets avec le réseau Cyclades
développé dans les locaux de l’IRIA par Louis Pouzin
et ses collègues dès 1971.
Leurs idées influencent les américains avec
lesquels ils collaborent mais Cyclades se trouve en
concurrence avec le réseau Transpac, développé par
l’administration française des télécommunications, il
est abandonné en 1978 pour des raisons de stratégie
industrielle.
« Transpac, bien que dédié aux échanges de
données, ressemblait beaucoup plus que Cyclades
ou ARPAnet à un réseau téléphonique classique :
il était beaucoup plus facile d’y prélever des taxes.
» écrit Christian Huitema, un chercheur de l’INRIA,
spécialiste des réseaux, dans un ouvrage publié en
1995 qui fait date1
.
Le développement du système d’exploitation UNIX
sur les mini-ordinateurs permet leur mise en réseau
progressive dans une même entreprise ou laboratoire
puis, dès 1976, la communication à distance entre
les machines via le réseau téléphonique grâce à desCrédits : Jean-Pierre Dalbéra
9
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
modems.
Ignorant la révolution, qui allait donner naissance
quelques années plus tard aux prémisses de
l’Internet, la France lui préfère à cette époque un
standard fermé, soutenu, de manière très volontariste,
par le ministère des postes et télécommunications
pour des motifs de politique industrielle française et
européenne.
Il faudra attendre le 28 juillet 1988 pour que les
premiers laboratoires de recherche français, d’abord
à l’INRIA de Sophia-Antipolis et de Rocquencourt,
soient raccordés à l’Internet américain grâce à la
mise au point de passerelles complexes entre les
protocoles TCP-IP et ceux de Transpac.
LE RAPPORT NORA MINC SUR
L’INFORMATISATION DE LA
SOCIÉTÉ
2	 Nora, S., and A. Minc. L’informatisation de La Société: Industrie et Services Informatiques. L’Informatisation de La Société : Rapport À
Monsieur Le Président de La République. Documentation Française, 1978
3	 Lussato, Bruno. Le Défi Informatique. Paris: Fayard, 1981
A la fin de la décennie 1970, hors des milieux
scientifiques français, le pays prend conscience
de ce qui se prépare avec la publication du rapport
sur l’informatisation de la société, rédigé par Simon
Nora et Alain Minc, et remis, en décembre 1977, au
président Valéry Giscard d’Estaing.
Les deux auteurs entendent sensibiliser leurs
concitoyens aux profondes transformations
industrielles et sociales que va engendrer
l’informatique.
Ils lancent le terme de télématique (informatique et
télécommunications) qui préfigure le réseau Minitel
national2
.
La direction générale des télécommunications
annonce en 1978 la mise en place d’un réseau
vidéotex grand public qui sera accessible avec des
terminaux peu onéreux.
Des expérimentations commencent d’abord avec
l’annuaire électronique sur minitel en 1980 à Saint-
Malo et en Ile-et-Vilaine, d’autres nouveaux services
sont ensuite testés notamment à Vélizy.
D’autres auteurs comme Jean-Jacques Servan-
Schreiber, dans son ouvrage « Le défi mondial
» édité en 1980, ou Bruno Lussato, professeur
au conservatoire national des arts et métiers,
pressentent les conséquences de la révolution qui
s’annonce avec l’arrivée de la micro-informatique et
ses promesses en termes de création et d’expression
individuelle3
.
Jean-Jacques Servan-Schreiber est à l’origine de
la création en 1981 du Centre mondial informatique
et ressource humaine, une institution située à Paris
qui finance des recherches, mais qui est aussi une
vitrine des applications des nouvelles technologies
pour le grand public.
Le Centre organise des animations pour les jeunes
qui sont initiés au langage Logo.
Il est dirigé dès sa création par Nicholas Negroponte,
Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
10
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
professeur au MIT et Seymour Papert4
, disciple
de Jean Piaget, chercheur au MIT, pionnier de
l’intelligence artificielle et de l’apprentissage,
inventeur du langage de programmation Logo.
Le centre sera fermé en 1986 sous la présidence de
Jacques Chirac pour des raisons essentiellement
politiques.
INFORMATIQUE ET PATRIMOINE,
LES PREMIERS PROJETS
CULTURELS
Créée en 1959 par le général de Gaulle, et attribuée
à André Malraux sous le nom de « ministère d’État
chargé des Affaires culturelles », cette administration
a, dès son origine, pour mission « de rendre
accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et
d’abord de la France, au plus grand nombre possible
de Français ; d’assurer la plus vaste audience à notre
patrimoine culturel, et de favoriser la création des
œuvres de l’art et de l’esprit qui l’enrichissent.»
Ces missions ne sont élargies qu’en 1982 sous
l’impulsion du ministre Jack Lang, en vue de favoriser
4	 Papert, Seymour, and Rose-Marie Vassallo-Villaneau pour la traduction française. Jaillissement de l’esprit: ordinateurs et
apprentissage. [Paris]: Flammarion, 1981.
5	 Dalbéra, Jean-Pierre. “La recherche au ministère chargé de la Culture (1959-2000).” Histoire de la recherche contemporaine. La revue
du Comité pour l’histoire du CNRS, no. Tome II - N°2 (December 15, 2013): 108–121.
également l’éducation artistique, de développer
les pratiques des amateurs et de contribuer au
rayonnement de la culture française dans le monde.
Durant la première décennie d’existence du nouveau
ministère, la production de connaissances objectives
sur l’art, le patrimoine ou les pratiques culturelles
n’est pas une priorité d’André Malraux qui affirme
alors, selon André Holleaux, un de ses directeurs
de cabinet, « que la culture est une question de
transcendance par les émotions »5
.
Malgré le peu d’intérêt du ministre pour la recherche
et les études, l’administration culturelle va néanmoins
devoir leur faire appel pour accomplir ses missions car
elle a besoin d’expertises techniques pointues pour
la connaissance et la conservation du patrimoine, de
statistiques, d’études socio-économiques...
La création de services scientifiques au
ministère de la culture
Grâce au soutien du Commissariat général au
Plan puis de la Délégation générale à la recherche
Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
11
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
scientifique et technique (DGRST), divers services
d’études et de recherche sont créés dans le ministère
d’André Malraux intégrant des sociologues, des
statisticiens, des archéologues, des historiens de
l’art, des architectes, des physiciens et chimistes.
Ces services développent dès le début des
collaborations avec des laboratoires de grands
organismes de recherche et avec des universités
pour renforcer leurs capacités d’expertise et mener
en partenariat des études et recherches spécialisées.
Parmi ceux-ci, est institué en 1964, le bureau des
fouilles et antiquités puis, en 1966, la direction des
recherches archéologiques sous-marines (DRASM).
En cette même année 1964, est également créée
la commission nationale chargée de l’inventaire
général des monuments et des richesses artistiques
de la France.
Celle-ci est présentée comme la plus vaste entreprise
d’information fondamentale jamais réalisée dans
le domaine artistique français. Son objectif est
de constituer une documentation complète sur la
totalité des œuvres de l’architecture et de l’art de la
France en retenant une approche topographique et
en mettant au point un système d’analyse de nature
sémantique.
Le musée national des arts et traditions
populaires
Le Musée National des Arts et Traditions Populaires
(MNATP), associé au CNRS dans le centre
d’ethnologie française, et issu du musée de l’Homme
du Trocadéro, est le premier musée à être doté
d’un service d’informatisation des collections sur les
objets domestiques.
Dans ses nouveaux locaux du bois de Boulogne, les
dispositifs de médiation sont nombreux et modernes
pour l’époque.
Ils font appel à des vidéos, des photographies,
des maquettes, des enregistrements sonores, des
dioramas sonorisés, présentés au sein de la galerie
6	 in 1980, la base compte 11.251 monuments
7	 fin 1980, 17.000 sites archéologiques sont répertoriés sur 120.000 sites connus.
d’étude, ouverte en 1972, et dans la galerie culturelle,
ouverte en 1975.
Ces ressources accompagnant les collections, sont
issues des recherches et des collectes effectuées sur
le terrain, elles seront progressivement numérisées
dès la fin de la décennie 1990 et illustreront les
sites web et CD-ROM produits par ce « musée-
laboratoire » hors normes qui deviendra le Musée
des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée.
Pour coordonner les programmes de recherche
menés dans l’ensemble du ministère, le secrétariat
d’État à la culture se dote, en 1976, d’un Conseil de
la recherche et, quelques temps après, d’une mission
de la recherche qui prépare les travaux du Conseil
et assure la liaison avec la DGRST, pourvoyeuse
d’emplois et de crédits de recherche.
C’est dans ce contexte scientifique et culturel que
l’usage des outils informatiques débute au ministère
de la culture au milieu de la décennie 70.
LES BASES DE DONNÉES
INFORMATISÉES SUR LE
PATRIMOINE
A coté des applications de gestion, l’informatique
s’impose au ministère chargé de la culture
pour gérer et traiter les masses considérables
d’informations et de ressources documentaires sur
le patrimoine national générées par les activités des
services de cette administration centrale.
En relation directe avec les missions législatives
et réglementaires de ce ministère, les premières
grandes bases de données créées portent sur :
•	 les monuments historiques protégés par la
loi et sur leur état sanitaire6
,
•	 la carte des sites archéologiques et des
chantiers menaçant le patrimoine enfoui7
,
•	 l’inventaire général des monuments et
richesses artistiques de la France,
•	 les collections publiques conservées dans
12
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
les musées8
,
•	 les grands fonds d’archives,
•	 diverses données physico-chimiques liées
aux recherches effectuées dans les laboratoires
du ministère sur les biens culturels publics.
Le système d’information de cette époque, contrôlé
par le bureau de l’informatique du ministère, est doté
d’un ordinateur central (IRIS 80 de la CII) traitant les
données, et relié à des terminaux situés dans les
services.
Le choix du logiciel «  Mistral  » comme système de
recherche d’information, conçu et réalisé par la CII/
Bull dans le cadre du Plan Calcul, est fait dès le début
du programme d’informatisation documentaire afin
d’unifier les modes d’utilisation des différentes bases
de données et de permettre l’édition de catalogues
photo-composés pour la diffusion et la médiation.
Ainsi, dans les services culturels traitant d’archéologie
et d’histoire de l’art, l’arrivée de l’informatique est due
au volontarisme des informaticiens et de quelques
scientifiques intéressés par les possibilités nouvelles
offertes en matière de stockage, de traitement et de
diffusion des données.
Cette innovation n’est pas toujours été bien perçue
par certains conservateurs qui craignent de se
voir dépossédés de leurs connaissances une fois
stockées dans une mémoire collective centralisée.
Jusque dans les années 80, les réticences restent
grandes notamment au sein des musées et la
mission de la recherche du ministère doit recruter
des personnels spécialisés en « documentation
informatisée  » pour alimenter les bases de données
scientifiques car de nombreux conservateurs ne
veulent pas travailler sur ces outils.
Une démarche de normalisation inédite en
histoire de l’art
Les contraintes techniques des systèmes
documentaires des années 70 nécessitent
l’élaboration de vocabulaires et de systèmes
descriptifs très élaborés, destinés à la description des
collections muséales, archéologiques, du patrimoine
8	 fin 1980, les bases des musées nationaux ou classés comprennent : 18.000 peintures, 4.000 sculptures, 3.000 dessins, 3.500 objets
d’art, 25.000 antiquités égyptiennes, 2.000 antiquités grecques et romaines, 12.000 objets domestiques,
9	 La commissaire générale de cette exposition est Madeleine Hours, directrice du laboratoire de recherche des musées de France. Le
catalogue de cette manifestation, impulsée par la DGRST, est préfacé par Hubert Curien qui est à l’origine du soutien apporté à la
mobilier et architectural, des fonds d’archives.
Les critères d’analyse d’une œuvre sont définis
finement dans les systèmes descriptifs où sont
précisés le contenu des rubriques et les règles
d’écriture à utiliser.
Les ouvrages de la collection «  Principes d’analyse
scientifique  » de l’Inventaire général définissent
les vocabulaires dans chaque grand domaine :
tapisserie, architecture, sculpture, objets civils et
domestiques, vitrail..
L’analyse iconographique des œuvres est effectuée
dans les bases consacrées aux beaux-arts à l’aide
du thésaurus iconographique de François Garnier,
chercheur au CNRS.
Le besoin d’accéder aux images
Pour compléter la documentation informatisée sur
les collections d’objets répertoriées et étudiées
à la direction des musées de France comme à
l’Inventaire général, un accès immédiat à l’image
s’avère rapidement indispensable.
En effet, la précision et la richesse des systèmes
descriptifs mis en place pour chaque type d’objet, ne
peut remplacer in fine la visualisation de l’œuvre.
Des photothèques traditionnelles, alimentées par les
photographes du ministère, existent depuis plusieurs
années dans les centres de documentation du
patrimoineetdesgrandsmuséesmaislamanipulation
manuelle des images (tirages, diapositives,
ektachromes..) et des films est fastidieuse et risque
de dégrader les originaux en cas de consultation
intensive.
Des solutions nouvelles sont recherchées pour
moderniser les outils documentaires.
La science au service de l’art et le premier
vidéodisque
La grande exposition « La vie mystérieuse des chefs-
d’œuvre. La science au service de l’art  »9
, organisée
au Grand Palais en 1980 dans le cadre de l’année du
patrimoine, offre l’occasion aux services du ministère
13
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
de la culture de montrer l’état d’avancement des
recherches qu’ils mènent sur le patrimoine national
en collaboration avec des laboratoires publics
extérieurs10
.
Cette grande opération de vulgarisation scientifique
et de promotion culturelle, orchestrée par les deux
ministères partenaires, remporte un grand succès
populaire car elle montre que la science dispose de
nouveaux outils pour percer les mystères de l’art
et favoriser, grâce à l’informatique, la diffusion des
connaissances au plus grand nombre.
En complément de nombreuses démonstrations de
sciences et techniques appliquées au patrimoine,
les visiteurs de l’exposition peuvent consulter sur
des terminaux informatiques les bases de données
naissantes mais aussi voir fonctionner un vidéodisque
Thomson11
qui présente les collections du musée du
Louvre en images.
Cette initiative qui étonne le public, traduit le
dynamisme des services scientifiques culturels et
leur volonté d’innovation car le vidéodisque vient à
peine d’être commercialisé.
Le dispositif d’interrogation mis à la disposition des
utilisateurs est constitué par un terminal standard
relié à un lecteur de vidéodisque, qui alimente un
écran de télévision couleur.
Un module du logiciel documentaire «  Mistral  »
permet l’affichage d’une image vidéo de l’objet dont
la notice textuelle apparaît sur l’écran du terminal.
La qualité des images vidéo est encore loin d’être
au niveau des photographies analogiques mais
l’intégration du texte et de l’image est prometteuse
pour l’avenir des systèmes d’information de ce type.
La visualisation d’images par vidéodisque couplée
à des informations textuelles détaillées sur l’œuvre
ou le monument sera perfectionnée au cours
de la décennie 80 pour aboutir à des dispositifs
interactifs intégrés et faciles d’accès proposant des
informations, des visites guidées, des jeux, des
produits d’enseignement ou des renseignements
touristiques dans certaines régions.
recherche culturelle.
10	 Hours, Madeleine, La vie mystérieuse des chefs-d’oeuvre: la science au service de l’art; Galeries nationales du Grand Palais, 10 oct.
1980 - 5 janvier 1981. Paris: Réunion des musées nationaux, 1980.
11	 Le vidéodisque a été commercialisé par Thomson à partir de 1978.
PLURIDISCIPLINARITÉ, CRÉATION
ET INNOVATION
Le Centre Georges Pompidou
La décennie 70 est fortement marquée sur le plan
culturel par l’ouverture en 1977 du centre d’art et de
culture Georges Pompidou (CNACGP).
La volonté du second président de la Vè République,
lui-même amateur d’art, est de rendre accessible au
plus grand nombre la création contemporaine dans
toutes ses dimensions.
En créant cet établissement pluridisciplinaire
d’un nouveau genre, unique en Europe, Georges
Pompidou va au-devant de préoccupations qui se
Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
14
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
sont révélées en mai 1968  : besoins de formation,
d’éducation, d’expression culturelle pour chacun. Ce
sont ces arguments qui sont mis en avant dans le
premier bulletin du centre publié en janvier 1977 et
destiné aux visiteurs.
Le projet architectural est confié à deux jeunes
architectes révolutionnaires pour l’époque : Renzo
Piano et Richard Rogers. Leur projet tourne
totalement le dos à l’architecture officielle en
privilégiant l’ouverture du bâtiment sur l’extérieur
(la piazza) et en favorisant la flexibilité des espaces
d’exposition par la mise à disposition de grand
plateaux suspendus.
Malgré les critiques acerbes émises sur le concept
architectural comme sur le caractère pluridisciplinaire
du centre, celui-ci lance un défi à l’académisme des
institutions culturelles de l’époque contraintes de se
moderniser dans son sillage.
L’édification de ce centre est aussi une source
d’inspiration pour la politique des grands travaux
qui sera menée par le président François Mitterrand
et un signal majeur sur le rôle joué par les grands
architectes dans la rénovation ou la création des
grands établissements culturels.
En accord avec sa nature pluridisciplinaire, le
CNACGP comprend à son ouverture le musée
national d’art moderne (MNAM), le centre de
création industrielle (CCI), la bibliothèque publique
d’information (BPI) mais également de grandes
salles polyvalentes, un atelier des enfants et l’Institut
de recherche et de coordination acoustique/musique
(IRCAM) confié au compositeur Pierre Boulez et dont
les locaux enterrés sont voisins du bâtiment principal.
A ses débuts, la politique du centre en direction
de ses publics est particulièrement dynamique,
avec notamment l’animation d’un réseau de
correspondants actifs dans les entreprises, dans les
associations ou les centres culturels qui sont autant
de relais privilégiés pour informer sur ses activités et
attirer des visiteurs. Des catalogues sont distribués
gratuitement, de nombreux avantages sont offerts
aux communautés d’amis.
Au sein du centre, les fonctions de médiation sont
fortement valorisées, incluant même des agents
de surveillance, connaissant l’histoire de l’art, et
capables d’informer le public au moins à un premier
niveau de complexité. Une certaine utopie règne
dans l’établissement mais le succès populaire arrive
rapidement et étonne même les décideurs.
L’IRCAM, recherche et création artistique
En matière d’informatique, c’est l’IRCAM qui au sein
du centre Georges Pompidou est le département le
plus avancé.
En effet, les synthétiseurs
de musique électronique
existent depuis le milieu
de la décennie 1950 avec
les synthétiseurs d’Harry
Olson et Herbert Belar
de RCA puis du célèbre
Robert Moog. Ils sont
largement utilisés par les
compositeurs mais ces
derniers s’intéressent
aussi aux capacités des
premiers ordinateurs.
Au sein des laboratoires
Bell, Max Mathews et ses
collègues mettent au point
au milieu des années
1950, la synthèse sonore
sur ordinateur.Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
15
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
Pierre Boulez y est très attentif car il comprend que
«  ces sons nouveaux doivent être spécifiés non en
termes d’instruments ou d’indications de jeu, mais en
termes de détails sur la nature de l’onde  »12
.
Dans les années 1970, c’est le coût des ordinateurs
qui limite encore les applications musicales mais les
chercheurs s’efforcent de fabriquer des circuits et
des machines spécialisées pour accélérer les calculs
et mieux comprendre les caractéristiques des sons
musicaux : John Chowning à l’université de Stanford
et Jean-Claude Risset et Peppino Di Giugno à
l’IRCAM.
En 1980, le prototype d’une machine révolutionnaire:
la 4X, est mis au point à l’IRCAM par P. Di Giugno,
après 5 ans de travail, avec le soutien de la mission
de la recherche du ministère de la culture.
A travers, l’IRCAM, le centre G. Pompidou dispose
dès lors d’un laboratoire scientifique unique en
Europe qui, à coté de la création artistique, travaille
sur la structuration des matériaux musicaux
nouveaux et sur l’interaction de l’ordinateur et de la
pensée musicale.
Cette présence scientifique et technologique
permanentedansungrandétablissementcultureljoue
un rôle moteur jusqu’à aujourd’hui pour maintenir des
relations étroites entre l’art et la science et favoriser
la pénétration des innovations dans la création et
l’éducation artistique.
L’IRCAM est également, dans les années 1990, le
lieu de référence, de formation et de médiation pour la
numérisation des ressources sonores qui commence
à être réalisée à grande échelle à l’initiative de la
mission de la recherche.
La place singulière de Iannis Xenakis
En février 1962, le compositeur Iannis Xenakis, qui
a une double formation d’architecte-ingénieur et de
compositeur, crée la «  famille  » des œuvres ST
entièrement calculées sur un ordinateur IBM 7090.
