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ECOLE NATIONALE DES
PONTS ET CHAUSSEES
BETON PRECONTRAINT
Support de cours
Gilles CAUSSE – Emmanuel BOUCHON – Pascal CHARLES DĂ©cembre 2007
Notes préliminaires
Ce document a été établi sur la base du polycopié du cours de Béton Précontraint de
l’École Nationale des Ponts en ChaussĂ©es, professĂ© par Robert Chaussin jusqu’en
2001.
La mise à jour a été effectuée en 2006-2007 par Pascal Charles et Florent Imberty
(SĂ©tra), notamment pour tout ce qui concerne l’utilisation des normes europĂ©ennes
(Eurocodes).
Le cours est orientĂ© « ouvrages d’art » compte tenu de la profession de ses
diffĂ©rents auteurs. Les principes exposĂ©s ici sont toutefois valables pour l’ensemble
des structures en béton précontraint.
SOMMAIRE
Chapitre I - Généralités 7
1. IntĂ©rĂȘt de la prĂ©contrainte 7
2. Principe du béton précontraint 8
3. Conventions de signes 9
4. Notations 10
Chapitre II - Modalités d'introduction de la précontrainte dans une structure 13
1. Pré-tension 13
2. Post-tension 13
3. Précontrainte par déplacements extérieurs imposés 14
Chapitre III - Effets de la précontrainte dans une structure 17
1. Équilibre d’un cĂąble de prĂ©contrainte dans le bĂ©ton 17
2. Effet de la précontrainte sur une structure 17
3. Structures isostatiques 17
4. Structures hyperstatiques 19
Chapitre IV - Matériaux 21
1. Généralités 21
1.1. Acier pour cùbles de précontrainte 21
1.2. BĂ©ton 21
2. BĂ©ton 22
2.1. RĂ©sistance en compression 22
2.2. RĂ©sistance en traction 23
2.3. Ciments 23
2.4. Déformations du béton 23
3. Armatures de précontrainte 28
3.1. Formes 28
3.2. Diagramme contraintes-déformations 29
3.3. Relaxation de l’acier 29
3.4. Corrosion sous tension 30
3.5. RĂ©sistance Ă  la fatigue 31
3.6. Élaboration 31
3.7. Homologation 32
4. Matériel de précontrainte par post-tension 33
4.1. Généralités 33
4.2. Armatures 33
4.3. Conduits 34
4.4. VĂ©rins 35
4.5. Ancrages 35
4.6. Injection et cachetage 42
Chapitre V - Calcul de la force de précontrainte 45
1. Présentation des pertes 45
2. Tension à l’origine 45
3. Pertes instantanées 46
3.1. Pertes par frottement 46
3.2. Pertes Ă  la mise en charge de l’ancrage (rentrĂ©e d’ancrage) 49
3.3. Pertes par déformation instantanée du béton 50
4. Tension initiale 53
5. Pertes différées 53
5.1. Pertes par retrait 53
5.2. Pertes par fluage 53
5.3. Pertes par relaxation 54
5.4. Pertes différées totales 54
6. Tension Ă  un instant quelconque 55
7. Calcul manuels de pertes 55
Chapitre VI - Contexte réglementaire 57
1. Généralités 57
2. États-limites 58
3. Actions et valeurs représentatives 58
3.1. Actions permanentes 58
3.2. Actions variables 59
4. Sollicitations de calcul 59
4.1. Vis-Ă -vis des ELU 59
4.2. Vis-Ă -vis des ELS 60
5. Situations 60
6. Justifications vis-Ă -vis des Ă©tats-limites de service 61
6.1. Justifications Ă  la flexion 62
6.2. Justifications vis-à-vis de l’effort tranchant 67
7. Justifications vis-Ă -vis des Ă©tats-limites ultimes 67
7.1. Justifications Ă  la flexion 67
7.2. Justifications à l’effort tranchant 67
Chapitre VII - Flexion ELS des poutres isostatiques non fissurées 69
1. Généralités 69
2. Notations 69
2.1. Section droite 70
2.2. Sollicitations appliquées à la section 70
2.3. Contraintes normales dans le béton 71
Centre et ligne de pression 71
3. Contraintes normales du béton 73
3.1. Expression générale 73
3.2. Respect des contraintes limites 74
4. Valeur minimale de la précontrainte dans une section 75
4.1. Section sous-critique 76
4.2. Section sur-critique 76
4.3. Caractùre d’une section 78
4.4. Expressions développées de P 78
4.5. Cas particulier important == σσ 79
4.6. Remarques diverses 80
5. Section minimale de béton 80
5.1. Cas d’une section sous-critique 81
5.2. Cas d’une section sur-critique soumise à des moments positifs 81
5.3. Cas d’une section sur-critique soumise Ă  des moments nĂ©gatifs 82
5.4. Remarque 82
6. RĂ©capitulation 83
6.1. Hypothùse d’une section sous-critique 83
6.2. Hypothùse d’une section sur-critique 83
7. Cas oĂč plusieurs valeurs de P interviennent dans le dimensionnement 84
Chapitre VIII - Flexion ELU des poutres isostatiques 89
1. Généralités 89
2. Équilibre d’une section à rupture 89
3. CaractĂ©risation d’un Ă©tat-limite ultime 91
4. Comportement des matériaux 91
5. Principe des justifications 93
5.1. Sollicitations de calcul 93
5.2. RĂ©sistance de la section 95
5.3. Conduite des justifications 95
5.4. Mise en Ă©quations du problĂšme 96
Chapitre IX - Comportement sous effort tranchant 99
1. Généralités 99
1.1. Valeur de l’effort tranchant Ă  considĂ©rer 99
1.2. Tolérances réglementaires 100
2. Résistance du béton avant fissuration 100
2.1. Expression des contraintes de cisaillement 100
2.2. État des contraintes dans une ñme (ou dans une membrure) 100
2.3. ReprĂ©sentation de l’état des contraintes par le cercle de Mohr 101
2.4. Convenance de l’état des contraintes 103
3. Comportement aprĂšs fissuration 106
3.1. Approche qualitative 106
3.2. MĂ©thode rĂ©glementaire de l’EC2 107
Cours de béton précontraint 7
Chapitre I - Généralités
1. IntĂ©rĂȘt de la prĂ©contrainte
Dans une poutre fléchie en béton armé, la partie tendue du béton ne participe pas à
la résistance de la poutre ; le béton en zone tendue sert essentiellement à protéger
les aciers passifs.
Une premiĂšre solution pour Ă©largir le champ d’application du bĂ©ton armĂ© consiste
travailler les coffrages pour minimiser la quantité de béton en zone tendue (par
exemple, remplacement d’une section rectangulaire par une section en tĂ©). Une
quantitĂ© minimale de bĂ©ton reste toutefois nĂ©cessaire pour assurer l’enrobage et
l’ancrage des aciers passifs.
Si elle est tout Ă  fait acceptable pour les petites portĂ©es (bĂątiments et ouvrages d’art
courants), cette solution n’est pas suffisante pour franchir de grandes portĂ©es. La
prĂ©sence d’une quantitĂ© importante de matĂ©riau ne participant pas Ă  la rĂ©sistance est
en effet un handicap majeur pour les grandes structures, oĂč le poids propre est une
composante essentielle.
Deux solutions sont alors couramment envisagées : les structures mixtes acier-
béton, dans lesquelles on remplace le béton en zone tendue par des aciers de
charpente qui travaillent bien en traction, et on connecte les deux matériaux de façon
adéquate ; et les structures en béton précontraint, objet de ce cours.
Nous ne détaillerons pas ici les avantages et inconvénients de chacune des deux
solutions précédentes. La réflexion et la comparaison sont menées projet par projet,
notamment pour les grandes structures. Le choix est généralement conditionné in
fine par des considérations économiques.
En France, le bĂ©ton armĂ© et prĂ©contraint a Ă©tĂ© trĂšs largement majoritaire jusqu’à la
fin des annĂ©es 1980. Sa part de marchĂ© dans le domaine des ouvrages d’art s’est
progressivement réduite au profit des structures mixtes, notamment dans les
gammes de portĂ©es intermĂ©diaires (50 – 100m). Il reste toutefois trĂšs largement
utilisĂ© en France dans le bĂątiment et les ouvrages d’art de petites portĂ©es (15 –
50m), ainsi que pour la gamme de portée située entre 80 et 200m. Au-delà, ce sont
les structures Ă  cĂąbles qui s'imposent ; leur tablier peut ĂȘtre en bĂ©ton prĂ©contraint ou
mixte jusqu'à 500m de portée, et entiÚrement métallique au-delà.
L'emploi du béton précontraint reste trÚs répandu dans les pays en voie de
développement qui ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour construire,
acheminer et assembler des poutres métalliques dans des conditions économiques.
Enfin, la connaissance du béton précontraint est indispensable pour tous les
gestionnaires d’infrastructure, car le parc d’ouvrages d’art existants en France
comporte un grand nombre d’ouvrages en bĂ©ton prĂ©contraint, en nombre et surtout
en surface. Au 31 décembre 2004, le réseau routier national français comportait 20%
de ponts en bĂ©ton prĂ©contraint en nombre, ce chiffre Ă©tant portĂ© Ă  50% si l’on
raisonne en terme de surface de tablier.
8 Chapitre I - Généralités
2. Principe du béton précontraint
Le béton est un matériau qui résiste bien à la compression, mais peu, et surtout
aléatoirement, à la traction. Il est donc intéressant de construire en béton, mais en
évitant que ce matériau soit trop tendu, et risque de se fissurer. Et pour cela, il faut le
comprimer de façon artificielle et en permanence, dans des zones oĂč les charges
extĂ©rieures dĂ©veloppent des tractions de façon qu’au total le bĂ©ton reste comprimĂ©
(ou assez peu tendu pour ne pas risquer de fissurer) et donc résistant à tout cas de
charge. L’effort de compression volontairement dĂ©veloppĂ© Ă  cet effet est appelĂ©
l’effort de prĂ©contrainte (ou la prĂ©contrainte).
Le remĂšde ne doit pas pĂȘcher par excĂšs : la compression totale du bĂ©ton doit rester
inférieure à une valeur raisonnable de façon à éviter tout risque de fissuration
longitudinale des éléments précontraints par excÚs de compression (alors que les
tractions y développent généralement des fissures transversales).
Au total, un ouvrage en béton est dit en béton précontraint quand il est soumis à un
systĂšme d’efforts crĂ©Ă©s artificiellement pour engendrer des contraintes permanentes,
qui, composées avec les contraintes dues aux charges extérieures, donnent des
contraintes totales comprises entre les limites que le béton peut supporter
indéfiniment, en toute sécurité.
La philosophie ainsi exposée est celle de la précontrainte totale. Bien entendu, la
prĂ©contrainte d’un ouvrage ne peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e que pour des charges appartenant Ă 
un domaine limitĂ©, supposĂ© connu Ă  l’avance.
Si ce domaine inclut des charges rarement atteintes dans la réalité, les principes
précédents peuvent entraßner un surdimensionnement de la précontrainte,
conduisant Ă  faire travailler la matiĂšre dans des conditions peu rationnelles sous
l’effet de charges effectivement appliquĂ©es pendant la majeure partie de la vie de
l’ouvrage.
C’est pourquoi s’est dĂ©veloppĂ© progressivement la notion de prĂ©contrainte partielle :
la dĂ©compression du bĂ©ton n’y est interdite que sous l’effet des charges
permanentes ou quasi-permanentes.
Sous l’effet de charges plus agressives, on admet que des fissures puissent se
former (comme en béton armé) à condition que leur ouverture demeure
suffisamment limitée pour :
qu’elles soient rĂ©versibles et se referment donc sous charges permanentes ou
quasi-permanentes
que les risques de corrosion et de fatigue des armatures soient négligeables
Dans tous les cas, la valeur minimale de la précontrainte résulte de la valeur
plancher imposée à la contrainte normale du béton (comptée algébriquement
positive lorsqu’elle est de compression) :
sous l’effet des cas de charge les plus agressifs lorsqu’on est en prĂ©contrainte
totale.
sous l’effet des seules charges permanentes ou quasi-permanentes lorsque
l’on est en prĂ©contrainte partielle.
Cours de béton précontraint 9
3. Conventions de signes
Les conventions de signe adoptées sont celles de la résistance des matériaux, qui
diffÚrent de celles de la mécanique des milieux continus. Ces conventions ont pour
but de donner des grandeurs qui restent en général positives dans un
fonctionnement courant des matériaux et des structures.
Charges appliquées à une poutre :
On compte gĂ©nĂ©ralement les charges positivement lorsqu’elles sont dirigĂ©es
vers le bas (gravité = action dominante !)
Sollicitations dans une poutre :
Un effort normal de compression est compté positivement (fonctionnement
naturel des poutres précontraintes et des poteaux).
Pour une poutre horizontale orientée de gauche à droite, un moment positif
comprime la fibre supĂ©rieure (fonctionnement normal d’une poutre isostatique
sous charges de pesanteur).
La convention pour l’effort tranchant est variable selon les auteurs, nous
adoptons celle représentée sur la figure ci-dessous.
Les moments de flexion sont représentés positivement vers le bas. La figure
suivante montre les moments de flexion d’une poutre continue Ă  2 travĂ©es
identiques sous charge uniformément répartie.
Contraintes et déformations du béton :
σc > 0 en compression, Δc > 0 en raccourcissement
Contraintes et déformations des aciers passifs :
σs > 0 en traction, Δc > 0 en allongement
Contraintes et déformations des aciers de précontrainte :
σp > 0 en traction, Δp > 0 en allongement, σp > 0 en surtension
Ces conventions ont été retenues au niveau européen dans l'Eurocode 2.
+
orientation
>0
>0
>0
10 Chapitre I - Généralités
4. Notations
Les notations utilisées dans ce document sont systématiquement celles des normes
europĂ©ennes, et plus particuliĂšrement celle de l’Eurocode 2 qui traite du calcul des
structures en béton.
Rappelons en effet qu'un des objectifs premiers de la normalisation européenne est
de fournir un langage commun à toute la communauté, afin de faciliter les libres
échanges entre pays. Les Eurocodes ont été traduits dans les différentes langues
des pays membres du Comité Européen de Normalisation (CEN), mais les notations
ont Ă©tĂ© laissĂ©es inchangĂ©es afin de faciliter la comprĂ©hension d’un Ă©tat Ă  l’autre.
Les lettres utilisĂ©es sont basĂ©es principalement sur la langue anglaise. Une mĂȘme
lettre peut avoir plusieurs significations selon le contexte dans lequel elle est
employĂ©e. Voici quelques symboles d’origine anglo-saxonne couramment rencontrĂ©s
dans l’Eurocode 2 :
concrete (béton)
steel (acier)
mean (moyenne)
caracteristic (caractéristique)
tension (traction)
compression (compression)
area (section, surface)
elastic modulus (module Ă©lastique)
design (valeur de calcul)
effect of actions (sollicitations)
force (force)
resistance
On forme ensuite des expressions formĂ©es de lettres et d’un ou plusieurs indices.
Voici les plus courantes :
surface de la section transversale du béton
surface des aciers de précontrainte
surface des aciers de type béton armé
module d’élasticitĂ© du bĂ©ton
module d’élasticitĂ© de la prĂ©contrainte
action permanente
moment fléchissant
force de précontrainte
action variable
effort tranchant
valeur de calcul de la sollicitation
valeur de calcul de l’effort tranchant
effort tranchant résistant
excentricité de la précontrainte
résistance à la compression du béton
Cours de béton précontraint 11
résistance caractéristique du béton en compression
résistance moyenne du béton en compression
résistance à la traction des aciers de précontrainte
résistance moyenne à la traction du béton
fractile 95% de la résistance caractéristique en traction du béton (95%
des échantillons ont une résistance en traction inférieure à cette valeur)
fractile 5% de la résistance caractéristique en traction du béton (5% des
échantillons ont une résistance en traction inférieure à cette valeur)
coefficient partiel de sécurité
c contrainte de compression dans le béton
p contrainte de traction dans l’acier de prĂ©contrainte
Les notations seront introduites au fur et Ă  mesure dans le texte.
Cours de béton précontraint 13
Chapitre II - Modalités d'introduction de la précontrainte
dans une structure
Avant d’entrer dans le dĂ©tail des justifications de structures en bĂ©ton prĂ©contraint, il
est essentiel d’en connaĂźtre la technologie. C’est en effet le dĂ©veloppement d’aciers
Ă  haute limite d’élasticitĂ© et de matĂ©riels adaptĂ©s qui a permis l’essor du bĂ©ton
précontraint.
Il existe deux méthodes de mise en tension des cùbles dans une structure. A
chacune de ces méthodes sont associées des technologies de précontrainte
spécifiques.
1. Pré-tension
C’est une mĂ©thode utilisĂ©e en usine, pour prĂ©fabriquer des poutres prĂ©contraintes
destinĂ©es Ă  ĂȘtre incorporĂ©es dans des constructions en tant que « produits ».
Les cùbles sont tendus préalablement au coulage de la poutre, sur un banc de
préfabrication capable de reprendre les efforts engendrés (ce qui nécessite des
installations spécifiques, qui ne sont généralement pas disponibles sur chantier). Ils
sont gĂ©nĂ©ralement rectilignes d’un bout Ă  l’autre du banc de prĂ©fabrication.
On coule ensuite des éléments directement au contact avec les cùbles.
AprÚs prise du béton, les cùbles sont relùchés à leurs extrémités, et coupés à la
sortie des poutres, entraßnant la mise en précontrainte de la poutre grùce à un
transfert par adhĂ©rence de l’effort entre les cĂąbles et le bĂ©ton.
Les cĂąbles ne sont pas gainĂ©s en partie courante, puisqu’ils doivent permettre une
parfaite adhérence avec le béton. Il est toutefois possible de gainer certains cùbles à
leurs extrémités, pour diminuer la précontrainte aux abouts (elle peut en effet avoir
des effets défavorables prÚs des abouts).
La précontrainte par pré-tension est réalisée à l'aide de fils crantés à haute limite
d'élasticité (HLE), ou de torons constitués de 3 ou 7 fils élémentaires.
La prĂ©-tension s’accompagne des autres techniques liĂ©es Ă  la prĂ©fabrication :
formulation adaptée des bétons, étuvage des poutres pour accélérer la prise du
béton et permettre un décintrement et une mise en précontrainte rapide.
Les conditions d’emploi de la prĂ©-tension sont conditionnĂ©es par plusieurs facteurs :
possibilités de manutention et transport des poutres (liées à leur poids et à
leur encombrement),
dimensions des bancs de préfabrication en usine
La précontrainte par pré-tension est trÚs utilisée dans le domaine du bùtiment.
Toutefois, il est difficile en France de dépasser des longueurs de poutres supérieures
Ă  30m.
2. Post-tension
La technique de post-tension consiste à prendre appui sur le béton déjà durci pour
tendre le cùble de précontrainte.
L'élément en béton est donc coulé au préalable, avec des réservations pour le
passage ultérieur de la précontrainte. Lorsque le béton atteint une résistance
suffisante, la précontrainte est enfilée et tendue à l'aide de vérins.
14 Chapitre II - Modalités d'introduction de la précontrainte dans une structure
Figure 1 - Mise en tension d’un cñble (post-tension)
La post-tension permet de mettre en Ɠuvre des forces de prĂ©contrainte beaucoup
plus importantes que la pré-tension, puisque la résistance du banc de préfabrication
n'est plus un facteur limitant. La post-tension est trÚs utilisée en ouvrages d'art pour
les grandes portées.
Les matĂ©riaux utilisĂ©s pour la prĂ©contrainte par post-tension peuvent ĂȘtre :
- des cùbles constitués de torons
- des cùbles préfabriqués constitués de fils boutonnés
- des barres de précontrainte
La prĂ©contrainte peut ĂȘtre :
- intérieure au béton : les cùbles sont entiÚrement noyés dans la structure ; une fois
tendus ils sont injectés au coulis de ciment et ne sont plus inspectables.
- extérieure au béton : en partie courante, les cùbles restent visibles, ils ne sont
noyés dans la structure qu'au niveau des extrémités et en des points singuliers
permettant de les dévier. Ils sont généralement injectés à la cire. Par le passé, ces
cùbles ont souvent été injectés au coulis de ciment.
3. Précontrainte par déplacements extérieurs imposés
Les deux méthodes de précontrainte décrites précédemment sont les plus courantes
et les plus efficaces. Il existe une troisiĂšme famille de solutions, consistant Ă 
précontraindre la structure par des déplacements imposés. Deux méthodes sont
utilisées en pratique :
des vérins appliqués entre la structure et des butées fixes. Les déplacements
sont ensuite bloqués par bétonnage.
des « dĂ©nivellations d’appuis » de structures continues (voir ponts mixtes
notamment, oĂč cette technique permet de prĂ©contraindre la dalle en bĂ©ton au
niveau des appuis intermédiaires)
On peut noter que dans les Eurocodes le terme générique de précontrainte recouvre
toutes les notions précédentes (précontrainte par cùbles, par vérinage ou par
dĂ©nivellation d’appuis). Toutefois dans l’Eurocode 2 le terme prĂ©contrainte dĂ©signe
exclusivement la précontrainte par cùbles.
Pour comparer les méthodes précédentes, considérons un tirant en béton de section
Ac = 1mÂČ, de module Ecm = 30 000 MPa, de longueur L = 10m, prĂ©contraint Ă 
= 3 MPa.
L’effort nĂ©cessaire pour prĂ©contraindre le tirant est F = Ac· = 3 MN
Le raccourcissement Ă©lastique du bĂ©ton sous l’effet de cette prĂ©contrainte est
c = c·L = c / Ecm · L = 3 / 30 000 · 10 = 1 mm
Cours de béton précontraint 15
Si l’effort a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă  l’aide de vĂ©rins directement appliquĂ©s au bĂ©ton, le travail
accompli pour précontraindre la structure est égal à
W = F· c = 3 kNm
Si l’effort a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă  l’aide de cĂąbles de prĂ©contrainte, tendus Ă  1200 MPa,
l’allongement des cĂąbles pendant la mise en tension est Ă©gal Ă  :
p = p·L = p / Ep · L = 1200 / 200 000 · 10 = 60 mm
Le travail accompli pour précontraindre la structure est donc égal à
W = F·( c+ p) = 183 kNm
La prĂ©contrainte par cĂąble permet ainsi d’emmagasiner dans la structure une
quantitĂ© d’énergie beaucoup plus grande que dans le cas d’une prĂ©contrainte directe
par déplacements extérieurs imposés. La précontrainte par cùbles permet donc de
s’accommoder beaucoup plus facilement des pertes d’énergie qui surviennent au
cours de la vie de l’ouvrage (notamment retrait, fluage et relaxation).
En pratique, la précontrainte directe par vérins est utilisée uniquement dans les cas
oĂč on souhaite imposer un dĂ©placement entre deux points de la structure. C’est le
cas par exemple pour le clavage des ponts en arc.
Par la suite, seule la précontrainte par cùbles sera évoquée.
Cours de béton précontraint 17
Chapitre III - Effets de la précontrainte dans une structure
1. Équilibre d’un cĂąble de prĂ©contrainte dans le bĂ©ton
La mise en tension d'un cùble crée un ensemble de forces {F} exercées par le cùble
sur le béton.
Dans le cas de la post-tension, {F} est composé :
des efforts concentrés à l'ancrage
des forces de frottement réparties le long du cùble, crées par le déplacement
relatif entre le cùble et le béton lors de la mise en tension du cùble
des forces de pression dans les zones de courbure du cĂąble
Dans le cas de la pré-tension, {F} est composé :
des efforts de cisaillement aux extrémités du cùble, sur la longueur de
transmission
des forces de pression dans les zones de courbure Ă©ventuelles
On note {Ί} les forces exercées par le béton sur le cùble. On a bien sûr par
réciprocité {Ί} = {-F}.
Figure 2 - Équilibre d'ensemble d'un cĂąble. Forces {ΊΊΊΊ} exercĂ©es par le bĂ©ton sur le cĂąble
Le cĂąble n’est en contact qu’avec le bĂ©ton (par l’intermĂ©diaire de sa gaine en partie
courante et de ses ancrages aux extrémités dans le cas de la post-tension). Le cùble
est donc en équilibre sous l'action des forces {Ί}, ce qui implique {Ί}={0}.
D'oĂč {F}={0} : le cĂąble exerce sur la structure en bĂ©ton un systĂšme de forces
auto-équilibrées.
2. Effet de la précontrainte sur une structure
Sous l'action de la précontrainte, le béton est également en équilibre. Le béton est
soumis au systÚme de forces {F}, ainsi qu'aux réactions d'appui {R}.
Donc {F} + {R} = {0}
Donc {R} = {0}
Les réactions d'appui dues à la précontrainte constituent un systÚme de forces
auto-équilibrées.
3. Structures isostatiques
Pour une structure isostatique, par définition, {R} = {0} implique que toutes les
réactions d'appui sont nulles.
On peut alors démontrer le résultat fondamental suivant :
18 Chapitre III - Effets de la précontrainte dans une structure
Dans une structure isostatique, le torseur des sollicitations {SP} dues Ă  un cĂąble de
précontrainte dans une section donnée est égal et opposé au torseur résultant de
l'application d'un effort tP au niveau cĂąble, oĂč
P est la tension du cĂąble dans cette section
t est le vecteur tangent au cĂąble dans cette section
Figure 3 - Sollicitations développées par le cùble dans la section droite ΣΣΣΣ
Ce résultat est remarquable : l'effet de la précontrainte dans une section donnée ne
dépend que de la position du cùble et de sa tension dans cette section,
indépendamment de son tracé dans le reste de la structure.
DĂ©monstration :
On considÚre une section (Σ), qui coupe le cùble en deux tronçons (Pg) et (Pd), et qui
coupe le béton en deux parties (Bg) et (Bd). On note (SP) les sollicitations dans la
section (ÎŁ), action de la partie Bd sur la partie Bg.
Comme précédemment, on note {Ίg} l'action du béton (Bg) sur le cùble.
Le tronçon de cùble (Pg) est en équilibre. Il est soumis aux efforts {Ίg} et { tP } :
{Ίg} + { tP } = {0}
Le béton (Bg) est en équilibre. Il est soumis aux efforts -{Ίg}, {S} et aux réactions
d'appui {Rg}.
-{Ίg}+ {S} + {Rg} = {0}
Or pour les structures isostatiques on sait que les rĂ©actions d’appui dues Ă  la
précontrainte sont toutes identiquement nulles. Donc {Rg} = {0} et
{S} = -{ tP }
Application Ă  une poutre isostatique plane :
Le systÚme des sollicitations dans la section droite se réduit à la force de tension du
cĂąble au point M :
≈= α
α=
( ) ≈= α
(En général, les angles du cùble par rapport à la fibre moyenne de la poutre sont
faibles, d’oĂč cos( ) 1,0)
Cours de béton précontraint 19
Figure 4 - Effet de la précontrainte dans une poutre isostatique
4. Structures hyperstatiques
Deux méthodes sont couramment utilisées pour déterminer les effets de la
précontrainte dans une structure hyperstatique : méthode externe et méthode interne.
La méthode externe (appelée également méthode directe) est la plus générale, et est
souvent utilisée par les logiciels de calcul de structure. Elle consiste à modéliser
l'action du cùble par l'ensemble des forces {F}. Ces efforts sont calculés à partir de la
géométrie du cùble et du mode de mise en tension (voir chapitre sur le calcul des
pertes). Une fois ces efforts connus, on est ramené au problÚme général de
détermination des sollicitations dans une structure soumise à un ensemble d'efforts
quelconques, et la résolution peut se faire par les méthodes usuelles de résistance
des matériaux : méthode des forces, méthode des déplacements, éléments finis

La méthode interne est applicable uniquement aux systÚmes composés de poutres ;
elle est basée sur la méthode des forces : on choisit un systÚme isostatique associé
sur lequel on détermine les effets de la précontrainte, et on détermine ensuite les
inconnues hyperstatiques. En utilisant les résultats démontrés au paragraphe
précédent, on sait déterminer de façon immédiate les effets de la précontrainte dans
une structure isostatique, sans avoir à déterminer précisément l'ensemble des forces
{F}. Il ne reste alors qu’à dĂ©terminer les rĂ©actions hyperstatiques dĂ©veloppĂ©es par la
précontrainte en utilisant les théorÚmes classiques de la méthode des forces.