En 1966, il fonde l’EMAMu (Equipe de Mathématique
et d’Automatique musicales) qui «  veut procurer un
12	 Rivière, Yves, Catherine Pouillon, and IRCAM (Research institute : France), Passage du XXe Siècle: [catalogue de l’exposition],
Janvier-Juillet 1977. Paris: IRCAM, 1976
13	 Mâche, François Bernard, Portrait(s) de Iannis Xenakis. Portrait(s). Paris: Bibliothèque nationale de France, 2001.
14	 Chion, Michel, and Guy Reibel. Les Musiques Électroacoustiques. s.l.: INA-GRM, 1976.
instrument interdisciplinaire, pour l’expansion de la
connaissance et de la créativité musicales afin de
contribuer au développement et à la revitalisation
de la musique en tant qu’art dans l’éducation et la
société.  »13
.
En 1972, année de création de son Polytope de
Cluny, «  un spectacle automatique, abstrait avec des
lumières, des lasers et des flashs électroniques  » sur
une musique électroacoustique pour bande 8 pistes,
Yannis Xenakis transforme l’EMAMu en CEMAMu,
centre de Mathématiques et Automatique musicales.
C’est au CEMAMu qu’il mettra au point l’UPIC, avec
l’aide du ministère de la culture (MRT et direction de la
musique). L’UPIC (Unité Polyagogique Informatique
du CEMAMu) est un outil de composition musicale,
composé d’une tablette graphique avec affichage
vectoriel reliée à un ordinateur. Le compositeur
dessine les formes d’ondes et les enveloppes de
volume qui sont ensuite calculées par l’ordinateur.
Le Groupe de Recherches Musicales
Le Groupe de Recherches Musicales (GRM) est créé
en 1958 autour de Pierre Schaeffer. Commence à
cette date un long travail de recherche collectif qui
aboutira au célèbre «  Traité des Objets Musicaux  ».
Le GRM est un lieu d’intense création artistique qui
s’intègre en 1960 au service de recherche de la
Radiodiffusion Télévision Française, puis de l’INA en
1975.14
Au sein de l’INA, le GRM poursuit ses activités de
création électroacoustique mais aussi de recherche
avec la réalisation du processeur SYTER, en 1984
qui est un système en temps réel audionumérique,
interactif et ouvert pour la création sonore.
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
LES ANNÉES 1980 :
LE MARIAGE
ENTRE CULTURE
ET TECHNOLOGIES
17
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
Le rapprochement entre culture et nouvelles
technologies s’intensifie tout au long de la décennie
1980, il est facilité par la double priorité budgétaire
accordée à la recherche et à la culture par l’arrivée
de la gauche au pouvoir en 1981.
Les assises de la recherche et de la technologie
organisées dans les régions puis au niveau national
entre 1981 et 1982 créent une véritable dynamique
dans la communauté scientifique, grâce aux débats
qui sont organisés sur les priorités scientifiques,
les conditions et moyens nécessaires, les missions
nouvelles des chercheurs dans la société.
La loi d’orientation et de programmation de la
recherche (LOP), votée en 1982, conclut et traduit
juridiquement ces rencontres.
Cette loi a des conséquences majeures sur
l’organisation de la recherche en France et sur son
insertion socio-économique.
Parmi les nouvelles orientations et missions des
scientifiques figure explicitement la diffusion de
l’information et de la culture scientifique et technique.
C’est une nouveauté qui incite à la médiation de
la science sous toutes ses formes : publications,
édition scientifique, bases de données, conférences,
journalisme, animations pour les jeunes, journées
portes ouvertes, création de centres culturels
scientifiques et techniques, relations entre artistes et
scientifiques. De nombreux chercheurs et ingénieurs
se mobilisent et les initiatives se multiplient.
Le doublement du budget de la culture en 1982
offre au ministère de la culture de Jack Lang des
possibilités d’intervention sans commune mesure
avec celles de ses prédécesseurs.
De nombreuses réformes sont engagées, notamment
en faveur de la décentralisation, et de nouveaux
champs culturels sont explorés parmi lesquels
figurent la recherche et les technologiques appliquées
à la création artistique et au patrimoine ainsi que la
culture scientifique, technique et industrielle.
UNE NOUVELLE DYNAMIQUE
CULTURELLE ET ÉDUCATIVE
1	 Weissberg, Jean-Louis, Centre de création industrielle, “1984” et Les Présents de L’univers Informationnel: 34 Auteurs, Pour Un
Colloque. Collection Alors. Paris: Centre Georges Pompidou, Centre de création industrielle, 1985.
Les années 1980 connaissent un véritable
bouillonnement d’initiatives culturelles, scientifiques
et technologiques.
•	 les industriels explorent les nouveaux
marchés de la communication avec le plan câble
sous maîtrise d’ouvrage des PTT ;
•	 les artistes s’approprient les nouveaux outils
de création de l’image, du son, du texte, du film
d’animation ou de la vidéo ;
•	 les scientifiques transforment leurs méthodes
de travail avec l’arrivée des micro-ordinateurs  ;
•	 la conception assistée par ordinateur
et à l’intelligence artificielle sont en plein
développement  ;
•	 le jeune public découvre les premiers jeux
sur écran ;
•	 les enseignants sont confrontés au «  Plan
informatique pour tous  », aux micro-ordinateurs
Thomson et aux langages Basic et Logo ;
•	 la Cité des sciences et la Géode ouvrent
leurs portes en 1986.
Les Immatériaux, menace ou opportunité de
sortie de crise
Trente six années après la publication du livre
d’Orwell, un colloque « 1984 et les présents de
l’univers informationnel  » est organisé en octobre
1984 par le centre de création industrielle du centre
Georges Pompidou, pour débattre des rapports
entre informatique et pouvoir à l’heure des réseaux
mondiaux de l’information et de la propagation de la
micro-informatique autonome1
.
Une des grandes interrogations porte alors sur la
véracité de la sortie de crise économique par la filière
électronique qui est le discours officiel dominant de
l’époque.
La menace d’uniformisation culturelle est abordée
mais aussi l’arrivée de nouvelles pratiques de
création grâce aux promesses de l’informatique pour
le traitement de l’image, du son, des textes et du
langage.
Le colloque traite en profondeur des nouvelles
problématiques sur l’état des relations entre
informatisation, culture et société. Il prépare
l’organisation d’une exposition emblématique « 
18
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
Les Immatériaux  » qui se tient en 1985 au centre
Georges Pompidou2
.
Les enjeux de la post-modernité
L’exposition «  Les Immatériaux  » est l’occasion
d’une véritable prise de conscience du grand public
des changements qui sont à l’œuvre sous l’impact
de la techno-science.
Le co-commissaire en est le philosophe de la post-
modernité : Jean-François Lyotard qui, interviewé
sur ses motivations, affirme « Nous cherchons
à faire sentir une espèce de déstabilisation de
l’identité aujourd’hui. Que les gens disent : qu’est ce
qui se passe ? Qui sommes-nous ? Qui nous parle ?
De quoi nous parlons-nous ?...quand nous utilisons
tous les produits liés à la technologie moderne. ».
2	 Théofilakis, Elie, ed. Modernes et Après ?: Les Immatériaux. Paris: Editions Autrement, 1985.
De son coté, Thierry Chaput du centre de création
industrielle, co-commissaire de l’exposition, écrit
dans ce même ouvrage :
« L’individu post-moderne est quelqu’un que l’on a
invité à jouer à un jeu, sans qu’il en connaisse les
règles ».
L’engouement pour les nouvelles images
Les images de synthèse créées sur ordinateur, qui
sont appelées à cette époque les «nouvelles images»,
constituent un des aspects les plus attractifs des
applications artistiques de l’informatique.
Plusieurs grandes manifestations y sont consacrées.
La plus importante est le Forum International des
Nouvelles images, appelé Imagina en 1986, et qui
est organisé tous les ans par l’Institut national de
l’audiovisuel (INA), de 1981 à 2000, dans le cadre du
Festival de télévision de Monte-Carlo.
A cette époque, héritier du service de recherche de
l’ex-ORTF, l’INA dispose d’équipes de chercheurs,
qui développent des logiciels d’animation et des
systèmes de traitement du son en temps réel.
Philippe Quéau, le fondateur d’Imagina en fait partie.
Ce polytechnicien fait d’Imagina une manifestation
d’envergure internationale, très suivie par les
professionnels, où sont montrées les dernières
innovations en matière d’images dans les industries
culturelles.
Olivier Koechlin, responsable de production
de la plate-forme multimédia de l’INA y joue
également un rôle majeur en impulsant réflexions et
expérimentations sur les nouvelles formes d’écriture
interactive multimédia.
Art, science et technologies dans les
régions
Dès 1986, la ville de Rennes qui héberge
d’importants laboratoires de recherche dans les
télécommunications (CCETT, CERTAC..) et les
technologies de l’audiovisuel, et qui vient d’inaugurer
un centre de culture scientifique et technique, lance
un festival des arts électroniques offrant une vitrine
Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
19
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
internationale de qualité aux jeunes artistes et aux
chercheurs.
L’ambition d’Edmond Hervé, maire de Rennes depuis
1997 et ministre de plusieurs
gouvernements de gauche,
est de hisser son festival au
niveau d’  «  Ars Electronica 
» de Linz et d’  «  Images du
Futur  » de Montréal.
C’est une ambition
comparable bien que
davantage orientée vers le
développement économique
qu’ont les élus de Toulouse
lorsqu’ils inaugurent le salon
FAUST (Forum des Arts
des Univers Scientifiques et
techniques) en 1986.
La volonté de ce salon est
d’ouvrir dès 1996 un dialogue
entre les arts, les sciences,
les technologies et l’industrie
dans les domaines de
l’image, de la musique et du
son, du langage et des arts
du spectacle, mais aussi du
multimédia et de l’internet.
Le Québec et les images du futur
Créée en 1985, par l’artiste franco-canadien Hervé
Fischer et par Ginette Major, la Cité des arts et des
nouvelles technologies de Montréal se consacre
aux applications des technologies dans tous les
domaines de la création artistique (images de
synthèse, holographie, laser, musique numérique,
vidéo, design industriel et architectural, imagerie
scientifique, multimédia...).
Elle organise des expositions pour le grand public,
propose un centre de documentation au centre de
Montréal, suscite échanges et rencontres entre
professionnels et artistes.
Un an après son ouverture, la Cité inaugure à
Montréal «  Images du futur  », une manifestation
d’envergure internationale, à laquelle la France
est le premier pays invité d’honneur. Les travaux
et réalisations effectués dans le cadre de son plan
«  Recherche Image  » y trouvent une résonance
internationale.
«  Images du futur  » n’est
qu’un des volets de la politique
très dynamique et durable,
menée par le gouvernement
du Québec pour attirer les
entreprises innovantes sur son
territoire.
De nombreuses sociétés
françaises travaillant dans
ces domaines choisiront de
s’expatrier, pour des raisons
fiscales, pour les conditions
d’accueil qui leur sont faites et
pour se rapprocher des États-
Unis.
LE
DÉVELOPPEMENT
DE LA CULTURE
SCIENTIFIQUE ET
TECHNIQUE
Dans le contexte bouillonnant du début de la décennie
1980, la question des sciences et des technologies
fait ainsi irruption dans le champ culturel. Les
pouvoirs publics veulent réconcilier les deux cultures:
la science et les humanités que tout sépare dans la
tradition française.
Issu de la Maison de la culture, le grand précurseur de
ce mouvement est le centre de culture scientifique et
technique (CCST) de Grenoble. Créé en 1979, il sert
de modèle et suscite des vocations dans plusieurs
villes de France qui décident à leur tour la création de
CCST. Jacques Blanc, le directeur grenoblois sera
directeur-général adjoint de la Cité des sciences et
de l’industrie.
Mettre la science en culture
Il faut «  mettre la science en culture  », proclame
un physicien-philosophe-théoricien, Jean-Marc
Levy-Leblond, pour pouvoir comprendre l’évolution
Crédits : Jean-Pierre Dalbera
20
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
de la société, être capable de discuter les grandes
décisions, prendre en charge son destin et participer
au débat démocratique3
.
Des « boutiques de science » voient le jour dans
lesquelles les chercheurs se transforment en
médiateurs pour répondre aux questions des
citoyens.
Les laboratoires de recherche ouvrent plus
fréquemment leurs portes au public, les chercheurs
s’efforcent d’expliquer leur travail, de mieux le
motiver socialement et certains d’entre eux se
mettent au journalisme scientifique, conçoivent de
nouvelles émissions de télévision, fabriquent des
expositions et vont jusqu’à faire appel au théâtre pour
faire comprendre les découvertes de la recherche
scientifique4 5
.
De nombreux militants culturels, soutenus par
les ministères et certaines collectivités locales,
3	 Lévy-Leblond, Jean Marc. L’esprit de Sel: Science, Culture, Politique. Paris: A. Fayard, 1981.
4	 Caro, Paul, Jean-Louis Funck-Brentano, Académie des sciences (France), L’appareil d’information sur la science et la technique:
rapport commun. Paris; Londres; New York: Technique et documentation, 1996.
5	 Dalbéra, Jean-Pierre. “Le Spectacle de La Technologie.” Sciences et Techniques: Une Culture Partagée, Brises CNRS INIST, no. N°14
(1989).
6	 Dalbéra, Jean-Pierre, Marie-Noëlle Favier, and Yves Deforges. “Un Programme Mobilisateur: Culture Scientifique et Technique.”
Education Permanente, no. 82 (1986): 93–102.
7	 Dalbéra, Jean-Pierre et Favier Marie-Noëlle, Les grands organismes de recherche et la politique générale de CST dans Hier Pour
Demain: Une Mémoire de La Culture Scientifique, Technique et Industrielle: Premières Rencontres Michel Crozon, Orléans, 18-19 Mars
2010. Muséologies. Paris: Harmattan, 2014.
s’efforcent de favoriser la médiation entre ces deux
mondes et de susciter un nouvel imaginaire social
tout en promouvant l’innovation comme moteur de
transformation industrielle.
Pour tous, il s’agit de créer du sens là où il a souvent
disparu à cause de la crise économique.
Dans le cadre de la loi d’orientation et de
programmation de la recherche, un programme
mobilisateur6
est créé par trois ministères : culture,
recherche et éducation nationale pour soutenir et
développer la diffusion de la culture scientifique et
technique qui est inscrite parmi les priorités du IXè
plan (1984-1988)7
.
L’objectif du programme est de donner plus de
cohérence aux initiatives publiques souvent
dispersées et d’articuler les politiques nationales et
régionales.
Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
21
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
De nombreuses opérations de médiation associant
culture, patrimoine et nouvelles technologies sont
menées dans ce cadre.
La Cité des sciences et le réseau de centres
de culture scientifique et technique
L’aménagement du parc de la Villette avec la Cité
de la musique au sud et la Cité des sciences et de
l’industrie au nord (ouverte en 1986) avec sa salle
de cinéma à écran sphérique : la Géode (ouverte en
1985) est emblématique de cette ambition.
Ce grand projet présidentiel est l’objet de vives
polémiques sur l’opportunité de créer un nouvel
établissement parisien qui risque, selon les
opposants, d’absorber tous les crédits et d’imposer
sa propre vision de la science aux acteurs de terrain.
Mais en 1982, la dynamique suscitée par les moyens
dont bénéficient les ministères de la culture et de la
recherche permet une réelle relance des politiques
municipales ou régionales, qui prend diverses formes
contractuelles et apaise, au moins temporairement,
les inquiétudes.
La direction du développement culturel
(DDC) dirigée par Dominique Wallon est le
moteur de la nouvelle politique culturelle.
La mission pour la culture scientifique, technique et
industrielle (MCSTI) en fait partie, elle anime à partir
de 1982 la réflexion sur ces sujet avec plusieurs
groupes d’intellectuels qui rédigent des rapports
et contribuent au débat national préparatoire à
l’ouverture de la Cité des sciences8 9 10
. La MCSTI
finance de nombreuses opérations de médiation
sur le terrain comme des investissements pour la
création de CCST dans les régions.
Plus de 300 conventions de développement culturel
sont signées en quelques années par le ministère
de la culture couvrant un champ très large. 40% des
conventions comportent des opérations de culture
scientifique, technique et industrielle.
Écomusées, musées techniques, muséums, centres
de culture scientifique et technique, boutiques de
8	 Roqueplo, Philippe. Penser La Technique: Pour Une Démocratie Concrète. Science Ouverte. Paris: Seuil, 1983.
9	 Chesneaux, Jean. De La Modernité. Cahiers Libres 379. Paris: La Découverte/Maspero, 1983.
10	 De Noblet, Jocelyn et coll.. Manifeste Pour Le Développement de La Culture Technique. Berger-Levrault. Culture Technique n°6. Paris,
1981
science, associations de mémoire ouvrière reçoivent
des aides dans ce cadre.
IMAGES ET INTERACTIVITÉ
Le vidéodisque, un support prometteur
Plusieurs types de vidéodisques sont commercialisés
dans les années 1980. Ils permettent la diffusion
d’images vidéo (analogiques) fixes ou animées de
meilleure qualité que celles des cassettes vidéo
destinées au grand public et un accès précis aux
documents soit par télécommande, soit via un
ordinateur.
Les vidéodisques les plus utilisés à cette époque
dans le monde culturel ont un diamètre de 30 cm et
peuvent contenir 54.000 images ou jusqu’à une heure
de film selon les modèles. Ils nécessitent un lecteur
Crédits : Jean-Pierre Dalbera
22
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
particulier et ne permettent pas l’enregistrement de
la télévision.
Par contre, certains vidéodisques peuvent être
gravés comme ceux commercialisés par la firme
Panasonic mais leur prix reste élevé.
Leurs fonctionnalités sont d’abord utilisées pour la
réalisation de banques d’images ou pour l’archivage
audiovisuel en couplant un ou des lecteurs de
vidéodisque à un micro-ordinateur doté d’un logiciel
adéquat
De nouvelles possibilités de gestion des
images
L’imageur documentaire, conçu par Henri Hudrisier
pour la Société Européenne de Propulsion (SEP),
exploite ces outils nouveaux pour répondre aux
besoins de navigation dans un grand nombre
d’images documentaires, pour les trier, les comparer
et les sélectionner.
Sygma sera l’une des premières agences de presse
à s’en équiper.
11	 Culture futur: nouvelles technologies et communication. Paris: Alternatives, 1986.
De même, le poste IDIM conçu par Philippe Aigrain
(équipe Applications culturelles et artistiques de
l’informatique, université de Toulouse), associe
recherche documentaire et recherche visuelle.
Les applications commerciales du vidéodisque
concernent d’abord des catalogues de magasin, des
données techniques, des informations touristiques
(sur Biarritz, ville câblée dès 1981), des programmes
de formation, des encyclopédies, la diffusion de film.
Le soutien du ministère de la culture à
l’innovation numérique
Au ministère de la culture, la mission de la recherche
et le département des publics, de l’action éducative
et de la diffusion culturelle de la direction des musées
de France soutiennent les projets de banques
d’images sur la culture, l’art et le patrimoine.
Des aides à l’écriture de scénarios sont proposées
par la direction du livre et de la lecture et par la
direction de la musique et de la danse.
Un Institut Financier pour l’Industrie de la Culture
(IFCIC) est créé avec la participation du ministère de
la culture pour apporter aux banques une garantie
financière destinée aux entreprises à risque du
secteur culturel.
Parallèlement, un Plan son et un Plan image sont
lancés en 1982 à un niveau interministériel pour
soutenir l’innovation ou la formation dans les
entreprises culturelles, les studios d’enregistrement,
les fabricants d’instruments de musique, les ateliers
d’infographie, le cinéma, les éditeurs...
Un fonds d’aide à l’édition électronique sur
mémoires optiques est mis en place en 1989 par le
Centre National de la Cinématographie (CNC) en
collaboration avec le ministère de l’industrie afin de
soutenir les initiatives en matière de réalisation de
vidéodisques et de disques compacts. Des avances
remboursables sont attribuées aux sociétés11
.
La mission de la recherche finance également des
projets de recherche pour la modernisation des
systèmes d’information culturelle et fait même
l’acquisition d’une chaîne complète de fabrication
de banques d’images intégrant un enregistreur de
vidéodisques Panasonic qu’elle fait circuler dans les
Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
23
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
services scientifiques.
Banques d’images culturelles et bornes
interactives
La réalisation de banques d’images culturelles sur
vidéodisque est le point de départ d’un long processus
de modernisation des systèmes d’information et de
médiation de la culture qui s’est poursuivi jusqu’à
aujourd’hui.
Les acteurs culturels qui s’engagent à l’époque dans
ces opérations complexes apprennent de nouvelles
techniques, se forment à l’interactivité et auront
de l’avance sur leurs concurrents pour faire face à
l’accélération des innovations avec l’arrivée des CD-
ROM puis de l’internet public quelques années plus
tard.
Parmi les réalisations les plus importantes figurent
les banques d’images patrimoniales suivantes12
:
a) dans les musées :
•	 Art paléolithique mobilier (musée des
antiquités nationales) / vidéodisque inscriptible
Panasonic,
•	 Louvre (3 vidéodisques d’images et
de films sur les collections) / vidéodisques
commercialisés / OD’A Laser Edition,
•	 Mille chefs-d’œuvre des musées du Nord-
Pas-de-Calais,
•	 Musées nationaux parisiens,
•	 Collections du Musée d’Orsay / vidéodisque
commercialisé / OD’A Laser Edition,
•	 Le Parthénon (musée du Louvre, British
Museum, musée de l’Acropole),
•	 Passage des dates (7 bornes interactives
pour le musée d’Orsay),
•	 Picasso (œuvres de l’artiste) / vidéodisque
commercialisé / OD’A laser Edition,
•	 Saga (musée national d’art moderne),
•	 Soierie (musée des tissus de Lyon),
•	 Trésors d’émail (musées français et
étrangers),
•	 Vidéomuseum du XXè siècle (collections
françaises d’art contemporain),
•	 Vidéralp musée (collections des musées de la
régionRhône-Alpes),vidéodisquecommercialisé
par l’agence régionale d’ethnologie.