Pour les calculs manuels, le choix entre les deux méthodes est fait au cas par cas.
Cours de béton précontraint 21
Chapitre IV - Matériaux
Ce chapitre donne les indications essentielles au calcul des structures en béton
précontraint.
On renvoie aux cours de béton armé et aux normes pour le détail des caractéristiques
des matériaux.
1. Généralités
Le bĂ©ton prĂ©contraint exige l’emploi de matĂ©riaux de haute qualitĂ©, mis en oeuvre
avec soin. Il permet de les utiliser sous des contraintes élevées, notamment à la
construction (c’est-à-dire au moment de la mise en tension des cñbles).
1.1. Acier pour cùbles de précontrainte
L’acier pour cĂąbles de prĂ©contrainte doit ĂȘtre de haute rĂ©sistance, pour pouvoir ĂȘtre
tendu à un taux initial trÚs élevé (couramment compris entre 1 200 et 1 500 MPa, sauf
pour les barres). Cette tension initiale, pas trÚs éloignée de la contrainte de rupture,
n’est pas dangereuse car elle diminue progressivement par suite des pertes de
prĂ©contrainte. Par ailleurs, la tension utile finale est d’autant plus Ă©levĂ©e que le sont
davantage la tension initiale et donc la rĂ©sistance de l’acier.
1.2. BĂ©ton
Le bĂ©ton doit Ă©galement ĂȘtre de trĂšs bonne qualitĂ©. En effet, tant qu’il n’est pas
prĂ©contraint, il risque de se fissurer sous l’effet de la gĂȘne qu’apportent les coffrages Ă 
son retrait ; pour éviter cela, il faut mettre ce béton en précontrainte trÚs tÎt alors que,
jeune encore, il prĂ©sente une rĂ©sistance limitĂ©e. Le bĂ©ton doit donc ĂȘtre de haute
résistance et acquérir celle-ci trÚs vite. Il est en effet trÚs sollicité, au moment des
mises en tension :
— en section courante, car la prĂ©contrainte a sa valeur maximale (les pertes n’étant
pas encore effectuĂ©es) ; de plus, les charges extĂ©rieures (dont l’effet est opposĂ© Ă 
celui de la précontrainte) sont souvent incomplÚtes (par exemple, si des
superstructures ne sont pas encore mises en place) ;
— localement, sous ancrages, zones oĂč s’exerce un effort trĂšs concentrĂ©.
Pour limiter la sollicitation du béton jeune, on tend fréquemment les cùbles en
plusieurs phases successives : du tiers à la moitié des cùbles à 7 j environ aprÚs
coulage du béton (pour pouvoir décintrer la poutre, qui peut alors porter son poids), et
le reste à une date généralement comprise entre 15 et 30 j aprÚs coulage. De plus, on
dispose souvent les ancrages dans une piĂšce d’about prĂ©fabriquĂ©e en bĂ©ton frettĂ© et
suffisamment ùgé pour pouvoir résister aux efforts localisés sous ancrages. De toute
façon, la mise en précontrainte constitue pour le béton une épreuve préalable
déterminante (car en vraie grandeur) qui ne lui pardonnerait pas une éventuelle
médiocrité.
22 Chapitre IV - Matériaux
2. BĂ©ton
2.1. RĂ©sistance en compression
Le béton est caractérisé par sa résistance en compression à 28 jours.
La mesure de cette résistance se fait selon la norme NF EN 12390. Elle peut se faire
sur cylindre ou sur cube. En France, elle se fait habituellement par Ă©crasement
d’éprouvettes cylindriques de 200cmÂČ de section (diamĂštre = 160mm) et de 320mm
de hauteur (éprouvette dite « 16/32 »).
On note
fcm la résistance moyenne à 28 jours
fck la résistance caractéristique à 28 jours (fractile 5%) mesurée sur cylindre
fck,cube la résistance caractéristique à 28 jours (fractile 5%) mesurée sur cube
La norme NF EN 206-1 indique comment, Ă  partir des rĂ©sultats d’essais sur un
nombre fini d’éprouvettes, on dĂ©termine fcm et fck par une analyse statistique.
Pour les pays qui utiliseraient des mesures sur cubes, l’Eurocode 2 donne les
relations entre fck et fck,cube. Toutes les formules de l’Eurocode 2 sont ensuite
exprimées en fonction de fck.
On obtient couramment fck = 30 MPa (par exemple, pour des ouvrages coulés en
place) et, avec un peu plus de soin, 35 ou 40 MPa. À l’heure actuelle, l’utilisation de
fluidifiants permet d’atteindre fck = 60 MPa et mĂȘme, moyennant l’adjonction de
fumées de silice, 80 à 100 MPa.
La dĂ©nomination des bĂ©tons est de la forme « C 35 / 45 » oĂč C dĂ©signe le bĂ©ton
(Concrete), le premier nombre est la résistance caractéristique à 28j sur éprouvette
cylindrique, le second est la rĂ©sistance Ă  28j sur Ă©prouvette cubique (avec le mĂȘme
béton).
Pour les bĂ©tons traditionnels, l’allure de la croissance de la rĂ©sistance du bĂ©ton en
fonction de son Ăąge ( t = nombre de jours) est donnĂ©e par la formule de l’EC2 :
ÎČ=
avec −=ÎČ
s est un coefficient qui dépend du type de ciment :
= 0,20 pour les ciments de classe de résistance CEM 42,5 R, CEM 52,5 N et
CEM 52,5 R (Classe R)
= 0,25 pour les ciments de classe de résistance CEM 32,5 R, CEM 42,5 N
(Classe N)
= 0,38 pour les ciments de classe de résistance CEM 32,5 N (Classe S)
La rĂ©sistance caractĂ©ristique s’en dĂ©duit par la relation
−=
Les valeurs résultant de cette formule, considérées comme normalement respectées
par tous les bétons sans prescription particuliÚre, sont généralement pessimistes.
Par ailleurs, on admet, pour les calculs, qu’au-delĂ  de 28 j, la rĂ©sistance plafonne Ă  sa
valeur fck , bien qu’en pratique elle continue à augmenter.
Cours de béton précontraint 23
2.2. RĂ©sistance en traction
La résistance moyenne en traction fctm se déduit de fck par :
= pour des bétons de classe inférieure ou égale à C50/60
+= pour des bétons de classe supérieure
La loi de variation de la résistance à la traction du béton en fonction du temps est :
( )α
ÎČ= avec α=1 pour t<28j et α=2/3 pour t> 28j.
2.3. Ciments
Le bĂ©ton doit ĂȘtre rapidement rĂ©sistant. Le ciment doit, par ailleurs, ĂȘtre dĂ©pourvu de
tout produit risquant de corroder l’acier des cñbles et, particuliùrement, de chlorures
(l’emploi de CaCl2 doit notamment ĂȘtre proscrit). On emploie donc de prĂ©fĂ©rence le
ciment Portland artificiel (obligatoire dans le cas de la pré-tension, les armatures de
précontrainte étant alors en contact direct avec le béton) de classe 45, 55 ou HP, et
Ă©ventuellement de sous-classe rapide lorsqu’une haute rĂ©sistance initiale est
nécessaire. Le ciment influe sur la montée en résistance du béton (voir ci-dessus).
2.4. Déformations du béton
2.4.1. Déformation sous chargement instantané
Soumettons un prisme de béton à une déformation croissante, et traçons le
diagramme représentant le raccourcissement relatif
∆
=Δ en fonction de σ (Figure 5).
Figure 5 - Déformation du béton sous chargement instantané
Le diagramme obtenu est sensible Ă  la vitesse de montĂ©e en dĂ©formation. C’est
pourquoi il est indispensable d’opĂ©rer Ă  vitesse normalisĂ©e. Le fonctionnement est
tout d’abord Ă©lastique (O ) :
On peut définir un module élastique moyen qui est égal au module sécant pour
=σ
24 Chapitre IV - Matériaux
La courbe σ(Δ) passe par un maximum, dit pic de contrainte, pour une dĂ©formation Δc1
de l’ordre de 2.10−3
, la rupture du béton ne survenant que pour un raccourcissement
estimé, en général, à Δcu= 3,5.10-3
. L’hypothĂšse classique du comportement Ă©lastique
n’est valable que pour ≀σ , mais reste pourtant acceptable jusqu’à 0,6fck. Au-
delĂ , il faut recourir Ă  d’autres modĂšles reprĂ©sentant correctement le comportement
du bĂ©ton jusqu’à rupture. En traction, le bĂ©ton est fragile et ne prĂ©sente pratiquement
pas d’allongement plastique.
2.4.2. Retrait du béton
Formulation
Le retrait est le raccourcissement spontané du béton au cours de son durcissement
en l’absence de toute contrainte. Le retrait a plusieurs origines, mais les deux effets
principaux sont le retrait d’origine chimique, dit « retrait endogĂšne » et le retrait de
dessication ou retrait de séchage.
Le retrait endogÚne est dû à une diminution du volume de béton du fait de la réaction
chimique de prise du béton. Les molécules avant réaction chimique occupent en effet
un volume plus élevé que les molécules aprÚs réaction, ce qui engendre donc une
diminution de volume.
Le retrait de dessication provient de l’évaporation des molĂ©cules d’eau non
consommées par la réaction chimique. Ceci entrainte également un raccourcissement
du béton.
Ce raccourcissement total peut se mettre sous la forme :
ΔΔΔ += (retrait de dessication et retrait endogÚne)
Le retrait de dessication est donné par :
ΔÎČΔ =
avec
+−
−
=ÎČ
et = oĂč u est le pĂ©rimĂštre de la section et Ac la section de bĂ©ton.
Cours de béton précontraint 25
Le retrait endogÚne est donné par :
−−=−=∞∞= −
ÎČΔΔÎČΔ
Conséquences du retrait
Si le bĂ©ton est empĂȘchĂ© d’effectuer son retrait, il se met en traction. Il faut donc Ă©viter
d’entraver ce retrait (notamment en libĂ©rant dĂšs que possible le bĂ©ton de ses
coffrages, et donc en le prĂ©contraignant rapidement) ; il faut aussi empĂȘcher que les
diverses parties d’une mĂȘme piĂšce aient des vitesses de retrait trop variables (ce qui
se produit si leurs épaisseurs sont trÚs différentes, ou si elles sont bétonnées à des
Ă©poques diffĂ©rentes) ; il faut alors soigner la cure du bĂ©ton en l’humidifiant en
permanence durant plusieurs jours.
Enfin, le raccourcissement de retrait provoque une diminution progressive de la
tension dans les armatures de précontrainte.
2.4.3. Fluage du béton
Formulation
Par dĂ©finition, c’est le raccourcissement progressif du bĂ©ton sous contrainte
constante, retrait dĂ©duit. Ce phĂ©nomĂšne est, lui aussi, liĂ© Ă  la migration de l’eau Ă 
l’intĂ©rieur du bĂ©ton.
À la dĂ©formation instantanĂ©e
σ
Δ = vient se superposer une déformation de fluage
σ
φΔ = qui tend vers une limite finie lorsque t tend vers l’infini.
26 Chapitre IV - Matériaux
Au temps infini, la dĂ©formation totale vaut donc : ( )σ
φΔ ∞+=
Le modÚle de visco-élasticité linéaire utilisé ici est basé sur les deux hypothÚses
fondamentales suivantes.
HypothÚse de proportionnalité : dans une expérience de fluage pur (contrainte
σ0 maintenue constante depuis t0), la rĂ©ponse Δ(t) est proportionnelle Ă  σ0 :
σΔ =
HypothĂšse de superposition (principe de Boltzmann) qui peut s’énoncer ainsi :
l’effet d’une somme est Ă©gal Ă  la somme des effets. Si donc, aprĂšs avoir chargĂ©
une Ă©prouvette par σ0 Ă  partir de t0, on lui applique une variation de contrainte
∆σ1 Ă  partir de t1, on a, pour t>t1 :
σσΔ ∆+=
DĂšs lors, la rĂ©ponse Ă  une histoire de chargement : += ττσσσ
peut s’écrire : += τττσσΔ
Cette modĂ©lisation prĂ©sente l’avantage considĂ©rable d’ĂȘtre compatible avec
l’hypothĂšse classique, dans la thĂ©orie des poutres, de la linĂ©aritĂ© des distributions, sur
les sections droites, tant des contraintes que des dĂ©formations. Elle se prĂȘte donc
bien au calcul des effets structuraux du fluage bien qu’elle soit en contradiction
sensible avec l’expĂ©rience lorsque le chargement est tel que la dĂ©formation
Δ subisse des diminutions importantes avec le temps.
L’Eurocode 2 donne une mĂ©thode simple pour dĂ©terminer le coefficient de fluage Ă 
l’infini, en fonction du temps de chargement t0, du type de bĂ©ton et de h0. Pour des
cas plus complexes, la formule complÚte est donnée en annexe.
Cours de béton précontraint 27
Conséquences du fluage
Comme le retrait, le fluage du bĂ©ton entraĂźne tout d’abord une diminution progressive
de la tension dans les armatures de précontrainte. Il provoque ensuite des
déformations différées dans les structures. Ainsi, une poutre indépendante est
davantage comprimĂ©e en service, Ă  vide (c’est-Ă -dire la majoritĂ© du temps), sur sa
fibre inférieure que sur sa fibre supérieure. La poutre se cambre donc peu à peu vers
le haut (Figure 6). Il faut en tenir compte en donnant au fond du coffrage de la poutre
une contreflÚche négative (dirigée vers le bas). Enfin, une poutre réalisée en plusieurs
phases, selon des schémas statiques évolutifs de plus en plus hyperstatiques, voit
graduellement se modifier les efforts qui la sollicitent, les déformations par fluage se
trouvant entravées de plus en plus fortement par la création de nouvelles liaisons
(c’est la redistribution par fluage). ConsidĂ©rons, par exemple, une poutre rĂ©alisĂ©e en
deux phases (Figure 7) :
— deux consoles encastrĂ©es sur culĂ©es ;
— elles sont ensuite rendues continues Ă  la clĂ©.
Si les deux consoles étaient restées libres, leurs extrémités se seraient peu à peu
abaissĂ©es sous l’action du fluage de leur bĂ©ton. La rĂ©alisation de la continuitĂ©
empĂȘche cette dĂ©formation de s’effectuer librement.
28 Chapitre IV - Matériaux
Figure 6 - DĂ©formation d'une poutre dans le temps
Figure 7 - DĂ©formation par fluage d’une poutre rĂ©alisĂ©e en plusieurs phases
Un moment fléchissant positif se crée donc progressivement à la clé, de façon à
s’opposer Ă  la diffĂ©rence des rotations des sections extrĂȘmes en regard des deux
consoles.
3. Armatures de précontrainte
3.1. Formes
On trouve les armatures de précontrainte sous trois formes :
— les fils ;
— les barres ;
— les torons.
3.1.1. Fils
Par convention, les fils ont un diamÚtre inférieur ou égal à 12,2 mm, ce qui permet de
les livrer en couronnes. Ils peuvent ĂȘtre soit ronds et lisses (pour la post-tension) soit
au contraire nervurĂ©s, ou crantĂ©s, ou ondulĂ©s afin d’amĂ©liorer leur adhĂ©rence au
béton (pré-tension). Les fils les plus couramment utilisés ont des diamÚtres de 5 mm,
7 mm ou 8 mm.
3.1.2. Barres
De diamÚtre supérieur ou égal à 12,5 mm, elles ne sont livrées que rectilignes (et
sous longueur maximale de l’ordre de 12 m). Elles peuvent ĂȘtre soit lisses, soit
nervurées, les nervurations faisant alors office de filetage grossier (cas des barres
Dywidag). Les diamĂštres les plus courants sont 26 mm, 32 mm et 36 mm. Mais il
existe des barres plus grosses (Macalloy φ40, 50 et mĂȘme 75 mm). De telles
armatures ne sont employĂ©es qu’en post-tension.
3.1.3. Torons
Ce sont des ensembles de fils enroulés hélicoïdalement les uns sur les autres (cas
des torsades à trois fils) ou autour d’un fil central en une ou plusieurs couches. Les
torons les plus courants sont à 7 fils et sont désignés par leur diamÚtre nominal
(diamĂštre du cercle circonscrit aux fils dans une section droite). Les diamĂštres les plus
utilisés sont les suivants : 12,5 mm (fréquemment désigné par T13) 12,9 mm (T13S)
Cours de béton précontraint 29
15,2 mm (T15) 15,7 mm (T15S) Ces armatures sont employées aussi bien en pré-
tension (dans les piùces importantes) qu’en post-tension.
Enfin, par le passé, certains procédés de précontrainte (PCB notamment) ont utilisé
des torons à plusieurs couches de fils périphériques (torons à 37 ou 61 fils).
3.2. Diagramme contraintes-déformations
Il est d’abord linĂ©aire (phase Ă©lastique O , la pente de la droite O Ă©tant le module
d’élasticitĂ© Ep de l’armature), puis il s’incurve, pour aboutir Ă  un quasi-palier plastique
(Figure 8). Enfin, la rupture survient pour une contrainte fpk et un allongement relatif
Δuk. On attache une importance fondamentale Ă  ce qu’elle ne se produise que
moyennant une striction importante (caractérisée par le coefficient de striction ζ ,
rĂ©duction relative de l’aire de la section droite au niveau de la rupture).
GĂ©nĂ©ralement, on exige : ≄≄ Δζ
Le diagramme contraintes-déformations permet de définir une autre caractéristique
importante de l’armature de prĂ©contrainte : sa limite conventionnelle d’élasticitĂ© fp0,1k.
C’est l’ordonnĂ©e du point d’intersection du diagramme avec la droite de pente 200 000
MPa passant par le point d’ordonnĂ©e nulle et d’abscisse 10-3
. Pour les fils et les
torons, fp0,1k est compris entre 0,85 et 0,90 fpk.
Figure 8 - Diagramme contraintes-dĂ©formations d’une armature de prĂ©contrainte
3.3. Relaxation de l’acier
L’acier fortement tendu sous longueur constante voit sa tension dĂ©croĂźtre
progressivement. Ce phénomÚne, appelé relaxation, est corrélatif du fluage (variation
de longueur sous contrainte constante).
Son importance dépend trÚs sensiblement de la température. La perte relative de
tension d’une armature tendue initialement Ă  σ0 est, Ă  tempĂ©rature constante, fonction
et du temps t et de σ0.
3.3.1. Loi des temps
En exploitant les rĂ©sultats d’essais, on trouve qu’en coordonnĂ©es bilogarithmiques les
points expĂ©rimentaux s’alignent sur des droites. Cela est vĂ©rifiĂ©, mĂȘme sur les essais
les plus longs dont on dispose (plusieurs dizaines d’annĂ©es). Il est bien Ă©vident,
toutefois, qu’à partir d’un certain moment les diagrammes doivent s’inflĂ©chir et
présenter une asymptote horizontale, faute de quoi une armature initialement tendue
30 Chapitre IV - Matériaux
et maintenue Ă  longueur constante non seulement perdrait toute sa tension, mais se
retrouverait en compression. Certains experts estiment que cette inflexion ne se
manifeste qu’aprĂšs quelques dizaines de milliers d’annĂ©es, ce qui est d’un ordre de
grandeur bien supĂ©rieur Ă  celui de la durĂ©e de vie escomptĂ©e pour les ouvrages. C’est
pourquoi, dans la pratique, afin d’évaluer la perte finale par relaxation, il est
nĂ©cessaire de se fixer un temps infini conventionnel. C’est la valeur 500 000 h (soit
environ 57 ans) qui a Ă©tĂ© retenue par l’EC2.
3.3.2. Loi des tensions initiales
Là encore, on trouve expérimentalement que la perte relative de tension varie
exponentiellement avec la tension initiale. Toutefois, dans le domaine utile des
tensions comprises entre 0,6 fpk et 0,8 fpk, on peut linĂ©ariser l’exponentielle.
3.3.3. Influence de la température
La plupart des experts estiment, Ă  l’heure actuelle, que la tempĂ©rature accĂ©lĂšre la
relaxation sans modifier sa valeur finale rĂ©elle. Quoi qu’il en soit, compte tenu de
l’importance de ce facteur, il convient, pour caractĂ©riser un acier, d’opĂ©rer dans des
conditions bien définies de température. En pratique, on mesure la relaxation
isotherme Ă  20°C d’une Ă©prouvette tendue initialement Ă  0,7fpk. La perte relative de
tension observĂ©e dans ces conditions Ă  1 000 h et notĂ©e ρ1000 sert de base aux calculs
de relaxation.
3.3.4. Formule pratique d’évaluation de la tension finale
Compte tenu des indications prĂ©cĂ©dentes, la perte de tension finale d’une armature
soumise à une température proche de la température climatique est donnée par :
Classe 1 : −
−
=
∆
ρ
σ
σ
(fil ou toron — relaxation normale)
Classe 2 : −
−
=
∆
ρ
σ
σ
(fil ou toron — basse relaxation)
Classe 3 : −
−
=
∆
ρ
σ
σ
(barres laminées à chaud, ayant subi
un traitement complémentaire)
On a
σ
” = (σpi est la contrainte dans le bĂ©ton aprĂšs les pertes instantanĂ©es).
Le coefficient ρ1000 vaut 8% pour la classe 1, 2.5% pour la classe 2, et 4% pour la
classe 3.
3.4. Corrosion sous tension
En plus du phénomÚne habituel de corrosion par oxydation (la formation continue de
rouille réduisant progressivement la section résistante, ce qui accroßt la contrainte de
traction jusqu’à ce que se produise la rupture), l’acier des cĂąbles de prĂ©contrainte, trĂšs
fortement tendu, est exposĂ©, s’il n’est pas bien protĂ©gĂ© (notamment par une injection
de mortier de ciment fortement basique), à un autre phénomÚne : la corrosion sous
tension, qui provoque une rupture fragile, brutale (sans que rien ne l’ait laissĂ© prĂ©voir).
Cette corrosion semble ĂȘtre due Ă  la destruction des liaisons intercristallines par
Cours de béton précontraint 31
certains agents dilatants (l’hydrogùne naissant, par exemple) ou corrosifs. L’essentiel
Ă  retenir pour le constructeur est qu’un cĂąble de prĂ©contrainte, fortement tendu, et non
protégé, se rompt inéluctablement. En revanche, on ne connaßt pas de cas de rupture
de cùbles bien protégés (par une bonne injection).
3.5. RĂ©sistance Ă  la fatigue
Une armature tendue en moyenne Ă  σm rĂ©siste Ă  un nombre de cycles de variations
de tension
Ύσ
± d’autant plus faible que σm et Ύσ sont plus Ă©levĂ©s. Pour assurer la
pérennité des constructions en béton précontraint, on doit donc limiter les variations
de tension Ύσ dans les armatures. Celles-ci ne peuvent devenir importantes qu’en cas
de fissuration du bĂ©ton. C’est donc en prĂ©contrainte partielle qu’il faut se montrer
vigilant et procéder, pour les structures exposées à la fatigue, à des vérifications
spĂ©cifiques. L’Eurocode bĂ©ton impose ainsi un calcul Ă  la fatigue dĂšs que le bĂ©ton de
la zone d’enrobage se dĂ©comprime en combinaisons frĂ©quentes.
3.6. Élaboration
On part du fil machine, produit sidérurgique obtenu par laminage à chaud de lingots,
dont les caractéristiques mécaniques insuffisantes pour un emploi en précontrainte
sont améliorées par une succession de traitements thermiques et mécaniques.
Nature Classe (MPa) φ (mm) A (mmÂČ) fpk (kN)
T13 1860 12,5 93 154
T13S 1860 12,9 100 166
T15 1770 15,2 139 220
T15S 1770 15,7 150 236
T15S 1860 (*) 15,7 150 279
Fil φ 7mm 1670 7 38,5 57
Caractéristiques de certains fils et torons
(*) Le T15S 1860 MPa est le plus utilisĂ© Ă  l’heure actuelle en post-tension.
Les traitements mécaniques utilisés sont :
— le laminage gĂ©nĂ©ralement suivi d’une trempe soit au plomb, soit Ă  l’huile. Dans ce
dernier cas, un revenu (réchauffage à 400°C) est indispensable pour redonner à
l’acier une ductilitĂ© suffisante ;
— le trĂ©filage, Ă©tirage Ă  froid Ă  travers une succession de filiĂšres de diamĂštres
dĂ©croissants. Ce traitement modifie la texture de l’acier en orientant ses fibres dans le
sens longitudinal. Il conduit à un état de surface trÚs lisse, favorable à la résistance à
la corrosion sous tension. Autrefois, le trĂ©filage Ă©tait prĂ©cĂ©dĂ© d’un patentage
(rĂ©chauffage Ă  850°C suivi d’une trempe isotherme aux alentours de 450°C). Cette
opĂ©ration, qui donnait Ă  l’acier une structure trĂšs fine, est malheureusement
abandonnĂ©e de nos jours, pour des raisons d’économie, au dĂ©triment de la ductilitĂ©.
AprĂšs trĂ©filage, diffĂ©rents traitements thermomĂ©caniques permettent d’amĂ©liorer les
performances des armatures (vieillissement artificiel pour augmenter fp0,1k ; stress-
relieving ou bleuissage pour accroĂźtre fp0,1k et fpk; stabilisation, Ă©tirage Ă  chaud qui
permet de diminuer la relaxation).
32 Chapitre IV - Matériaux
3.7. Homologation
Les agréments techniques européens relatifs aux kits de précontrainte sont délivrés
par des organismes d'agrément (ex : Sétra en France, DIBT en Allemagne, OIB en
Autriche) sur la base d'un guide d'agrément technique européen (ETAG 013).
L'agrément est délivré aprÚs un certain nombre de tests pour vérifier l'aptitude à
l'usage du produit.
Ces kits font ensuite l'objet d'une attestation de conformité pour vérifier la cohérence
du produit mis sur le marché avec celui testé dans le cadre de la délivrance de
l'agrément technique européen. Cette deuxiÚme étape aboutit au marquage CE
délivré par un organisme de certification (ex : ASQPE en France 
). Doté du
marquage CE le produit est présumé conforme aux exigences essentielles et peut
ĂȘtre mis sur le marchĂ©, commercialisĂ© et utilisĂ© sans avoir Ă  subir de vĂ©rification de
conformité à une réglementation nationale.
Les informations contenues dans l'ATE sont les suivantes :
‱ Usages possibles du systĂšme (prĂ©contrainte extĂ©rieure, cĂąble remplaçable,
usage cryogénique, 
)
‱ Gamme d'ancrage (de 3 à 37T15 par exemple)
‱ Description des composants et dimensions
‱ Rayons de courbure minimums autorisĂ©s suivant le type de gaĂźne
‱ Longueur libre Ă  respecter derriĂšre l'ancrage ou encombrement des vĂ©rins
‱ Longueur droite à respecter à la sortie de l'ancrage
‱ Coefficient de frottement k et ”.
‱ Espacement des supports de gaine
‱ RentrĂ©e d'ancrage lors de la mise en tension
‱ Frettage à placer derriùre l'ancrage et adaptation possible
‱ Type d'injection
‱ Recommandations sur le transport, le stockage et la manutention
Les forces de mise en tension sont généralement données à titre indicatif ou de
recommandation dans l'ATE (sauf prescription contraire) car les systÚmes sont testés
pour résister en statique, en fatigue et en transfert de charge sur la base des forces
caractéristiques des cùbles et non des forces indiquées dans l'ATE. Celles-ci doivent
donc ĂȘtre dĂ©duites de la norme sur les armatures de prĂ©contrainte (EN10138)
donnant fpk et fp0.1k et de l'annexe nationale de l'Eurocode 2 donnant les coefficients k1
et k2 Ă  placer devant fpk et fp0.1k.