12	 Mission de la recherche et de la technologie. Bases de données et banques d’images: du ministère de l’Education nationale et de la
Culture Paris: La Documentation Française, 1993.
b) dans les bibliothèques, les archives et autres
institutions culturelles :
•	 Bibliothèques publiques de France (1919-
1989) (vues des bâtiments de lecture publique)
/ vidéodisque commercialisé, vendu avec un
livret,
•	 Images de la Révolution Française
(documents de la Bibliothèque nationale :
BN) / vidéodisque commercialisé par la BN et
Pergamon Press,
•	 Mémoire d’images d’Aquitaine (patrimoine
régional) / vidéodisque commercialisé par
l’agence de coopération d’Aquitaine,
•	 Mémoires d’images en Poitou-Charentes
(collections des bibliothèques) / vidéodisque
commercialisé par l’agence ABCD,
•	 Vidéralp de l’an 1000 à l’an 2000 (documents
iconographiques des bibliothèques de Rhône-
Alpes) / vidéodisque commercialisé par le
SIRPAB,
•	 Civilisations, Beaux-arts et Sciences et
Techniques (3 vidéodisques d’images de la BPI),
•	 Corpus Lascaux (4 vidéodisques de films sur
Lascaux),
•	 Noir et blanc (collection du service des
archives photographiques),
•	 Reconstruction de la France (fonds d’images
des archives nationales 1940-1970),
•	 Vidéocatalogue (collections françaises),
•	 Le Vitrail en France (vitraux du canton de
Troyes),
•	 LesVélinsduRoi», (imagesdelabibliothèque
du Muséum national d’histoire naturelle),
•	 Enluminures (images de la bibliothèque
Sainte-Geneviève)
Au cours de la décennie 80, le vidéodisque est
également intégré dans des bornes interactives
d’informations culturelles placées dans des lieux
publics.
Le vidéodisque « Salamandre » sur les châteaux de
la Loire et leur région est le premier à avoir été conçu
dans le domaine patrimonial, pour un usage grand
public.
Le disque seul est édité et vendu sur le marché mais
plusieurs bornes d’informations touristiques sont
24
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
également réalisées et mises en consultation dans
des lieux publics (autoroutes, syndicats d’initiative,...).
En avance sur son temps et surtout très coûteuse,
cette expérience souffre d’un manque de suivi
technique des matériels mis à disposition du public.
D’autres bornes semblables voient le jour, par la
suite, à l’initiative de collectivités territoriales, de
sociétés privées ou d’institutions culturelles, pour
valoriser les richesses culturelles d’une région (à
Lyon ou Montpellier, en Dordogne, en Bretagne, etc).
Les expérimentations interactives de la Cité
des sciences et de l’industrie
La Cité des sciences et de l’industrie (CSI), dès
sa phase de préfiguration, est un important lieu
d’expérimentations de bornes interactives dans le
domaine de la médiation scientifique et technique.
Disposant de crédits importants, elle fait réaliser des
jeux de découverte, de simulation, d’apprentissage,
de formation sur ordinateur, destinés à toutes les
catégories de public car à la différence du Palais de
la Découverte, peu d’animateurs ont été recrutés eu
égard à la surface des espaces d’expositions.
Nombre de dispositifs de médiation sont des
prototypes pas toujours fiables et robustes. Quelques
années après l’ouverture de la Cité en 1986, la
moitié d’entre eux sont en panne, ce qui alimente
les polémiques sur la place excessive faite aux
technologies dans l’établissement.
La médiathèque de la CSI est même dotée d’un
robot serveur de 1.400 vidéodisques sur lesquels
2.800 heures de programmes audiovisuels ont été
enregistrées et qui sont consultables sur 17 postes
publics connectés via deux réseaux.
Ce robot très complexe et ambitieux pour l’époque
est resté célèbre pour ses pannes à répétition, ses
difficultés de fonctionnement et son coût prohibitif.
En 1992, un bilan réalisé par la direction des musées
de France évalue à 400 le nombre d’interactifs
produits pour la Cité des Sciences et de l’industrie.
Maîtriser la production des banques
d’images
Si le vidéodisque d’images fixes possède de
nombreux atouts (capacité de stockage élevée,
rapidité d’accès aux images, simplicité d’utilisation,
etc), il a également des inconvénients dont les
principaux sont une faible définition des images vidéo
et un prix de revient élevé.
Pour pallier l’insuffisante qualité des images, un
vidéodisque haute définition (1125 lignes) est
imaginé au début des années 80, par l’équipe de G. 
Broussaud du Centre mondial de l’informatique.
Pour des applications culturelles, seule la fondation
Albert Kahn utilise ce système en vue de présenter sa
collection d’autochromes mais ce procédé se révèle
rapidement sans lendemain faute de l’existence
d’une norme internationale.
Cette incertitude sur le choix d’un standard technique
est à cette époque un handicap sérieux pour le
développement des produits multimédias culturels à
haute valeur ajoutée d’autant plus que leur coût de
conception est élevé.
Durant les années 80, une solution pour abaisser les
coûts de saisie et de fabrication générés par les sous-
traitants, est fournie par les systèmes autonomes
d’enregistrement de vidéodisques.
En effet, il existe des enregistreurs (Panasonic, Sony,
TEAC,..) permettant de réaliser, soi-même, grâce à
une caméra CCD vidéo professionnelle installée sur
un banc de reproduction, un vidéodisque analogique
capable de stocker et de restituer les images
produites.
La mission de la recherche acquiert en 1988, un
système semblable afin de le mettre à la disposition
des services patrimoniaux du ministère désireux de
mener des programmes de recherche documentaire
multimédias.
Plusieurs banques d’images scientifiques sont ainsi
réalisées par les services eux-mêmes, à des coûts
très réduits (art paléolithique mobilier au musée des
antiquités nationales, illustrations du journal «Le petit
Parisien» aux archives nationales, photothèque du
laboratoire de recherche des musées de France,
antiquités orientales du musée du Louvre).
Ce type de matériel, très simple d’usage, contribue
à former les utilisateurs du ministère de la culture et
25
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
à les libérer des prestataires de service. En ce sens,
il leur apporte une autonomie comparable à celle
du micro-ordinateur au début des années 80 et leur
permet d’acquérir un savoir-faire appréciable.
Acquérir une méthode
En 1992, l’engouement des institutions muséales
pour les interactifs et l’expérience acquise dans de
nombreux projets de ce type conduit le ministère
de la culture à publier un guide visant à faire des
recommandations aux professionnels de ce secteur
pour qu’ils acquièrent une méthode et prennent
conscience des compétences nécessaires pour
réussir un projet interactif13
.
Leur attention est attirée sur la diversité des savoir-
faire à maîtriser et sur l’importance de constituer une
équipe projet.
Quatre grands domaines de compétences sont mis
en lumière et détaillés :
•	 le management, c’est à dire la gestion des
moyens et la direction opérationnelle du projet,
•	 la maîtrise des contenus pour laquelle une
expertise du domaine traité est absolument
requise ainsi que de bonnes connaissances
pédagogiques ou de médiation selon le public
visé,
•	 la communication dans laquelle on trouve
la conception de l’interactivité, l’ergonomie, le
graphisme, le son et les aspects rédactionnels,
•	 la technique avec le choix des matériels, la
numérisation des données, la programmation et
la réalisation.
En raison de la variété des savoir-faire qui doivent
être engagés dans le processus de production d’un
dispositif interactif multimédia, il est suggéré de
rechercher des analogies du coté de la production
cinématographique avec sa diversité de métiers
plutôt que du coté de l’édition de livre, pour s’en
inspirer.
La question de la sous-traitance est un sujet épineux
à cette époque, en raison des difficultés rencontrées
par de nombreux projets d’interactifs culturels et la
fréquence des dysfonctionnements observées.
La plus grande vigilance est recommandée aux
13	 Interactifs. Une Technique de L’intention. Paris: ministère de la culture, 1992.
décideurs par le ministère de la culture mais la
véritable difficulté vient du manque de personnels
compétents dans les institutions culturelles capables
d’assurer des fonctions de chef de projet mais aussi
d’évaluer les usages qui sont faits de ces nouveaux
outils de médiation.
Le guide attire également l’attention des
professionnels des musées sur les quatre phases du
cycle de production d’un interactif  : analyse, design,
réalisation, diffusion.
Durant la phase d’analyse, il faut définir les objectifs,
le public cible, le synopsis, le budget puis évaluer les
moyens et les ressources disponibles, rechercher
d’éventuels partenaires et comparer les prestataires.
La désignation d’un chef de projet est indispensable.
La phase appelée design recouvre la conception du
projet, son écriture et l’élaboration la plus précise
possible de ses spécificités.
La réalisation du produit interactif et sa mise au point
sur un support matériel viennent ensuite.
Enfin, il faut le mettre à disposition du public auquel
Crédits : Jean-Pierre Dalbera
26
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
il est destiné et en faire évaluer son impact par des
personnes étrangères au projet.
Les deux premières phases doivent aboutir à l’écriture
d’un cahier des charges qui servira de document de
référence pour la réalisation technique. Une aide
extérieure (assistance à maîtrise d’ouvrage) est
souvent nécessaire à ce stade car les compétences
internes à l’institution ne sont en général pas
suffisantes sauf dans les grands établissements qui
disposent d’un service spécialisé.
Diffusées à une époque charnière où le « tout
numérique » gagne du terrain sur les systèmes
analogiques, ces recommandations, de portée très
générale, sont d’une grande utilité pour les novices
du multimédia mais aussi pour guider les équipes sur
le terrain désireuses de moderniser leurs dispositifs
de médiation.
LES PIONNIERS DU « TOUT
NUMÉRIQUE  »
L’insuffisante qualité des images des vidéodisques,
le souci de conservation à long
terme, l’obsolescence rapide
des standards techniques,
les besoins de transmission
des images à distance par les
réseaux de télécommunications,
les possibilités de traitement
offertes par la numérisation
conduisent les services
culturels à s’intéresser aux
banques d’images numériques
dès qu’elles deviennent
opérationnelles.
Le musée d’Orsay et la
Bibliothèque Publique
d’Information sont des pionniers
du «  tout numérique  » car, bien avant les autres
institutions culturelles, ils expérimentent ces
nouveaux dispositifs pour offrir des services au
public.
La banque d’images numériques du musée
d’Orsay
Bénéficiant des moyens de la politique des grands
travaux, le musée d’Orsay ouvre ses portes, en 1986,
en étant le premier musée au monde à disposer
d’une banque de données et d’images entièrement
numériques fonctionnant en réseau (15 postes).
Gérée par le logiciel Basis sur des ordinateurs Vax
de la société DEC, elle comprend plus de 20.000
notices sur des œuvres d’art appartenant à la
période 1848-1914 (peintures, dessins, sculptures,
objets d’art, photographies, architecture, etc) et
fournit des informations détaillées sur chaque œuvre,
l’iconographie y est analysée à l’aide du thésaurus
de F. Garnier.
Les images en couleurs de définition 1280 x 1024
pixels (au nombre de 9.000) sont stockées sur des
disques optiques numériques (DON).
Jusqu’au début des années 90, l’accès à cette
base documentaire est gratuit pour les visiteurs du
musée qui ont à leur disposition plusieurs postes de
consultation à deux écrans (texte et image) reliés par
réseau au serveur.
Ce dispositif, très en avance sur son temps, attire
l’attention des visiteurs pour la qualité du service qu’il
propose et pour l’ergonomie de son interface.
Mais il fait aussi l’objet de nombreuses critiques,
car son coût est prohibitif (rapport de la Cour des
comptes), ses images d’œuvres d’art sont de
qualité insuffisante avec en plus des couleurs trop
Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
27
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
différentes de celles des originaux, le jeu du pendu
que les concepteurs ont imaginé pour distraire les
utilisateurs apparaît dérisoire…
De plus, on constate que ce sont toujours les œuvres
les plus connues qui sont consultées et que les
visiteurs ne vont que rarement au-delà, sans utiliser
les possibilités de recherche avancée.
Malgré ses défauts, ce système prototype permet
à la communauté scientifique et culturelle, pour la
première fois, de disposer d’une expérimentation en
vraie grandeur et d’affiner la méthodologie comme
l’architecture des dispositifs numériques.
Jean-Louis Pascon, le responsable informatique
de la banque d’images jouera par la suite un grand
rôle dans le plan de numérisation du ministère de la
culture.
Le CD-ROM «  LISE  » de la Bibliothèque
Publique d’Information
La Bibliothèque Publique d’Information (BPI)
expérimente, dès son ouverture, divers dispositifs
multimédias pour améliorer les services offerts
au public qu’un département des études évalue
régulièrement14
De nombreuses cabines d’apprentissage des langues
sont disponibles. Des banques de données sont
rendues accessibles en 1981 ainsi que des banques
d’images, d’abord sous forme de diapositives puis
progressivement de vidéodisques. Les vidéos sont
mises en semi-libre accès en 1985.
Un service de réponse par téléphone initialement
proposé est remplacé par une messagerie sur minitel
en 1986, année au cours de laquelle est mis en libre
accès l’Encyclopédie Grolier sur CD-ROM.
En 1987, le premier CD-ROM français et francophone,
« LISE », propose le catalogue général de la
Bibliothèque Publique d’Information (BPI) du centre
Georges Pompidou. Il complète l’accès en ligne au
catalogue qui fonctionne sous le logiciel de gestion
de bibliothèque GEAC.
14	 “Histoire de la Bpi.” http://www.bpi.fr/la-bibliotheque/histoire-de-la-bpi
15	 Béquet, Gaëlle. “Trois bibliothèques européennes face à Google: aux origines de la Bibliothèque numérique (1990-2010).” École des
chartes, 2014.
Le CD-ROM, fonctionnant sous le logiciel Microbase,
est financé par la succursale française de Philips qui
cherche à se faire connaître et qui le réalise à titre
expérimental.
Cette innovation est un grand succès public, elle fait
prendre conscience, à de nombreux professionnels
des bibliothèques, des capacités d’avenir de ce
support.
Le projet de Très Grande Bibliothèque
Sur la suggestion de son conseiller Jacques
Attali, le président François Mitterrand annonce,
lors de l’allocution télévisée du 14 juillet 1988, la
construction « d’une très grande bibliothèque d’un
genre entièrement nouveau ». La définition des
services qu’elle proposera à distance n’est pas
encore précisée.
Patrice Cahart, haut fonctionnaire, et Michel Melot,
conservateur, alors directeur de la BPI, sont chargés
par le premier ministre Michel Rocard d’un rapport
sur le sujet.
Le rapport est remis le 30 novembre 1988, il
propose un cadre technologique pour la bibliothèque
numérique qui combine documents numérisés dans
leur intégralité et accès via des postes de lecture
spécifiques15
.
Après de nombreuses réunions de travail, il aboutira
en 1993 aux premières campagnes de numérisation
de masse respectant des critères élevés de qualité
qui serviront de modèles pour le plan de numérisation
lancé par le ministère de la culture quelques années
plus tard mais aussi pour de nombreux programmes
de numérisation engagés dans d’autres institutions
culturelles.
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
LA DÉCENNIE 1990 : LE
TOURNANT VERS
LA SOCIÉTÉ DE
L’INFORMATION
29
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
LA NAISSANCE DE L’ÉDITION
ÉLECTRONIQUE
Après le disque compact (CD) qui a supplanté les
disques 33 tours, le CD-ROM (650 Mo) lancé par
Philips en 1985 commence à se banaliser, au début
de la décennie 1990, dans la société française alors
à la traîne en matière d’équipements informatiques.
Le succès du CD-ROM dans le grand public est
d’abord dû aux jeux qui sont plus réalistes, plus
interactifs et de meilleure qualité que sur les consoles
de l’époque. Les jeux Myst et SimCity sont des
succès commerciaux.
A partir de 1994, l’édition électronique est en plein
développement et notamment dans le domaine
culturel malgré le retard, vis à vis de leurs homologues
américains ou allemands, des foyers français
possédant un micro-ordinateur avec lecteur de CD-
ROM1
et carte son.
En 1995, le secteur du ludique est responsable de la
moitié des ventes de CD-ROM, mais les programmes
éducatifs et culturels se multiplient rapidement.
Ce support s’impose pour les encyclopédies (Encarta
éditée par Microsoft en 1993, Encyclopaedia
Universalis en 1995) et les dictionnaires.
L’industrie française du CD-ROM ne peut se
comparer à son homologue américain mais la France
peut compter sur la créativité de ses professionnels
qui est valorisée par la presse sous l’appellation
« French Touch ».
L’engouement pour les CD-ROM culturels
L’édition de CD-ROM culturels et éducatifs est
présentée comme une spécialité française, elle est
un des arguments présents dans les discours des
pouvoirs publics sur l’exception culturelle qui est
alors opposée à la domination américaine.
Le terme CD-ROM culturel recouvre en fait une
grande diversité de productions de qualité inégale
1	 En 1995, il y a 500.000 lecteurs de CD-ROM en France alors que les USA comptent 13.000.000 de micro-ordinateurs équipés de
lecteurs et l’Allemagne 3.000.000.
2	 “Le Multimédia a Rendez-Vous À Cannes.”, Libération, janvier 1995, http://www.liberation.fr/medias/1995/01/12/le-multimedia-a-rendez-
vous-a-cannes_120161
mais il répond aussi à un besoin de marketing et fait
vendre des équipements informatiques multimédias.
Les réalisations françaises haut de gamme obtiennent
quelques beaux succès internationaux comme le CD-
ROM « Le Louvre, collections et palais », produit par
la société Montparnasse Multimédia et la Réunion
des Musées Nationaux (RMN) dont près de 100.000
exemplaires sont déjà vendus fin1995, un an après
sa sortie.
Pour partager les coûts élevés de réalisation,
de nombreux CD-ROM sont coproduits par des
partenaires qui peuvent être des éditeurs de livres,
des institutions culturelles (RMN, Institut National de
l’Audiovisuel : INA, Centre Georges Pompidou..), des
producteurs de télévision, des entreprises de presse,
des éditeurs de jeux ou de logiciels, des groupes de
télécommunications.
Disposant d’une compétence reconnue dans
le domaine de l’édition d’art et d’une agence
photographique de qualité, la RMN s’intéresse
très tôt aux nouvelles technologies de diffusion sur
supports optiques (d’abord sur CD-ROM, CD-Photo
puis sur consoles de jeu, aujourd’hui sur DVD-ROM
et supports mobiles).
Dès 1993, un service multimédia est créé et
l’établissement s’engage, sous l’impulsion de Jean-
François Chougnet, dans la production et l’édition de
programmes interactifs sur support optique.
Le MILIA (marché international de l’édition et des
nouveaux médias) qui ouvre ses portes en 1994 à
Cannes dans le palais des festivals est une vitrine
pour les producteurs de CD-ROM.
En 1995, le salon se passe dans un climat d’euphorie,
car les ventes de PC multimédia progressent
fortement. Le journal Libération annonce même
«l’ère du contentware par opposition au hardware
et au software»2
. Pour Xavier Roy, l’organisateur
du MILIA, « En 1994, les industries du secteur se
cherchaient. Aujourd’hui, elles arrivent à maturité
et visent la qualité. L’effet de mode se dissipe pour
laisser la place à de véritables créations interactives
dotées d’interfaces novatrices».
30
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
Le succès du CD-ROM « Le Louvre,
collections et palais »
Le CD-ROM «  Le Louvre, collections et palais»
reçoit le MILIA d’or dans la catégorie arts et culture,
il est célébré comme le «  triomphe d’un musée
imaginaire ».
Selon Pierre Raiman, le directeur de Montparnasse
Multimédia, «  le défi des CD-ROM culturels, c’est
de donner au public l’envie d’explorer des bases de
données  ». Il estime aussi que ce succès apporte
« la preuve que dans le multimédia, la culture ne se
limite pas à une petite niche commerciale ».
De fait, cette visite virtuelle du Louvre est ce qui se fait
de mieux sur le marché dans le cadre des contraintes
techniques de l’époque. Le succès est mérité mais
sera de courte durée face à la rapidité d’évolution
des technologies qui est le propre du numérique3
et
la société déposera le bilan en 2002, non sans avoir
produit en 2000 une version DVD-ROM « Le Louvre,
3	 “Choisi Pour Vous, CD-Rom Culture : Le Louvre, Peinture et Palais, Triomphe D’un Musée Imaginaire.” http://ecrans.liberation.fr/
ecrans/1995/03/10/choisi-pour-vous-cd-rom-culture-le-louvre-peinture-et-palais-triomphe-d-un-musee-imaginaire_128593.