En France, les forces de mises en tension sont limitées à (valeur EC2 + Annexe
nationale française) :
Pmax = Ap.σp,max
σp,max = min { 0,8·fpk ; 0,9·fp0,1k } (avec possibilitĂ© de monter Ă  0,95 fp0,1k si
mesure précise)
La force maximale dans le cùble aprÚs pertes instantanées est limitée à (valeur EC2 +
Annexe nationale française) :
Pm0(x) = Ap.σpm0(x)
σpm0 = min { 0,8 fpk ; 0,9 fp0,1k }
Cours de béton précontraint 33
En pratique, et en France, cette limitation n'est pas dimensionnante par rapport Ă  la
précédente (le texte européen est lui plus sévÚre et rend cette limitation
dimensionnante dans certains cas).
4. Matériel de précontrainte par post-tension
4.1. Généralités
En post-tension, les cùbles sont, le plus souvent, logés dans des évidements
tubulaires mĂ©nagĂ©s Ă  l’intĂ©rieur du bĂ©ton par le moyen de conduits. MĂȘme quand elles
sont placĂ©es Ă  l’extĂ©rieur du bĂ©ton, comme cela se pratique depuis quelques annĂ©es
pour certaines structures, les armatures de précontrainte sont, quasi
systématiquement, isolées du milieu ambiant par un conduit. Lorsque le durcissement
est suffisant, les cĂąbles sont mis en tension Ă  l’aide de vĂ©rins prenant appui sur le
bĂ©ton qu’ils compriment. GrĂące Ă  des organes d’ancrage, on effectue alors un
transfert d’appui et l’on bloque les dĂ©formations relatives entre aciers et bĂ©ton, ce qui
permet de récupérer les vérins. Dans le vide qui subsiste entre le cùble et son conduit
on injecte un coulis de ciment (ou Ă©ventuellement un produit souple : cire ou graisse).
4.2. Armatures
4.2.1. Nature
Les cĂąbles sont gĂ©nĂ©ralement constituĂ©s, Ă  l’heure actuelle, de torons parallĂšles. En
France, le seul procédé utilisant encore des fils parallÚles est le procédé BBR (unités
n φ7, n reprĂ©sentant le nombre de fils de diamĂštre 7 mm). Dans certains cas, enfin, on
emploie des barres qui peuvent ĂȘtre lisses en partie courante (et filetĂ©es Ă  leurs
extrémités : barres Dywidag et Macalloy ), ou filetées sur toute leur longueur (barres
Macalloy ) ou encore nervurées au laminage, les nervurations faisant office de filetage
grossier (barres Dywidag ). Compte tenu de leur rigidité qui leur interdit toute courbure
trop prononcĂ©e, les barres ne sont guĂšre utilisĂ©es, aujourd’hui, que sous forme droite
pour réaliser des unités de faible longueur (clouage, étriers actifs, etc.).
4.2.2. Mise en place
Deux grands modes de mises en place sont envisageables : pose d’unitĂ©s prĂȘtes Ă 
l’emploi ; enfilage sur chantier, avant ou aprĂšs bĂ©tonnage, dans des conduits
préalablement positionnés dans les coffrages et fixés aux carcasses de ferraillage.
UnitĂ©s prĂȘtes Ă  l’emploi
Les armatures sont enfilées en usine dans des gaines souples et éventuellement
munies de leurs ancrages. Les unités ainsi réalisées sont livrées sur le chantier
enroulées sur tourets (cùbles à fils ou à torons). Cette méthode, trÚs souvent utilisée
autrefois, est pratiquement abandonnĂ©e aujourd’hui, sauf dans le cas du procĂ©dĂ©
BBR.
Enfilage sur chantier
Les conduits une fois mis en place dans les coffrages et solidement arrimés aux
carcasses de ferraillage, l’enfilage peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© soit avant soit aprĂšs le bĂ©tonnage.
Deux variantes sont alors possibles :
— prĂ©façonnage du cĂąble (assemblage des armatures coupĂ©es Ă  longueur) dans un
atelier forain contigu au chantier, puis mise en place par traction à l’aide d’un treuil par
34 Chapitre IV - Matériaux
l’intermĂ©diaire d’un tire-cĂąble (chaussette) ou d’un anneau soudĂ© sur l’extrĂ©mitĂ© des
armatures ;
— poussage des armatures une à une dans le conduit au moyen d’un pousseur à
galets métalliques.
4.3. Conduits
4.3.1. Précontrainte intérieure au béton
Il s’agit le plus souvent de conduits mĂ©talliques. Lorsque les armatures sont enfilĂ©es
sur chantier, ce sont :
— soit des tubes en acier laminĂ© dont l’épaisseur est couramment comprise entre 1 et
2 mm ; ces tubes sont cintrables sur machines ; l’assemblage entre Ă©lĂ©ments
successifs se fait par emboĂźture ;
— soit des gaines rigides cintrables à la main ; elles sont en feuillard à enroulement
hélicoïdal ou cylindrique ; leur épaisseur est comprise entre 0,4 et 0,6 mm ; la
nervuration, qui augmente la rigiditĂ© et l’adhĂ©rence au bĂ©ton, fait office de filetage
grossier et permet le raccordement entre tronçons par vissage d’un manchon de gaine
de diamĂštre immĂ©diatement supĂ©rieur. Dans le cas d’unitĂ©s prĂȘtes Ă  l’emploi, on
utilise des gaines enroulables, en feuillard plus mince (dont l’épaisseur est comprise
entre 0,2 et 0,4 mm). Pour les unités les plus courantes constituées de fils ou de
torons, les caractéristiques minimales des conduits sont précisées dans le tableau 3.
Il arrive enfin que l’on ait recours à des conduits en matiùre plastique. C’est rare pour
des cùbles constitués de plusieurs armatures (multitorons ou multifils), mais par
contre fréquent dans le cas des monotorons : on les utilise alors sous la forme de
torons gainĂ©s protĂ©gĂ©s. Le toron sort d’usine muni de sa gaine, gĂ©nĂ©ralement en
polyéthylÚne, remplie de son produit de protection, graisse ou cire. Ce type
d’armature, qui fait l’objet d’une fabrication industrielle et qui permet de s’affranchir
des servitudes d’une injection au coulis de ciment sur chantier, est parfaitement
Cours de béton précontraint 35
adapté à la réalisation de la précontrainte des dalles de bùtiment, de certains
réservoirs ou des hourdis de pont.
4.3.2. Précontrainte extérieure au béton
Les conduits doivent alors ĂȘtre parfaitement Ă©tanches pour assurer le confinement du
produit de protection, qu’il s’agisse d’un coulis de ciment, d’une cire ou d’une graisse.
Les gaines en feuillard ne peuvent donner satisfaction Ă  cet Ă©gard. On utilise parfois
des tubes mĂ©talliques raccordĂ©s par emboĂźtement (l’étanchĂ©itĂ© aux joints Ă©tant
assurée par des manchons thermorétractables), ou bien par soudure ou encore par
sertissage, mais ces deux derniers types d’opĂ©rations sont dĂ©licats Ă  rĂ©aliser
correctement Ă  proximitĂ© d’une paroi.
Le plus souvent, on emploie des gaines en polyéthylÚne à haute densité (PEhd) dont
les tronçons sont assemblés par thermofusion (soudure au miroir ou colliers
Ă©lectrosoudables). Si l’on veut se rĂ©server la possibilitĂ© de remplacer ultĂ©rieurement
un cĂąble tout en l’injectant au coulis de ciment, le conduit, prolongĂ© Ă  ses extrĂ©mitĂ©s
par des cĂŽnes d’épanouissement, est isolĂ© de la structure par des tubes de
réservation au niveau des déviateurs et par des trompettes ou tromplaques coffrantes
dans les massifs d’ancrage.
4.4. VĂ©rins
Le vĂ©rin est un mĂ©canisme constituĂ© d’un cylindre et d’un piston, dĂ©limitant une
chambre Ă  l’intĂ©rieur de laquelle on peut injecter de l’huile, ce qui fait coulisser les
deux piĂšces l’une par rapport Ă  l’autre. Le cylindre prend appui sur le bĂ©ton, alors que
le cĂąble est fixĂ© au piston dont le mouvement assure la mise en tension de l’unitĂ©
(Figure 9).
Figure 9 - SchĂ©ma de principe d’un vĂ©rin
Le piston peut tirer :
— soit directement sur les armatures qui sont fixĂ©es sur lui, Ă  titre provisoire, par
coincement ou par vissage ;
— soit sur une tĂȘte mobile elle-mĂȘme solidaire du cĂąble et faisant office,
ultĂ©rieurement, de tĂȘte d’ancrage (cas du procĂ©dĂ© BBR).
4.5. Ancrages
Selon leur fonction, on distingue plusieurs catĂ©gories d’ancrages :
a) les ancrages actifs, qui permettent de bloquer le cĂąble Ă  l’extrĂ©mitĂ© par laquelle on
effectue la mise en tension ; une fois ce blocage réalisé, on peut dégonfler le vérin et
le récupérer ; toute unité de précontrainte comporte au moins un ancrage actif ;
36 Chapitre IV - Matériaux
b) les ancrages fixes, qui interdisent tout mouvement significatif, par rapport au
bĂ©ton, de l’extrĂ©mitĂ© du cĂąble opposĂ©e Ă  celle par laquelle se fait la mise en tension ;
deux variĂ©tĂ©s d’ancrages fixes sont Ă  distinguer :
— les ancrages extĂ©rieurs, qui demeurent accessibles aprĂšs bĂ©tonnage,
— les ancrages incorporĂ©s au bĂ©ton de la structure, qui se subdivisent eux-mĂȘmes en
ancrages fonctionnant par butée et en ancrages par adhérence ;
c ) les coupleurs, qui permettent, dans le cas d’ouvrages construits en plusieurs
phases, de réaliser la continuité de deux tronçons de cùbles, le premier tendu au
cours de la phase n, le second au cours de la phase n + 1 ;
d ) les dispositifs de raboutage, qui assurent le raccordement de deux tronçons
distincts d’armatures mis en tension simultanĂ©ment par l’une ou /et l’autre de leurs
extrĂ©mitĂ©s libres. Dans certains cas particuliers, on peut avoir recours Ă  d’autres types
d’ancrages :
— des ancrages intermĂ©diaires pour ancrer provisoirement une armature en partie
courante, dans le cas des dalles de bĂątiment ;
— des ancrages de jonction, encore appelĂ©s ancrages par le milieu, pour rĂ©aliser
la mise en tension simultanée de deux tronçons de cùble par leurs extrémités en
regard.
4.5.1. Ancrages actifs
Ils se regroupent en deux familles : les ancrages le long du fil et les ancrages
préfabriqués
Ancrages le long du fil
Ils sont indĂ©pendants du cĂąble et ne sont solidarisĂ©s aux armatures qu’aprĂšs mise en
tension de ces derniĂšres. Appartiennent Ă  cette famille les ancrages par coincement
que l’on retrouve dans la plupart des grands procĂ©dĂ©s modernes utilisant des cĂąbles
constitués de n torons parallÚles ; aprÚs mise en tension, les torons sont bloqués dans
une tĂȘte d’ancrage percĂ©e de n trous tronconiques au moyen de mors mĂ©talliques
(Figure 10) constitués de deux ou trois éléments appelés clavettes [procédés
Freyssinet K et Monogroupe ; VSL ; CCL ; SEEE-FUC (Figure 11) ; LH ; PAC ;
CONA]. Se rattachent Ă©galement Ă  cette famille les ancrages par vissage des
procédés à barres.
Figure 10 - Mors d’ancrage : principe
Figure 11 - Ancrage actif 12 T15 SEEE- FUC
Cours de béton précontraint 37
Ancrages préfabriqués
Ils sont fixĂ©s Ă  l’extrĂ©mitĂ© du cĂąble (soit en usine, soit plus rarement sur chantier)
avant sa mise en tension et l’on vient les bloquer par des cales sur le bĂ©ton.
Les ancrages les plus typiques de cette catégorie sont ceux du systÚme BBR-B
(Figure 12) : les cùbles sont, dans ce cas, constitués de n fils parallÚles
(gĂ©nĂ©ralement de 7 mm de diamĂštre) ; Ă  leur extrĂ©mitĂ©, les fils s’appuient, par
l’intermĂ©diaire de boutons forgĂ©s Ă  froid, sur une tĂȘte d’ancrage mĂ©tallique percĂ©e de
n trous. Cette tĂȘte est filetĂ©e extĂ©rieurement, ce qui permet de visser sur elle la tige
de traction du vérin et ainsi de tendre le cùble. Des cales en acier, en forme de demi-
coquilles, sont alors introduites entre la tĂȘte d’ancrage et la plaque d’appui pour
assurer la permanence de la déformation imposée aux armatures, donc de leur
tension. Avec ces ancrages préfabriqués, la piÚce à précontraindre voit son
encombrement augmenter d’une surlongueur Ă©gale Ă  l’allongement que subit le
cñble lors de sa mise en tension (de l’ordre de 7 mm par m). On peut tourner cette
difficulté en partant de cùbles de longueur réduite, plus courts au départ que la piÚce
Ă  prĂ©contraindre, les tĂȘtes d’ancrage Ă©tant logĂ©es, avant la mise en tension, Ă 
l’intĂ©rieur d’une trompette de diamĂštre adĂ©quat. C’est ce qui se pratique avec les
procédés BBR-V et SEEE-FU (Figure 13). Ce dernier est, pour les torons,
l’équivalent du procĂ©dĂ© BBR pour les fils, les boutons d’extrĂ©mitĂ© Ă©tant remplacĂ©s
par des manchons filés obtenus en forçant à froid, à travers une filiÚre, un tube épais
en acier qui vient se mouler sur le toron par déformation plastique. Dans un cas
comme dans l’autre, c’est le vissage d’un Ă©crou sur la tĂȘte d’ancrage filetĂ©e
extérieurement qui en assure le blocage. Signalons enfin que les unités à ancrages
prĂ©fabriquĂ©s sont difficilement enfilables, sauf si l’on effectue sur chantier le
boutonnage des fils ou le filage des manchons, mais alors la précision sur la
longueur des armatures individuelles est moins bonne.
Figure 12 - Ancrage actif BBR-B
Figure 13 - Ancrage actif 7 T15 SEEE-FU
4.5.2. Ancrages fixes
Ancrages extérieurs fixes
Le plus souvent, ils sont constituĂ©s des mĂȘmes Ă©lĂ©ments que les ancrages actifs. En
ce qui concerne les ancrages Ă  clavettes, il suffit de bloquer ces derniĂšres dans leur
38 Chapitre IV - Matériaux
logement conique, au contact du toron, à l’aide d’un tube pousse-clavettes et d’un
marteau.
Ancrages fixes intérieurs au béton
Pour des ancrages fixes incorporés au béton, la solution précédemment décrite
d’auto-blocage des clavettes doit ĂȘtre rigoureusement proscrite. En effet, la laitance
vient s’infiltrer entre les clavettes constitutives du mors et leur interdit le mouvement
de quelques millimĂštres vers l’avant, indispensable pour assurer le blocage dĂ©finitif
du toron lorsqu’on le met en tension par son extrĂ©mitĂ© opposĂ©e. DiffĂ©rentes solutions
sont alors utilisées faisant appel :
— soit Ă  la butĂ©e sur une tĂȘte d’ancrage ou sur une plaque mĂ©tallique par
l’intermĂ©diaire de boutons pour les fils ou de manchons filĂ©s pour les torons (Figure
14). On peut également boucler les armatures, en contact direct avec le béton sur
une certaine longueur, autour d’une plaque galbĂ©e (Figure 15) ;
— soit essentiellement Ă  l’adhĂ©rence, dans le cas des torons. Les torons sont alors
épanouis hors de leur conduit sur une longueur suffisante, et détoronnés à leur
extrémité pour former un bulbe (Figure 16). Le bon fonctionnement de ce type
d’ancrage suppose un dĂ©graissage efficace des torons sur leur longueur de
scellement ainsi qu’un bĂ©tonnage soignĂ© de la zone en question.
Figure 14 - Ancrage fixe, noyé dans le béton Freyssinet systÚme K (12 T 15)
Figure 15 - Ancrage VSL Ă  boucle (12 T 15)
Figure 16 - Ancrage VSL par adhérence (12 T 15)
Cours de béton précontraint 39
4.5.3. Coupleurs
Fonctionnement
Ce type de dispositif, parfois utilisĂ© dans les ouvrages construits Ă  l’avancement
(Figure 17), permet d’accrocher un nouveau cñble, dit secondaire, mis en tension au
cours d’une phase de travaux (n + 1), Ă  l’extrĂ©mitĂ© d’un cĂąble, dit primaire, dĂ©jĂ 
tendu au cours de la phase de travaux n. Le coupleur doit donc remplir une double
fonction : — assurer l’ancrage actif du cñble primaire ; — transmettre jusqu’à
l’extrĂ©mitĂ© en cause du cĂąble primaire l’effort de tension appliquĂ© ultĂ©rieurement au
cĂąble secondaire. Pour que cette deuxiĂšme fonction soit assurĂ©e, il convient d’éviter
toute possibilité de butée directe du coupleur sur le béton secondaire, coulé au cours
de la phase n + 1, donc de l’en isoler par un capot (Figure 18).
Figure 17 - Exemple d’utilisation de coupleurs C dans une construction à l’avancemen
Figure 18 - NĂ©cessitĂ© d’isoler le coupleur du bĂ©ton secondaire
Morphologie des coupleurs
Les coupleurs actuellement utilisés se regroupent en deux grandes familles : les
coupleurs multi-armatures et les coupleurs monoarmatures.
Coupleurs multi
Ils assurent globalement le couplage des n fils ou torons parallĂšles constitutifs du
cùble. Schématiquement ils comportent :
— pour le cĂąble primaire, une tĂȘte d’ancrage actif prenant appui sur le bĂ©ton par
l’intermĂ©diaire d’une plaque mĂ©tallique ;
— pour le cĂąble secondaire, une tĂȘte d’ancrage fixe ;
— un dispositif de connexion pour solidariser ces deux tĂȘtes d’ancrage.
Le dispositif de connexion en question peut consister en un manchon fileté
intĂ©rieurement se vissant sur les deux tĂȘtes d’ancrage en regard filetĂ©es
extérieurement [procédés BBR-B (Figure 19) ; SEEE-FU ].
40 Chapitre IV - Matériaux
Figure 19 - Coupleur 30 _ 7 BBR-B Figure 20 - Coupleur Freyssinet K 12 T15
Pour les systĂšmes Ă  torons, il s’agit souvent d’une bague de couplage interposĂ©e
entre l’ancrage actif du cĂąble primaire et sa plaque d’appui sur le bĂ©ton. Cette bague
est munie, sur sa pĂ©riphĂ©rie, d’une couronne dentĂ©e. Les torons du cĂąble secondaire
s’enclenchent entre les dents de la couronne et s’appuient sur elles par
l’intermĂ©diaire de manchons filĂ©s [procĂ©dĂ©s Freyssinet K (Figure 20) ; CCL]. Dans le
cas du systĂšme VSL, la couronne dentĂ©e constitue, avec la tĂȘte d’ancrage du cĂąble
primaire, une piĂšce unique.
Coupleurs mono
Utilisés par beaucoup de procédés à torons [Freyssinet K ; CCL ; PAC ; LH ], ils sont
constitués (Figure 21) :
— d’une tĂȘte d’ancrage actif pour le cĂąble primaire ;
— d’autant de petits manchons de raccordement individuels (Figure 22) que l’unitĂ©
comporte de torons.
Ces manchons, qui contiennent un double jeu de clavettes, assurent le raboutage de
chacun des torons du cĂąble secondaire avec son homologue du cĂąble primaire. Une
fois le cĂąble secondaire mis en tension, la tĂȘte d’ancrage actif du cĂąble primaire ne
joue pratiquement plus aucun rÎle mécanique.
Figure 21 - Coupleurs mono
Cours de béton précontraint 41
Figure 22 - Raccord monotoron T15 du procédé PA
Figure 23 - Distribution des contraintes
ProblĂšmes posĂ©s par l’utilisation des coupleurs
Ces problÚmes sont de différentes natures.
ProblÚmes mécaniques
La distribution des contraintes au voisinage d’une section de couplage s’écarte
notablement des distributions traditionnelles de la résistance des matériaux. En effet,
la mise en tension du cĂąble primaire provoque un gauchissement de la section de
joint, alors section d’extrĂ©mitĂ©. Lorsqu’on tend le cĂąble secondaire, en supposant
mĂȘme qu’il transmette au droit du coupleur une force P’ rigoureusement Ă©gale Ă  la
force ancrée P du cùble primaire, la section de joint ne peut retrouver sa forme plane
initiale car elle en est empĂȘchĂ©e par le bĂ©ton secondaire coulĂ© Ă  son contact. En ce
qui concerne les contraintes normales isostatiques développées par le couplage, on
peut montrer, en Ă©lasticitĂ©, que si l’on dĂ©signe par σP la distribution linĂ©aire de
contraintes Ă©quilibrant l’effort isostatique de prĂ©contrainte P, elles valent σP/2 sur la
hauteur des sections proches du joint, sauf à l’aplomb de la plaque d’appui du cñble
primaire sur le béton. Au droit de cette plaque, elles présentent un pic dont le volume
Ă©quilibre, bien Ă©videmment, la force P /2 (Figure 23).
42 Chapitre IV - Matériaux
Par ailleurs, d’importantes contraintes de cisaillement se manifestent dans la zone en
question. Il est donc prudent de prévoir un ferraillage passif longitudinal confortable
dans les sections de couplage.
Limites d’emploi
Les coupleurs, et tout particuliÚrement les coupleurs multi, ne sont pas conçus pour
tolĂ©rer un dĂ©collement de l’ancrage actif primaire de sa plaque d’appui sur le bĂ©ton,
un tel décollement ne pouvant survenir que si, à la mise en tension du cùble
secondaire, la force P ’ qu’il transmet au droit du coupleur est supĂ©rieure Ă  la force
ancrée P du cùble primaire. En effet, les tensions individuelles des différentes
armatures constitutives du cùble présentent une certaine dispersion. En cas de
dĂ©collement, le coupleur trouve donc une position d’équilibre qui ne respecte pas
strictement l’alignement avec l’axe commun aux deux tronçons de cĂąble couplĂ©s. Il
apparaĂźt ainsi dans les armatures, Ă  proximitĂ© immĂ©diate de leurs points d’ancrage,
des cassures angulaires qui, si elles sont trop importantes, peuvent entraĂźner des
ruptures prématurées. Avec des couplages mono, le risque de rupture est plus faible
qu’avec des couplages multi du fait que, dans la tĂȘte d’ancrage dĂ©collĂ©e, les
clavettes sont Ă  la limite du dĂ©clavetage et n’exercent plus l’effet aggravant d’étreinte
latérale qui subsiste intégralement dans les coupleurs multi. Le phénomÚne de
dĂ©collement est rare dans le cas d’une prĂ©contrainte intĂ©rieure au bĂ©ton, dans la
mesure oĂč les tronçons de cĂąbles raccordĂ©s sont suffisamment longs et prĂ©sentent
un tracĂ© ondulĂ©, les frottements relativement importants empĂȘchant alors la force
secondaire de dépasser la force primaire. En revanche, ce phénomÚne est fréquent
avec des cĂąbles extĂ©rieurs au bĂ©ton, surtout lorsqu’ils sont rectilignes ; les
frottements pratiquement nuls le long du cĂąble secondaire ne peuvent plus
compenser les pertes par rentrĂ©e d’ancrage et par relaxation du cĂąble primaire. Le
risque corrélatif de rupture peut se trouver sensiblement augmenté si les tracés
théoriques des deux tronçons à coupler ne sont pas rigoureusement coaxiaux mais
prĂ©sentent une cassure angulaire, mĂȘme lĂ©gĂšre, au droit du coupleur.
ProblĂšme pratiques
Les organes de couplage supportent gĂ©nĂ©ralement assez mal d’ĂȘtre sollicitĂ©s par
des efforts de traction excentrĂ©s. Il est donc indispensable d’assurer un alignement
aussi parfait que possible entre les deux tronçons de cùbles couplés et, pour ce faire,
de mĂ©nager des portions de tracĂ©s strictement rectilignes de part et d’autre des
coupleurs. Dans cette zone, les armatures de maintien des gaines doivent ĂȘtre
rapprochĂ©es pour que l’alignement ne soit pas dĂ©truit pendant le bĂ©tonnage. surtout
lorsqu’on veut la rĂ©aliser Ă  l’avancement, tronçon par tronçon, en suivant la
progression du chantier de construction. Généralement, il vaut mieux injecter le
tronçon n avant de tendre le tronçon n + 1. On peut alors limiter efficacement la
pénétration du coulis au seul tronçon n concerné et éviter la contamination du
tronçon n + 1, qui rendrait problématique son injection ultérieure.
4.6. Injection et cachetage
Le plus souvent, la protection dĂ©finitive des cĂąbles est assurĂ©e par injection d’un
coulis de ciment. Cette injection doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e dĂšs que possible aprĂšs la mise en
tension des armatures. Il est souhaitable que le délai entre ces deux opérations ne
dépasse pas un mois, ce qui correspond au temps pendant lequel la protection
Cours de béton précontraint 43
provisoire par huile soluble, appliquée en usine, puis renouvelée périodiquement sur
chantier, demeure efficace.
4.6.1. Coulis d’injection
Il s’agit d’un mĂ©lange de ciment (gĂ©nĂ©ralement du CPA), d’eau et Ă©ventuellement de
certains adjuvants. Les caractĂ©ristiques d’un coulis sont :
— la fluiditĂ©, mesurĂ©e par le temps d’écoulement au cĂŽne de Marsh ; cette fluiditĂ©
doit ĂȘtre suffisante pour Ă©viter que ne se forment des bouchons en cours d’injection ;
— l’exsudation ; la quantitĂ© d’eau exsudĂ©e Ă  la surface d’une Ă©prouvette de coulis au
repos durant 3h doit ĂȘtre au plus Ă©gale Ă  2 % du volume total ; cette eau doit ĂȘtre
complÚtement réabsorbée 24 h aprÚs
— le temps pendant lequel le coulis demeure injectable (dans des conditions
normales de tempĂ©rature, il peut ĂȘtre de plusieurs heures avec certaines
formulations bien étudiées).
4.6.2. OpĂ©ration d’injection
Le cĂąble, muni d’évents en ses points hauts et bas, ainsi qu’à ses extrĂ©mitĂ©s
préalablement obturées, soit par un cachetage, soit par un capot (provisoire ou
définitif), subit, le plus souvent, un lavage et, moyennant une légÚre montée en
pression, de dĂ©tecter d’éventuels dĂ©fauts d’étanchĂ©itĂ©. Cette eau est ensuite
Ă©liminĂ©e par soufflage Ă  l’air comprimĂ©, dĂ©shuilĂ©. Le coulis est alors injectĂ© par le ou
les points bas, les Ă©vents successifs n’étant fermĂ©s que lorsque la consistance du
produit qui en sort est comparable à celle du produit injecté. En général, la pression
d’injection est limitĂ©e Ă  1,5 MPa. AprĂšs obturation du dernier Ă©vent, une pression
résiduelle de 0,5 MPa est maintenue pendant une minute au moins.
4.6.3. Cachetage
C’est l’opĂ©ration qui assure la protection et l’étanchĂ©itĂ© au niveau des ancrages. Elle
est au moins aussi importante que l’injection : on a constatĂ©, sur des ouvrages
anciens, que des cĂąbles mĂȘme mal injectĂ©s pouvaient se comporter parfaitement si
l’on interdisait la pĂ©nĂ©tration de l’eau par leurs extrĂ©mitĂ©s. En revanche, toute
circulation d’eau Ă  l’intĂ©rieur des conduits est catastrophique pour la conservation
des armatures de précontrainte. Plusieurs solutions sont utilisées :
rĂ©alisation d’un cachetage en bĂ©ton, armĂ© par des aciers laissĂ©s en
attente ; il peut ĂȘtre mis en place avant l’injection (et doit alors
prĂ©senter une rĂ©sistance suffisante pour tenir la pression d’injection)
ou, au contraire, aprùs l’injection, le confinement du coulis pendant
cette opération étant alors assuré par un capot provisoire ;
utilisation d’un capot mĂ©tallique Ă©tanche dĂ©finitif, injectĂ© de coulis en
mĂȘme temps que le conduit ; ce capot doit lui-mĂȘme recevoir une
protection anti-corrosion efficace.
Cours de béton précontraint 45
Chapitre V - Calcul de la force de précontrainte
Le présent chapitre détaille le calcul de la force de précontrainte dans le cas d'une
précontrainte adhérente par post-tension.
1. Présentation des pertes
La force de prĂ©contrainte dans un cĂąble varie Ă  la fois dans l’espace (le long de
l’abscisse du cñble) et dans le temps.
La tension en un point du cùble dans la structure diffÚre de la force du vérin avec
lequel le cĂąble a Ă©tĂ© tendu, du fait d’un certain nombre de pertes qui font baisser
significativement la tension du cñble. C’est d’ailleurs à cause de ces pertes qu’on est
obligĂ© d’utiliser des cĂąbles Ă  trĂšs haute limite d’élasticitĂ©.
On regroupe habituellement les pertes en deux familles :
pertes instantanées :
Il s’agit des pertes qui se produisent à la mise en tension du cñble :
pertes dues au frottement
pertes aux ancrages
Par abus de langage, on classe également dans les pertes instantanées
l’ensemble des pertes qui se produisent « Ă  court terme » durant le processus de
construction de l’ouvrage :
pertes par non simultanéité des mises en tensions des différents cùbles
pertes par application de charges permanentes postérieurement à la
tension
pertes différées :
On appelle pertes différées les pertes qui se développent dans le temps :
pertes dues au retrait du béton
pertes dues au fluage du béton
pertes dues Ă  la relaxation des cĂąbles
2. Tension à l’origine
C’est celle qu’on impose aux armatures devant un ancrage actif et le dispositif
d’épanouissement associĂ© (trompette ou tromplaque), cĂŽtĂ© bĂ©ton, au moment de la
mise en tension, avant le transfert de l’effort à l’ancrage (Figure 24). Il s’agit donc de
la tension en O, σp0, infĂ©rieure Ă  la tension en A, σpA (Ă  l’entrĂ©e de la tĂȘte d’ancrage)
du fait des frottements entre les armatures et :
— la tĂȘte d’ancrage, de A Ă  B, d’une part ;
— la trompette d’épanouissement, de B Ă  O, d’autre part.
46 Chapitre V - Calcul de la force de précontrainte
Figure 24 - DĂ©finition de l’origine des tensions
La perte de tension entre A et O, définie dans la notice technique du procédé
considĂ©rĂ©, est couramment de l’ordre de 2 %, de sorte que
σp0 = 0,98 σpA
ou, si l’on raisonne en forces (P=APσP, AP reprĂ©sentant la section nominale du
cĂąble) :
P0 = 0,98 PA
Notons que la force PA, elle-mĂȘme, est infĂ©rieure au produit de la section du piston
par la pression dans la chambre à cause des frottements internes du vérin. Une
courbe de correspondance entre pression et force appliquée PA par le vérin permet
de tenir compte de ce dernier phĂ©nomĂšne. Il n’en demeure pas moins que, sur le
chantier, pour obtenir P0 = AP σP0 en O, il faut appliquer en A une force PA supĂ©rieure
d’environ 2 %. Pour le projeteur, P0 constitue la valeur de rĂ©fĂ©rence puisque c’est elle
qui fait l’objet de limitations rĂ©glementaires. La contrainte Ă  l’origine correspondante
est plafonnée à la plus faible des valeurs suivantes :
‱ 0,80 fpk pour les fils et torons, 0,70 fpk pour les barres ;
‱ 0,90 fp0,1k ;
‱ ce qu’indique la notice technique du procĂ©dĂ© de prĂ©contrainte utilisĂ©.
Sauf cas trÚs particulier, les cùbles sont toujours tendus au maximum autorisé, pour
des raisons Ă©videntes d’économie.
Signalons que la force exercée par le vérin est légÚrement supérieure, pour tenir
compte des pertes Ă  l’intĂ©rieur du vĂ©rin. Les procĂ©dures de mise en tension des
cùbles permettent généralement de corréler directement la pression dans le vérin et
la tension souhaitée dans le cùble en sortie du vérin.
3. Pertes instantanées
3.1. Pertes par frottement
3.1.1. Courbure du tracé
Considérons un tronçon élémentaire de cùble courbe, de rayon de courbure R,
compris entre les abscisses s et s+ds (Figure 25).
Cours de béton précontraint 47
Figure 25 - Équilibre d'un tronçon de cñble
Le tronçon de cĂąble MN est en Ă©quilibre sous l’effet :
de la force de tension P(s) en M, tangente en M au tracé ;
de la force de tension P(s) + dP en N, tangente en N au tracé ;
des forces de contact que le bĂ©ton exerce sur lui entre M et N (par l’intermĂ©diaire
du conduit). Ces forces réparties ont une composante normale pds et une
composante tangente qds (comptées algébriquement dans les sens indiqués par
les flĂšches p+
et q+
de la Figure 25).
Écrivons cet Ă©quilibre en projection sur la normale n en N. Si l’on nĂ©glige les termes
du 2Ăšme
ordre : =+α d’oĂč
R
P
ds
d
Pp −=−=
α
(1)
De mĂȘme, en projection sur la tangente en N :
=+ d’oĂč −= (2)
Le signe – de l’expression (1) montre que la composante p est centrifuge, le signe –
de l’expression (2) que q est orientĂ© dans le sens oĂč P va en dĂ©croissant. q
représente physiquement la force tangente de frottement que le conduit exerce sur le
cĂąble au moment de la mise en tension.
Si l’on admet qu’entre q et p existe la relation fondamentale du frottement solide :
|q| = ” |p| avec ” coefficient de frottement du cĂąble sur son conduit, l’équation (2)
s’écrit :
dP = ± ” P dα (3)
soit α”±= (4)
Convenons ici que dα représente la déviation angulaire arithmétique
(essentiellement positive) entre les deux extrémités du tronçon MN et supposons que
le cùble complet, orienté de la gauche vers la droite, soit mis en tension par son
extrĂ©mitĂ© gauche O (que l’on confond gĂ©omĂ©triquement, dans la pratique, avec le
point A, Figure 26).
48 Chapitre V - Calcul de la force de précontrainte
Figure 26 - Frottements le long du cĂąble lors de la mise en tension
Il est alors évident que, lors de la mise en tension, le déplacement du cùble par
rapport au bĂ©ton s’effectue de la droite vers la gauche et que l’action tangentielle de
contact du conduit sur les armatures, s’opposant à ce mouvement, s’exerce de la
gauche vers la droite ; la tension diminue donc entre le point O et le point courant C
d’abscisse x du tracĂ© et le signe Ă  retenir dans l’équation (4) est le signe – . D’oĂč, par
intégration de (4) :
”α−=! (5)
α fonction de x désignant la somme des déviations angulaires arithmétiques entre le
point O et le point C d’abscisse x.
Dans cette expression, la quantité est égale à la somme des variations angulaires
absolues comptées depuis le point de mise en tension du cùble :
=
s
ds
0
)( αα
Remarquons qu’en gĂ©nĂ©ral α n’est pas l’angle entre les tangentes en O et en C du
tracĂ©. Ce n’est cet angle que lorsque la courbure conserve un signe constant entre O
et C. Ainsi sur la Figure 26 : α= α1 + α2 .
3.1.2. DĂ©viations parasites
Un conduit ne suit jamais parfaitement son tracé théorique ; il festonne entre ses
points de fixation sous l’effet de son poids, de la poussĂ©e du bĂ©ton, des incertitudes
de positionnement des attaches. À la dĂ©viation angulaire thĂ©orique α entre O et C
vient donc se superposer une déviation parasite sensiblement proportionnelle à la
distance entre O et C, donc de la forme !. est le coefficient de perte en ligne.
Compte tenu de ce phénomÚne, la formule (5) se généralise donc ainsi :
( )!!! +−= α” (6)
ou, si l’on raisonne sur les contraintes :
( )!!! +−= α”σσ (7)
Dans la section d’abscisse !, la perte de tension par frottement vaut donc :
( )[ ]!!! +−−=∆ α”σσ (8)
soit, si l’exposant est faible : ( )!!! +=∆ α”σσ (9)
Cours de béton précontraint 49
3.1.3. Valeurs des coefficients de frottement
Cas de la précontrainte intérieure au béton
Pour les cùbles constitués de fils ou de torons, on peut, lorsque les armatures sont
huilées et que les conduits (gaines ou tubes métalliques) sont en bon état, utiliser les
valeurs moyennes des coefficients ” et données dans le tableau suivant :
À dĂ©faut de donnĂ©es fournies par un AgrĂ©ment Technique EuropĂ©en, les valeurs des
déviations angulaires parasites pour les armatures intérieures seront généralement
telles que 0,005 < < 0,01 par mĂštre.
Pour les tracés de cùbles complexes il conviendra de retenir la valeur haute de la
fourchette. Pour les cĂąbles traversant de nombreux joints (comme par exemple les
cùbles intérieurs des ponts construits par encorbellements successifs) il y a lieu de
majorer encore les valeurs de pour tenir compte des variations angulaires parasites
concentrées à chaque surface de reprise.
Cas de la précontrainte extérieure au béton
À l’extĂ©rieur du bĂ©ton, il n’y a pas de dĂ©viations angulaires parasites et l’on admet
= 0. Les valeurs du coefficient de frottement sont fonction du type de gaine et
données dans le tableau précédent.
3.2. Pertes Ă  la mise en charge de l’ancrage (rentrĂ©e d’ancrage)
Lors du report de l’effort du vĂ©rin Ă  l’ancrage, le cĂąble subit toujours un lĂ©ger
raccourcissement " :
— faible dans le cas des ancrages par calage ou vissage ; ", de l’ordre de 2 mm, est
alors la consĂ©quence de la dĂ©formation du corps d’ancrage et du tassement des
cales ou des filets ;
— plus important dans le cas des ancrages par coincement : les torons et les
clavettes subissent un dĂ©placement vers l’intĂ©rieur de la piĂšce qui peut atteindre
6 mm et mĂȘme davantage lorsque le vĂ©rin n’est pas muni d’un systĂšme de clavetage
hydraulique (permettant d’enfoncer de force les mors dans leur logement conique
avant relùchement de la pression dans la chambre du vérin). Les notices techniques
des procĂ©dĂ©s de prĂ©contrainte dĂ©finissent, pour chaque type d’ancrage, la valeur
probable de ". Le mouvement de rentrĂ©e vers l’intĂ©rieur du bĂ©ton est contrariĂ© par le
frottement du cĂąble sur sa gaine, comme Ă  la mise en tension, mais en sens inverse.
50 Chapitre V - Calcul de la force de précontrainte
Son influence diminue donc à partir de l’ancrage jusqu’à s’annuler à une distance d
de celui-ci (Figure 27) à partir duquel la tension demeure inchangée.
Figure 27 – Tension le long du cĂąble, avant et aprĂšs relĂąchement de la pression dans le vĂ©rin
Avant rentrĂ©e d’ancrage, la tension Ă  l’abscisse ! Ă©tait donnĂ©e par la formule (7) :
( )!!! +−= α”σσ qui s’écrit encore : ( ))exp()( 0 !#! −= σσ (10) avec
#$!%fonction croissante de !.
L’allongement relatif de l’armature, à l’abscisse !, valait :
!
!
)(
)(
σ
Δ = (11)
AprĂšs rentrĂ©e d’ancrage, la tension Ă  l’abscisse ! (< ) n’est plus que :
))()(exp()()(' !##! +−= σσ (12)
soit ( )))(2exp()(' 0 !##! +−= σσ (13)
et l’allongement :
!
!
σ
Δ = (14)
On peut Ă©crire que " est la somme des pertes d’allongement [ ] !!! ΔΔ − des
tronçons d! entre O et D, soit :
[ ]−= !!!" ΔΔ (15)
ou [ ]−= !!!" σσ (16)
L’intĂ©grale figurant dans (16) reprĂ©sente l’aire tramĂ©e sur la Figure 27. L’équation
(16), compte tenu de (10) et (13), permet de calculer , donc !σ ou, ce qui revient
au mĂȘme, la perte par rentrĂ©e d’ancrage :
!!!" σσσ −=∆ (17)
3.3. Pertes par déformation instantanée du béton
3.3.1. Principe général
Toute action permanente j appliquée à une date tj postérieurement à la mise en
tension et Ă  l’ancrage d’un cĂąble de prĂ©contrainte provoque dans le bĂ©ton adjacent
Cours de béton précontraint 51
une variation de contrainte σ∆ , donc une variation de raccourcissement
&
&&
&&
σ
Δ
∆
=∆ . Le cĂąble considĂ©rĂ© subit la mĂȘme variation de dĂ©formation, d’oĂč
une perte de tension (ou un gain si &&σ∆ < 0) :
&
&&σ∆
(18)
Les actions permanentes j précédemment évoquées peuvent résulter de :
— la mise en tension d’un nouveau cñble ;
— l’application d’un supplĂ©ment de poids propre dans le cas d’une construction par
phases ;
— la mise en place de superstructures.
Sauf dans les cas rares oĂč plusieurs cĂąbles seraient tendus de façon rigoureusement
simultanée, il faudrait donc faire, en principe, le calcul de ces pertes cùble par cùble,
ce qui serait trĂšs laborieux. On se contente, en pratique, d’une Ă©valuation plus
sommaire qui se justifie par la faible importance relative des pertes en question. Pour
ce faire, on regroupe les cùbles en familles homogÚnes. Sont considérés comme
appartenant Ă  une mĂȘme famille tous les cĂąbles de tracĂ© comparable tendus au
cours d’une mĂȘme phase de construction. Les cĂąbles d’une famille donnĂ©e sont tous
affectĂ©s d’une mĂȘme perte moyenne par dĂ©formation Ă©lastique du bĂ©ton rĂ©sultant :
— de l’application de charges permanentes additionnelles ou de la mise en tension
d’autres familles postĂ©rieurement Ă  la rĂ©alisation de l’ancrage des cĂąbles ; les pertes
partielles correspondantes se calculent par la formule (18) ;
— de l’échelonnement des mises en tension des diffĂ©rents cĂąbles de la famille en
question.
3.3.2. Pertes par Ă©chelonnement des mises en tension des cĂąbles d’une
mĂȘme famille
Supposons que la famille en question comporte N cĂąbles de mĂȘme puissance
passant sensiblement au mĂȘme niveau dans une section donnĂ©e. La mise en tension
de ces N cùbles provoque, dans le béton adjacent, une variation de contrainte
normale σ∆ . Chaque cĂąble apporte Ă  cette variation de contrainte une contribution
σ∆
, la variation correspondante de déformation du béton étant
σ∆
, oĂč
représente le module instantané du béton. Du fait que les N cùbles ne sont pas
tendus en mĂȘme temps (il faudrait pour cela disposer d’au moins N vĂ©rins sur le
chantier), le nĂšme
cĂąble mis en tension subit le raccourcissement dĂ» aux (N – n )
cĂąbles tendus aprĂšs lui :
( )' σ∆−
. Sa perte de tension vaut donc :
( )' σ∆−
et sa perte de force :
( )' σ∆−
avec Ap section du cĂąble en
question. La perte globale de force pour les N cĂąbles est :
( ) ( )
'
' σσ ∆−
=
∆−
=
52 Chapitre V - Calcul de la force de précontrainte
D’oĂč, pour la famille considĂ©rĂ©e, une perte moyenne de tension (que l’on obtient en
divisant la perte de force par la section NAp des N cĂąbles) :
( ) σ∆
−
(19)
Cette expression tend vers : σ∆ (20) lorsque N augmente indĂ©finiment.
En fait, c’est la formule (20), majorante de la formule (19) que l’on applique dans la
pratique pour estimer les pertes par Ă©chelonnement des mises en tension au sein
d’une famille de cñbles.
3.3.3. RĂ©capitulation et simplification des formules de calcul
Les formules (18) et (20) peuvent se résumer sous la forme suivante :
∆
=∆
&
&&
&
σ
σ (21)
avec
( )&&σ∆ variation de contrainte du bĂ©ton adjacent Ă  la famille j de cĂąbles Ă©tudiĂ©e,
dans la section considĂ©rĂ©e, sous l’effet des actions permanentes appliquĂ©es au
jour tj;
kj coefficient multiplicateur Ă©gal Ă  : 1/2 pour ( )&&σ∆ dĂ» Ă  la mise en tension des
cĂąbles mĂȘmes de la famille et aux charges permanentes mobilisĂ©es simultanĂ©ment,
1 pour les variations ( )&&σ∆ gĂ©nĂ©rĂ©es par les actions permanentes appliquĂ©es
postérieurement à la mise en tension de la famille.
Assez frĂ©quemment, on peut considĂ©rer que l’on n’a qu’une famille de cĂąbles et que
le seul ( )&&σ∆ intĂ©ressant la structure est celui qui rĂ©sulte de la mise en tension des
cùbles en question et de la mobilisation simultanée du poids propre de la structure.
Alors ( )&&σ∆ se confond avec ( )&&σ , contrainte initiale du bĂ©ton adjacent et la
formule (21) se réduit à :
σσ ∆=∆ (22)
Si l’on se contente d’une Ă©valuation sommaire de σ∆ (trĂšs souvent suffisante
compte tenu de la petitesse de ce terme), on confond σ∆ avec σ , contrainte finale
(aprĂšs stabilisation des pertes) du bĂ©ton au niveau des cĂąbles dans l’ouvrage soumis
Ă  ses seules charges permanentes. Comme Ep /Ecm est, en pratique, voisin de 6,
l’ordre de grandeur de la perte par dĂ©formation instantanĂ©e du bĂ©ton est donnĂ© par :
σσσ =∆=∆ (23)
Cours de béton précontraint 53
4. Tension initiale
C’est celle qui subsiste dans le cĂąble une fois effectuĂ©es toutes les pertes
instantanées analysées :
!!!! " σσσσσ ϕ ∆−∆−∆−=
5. Pertes différées
5.1. Pertes par retrait
Les cùbles, liés au béton à leurs extrémités par les ancrages, et tout au long de leur
tracĂ© par le coulis d’injection, sont astreints Ă  subir les mĂȘmes variations de
dĂ©formations que le bĂ©ton adjacent. Si t0 est l’ñge du bĂ©ton au moment de la mise en
tension d’un cĂąble, la partie non encore effectuĂ©e du retrait vaut :
[ ] [ ] ΔΔΔΔΔΔ −=−+−
La perte finale de tension par retrait est donc, pour le cùble considéré :
[ ] [ ]ΔΔΔΔσ −∞+−∞=∆ (25)
5.2. Pertes par fluage
La contrainte du bĂ©ton au niveau des armatures de prĂ©contrainte n’est pas constante
dans le temps, mĂȘme si l’on fait abstraction des charges variables appliquĂ©es Ă  la
structure pendant des durées trop brÚves pour avoir une influence significative sur le
fluage. Cette contrainte σ varie Ă  cause (Figure 28) :
— des diffĂ©rentes phases de construction qui se traduisent par l’application de
nouvelles charges permanentes ;
— des pertes diffĂ©rĂ©es de toute nature qui entraĂźnent une Ă©volution progressive de
la tension dans les cĂąbles.
Si l’on dĂ©signe par σ max et σ min les valeurs extrĂȘmes qu’elle prĂ©sente, il est facile de
montrer, dans le cadre des hypothÚses de la viscoélasticité linéaire que la
déformation totale du béton satisfait, à tout instant à :
( )( ) ( )( )!
φ
σ
Δφ
σ
+≀≀+
avec t0 ùge du béton au moment de la mise en tension des armatures considérées.
54 Chapitre V - Calcul de la force de précontrainte
Figure 28 - Variation de la contrainte du bĂ©ton au niveau d’un cĂąble
Pour simplifier, on peut se contenter de la formule simplifiée suivante, obtenue en
faisant la moyenne des contraintes maximales et minimales :
( )!
φ
σσ
Δ
+
=
De ce fait, la perte finale par fluage vaut :
( )
( )
!
φ
σσσ +=
Si l'on poursuit la simplification en admettant que σmin est dĂ» aux charges
permanentes ( σ= ), que σmax est infĂ©rieur Ă  1,5 fois σmin et que le coefficient de
fluage vaut Ă  peu prĂšs 2, alors :
σσ = soit environ σσ =
5.3. Pertes par relaxation
Comme on l’a vu prĂ©cĂ©demment, la perte de tension finale due Ă  la relaxation peut
ĂȘtre estimĂ©e par la formule (valable pour la classe 2 – trĂšs basse relaxation) :
−
−
=
∆
ρ
σ
σ
5.4. Pertes différées totales
Pour tenir compte de l’interaction du retrait et du fluage avec la relaxation des
armatures, les pertes différées finales sont évaluées par la formule :
( ) ,0,8,0 σϕσΔσ +∆+=∆ ++ (26)
Le coefficient 0,8 traduit la réduction de relaxation du fait des pertes par retrait et
fluage.
L’Eurocode 2 introduit une formule plus compliquĂ©e tenant compte de l’excentricitĂ©
" de la précontrainte par rapport au centre de gravité du béton :
Cours de béton précontraint 55
( )
[ ](
)
ϕ
σϕσΔ
σ
+++
+∆+
=∆ ++ (27)
Le dénominateur est cependant généralement peu différent de 1. On pourra
généralement se contenter de la formule (26) qui est sécuritaire.
6. Tension Ă  un instant quelconque
En valeur probable, elle s’établit ainsi : !!! ++∆−∆−= σσσσ
Les valeurs caractéristiques de la tension sont données par :
## !σσ = et $$ !σσ =
7. Calcul manuels de pertes
Les calculs de pertes sont aujourd’hui intĂ©grĂ©s dans la plupart des logiciels de calcul
de structure qui permettent de traiter de façon exacte le problÚme. Dans les calculs
manuels, on effectue couramment les approximations suivantes :
l’abscisse de la poutre et l’abscisse curviligne du cñble sont confondues (les
cĂąbles Ă©tant gĂ©nĂ©ralement peu inclinĂ©s par rapport Ă  l’axe de la poutre)
les exponentielles décroissantes sont linéarisées
les pertes différées par fluage sont évaluées forfaitairement à partir des
contraintes extrĂȘmes subies par le bĂ©ton (voir prĂ©cĂ©demment)
l’interaction entre pertes diffĂ©rĂ©es est traitĂ©e Ă  l’aide de rĂšgles de cumul
simplifiées (26)
Cours de béton précontraint 57
Chapitre VI - Contexte réglementaire
Avant de décrire dans les chapitres suivants le comportement des structures en
béton précontraint, ce chapitre rassemble un certain nombre de données et
prescriptions d’origine rĂ©glementaire nĂ©cessaires au calcul d’une structure en bĂ©ton
précontraint. Nous nous efforcerons pas la suite de ne pas faire appel au rÚglement
pour décrire le comportement physique de la précontrainte.
1. Généralités
Le béton précontraint est actuellement régi par les rÚgles BPEL qui sont
progressivement remplacĂ©es par les normes Eurocodes, en particulier l’Eurocode 2
(béton) partie 1.1 (rÚgles générales et bùtiment) et partie 2 (Ponts). Les charges sont
dĂ©finies dans l’Eurocode 1. L’Eurocode 1 et 2 sont des normes semi probabilistes
basĂ©es sur la notion d’états limites. Les donnĂ©es de base (valeurs des actions Ă 
prendre en compte, performances mécaniques des matériaux mis en oeuvre, etc.) de
la justification d’une structure Ă©tant des grandeurs alĂ©atoires, une sĂ©curitĂ© absolue
ne peut ĂȘtre assurĂ©e. Partant de cette remarque, les normes proposent la dĂ©marche
suivante :
— recherche des phĂ©nomĂšnes Ă  Ă©viter (par exemple : fissuration, dĂ©formations
excessives, vibrations, plastification locale des matériaux, ruine) ;
— analyse des consĂ©quences de chacun de ces phĂ©nomĂšnes (par exemple :
inconfort, diminution de la durée de vie escomptée des ouvrages, risques pour les
usagers) ;
— dĂ©finition de critĂšres de sĂ©curitĂ© rĂ©duisant d’autant plus la probabilitĂ© d’occurrence
de ces phénomÚnes que les conséquences de leur apparition sont plus graves.
En pratique, à chaque phénomÚne à éviter correspond un état limite. Selon la gravité
des risques qui leurs sont associés, ces états limites se rangent en deux grandes
catégories : les états limites de service (ELS) et les états limites ultimes (ELU).
Vis-à-vis des ELS, on souhaite que les matériaux se comportent de façon réversible
(Ă©lastique la plupart du temps).
Vis-Ă -vis des ELU, au contraire, on accepte gĂ©nĂ©ralement qu’ils entrent dans leur
domaine de fonctionnement plastique.
Par ailleurs, les actions aussi bien que les caractÚres mécaniques des matériaux
sont définis par différentes valeurs représentatives, en particulier par des valeurs
dites caractĂ©ristiques. À partir des valeurs reprĂ©sentatives des actions, on forme
alors des combinaisons d’actions (ensemble d’actions Ă  considĂ©rer simultanĂ©ment
pour le dimensionnement) dans lesquelles les valeurs caractéristiques Fi sont
affectĂ©es de coefficients de prise en compte Îł d’autant plus importants qu’on
souhaite rĂ©duire la probabilitĂ© d’atteinte des effets des combinaisons en cause (ces
coefficients Îł sont donc plus grands dans les combinaisons aux ELU que dans les
combinaisons aux ELS).
Ces effets de calcul doivent ĂȘtre comparĂ©s aux capacitĂ©s de rĂ©sistance de la
structure, elles-mĂȘmes estimĂ©es Ă  partir, non pas des valeurs caractĂ©ristiques des
caractÚres mécaniques des matériaux
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  • 1. ECOLE NATIONALE DES PONTS ET CHAUSSEES BETON PRECONTRAINT Support de cours Gilles CAUSSE – Emmanuel BOUCHON – Pascal CHARLES DĂ©cembre 2007
  • 2. Notes prĂ©liminaires Ce document a Ă©tĂ© Ă©tabli sur la base du polycopiĂ© du cours de BĂ©ton PrĂ©contraint de l’École Nationale des Ponts en ChaussĂ©es, professĂ© par Robert Chaussin jusqu’en 2001. La mise Ă  jour a Ă©tĂ© effectuĂ©e en 2006-2007 par Pascal Charles et Florent Imberty (SĂ©tra), notamment pour tout ce qui concerne l’utilisation des normes europĂ©ennes (Eurocodes). Le cours est orientĂ© « ouvrages d’art » compte tenu de la profession de ses diffĂ©rents auteurs. Les principes exposĂ©s ici sont toutefois valables pour l’ensemble des structures en bĂ©ton prĂ©contraint.