4	 “The Information Market Policy ACTions (IMPACT) Programme.” DG XIII Commission européenne, 1995. http://www.echo.lu/impact/en/
impacthome.html.
la visite virtuelle » comportant plus de 1.000 œuvres
analysées et commentées et une visite virtuelle de
25 salles du palais.
La RMN présente, à la fin de la décennie 1990,
l’un des catalogues de CD-ROM culturels les plus
importants d’Europe, riche d’une cinquantaine de
titres, avec deux succès commerciaux : « Le Louvre,
collections et palais  » et «  Musée d’Orsay, visite
virtuelle », également coproduit avec Montparnasse
Multimédia.
En 1996, elle édite « Versailles, complot à la cour du
roi Soleil », un CD-ROM d’un nouveau genre, qualifié
de ludo-culturel et destiné à la jeunesse, qui est un
jeu de découverte du Versailles historique.
Cette collection sera complétée par les titres
« Egypte, l’énigme de la tombe-royale » puis « Chine,
intrigue dans la cité interdite ».
Les aides à la production multimédia
Au milieu de la décennie, les aides françaises et
européennes à la production et à l’édition multimédia
sont multiples, elles sont publiques mais aussi
privées.
L’IFCIC, l’institut pour le financement du cinéma et
des industries culturelles, crée au début des années
80, gère un fonds qui permet de garantir des prêts
bancaires aux entreprises de presse souhaitant
investir dans le multimédia.
Le CNC propose des aides pour le développement
de projets associant éditeur et auteur.
Avec les appels à propositions du programme
IMPACT1, lancé en 1989-1990, puis IMPACT2 (1991-
1995), la direction générale n° XIII de la Commission
européenne a pour objectif de créer des contenus
multimédias innovants et de développer l’industrie
européenne4
.
Le programme INFO 2000 lui succède, il vise lui
aussi à stimuler l’industrie européenne pour qu’elle
soit compétitive à un niveau mondial et à encourager
l’utilisation du contenu multimédia dans la société de
Crédits : Montparnasse Multimédia
31
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
l’information.
Le Club investissement média aide les petites
sociétés à accéder au marché en facilitant des
projets en coproduction. Des fonds d’investissement
sont localisés dans les quinze pays de l’Union
européenne, afin d’intéresser des institutions
financières soutenant l’innovation.
Un certain nombre de sociétés de capital-risque
s’impliquent elles aussi dans les entreprises de
production multimédia en les aidant à acquérir le
matériel et les outils nécessaires.
Plusieurs services de l’État ou des collectivités
territoriales favorisent les entreprises du secteur
multimédia de leur région en apportant des aides à la
préparation des projets, à la formation, à l’exportation,
à la participation à des salons, à la rencontre de
partenaires potentiels.
Malgré ces dispositifs de soutien, le prix de vente
d’un CD-ROM culturel ou éducatif de qualité reste
élevé eu égard au volume moyen des ventes et à
son prix de revient.
Sauf pour quelques titres qui ont réussi à être
coproduits avec des partenaires internationaux,
le marché français s’avère trop limité et la plupart
des producteurs se trouvent en difficulté avec la
concurrence croissante de l’offre culturelle sur
internet qui se développe à la fin de la décennie5
.
L’émergence de nouvelles écritures
multimédias interactives
A partir de 1992, la vague des CD-ROM culturels et
éducatifs produit de véritables créations artistiques
d’un nouveau type et renouvelle les formes de
médiation du patrimoine et de la science. Une
nouvelle écriture interactive multimédia est en train
de naître.
Nils Aziosmanoff, le président d’ART 3000,
association pionnière créée en 1988 pour susciter
le rapprochement entre les arts et les technologies,
organise les premiers états généraux de l’écriture
multimédia à la vidéothèque de Paris en septembre
5	 Lavigne, Michel. “Regard Rétrospectif Sur Les CD-ROM Culturels.” Http://w3.lara.univ-tlse2.fr/entrelacs/IMG/pdf/Lavigne_CD_culturels.
pdf, n.d
6	 L’écriture Multimédia, Numéro Spécial de La Revue Nov’Art. Jouy-en-Josas: ART 3000, 1995.
19956
.
Selon lui, les nouveaux médias interactifs
révolutionnent les modes d’expression et le rapport
à l’information. Le multimédia, les autoroutes de
l’information, et les techniques de réalité virtuelle
permettent l’émergence de nouvelles écritures.
L’association ART 3000 et sa revue Nov’Art jouent
alors un rôle important pour initier les milieux
culturels à l’art numérique et soutenir l’innovation
artistique mais son champ d’intervention est moins la
médiation que la création artistique.
Fort de son patrimoine audiovisuel et radiophonique,
de son centre de formation et de ses équipes de
recherche technologiques, l’INA s’investit depuis le
début de la décennie 1990 dans le développement
des médias interactifs. Un serveur multimédia est
opérationnel et des collections de CD-ROM sont
produites.
Crédits : Jean-Pierre Dalbera
32
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
Fin 1995, le numéro 64 des dossiers de l’audiovisuel
est consacré à l’écriture interactive7
. Les auteurs
y analysent les éléments du langage interactif,
élaborent une typologie de l’interactivité et proposent
une méthode pour la conception et la réalisation
d’hypermédias.
Le prix Möbius international des
multimédias
Durant cette période d’intense activité multimédia,
l’acteur majeur dans la promotion des écritures
numériques est le prix Möbius international des
multimédias crée en 1992 par Jean-Claude
Quiniou et Ghislaine Azémard avec le soutien de
la commission européenne, du CNRS (rencontres
internationales de l’audiovisuel scientifique « Image
et science ») et du CNET (centre national d’études
des télécommunications).
Le prix Möbius des multimédias a pour objectifs de :
•	 Valoriser l’innovation technique et esthétique
et affirmer les valeurs éthiques et civiques,
•	 Partager connaissances, compétences,
7	 Collectif sous la direction d’Olivier Koechlin. “Multimédia : L’écriture Interactive.” Documentation Française, Dossiers de l’Audiovisuel,
no. 64 (1995).
idées et projets,
•	 Participer à l’épanouissement et à la
diversification de l’offre, élargir la demande
sociale et tenter d’y répondre,
•	 Promouvoir les multimédias de qualité
auprès des acteurs culturels et du public,
•	 Favoriser les accords de coproduction, de
localisation, d’achats de droits à l’occasion
de la présentation des œuvres multimédias
sélectionnées.
Le prix s’appuie sur un réseau mondial de
personnalités, et de laboratoires de recherche,
impliqués dans l’analyse des systèmes de
communication et l’étude des industries culturelles,
en Allemagne, en Australie, en Belgique, au Brésil, au
Canada, en Chine, en Espagne, aux Etats Unis, en
France, en Finlande, en Grèce, en Italie, au Japon,
en Roumanie, en Suisse.
Après un appel à candidature effectué dans chaque
pays, chaque comité recense les réalisations de
l’année en cours en fonction de leurs qualités
innovantes (écriture, navigation, thème...). Les
comités se réunissent et désignent les nominés qui
représenteront leur pays au Prix Möbius International.
Les œuvres en compétition sont présentées par leurs
auteurs. Plus de huit mille personnes dans le monde:
éditeurs, créateurs, développeurs, distributeurs,
spécialistes des multimédias, scientifiques,
enseignants, journalistes... participent à ces
rencontres.
Cet événement international a trois grandes lignes
de force qui sont :
•	 son cadre universitaire et interdisciplinaire et
son fonctionnement en réseau ouvert,
•	 son souci de penser le multimédia dans
une stratégie mondiale active, non soumise à
une hégémonie économique, linguistique ou
logicielle,
•	 sa volonté de susciter une nouvelle
cohérence entre auteurs individuels et collectifs
et le vivier universitaire qui alimente et valide les
savoirs à transmettre.
L’université Paris 8, partenaire du prix Möbius, y
joue un rôle majeur par son caractère interculturel,
ses modes d’enseignement et ses partenariats
Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
33
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
internationaux.
Dès sa création en 1992, le prix Möbius contribue à
faire connaître des pionniers de l’écriture multimédia
et de la conception de CD-ROM comme par exemple:
•	 le professeur autrichien Titus Liber avec
« le musée imaginaire interactif »8
, qui a été un
modèle pour de nombreux créateurs de produits
interactifs,
•	 l’écrivain scientifique et pionnier de
l’informatique en France, Daniel Garric, ami
de Steve Jobs, avec «  le musée virtuel  : la
Renaissance et Léonard de Vinci »,
•	 La spécialiste de représentation humaine
numérique et de robotique, la professeure Nadia
Thalmann avec « les algorithmes de Marylin »,
•	 Le chercheur islandais travaillant à Sophia-
Antipolis  : Pierre Kjartan Emilsonn avec
Eurythmie : un hypermédia sur le chaos et les
instabilités.
De nombreuses rencontres ont lieu entre 1992 et les
15èmes et dernières rencontres internationales qui
se sont déroulées à Bucarest en 2007.
Les fondateurs du prix Möbius publient en 2002 un
ouvrage bilingue « 100 titres – une petite anthologie
des multimédias » qui rassemble un corpus répondant
« au souci de suggérer des pistes de recherche, de
présenter un large panorama, d’ouvrir sur des champs
thématiques variés dans les secteurs de la culture,
de l’éducation, de la science et de la création ».
Actuellement en sommeil, le prix Möbius a été un
révélateur de talents, une plate forme d’échanges
et de débats incomparables entre les milieux de
l’enseignement supérieur, de la recherche et de la
culture pour l’analyse des évolutions des écritures
numériques et leurs capacités d’innovation.
LES AUTOROUTES DE
L’INFORMATION, EN FRANCE ET
EN EUROPE
8	 “Vienne interactif” et “Mozart interactif” de Titus Leber - navigations interactives dans une ‘machine de temps’, explorant une ville où
l’univers mozartien dans sa forme la plus avancée - marquent un tournant dans l’évolution des médias audiovisuels grand public. Plus
de 15.000 images fixes, une foule de menus interactifs et de clips narratifs offrent un programme qui peut aller d’une trentaine de
minutes en “temps réel’ jusqu’à six semaines de visionnage ininterrompu si on tient compte des arborescences proposées par la
banque de données. (Extrait du site web du prix Möbius en 2006 sur Internet Archive)
9	 Le terme hypertexte est inventé en 1965 par Ted Nelson
10	 Mahl, Robert, une perspective historique sur les autoroutes de l’information en France, dans des autoroutes de l’information pour quoi
faire ?. Saint-Etienne: Ed. Eska, 1996.
Le concept du Word Wide Web est inventé en
1989 au CERN par Tim Berners-Lee en associant
le principe de l’hypertexte9
  à l’utilisation d’Internet.
Mais le gouvernement (la direction générale des
télécommunications) défend encore le monopole et
ce n’est qu’en 1992 « qu’Internet commence à être
considéré comme une composante des autoroutes
de l’information parmi d’autres »10
.
Les filiales de France Télécom (Transpac, Wanadoo)
ne deviendront des fournisseurs d’accès à Internet
qu’en 1996, deux ans avant la déréglementation des
télécommunications.
Débat public et rapports stratégiques
Au milieu de la décennie 90, plusieurs rapports ont
alimenté le débat public autour des enjeux de la
Crédits : Mobius International
34
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
révolution de l’information:
•	 le rapport « Les autoroutes de l’information »
de Gérard Théry et Alain Bonnafé remis au
premier ministre Edouard Balladur en 1994,
•	 le rapport «  Les télé services en France.
Quels marchés pour les autoroutes de
l’information ? » de Thierry Breton remis en 1994
à Charles Pasqua, ministre d’État, ministre de
l’intérieur et de l’aménagement du territoire et
à Alain Madelin, ministre des entreprises et du
développement économique,
•	 le rapport «  Les réseaux de la société de
l’information  », du groupe présidé par Thierry
Miléo, Commissariat général du Plan remis en
octobre 1996.
Ces rapports insistent sur l’urgence de prendre des
décisions politiques fortes et de sensibiliser la société
française aux enjeux de la société de l’information11
.
C’est le rapport de Thierry Miléo qui s’avère le plus
réaliste car il souligne que l’avenir n’est pas à une
grande autoroute de l’information utilisant une solution
11	 Tronc, Jean-Noël, autoroutes de l’information: trois rapports publics en cinq ans, dans des autoroutes de l’information pour quoi faire?.
Saint-Etienne: Ed. Eska, 1996.
12	 http://www.senat.fr/rap/r96-213-2/r96-213-21.pdf
technologique unique (réseau et terminal) mais plutôt
à l’interconnexion de réseaux différents sur des
terminaux variés selon le modèle privilégié d’Internet
même si cette solution est encore minoritaire en
France en 1996 avec moins de 500.000 utilisateurs.
Pour le Commissariat général au plan, les enjeux
principaux sont l’interopérabilité des dispositifs,
leur convivialité, la baisse de leurs coûts pour que
l’équipement des foyers progresse et enfin la création
de contenus francophones de qualité sans oublier le
rôle de régulation et de protection des usagers que
l’État doit exercer dans ce nouveau contexte.
Le rapport Miléo se rapproche des orientations
européennes et de l’environnement concurrentiel
soutenu par les États-Unis. Il met à distance les
visions colbertistes des rapports Théry et Breton.
En effet, en 1994, le Rapport Bangemann, définit
des actions concrètes pour réaliser la société de
l’information en Europe. Il en résulte au niveau de
la Commission européenne un programme d’action
qui fournit un cadre intégré embrassant toutes les
activités de l’Union européenne dans les domaines
suivants : les télécommunications, la politique de
la concurrence, le marché unique, l’audiovisuel,
la cohésion régionale, les aspects sociaux et liés
à l’emploi, ainsi que les dimensions culturelles et
linguistiques.
D’autres rapports importants ont été rédigés dans
cette période dont celui, très complet et documenté,
de l’Office parlementaire d’évaluation des choix
scientifiques et technologiques, présidé par le
sénateur Pierre Laffitte, fondateur de la technopole
de Sophia Antipolis, sur les réseaux grands débits
et l’entrée dans la société de l’information (février
1997)12
.
Lois et expérimentations de nouveaux
services numériques
La loi n° 95-115 du 4 février 1995 d’orientation pour
l’aménagement et le développement du territoire (loi
Pasqua) établit, entre autres mesures, un schéma
des télécommunications.
Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
35
40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015
Le schéma définit les conditions dans lesquelles
l’État peut favoriser la promotion de services utilisant
des réseaux interactifs à haut débit, à travers
notamment la réalisation de projets expérimentaux
et le développement de centres de ressources
multimédias.
Elle est complétée par la loi du 10 avril 1996,
relative aux expérimentations dans le domaine des
technologies et services de l’information.
Pour apprécier la réalité et la solvabilité de la
demande de nouveaux services sur les autoroutes
de l’information, le gouvernement (ministère de
l’industrie, de la poste et des télécommunications)
lance en 1994 un appel à propositions pour des
expérimentations destinées à positionner la France
sur les marchés du multimédia.
La mobilisation des acteurs publics et privés est
importante car 635 projets sont déposés. 244 projets
regroupés sur 30 plates-formes et 3 grands projets
nationaux sont retenus et labellisés « autoroutes de
l’information » lors du premier appel.
Parmi ceux-ci, figurent près d’une centaine de
projets à dominante culturelle concernant des
galeries électroniques sur l’art contemporain, des
systèmes de consultation sur réseau d’informations
multimédias sur le patrimoine culturel (projet
européen Aquarelle, réseau européen des villes art
nouveau...), des serveurs musicaux (studio en ligne
et serveur multimédia de l’IRCAM..), des systèmes
d’information sur le tourisme culturel et sur les
spectacles, etc.
Trois projets culturels obtiennent le 8 février 1995,
du ministère de la culture, le label «  Grand Projet
en Région (GPR)  » pour le développement du
multimédia:
•	 Le centre « art et technologies nouvelles »
d’Art 3000 à Jouy-en-Josas,
•	 Le Centre international de création vidéo
(CICV) à Montbéliard,
•	 Le centre de ressources multimédias de
Sophia Antipolis
Ces trois GPR s’affirment comme des pôles
d’excellence culturelle qui fédèrent acteurs régionaux
et initiatives, tout en gardant une vocation de
13	 Dalbéra, Jean-Pierre. Les grands projets culturels en régions pour le développement du multimédia. Rapport au ministre de la culture
Jacques Toubon. Paris, mai 1995.
« fertilisation culturelle et économique » nationale et
internationale13
.
Cesprojetssedévelopperontavecsuccèsnotamment
le centre d’Art 3000 qui donnera naissance au
premier centre français de création numérique  : le
Cube, ouvert à Issy-les-Moulineaux en 2001.
D’autres initiatives de pôle multimédia sont prises
dans le domaine éducatif et social, comme dans le
département du Rhône avec le centre Erasme.
Créé à l’initiative de René Trégouët, vice-président
du conseil général du Rhône, qui le propose à
son département dès 1993, le centre Erasme est
dédié, au moment de son ouverture en 1998, à
l’expérimentation dans le domaine éducatif et au
développement de nouveaux usages informatiques.
Implanté initialement sur la commune de St Clément
les Places, il héberge le centre serveur des collèges
et écoles du département du Rhône, le premier en
France à avoir été desservi par de la fibre optique.
En 2005, il étend ses activités de veille technologique
et d’expérimentation aux musées dans le cadre de
la préfiguration du musée des Confluences et ouvre
un muséolab dont les activités sont très suivies par
les professionnels de la médiation culturelle. Il est
aujourd’hui le living lab de la Métropole de Lyon.
En 1995, le label Autoroutes de l’information, obtenu
par les projets a un impact important car il valide leur
qualité et permet à ceux qui se portent candidats
aux appels d’offres de la Commission européenne
(Direction générale XIII ou III) de se trouver en
position favorable.
Les actions du G7 et de la Commission
européenne
En février 1995, le groupe des 7 pays les plus
industrialisés: le G7 (France, Italie, Allemagne,
Grande-Bretagne, USA, Japon, Canada) consacre
une de ses séances plénières à la société de
l’information.
A son tour, il sélectionne onze projets très ambitieux
parmi lesquels deux sont de nature culturelle : le
musée virtuel et la bibliothèque virtuelle.