  • 3. SOMMAIRE Chapitre I - GĂ©nĂ©ralitĂ©s 7 1. IntĂ©rĂȘt de la prĂ©contrainte 7 2. Principe du bĂ©ton prĂ©contraint 8 3. Conventions de signes 9 4. Notations 10 Chapitre II - ModalitĂ©s d'introduction de la prĂ©contrainte dans une structure 13 1. PrĂ©-tension 13 2. Post-tension 13 3. PrĂ©contrainte par dĂ©placements extĂ©rieurs imposĂ©s 14 Chapitre III - Effets de la prĂ©contrainte dans une structure 17 1. Équilibre d’un cĂąble de prĂ©contrainte dans le bĂ©ton 17 2. Effet de la prĂ©contrainte sur une structure 17 3. Structures isostatiques 17 4. Structures hyperstatiques 19 Chapitre IV - MatĂ©riaux 21 1. GĂ©nĂ©ralitĂ©s 21 1.1. Acier pour cĂąbles de prĂ©contrainte 21 1.2. BĂ©ton 21 2. BĂ©ton 22 2.1. RĂ©sistance en compression 22 2.2. RĂ©sistance en traction 23 2.3. Ciments 23 2.4. DĂ©formations du bĂ©ton 23 3. Armatures de prĂ©contrainte 28 3.1. Formes 28 3.2. Diagramme contraintes-dĂ©formations 29 3.3. Relaxation de l’acier 29 3.4. Corrosion sous tension 30 3.5. RĂ©sistance Ă  la fatigue 31 3.6. Élaboration 31 3.7. Homologation 32 4. MatĂ©riel de prĂ©contrainte par post-tension 33 4.1. GĂ©nĂ©ralitĂ©s 33 4.2. Armatures 33 4.3. Conduits 34 4.4. VĂ©rins 35
  • 4. 4.5. Ancrages 35 4.6. Injection et cachetage 42 Chapitre V - Calcul de la force de prĂ©contrainte 45 1. PrĂ©sentation des pertes 45 2. Tension Ă  l’origine 45 3. Pertes instantanĂ©es 46 3.1. Pertes par frottement 46 3.2. Pertes Ă  la mise en charge de l’ancrage (rentrĂ©e d’ancrage) 49 3.3. Pertes par dĂ©formation instantanĂ©e du bĂ©ton 50 4. Tension initiale 53 5. Pertes diffĂ©rĂ©es 53 5.1. Pertes par retrait 53 5.2. Pertes par fluage 53 5.3. Pertes par relaxation 54 5.4. Pertes diffĂ©rĂ©es totales 54 6. Tension Ă  un instant quelconque 55 7. Calcul manuels de pertes 55 Chapitre VI - Contexte rĂ©glementaire 57 1. GĂ©nĂ©ralitĂ©s 57 2. États-limites 58 3. Actions et valeurs reprĂ©sentatives 58 3.1. Actions permanentes 58 3.2. Actions variables 59 4. Sollicitations de calcul 59 4.1. Vis-Ă -vis des ELU 59 4.2. Vis-Ă -vis des ELS 60 5. Situations 60 6. Justifications vis-Ă -vis des Ă©tats-limites de service 61 6.1. Justifications Ă  la flexion 62 6.2. Justifications vis-Ă -vis de l’effort tranchant 67 7. Justifications vis-Ă -vis des Ă©tats-limites ultimes 67 7.1. Justifications Ă  la flexion 67 7.2. Justifications Ă  l’effort tranchant 67 Chapitre VII - Flexion ELS des poutres isostatiques non fissurĂ©es 69 1. GĂ©nĂ©ralitĂ©s 69 2. Notations 69 2.1. Section droite 70 2.2. Sollicitations appliquĂ©es Ă  la section 70 2.3. Contraintes normales dans le bĂ©ton 71 Centre et ligne de pression 71 3. Contraintes normales du bĂ©ton 73 3.1. Expression gĂ©nĂ©rale 73
  • 5. 3.2. Respect des contraintes limites 74 4. Valeur minimale de la prĂ©contrainte dans une section 75 4.1. Section sous-critique 76 4.2. Section sur-critique 76 4.3. CaractĂšre d’une section 78 4.4. Expressions dĂ©veloppĂ©es de P 78 4.5. Cas particulier important == σσ 79 4.6. Remarques diverses 80 5. Section minimale de bĂ©ton 80 5.1. Cas d’une section sous-critique 81 5.2. Cas d’une section sur-critique soumise Ă  des moments positifs 81 5.3. Cas d’une section sur-critique soumise Ă  des moments nĂ©gatifs 82 5.4. Remarque 82 6. RĂ©capitulation 83 6.1. HypothĂšse d’une section sous-critique 83 6.2. HypothĂšse d’une section sur-critique 83 7. Cas oĂč plusieurs valeurs de P interviennent dans le dimensionnement 84 Chapitre VIII - Flexion ELU des poutres isostatiques 89 1. GĂ©nĂ©ralitĂ©s 89 2. Équilibre d’une section Ă  rupture 89 3. CaractĂ©risation d’un Ă©tat-limite ultime 91 4. Comportement des matĂ©riaux 91 5. Principe des justifications 93 5.1. Sollicitations de calcul 93 5.2. RĂ©sistance de la section 95 5.3. Conduite des justifications 95 5.4. Mise en Ă©quations du problĂšme 96 Chapitre IX - Comportement sous effort tranchant 99 1. GĂ©nĂ©ralitĂ©s 99 1.1. Valeur de l’effort tranchant Ă  considĂ©rer 99 1.2. TolĂ©rances rĂ©glementaires 100 2. RĂ©sistance du bĂ©ton avant fissuration 100 2.1. Expression des contraintes de cisaillement 100 2.2. État des contraintes dans une Ăąme (ou dans une membrure) 100 2.3. ReprĂ©sentation de l’état des contraintes par le cercle de Mohr 101 2.4. Convenance de l’état des contraintes 103 3. Comportement aprĂšs fissuration 106 3.1. Approche qualitative 106 3.2. MĂ©thode rĂ©glementaire de l’EC2 107
  • 6.
  • 7. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 7 Chapitre I - GĂ©nĂ©ralitĂ©s 1. IntĂ©rĂȘt de la prĂ©contrainte Dans une poutre flĂ©chie en bĂ©ton armĂ©, la partie tendue du bĂ©ton ne participe pas Ă  la rĂ©sistance de la poutre ; le bĂ©ton en zone tendue sert essentiellement Ă  protĂ©ger les aciers passifs. Une premiĂšre solution pour Ă©largir le champ d’application du bĂ©ton armĂ© consiste travailler les coffrages pour minimiser la quantitĂ© de bĂ©ton en zone tendue (par exemple, remplacement d’une section rectangulaire par une section en tĂ©). Une quantitĂ© minimale de bĂ©ton reste toutefois nĂ©cessaire pour assurer l’enrobage et l’ancrage des aciers passifs. Si elle est tout Ă  fait acceptable pour les petites portĂ©es (bĂątiments et ouvrages d’art courants), cette solution n’est pas suffisante pour franchir de grandes portĂ©es. La prĂ©sence d’une quantitĂ© importante de matĂ©riau ne participant pas Ă  la rĂ©sistance est en effet un handicap majeur pour les grandes structures, oĂč le poids propre est une composante essentielle. Deux solutions sont alors couramment envisagĂ©es : les structures mixtes acier- bĂ©ton, dans lesquelles on remplace le bĂ©ton en zone tendue par des aciers de charpente qui travaillent bien en traction, et on connecte les deux matĂ©riaux de façon adĂ©quate ; et les structures en bĂ©ton prĂ©contraint, objet de ce cours. Nous ne dĂ©taillerons pas ici les avantages et inconvĂ©nients de chacune des deux solutions prĂ©cĂ©dentes. La rĂ©flexion et la comparaison sont menĂ©es projet par projet, notamment pour les grandes structures. Le choix est gĂ©nĂ©ralement conditionnĂ© in fine par des considĂ©rations Ă©conomiques. En France, le bĂ©ton armĂ© et prĂ©contraint a Ă©tĂ© trĂšs largement majoritaire jusqu’à la fin des annĂ©es 1980. Sa part de marchĂ© dans le domaine des ouvrages d’art s’est progressivement rĂ©duite au profit des structures mixtes, notamment dans les gammes de portĂ©es intermĂ©diaires (50 – 100m). Il reste toutefois trĂšs largement utilisĂ© en France dans le bĂątiment et les ouvrages d’art de petites portĂ©es (15 – 50m), ainsi que pour la gamme de portĂ©e situĂ©e entre 80 et 200m. Au-delĂ , ce sont les structures Ă  cĂąbles qui s'imposent ; leur tablier peut ĂȘtre en bĂ©ton prĂ©contraint ou mixte jusqu'Ă  500m de portĂ©e, et entiĂšrement mĂ©tallique au-delĂ . L'emploi du bĂ©ton prĂ©contraint reste trĂšs rĂ©pandu dans les pays en voie de dĂ©veloppement qui ne disposent pas des infrastructures nĂ©cessaires pour construire, acheminer et assembler des poutres mĂ©talliques dans des conditions Ă©conomiques. Enfin, la connaissance du bĂ©ton prĂ©contraint est indispensable pour tous les gestionnaires d’infrastructure, car le parc d’ouvrages d’art existants en France comporte un grand nombre d’ouvrages en bĂ©ton prĂ©contraint, en nombre et surtout en surface. Au 31 dĂ©cembre 2004, le rĂ©seau routier national français comportait 20% de ponts en bĂ©ton prĂ©contraint en nombre, ce chiffre Ă©tant portĂ© Ă  50% si l’on raisonne en terme de surface de tablier.
  • 8. 8 Chapitre I - GĂ©nĂ©ralitĂ©s 2. Principe du bĂ©ton prĂ©contraint Le bĂ©ton est un matĂ©riau qui rĂ©siste bien Ă  la compression, mais peu, et surtout alĂ©atoirement, Ă  la traction. Il est donc intĂ©ressant de construire en bĂ©ton, mais en Ă©vitant que ce matĂ©riau soit trop tendu, et risque de se fissurer. Et pour cela, il faut le comprimer de façon artificielle et en permanence, dans des zones oĂč les charges extĂ©rieures dĂ©veloppent des tractions de façon qu’au total le bĂ©ton reste comprimĂ© (ou assez peu tendu pour ne pas risquer de fissurer) et donc rĂ©sistant Ă  tout cas de charge. L’effort de compression volontairement dĂ©veloppĂ© Ă  cet effet est appelĂ© l’effort de prĂ©contrainte (ou la prĂ©contrainte). Le remĂšde ne doit pas pĂȘcher par excĂšs : la compression totale du bĂ©ton doit rester infĂ©rieure Ă  une valeur raisonnable de façon Ă  Ă©viter tout risque de fissuration longitudinale des Ă©lĂ©ments prĂ©contraints par excĂšs de compression (alors que les tractions y dĂ©veloppent gĂ©nĂ©ralement des fissures transversales). Au total, un ouvrage en bĂ©ton est dit en bĂ©ton prĂ©contraint quand il est soumis Ă  un systĂšme d’efforts crĂ©Ă©s artificiellement pour engendrer des contraintes permanentes, qui, composĂ©es avec les contraintes dues aux charges extĂ©rieures, donnent des contraintes totales comprises entre les limites que le bĂ©ton peut supporter indĂ©finiment, en toute sĂ©curitĂ©. La philosophie ainsi exposĂ©e est celle de la prĂ©contrainte totale. Bien entendu, la prĂ©contrainte d’un ouvrage ne peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e que pour des charges appartenant Ă  un domaine limitĂ©, supposĂ© connu Ă  l’avance. Si ce domaine inclut des charges rarement atteintes dans la rĂ©alitĂ©, les principes prĂ©cĂ©dents peuvent entraĂźner un surdimensionnement de la prĂ©contrainte, conduisant Ă  faire travailler la matiĂšre dans des conditions peu rationnelles sous l’effet de charges effectivement appliquĂ©es pendant la majeure partie de la vie de l’ouvrage. C’est pourquoi s’est dĂ©veloppĂ© progressivement la notion de prĂ©contrainte partielle : la dĂ©compression du bĂ©ton n’y est interdite que sous l’effet des charges permanentes ou quasi-permanentes. Sous l’effet de charges plus agressives, on admet que des fissures puissent se former (comme en bĂ©ton armĂ©) Ă  condition que leur ouverture demeure suffisamment limitĂ©e pour : qu’elles soient rĂ©versibles et se referment donc sous charges permanentes ou quasi-permanentes que les risques de corrosion et de fatigue des armatures soient nĂ©gligeables Dans tous les cas, la valeur minimale de la prĂ©contrainte rĂ©sulte de la valeur plancher imposĂ©e Ă  la contrainte normale du bĂ©ton (comptĂ©e algĂ©briquement positive lorsqu’elle est de compression) : sous l’effet des cas de charge les plus agressifs lorsqu’on est en prĂ©contrainte totale. sous l’effet des seules charges permanentes ou quasi-permanentes lorsque l’on est en prĂ©contrainte partielle.
  • 9. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 9 3. Conventions de signes Les conventions de signe adoptĂ©es sont celles de la rĂ©sistance des matĂ©riaux, qui diffĂšrent de celles de la mĂ©canique des milieux continus. Ces conventions ont pour but de donner des grandeurs qui restent en gĂ©nĂ©ral positives dans un fonctionnement courant des matĂ©riaux et des structures. Charges appliquĂ©es Ă  une poutre : On compte gĂ©nĂ©ralement les charges positivement lorsqu’elles sont dirigĂ©es vers le bas (gravitĂ© = action dominante !) Sollicitations dans une poutre : Un effort normal de compression est comptĂ© positivement (fonctionnement naturel des poutres prĂ©contraintes et des poteaux). Pour une poutre horizontale orientĂ©e de gauche Ă  droite, un moment positif comprime la fibre supĂ©rieure (fonctionnement normal d’une poutre isostatique sous charges de pesanteur). La convention pour l’effort tranchant est variable selon les auteurs, nous adoptons celle reprĂ©sentĂ©e sur la figure ci-dessous. Les moments de flexion sont reprĂ©sentĂ©s positivement vers le bas. La figure suivante montre les moments de flexion d’une poutre continue Ă  2 travĂ©es identiques sous charge uniformĂ©ment rĂ©partie. Contraintes et dĂ©formations du bĂ©ton : σc > 0 en compression, Δc > 0 en raccourcissement Contraintes et dĂ©formations des aciers passifs : σs > 0 en traction, Δc > 0 en allongement Contraintes et dĂ©formations des aciers de prĂ©contrainte : σp > 0 en traction, Δp > 0 en allongement, σp > 0 en surtension Ces conventions ont Ă©tĂ© retenues au niveau europĂ©en dans l'Eurocode 2. + orientation >0 >0 >0
  • 10. 10 Chapitre I - GĂ©nĂ©ralitĂ©s 4. Notations Les notations utilisĂ©es dans ce document sont systĂ©matiquement celles des normes europĂ©ennes, et plus particuliĂšrement celle de l’Eurocode 2 qui traite du calcul des structures en bĂ©ton. Rappelons en effet qu'un des objectifs premiers de la normalisation europĂ©enne est de fournir un langage commun Ă  toute la communautĂ©, afin de faciliter les libres Ă©changes entre pays. Les Eurocodes ont Ă©tĂ© traduits dans les diffĂ©rentes langues des pays membres du ComitĂ© EuropĂ©en de Normalisation (CEN), mais les notations ont Ă©tĂ© laissĂ©es inchangĂ©es afin de faciliter la comprĂ©hension d’un Ă©tat Ă  l’autre. Les lettres utilisĂ©es sont basĂ©es principalement sur la langue anglaise. Une mĂȘme lettre peut avoir plusieurs significations selon le contexte dans lequel elle est employĂ©e. Voici quelques symboles d’origine anglo-saxonne couramment rencontrĂ©s dans l’Eurocode 2 : concrete (bĂ©ton) steel (acier) mean (moyenne) caracteristic (caractĂ©ristique) tension (traction) compression (compression) area (section, surface) elastic modulus (module Ă©lastique) design (valeur de calcul) effect of actions (sollicitations) force (force) resistance On forme ensuite des expressions formĂ©es de lettres et d’un ou plusieurs indices. Voici les plus courantes : surface de la section transversale du bĂ©ton surface des aciers de prĂ©contrainte surface des aciers de type bĂ©ton armĂ© module d’élasticitĂ© du bĂ©ton module d’élasticitĂ© de la prĂ©contrainte action permanente moment flĂ©chissant force de prĂ©contrainte action variable effort tranchant valeur de calcul de la sollicitation valeur de calcul de l’effort tranchant effort tranchant rĂ©sistant excentricitĂ© de la prĂ©contrainte rĂ©sistance Ă  la compression du bĂ©ton
  • 11. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 11 rĂ©sistance caractĂ©ristique du bĂ©ton en compression rĂ©sistance moyenne du bĂ©ton en compression rĂ©sistance Ă  la traction des aciers de prĂ©contrainte rĂ©sistance moyenne Ă  la traction du bĂ©ton fractile 95% de la rĂ©sistance caractĂ©ristique en traction du bĂ©ton (95% des Ă©chantillons ont une rĂ©sistance en traction infĂ©rieure Ă  cette valeur) fractile 5% de la rĂ©sistance caractĂ©ristique en traction du bĂ©ton (5% des Ă©chantillons ont une rĂ©sistance en traction infĂ©rieure Ă  cette valeur) coefficient partiel de sĂ©curitĂ© c contrainte de compression dans le bĂ©ton p contrainte de traction dans l’acier de prĂ©contrainte Les notations seront introduites au fur et Ă  mesure dans le texte.
  • 12.
  • 13. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 13 Chapitre II - ModalitĂ©s d'introduction de la prĂ©contrainte dans une structure Avant d’entrer dans le dĂ©tail des justifications de structures en bĂ©ton prĂ©contraint, il est essentiel d’en connaĂźtre la technologie. C’est en effet le dĂ©veloppement d’aciers Ă  haute limite d’élasticitĂ© et de matĂ©riels adaptĂ©s qui a permis l’essor du bĂ©ton prĂ©contraint. Il existe deux mĂ©thodes de mise en tension des cĂąbles dans une structure. A chacune de ces mĂ©thodes sont associĂ©es des technologies de prĂ©contrainte spĂ©cifiques. 1. PrĂ©-tension C’est une mĂ©thode utilisĂ©e en usine, pour prĂ©fabriquer des poutres prĂ©contraintes destinĂ©es Ă  ĂȘtre incorporĂ©es dans des constructions en tant que « produits ». Les cĂąbles sont tendus prĂ©alablement au coulage de la poutre, sur un banc de prĂ©fabrication capable de reprendre les efforts engendrĂ©s (ce qui nĂ©cessite des installations spĂ©cifiques, qui ne sont gĂ©nĂ©ralement pas disponibles sur chantier). Ils sont gĂ©nĂ©ralement rectilignes d’un bout Ă  l’autre du banc de prĂ©fabrication. On coule ensuite des Ă©lĂ©ments directement au contact avec les cĂąbles. AprĂšs prise du bĂ©ton, les cĂąbles sont relĂąchĂ©s Ă  leurs extrĂ©mitĂ©s, et coupĂ©s Ă  la sortie des poutres, entraĂźnant la mise en prĂ©contrainte de la poutre grĂące Ă  un transfert par adhĂ©rence de l’effort entre les cĂąbles et le bĂ©ton. Les cĂąbles ne sont pas gainĂ©s en partie courante, puisqu’ils doivent permettre une parfaite adhĂ©rence avec le bĂ©ton. Il est toutefois possible de gainer certains cĂąbles Ă  leurs extrĂ©mitĂ©s, pour diminuer la prĂ©contrainte aux abouts (elle peut en effet avoir des effets dĂ©favorables prĂšs des abouts). La prĂ©contrainte par prĂ©-tension est rĂ©alisĂ©e Ă  l'aide de fils crantĂ©s Ă  haute limite d'Ă©lasticitĂ© (HLE), ou de torons constituĂ©s de 3 ou 7 fils Ă©lĂ©mentaires. La prĂ©-tension s’accompagne des autres techniques liĂ©es Ă  la prĂ©fabrication : formulation adaptĂ©e des bĂ©tons, Ă©tuvage des poutres pour accĂ©lĂ©rer la prise du bĂ©ton et permettre un dĂ©cintrement et une mise en prĂ©contrainte rapide. Les conditions d’emploi de la prĂ©-tension sont conditionnĂ©es par plusieurs facteurs : possibilitĂ©s de manutention et transport des poutres (liĂ©es Ă  leur poids et Ă  leur encombrement), dimensions des bancs de prĂ©fabrication en usine La prĂ©contrainte par prĂ©-tension est trĂšs utilisĂ©e dans le domaine du bĂątiment. Toutefois, il est difficile en France de dĂ©passer des longueurs de poutres supĂ©rieures Ă  30m. 2. Post-tension La technique de post-tension consiste Ă  prendre appui sur le bĂ©ton dĂ©jĂ  durci pour tendre le cĂąble de prĂ©contrainte. L'Ă©lĂ©ment en bĂ©ton est donc coulĂ© au prĂ©alable, avec des rĂ©servations pour le passage ultĂ©rieur de la prĂ©contrainte. Lorsque le bĂ©ton atteint une rĂ©sistance suffisante, la prĂ©contrainte est enfilĂ©e et tendue Ă  l'aide de vĂ©rins.
  • 14. 14 Chapitre II - ModalitĂ©s d'introduction de la prĂ©contrainte dans une structure Figure 1 - Mise en tension d’un cĂąble (post-tension) La post-tension permet de mettre en Ɠuvre des forces de prĂ©contrainte beaucoup plus importantes que la prĂ©-tension, puisque la rĂ©sistance du banc de prĂ©fabrication n'est plus un facteur limitant. La post-tension est trĂšs utilisĂ©e en ouvrages d'art pour les grandes portĂ©es. Les matĂ©riaux utilisĂ©s pour la prĂ©contrainte par post-tension peuvent ĂȘtre : - des cĂąbles constituĂ©s de torons - des cĂąbles prĂ©fabriquĂ©s constituĂ©s de fils boutonnĂ©s - des barres de prĂ©contrainte La prĂ©contrainte peut ĂȘtre : - intĂ©rieure au bĂ©ton : les cĂąbles sont entiĂšrement noyĂ©s dans la structure ; une fois tendus ils sont injectĂ©s au coulis de ciment et ne sont plus inspectables. - extĂ©rieure au bĂ©ton : en partie courante, les cĂąbles restent visibles, ils ne sont noyĂ©s dans la structure qu'au niveau des extrĂ©mitĂ©s et en des points singuliers permettant de les dĂ©vier. Ils sont gĂ©nĂ©ralement injectĂ©s Ă  la cire. Par le passĂ©, ces cĂąbles ont souvent Ă©tĂ© injectĂ©s au coulis de ciment. 3. PrĂ©contrainte par dĂ©placements extĂ©rieurs imposĂ©s Les deux mĂ©thodes de prĂ©contrainte dĂ©crites prĂ©cĂ©demment sont les plus courantes et les plus efficaces. Il existe une troisiĂšme famille de solutions, consistant Ă  prĂ©contraindre la structure par des dĂ©placements imposĂ©s. Deux mĂ©thodes sont utilisĂ©es en pratique : des vĂ©rins appliquĂ©s entre la structure et des butĂ©es fixes. Les dĂ©placements sont ensuite bloquĂ©s par bĂ©tonnage. des « dĂ©nivellations d’appuis » de structures continues (voir ponts mixtes notamment, oĂč cette technique permet de prĂ©contraindre la dalle en bĂ©ton au niveau des appuis intermĂ©diaires) On peut noter que dans les Eurocodes le terme gĂ©nĂ©rique de prĂ©contrainte recouvre toutes les notions prĂ©cĂ©dentes (prĂ©contrainte par cĂąbles, par vĂ©rinage ou par dĂ©nivellation d’appuis). Toutefois dans l’Eurocode 2 le terme prĂ©contrainte dĂ©signe exclusivement la prĂ©contrainte par cĂąbles. Pour comparer les mĂ©thodes prĂ©cĂ©dentes, considĂ©rons un tirant en bĂ©ton de section Ac = 1mÂČ, de module Ecm = 30 000 MPa, de longueur L = 10m, prĂ©contraint Ă  = 3 MPa. L’effort nĂ©cessaire pour prĂ©contraindre le tirant est F = Ac· = 3 MN Le raccourcissement Ă©lastique du bĂ©ton sous l’effet de cette prĂ©contrainte est c = c·L = c / Ecm · L = 3 / 30 000 · 10 = 1 mm
  • 15. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 15 Si l’effort a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă  l’aide de vĂ©rins directement appliquĂ©s au bĂ©ton, le travail accompli pour prĂ©contraindre la structure est Ă©gal Ă  W = F· c = 3 kNm Si l’effort a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă  l’aide de cĂąbles de prĂ©contrainte, tendus Ă  1200 MPa, l’allongement des cĂąbles pendant la mise en tension est Ă©gal Ă  : p = p·L = p / Ep · L = 1200 / 200 000 · 10 = 60 mm Le travail accompli pour prĂ©contraindre la structure est donc Ă©gal Ă  W = F·( c+ p) = 183 kNm La prĂ©contrainte par cĂąble permet ainsi d’emmagasiner dans la structure une quantitĂ© d’énergie beaucoup plus grande que dans le cas d’une prĂ©contrainte directe par dĂ©placements extĂ©rieurs imposĂ©s. La prĂ©contrainte par cĂąbles permet donc de s’accommoder beaucoup plus facilement des pertes d’énergie qui surviennent au cours de la vie de l’ouvrage (notamment retrait, fluage et relaxation). En pratique, la prĂ©contrainte directe par vĂ©rins est utilisĂ©e uniquement dans les cas oĂč on souhaite imposer un dĂ©placement entre deux points de la structure. C’est le cas par exemple pour le clavage des ponts en arc. Par la suite, seule la prĂ©contrainte par cĂąbles sera Ă©voquĂ©e.
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  • 17. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 17 Chapitre III - Effets de la prĂ©contrainte dans une structure 1. Équilibre d’un cĂąble de prĂ©contrainte dans le bĂ©ton La mise en tension d'un cĂąble crĂ©e un ensemble de forces {F} exercĂ©es par le cĂąble sur le bĂ©ton. Dans le cas de la post-tension, {F} est composĂ© : des efforts concentrĂ©s Ă  l'ancrage des forces de frottement rĂ©parties le long du cĂąble, crĂ©es par le dĂ©placement relatif entre le cĂąble et le bĂ©ton lors de la mise en tension du cĂąble des forces de pression dans les zones de courbure du cĂąble Dans le cas de la prĂ©-tension, {F} est composĂ© : des efforts de cisaillement aux extrĂ©mitĂ©s du cĂąble, sur la longueur de transmission des forces de pression dans les zones de courbure Ă©ventuelles On note {Ί} les forces exercĂ©es par le bĂ©ton sur le cĂąble. On a bien sĂ»r par rĂ©ciprocitĂ© {Ί} = {-F}. Figure 2 - Équilibre d'ensemble d'un cĂąble. Forces {ΊΊΊΊ} exercĂ©es par le bĂ©ton sur le cĂąble Le cĂąble n’est en contact qu’avec le bĂ©ton (par l’intermĂ©diaire de sa gaine en partie courante et de ses ancrages aux extrĂ©mitĂ©s dans le cas de la post-tension). Le cĂąble est donc en Ă©quilibre sous l'action des forces {Ί}, ce qui implique {Ί}={0}. D'oĂč {F}={0} : le cĂąble exerce sur la structure en bĂ©ton un systĂšme de forces auto-Ă©quilibrĂ©es. 2. Effet de la prĂ©contrainte sur une structure Sous l'action de la prĂ©contrainte, le bĂ©ton est Ă©galement en Ă©quilibre. Le bĂ©ton est soumis au systĂšme de forces {F}, ainsi qu'aux rĂ©actions d'appui {R}. Donc {F} + {R} = {0} Donc {R} = {0} Les rĂ©actions d'appui dues Ă  la prĂ©contrainte constituent un systĂšme de forces auto-Ă©quilibrĂ©es. 3. Structures isostatiques Pour une structure isostatique, par dĂ©finition, {R} = {0} implique que toutes les rĂ©actions d'appui sont nulles. On peut alors dĂ©montrer le rĂ©sultat fondamental suivant :
  • 18. 18 Chapitre III - Effets de la prĂ©contrainte dans une structure Dans une structure isostatique, le torseur des sollicitations {SP} dues Ă  un cĂąble de prĂ©contrainte dans une section donnĂ©e est Ă©gal et opposĂ© au torseur rĂ©sultant de l'application d'un effort tP au niveau cĂąble, oĂč P est la tension du cĂąble dans cette section t est le vecteur tangent au cĂąble dans cette section Figure 3 - Sollicitations dĂ©veloppĂ©es par le cĂąble dans la section droite ÎŁÎŁÎŁÎŁ Ce rĂ©sultat est remarquable : l'effet de la prĂ©contrainte dans une section donnĂ©e ne dĂ©pend que de la position du cĂąble et de sa tension dans cette section, indĂ©pendamment de son tracĂ© dans le reste de la structure. DĂ©monstration : On considĂšre une section (ÎŁ), qui coupe le cĂąble en deux tronçons (Pg) et (Pd), et qui coupe le bĂ©ton en deux parties (Bg) et (Bd). On note (SP) les sollicitations dans la section (ÎŁ), action de la partie Bd sur la partie Bg. Comme prĂ©cĂ©demment, on note {Ίg} l'action du bĂ©ton (Bg) sur le cĂąble. Le tronçon de cĂąble (Pg) est en Ă©quilibre. Il est soumis aux efforts {Ίg} et { tP } : {Ίg} + { tP } = {0} Le bĂ©ton (Bg) est en Ă©quilibre. Il est soumis aux efforts -{Ίg}, {S} et aux rĂ©actions d'appui {Rg}. -{Ίg}+ {S} + {Rg} = {0} Or pour les structures isostatiques on sait que les rĂ©actions d’appui dues Ă  la prĂ©contrainte sont toutes identiquement nulles. Donc {Rg} = {0} et {S} = -{ tP } Application Ă  une poutre isostatique plane : Le systĂšme des sollicitations dans la section droite se rĂ©duit Ă  la force de tension du cĂąble au point M : ≈= α α= ( ) ≈= α (En gĂ©nĂ©ral, les angles du cĂąble par rapport Ă  la fibre moyenne de la poutre sont faibles, d’oĂč cos( ) 1,0)
  • 19. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 19 Figure 4 - Effet de la prĂ©contrainte dans une poutre isostatique 4. Structures hyperstatiques Deux mĂ©thodes sont couramment utilisĂ©es pour dĂ©terminer les effets de la prĂ©contrainte dans une structure hyperstatique : mĂ©thode externe et mĂ©thode interne. La mĂ©thode externe (appelĂ©e Ă©galement mĂ©thode directe) est la plus gĂ©nĂ©rale, et est souvent utilisĂ©e par les logiciels de calcul de structure. Elle consiste Ă  modĂ©liser l'action du cĂąble par l'ensemble des forces {F}. Ces efforts sont calculĂ©s Ă  partir de la gĂ©omĂ©trie du cĂąble et du mode de mise en tension (voir chapitre sur le calcul des pertes). Une fois ces efforts connus, on est ramenĂ© au problĂšme gĂ©nĂ©ral de dĂ©termination des sollicitations dans une structure soumise Ă  un ensemble d'efforts quelconques, et la rĂ©solution peut se faire par les mĂ©thodes usuelles de rĂ©sistance des matĂ©riaux : mĂ©thode des forces, mĂ©thode des dĂ©placements, Ă©lĂ©ments finis
 La mĂ©thode interne est applicable uniquement aux systĂšmes composĂ©s de poutres ; elle est basĂ©e sur la mĂ©thode des forces : on choisit un systĂšme isostatique associĂ© sur lequel on dĂ©termine les effets de la prĂ©contrainte, et on dĂ©termine ensuite les inconnues hyperstatiques. En utilisant les rĂ©sultats dĂ©montrĂ©s au paragraphe prĂ©cĂ©dent, on sait dĂ©terminer de façon immĂ©diate les effets de la prĂ©contrainte dans une structure isostatique, sans avoir Ă  dĂ©terminer prĂ©cisĂ©ment l'ensemble des forces {F}. Il ne reste alors qu’à dĂ©terminer les rĂ©actions hyperstatiques dĂ©veloppĂ©es par la prĂ©contrainte en utilisant les thĂ©orĂšmes classiques de la mĂ©thode des forces. Pour les calculs manuels, le choix entre les deux mĂ©thodes est fait au cas par cas.
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  • 21. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 21 Chapitre IV - MatĂ©riaux Ce chapitre donne les indications essentielles au calcul des structures en bĂ©ton prĂ©contraint. On renvoie aux cours de bĂ©ton armĂ© et aux normes pour le dĂ©tail des caractĂ©ristiques des matĂ©riaux. 1. GĂ©nĂ©ralitĂ©s Le bĂ©ton prĂ©contraint exige l’emploi de matĂ©riaux de haute qualitĂ©, mis en oeuvre avec soin. Il permet de les utiliser sous des contraintes Ă©levĂ©es, notamment Ă  la construction (c’est-Ă -dire au moment de la mise en tension des cĂąbles). 1.1. Acier pour cĂąbles de prĂ©contrainte L’acier pour cĂąbles de prĂ©contrainte doit ĂȘtre de haute rĂ©sistance, pour pouvoir ĂȘtre tendu Ă  un taux initial trĂšs Ă©levĂ© (couramment compris entre 1 200 et 1 500 MPa, sauf pour les barres). Cette tension initiale, pas trĂšs Ă©loignĂ©e de la contrainte de rupture, n’est pas dangereuse car elle diminue progressivement par suite des pertes de prĂ©contrainte. Par ailleurs, la tension utile finale est d’autant plus Ă©levĂ©e que le sont davantage la tension initiale et donc la rĂ©sistance de l’acier. 1.2. BĂ©ton Le bĂ©ton doit Ă©galement ĂȘtre de trĂšs bonne qualitĂ©. En effet, tant qu’il n’est pas prĂ©contraint, il risque de se fissurer sous l’effet de la gĂȘne qu’apportent les coffrages Ă  son retrait ; pour Ă©viter cela, il faut mettre ce bĂ©ton en prĂ©contrainte trĂšs tĂŽt alors que, jeune encore, il prĂ©sente une rĂ©sistance limitĂ©e. Le bĂ©ton doit donc ĂȘtre de haute rĂ©sistance et acquĂ©rir celle-ci trĂšs vite. Il est en effet trĂšs sollicitĂ©, au moment des mises en tension : — en section courante, car la prĂ©contrainte a sa valeur maximale (les pertes n’étant pas encore effectuĂ©es) ; de plus, les charges extĂ©rieures (dont l’effet est opposĂ© Ă  celui de la prĂ©contrainte) sont souvent incomplĂštes (par exemple, si des superstructures ne sont pas encore mises en place) ; — localement, sous ancrages, zones oĂč s’exerce un effort trĂšs concentrĂ©. Pour limiter la sollicitation du bĂ©ton jeune, on tend frĂ©quemment les cĂąbles en plusieurs phases successives : du tiers Ă  la moitiĂ© des cĂąbles Ă  7 j environ aprĂšs coulage du bĂ©ton (pour pouvoir dĂ©cintrer la poutre, qui peut alors porter son poids), et le reste Ă  une date gĂ©nĂ©ralement comprise entre 15 et 30 j aprĂšs coulage. De plus, on dispose souvent les ancrages dans une piĂšce d’about prĂ©fabriquĂ©e en bĂ©ton frettĂ© et suffisamment ĂągĂ© pour pouvoir rĂ©sister aux efforts localisĂ©s sous ancrages. De toute façon, la mise en prĂ©contrainte constitue pour le bĂ©ton une Ă©preuve prĂ©alable dĂ©terminante (car en vraie grandeur) qui ne lui pardonnerait pas une Ă©ventuelle mĂ©diocritĂ©.
  • 22. 22 Chapitre IV - MatĂ©riaux 2. BĂ©ton 2.1. RĂ©sistance en compression Le bĂ©ton est caractĂ©risĂ© par sa rĂ©sistance en compression Ă  28 jours. La mesure de cette rĂ©sistance se fait selon la norme NF EN 12390. Elle peut se faire sur cylindre ou sur cube. En France, elle se fait habituellement par Ă©crasement d’éprouvettes cylindriques de 200cmÂČ de section (diamĂštre = 160mm) et de 320mm de hauteur (Ă©prouvette dite « 16/32 »). On note fcm la rĂ©sistance moyenne Ă  28 jours fck la rĂ©sistance caractĂ©ristique Ă  28 jours (fractile 5%) mesurĂ©e sur cylindre fck,cube la rĂ©sistance caractĂ©ristique Ă  28 jours (fractile 5%) mesurĂ©e sur cube La norme NF EN 206-1 indique comment, Ă  partir des rĂ©sultats d’essais sur un nombre fini d’éprouvettes, on dĂ©termine fcm et fck par une analyse statistique. Pour les pays qui utiliseraient des mesures sur cubes, l’Eurocode 2 donne les relations entre fck et fck,cube. Toutes les formules de l’Eurocode 2 sont ensuite exprimĂ©es en fonction de fck. On obtient couramment fck = 30 MPa (par exemple, pour des ouvrages coulĂ©s en place) et, avec un peu plus de soin, 35 ou 40 MPa. À l’heure actuelle, l’utilisation de fluidifiants permet d’atteindre fck = 60 MPa et mĂȘme, moyennant l’adjonction de fumĂ©es de silice, 80 Ă  100 MPa. La dĂ©nomination des bĂ©tons est de la forme « C 35 / 45 » oĂč C dĂ©signe le bĂ©ton (Concrete), le premier nombre est la rĂ©sistance caractĂ©ristique Ă  28j sur Ă©prouvette cylindrique, le second est la rĂ©sistance Ă  28j sur Ă©prouvette cubique (avec le mĂȘme bĂ©ton). Pour les bĂ©tons traditionnels, l’allure de la croissance de la rĂ©sistance du bĂ©ton en fonction de son Ăąge ( t = nombre de jours) est donnĂ©e par la formule de l’EC2 : ÎČ= avec −=ÎČ s est un coefficient qui dĂ©pend du type de ciment : = 0,20 pour les ciments de classe de rĂ©sistance CEM 42,5 R, CEM 52,5 N et CEM 52,5 R (Classe R) = 0,25 pour les ciments de classe de rĂ©sistance CEM 32,5 R, CEM 42,5 N (Classe N) = 0,38 pour les ciments de classe de rĂ©sistance CEM 32,5 N (Classe S) La rĂ©sistance caractĂ©ristique s’en dĂ©duit par la relation −= Les valeurs rĂ©sultant de cette formule, considĂ©rĂ©es comme normalement respectĂ©es par tous les bĂ©tons sans prescription particuliĂšre, sont gĂ©nĂ©ralement pessimistes. Par ailleurs, on admet, pour les calculs, qu’au-delĂ  de 28 j, la rĂ©sistance plafonne Ă  sa valeur fck , bien qu’en pratique elle continue Ă  augmenter.
  • 23. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 23 2.2. RĂ©sistance en traction La rĂ©sistance moyenne en traction fctm se dĂ©duit de fck par : = pour des bĂ©tons de classe infĂ©rieure ou Ă©gale Ă  C50/60 += pour des bĂ©tons de classe supĂ©rieure La loi de variation de la rĂ©sistance Ă  la traction du bĂ©ton en fonction du temps est : ( )α ÎČ= avec α=1 pour t<28j et α=2/3 pour t> 28j. 2.3. Ciments Le bĂ©ton doit ĂȘtre rapidement rĂ©sistant. Le ciment doit, par ailleurs, ĂȘtre dĂ©pourvu de tout produit risquant de corroder l’acier des cĂąbles et, particuliĂšrement, de chlorures (l’emploi de CaCl2 doit notamment ĂȘtre proscrit). On emploie donc de prĂ©fĂ©rence le ciment Portland artificiel (obligatoire dans le cas de la prĂ©-tension, les armatures de prĂ©contrainte Ă©tant alors en contact direct avec le bĂ©ton) de classe 45, 55 ou HP, et Ă©ventuellement de sous-classe rapide lorsqu’une haute rĂ©sistance initiale est nĂ©cessaire. Le ciment influe sur la montĂ©e en rĂ©sistance du bĂ©ton (voir ci-dessus). 2.4. DĂ©formations du bĂ©ton 2.4.1. DĂ©formation sous chargement instantanĂ© Soumettons un prisme de bĂ©ton Ă  une dĂ©formation croissante, et traçons le diagramme reprĂ©sentant le raccourcissement relatif ∆ =Δ en fonction de σ (Figure 5). Figure 5 - DĂ©formation du bĂ©ton sous chargement instantanĂ© Le diagramme obtenu est sensible Ă  la vitesse de montĂ©e en dĂ©formation. C’est pourquoi il est indispensable d’opĂ©rer Ă  vitesse normalisĂ©e. Le fonctionnement est tout d’abord Ă©lastique (O ) : On peut dĂ©finir un module Ă©lastique moyen qui est Ă©gal au module sĂ©cant pour =σ
  • 24. 24 Chapitre IV - MatĂ©riaux La courbe σ(Δ) passe par un maximum, dit pic de contrainte, pour une dĂ©formation Δc1 de l’ordre de 2.10−3 , la rupture du bĂ©ton ne survenant que pour un raccourcissement estimĂ©, en gĂ©nĂ©ral, Ă  Δcu= 3,5.10-3 . L’hypothĂšse classique du comportement Ă©lastique n’est valable que pour ≀σ , mais reste pourtant acceptable jusqu’à 0,6fck. Au- delĂ , il faut recourir Ă  d’autres modĂšles reprĂ©sentant correctement le comportement du bĂ©ton jusqu’à rupture. En traction, le bĂ©ton est fragile et ne prĂ©sente pratiquement pas d’allongement plastique. 2.4.2. Retrait du bĂ©ton Formulation Le retrait est le raccourcissement spontanĂ© du bĂ©ton au cours de son durcissement en l’absence de toute contrainte. Le retrait a plusieurs origines, mais les deux effets principaux sont le retrait d’origine chimique, dit « retrait endogĂšne » et le retrait de dessication ou retrait de sĂ©chage. Le retrait endogĂšne est dĂ» Ă  une diminution du volume de bĂ©ton du fait de la rĂ©action chimique de prise du bĂ©ton. Les molĂ©cules avant rĂ©action chimique occupent en effet un volume plus Ă©levĂ© que les molĂ©cules aprĂšs rĂ©action, ce qui engendre donc une diminution de volume. Le retrait de dessication provient de l’évaporation des molĂ©cules d’eau non consommĂ©es par la rĂ©action chimique. Ceci entrainte Ă©galement un raccourcissement du bĂ©ton. Ce raccourcissement total peut se mettre sous la forme : ΔΔΔ += (retrait de dessication et retrait endogĂšne) Le retrait de dessication est donnĂ© par : ΔÎČΔ = avec +− − =ÎČ et = oĂč u est le pĂ©rimĂštre de la section et Ac la section de bĂ©ton.
  • 25. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 25 Le retrait endogĂšne est donnĂ© par : −−=−=∞∞= − ÎČΔΔÎČΔ ConsĂ©quences du retrait Si le bĂ©ton est empĂȘchĂ© d’effectuer son retrait, il se met en traction. Il faut donc Ă©viter d’entraver ce retrait (notamment en libĂ©rant dĂšs que possible le bĂ©ton de ses coffrages, et donc en le prĂ©contraignant rapidement) ; il faut aussi empĂȘcher que les diverses parties d’une mĂȘme piĂšce aient des vitesses de retrait trop variables (ce qui se produit si leurs Ă©paisseurs sont trĂšs diffĂ©rentes, ou si elles sont bĂ©tonnĂ©es Ă  des Ă©poques diffĂ©rentes) ; il faut alors soigner la cure du bĂ©ton en l’humidifiant en permanence durant plusieurs jours. Enfin, le raccourcissement de retrait provoque une diminution progressive de la tension dans les armatures de prĂ©contrainte. 2.4.3. Fluage du bĂ©ton Formulation Par dĂ©finition, c’est le raccourcissement progressif du bĂ©ton sous contrainte constante, retrait dĂ©duit. Ce phĂ©nomĂšne est, lui aussi, liĂ© Ă  la migration de l’eau Ă  l’intĂ©rieur du bĂ©ton. À la dĂ©formation instantanĂ©e σ Δ = vient se superposer une dĂ©formation de fluage σ φΔ = qui tend vers une limite finie lorsque t tend vers l’infini.
  • 26. 26 Chapitre IV - MatĂ©riaux Au temps infini, la dĂ©formation totale vaut donc : ( )σ φΔ ∞+= Le modĂšle de visco-Ă©lasticitĂ© linĂ©aire utilisĂ© ici est basĂ© sur les deux hypothĂšses fondamentales suivantes. HypothĂšse de proportionnalitĂ© : dans une expĂ©rience de fluage pur (contrainte σ0 maintenue constante depuis t0), la rĂ©ponse Δ(t) est proportionnelle Ă  σ0 : σΔ = HypothĂšse de superposition (principe de Boltzmann) qui peut s’énoncer ainsi : l’effet d’une somme est Ă©gal Ă  la somme des effets. Si donc, aprĂšs avoir chargĂ© une Ă©prouvette par σ0 Ă  partir de t0, on lui applique une variation de contrainte ∆σ1 Ă  partir de t1, on a, pour t>t1 : σσΔ ∆+= DĂšs lors, la rĂ©ponse Ă  une histoire de chargement : += ττσσσ peut s’écrire : += τττσσΔ Cette modĂ©lisation prĂ©sente l’avantage considĂ©rable d’ĂȘtre compatible avec l’hypothĂšse classique, dans la thĂ©orie des poutres, de la linĂ©aritĂ© des distributions, sur les sections droites, tant des contraintes que des dĂ©formations. Elle se prĂȘte donc bien au calcul des effets structuraux du fluage bien qu’elle soit en contradiction sensible avec l’expĂ©rience lorsque le chargement est tel que la dĂ©formation Δ subisse des diminutions importantes avec le temps. L’Eurocode 2 donne une mĂ©thode simple pour dĂ©terminer le coefficient de fluage Ă  l’infini, en fonction du temps de chargement t0, du type de bĂ©ton et de h0. Pour des cas plus complexes, la formule complĂšte est donnĂ©e en annexe.
  • 27. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 27 ConsĂ©quences du fluage Comme le retrait, le fluage du bĂ©ton entraĂźne tout d’abord une diminution progressive de la tension dans les armatures de prĂ©contrainte. Il provoque ensuite des dĂ©formations diffĂ©rĂ©es dans les structures. Ainsi, une poutre indĂ©pendante est davantage comprimĂ©e en service, Ă  vide (c’est-Ă -dire la majoritĂ© du temps), sur sa fibre infĂ©rieure que sur sa fibre supĂ©rieure. La poutre se cambre donc peu Ă  peu vers le haut (Figure 6). Il faut en tenir compte en donnant au fond du coffrage de la poutre une contreflĂšche nĂ©gative (dirigĂ©e vers le bas). Enfin, une poutre rĂ©alisĂ©e en plusieurs phases, selon des schĂ©mas statiques Ă©volutifs de plus en plus hyperstatiques, voit graduellement se modifier les efforts qui la sollicitent, les dĂ©formations par fluage se trouvant entravĂ©es de plus en plus fortement par la crĂ©ation de nouvelles liaisons (c’est la redistribution par fluage). ConsidĂ©rons, par exemple, une poutre rĂ©alisĂ©e en deux phases (Figure 7) : — deux consoles encastrĂ©es sur culĂ©es ; — elles sont ensuite rendues continues Ă  la clĂ©. Si les deux consoles Ă©taient restĂ©es libres, leurs extrĂ©mitĂ©s se seraient peu Ă  peu abaissĂ©es sous l’action du fluage de leur bĂ©ton. La rĂ©alisation de la continuitĂ© empĂȘche cette dĂ©formation de s’effectuer librement.
  • 28. 28 Chapitre IV - MatĂ©riaux Figure 6 - DĂ©formation d'une poutre dans le temps Figure 7 - DĂ©formation par fluage d’une poutre rĂ©alisĂ©e en plusieurs phases Un moment flĂ©chissant positif se crĂ©e donc progressivement Ă  la clĂ©, de façon Ă  s’opposer Ă  la diffĂ©rence des rotations des sections extrĂȘmes en regard des deux consoles. 3. Armatures de prĂ©contrainte 3.1. Formes On trouve les armatures de prĂ©contrainte sous trois formes : — les fils ; — les barres ; — les torons. 3.1.1. Fils Par convention, les fils ont un diamĂštre infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  12,2 mm, ce qui permet de les livrer en couronnes. Ils peuvent ĂȘtre soit ronds et lisses (pour la post-tension) soit au contraire nervurĂ©s, ou crantĂ©s, ou ondulĂ©s afin d’amĂ©liorer leur adhĂ©rence au bĂ©ton (prĂ©-tension). Les fils les plus couramment utilisĂ©s ont des diamĂštres de 5 mm, 7 mm ou 8 mm. 3.1.2. Barres De diamĂštre supĂ©rieur ou Ă©gal Ă  12,5 mm, elles ne sont livrĂ©es que rectilignes (et sous longueur maximale de l’ordre de 12 m). Elles peuvent ĂȘtre soit lisses, soit nervurĂ©es, les nervurations faisant alors office de filetage grossier (cas des barres Dywidag). Les diamĂštres les plus courants sont 26 mm, 32 mm et 36 mm. Mais il existe des barres plus grosses (Macalloy φ40, 50 et mĂȘme 75 mm). De telles armatures ne sont employĂ©es qu’en post-tension. 3.1.3. Torons Ce sont des ensembles de fils enroulĂ©s hĂ©licoĂŻdalement les uns sur les autres (cas des torsades Ă  trois fils) ou autour d’un fil central en une ou plusieurs couches. Les torons les plus courants sont Ă  7 fils et sont dĂ©signĂ©s par leur diamĂštre nominal (diamĂštre du cercle circonscrit aux fils dans une section droite). Les diamĂštres les plus utilisĂ©s sont les suivants : 12,5 mm (frĂ©quemment dĂ©signĂ© par T13) 12,9 mm (T13S)
  • 29. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 29 15,2 mm (T15) 15,7 mm (T15S) Ces armatures sont employĂ©es aussi bien en prĂ©- tension (dans les piĂšces importantes) qu’en post-tension. Enfin, par le passĂ©, certains procĂ©dĂ©s de prĂ©contrainte (PCB notamment) ont utilisĂ© des torons Ă  plusieurs couches de fils pĂ©riphĂ©riques (torons Ă  37 ou 61 fils). 3.2. Diagramme contraintes-dĂ©formations Il est d’abord linĂ©aire (phase Ă©lastique O , la pente de la droite O Ă©tant le module d’élasticitĂ© Ep de l’armature), puis il s’incurve, pour aboutir Ă  un quasi-palier plastique (Figure 8). Enfin, la rupture survient pour une contrainte fpk et un allongement relatif Δuk. On attache une importance fondamentale Ă  ce qu’elle ne se produise que moyennant une striction importante (caractĂ©risĂ©e par le coefficient de striction ζ , rĂ©duction relative de l’aire de la section droite au niveau de la rupture). GĂ©nĂ©ralement, on exige : ≄≄ Δζ Le diagramme contraintes-dĂ©formations permet de dĂ©finir une autre caractĂ©ristique importante de l’armature de prĂ©contrainte : sa limite conventionnelle d’élasticitĂ© fp0,1k. C’est l’ordonnĂ©e du point d’intersection du diagramme avec la droite de pente 200 000 MPa passant par le point d’ordonnĂ©e nulle et d’abscisse 10-3 . Pour les fils et les torons, fp0,1k est compris entre 0,85 et 0,90 fpk. Figure 8 - Diagramme contraintes-dĂ©formations d’une armature de prĂ©contrainte 3.3. Relaxation de l’acier L’acier fortement tendu sous longueur constante voit sa tension dĂ©croĂźtre progressivement. Ce phĂ©nomĂšne, appelĂ© relaxation, est corrĂ©latif du fluage (variation de longueur sous contrainte constante). Son importance dĂ©pend trĂšs sensiblement de la tempĂ©rature. La perte relative de tension d’une armature tendue initialement Ă  σ0 est, Ă  tempĂ©rature constante, fonction et du temps t et de σ0. 3.3.1. Loi des temps En exploitant les rĂ©sultats d’essais, on trouve qu’en coordonnĂ©es bilogarithmiques les points expĂ©rimentaux s’alignent sur des droites. Cela est vĂ©rifiĂ©, mĂȘme sur les essais les plus longs dont on dispose (plusieurs dizaines d’annĂ©es). Il est bien Ă©vident, toutefois, qu’à partir d’un certain moment les diagrammes doivent s’inflĂ©chir et prĂ©senter une asymptote horizontale, faute de quoi une armature initialement tendue
  • 30. 30 Chapitre IV - MatĂ©riaux et maintenue Ă  longueur constante non seulement perdrait toute sa tension, mais se retrouverait en compression. Certains experts estiment que cette inflexion ne se manifeste qu’aprĂšs quelques dizaines de milliers d’annĂ©es, ce qui est d’un ordre de grandeur bien supĂ©rieur Ă  celui de la durĂ©e de vie escomptĂ©e pour les ouvrages. C’est pourquoi, dans la pratique, afin d’évaluer la perte finale par relaxation, il est nĂ©cessaire de se fixer un temps infini conventionnel. C’est la valeur 500 000 h (soit environ 57 ans) qui a Ă©tĂ© retenue par l’EC2. 3.3.2. Loi des tensions initiales LĂ  encore, on trouve expĂ©rimentalement que la perte relative de tension varie exponentiellement avec la tension initiale. Toutefois, dans le domaine utile des tensions comprises entre 0,6 fpk et 0,8 fpk, on peut linĂ©ariser l’exponentielle. 3.3.3. Influence de la tempĂ©rature La plupart des experts estiment, Ă  l’heure actuelle, que la tempĂ©rature accĂ©lĂšre la relaxation sans modifier sa valeur finale rĂ©elle. Quoi qu’il en soit, compte tenu de l’importance de ce facteur, il convient, pour caractĂ©riser un acier, d’opĂ©rer dans des conditions bien dĂ©finies de tempĂ©rature. En pratique, on mesure la relaxation isotherme Ă  20°C d’une Ă©prouvette tendue initialement Ă  0,7fpk. La perte relative de tension observĂ©e dans ces conditions Ă  1 000 h et notĂ©e ρ1000 sert de base aux calculs de relaxation. 3.3.4. Formule pratique d’évaluation de la tension finale Compte tenu des indications prĂ©cĂ©dentes, la perte de tension finale d’une armature soumise Ă  une tempĂ©rature proche de la tempĂ©rature climatique est donnĂ©e par : Classe 1 : − − = ∆ ρ σ σ (fil ou toron — relaxation normale) Classe 2 : − − = ∆ ρ σ σ (fil ou toron — basse relaxation) Classe 3 : − − = ∆ ρ σ σ (barres laminĂ©es Ă  chaud, ayant subi un traitement complĂ©mentaire) On a σ ” = (σpi est la contrainte dans le bĂ©ton aprĂšs les pertes instantanĂ©es). Le coefficient ρ1000 vaut 8% pour la classe 1, 2.5% pour la classe 2, et 4% pour la classe 3. 3.4. Corrosion sous tension En plus du phĂ©nomĂšne habituel de corrosion par oxydation (la formation continue de rouille rĂ©duisant progressivement la section rĂ©sistante, ce qui accroĂźt la contrainte de traction jusqu’à ce que se produise la rupture), l’acier des cĂąbles de prĂ©contrainte, trĂšs fortement tendu, est exposĂ©, s’il n’est pas bien protĂ©gĂ© (notamment par une injection de mortier de ciment fortement basique), Ă  un autre phĂ©nomĂšne : la corrosion sous tension, qui provoque une rupture fragile, brutale (sans que rien ne l’ait laissĂ© prĂ©voir). Cette corrosion semble ĂȘtre due Ă  la destruction des liaisons intercristallines par
  • 31. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 31 certains agents dilatants (l’hydrogĂšne naissant, par exemple) ou corrosifs. L’essentiel Ă  retenir pour le constructeur est qu’un cĂąble de prĂ©contrainte, fortement tendu, et non protĂ©gĂ©, se rompt inĂ©luctablement. En revanche, on ne connaĂźt pas de cas de rupture de cĂąbles bien protĂ©gĂ©s (par une bonne injection). 3.5. RĂ©sistance Ă  la fatigue Une armature tendue en moyenne Ă  σm rĂ©siste Ă  un nombre de cycles de variations de tension Ύσ ± d’autant plus faible que σm et Ύσ sont plus Ă©levĂ©s. Pour assurer la pĂ©rennitĂ© des constructions en bĂ©ton prĂ©contraint, on doit donc limiter les variations de tension Ύσ dans les armatures. Celles-ci ne peuvent devenir importantes qu’en cas de fissuration du bĂ©ton. C’est donc en prĂ©contrainte partielle qu’il faut se montrer vigilant et procĂ©der, pour les structures exposĂ©es Ă  la fatigue, Ă  des vĂ©rifications spĂ©cifiques. L’Eurocode bĂ©ton impose ainsi un calcul Ă  la fatigue dĂšs que le bĂ©ton de la zone d’enrobage se dĂ©comprime en combinaisons frĂ©quentes. 3.6. Élaboration On part du fil machine, produit sidĂ©rurgique obtenu par laminage Ă  chaud de lingots, dont les caractĂ©ristiques mĂ©caniques insuffisantes pour un emploi en prĂ©contrainte sont amĂ©liorĂ©es par une succession de traitements thermiques et mĂ©caniques. Nature Classe (MPa) φ (mm) A (mmÂČ) fpk (kN) T13 1860 12,5 93 154 T13S 1860 12,9 100 166 T15 1770 15,2 139 220 T15S 1770 15,7 150 236 T15S 1860 (*) 15,7 150 279 Fil φ 7mm 1670 7 38,5 57 CaractĂ©ristiques de certains fils et torons (*) Le T15S 1860 MPa est le plus utilisĂ© Ă  l’heure actuelle en post-tension. Les traitements mĂ©caniques utilisĂ©s sont : — le laminage gĂ©nĂ©ralement suivi d’une trempe soit au plomb, soit Ă  l’huile. Dans ce dernier cas, un revenu (rĂ©chauffage Ă  400°C) est indispensable pour redonner Ă  l’acier une ductilitĂ© suffisante ; — le trĂ©filage, Ă©tirage Ă  froid Ă  travers une succession de filiĂšres de diamĂštres dĂ©croissants. Ce traitement modifie la texture de l’acier en orientant ses fibres dans le sens longitudinal. Il conduit Ă  un Ă©tat de surface trĂšs lisse, favorable Ă  la rĂ©sistance Ă  la corrosion sous tension. Autrefois, le trĂ©filage Ă©tait prĂ©cĂ©dĂ© d’un patentage (rĂ©chauffage Ă  850°C suivi d’une trempe isotherme aux alentours de 450°C). Cette opĂ©ration, qui donnait Ă  l’acier une structure trĂšs fine, est malheureusement abandonnĂ©e de nos jours, pour des raisons d’économie, au dĂ©triment de la ductilitĂ©. AprĂšs trĂ©filage, diffĂ©rents traitements thermomĂ©caniques permettent d’amĂ©liorer les performances des armatures (vieillissement artificiel pour augmenter fp0,1k ; stress- relieving ou bleuissage pour accroĂźtre fp0,1k et fpk; stabilisation, Ă©tirage Ă  chaud qui permet de diminuer la relaxation).