A travers les services du ministère de la culture,
40 ans de médiation culturelle numérique
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40 ans de médiation culturelle numérique

  • 1. 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMÉRIQUE RAPPORT 2015 Rédacteurs : Stéphane Bezombes Jean-Pierre Dalbera Yves Armel Martin Isabelle Jouve François Forge
  • 2. 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 TABLE DES MATIÈRES 40 ANS D'INNOVATIONS NUMÉRIQUES POUR LA VALORISATION DU PATRIMOINE Les débuts de l’informatique et des réseaux (1960-1979) Les années 1980 : le mariage entre culture et technologies La décennie 1990 : le tournant vers la société de l’information Le ministère de la culture face à la société de l'information ANALYSE ET RECENSEMENT HISTORIQUE DES DISPOSITIFS NUMÉRIQUES DANS LES MUSÉES ET LES ÉTABLISSEMENTS CULTURELS Intentions des établissements culturels Engagement des publics Typologie des dispositifs LES NOUVELLES FORGES DE LA MÉDIATION NUMÉRIQUE ET DE LA DÉMOCRATIE CULTURELLE 2005 - 2015 Lanceurs d’alertes et activistes numériques Communautés d’échanges et de pratiques Démarches de Living Labs Démarches de Mix Les lieux historiques
  • 3. 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 Crédits : Jean-Pierre Dalbéra, https://www.flickr.com/photos/dalbera/8124615647/in/album-72157651513514086/
  • 4. 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 40 ANS D'INNOVATIONS NUMÉRIQUES POUR LA VALORISATION DU PATRIMOINE 1
  • 5. 5 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 INTRODUCTION La valorisation numérique du patrimoine culturel est, dans notre pays, le résultat d’une histoire qui débute au milieu des années 1970 et qui s’inscrit étroitement, lors des premières décennies, dans les politiques publiques qui y sont menées. Les particularités administratives françaises  conduisent deux ministères : celui chargé de la culture et celui chargé de la recherche, ainsi que leurs établissements publics respectifs, à jouer un rôle de premier plan dans ce domaine qui relève avant tout des sciences humaines mais aussi de la recherche- développement notamment en informatique et en télécommunications. Dans ce panorama, la place des projets de médiation, de nature privée ou commerciale, est elle aussi significative, en particulier dans le secteur de l’édition électronique, mais il convient de souligner que beaucoup de projets d’hier ou d’aujourd’hui, ont fait ou font l’objet de partenariat avec des établissements publics comme la réunion des musées nationaux, premier éditeur d’art européen, ou avec les grands musées nationaux eux-mêmes : musée du Louvre, Centre Georges Pompidou... L’analyse des grands projets engagés durant ces quarante années montre que les politiques industrielles, d’aménagement du territoire, de financement de l’innovation ou que les programmes européens qui se sont succédés, sont à l’origine de nombreuses réalisations. Certaines d’entre elles se sont avérées être des impasses techniques en raison de l’instabilité des standards internationaux ou de l’obsolescence rapide de certains matériels et supports informatiques, mais un examen historique attentif montre que l’expérience acquise par les acteurs de terrain est rarement perdue en cas d’échec car elle est le plus souvent cumulative et bénéficie pleinement aux projets suivants. Par contre, ces changements techniques continuels obèrent gravement la mémoire du numérique en raison des difficultés rencontrées pour faire fonctionner aujourd’hui des produits ou des dispositifs à peine vieux d’une vingtaine d’années. ​Comme dans les autres grands pays industrialisés, le passage de l’écrit à l’écran a lieu en très peu d’années, il connaît des débuts difficiles, et la France a d’abord du retard en raison de ses choix télématiques volontairement incompatibles avec l’internet. Seuls quelques pionniers visionnaires ouvrent la voie dans le monde culturel comme ailleurs. Ces entrepreneurs culturels, publics ou privés, perçoivent avant les autres les conséquences de la révolution numérique qui s’annonce, sur les modes d’organisation du travail, sur le besoin de structuration des contenus multimédias, sur les nouvelles créativités artistiques, sur l’accès au savoir, sur les transformations de l’édition, de la médiation ou des formes d’échanges avec les publics. Leurs réussites permettent à d’autres de progresser avec ou sans l’aide des pouvoirs publics. Ces succès tiennent certes aux compétences techniques des équipes multimédias mobilisées sur les projets mais aussi à la qualité des contenus et à l’imagination artistique des concepteurs. Ce constat rappelle à ceux qui l’oublient un peu trop vite que des contenus culturels de haut niveau ne s’élaborent pas en l’espace de quelques semaines comme dans une démarche journalistique mais qu’ils nécessitent des années de travail de chercheurs et l’existence d’institutions de conservation et de diffusion des connaissances capables elles aussi d’innover. Dès le milieu des années 1980 et tout au long de la décennie suivante, les milieux culturels connaissent de profondes transformations avec le développement et l’extension du numérique à toutes les sphères d’activités. Malgré tous les changements politiques et les réorganisations qu’ils connaissent, les services scientifiques et techniques du ministère de la culture et de certains établissements publics culturels savent prendre à temps le virage du numérique et s’engagent résolument dans la dématérialisation des contenus. A l’aube du nouveau millénaire, la politique culturelle numérique française, notamment en matière de numérisation et de nouveaux services aux publics, est parmi les plus avancées en Europe. Grâce au soutien du ministère chargé de la recherche,
  • 6. 6 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 les services culturels à vocation scientifique disposent d’ingénieurs et de techniciens compétents qui, avec certains conservateurs et personnels de documentation, apportent une contribution importante à l’effort national de recherche sur le patrimoine culturel français, à sa numérisation et à sa médiation en direction de tous les publics. Le partenariat de recherche du ministère de la culture avec des laboratoires universitaires, du CNRS, du CEA ou de l’INRIA est un facteur décisif pour la structuration des données et des documents numérisés comme pour la conception des plateformes en vue de faciliter les échanges et l’adaptation progressive aux exigences du web sémantique. Il en est de même pour les progrès accomplis pour la reconnaissance de formes artistiques, la numérisation de haut niveau en 2D ou 3D et la simulation en 3D du patrimoine archéologique ou bâti. Depuis une vingtaine d’années, la multiplication des établissements publics culturels et les moyens dont ils disposent, en personnels et crédits, les incitent à mener leurs propres programmes de recherche, de numérisation et de médiation, souvent avec le soutien de mécènes à l’occasion de grandes expositions. La création des pôles de compétitivité en 2004, de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) en 2005, puis des structures créées dans le cadre de la politique des «  Investissements d’avenir  », lancée en 2010, incite au regroupement des acteurs scientifiques et culturels et multiplie les sources de financement, tout en concentrant les moyens en certains points du territoire et tout particulièrement en Île-de-France pour les sciences humaines. Cette politique redonne aux universités le rôle moteur qu’elles avaient perdu dans certains domaines au profit des grands organismes de recherche et permet les innovations pédagogiques nécessaires à l’adaptation des enseignements à la société d’aujourd’hui. Dans ce contexte, l’enjeu principal pour les établissements culturels est de s’insérer dans cette nouvelle organisation, où leur tutelle ministérielle est beaucoup moins présente qu’autrefois, tout en parvenant à faire entendre leurs besoins en matière de recherche et d’expérimentation. La fin des appels à projets de «  services numériques culturels innovants  », annoncée en 2015 par le ministère de la culture, due en réalité à la baisse généralisée des crédits publics, montre que la recherche de moyens pour des expérimentations de ce type devra dorénavant se diversifier et que les acteurs culturels devront trouver de nouvelles formes de financement par le mécénat ou la participation volontaire d’amateurs. En matière de médiation du patrimoine culturel, la tendance est déjà à la commercialisation systématique de produits sur supports mobiles, cette orientation mérite d’être contrebalancée par une politique volontariste de soutien aux logiciels libres et à des plate formes d’accès gratuit au patrimoine pour que la notion de service public culturel ne perde pas tout son sens et que les institutions culturelles les plus modestes ne restent pas au bord de la route. Ces évolutions très importantes imposent de repenser fondamentalement la politique de pilotage de la recherche culturelle et de redéfinir la place de ses différents acteurs pour éviter les risques de dispersion des efforts et maintenir la cohérence des politiques et des investissements publics. En décrivant plus de quarante années d’initiatives et de programmes, les difficultés rencontrées, les revirements techniques, les succès et les échecs, les chapitres qui suivent, ont pour seule ambition d’aider les nouveaux acteurs du numérique à inscrire leurs projets dans la continuité et à éviter les écueils que d’autres ont tenté de surmonter avant eux.
  • 7. 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 LES DÉBUTS DE L’INFORMATIQUE ET DES RÉSEAUX (1960-1979)
  • 8. 8 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 Au milieu des années 1960, le lancement du Plan Calcul par le Général de Gaulle a pour but de rattraper le retard pris par la France vis à vis des États-Unis d’Amérique en matière d’équipements informatiques, un marché dominé à l’époque par la firme IBM. La construction d’ordinateurs français est inscrite au Vè Plan (1966-1970) dans le cadre de l’essor industriel qui y est programmé. La société CII (Compagnie Internationale pour l’Informatique) est créée avec l’aide de l’État en 1967. Dans le monde de la recherche, après l’échec du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) dans la conception de nouveaux ordinateurs, le gouvernement, créé en 1967, l’IRIA (Institut de Recherche en Informatique et en Automatique, devenu ensuite l’INRIA) pour accélérer les formations et les applications de l’informatique, tout en soutenant le monde industriel et notamment la CII. L’informatique est alors reconnue en France comme une discipline scientifique et les études dans ce 1 Huitema, Christian. Et Dieu créa l’Internet ... Paris: Eyrolles, 1996. domaine sont sanctionnées par de nouveaux diplômes de l’enseignement supérieur. ARPAnet, le premier réseau par paquets, est créé en 1969-1970 par le ministère de la Défense des États- Unis d’Amérique entre l’université de Stanford, deux universités de Californie et l’université de l’Utah. Le nombre de sites connectés à l’ARPAnet croît très rapidement dans les années qui suivent (23 sites en 1971). Parmi les chercheurs à l’initiative de ce réseau figure Vint Cerf qui invente en 1973, avec son collègue Bob Kahn, le concept d’Internet, à savoir les protocoles permettant la communication entre ordinateurs (TCP/ IP..). Dans les petites et moyennes entreprises comme dans les laboratoires de la recherche publique, le début des années 1970 est marqué dans notre pays par l’arrivée des mini-ordinateurs de la CII mais aussi des modèles PDP et VAX de la société DEC (Digital Equipment Corporation) moins chers que ceux d’IBM. Les français ne sont pas absents de ce mouvement de mise en réseau d’ordinateurs utilisant la commutation par paquets avec le réseau Cyclades développé dans les locaux de l’IRIA par Louis Pouzin et ses collègues dès 1971. Leurs idées influencent les américains avec lesquels ils collaborent mais Cyclades se trouve en concurrence avec le réseau Transpac, développé par l’administration française des télécommunications, il est abandonné en 1978 pour des raisons de stratégie industrielle. « Transpac, bien que dédié aux échanges de données, ressemblait beaucoup plus que Cyclades ou ARPAnet à un réseau téléphonique classique : il était beaucoup plus facile d’y prélever des taxes. » écrit Christian Huitema, un chercheur de l’INRIA, spécialiste des réseaux, dans un ouvrage publié en 1995 qui fait date1 . Le développement du système d’exploitation UNIX sur les mini-ordinateurs permet leur mise en réseau progressive dans une même entreprise ou laboratoire puis, dès 1976, la communication à distance entre les machines via le réseau téléphonique grâce à desCrédits : Jean-Pierre Dalbéra
  • 9. 9 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 modems. Ignorant la révolution, qui allait donner naissance quelques années plus tard aux prémisses de l’Internet, la France lui préfère à cette époque un standard fermé, soutenu, de manière très volontariste, par le ministère des postes et télécommunications pour des motifs de politique industrielle française et européenne. Il faudra attendre le 28 juillet 1988 pour que les premiers laboratoires de recherche français, d’abord à l’INRIA de Sophia-Antipolis et de Rocquencourt, soient raccordés à l’Internet américain grâce à la mise au point de passerelles complexes entre les protocoles TCP-IP et ceux de Transpac. LE RAPPORT NORA MINC SUR L’INFORMATISATION DE LA SOCIÉTÉ 2 Nora, S., and A. Minc. L’informatisation de La Société: Industrie et Services Informatiques. L’Informatisation de La Société : Rapport À Monsieur Le Président de La République. Documentation Française, 1978 3 Lussato, Bruno. Le Défi Informatique. Paris: Fayard, 1981 A la fin de la décennie 1970, hors des milieux scientifiques français, le pays prend conscience de ce qui se prépare avec la publication du rapport sur l’informatisation de la société, rédigé par Simon Nora et Alain Minc, et remis, en décembre 1977, au président Valéry Giscard d’Estaing. Les deux auteurs entendent sensibiliser leurs concitoyens aux profondes transformations industrielles et sociales que va engendrer l’informatique. Ils lancent le terme de télématique (informatique et télécommunications) qui préfigure le réseau Minitel national2 . La direction générale des télécommunications annonce en 1978 la mise en place d’un réseau vidéotex grand public qui sera accessible avec des terminaux peu onéreux. Des expérimentations commencent d’abord avec l’annuaire électronique sur minitel en 1980 à Saint- Malo et en Ile-et-Vilaine, d’autres nouveaux services sont ensuite testés notamment à Vélizy. D’autres auteurs comme Jean-Jacques Servan- Schreiber, dans son ouvrage « Le défi mondial » édité en 1980, ou Bruno Lussato, professeur au conservatoire national des arts et métiers, pressentent les conséquences de la révolution qui s’annonce avec l’arrivée de la micro-informatique et ses promesses en termes de création et d’expression individuelle3 . Jean-Jacques Servan-Schreiber est à l’origine de la création en 1981 du Centre mondial informatique et ressource humaine, une institution située à Paris qui finance des recherches, mais qui est aussi une vitrine des applications des nouvelles technologies pour le grand public. Le Centre organise des animations pour les jeunes qui sont initiés au langage Logo. Il est dirigé dès sa création par Nicholas Negroponte, Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
  • 10. 10 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 professeur au MIT et Seymour Papert4 , disciple de Jean Piaget, chercheur au MIT, pionnier de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage, inventeur du langage de programmation Logo. Le centre sera fermé en 1986 sous la présidence de Jacques Chirac pour des raisons essentiellement politiques. INFORMATIQUE ET PATRIMOINE, LES PREMIERS PROJETS CULTURELS Créée en 1959 par le général de Gaulle, et attribuée à André Malraux sous le nom de « ministère d’État chargé des Affaires culturelles », cette administration a, dès son origine, pour mission « de rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français ; d’assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel, et de favoriser la création des œuvres de l’art et de l’esprit qui l’enrichissent.» Ces missions ne sont élargies qu’en 1982 sous l’impulsion du ministre Jack Lang, en vue de favoriser 4 Papert, Seymour, and Rose-Marie Vassallo-Villaneau pour la traduction française. Jaillissement de l’esprit: ordinateurs et apprentissage. [Paris]: Flammarion, 1981. 5 Dalbéra, Jean-Pierre. “La recherche au ministère chargé de la Culture (1959-2000).” Histoire de la recherche contemporaine. La revue du Comité pour l’histoire du CNRS, no. Tome II - N°2 (December 15, 2013): 108–121. également l’éducation artistique, de développer les pratiques des amateurs et de contribuer au rayonnement de la culture française dans le monde. Durant la première décennie d’existence du nouveau ministère, la production de connaissances objectives sur l’art, le patrimoine ou les pratiques culturelles n’est pas une priorité d’André Malraux qui affirme alors, selon André Holleaux, un de ses directeurs de cabinet, « que la culture est une question de transcendance par les émotions »5 . Malgré le peu d’intérêt du ministre pour la recherche et les études, l’administration culturelle va néanmoins devoir leur faire appel pour accomplir ses missions car elle a besoin d’expertises techniques pointues pour la connaissance et la conservation du patrimoine, de statistiques, d’études socio-économiques... La création de services scientifiques au ministère de la culture Grâce au soutien du Commissariat général au Plan puis de la Délégation générale à la recherche Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
  • 11. 11 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 scientifique et technique (DGRST), divers services d’études et de recherche sont créés dans le ministère d’André Malraux intégrant des sociologues, des statisticiens, des archéologues, des historiens de l’art, des architectes, des physiciens et chimistes. Ces services développent dès le début des collaborations avec des laboratoires de grands organismes de recherche et avec des universités pour renforcer leurs capacités d’expertise et mener en partenariat des études et recherches spécialisées. Parmi ceux-ci, est institué en 1964, le bureau des fouilles et antiquités puis, en 1966, la direction des recherches archéologiques sous-marines (DRASM). En cette même année 1964, est également créée la commission nationale chargée de l’inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Celle-ci est présentée comme la plus vaste entreprise d’information fondamentale jamais réalisée dans le domaine artistique français. Son objectif est de constituer une documentation complète sur la totalité des œuvres de l’architecture et de l’art de la France en retenant une approche topographique et en mettant au point un système d’analyse de nature sémantique. Le musée national des arts et traditions populaires Le Musée National des Arts et Traditions Populaires (MNATP), associé au CNRS dans le centre d’ethnologie française, et issu du musée de l’Homme du Trocadéro, est le premier musée à être doté d’un service d’informatisation des collections sur les objets domestiques. Dans ses nouveaux locaux du bois de Boulogne, les dispositifs de médiation sont nombreux et modernes pour l’époque. Ils font appel à des vidéos, des photographies, des maquettes, des enregistrements sonores, des dioramas sonorisés, présentés au sein de la galerie 6 in 1980, la base compte 11.251 monuments 7 fin 1980, 17.000 sites archéologiques sont répertoriés sur 120.000 sites connus. d’étude, ouverte en 1972, et dans la galerie culturelle, ouverte en 1975. Ces ressources accompagnant les collections, sont issues des recherches et des collectes effectuées sur le terrain, elles seront progressivement numérisées dès la fin de la décennie 1990 et illustreront les sites web et CD-ROM produits par ce « musée- laboratoire » hors normes qui deviendra le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. Pour coordonner les programmes de recherche menés dans l’ensemble du ministère, le secrétariat d’État à la culture se dote, en 1976, d’un Conseil de la recherche et, quelques temps après, d’une mission de la recherche qui prépare les travaux du Conseil et assure la liaison avec la DGRST, pourvoyeuse d’emplois et de crédits de recherche. C’est dans ce contexte scientifique et culturel que l’usage des outils informatiques débute au ministère de la culture au milieu de la décennie 70. LES BASES DE DONNÉES INFORMATISÉES SUR LE PATRIMOINE A coté des applications de gestion, l’informatique s’impose au ministère chargé de la culture pour gérer et traiter les masses considérables d’informations et de ressources documentaires sur le patrimoine national générées par les activités des services de cette administration centrale. En relation directe avec les missions législatives et réglementaires de ce ministère, les premières grandes bases de données créées portent sur : • les monuments historiques protégés par la loi et sur leur état sanitaire6 , • la carte des sites archéologiques et des chantiers menaçant le patrimoine enfoui7 , • l’inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France, • les collections publiques conservées dans
  • 12. 12 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 les musées8 , • les grands fonds d’archives, • diverses données physico-chimiques liées aux recherches effectuées dans les laboratoires du ministère sur les biens culturels publics. Le système d’information de cette époque, contrôlé par le bureau de l’informatique du ministère, est doté d’un ordinateur central (IRIS 80 de la CII) traitant les données, et relié à des terminaux situés dans les services. Le choix du logiciel «  Mistral  » comme système de recherche d’information, conçu et réalisé par la CII/ Bull dans le cadre du Plan Calcul, est fait dès le début du programme d’informatisation documentaire afin d’unifier les modes d’utilisation des différentes bases de données et de permettre l’édition de catalogues photo-composés pour la diffusion et la médiation. Ainsi, dans les services culturels traitant d’archéologie et d’histoire de l’art, l’arrivée de l’informatique est due au volontarisme des informaticiens et de quelques scientifiques intéressés par les possibilités nouvelles offertes en matière de stockage, de traitement et de diffusion des données. Cette innovation n’est pas toujours été bien perçue par certains conservateurs qui craignent de se voir dépossédés de leurs connaissances une fois stockées dans une mémoire collective centralisée. Jusque dans les années 80, les réticences restent grandes notamment au sein des musées et la mission de la recherche du ministère doit recruter des personnels spécialisés en « documentation informatisée  » pour alimenter les bases de données scientifiques car de nombreux conservateurs ne veulent pas travailler sur ces outils. Une démarche de normalisation inédite en histoire de l’art Les contraintes techniques des systèmes documentaires des années 70 nécessitent l’élaboration de vocabulaires et de systèmes descriptifs très élaborés, destinés à la description des collections muséales, archéologiques, du patrimoine 8 fin 1980, les bases des musées nationaux ou classés comprennent : 18.000 peintures, 4.000 sculptures, 3.000 dessins, 3.500 objets d’art, 25.000 antiquités égyptiennes, 2.000 antiquités grecques et romaines, 12.000 objets domestiques, 9 La commissaire générale de cette exposition est Madeleine Hours, directrice du laboratoire de recherche des musées de France. Le catalogue de cette manifestation, impulsée par la DGRST, est préfacé par Hubert Curien qui est à l’origine du soutien apporté à la mobilier et architectural, des fonds d’archives. Les critères d’analyse d’une œuvre sont définis finement dans les systèmes descriptifs où sont précisés le contenu des rubriques et les règles d’écriture à utiliser. Les ouvrages de la collection «  Principes d’analyse scientifique  » de l’Inventaire général définissent les vocabulaires dans chaque grand domaine : tapisserie, architecture, sculpture, objets civils et domestiques, vitrail.. L’analyse iconographique des œuvres est effectuée dans les bases consacrées aux beaux-arts à l’aide du thésaurus iconographique de François Garnier, chercheur au CNRS. Le besoin d’accéder aux images Pour compléter la documentation informatisée sur les collections d’objets répertoriées et étudiées à la direction des musées de France comme à l’Inventaire général, un accès immédiat à l’image s’avère rapidement indispensable. En effet, la précision et la richesse des systèmes descriptifs mis en place pour chaque type d’objet, ne peut remplacer in fine la visualisation de l’œuvre. Des photothèques traditionnelles, alimentées par les photographes du ministère, existent depuis plusieurs années dans les centres de documentation du patrimoineetdesgrandsmuséesmaislamanipulation manuelle des images (tirages, diapositives, ektachromes..) et des films est fastidieuse et risque de dégrader les originaux en cas de consultation intensive. Des solutions nouvelles sont recherchées pour moderniser les outils documentaires. La science au service de l’art et le premier vidéodisque La grande exposition « La vie mystérieuse des chefs- d’œuvre. La science au service de l’art  »9 , organisée au Grand Palais en 1980 dans le cadre de l’année du patrimoine, offre l’occasion aux services du ministère