  • 32. 32 Chapitre IV - MatĂ©riaux 3.7. Homologation Les agrĂ©ments techniques europĂ©ens relatifs aux kits de prĂ©contrainte sont dĂ©livrĂ©s par des organismes d'agrĂ©ment (ex : SĂ©tra en France, DIBT en Allemagne, OIB en Autriche) sur la base d'un guide d'agrĂ©ment technique europĂ©en (ETAG 013). L'agrĂ©ment est dĂ©livrĂ© aprĂšs un certain nombre de tests pour vĂ©rifier l'aptitude Ă  l'usage du produit. Ces kits font ensuite l'objet d'une attestation de conformitĂ© pour vĂ©rifier la cohĂ©rence du produit mis sur le marchĂ© avec celui testĂ© dans le cadre de la dĂ©livrance de l'agrĂ©ment technique europĂ©en. Cette deuxiĂšme Ă©tape aboutit au marquage CE dĂ©livrĂ© par un organisme de certification (ex : ASQPE en France 
). DotĂ© du marquage CE le produit est prĂ©sumĂ© conforme aux exigences essentielles et peut ĂȘtre mis sur le marchĂ©, commercialisĂ© et utilisĂ© sans avoir Ă  subir de vĂ©rification de conformitĂ© Ă  une rĂ©glementation nationale. Les informations contenues dans l'ATE sont les suivantes : ‱ Usages possibles du systĂšme (prĂ©contrainte extĂ©rieure, cĂąble remplaçable, usage cryogĂ©nique, 
) ‱ Gamme d'ancrage (de 3 Ă  37T15 par exemple) ‱ Description des composants et dimensions ‱ Rayons de courbure minimums autorisĂ©s suivant le type de gaĂźne ‱ Longueur libre Ă  respecter derriĂšre l'ancrage ou encombrement des vĂ©rins ‱ Longueur droite Ă  respecter Ă  la sortie de l'ancrage ‱ Coefficient de frottement k et ”. ‱ Espacement des supports de gaine ‱ RentrĂ©e d'ancrage lors de la mise en tension ‱ Frettage Ă  placer derriĂšre l'ancrage et adaptation possible ‱ Type d'injection ‱ Recommandations sur le transport, le stockage et la manutention Les forces de mise en tension sont gĂ©nĂ©ralement donnĂ©es Ă  titre indicatif ou de recommandation dans l'ATE (sauf prescription contraire) car les systĂšmes sont testĂ©s pour rĂ©sister en statique, en fatigue et en transfert de charge sur la base des forces caractĂ©ristiques des cĂąbles et non des forces indiquĂ©es dans l'ATE. Celles-ci doivent donc ĂȘtre dĂ©duites de la norme sur les armatures de prĂ©contrainte (EN10138) donnant fpk et fp0.1k et de l'annexe nationale de l'Eurocode 2 donnant les coefficients k1 et k2 Ă  placer devant fpk et fp0.1k. En France, les forces de mises en tension sont limitĂ©es Ă  (valeur EC2 + Annexe nationale française) : Pmax = Ap.σp,max σp,max = min { 0,8·fpk ; 0,9·fp0,1k } (avec possibilitĂ© de monter Ă  0,95 fp0,1k si mesure prĂ©cise) La force maximale dans le cĂąble aprĂšs pertes instantanĂ©es est limitĂ©e Ă  (valeur EC2 + Annexe nationale française) : Pm0(x) = Ap.σpm0(x) σpm0 = min { 0,8 fpk ; 0,9 fp0,1k }
  • 33. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 33 En pratique, et en France, cette limitation n'est pas dimensionnante par rapport Ă  la prĂ©cĂ©dente (le texte europĂ©en est lui plus sĂ©vĂšre et rend cette limitation dimensionnante dans certains cas). 4. MatĂ©riel de prĂ©contrainte par post-tension 4.1. GĂ©nĂ©ralitĂ©s En post-tension, les cĂąbles sont, le plus souvent, logĂ©s dans des Ă©videments tubulaires mĂ©nagĂ©s Ă  l’intĂ©rieur du bĂ©ton par le moyen de conduits. MĂȘme quand elles sont placĂ©es Ă  l’extĂ©rieur du bĂ©ton, comme cela se pratique depuis quelques annĂ©es pour certaines structures, les armatures de prĂ©contrainte sont, quasi systĂ©matiquement, isolĂ©es du milieu ambiant par un conduit. Lorsque le durcissement est suffisant, les cĂąbles sont mis en tension Ă  l’aide de vĂ©rins prenant appui sur le bĂ©ton qu’ils compriment. GrĂące Ă  des organes d’ancrage, on effectue alors un transfert d’appui et l’on bloque les dĂ©formations relatives entre aciers et bĂ©ton, ce qui permet de rĂ©cupĂ©rer les vĂ©rins. Dans le vide qui subsiste entre le cĂąble et son conduit on injecte un coulis de ciment (ou Ă©ventuellement un produit souple : cire ou graisse). 4.2. Armatures 4.2.1. Nature Les cĂąbles sont gĂ©nĂ©ralement constituĂ©s, Ă  l’heure actuelle, de torons parallĂšles. En France, le seul procĂ©dĂ© utilisant encore des fils parallĂšles est le procĂ©dĂ© BBR (unitĂ©s n φ7, n reprĂ©sentant le nombre de fils de diamĂštre 7 mm). Dans certains cas, enfin, on emploie des barres qui peuvent ĂȘtre lisses en partie courante (et filetĂ©es Ă  leurs extrĂ©mitĂ©s : barres Dywidag et Macalloy ), ou filetĂ©es sur toute leur longueur (barres Macalloy ) ou encore nervurĂ©es au laminage, les nervurations faisant office de filetage grossier (barres Dywidag ). Compte tenu de leur rigiditĂ© qui leur interdit toute courbure trop prononcĂ©e, les barres ne sont guĂšre utilisĂ©es, aujourd’hui, que sous forme droite pour rĂ©aliser des unitĂ©s de faible longueur (clouage, Ă©triers actifs, etc.). 4.2.2. Mise en place Deux grands modes de mises en place sont envisageables : pose d’unitĂ©s prĂȘtes Ă  l’emploi ; enfilage sur chantier, avant ou aprĂšs bĂ©tonnage, dans des conduits prĂ©alablement positionnĂ©s dans les coffrages et fixĂ©s aux carcasses de ferraillage. UnitĂ©s prĂȘtes Ă  l’emploi Les armatures sont enfilĂ©es en usine dans des gaines souples et Ă©ventuellement munies de leurs ancrages. Les unitĂ©s ainsi rĂ©alisĂ©es sont livrĂ©es sur le chantier enroulĂ©es sur tourets (cĂąbles Ă  fils ou Ă  torons). Cette mĂ©thode, trĂšs souvent utilisĂ©e autrefois, est pratiquement abandonnĂ©e aujourd’hui, sauf dans le cas du procĂ©dĂ© BBR. Enfilage sur chantier Les conduits une fois mis en place dans les coffrages et solidement arrimĂ©s aux carcasses de ferraillage, l’enfilage peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© soit avant soit aprĂšs le bĂ©tonnage. Deux variantes sont alors possibles : — prĂ©façonnage du cĂąble (assemblage des armatures coupĂ©es Ă  longueur) dans un atelier forain contigu au chantier, puis mise en place par traction Ă  l’aide d’un treuil par
  • 34. 34 Chapitre IV - MatĂ©riaux l’intermĂ©diaire d’un tire-cĂąble (chaussette) ou d’un anneau soudĂ© sur l’extrĂ©mitĂ© des armatures ; — poussage des armatures une Ă  une dans le conduit au moyen d’un pousseur Ă  galets mĂ©talliques. 4.3. Conduits 4.3.1. PrĂ©contrainte intĂ©rieure au bĂ©ton Il s’agit le plus souvent de conduits mĂ©talliques. Lorsque les armatures sont enfilĂ©es sur chantier, ce sont : — soit des tubes en acier laminĂ© dont l’épaisseur est couramment comprise entre 1 et 2 mm ; ces tubes sont cintrables sur machines ; l’assemblage entre Ă©lĂ©ments successifs se fait par emboĂźture ; — soit des gaines rigides cintrables Ă  la main ; elles sont en feuillard Ă  enroulement hĂ©licoĂŻdal ou cylindrique ; leur Ă©paisseur est comprise entre 0,4 et 0,6 mm ; la nervuration, qui augmente la rigiditĂ© et l’adhĂ©rence au bĂ©ton, fait office de filetage grossier et permet le raccordement entre tronçons par vissage d’un manchon de gaine de diamĂštre immĂ©diatement supĂ©rieur. Dans le cas d’unitĂ©s prĂȘtes Ă  l’emploi, on utilise des gaines enroulables, en feuillard plus mince (dont l’épaisseur est comprise entre 0,2 et 0,4 mm). Pour les unitĂ©s les plus courantes constituĂ©es de fils ou de torons, les caractĂ©ristiques minimales des conduits sont prĂ©cisĂ©es dans le tableau 3. Il arrive enfin que l’on ait recours Ă  des conduits en matiĂšre plastique. C’est rare pour des cĂąbles constituĂ©s de plusieurs armatures (multitorons ou multifils), mais par contre frĂ©quent dans le cas des monotorons : on les utilise alors sous la forme de torons gainĂ©s protĂ©gĂ©s. Le toron sort d’usine muni de sa gaine, gĂ©nĂ©ralement en polyĂ©thylĂšne, remplie de son produit de protection, graisse ou cire. Ce type d’armature, qui fait l’objet d’une fabrication industrielle et qui permet de s’affranchir des servitudes d’une injection au coulis de ciment sur chantier, est parfaitement
  • 35. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 35 adaptĂ© Ă  la rĂ©alisation de la prĂ©contrainte des dalles de bĂątiment, de certains rĂ©servoirs ou des hourdis de pont. 4.3.2. PrĂ©contrainte extĂ©rieure au bĂ©ton Les conduits doivent alors ĂȘtre parfaitement Ă©tanches pour assurer le confinement du produit de protection, qu’il s’agisse d’un coulis de ciment, d’une cire ou d’une graisse. Les gaines en feuillard ne peuvent donner satisfaction Ă  cet Ă©gard. On utilise parfois des tubes mĂ©talliques raccordĂ©s par emboĂźtement (l’étanchĂ©itĂ© aux joints Ă©tant assurĂ©e par des manchons thermorĂ©tractables), ou bien par soudure ou encore par sertissage, mais ces deux derniers types d’opĂ©rations sont dĂ©licats Ă  rĂ©aliser correctement Ă  proximitĂ© d’une paroi. Le plus souvent, on emploie des gaines en polyĂ©thylĂšne Ă  haute densitĂ© (PEhd) dont les tronçons sont assemblĂ©s par thermofusion (soudure au miroir ou colliers Ă©lectrosoudables). Si l’on veut se rĂ©server la possibilitĂ© de remplacer ultĂ©rieurement un cĂąble tout en l’injectant au coulis de ciment, le conduit, prolongĂ© Ă  ses extrĂ©mitĂ©s par des cĂŽnes d’épanouissement, est isolĂ© de la structure par des tubes de rĂ©servation au niveau des dĂ©viateurs et par des trompettes ou tromplaques coffrantes dans les massifs d’ancrage. 4.4. VĂ©rins Le vĂ©rin est un mĂ©canisme constituĂ© d’un cylindre et d’un piston, dĂ©limitant une chambre Ă  l’intĂ©rieur de laquelle on peut injecter de l’huile, ce qui fait coulisser les deux piĂšces l’une par rapport Ă  l’autre. Le cylindre prend appui sur le bĂ©ton, alors que le cĂąble est fixĂ© au piston dont le mouvement assure la mise en tension de l’unitĂ© (Figure 9). Figure 9 - SchĂ©ma de principe d’un vĂ©rin Le piston peut tirer : — soit directement sur les armatures qui sont fixĂ©es sur lui, Ă  titre provisoire, par coincement ou par vissage ; — soit sur une tĂȘte mobile elle-mĂȘme solidaire du cĂąble et faisant office, ultĂ©rieurement, de tĂȘte d’ancrage (cas du procĂ©dĂ© BBR). 4.5. Ancrages Selon leur fonction, on distingue plusieurs catĂ©gories d’ancrages : a) les ancrages actifs, qui permettent de bloquer le cĂąble Ă  l’extrĂ©mitĂ© par laquelle on effectue la mise en tension ; une fois ce blocage rĂ©alisĂ©, on peut dĂ©gonfler le vĂ©rin et le rĂ©cupĂ©rer ; toute unitĂ© de prĂ©contrainte comporte au moins un ancrage actif ;
  • 36. 36 Chapitre IV - MatĂ©riaux b) les ancrages fixes, qui interdisent tout mouvement significatif, par rapport au bĂ©ton, de l’extrĂ©mitĂ© du cĂąble opposĂ©e Ă  celle par laquelle se fait la mise en tension ; deux variĂ©tĂ©s d’ancrages fixes sont Ă  distinguer : — les ancrages extĂ©rieurs, qui demeurent accessibles aprĂšs bĂ©tonnage, — les ancrages incorporĂ©s au bĂ©ton de la structure, qui se subdivisent eux-mĂȘmes en ancrages fonctionnant par butĂ©e et en ancrages par adhĂ©rence ; c ) les coupleurs, qui permettent, dans le cas d’ouvrages construits en plusieurs phases, de rĂ©aliser la continuitĂ© de deux tronçons de cĂąbles, le premier tendu au cours de la phase n, le second au cours de la phase n + 1 ; d ) les dispositifs de raboutage, qui assurent le raccordement de deux tronçons distincts d’armatures mis en tension simultanĂ©ment par l’une ou /et l’autre de leurs extrĂ©mitĂ©s libres. Dans certains cas particuliers, on peut avoir recours Ă  d’autres types d’ancrages : — des ancrages intermĂ©diaires pour ancrer provisoirement une armature en partie courante, dans le cas des dalles de bĂątiment ; — des ancrages de jonction, encore appelĂ©s ancrages par le milieu, pour rĂ©aliser la mise en tension simultanĂ©e de deux tronçons de cĂąble par leurs extrĂ©mitĂ©s en regard. 4.5.1. Ancrages actifs Ils se regroupent en deux familles : les ancrages le long du fil et les ancrages prĂ©fabriquĂ©s Ancrages le long du fil Ils sont indĂ©pendants du cĂąble et ne sont solidarisĂ©s aux armatures qu’aprĂšs mise en tension de ces derniĂšres. Appartiennent Ă  cette famille les ancrages par coincement que l’on retrouve dans la plupart des grands procĂ©dĂ©s modernes utilisant des cĂąbles constituĂ©s de n torons parallĂšles ; aprĂšs mise en tension, les torons sont bloquĂ©s dans une tĂȘte d’ancrage percĂ©e de n trous tronconiques au moyen de mors mĂ©talliques (Figure 10) constituĂ©s de deux ou trois Ă©lĂ©ments appelĂ©s clavettes [procĂ©dĂ©s Freyssinet K et Monogroupe ; VSL ; CCL ; SEEE-FUC (Figure 11) ; LH ; PAC ; CONA]. Se rattachent Ă©galement Ă  cette famille les ancrages par vissage des procĂ©dĂ©s Ă  barres. Figure 10 - Mors d’ancrage : principe Figure 11 - Ancrage actif 12 T15 SEEE- FUC
  • 37. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 37 Ancrages prĂ©fabriquĂ©s Ils sont fixĂ©s Ă  l’extrĂ©mitĂ© du cĂąble (soit en usine, soit plus rarement sur chantier) avant sa mise en tension et l’on vient les bloquer par des cales sur le bĂ©ton. Les ancrages les plus typiques de cette catĂ©gorie sont ceux du systĂšme BBR-B (Figure 12) : les cĂąbles sont, dans ce cas, constituĂ©s de n fils parallĂšles (gĂ©nĂ©ralement de 7 mm de diamĂštre) ; Ă  leur extrĂ©mitĂ©, les fils s’appuient, par l’intermĂ©diaire de boutons forgĂ©s Ă  froid, sur une tĂȘte d’ancrage mĂ©tallique percĂ©e de n trous. Cette tĂȘte est filetĂ©e extĂ©rieurement, ce qui permet de visser sur elle la tige de traction du vĂ©rin et ainsi de tendre le cĂąble. Des cales en acier, en forme de demi- coquilles, sont alors introduites entre la tĂȘte d’ancrage et la plaque d’appui pour assurer la permanence de la dĂ©formation imposĂ©e aux armatures, donc de leur tension. Avec ces ancrages prĂ©fabriquĂ©s, la piĂšce Ă  prĂ©contraindre voit son encombrement augmenter d’une surlongueur Ă©gale Ă  l’allongement que subit le cĂąble lors de sa mise en tension (de l’ordre de 7 mm par m). On peut tourner cette difficultĂ© en partant de cĂąbles de longueur rĂ©duite, plus courts au dĂ©part que la piĂšce Ă  prĂ©contraindre, les tĂȘtes d’ancrage Ă©tant logĂ©es, avant la mise en tension, Ă  l’intĂ©rieur d’une trompette de diamĂštre adĂ©quat. C’est ce qui se pratique avec les procĂ©dĂ©s BBR-V et SEEE-FU (Figure 13). Ce dernier est, pour les torons, l’équivalent du procĂ©dĂ© BBR pour les fils, les boutons d’extrĂ©mitĂ© Ă©tant remplacĂ©s par des manchons filĂ©s obtenus en forçant Ă  froid, Ă  travers une filiĂšre, un tube Ă©pais en acier qui vient se mouler sur le toron par dĂ©formation plastique. Dans un cas comme dans l’autre, c’est le vissage d’un Ă©crou sur la tĂȘte d’ancrage filetĂ©e extĂ©rieurement qui en assure le blocage. Signalons enfin que les unitĂ©s Ă  ancrages prĂ©fabriquĂ©s sont difficilement enfilables, sauf si l’on effectue sur chantier le boutonnage des fils ou le filage des manchons, mais alors la prĂ©cision sur la longueur des armatures individuelles est moins bonne. Figure 12 - Ancrage actif BBR-B Figure 13 - Ancrage actif 7 T15 SEEE-FU 4.5.2. Ancrages fixes Ancrages extĂ©rieurs fixes Le plus souvent, ils sont constituĂ©s des mĂȘmes Ă©lĂ©ments que les ancrages actifs. En ce qui concerne les ancrages Ă  clavettes, il suffit de bloquer ces derniĂšres dans leur
  • 38. 38 Chapitre IV - MatĂ©riaux logement conique, au contact du toron, Ă  l’aide d’un tube pousse-clavettes et d’un marteau. Ancrages fixes intĂ©rieurs au bĂ©ton Pour des ancrages fixes incorporĂ©s au bĂ©ton, la solution prĂ©cĂ©demment dĂ©crite d’auto-blocage des clavettes doit ĂȘtre rigoureusement proscrite. En effet, la laitance vient s’infiltrer entre les clavettes constitutives du mors et leur interdit le mouvement de quelques millimĂštres vers l’avant, indispensable pour assurer le blocage dĂ©finitif du toron lorsqu’on le met en tension par son extrĂ©mitĂ© opposĂ©e. DiffĂ©rentes solutions sont alors utilisĂ©es faisant appel : — soit Ă  la butĂ©e sur une tĂȘte d’ancrage ou sur une plaque mĂ©tallique par l’intermĂ©diaire de boutons pour les fils ou de manchons filĂ©s pour les torons (Figure 14). On peut Ă©galement boucler les armatures, en contact direct avec le bĂ©ton sur une certaine longueur, autour d’une plaque galbĂ©e (Figure 15) ; — soit essentiellement Ă  l’adhĂ©rence, dans le cas des torons. Les torons sont alors Ă©panouis hors de leur conduit sur une longueur suffisante, et dĂ©toronnĂ©s Ă  leur extrĂ©mitĂ© pour former un bulbe (Figure 16). Le bon fonctionnement de ce type d’ancrage suppose un dĂ©graissage efficace des torons sur leur longueur de scellement ainsi qu’un bĂ©tonnage soignĂ© de la zone en question. Figure 14 - Ancrage fixe, noyĂ© dans le bĂ©ton Freyssinet systĂšme K (12 T 15) Figure 15 - Ancrage VSL Ă  boucle (12 T 15) Figure 16 - Ancrage VSL par adhĂ©rence (12 T 15)
  • 39. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 39 4.5.3. Coupleurs Fonctionnement Ce type de dispositif, parfois utilisĂ© dans les ouvrages construits Ă  l’avancement (Figure 17), permet d’accrocher un nouveau cĂąble, dit secondaire, mis en tension au cours d’une phase de travaux (n + 1), Ă  l’extrĂ©mitĂ© d’un cĂąble, dit primaire, dĂ©jĂ  tendu au cours de la phase de travaux n. Le coupleur doit donc remplir une double fonction : — assurer l’ancrage actif du cĂąble primaire ; — transmettre jusqu’à l’extrĂ©mitĂ© en cause du cĂąble primaire l’effort de tension appliquĂ© ultĂ©rieurement au cĂąble secondaire. Pour que cette deuxiĂšme fonction soit assurĂ©e, il convient d’éviter toute possibilitĂ© de butĂ©e directe du coupleur sur le bĂ©ton secondaire, coulĂ© au cours de la phase n + 1, donc de l’en isoler par un capot (Figure 18). Figure 17 - Exemple d’utilisation de coupleurs C dans une construction Ă  l’avancemen Figure 18 - NĂ©cessitĂ© d’isoler le coupleur du bĂ©ton secondaire Morphologie des coupleurs Les coupleurs actuellement utilisĂ©s se regroupent en deux grandes familles : les coupleurs multi-armatures et les coupleurs monoarmatures. Coupleurs multi Ils assurent globalement le couplage des n fils ou torons parallĂšles constitutifs du cĂąble. SchĂ©matiquement ils comportent : — pour le cĂąble primaire, une tĂȘte d’ancrage actif prenant appui sur le bĂ©ton par l’intermĂ©diaire d’une plaque mĂ©tallique ; — pour le cĂąble secondaire, une tĂȘte d’ancrage fixe ; — un dispositif de connexion pour solidariser ces deux tĂȘtes d’ancrage. Le dispositif de connexion en question peut consister en un manchon filetĂ© intĂ©rieurement se vissant sur les deux tĂȘtes d’ancrage en regard filetĂ©es extĂ©rieurement [procĂ©dĂ©s BBR-B (Figure 19) ; SEEE-FU ].