  • 13. 13 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 de la culture de montrer l’état d’avancement des recherches qu’ils mènent sur le patrimoine national en collaboration avec des laboratoires publics extérieurs10 . Cette grande opération de vulgarisation scientifique et de promotion culturelle, orchestrée par les deux ministères partenaires, remporte un grand succès populaire car elle montre que la science dispose de nouveaux outils pour percer les mystères de l’art et favoriser, grâce à l’informatique, la diffusion des connaissances au plus grand nombre. En complément de nombreuses démonstrations de sciences et techniques appliquées au patrimoine, les visiteurs de l’exposition peuvent consulter sur des terminaux informatiques les bases de données naissantes mais aussi voir fonctionner un vidéodisque Thomson11 qui présente les collections du musée du Louvre en images. Cette initiative qui étonne le public, traduit le dynamisme des services scientifiques culturels et leur volonté d’innovation car le vidéodisque vient à peine d’être commercialisé. Le dispositif d’interrogation mis à la disposition des utilisateurs est constitué par un terminal standard relié à un lecteur de vidéodisque, qui alimente un écran de télévision couleur. Un module du logiciel documentaire «  Mistral  » permet l’affichage d’une image vidéo de l’objet dont la notice textuelle apparaît sur l’écran du terminal. La qualité des images vidéo est encore loin d’être au niveau des photographies analogiques mais l’intégration du texte et de l’image est prometteuse pour l’avenir des systèmes d’information de ce type. La visualisation d’images par vidéodisque couplée à des informations textuelles détaillées sur l’œuvre ou le monument sera perfectionnée au cours de la décennie 80 pour aboutir à des dispositifs interactifs intégrés et faciles d’accès proposant des informations, des visites guidées, des jeux, des produits d’enseignement ou des renseignements touristiques dans certaines régions. recherche culturelle. 10 Hours, Madeleine, La vie mystérieuse des chefs-d’oeuvre: la science au service de l’art; Galeries nationales du Grand Palais, 10 oct. 1980 - 5 janvier 1981. Paris: Réunion des musées nationaux, 1980. 11 Le vidéodisque a été commercialisé par Thomson à partir de 1978. PLURIDISCIPLINARITÉ, CRÉATION ET INNOVATION Le Centre Georges Pompidou La décennie 70 est fortement marquée sur le plan culturel par l’ouverture en 1977 du centre d’art et de culture Georges Pompidou (CNACGP). La volonté du second président de la Vè République, lui-même amateur d’art, est de rendre accessible au plus grand nombre la création contemporaine dans toutes ses dimensions. En créant cet établissement pluridisciplinaire d’un nouveau genre, unique en Europe, Georges Pompidou va au-devant de préoccupations qui se Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
  • 14. 14 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 sont révélées en mai 1968  : besoins de formation, d’éducation, d’expression culturelle pour chacun. Ce sont ces arguments qui sont mis en avant dans le premier bulletin du centre publié en janvier 1977 et destiné aux visiteurs. Le projet architectural est confié à deux jeunes architectes révolutionnaires pour l’époque : Renzo Piano et Richard Rogers. Leur projet tourne totalement le dos à l’architecture officielle en privilégiant l’ouverture du bâtiment sur l’extérieur (la piazza) et en favorisant la flexibilité des espaces d’exposition par la mise à disposition de grand plateaux suspendus. Malgré les critiques acerbes émises sur le concept architectural comme sur le caractère pluridisciplinaire du centre, celui-ci lance un défi à l’académisme des institutions culturelles de l’époque contraintes de se moderniser dans son sillage. L’édification de ce centre est aussi une source d’inspiration pour la politique des grands travaux qui sera menée par le président François Mitterrand et un signal majeur sur le rôle joué par les grands architectes dans la rénovation ou la création des grands établissements culturels. En accord avec sa nature pluridisciplinaire, le CNACGP comprend à son ouverture le musée national d’art moderne (MNAM), le centre de création industrielle (CCI), la bibliothèque publique d’information (BPI) mais également de grandes salles polyvalentes, un atelier des enfants et l’Institut de recherche et de coordination acoustique/musique (IRCAM) confié au compositeur Pierre Boulez et dont les locaux enterrés sont voisins du bâtiment principal. A ses débuts, la politique du centre en direction de ses publics est particulièrement dynamique, avec notamment l’animation d’un réseau de correspondants actifs dans les entreprises, dans les associations ou les centres culturels qui sont autant de relais privilégiés pour informer sur ses activités et attirer des visiteurs. Des catalogues sont distribués gratuitement, de nombreux avantages sont offerts aux communautés d’amis. Au sein du centre, les fonctions de médiation sont fortement valorisées, incluant même des agents de surveillance, connaissant l’histoire de l’art, et capables d’informer le public au moins à un premier niveau de complexité. Une certaine utopie règne dans l’établissement mais le succès populaire arrive rapidement et étonne même les décideurs. L’IRCAM, recherche et création artistique En matière d’informatique, c’est l’IRCAM qui au sein du centre Georges Pompidou est le département le plus avancé. En effet, les synthétiseurs de musique électronique existent depuis le milieu de la décennie 1950 avec les synthétiseurs d’Harry Olson et Herbert Belar de RCA puis du célèbre Robert Moog. Ils sont largement utilisés par les compositeurs mais ces derniers s’intéressent aussi aux capacités des premiers ordinateurs. Au sein des laboratoires Bell, Max Mathews et ses collègues mettent au point au milieu des années 1950, la synthèse sonore sur ordinateur.Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
  • 15. 15 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 Pierre Boulez y est très attentif car il comprend que «  ces sons nouveaux doivent être spécifiés non en termes d’instruments ou d’indications de jeu, mais en termes de détails sur la nature de l’onde  »12 . Dans les années 1970, c’est le coût des ordinateurs qui limite encore les applications musicales mais les chercheurs s’efforcent de fabriquer des circuits et des machines spécialisées pour accélérer les calculs et mieux comprendre les caractéristiques des sons musicaux : John Chowning à l’université de Stanford et Jean-Claude Risset et Peppino Di Giugno à l’IRCAM. En 1980, le prototype d’une machine révolutionnaire: la 4X, est mis au point à l’IRCAM par P. Di Giugno, après 5 ans de travail, avec le soutien de la mission de la recherche du ministère de la culture. A travers, l’IRCAM, le centre G. Pompidou dispose dès lors d’un laboratoire scientifique unique en Europe qui, à coté de la création artistique, travaille sur la structuration des matériaux musicaux nouveaux et sur l’interaction de l’ordinateur et de la pensée musicale. Cette présence scientifique et technologique permanentedansungrandétablissementcultureljoue un rôle moteur jusqu’à aujourd’hui pour maintenir des relations étroites entre l’art et la science et favoriser la pénétration des innovations dans la création et l’éducation artistique. L’IRCAM est également, dans les années 1990, le lieu de référence, de formation et de médiation pour la numérisation des ressources sonores qui commence à être réalisée à grande échelle à l’initiative de la mission de la recherche. La place singulière de Iannis Xenakis En février 1962, le compositeur Iannis Xenakis, qui a une double formation d’architecte-ingénieur et de compositeur, crée la «  famille  » des œuvres ST entièrement calculées sur un ordinateur IBM 7090. En 1966, il fonde l’EMAMu (Equipe de Mathématique et d’Automatique musicales) qui «  veut procurer un 12 Rivière, Yves, Catherine Pouillon, and IRCAM (Research institute : France), Passage du XXe Siècle: [catalogue de l’exposition], Janvier-Juillet 1977. Paris: IRCAM, 1976 13 Mâche, François Bernard, Portrait(s) de Iannis Xenakis. Portrait(s). Paris: Bibliothèque nationale de France, 2001. 14 Chion, Michel, and Guy Reibel. Les Musiques Électroacoustiques. s.l.: INA-GRM, 1976. instrument interdisciplinaire, pour l’expansion de la connaissance et de la créativité musicales afin de contribuer au développement et à la revitalisation de la musique en tant qu’art dans l’éducation et la société.  »13 . En 1972, année de création de son Polytope de Cluny, «  un spectacle automatique, abstrait avec des lumières, des lasers et des flashs électroniques  » sur une musique électroacoustique pour bande 8 pistes, Yannis Xenakis transforme l’EMAMu en CEMAMu, centre de Mathématiques et Automatique musicales. C’est au CEMAMu qu’il mettra au point l’UPIC, avec l’aide du ministère de la culture (MRT et direction de la musique). L’UPIC (Unité Polyagogique Informatique du CEMAMu) est un outil de composition musicale, composé d’une tablette graphique avec affichage vectoriel reliée à un ordinateur. Le compositeur dessine les formes d’ondes et les enveloppes de volume qui sont ensuite calculées par l’ordinateur. Le Groupe de Recherches Musicales Le Groupe de Recherches Musicales (GRM) est créé en 1958 autour de Pierre Schaeffer. Commence à cette date un long travail de recherche collectif qui aboutira au célèbre «  Traité des Objets Musicaux  ». Le GRM est un lieu d’intense création artistique qui s’intègre en 1960 au service de recherche de la Radiodiffusion Télévision Française, puis de l’INA en 1975.14 Au sein de l’INA, le GRM poursuit ses activités de création électroacoustique mais aussi de recherche avec la réalisation du processeur SYTER, en 1984 qui est un système en temps réel audionumérique, interactif et ouvert pour la création sonore.
  • 16. 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 LES ANNÉES 1980 : LE MARIAGE ENTRE CULTURE ET TECHNOLOGIES
  • 17. 17 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 Le rapprochement entre culture et nouvelles technologies s’intensifie tout au long de la décennie 1980, il est facilité par la double priorité budgétaire accordée à la recherche et à la culture par l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. Les assises de la recherche et de la technologie organisées dans les régions puis au niveau national entre 1981 et 1982 créent une véritable dynamique dans la communauté scientifique, grâce aux débats qui sont organisés sur les priorités scientifiques, les conditions et moyens nécessaires, les missions nouvelles des chercheurs dans la société. La loi d’orientation et de programmation de la recherche (LOP), votée en 1982, conclut et traduit juridiquement ces rencontres. Cette loi a des conséquences majeures sur l’organisation de la recherche en France et sur son insertion socio-économique. Parmi les nouvelles orientations et missions des scientifiques figure explicitement la diffusion de l’information et de la culture scientifique et technique. C’est une nouveauté qui incite à la médiation de la science sous toutes ses formes : publications, édition scientifique, bases de données, conférences, journalisme, animations pour les jeunes, journées portes ouvertes, création de centres culturels scientifiques et techniques, relations entre artistes et scientifiques. De nombreux chercheurs et ingénieurs se mobilisent et les initiatives se multiplient. Le doublement du budget de la culture en 1982 offre au ministère de la culture de Jack Lang des possibilités d’intervention sans commune mesure avec celles de ses prédécesseurs. De nombreuses réformes sont engagées, notamment en faveur de la décentralisation, et de nouveaux champs culturels sont explorés parmi lesquels figurent la recherche et les technologiques appliquées à la création artistique et au patrimoine ainsi que la culture scientifique, technique et industrielle. UNE NOUVELLE DYNAMIQUE CULTURELLE ET ÉDUCATIVE 1 Weissberg, Jean-Louis, Centre de création industrielle, “1984” et Les Présents de L’univers Informationnel: 34 Auteurs, Pour Un Colloque. Collection Alors. Paris: Centre Georges Pompidou, Centre de création industrielle, 1985. Les années 1980 connaissent un véritable bouillonnement d’initiatives culturelles, scientifiques et technologiques. • les industriels explorent les nouveaux marchés de la communication avec le plan câble sous maîtrise d’ouvrage des PTT ; • les artistes s’approprient les nouveaux outils de création de l’image, du son, du texte, du film d’animation ou de la vidéo ; • les scientifiques transforment leurs méthodes de travail avec l’arrivée des micro-ordinateurs  ; • la conception assistée par ordinateur et à l’intelligence artificielle sont en plein développement  ; • le jeune public découvre les premiers jeux sur écran ; • les enseignants sont confrontés au «  Plan informatique pour tous  », aux micro-ordinateurs Thomson et aux langages Basic et Logo ; • la Cité des sciences et la Géode ouvrent leurs portes en 1986. Les Immatériaux, menace ou opportunité de sortie de crise Trente six années après la publication du livre d’Orwell, un colloque « 1984 et les présents de l’univers informationnel  » est organisé en octobre 1984 par le centre de création industrielle du centre Georges Pompidou, pour débattre des rapports entre informatique et pouvoir à l’heure des réseaux mondiaux de l’information et de la propagation de la micro-informatique autonome1 . Une des grandes interrogations porte alors sur la véracité de la sortie de crise économique par la filière électronique qui est le discours officiel dominant de l’époque. La menace d’uniformisation culturelle est abordée mais aussi l’arrivée de nouvelles pratiques de création grâce aux promesses de l’informatique pour le traitement de l’image, du son, des textes et du langage. Le colloque traite en profondeur des nouvelles problématiques sur l’état des relations entre informatisation, culture et société. Il prépare l’organisation d’une exposition emblématique « 
  • 18. 18 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 Les Immatériaux  » qui se tient en 1985 au centre Georges Pompidou2 . Les enjeux de la post-modernité L’exposition «  Les Immatériaux  » est l’occasion d’une véritable prise de conscience du grand public des changements qui sont à l’œuvre sous l’impact de la techno-science. Le co-commissaire en est le philosophe de la post- modernité : Jean-François Lyotard qui, interviewé sur ses motivations, affirme « Nous cherchons à faire sentir une espèce de déstabilisation de l’identité aujourd’hui. Que les gens disent : qu’est ce qui se passe ? Qui sommes-nous ? Qui nous parle ? De quoi nous parlons-nous ?...quand nous utilisons tous les produits liés à la technologie moderne. ». 2 Théofilakis, Elie, ed. Modernes et Après ?: Les Immatériaux. Paris: Editions Autrement, 1985. De son coté, Thierry Chaput du centre de création industrielle, co-commissaire de l’exposition, écrit dans ce même ouvrage : « L’individu post-moderne est quelqu’un que l’on a invité à jouer à un jeu, sans qu’il en connaisse les règles ». L’engouement pour les nouvelles images Les images de synthèse créées sur ordinateur, qui sont appelées à cette époque les «nouvelles images», constituent un des aspects les plus attractifs des applications artistiques de l’informatique. Plusieurs grandes manifestations y sont consacrées. La plus importante est le Forum International des Nouvelles images, appelé Imagina en 1986, et qui est organisé tous les ans par l’Institut national de l’audiovisuel (INA), de 1981 à 2000, dans le cadre du Festival de télévision de Monte-Carlo. A cette époque, héritier du service de recherche de l’ex-ORTF, l’INA dispose d’équipes de chercheurs, qui développent des logiciels d’animation et des systèmes de traitement du son en temps réel. Philippe Quéau, le fondateur d’Imagina en fait partie. Ce polytechnicien fait d’Imagina une manifestation d’envergure internationale, très suivie par les professionnels, où sont montrées les dernières innovations en matière d’images dans les industries culturelles. Olivier Koechlin, responsable de production de la plate-forme multimédia de l’INA y joue également un rôle majeur en impulsant réflexions et expérimentations sur les nouvelles formes d’écriture interactive multimédia. Art, science et technologies dans les régions Dès 1986, la ville de Rennes qui héberge d’importants laboratoires de recherche dans les télécommunications (CCETT, CERTAC..) et les technologies de l’audiovisuel, et qui vient d’inaugurer un centre de culture scientifique et technique, lance un festival des arts électroniques offrant une vitrine Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
  • 19. 19 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 internationale de qualité aux jeunes artistes et aux chercheurs. L’ambition d’Edmond Hervé, maire de Rennes depuis 1997 et ministre de plusieurs gouvernements de gauche, est de hisser son festival au niveau d’  «  Ars Electronica  » de Linz et d’  «  Images du Futur  » de Montréal. C’est une ambition comparable bien que davantage orientée vers le développement économique qu’ont les élus de Toulouse lorsqu’ils inaugurent le salon FAUST (Forum des Arts des Univers Scientifiques et techniques) en 1986. La volonté de ce salon est d’ouvrir dès 1996 un dialogue entre les arts, les sciences, les technologies et l’industrie dans les domaines de l’image, de la musique et du son, du langage et des arts du spectacle, mais aussi du multimédia et de l’internet. Le Québec et les images du futur Créée en 1985, par l’artiste franco-canadien Hervé Fischer et par Ginette Major, la Cité des arts et des nouvelles technologies de Montréal se consacre aux applications des technologies dans tous les domaines de la création artistique (images de synthèse, holographie, laser, musique numérique, vidéo, design industriel et architectural, imagerie scientifique, multimédia...). Elle organise des expositions pour le grand public, propose un centre de documentation au centre de Montréal, suscite échanges et rencontres entre professionnels et artistes. Un an après son ouverture, la Cité inaugure à Montréal «  Images du futur  », une manifestation d’envergure internationale, à laquelle la France est le premier pays invité d’honneur. Les travaux et réalisations effectués dans le cadre de son plan «  Recherche Image  » y trouvent une résonance internationale. «  Images du futur  » n’est qu’un des volets de la politique très dynamique et durable, menée par le gouvernement du Québec pour attirer les entreprises innovantes sur son territoire. De nombreuses sociétés françaises travaillant dans ces domaines choisiront de s’expatrier, pour des raisons fiscales, pour les conditions d’accueil qui leur sont faites et pour se rapprocher des États- Unis. LE DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE Dans le contexte bouillonnant du début de la décennie 1980, la question des sciences et des technologies fait ainsi irruption dans le champ culturel. Les pouvoirs publics veulent réconcilier les deux cultures: la science et les humanités que tout sépare dans la tradition française. Issu de la Maison de la culture, le grand précurseur de ce mouvement est le centre de culture scientifique et technique (CCST) de Grenoble. Créé en 1979, il sert de modèle et suscite des vocations dans plusieurs villes de France qui décident à leur tour la création de CCST. Jacques Blanc, le directeur grenoblois sera directeur-général adjoint de la Cité des sciences et de l’industrie. Mettre la science en culture Il faut «  mettre la science en culture  », proclame un physicien-philosophe-théoricien, Jean-Marc Levy-Leblond, pour pouvoir comprendre l’évolution Crédits : Jean-Pierre Dalbera
  • 20. 20 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 de la société, être capable de discuter les grandes décisions, prendre en charge son destin et participer au débat démocratique3 . Des « boutiques de science » voient le jour dans lesquelles les chercheurs se transforment en médiateurs pour répondre aux questions des citoyens. Les laboratoires de recherche ouvrent plus fréquemment leurs portes au public, les chercheurs s’efforcent d’expliquer leur travail, de mieux le motiver socialement et certains d’entre eux se mettent au journalisme scientifique, conçoivent de nouvelles émissions de télévision, fabriquent des expositions et vont jusqu’à faire appel au théâtre pour faire comprendre les découvertes de la recherche scientifique4 5 . De nombreux militants culturels, soutenus par les ministères et certaines collectivités locales, 3 Lévy-Leblond, Jean Marc. L’esprit de Sel: Science, Culture, Politique. Paris: A. Fayard, 1981. 4 Caro, Paul, Jean-Louis Funck-Brentano, Académie des sciences (France), L’appareil d’information sur la science et la technique: rapport commun. Paris; Londres; New York: Technique et documentation, 1996. 5 Dalbéra, Jean-Pierre. “Le Spectacle de La Technologie.” Sciences et Techniques: Une Culture Partagée, Brises CNRS INIST, no. N°14 (1989). 6 Dalbéra, Jean-Pierre, Marie-Noëlle Favier, and Yves Deforges. “Un Programme Mobilisateur: Culture Scientifique et Technique.” Education Permanente, no. 82 (1986): 93–102. 7 Dalbéra, Jean-Pierre et Favier Marie-Noëlle, Les grands organismes de recherche et la politique générale de CST dans Hier Pour Demain: Une Mémoire de La Culture Scientifique, Technique et Industrielle: Premières Rencontres Michel Crozon, Orléans, 18-19 Mars 2010. Muséologies. Paris: Harmattan, 2014. s’efforcent de favoriser la médiation entre ces deux mondes et de susciter un nouvel imaginaire social tout en promouvant l’innovation comme moteur de transformation industrielle. Pour tous, il s’agit de créer du sens là où il a souvent disparu à cause de la crise économique. Dans le cadre de la loi d’orientation et de programmation de la recherche, un programme mobilisateur6 est créé par trois ministères : culture, recherche et éducation nationale pour soutenir et développer la diffusion de la culture scientifique et technique qui est inscrite parmi les priorités du IXè plan (1984-1988)7 . L’objectif du programme est de donner plus de cohérence aux initiatives publiques souvent dispersées et d’articuler les politiques nationales et régionales. Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
  • 21. 21 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 De nombreuses opérations de médiation associant culture, patrimoine et nouvelles technologies sont menées dans ce cadre. La Cité des sciences et le réseau de centres de culture scientifique et technique L’aménagement du parc de la Villette avec la Cité de la musique au sud et la Cité des sciences et de l’industrie au nord (ouverte en 1986) avec sa salle de cinéma à écran sphérique : la Géode (ouverte en 1985) est emblématique de cette ambition. Ce grand projet présidentiel est l’objet de vives polémiques sur l’opportunité de créer un nouvel établissement parisien qui risque, selon les opposants, d’absorber tous les crédits et d’imposer sa propre vision de la science aux acteurs de terrain. Mais en 1982, la dynamique suscitée par les moyens dont bénéficient les ministères de la culture et de la recherche permet une réelle relance des politiques municipales ou régionales, qui prend diverses formes contractuelles et apaise, au moins temporairement, les inquiétudes. La direction du développement culturel (DDC) dirigée par Dominique Wallon est le moteur de la nouvelle politique culturelle. La mission pour la culture scientifique, technique et industrielle (MCSTI) en fait partie, elle anime à partir de 1982 la réflexion sur ces sujet avec plusieurs groupes d’intellectuels qui rédigent des rapports et contribuent au débat national préparatoire à l’ouverture de la Cité des sciences8 9 10 . La MCSTI finance de nombreuses opérations de médiation sur le terrain comme des investissements pour la création de CCST dans les régions. Plus de 300 conventions de développement culturel sont signées en quelques années par le ministère de la culture couvrant un champ très large. 40% des conventions comportent des opérations de culture scientifique, technique et industrielle. Écomusées, musées techniques, muséums, centres de culture scientifique et technique, boutiques de 8 Roqueplo, Philippe. Penser La Technique: Pour Une Démocratie Concrète. Science Ouverte. Paris: Seuil, 1983. 9 Chesneaux, Jean. De La Modernité. Cahiers Libres 379. Paris: La Découverte/Maspero, 1983. 10 De Noblet, Jocelyn et coll.. Manifeste Pour Le Développement de La Culture Technique. Berger-Levrault. Culture Technique n°6. Paris, 1981 science, associations de mémoire ouvrière reçoivent des aides dans ce cadre. IMAGES ET INTERACTIVITÉ Le vidéodisque, un support prometteur Plusieurs types de vidéodisques sont commercialisés dans les années 1980. Ils permettent la diffusion d’images vidéo (analogiques) fixes ou animées de meilleure qualité que celles des cassettes vidéo destinées au grand public et un accès précis aux documents soit par télécommande, soit via un ordinateur. Les vidéodisques les plus utilisés à cette époque dans le monde culturel ont un diamètre de 30 cm et peuvent contenir 54.000 images ou jusqu’à une heure de film selon les modèles. Ils nécessitent un lecteur Crédits : Jean-Pierre Dalbera
  • 22. 22 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 particulier et ne permettent pas l’enregistrement de la télévision. Par contre, certains vidéodisques peuvent être gravés comme ceux commercialisés par la firme Panasonic mais leur prix reste élevé. Leurs fonctionnalités sont d’abord utilisées pour la réalisation de banques d’images ou pour l’archivage audiovisuel en couplant un ou des lecteurs de vidéodisque à un micro-ordinateur doté d’un logiciel adéquat De nouvelles possibilités de gestion des images L’imageur documentaire, conçu par Henri Hudrisier pour la Société Européenne de Propulsion (SEP), exploite ces outils nouveaux pour répondre aux besoins de navigation dans un grand nombre d’images documentaires, pour les trier, les comparer et les sélectionner. Sygma sera l’une des premières agences de presse à s’en équiper. 11 Culture futur: nouvelles technologies et communication. Paris: Alternatives, 1986. De même, le poste IDIM conçu par Philippe Aigrain (équipe Applications culturelles et artistiques de l’informatique, université de Toulouse), associe recherche documentaire et recherche visuelle. Les applications commerciales du vidéodisque concernent d’abord des catalogues de magasin, des données techniques, des informations touristiques (sur Biarritz, ville câblée dès 1981), des programmes de formation, des encyclopédies, la diffusion de film. Le soutien du ministère de la culture à l’innovation numérique Au ministère de la culture, la mission de la recherche et le département des publics, de l’action éducative et de la diffusion culturelle de la direction des musées de France soutiennent les projets de banques d’images sur la culture, l’art et le patrimoine. Des aides à l’écriture de scénarios sont proposées par la direction du livre et de la lecture et par la direction de la musique et de la danse. Un Institut Financier pour l’Industrie de la Culture (IFCIC) est créé avec la participation du ministère de la culture pour apporter aux banques une garantie financière destinée aux entreprises à risque du secteur culturel. Parallèlement, un Plan son et un Plan image sont lancés en 1982 à un niveau interministériel pour soutenir l’innovation ou la formation dans les entreprises culturelles, les studios d’enregistrement, les fabricants d’instruments de musique, les ateliers d’infographie, le cinéma, les éditeurs... Un fonds d’aide à l’édition électronique sur mémoires optiques est mis en place en 1989 par le Centre National de la Cinématographie (CNC) en collaboration avec le ministère de l’industrie afin de soutenir les initiatives en matière de réalisation de vidéodisques et de disques compacts. Des avances remboursables sont attribuées aux sociétés11 . La mission de la recherche finance également des projets de recherche pour la modernisation des systèmes d’information culturelle et fait même l’acquisition d’une chaîne complète de fabrication de banques d’images intégrant un enregistreur de vidéodisques Panasonic qu’elle fait circuler dans les Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
  • 23. 23 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 services scientifiques. Banques d’images culturelles et bornes interactives La réalisation de banques d’images culturelles sur vidéodisque est le point de départ d’un long processus de modernisation des systèmes d’information et de médiation de la culture qui s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui. Les acteurs culturels qui s’engagent à l’époque dans ces opérations complexes apprennent de nouvelles techniques, se forment à l’interactivité et auront de l’avance sur leurs concurrents pour faire face à l’accélération des innovations avec l’arrivée des CD- ROM puis de l’internet public quelques années plus tard. Parmi les réalisations les plus importantes figurent les banques d’images patrimoniales suivantes12 : a) dans les musées : • Art paléolithique mobilier (musée des antiquités nationales) / vidéodisque inscriptible Panasonic, • Louvre (3 vidéodisques d’images et de films sur les collections) / vidéodisques commercialisés / OD’A Laser Edition, • Mille chefs-d’œuvre des musées du Nord- Pas-de-Calais, • Musées nationaux parisiens, • Collections du Musée d’Orsay / vidéodisque commercialisé / OD’A Laser Edition, • Le Parthénon (musée du Louvre, British Museum, musée de l’Acropole), • Passage des dates (7 bornes interactives pour le musée d’Orsay), • Picasso (œuvres de l’artiste) / vidéodisque commercialisé / OD’A laser Edition, • Saga (musée national d’art moderne), • Soierie (musée des tissus de Lyon), • Trésors d’émail (musées français et étrangers), • Vidéomuseum du XXè siècle (collections françaises d’art contemporain), • Vidéralp musée (collections des musées de la régionRhône-Alpes),vidéodisquecommercialisé par l’agence régionale d’ethnologie. 12 Mission de la recherche et de la technologie. Bases de données et banques d’images: du ministère de l’Education nationale et de la Culture Paris: La Documentation Française, 1993. b) dans les bibliothèques, les archives et autres institutions culturelles : • Bibliothèques publiques de France (1919- 1989) (vues des bâtiments de lecture publique) / vidéodisque commercialisé, vendu avec un livret, • Images de la Révolution Française (documents de la Bibliothèque nationale : BN) / vidéodisque commercialisé par la BN et Pergamon Press, • Mémoire d’images d’Aquitaine (patrimoine régional) / vidéodisque commercialisé par l’agence de coopération d’Aquitaine, • Mémoires d’images en Poitou-Charentes (collections des bibliothèques) / vidéodisque commercialisé par l’agence ABCD, • Vidéralp de l’an 1000 à l’an 2000 (documents iconographiques des bibliothèques de Rhône- Alpes) / vidéodisque commercialisé par le SIRPAB, • Civilisations, Beaux-arts et Sciences et Techniques (3 vidéodisques d’images de la BPI), • Corpus Lascaux (4 vidéodisques de films sur Lascaux), • Noir et blanc (collection du service des archives photographiques), • Reconstruction de la France (fonds d’images des archives nationales 1940-1970), • Vidéocatalogue (collections françaises), • Le Vitrail en France (vitraux du canton de Troyes), • LesVélinsduRoi», (imagesdelabibliothèque du Muséum national d’histoire naturelle), • Enluminures (images de la bibliothèque Sainte-Geneviève) Au cours de la décennie 80, le vidéodisque est également intégré dans des bornes interactives d’informations culturelles placées dans des lieux publics. Le vidéodisque « Salamandre » sur les châteaux de la Loire et leur région est le premier à avoir été conçu dans le domaine patrimonial, pour un usage grand public. Le disque seul est édité et vendu sur le marché mais plusieurs bornes d’informations touristiques sont
  • 24. 24 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 également réalisées et mises en consultation dans des lieux publics (autoroutes, syndicats d’initiative,...). En avance sur son temps et surtout très coûteuse, cette expérience souffre d’un manque de suivi technique des matériels mis à disposition du public. D’autres bornes semblables voient le jour, par la suite, à l’initiative de collectivités territoriales, de sociétés privées ou d’institutions culturelles, pour valoriser les richesses culturelles d’une région (à Lyon ou Montpellier, en Dordogne, en Bretagne, etc). Les expérimentations interactives de la Cité des sciences et de l’industrie La Cité des sciences et de l’industrie (CSI), dès sa phase de préfiguration, est un important lieu d’expérimentations de bornes interactives dans le domaine de la médiation scientifique et technique. Disposant de crédits importants, elle fait réaliser des jeux de découverte, de simulation, d’apprentissage, de formation sur ordinateur, destinés à toutes les catégories de public car à la différence du Palais de la Découverte, peu d’animateurs ont été recrutés eu égard à la surface des espaces d’expositions. Nombre de dispositifs de médiation sont des prototypes pas toujours fiables et robustes. Quelques années après l’ouverture de la Cité en 1986, la moitié d’entre eux sont en panne, ce qui alimente les polémiques sur la place excessive faite aux technologies dans l’établissement. La médiathèque de la CSI est même dotée d’un robot serveur de 1.400 vidéodisques sur lesquels 2.800 heures de programmes audiovisuels ont été enregistrées et qui sont consultables sur 17 postes publics connectés via deux réseaux. Ce robot très complexe et ambitieux pour l’époque est resté célèbre pour ses pannes à répétition, ses difficultés de fonctionnement et son coût prohibitif. En 1992, un bilan réalisé par la direction des musées de France évalue à 400 le nombre d’interactifs produits pour la Cité des Sciences et de l’industrie. Maîtriser la production des banques d’images Si le vidéodisque d’images fixes possède de nombreux atouts (capacité de stockage élevée, rapidité d’accès aux images, simplicité d’utilisation, etc), il a également des inconvénients dont les principaux sont une faible définition des images vidéo et un prix de revient élevé. Pour pallier l’insuffisante qualité des images, un vidéodisque haute définition (1125 lignes) est imaginé au début des années 80, par l’équipe de G.  Broussaud du Centre mondial de l’informatique. Pour des applications culturelles, seule la fondation Albert Kahn utilise ce système en vue de présenter sa collection d’autochromes mais ce procédé se révèle rapidement sans lendemain faute de l’existence d’une norme internationale. Cette incertitude sur le choix d’un standard technique est à cette époque un handicap sérieux pour le développement des produits multimédias culturels à haute valeur ajoutée d’autant plus que leur coût de conception est élevé. Durant les années 80, une solution pour abaisser les coûts de saisie et de fabrication générés par les sous- traitants, est fournie par les systèmes autonomes d’enregistrement de vidéodisques. En effet, il existe des enregistreurs (Panasonic, Sony, TEAC,..) permettant de réaliser, soi-même, grâce à une caméra CCD vidéo professionnelle installée sur un banc de reproduction, un vidéodisque analogique capable de stocker et de restituer les images produites. La mission de la recherche acquiert en 1988, un système semblable afin de le mettre à la disposition des services patrimoniaux du ministère désireux de mener des programmes de recherche documentaire multimédias. Plusieurs banques d’images scientifiques sont ainsi réalisées par les services eux-mêmes, à des coûts très réduits (art paléolithique mobilier au musée des antiquités nationales, illustrations du journal «Le petit Parisien» aux archives nationales, photothèque du laboratoire de recherche des musées de France, antiquités orientales du musée du Louvre). Ce type de matériel, très simple d’usage, contribue à former les utilisateurs du ministère de la culture et
  • 25. 25 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 à les libérer des prestataires de service. En ce sens, il leur apporte une autonomie comparable à celle du micro-ordinateur au début des années 80 et leur permet d’acquérir un savoir-faire appréciable. Acquérir une méthode En 1992, l’engouement des institutions muséales pour les interactifs et l’expérience acquise dans de nombreux projets de ce type conduit le ministère de la culture à publier un guide visant à faire des recommandations aux professionnels de ce secteur pour qu’ils acquièrent une méthode et prennent conscience des compétences nécessaires pour réussir un projet interactif13 . Leur attention est attirée sur la diversité des savoir- faire à maîtriser et sur l’importance de constituer une équipe projet. Quatre grands domaines de compétences sont mis en lumière et détaillés : • le management, c’est à dire la gestion des moyens et la direction opérationnelle du projet, • la maîtrise des contenus pour laquelle une expertise du domaine traité est absolument requise ainsi que de bonnes connaissances pédagogiques ou de médiation selon le public visé, • la communication dans laquelle on trouve la conception de l’interactivité, l’ergonomie, le graphisme, le son et les aspects rédactionnels, • la technique avec le choix des matériels, la numérisation des données, la programmation et la réalisation. En raison de la variété des savoir-faire qui doivent être engagés dans le processus de production d’un dispositif interactif multimédia, il est suggéré de rechercher des analogies du coté de la production cinématographique avec sa diversité de métiers plutôt que du coté de l’édition de livre, pour s’en inspirer. La question de la sous-traitance est un sujet épineux à cette époque, en raison des difficultés rencontrées par de nombreux projets d’interactifs culturels et la fréquence des dysfonctionnements observées. La plus grande vigilance est recommandée aux 13 Interactifs. Une Technique de L’intention. Paris: ministère de la culture, 1992. décideurs par le ministère de la culture mais la véritable difficulté vient du manque de personnels compétents dans les institutions culturelles capables d’assurer des fonctions de chef de projet mais aussi d’évaluer les usages qui sont faits de ces nouveaux outils de médiation. Le guide attire également l’attention des professionnels des musées sur les quatre phases du cycle de production d’un interactif  : analyse, design, réalisation, diffusion. Durant la phase d’analyse, il faut définir les objectifs, le public cible, le synopsis, le budget puis évaluer les moyens et les ressources disponibles, rechercher d’éventuels partenaires et comparer les prestataires. La désignation d’un chef de projet est indispensable. La phase appelée design recouvre la conception du projet, son écriture et l’élaboration la plus précise possible de ses spécificités. La réalisation du produit interactif et sa mise au point sur un support matériel viennent ensuite. Enfin, il faut le mettre à disposition du public auquel Crédits : Jean-Pierre Dalbera
  • 26. 26 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 il est destiné et en faire évaluer son impact par des personnes étrangères au projet. Les deux premières phases doivent aboutir à l’écriture d’un cahier des charges qui servira de document de référence pour la réalisation technique. Une aide extérieure (assistance à maîtrise d’ouvrage) est souvent nécessaire à ce stade car les compétences internes à l’institution ne sont en général pas suffisantes sauf dans les grands établissements qui disposent d’un service spécialisé. Diffusées à une époque charnière où le « tout numérique » gagne du terrain sur les systèmes analogiques, ces recommandations, de portée très générale, sont d’une grande utilité pour les novices du multimédia mais aussi pour guider les équipes sur le terrain désireuses de moderniser leurs dispositifs de médiation. LES PIONNIERS DU « TOUT NUMÉRIQUE  » L’insuffisante qualité des images des vidéodisques, le souci de conservation à long terme, l’obsolescence rapide des standards techniques, les besoins de transmission des images à distance par les réseaux de télécommunications, les possibilités de traitement offertes par la numérisation conduisent les services culturels à s’intéresser aux banques d’images numériques dès qu’elles deviennent opérationnelles. Le musée d’Orsay et la Bibliothèque Publique d’Information sont des pionniers du «  tout numérique  » car, bien avant les autres institutions culturelles, ils expérimentent ces nouveaux dispositifs pour offrir des services au public. La banque d’images numériques du musée d’Orsay Bénéficiant des moyens de la politique des grands travaux, le musée d’Orsay ouvre ses portes, en 1986, en étant le premier musée au monde à disposer d’une banque de données et d’images entièrement numériques fonctionnant en réseau (15 postes). Gérée par le logiciel Basis sur des ordinateurs Vax de la société DEC, elle comprend plus de 20.000 notices sur des œuvres d’art appartenant à la période 1848-1914 (peintures, dessins, sculptures, objets d’art, photographies, architecture, etc) et fournit des informations détaillées sur chaque œuvre, l’iconographie y est analysée à l’aide du thésaurus de F. Garnier. Les images en couleurs de définition 1280 x 1024 pixels (au nombre de 9.000) sont stockées sur des disques optiques numériques (DON). Jusqu’au début des années 90, l’accès à cette base documentaire est gratuit pour les visiteurs du musée qui ont à leur disposition plusieurs postes de consultation à deux écrans (texte et image) reliés par réseau au serveur. Ce dispositif, très en avance sur son temps, attire l’attention des visiteurs pour la qualité du service qu’il propose et pour l’ergonomie de son interface. Mais il fait aussi l’objet de nombreuses critiques, car son coût est prohibitif (rapport de la Cour des comptes), ses images d’œuvres d’art sont de qualité insuffisante avec en plus des couleurs trop Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
  • 27. 27 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 différentes de celles des originaux, le jeu du pendu que les concepteurs ont imaginé pour distraire les utilisateurs apparaît dérisoire… De plus, on constate que ce sont toujours les œuvres les plus connues qui sont consultées et que les visiteurs ne vont que rarement au-delà, sans utiliser les possibilités de recherche avancée. Malgré ses défauts, ce système prototype permet à la communauté scientifique et culturelle, pour la première fois, de disposer d’une expérimentation en vraie grandeur et d’affiner la méthodologie comme l’architecture des dispositifs numériques. Jean-Louis Pascon, le responsable informatique de la banque d’images jouera par la suite un grand rôle dans le plan de numérisation du ministère de la culture. Le CD-ROM «  LISE  » de la Bibliothèque Publique d’Information La Bibliothèque Publique d’Information (BPI) expérimente, dès son ouverture, divers dispositifs multimédias pour améliorer les services offerts au public qu’un département des études évalue régulièrement14 De nombreuses cabines d’apprentissage des langues sont disponibles. Des banques de données sont rendues accessibles en 1981 ainsi que des banques d’images, d’abord sous forme de diapositives puis progressivement de vidéodisques. Les vidéos sont mises en semi-libre accès en 1985. Un service de réponse par téléphone initialement proposé est remplacé par une messagerie sur minitel en 1986, année au cours de laquelle est mis en libre accès l’Encyclopédie Grolier sur CD-ROM. En 1987, le premier CD-ROM français et francophone, « LISE », propose le catalogue général de la Bibliothèque Publique d’Information (BPI) du centre Georges Pompidou. Il complète l’accès en ligne au catalogue qui fonctionne sous le logiciel de gestion de bibliothèque GEAC. 14 “Histoire de la Bpi.” http://www.bpi.fr/la-bibliotheque/histoire-de-la-bpi 15 Béquet, Gaëlle. “Trois bibliothèques européennes face à Google: aux origines de la Bibliothèque numérique (1990-2010).” École des chartes, 2014. Le CD-ROM, fonctionnant sous le logiciel Microbase, est financé par la succursale française de Philips qui cherche à se faire connaître et qui le réalise à titre expérimental. Cette innovation est un grand succès public, elle fait prendre conscience, à de nombreux professionnels des bibliothèques, des capacités d’avenir de ce support. Le projet de Très Grande Bibliothèque Sur la suggestion de son conseiller Jacques Attali, le président François Mitterrand annonce, lors de l’allocution télévisée du 14 juillet 1988, la construction « d’une très grande bibliothèque d’un genre entièrement nouveau ». La définition des services qu’elle proposera à distance n’est pas encore précisée. Patrice Cahart, haut fonctionnaire, et Michel Melot, conservateur, alors directeur de la BPI, sont chargés par le premier ministre Michel Rocard d’un rapport sur le sujet. Le rapport est remis le 30 novembre 1988, il propose un cadre technologique pour la bibliothèque numérique qui combine documents numérisés dans leur intégralité et accès via des postes de lecture spécifiques15 . Après de nombreuses réunions de travail, il aboutira en 1993 aux premières campagnes de numérisation de masse respectant des critères élevés de qualité qui serviront de modèles pour le plan de numérisation lancé par le ministère de la culture quelques années plus tard mais aussi pour de nombreux programmes de numérisation engagés dans d’autres institutions culturelles.
  • 28. 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 LA DÉCENNIE 1990 : LE TOURNANT VERS LA SOCIÉTÉ DE L’INFORMATION
  • 29. 29 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 LA NAISSANCE DE L’ÉDITION ÉLECTRONIQUE Après le disque compact (CD) qui a supplanté les disques 33 tours, le CD-ROM (650 Mo) lancé par Philips en 1985 commence à se banaliser, au début de la décennie 1990, dans la société française alors à la traîne en matière d’équipements informatiques. Le succès du CD-ROM dans le grand public est d’abord dû aux jeux qui sont plus réalistes, plus interactifs et de meilleure qualité que sur les consoles de l’époque. Les jeux Myst et SimCity sont des succès commerciaux. A partir de 1994, l’édition électronique est en plein développement et notamment dans le domaine culturel malgré le retard, vis à vis de leurs homologues américains ou allemands, des foyers français possédant un micro-ordinateur avec lecteur de CD- ROM1 et carte son. En 1995, le secteur du ludique est responsable de la moitié des ventes de CD-ROM, mais les programmes éducatifs et culturels se multiplient rapidement. Ce support s’impose pour les encyclopédies (Encarta éditée par Microsoft en 1993, Encyclopaedia Universalis en 1995) et les dictionnaires. L’industrie française du CD-ROM ne peut se comparer à son homologue américain mais la France peut compter sur la créativité de ses professionnels qui est valorisée par la presse sous l’appellation « French Touch ». L’engouement pour les CD-ROM culturels L’édition de CD-ROM culturels et éducatifs est présentée comme une spécialité française, elle est un des arguments présents dans les discours des pouvoirs publics sur l’exception culturelle qui est alors opposée à la domination américaine. Le terme CD-ROM culturel recouvre en fait une grande diversité de productions de qualité inégale 1 En 1995, il y a 500.000 lecteurs de CD-ROM en France alors que les USA comptent 13.000.000 de micro-ordinateurs équipés de lecteurs et l’Allemagne 3.000.000. 2 “Le Multimédia a Rendez-Vous À Cannes.”, Libération, janvier 1995, http://www.liberation.fr/medias/1995/01/12/le-multimedia-a-rendez- vous-a-cannes_120161 mais il répond aussi à un besoin de marketing et fait vendre des équipements informatiques multimédias. Les réalisations françaises haut de gamme obtiennent quelques beaux succès internationaux comme le CD- ROM « Le Louvre, collections et palais », produit par la société Montparnasse Multimédia et la Réunion des Musées Nationaux (RMN) dont près de 100.000 exemplaires sont déjà vendus fin1995, un an après sa sortie. Pour partager les coûts élevés de réalisation, de nombreux CD-ROM sont coproduits par des partenaires qui peuvent être des éditeurs de livres, des institutions culturelles (RMN, Institut National de l’Audiovisuel : INA, Centre Georges Pompidou..), des producteurs de télévision, des entreprises de presse, des éditeurs de jeux ou de logiciels, des groupes de télécommunications. Disposant d’une compétence reconnue dans le domaine de l’édition d’art et d’une agence photographique de qualité, la RMN s’intéresse très tôt aux nouvelles technologies de diffusion sur supports optiques (d’abord sur CD-ROM, CD-Photo puis sur consoles de jeu, aujourd’hui sur DVD-ROM et supports mobiles). Dès 1993, un service multimédia est créé et l’établissement s’engage, sous l’impulsion de Jean- François Chougnet, dans la production et l’édition de programmes interactifs sur support optique. Le MILIA (marché international de l’édition et des nouveaux médias) qui ouvre ses portes en 1994 à Cannes dans le palais des festivals est une vitrine pour les producteurs de CD-ROM. En 1995, le salon se passe dans un climat d’euphorie, car les ventes de PC multimédia progressent fortement. Le journal Libération annonce même «l’ère du contentware par opposition au hardware et au software»2 . Pour Xavier Roy, l’organisateur du MILIA, « En 1994, les industries du secteur se cherchaient. Aujourd’hui, elles arrivent à maturité et visent la qualité. L’effet de mode se dissipe pour laisser la place à de véritables créations interactives dotées d’interfaces novatrices».
  • 30. 30 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 Le succès du CD-ROM « Le Louvre, collections et palais » Le CD-ROM «  Le Louvre, collections et palais» reçoit le MILIA d’or dans la catégorie arts et culture, il est célébré comme le «  triomphe d’un musée imaginaire ». Selon Pierre Raiman, le directeur de Montparnasse Multimédia, «  le défi des CD-ROM culturels, c’est de donner au public l’envie d’explorer des bases de données  ». Il estime aussi que ce succès apporte « la preuve que dans le multimédia, la culture ne se limite pas à une petite niche commerciale ». De fait, cette visite virtuelle du Louvre est ce qui se fait de mieux sur le marché dans le cadre des contraintes techniques de l’époque. Le succès est mérité mais sera de courte durée face à la rapidité d’évolution des technologies qui est le propre du numérique3 et la société déposera le bilan en 2002, non sans avoir produit en 2000 une version DVD-ROM « Le Louvre, 3 “Choisi Pour Vous, CD-Rom Culture : Le Louvre, Peinture et Palais, Triomphe D’un Musée Imaginaire.” http://ecrans.liberation.fr/ ecrans/1995/03/10/choisi-pour-vous-cd-rom-culture-le-louvre-peinture-et-palais-triomphe-d-un-musee-imaginaire_128593. 4 “The Information Market Policy ACTions (IMPACT) Programme.” DG XIII Commission européenne, 1995. http://www.echo.lu/impact/en/ impacthome.html. la visite virtuelle » comportant plus de 1.000 œuvres analysées et commentées et une visite virtuelle de 25 salles du palais. La RMN présente, à la fin de la décennie 1990, l’un des catalogues de CD-ROM culturels les plus importants d’Europe, riche d’une cinquantaine de titres, avec deux succès commerciaux : « Le Louvre, collections et palais  » et «  Musée d’Orsay, visite virtuelle », également coproduit avec Montparnasse Multimédia. En 1996, elle édite « Versailles, complot à la cour du roi Soleil », un CD-ROM d’un nouveau genre, qualifié de ludo-culturel et destiné à la jeunesse, qui est un jeu de découverte du Versailles historique. Cette collection sera complétée par les titres « Egypte, l’énigme de la tombe-royale » puis « Chine, intrigue dans la cité interdite ». Les aides à la production multimédia Au milieu de la décennie, les aides françaises et européennes à la production et à l’édition multimédia sont multiples, elles sont publiques mais aussi privées. L’IFCIC, l’institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles, crée au début des années 80, gère un fonds qui permet de garantir des prêts bancaires aux entreprises de presse souhaitant investir dans le multimédia. Le CNC propose des aides pour le développement de projets associant éditeur et auteur. Avec les appels à propositions du programme IMPACT1, lancé en 1989-1990, puis IMPACT2 (1991- 1995), la direction générale n° XIII de la Commission européenne a pour objectif de créer des contenus multimédias innovants et de développer l’industrie européenne4 . Le programme INFO 2000 lui succède, il vise lui aussi à stimuler l’industrie européenne pour qu’elle soit compétitive à un niveau mondial et à encourager l’utilisation du contenu multimédia dans la société de Crédits : Montparnasse Multimédia
  • 31. 31 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 l’information. Le Club investissement média aide les petites sociétés à accéder au marché en facilitant des projets en coproduction. Des fonds d’investissement sont localisés dans les quinze pays de l’Union européenne, afin d’intéresser des institutions financières soutenant l’innovation. Un certain nombre de sociétés de capital-risque s’impliquent elles aussi dans les entreprises de production multimédia en les aidant à acquérir le matériel et les outils nécessaires. Plusieurs services de l’État ou des collectivités territoriales favorisent les entreprises du secteur multimédia de leur région en apportant des aides à la préparation des projets, à la formation, à l’exportation, à la participation à des salons, à la rencontre de partenaires potentiels. Malgré ces dispositifs de soutien, le prix de vente d’un CD-ROM culturel ou éducatif de qualité reste élevé eu égard au volume moyen des ventes et à son prix de revient. Sauf pour quelques titres qui ont réussi à être coproduits avec des partenaires internationaux, le marché français s’avère trop limité et la plupart des producteurs se trouvent en difficulté avec la concurrence croissante de l’offre culturelle sur internet qui se développe à la fin de la décennie5 . L’émergence de nouvelles écritures multimédias interactives A partir de 1992, la vague des CD-ROM culturels et éducatifs produit de véritables créations artistiques d’un nouveau type et renouvelle les formes de médiation du patrimoine et de la science. Une nouvelle écriture interactive multimédia est en train de naître. Nils Aziosmanoff, le président d’ART 3000, association pionnière créée en 1988 pour susciter le rapprochement entre les arts et les technologies, organise les premiers états généraux de l’écriture multimédia à la vidéothèque de Paris en septembre 5 Lavigne, Michel. “Regard Rétrospectif Sur Les CD-ROM Culturels.” Http://w3.lara.univ-tlse2.fr/entrelacs/IMG/pdf/Lavigne_CD_culturels. pdf, n.d 6 L’écriture Multimédia, Numéro Spécial de La Revue Nov’Art. Jouy-en-Josas: ART 3000, 1995. 19956 . Selon lui, les nouveaux médias interactifs révolutionnent les modes d’expression et le rapport à l’information. Le multimédia, les autoroutes de l’information, et les techniques de réalité virtuelle permettent l’émergence de nouvelles écritures. L’association ART 3000 et sa revue Nov’Art jouent alors un rôle important pour initier les milieux culturels à l’art numérique et soutenir l’innovation artistique mais son champ d’intervention est moins la médiation que la création artistique. Fort de son patrimoine audiovisuel et radiophonique, de son centre de formation et de ses équipes de recherche technologiques, l’INA s’investit depuis le début de la décennie 1990 dans le développement des médias interactifs. Un serveur multimédia est opérationnel et des collections de CD-ROM sont produites. Crédits : Jean-Pierre Dalbera
  • 32. 32 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 Fin 1995, le numéro 64 des dossiers de l’audiovisuel est consacré à l’écriture interactive7 . Les auteurs y analysent les éléments du langage interactif, élaborent une typologie de l’interactivité et proposent une méthode pour la conception et la réalisation d’hypermédias. Le prix Möbius international des multimédias Durant cette période d’intense activité multimédia, l’acteur majeur dans la promotion des écritures numériques est le prix Möbius international des multimédias crée en 1992 par Jean-Claude Quiniou et Ghislaine Azémard avec le soutien de la commission européenne, du CNRS (rencontres internationales de l’audiovisuel scientifique « Image et science ») et du CNET (centre national d’études des télécommunications). Le prix Möbius des multimédias a pour objectifs de : • Valoriser l’innovation technique et esthétique et affirmer les valeurs éthiques et civiques, • Partager connaissances, compétences, 7 Collectif sous la direction d’Olivier Koechlin. “Multimédia : L’écriture Interactive.” Documentation Française, Dossiers de l’Audiovisuel, no. 64 (1995). idées et projets, • Participer à l’épanouissement et à la diversification de l’offre, élargir la demande sociale et tenter d’y répondre, • Promouvoir les multimédias de qualité auprès des acteurs culturels et du public, • Favoriser les accords de coproduction, de localisation, d’achats de droits à l’occasion de la présentation des œuvres multimédias sélectionnées. Le prix s’appuie sur un réseau mondial de personnalités, et de laboratoires de recherche, impliqués dans l’analyse des systèmes de communication et l’étude des industries culturelles, en Allemagne, en Australie, en Belgique, au Brésil, au Canada, en Chine, en Espagne, aux Etats Unis, en France, en Finlande, en Grèce, en Italie, au Japon, en Roumanie, en Suisse. Après un appel à candidature effectué dans chaque pays, chaque comité recense les réalisations de l’année en cours en fonction de leurs qualités innovantes (écriture, navigation, thème...). Les comités se réunissent et désignent les nominés qui représenteront leur pays au Prix Möbius International. Les œuvres en compétition sont présentées par leurs auteurs. Plus de huit mille personnes dans le monde: éditeurs, créateurs, développeurs, distributeurs, spécialistes des multimédias, scientifiques, enseignants, journalistes... participent à ces rencontres. Cet événement international a trois grandes lignes de force qui sont : • son cadre universitaire et interdisciplinaire et son fonctionnement en réseau ouvert, • son souci de penser le multimédia dans une stratégie mondiale active, non soumise à une hégémonie économique, linguistique ou logicielle, • sa volonté de susciter une nouvelle cohérence entre auteurs individuels et collectifs et le vivier universitaire qui alimente et valide les savoirs à transmettre. L’université Paris 8, partenaire du prix Möbius, y joue un rôle majeur par son caractère interculturel, ses modes d’enseignement et ses partenariats Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
  • 33. 33 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 internationaux. Dès sa création en 1992, le prix Möbius contribue à faire connaître des pionniers de l’écriture multimédia et de la conception de CD-ROM comme par exemple: • le professeur autrichien Titus Liber avec « le musée imaginaire interactif »8 , qui a été un modèle pour de nombreux créateurs de produits interactifs, • l’écrivain scientifique et pionnier de l’informatique en France, Daniel Garric, ami de Steve Jobs, avec «  le musée virtuel  : la Renaissance et Léonard de Vinci », • La spécialiste de représentation humaine numérique et de robotique, la professeure Nadia Thalmann avec « les algorithmes de Marylin », • Le chercheur islandais travaillant à Sophia- Antipolis  : Pierre Kjartan Emilsonn avec Eurythmie : un hypermédia sur le chaos et les instabilités. De nombreuses rencontres ont lieu entre 1992 et les 15èmes et dernières rencontres internationales qui se sont déroulées à Bucarest en 2007. Les fondateurs du prix Möbius publient en 2002 un ouvrage bilingue « 100 titres – une petite anthologie des multimédias » qui rassemble un corpus répondant « au souci de suggérer des pistes de recherche, de présenter un large panorama, d’ouvrir sur des champs thématiques variés dans les secteurs de la culture, de l’éducation, de la science et de la création ». Actuellement en sommeil, le prix Möbius a été un révélateur de talents, une plate forme d’échanges et de débats incomparables entre les milieux de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la culture pour l’analyse des évolutions des écritures numériques et leurs capacités d’innovation. LES AUTOROUTES DE L’INFORMATION, EN FRANCE ET EN EUROPE 8 “Vienne interactif” et “Mozart interactif” de Titus Leber - navigations interactives dans une ‘machine de temps’, explorant une ville où l’univers mozartien dans sa forme la plus avancée - marquent un tournant dans l’évolution des médias audiovisuels grand public. Plus de 15.000 images fixes, une foule de menus interactifs et de clips narratifs offrent un programme qui peut aller d’une trentaine de minutes en “temps réel’ jusqu’à six semaines de visionnage ininterrompu si on tient compte des arborescences proposées par la banque de données. (Extrait du site web du prix Möbius en 2006 sur Internet Archive) 9 Le terme hypertexte est inventé en 1965 par Ted Nelson 10 Mahl, Robert, une perspective historique sur les autoroutes de l’information en France, dans des autoroutes de l’information pour quoi faire ?. Saint-Etienne: Ed. Eska, 1996. Le concept du Word Wide Web est inventé en 1989 au CERN par Tim Berners-Lee en associant le principe de l’hypertexte9   à l’utilisation d’Internet. Mais le gouvernement (la direction générale des télécommunications) défend encore le monopole et ce n’est qu’en 1992 « qu’Internet commence à être considéré comme une composante des autoroutes de l’information parmi d’autres »10 . Les filiales de France Télécom (Transpac, Wanadoo) ne deviendront des fournisseurs d’accès à Internet qu’en 1996, deux ans avant la déréglementation des télécommunications. Débat public et rapports stratégiques Au milieu de la décennie 90, plusieurs rapports ont alimenté le débat public autour des enjeux de la Crédits : Mobius International
  • 34. 34 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 révolution de l’information: • le rapport « Les autoroutes de l’information » de Gérard Théry et Alain Bonnafé remis au premier ministre Edouard Balladur en 1994, • le rapport «  Les télé services en France. Quels marchés pour les autoroutes de l’information ? » de Thierry Breton remis en 1994 à Charles Pasqua, ministre d’État, ministre de l’intérieur et de l’aménagement du territoire et à Alain Madelin, ministre des entreprises et du développement économique, • le rapport «  Les réseaux de la société de l’information  », du groupe présidé par Thierry Miléo, Commissariat général du Plan remis en octobre 1996. Ces rapports insistent sur l’urgence de prendre des décisions politiques fortes et de sensibiliser la société française aux enjeux de la société de l’information11 . C’est le rapport de Thierry Miléo qui s’avère le plus réaliste car il souligne que l’avenir n’est pas à une grande autoroute de l’information utilisant une solution 11 Tronc, Jean-Noël, autoroutes de l’information: trois rapports publics en cinq ans, dans des autoroutes de l’information pour quoi faire?. Saint-Etienne: Ed. Eska, 1996. 12 http://www.senat.fr/rap/r96-213-2/r96-213-21.pdf technologique unique (réseau et terminal) mais plutôt à l’interconnexion de réseaux différents sur des terminaux variés selon le modèle privilégié d’Internet même si cette solution est encore minoritaire en France en 1996 avec moins de 500.000 utilisateurs. Pour le Commissariat général au plan, les enjeux principaux sont l’interopérabilité des dispositifs, leur convivialité, la baisse de leurs coûts pour que l’équipement des foyers progresse et enfin la création de contenus francophones de qualité sans oublier le rôle de régulation et de protection des usagers que l’État doit exercer dans ce nouveau contexte. Le rapport Miléo se rapproche des orientations européennes et de l’environnement concurrentiel soutenu par les États-Unis. Il met à distance les visions colbertistes des rapports Théry et Breton. En effet, en 1994, le Rapport Bangemann, définit des actions concrètes pour réaliser la société de l’information en Europe. Il en résulte au niveau de la Commission européenne un programme d’action qui fournit un cadre intégré embrassant toutes les activités de l’Union européenne dans les domaines suivants : les télécommunications, la politique de la concurrence, le marché unique, l’audiovisuel, la cohésion régionale, les aspects sociaux et liés à l’emploi, ainsi que les dimensions culturelles et linguistiques. D’autres rapports importants ont été rédigés dans cette période dont celui, très complet et documenté, de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, présidé par le sénateur Pierre Laffitte, fondateur de la technopole de Sophia Antipolis, sur les réseaux grands débits et l’entrée dans la société de l’information (février 1997)12 . Lois et expérimentations de nouveaux services numériques La loi n° 95-115 du 4 février 1995 d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire (loi Pasqua) établit, entre autres mesures, un schéma des télécommunications. Crédits : Jean-Pierre Dalbéra
  • 35. 35 40 ANS DE MEDIATION CULTURELLE NUMERIQUE - RAPPORT 2015 Le schéma définit les conditions dans lesquelles l’État peut favoriser la promotion de services utilisant des réseaux interactifs à haut débit, à travers notamment la réalisation de projets expérimentaux et le développement de centres de ressources multimédias. Elle est complétée par la loi du 10 avril 1996, relative aux expérimentations dans le domaine des technologies et services de l’information. Pour apprécier la réalité et la solvabilité de la demande de nouveaux services sur les autoroutes de l’information, le gouvernement (ministère de l’industrie, de la poste et des télécommunications) lance en 1994 un appel à propositions pour des expérimentations destinées à positionner la France sur les marchés du multimédia. La mobilisation des acteurs publics et privés est importante car 635 projets sont déposés. 244 projets regroupés sur 30 plates-formes et 3 grands projets nationaux sont retenus et labellisés « autoroutes de l’information » lors du premier appel. Parmi ceux-ci, figurent près d’une centaine de projets à dominante culturelle concernant des galeries électroniques sur l’art contemporain, des systèmes de consultation sur réseau d’informations multimédias sur le patrimoine culturel (projet européen Aquarelle, réseau européen des villes art nouveau...), des serveurs musicaux (studio en ligne et serveur multimédia de l’IRCAM..), des systèmes d’information sur le tourisme culturel et sur les spectacles, etc. Trois projets culturels obtiennent le 8 février 1995, du ministère de la culture, le label «  Grand Projet en Région (GPR)  » pour le développement du multimédia: • Le centre « art et technologies nouvelles » d’Art 3000 à Jouy-en-Josas, • Le Centre international de création vidéo (CICV) à Montbéliard, • Le centre de ressources multimédias de Sophia Antipolis Ces trois GPR s’affirment comme des pôles d’excellence culturelle qui fédèrent acteurs régionaux et initiatives, tout en gardant une vocation de 13 Dalbéra, Jean-Pierre. Les grands projets culturels en régions pour le développement du multimédia. Rapport au ministre de la culture Jacques Toubon. Paris, mai 1995. « fertilisation culturelle et économique » nationale et internationale13 . Cesprojetssedévelopperontavecsuccèsnotamment le centre d’Art 3000 qui donnera naissance au premier centre français de création numérique  : le Cube, ouvert à Issy-les-Moulineaux en 2001. D’autres initiatives de pôle multimédia sont prises dans le domaine éducatif et social, comme dans le département du Rhône avec le centre Erasme. Créé à l’initiative de René Trégouët, vice-président du conseil général du Rhône, qui le propose à son département dès 1993, le centre Erasme est dédié, au moment de son ouverture en 1998, à l’expérimentation dans le domaine éducatif et au développement de nouveaux usages informatiques. Implanté initialement sur la commune de St Clément les Places, il héberge le centre serveur des collèges et écoles du département du Rhône, le premier en France à avoir été desservi par de la fibre optique. En 2005, il étend ses activités de veille technologique et d’expérimentation aux musées dans le cadre de la préfiguration du musée des Confluences et ouvre un muséolab dont les activités sont très suivies par les professionnels de la médiation culturelle. Il est aujourd’hui le living lab de la Métropole de Lyon. En 1995, le label Autoroutes de l’information, obtenu par les projets a un impact important car il valide leur qualité et permet à ceux qui se portent candidats aux appels d’offres de la Commission européenne (Direction générale XIII ou III) de se trouver en position favorable. Les actions du G7 et de la Commission européenne En février 1995, le groupe des 7 pays les plus industrialisés: le G7 (France, Italie, Allemagne, Grande-Bretagne, USA, Japon, Canada) consacre une de ses séances plénières à la société de l’information. A son tour, il sélectionne onze projets très ambitieux parmi lesquels deux sont de nature culturelle : le musée virtuel et la bibliothèque virtuelle. A travers les services du ministère de la culture,