  • 40. 40 Chapitre IV - MatĂ©riaux Figure 19 - Coupleur 30 _ 7 BBR-B Figure 20 - Coupleur Freyssinet K 12 T15 Pour les systĂšmes Ă  torons, il s’agit souvent d’une bague de couplage interposĂ©e entre l’ancrage actif du cĂąble primaire et sa plaque d’appui sur le bĂ©ton. Cette bague est munie, sur sa pĂ©riphĂ©rie, d’une couronne dentĂ©e. Les torons du cĂąble secondaire s’enclenchent entre les dents de la couronne et s’appuient sur elles par l’intermĂ©diaire de manchons filĂ©s [procĂ©dĂ©s Freyssinet K (Figure 20) ; CCL]. Dans le cas du systĂšme VSL, la couronne dentĂ©e constitue, avec la tĂȘte d’ancrage du cĂąble primaire, une piĂšce unique. Coupleurs mono UtilisĂ©s par beaucoup de procĂ©dĂ©s Ă  torons [Freyssinet K ; CCL ; PAC ; LH ], ils sont constituĂ©s (Figure 21) : — d’une tĂȘte d’ancrage actif pour le cĂąble primaire ; — d’autant de petits manchons de raccordement individuels (Figure 22) que l’unitĂ© comporte de torons. Ces manchons, qui contiennent un double jeu de clavettes, assurent le raboutage de chacun des torons du cĂąble secondaire avec son homologue du cĂąble primaire. Une fois le cĂąble secondaire mis en tension, la tĂȘte d’ancrage actif du cĂąble primaire ne joue pratiquement plus aucun rĂŽle mĂ©canique. Figure 21 - Coupleurs mono
  • 41. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 41 Figure 22 - Raccord monotoron T15 du procĂ©dĂ© PA Figure 23 - Distribution des contraintes ProblĂšmes posĂ©s par l’utilisation des coupleurs Ces problĂšmes sont de diffĂ©rentes natures. ProblĂšmes mĂ©caniques La distribution des contraintes au voisinage d’une section de couplage s’écarte notablement des distributions traditionnelles de la rĂ©sistance des matĂ©riaux. En effet, la mise en tension du cĂąble primaire provoque un gauchissement de la section de joint, alors section d’extrĂ©mitĂ©. Lorsqu’on tend le cĂąble secondaire, en supposant mĂȘme qu’il transmette au droit du coupleur une force P’ rigoureusement Ă©gale Ă  la force ancrĂ©e P du cĂąble primaire, la section de joint ne peut retrouver sa forme plane initiale car elle en est empĂȘchĂ©e par le bĂ©ton secondaire coulĂ© Ă  son contact. En ce qui concerne les contraintes normales isostatiques dĂ©veloppĂ©es par le couplage, on peut montrer, en Ă©lasticitĂ©, que si l’on dĂ©signe par σP la distribution linĂ©aire de contraintes Ă©quilibrant l’effort isostatique de prĂ©contrainte P, elles valent σP/2 sur la hauteur des sections proches du joint, sauf Ă  l’aplomb de la plaque d’appui du cĂąble primaire sur le bĂ©ton. Au droit de cette plaque, elles prĂ©sentent un pic dont le volume Ă©quilibre, bien Ă©videmment, la force P /2 (Figure 23).
  • 42. 42 Chapitre IV - MatĂ©riaux Par ailleurs, d’importantes contraintes de cisaillement se manifestent dans la zone en question. Il est donc prudent de prĂ©voir un ferraillage passif longitudinal confortable dans les sections de couplage. Limites d’emploi Les coupleurs, et tout particuliĂšrement les coupleurs multi, ne sont pas conçus pour tolĂ©rer un dĂ©collement de l’ancrage actif primaire de sa plaque d’appui sur le bĂ©ton, un tel dĂ©collement ne pouvant survenir que si, Ă  la mise en tension du cĂąble secondaire, la force P ’ qu’il transmet au droit du coupleur est supĂ©rieure Ă  la force ancrĂ©e P du cĂąble primaire. En effet, les tensions individuelles des diffĂ©rentes armatures constitutives du cĂąble prĂ©sentent une certaine dispersion. En cas de dĂ©collement, le coupleur trouve donc une position d’équilibre qui ne respecte pas strictement l’alignement avec l’axe commun aux deux tronçons de cĂąble couplĂ©s. Il apparaĂźt ainsi dans les armatures, Ă  proximitĂ© immĂ©diate de leurs points d’ancrage, des cassures angulaires qui, si elles sont trop importantes, peuvent entraĂźner des ruptures prĂ©maturĂ©es. Avec des couplages mono, le risque de rupture est plus faible qu’avec des couplages multi du fait que, dans la tĂȘte d’ancrage dĂ©collĂ©e, les clavettes sont Ă  la limite du dĂ©clavetage et n’exercent plus l’effet aggravant d’étreinte latĂ©rale qui subsiste intĂ©gralement dans les coupleurs multi. Le phĂ©nomĂšne de dĂ©collement est rare dans le cas d’une prĂ©contrainte intĂ©rieure au bĂ©ton, dans la mesure oĂč les tronçons de cĂąbles raccordĂ©s sont suffisamment longs et prĂ©sentent un tracĂ© ondulĂ©, les frottements relativement importants empĂȘchant alors la force secondaire de dĂ©passer la force primaire. En revanche, ce phĂ©nomĂšne est frĂ©quent avec des cĂąbles extĂ©rieurs au bĂ©ton, surtout lorsqu’ils sont rectilignes ; les frottements pratiquement nuls le long du cĂąble secondaire ne peuvent plus compenser les pertes par rentrĂ©e d’ancrage et par relaxation du cĂąble primaire. Le risque corrĂ©latif de rupture peut se trouver sensiblement augmentĂ© si les tracĂ©s thĂ©oriques des deux tronçons Ă  coupler ne sont pas rigoureusement coaxiaux mais prĂ©sentent une cassure angulaire, mĂȘme lĂ©gĂšre, au droit du coupleur. ProblĂšme pratiques Les organes de couplage supportent gĂ©nĂ©ralement assez mal d’ĂȘtre sollicitĂ©s par des efforts de traction excentrĂ©s. Il est donc indispensable d’assurer un alignement aussi parfait que possible entre les deux tronçons de cĂąbles couplĂ©s et, pour ce faire, de mĂ©nager des portions de tracĂ©s strictement rectilignes de part et d’autre des coupleurs. Dans cette zone, les armatures de maintien des gaines doivent ĂȘtre rapprochĂ©es pour que l’alignement ne soit pas dĂ©truit pendant le bĂ©tonnage. surtout lorsqu’on veut la rĂ©aliser Ă  l’avancement, tronçon par tronçon, en suivant la progression du chantier de construction. GĂ©nĂ©ralement, il vaut mieux injecter le tronçon n avant de tendre le tronçon n + 1. On peut alors limiter efficacement la pĂ©nĂ©tration du coulis au seul tronçon n concernĂ© et Ă©viter la contamination du tronçon n + 1, qui rendrait problĂ©matique son injection ultĂ©rieure. 4.6. Injection et cachetage Le plus souvent, la protection dĂ©finitive des cĂąbles est assurĂ©e par injection d’un coulis de ciment. Cette injection doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e dĂšs que possible aprĂšs la mise en tension des armatures. Il est souhaitable que le dĂ©lai entre ces deux opĂ©rations ne dĂ©passe pas un mois, ce qui correspond au temps pendant lequel la protection
  • 43. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 43 provisoire par huile soluble, appliquĂ©e en usine, puis renouvelĂ©e pĂ©riodiquement sur chantier, demeure efficace. 4.6.1. Coulis d’injection Il s’agit d’un mĂ©lange de ciment (gĂ©nĂ©ralement du CPA), d’eau et Ă©ventuellement de certains adjuvants. Les caractĂ©ristiques d’un coulis sont : — la fluiditĂ©, mesurĂ©e par le temps d’écoulement au cĂŽne de Marsh ; cette fluiditĂ© doit ĂȘtre suffisante pour Ă©viter que ne se forment des bouchons en cours d’injection ; — l’exsudation ; la quantitĂ© d’eau exsudĂ©e Ă  la surface d’une Ă©prouvette de coulis au repos durant 3h doit ĂȘtre au plus Ă©gale Ă  2 % du volume total ; cette eau doit ĂȘtre complĂštement rĂ©absorbĂ©e 24 h aprĂšs — le temps pendant lequel le coulis demeure injectable (dans des conditions normales de tempĂ©rature, il peut ĂȘtre de plusieurs heures avec certaines formulations bien Ă©tudiĂ©es). 4.6.2. OpĂ©ration d’injection Le cĂąble, muni d’évents en ses points hauts et bas, ainsi qu’à ses extrĂ©mitĂ©s prĂ©alablement obturĂ©es, soit par un cachetage, soit par un capot (provisoire ou dĂ©finitif), subit, le plus souvent, un lavage et, moyennant une lĂ©gĂšre montĂ©e en pression, de dĂ©tecter d’éventuels dĂ©fauts d’étanchĂ©itĂ©. Cette eau est ensuite Ă©liminĂ©e par soufflage Ă  l’air comprimĂ©, dĂ©shuilĂ©. Le coulis est alors injectĂ© par le ou les points bas, les Ă©vents successifs n’étant fermĂ©s que lorsque la consistance du produit qui en sort est comparable Ă  celle du produit injectĂ©. En gĂ©nĂ©ral, la pression d’injection est limitĂ©e Ă  1,5 MPa. AprĂšs obturation du dernier Ă©vent, une pression rĂ©siduelle de 0,5 MPa est maintenue pendant une minute au moins. 4.6.3. Cachetage C’est l’opĂ©ration qui assure la protection et l’étanchĂ©itĂ© au niveau des ancrages. Elle est au moins aussi importante que l’injection : on a constatĂ©, sur des ouvrages anciens, que des cĂąbles mĂȘme mal injectĂ©s pouvaient se comporter parfaitement si l’on interdisait la pĂ©nĂ©tration de l’eau par leurs extrĂ©mitĂ©s. En revanche, toute circulation d’eau Ă  l’intĂ©rieur des conduits est catastrophique pour la conservation des armatures de prĂ©contrainte. Plusieurs solutions sont utilisĂ©es : rĂ©alisation d’un cachetage en bĂ©ton, armĂ© par des aciers laissĂ©s en attente ; il peut ĂȘtre mis en place avant l’injection (et doit alors prĂ©senter une rĂ©sistance suffisante pour tenir la pression d’injection) ou, au contraire, aprĂšs l’injection, le confinement du coulis pendant cette opĂ©ration Ă©tant alors assurĂ© par un capot provisoire ; utilisation d’un capot mĂ©tallique Ă©tanche dĂ©finitif, injectĂ© de coulis en mĂȘme temps que le conduit ; ce capot doit lui-mĂȘme recevoir une protection anti-corrosion efficace.
  • 44.
  • 45. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 45 Chapitre V - Calcul de la force de prĂ©contrainte Le prĂ©sent chapitre dĂ©taille le calcul de la force de prĂ©contrainte dans le cas d'une prĂ©contrainte adhĂ©rente par post-tension. 1. PrĂ©sentation des pertes La force de prĂ©contrainte dans un cĂąble varie Ă  la fois dans l’espace (le long de l’abscisse du cĂąble) et dans le temps. La tension en un point du cĂąble dans la structure diffĂšre de la force du vĂ©rin avec lequel le cĂąble a Ă©tĂ© tendu, du fait d’un certain nombre de pertes qui font baisser significativement la tension du cĂąble. C’est d’ailleurs Ă  cause de ces pertes qu’on est obligĂ© d’utiliser des cĂąbles Ă  trĂšs haute limite d’élasticitĂ©. On regroupe habituellement les pertes en deux familles : pertes instantanĂ©es : Il s’agit des pertes qui se produisent Ă  la mise en tension du cĂąble : pertes dues au frottement pertes aux ancrages Par abus de langage, on classe Ă©galement dans les pertes instantanĂ©es l’ensemble des pertes qui se produisent « Ă  court terme » durant le processus de construction de l’ouvrage : pertes par non simultanĂ©itĂ© des mises en tensions des diffĂ©rents cĂąbles pertes par application de charges permanentes postĂ©rieurement Ă  la tension pertes diffĂ©rĂ©es : On appelle pertes diffĂ©rĂ©es les pertes qui se dĂ©veloppent dans le temps : pertes dues au retrait du bĂ©ton pertes dues au fluage du bĂ©ton pertes dues Ă  la relaxation des cĂąbles 2. Tension Ă  l’origine C’est celle qu’on impose aux armatures devant un ancrage actif et le dispositif d’épanouissement associĂ© (trompette ou tromplaque), cĂŽtĂ© bĂ©ton, au moment de la mise en tension, avant le transfert de l’effort Ă  l’ancrage (Figure 24). Il s’agit donc de la tension en O, σp0, infĂ©rieure Ă  la tension en A, σpA (Ă  l’entrĂ©e de la tĂȘte d’ancrage) du fait des frottements entre les armatures et : — la tĂȘte d’ancrage, de A Ă  B, d’une part ; — la trompette d’épanouissement, de B Ă  O, d’autre part.
  • 46. 46 Chapitre V - Calcul de la force de prĂ©contrainte Figure 24 - DĂ©finition de l’origine des tensions La perte de tension entre A et O, dĂ©finie dans la notice technique du procĂ©dĂ© considĂ©rĂ©, est couramment de l’ordre de 2 %, de sorte que σp0 = 0,98 σpA ou, si l’on raisonne en forces (P=APσP, AP reprĂ©sentant la section nominale du cĂąble) : P0 = 0,98 PA Notons que la force PA, elle-mĂȘme, est infĂ©rieure au produit de la section du piston par la pression dans la chambre Ă  cause des frottements internes du vĂ©rin. Une courbe de correspondance entre pression et force appliquĂ©e PA par le vĂ©rin permet de tenir compte de ce dernier phĂ©nomĂšne. Il n’en demeure pas moins que, sur le chantier, pour obtenir P0 = AP σP0 en O, il faut appliquer en A une force PA supĂ©rieure d’environ 2 %. Pour le projeteur, P0 constitue la valeur de rĂ©fĂ©rence puisque c’est elle qui fait l’objet de limitations rĂ©glementaires. La contrainte Ă  l’origine correspondante est plafonnĂ©e Ă  la plus faible des valeurs suivantes : ‱ 0,80 fpk pour les fils et torons, 0,70 fpk pour les barres ; ‱ 0,90 fp0,1k ; ‱ ce qu’indique la notice technique du procĂ©dĂ© de prĂ©contrainte utilisĂ©. Sauf cas trĂšs particulier, les cĂąbles sont toujours tendus au maximum autorisĂ©, pour des raisons Ă©videntes d’économie. Signalons que la force exercĂ©e par le vĂ©rin est lĂ©gĂšrement supĂ©rieure, pour tenir compte des pertes Ă  l’intĂ©rieur du vĂ©rin. Les procĂ©dures de mise en tension des cĂąbles permettent gĂ©nĂ©ralement de corrĂ©ler directement la pression dans le vĂ©rin et la tension souhaitĂ©e dans le cĂąble en sortie du vĂ©rin. 3. Pertes instantanĂ©es 3.1. Pertes par frottement 3.1.1. Courbure du tracĂ© ConsidĂ©rons un tronçon Ă©lĂ©mentaire de cĂąble courbe, de rayon de courbure R, compris entre les abscisses s et s+ds (Figure 25).
  • 47. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 47 Figure 25 - Équilibre d'un tronçon de cĂąble Le tronçon de cĂąble MN est en Ă©quilibre sous l’effet : de la force de tension P(s) en M, tangente en M au tracĂ© ; de la force de tension P(s) + dP en N, tangente en N au tracĂ© ; des forces de contact que le bĂ©ton exerce sur lui entre M et N (par l’intermĂ©diaire du conduit). Ces forces rĂ©parties ont une composante normale pds et une composante tangente qds (comptĂ©es algĂ©briquement dans les sens indiquĂ©s par les flĂšches p+ et q+ de la Figure 25). Écrivons cet Ă©quilibre en projection sur la normale n en N. Si l’on nĂ©glige les termes du 2Ăšme ordre : =+α d’oĂč R P ds d Pp −=−= α (1) De mĂȘme, en projection sur la tangente en N : =+ d’oĂč −= (2) Le signe – de l’expression (1) montre que la composante p est centrifuge, le signe – de l’expression (2) que q est orientĂ© dans le sens oĂč P va en dĂ©croissant. q reprĂ©sente physiquement la force tangente de frottement que le conduit exerce sur le cĂąble au moment de la mise en tension. Si l’on admet qu’entre q et p existe la relation fondamentale du frottement solide : |q| = ” |p| avec ” coefficient de frottement du cĂąble sur son conduit, l’équation (2) s’écrit : dP = ± ” P dα (3) soit α”±= (4) Convenons ici que dα reprĂ©sente la dĂ©viation angulaire arithmĂ©tique (essentiellement positive) entre les deux extrĂ©mitĂ©s du tronçon MN et supposons que le cĂąble complet, orientĂ© de la gauche vers la droite, soit mis en tension par son extrĂ©mitĂ© gauche O (que l’on confond gĂ©omĂ©triquement, dans la pratique, avec le point A, Figure 26).
  • 48. 48 Chapitre V - Calcul de la force de prĂ©contrainte Figure 26 - Frottements le long du cĂąble lors de la mise en tension Il est alors Ă©vident que, lors de la mise en tension, le dĂ©placement du cĂąble par rapport au bĂ©ton s’effectue de la droite vers la gauche et que l’action tangentielle de contact du conduit sur les armatures, s’opposant Ă  ce mouvement, s’exerce de la gauche vers la droite ; la tension diminue donc entre le point O et le point courant C d’abscisse x du tracĂ© et le signe Ă  retenir dans l’équation (4) est le signe – . D’oĂč, par intĂ©gration de (4) : ”α−=! (5) α fonction de x dĂ©signant la somme des dĂ©viations angulaires arithmĂ©tiques entre le point O et le point C d’abscisse x. Dans cette expression, la quantitĂ© est Ă©gale Ă  la somme des variations angulaires absolues comptĂ©es depuis le point de mise en tension du cĂąble : = s ds 0 )( αα Remarquons qu’en gĂ©nĂ©ral α n’est pas l’angle entre les tangentes en O et en C du tracĂ©. Ce n’est cet angle que lorsque la courbure conserve un signe constant entre O et C. Ainsi sur la Figure 26 : α= α1 + α2 . 3.1.2. DĂ©viations parasites Un conduit ne suit jamais parfaitement son tracĂ© thĂ©orique ; il festonne entre ses points de fixation sous l’effet de son poids, de la poussĂ©e du bĂ©ton, des incertitudes de positionnement des attaches. À la dĂ©viation angulaire thĂ©orique α entre O et C vient donc se superposer une dĂ©viation parasite sensiblement proportionnelle Ă  la distance entre O et C, donc de la forme !. est le coefficient de perte en ligne. Compte tenu de ce phĂ©nomĂšne, la formule (5) se gĂ©nĂ©ralise donc ainsi : ( )!!! +−= α” (6) ou, si l’on raisonne sur les contraintes : ( )!!! +−= α”σσ (7) Dans la section d’abscisse !, la perte de tension par frottement vaut donc : ( )[ ]!!! +−−=∆ α”σσ (8) soit, si l’exposant est faible : ( )!!! +=∆ α”σσ (9)
  • 49. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 49 3.1.3. Valeurs des coefficients de frottement Cas de la prĂ©contrainte intĂ©rieure au bĂ©ton Pour les cĂąbles constituĂ©s de fils ou de torons, on peut, lorsque les armatures sont huilĂ©es et que les conduits (gaines ou tubes mĂ©talliques) sont en bon Ă©tat, utiliser les valeurs moyennes des coefficients ” et donnĂ©es dans le tableau suivant : À dĂ©faut de donnĂ©es fournies par un AgrĂ©ment Technique EuropĂ©en, les valeurs des dĂ©viations angulaires parasites pour les armatures intĂ©rieures seront gĂ©nĂ©ralement telles que 0,005 < < 0,01 par mĂštre. Pour les tracĂ©s de cĂąbles complexes il conviendra de retenir la valeur haute de la fourchette. Pour les cĂąbles traversant de nombreux joints (comme par exemple les cĂąbles intĂ©rieurs des ponts construits par encorbellements successifs) il y a lieu de majorer encore les valeurs de pour tenir compte des variations angulaires parasites concentrĂ©es Ă  chaque surface de reprise. Cas de la prĂ©contrainte extĂ©rieure au bĂ©ton À l’extĂ©rieur du bĂ©ton, il n’y a pas de dĂ©viations angulaires parasites et l’on admet = 0. Les valeurs du coefficient de frottement sont fonction du type de gaine et donnĂ©es dans le tableau prĂ©cĂ©dent. 3.2. Pertes Ă  la mise en charge de l’ancrage (rentrĂ©e d’ancrage) Lors du report de l’effort du vĂ©rin Ă  l’ancrage, le cĂąble subit toujours un lĂ©ger raccourcissement " : — faible dans le cas des ancrages par calage ou vissage ; ", de l’ordre de 2 mm, est alors la consĂ©quence de la dĂ©formation du corps d’ancrage et du tassement des cales ou des filets ; — plus important dans le cas des ancrages par coincement : les torons et les clavettes subissent un dĂ©placement vers l’intĂ©rieur de la piĂšce qui peut atteindre 6 mm et mĂȘme davantage lorsque le vĂ©rin n’est pas muni d’un systĂšme de clavetage hydraulique (permettant d’enfoncer de force les mors dans leur logement conique avant relĂąchement de la pression dans la chambre du vĂ©rin). Les notices techniques des procĂ©dĂ©s de prĂ©contrainte dĂ©finissent, pour chaque type d’ancrage, la valeur probable de ". Le mouvement de rentrĂ©e vers l’intĂ©rieur du bĂ©ton est contrariĂ© par le frottement du cĂąble sur sa gaine, comme Ă  la mise en tension, mais en sens inverse.
  • 50. 50 Chapitre V - Calcul de la force de prĂ©contrainte Son influence diminue donc Ă  partir de l’ancrage jusqu’à s’annuler Ă  une distance d de celui-ci (Figure 27) Ă  partir duquel la tension demeure inchangĂ©e. Figure 27 – Tension le long du cĂąble, avant et aprĂšs relĂąchement de la pression dans le vĂ©rin Avant rentrĂ©e d’ancrage, la tension Ă  l’abscisse ! Ă©tait donnĂ©e par la formule (7) : ( )!!! +−= α”σσ qui s’écrit encore : ( ))exp()( 0 !#! −= σσ (10) avec #$!%fonction croissante de !. L’allongement relatif de l’armature, Ă  l’abscisse !, valait : ! ! )( )( σ Δ = (11) AprĂšs rentrĂ©e d’ancrage, la tension Ă  l’abscisse ! (< ) n’est plus que : ))()(exp()()(' !##! +−= σσ (12) soit ( )))(2exp()(' 0 !##! +−= σσ (13) et l’allongement : ! ! σ Δ = (14) On peut Ă©crire que " est la somme des pertes d’allongement [ ] !!! ΔΔ − des tronçons d! entre O et D, soit : [ ]−= !!!" ΔΔ (15) ou [ ]−= !!!" σσ (16) L’intĂ©grale figurant dans (16) reprĂ©sente l’aire tramĂ©e sur la Figure 27. L’équation (16), compte tenu de (10) et (13), permet de calculer , donc !σ ou, ce qui revient au mĂȘme, la perte par rentrĂ©e d’ancrage : !!!" σσσ −=∆ (17) 3.3. Pertes par dĂ©formation instantanĂ©e du bĂ©ton 3.3.1. Principe gĂ©nĂ©ral Toute action permanente j appliquĂ©e Ă  une date tj postĂ©rieurement Ă  la mise en tension et Ă  l’ancrage d’un cĂąble de prĂ©contrainte provoque dans le bĂ©ton adjacent
  • 51. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 51 une variation de contrainte σ∆ , donc une variation de raccourcissement & && && σ Δ ∆ =∆ . Le cĂąble considĂ©rĂ© subit la mĂȘme variation de dĂ©formation, d’oĂč une perte de tension (ou un gain si &&σ∆ < 0) : & &&σ∆ (18) Les actions permanentes j prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©es peuvent rĂ©sulter de : — la mise en tension d’un nouveau cĂąble ; — l’application d’un supplĂ©ment de poids propre dans le cas d’une construction par phases ; — la mise en place de superstructures. Sauf dans les cas rares oĂč plusieurs cĂąbles seraient tendus de façon rigoureusement simultanĂ©e, il faudrait donc faire, en principe, le calcul de ces pertes cĂąble par cĂąble, ce qui serait trĂšs laborieux. On se contente, en pratique, d’une Ă©valuation plus sommaire qui se justifie par la faible importance relative des pertes en question. Pour ce faire, on regroupe les cĂąbles en familles homogĂšnes. Sont considĂ©rĂ©s comme appartenant Ă  une mĂȘme famille tous les cĂąbles de tracĂ© comparable tendus au cours d’une mĂȘme phase de construction. Les cĂąbles d’une famille donnĂ©e sont tous affectĂ©s d’une mĂȘme perte moyenne par dĂ©formation Ă©lastique du bĂ©ton rĂ©sultant : — de l’application de charges permanentes additionnelles ou de la mise en tension d’autres familles postĂ©rieurement Ă  la rĂ©alisation de l’ancrage des cĂąbles ; les pertes partielles correspondantes se calculent par la formule (18) ; — de l’échelonnement des mises en tension des diffĂ©rents cĂąbles de la famille en question. 3.3.2. Pertes par Ă©chelonnement des mises en tension des cĂąbles d’une mĂȘme famille Supposons que la famille en question comporte N cĂąbles de mĂȘme puissance passant sensiblement au mĂȘme niveau dans une section donnĂ©e. La mise en tension de ces N cĂąbles provoque, dans le bĂ©ton adjacent, une variation de contrainte normale σ∆ . Chaque cĂąble apporte Ă  cette variation de contrainte une contribution σ∆ , la variation correspondante de dĂ©formation du bĂ©ton Ă©tant σ∆ , oĂč reprĂ©sente le module instantanĂ© du bĂ©ton. Du fait que les N cĂąbles ne sont pas tendus en mĂȘme temps (il faudrait pour cela disposer d’au moins N vĂ©rins sur le chantier), le nĂšme cĂąble mis en tension subit le raccourcissement dĂ» aux (N – n ) cĂąbles tendus aprĂšs lui : ( )' σ∆− . Sa perte de tension vaut donc : ( )' σ∆− et sa perte de force : ( )' σ∆− avec Ap section du cĂąble en question. La perte globale de force pour les N cĂąbles est : ( ) ( ) ' ' σσ ∆− = ∆− =
  • 52. 52 Chapitre V - Calcul de la force de prĂ©contrainte D’oĂč, pour la famille considĂ©rĂ©e, une perte moyenne de tension (que l’on obtient en divisant la perte de force par la section NAp des N cĂąbles) : ( ) σ∆ − (19) Cette expression tend vers : σ∆ (20) lorsque N augmente indĂ©finiment. En fait, c’est la formule (20), majorante de la formule (19) que l’on applique dans la pratique pour estimer les pertes par Ă©chelonnement des mises en tension au sein d’une famille de cĂąbles. 3.3.3. RĂ©capitulation et simplification des formules de calcul Les formules (18) et (20) peuvent se rĂ©sumer sous la forme suivante : ∆ =∆ & && & σ σ (21) avec ( )&&σ∆ variation de contrainte du bĂ©ton adjacent Ă  la famille j de cĂąbles Ă©tudiĂ©e, dans la section considĂ©rĂ©e, sous l’effet des actions permanentes appliquĂ©es au jour tj; kj coefficient multiplicateur Ă©gal Ă  : 1/2 pour ( )&&σ∆ dĂ» Ă  la mise en tension des cĂąbles mĂȘmes de la famille et aux charges permanentes mobilisĂ©es simultanĂ©ment, 1 pour les variations ( )&&σ∆ gĂ©nĂ©rĂ©es par les actions permanentes appliquĂ©es postĂ©rieurement Ă  la mise en tension de la famille. Assez frĂ©quemment, on peut considĂ©rer que l’on n’a qu’une famille de cĂąbles et que le seul ( )&&σ∆ intĂ©ressant la structure est celui qui rĂ©sulte de la mise en tension des cĂąbles en question et de la mobilisation simultanĂ©e du poids propre de la structure. Alors ( )&&σ∆ se confond avec ( )&&σ , contrainte initiale du bĂ©ton adjacent et la formule (21) se rĂ©duit Ă  : σσ ∆=∆ (22) Si l’on se contente d’une Ă©valuation sommaire de σ∆ (trĂšs souvent suffisante compte tenu de la petitesse de ce terme), on confond σ∆ avec σ , contrainte finale (aprĂšs stabilisation des pertes) du bĂ©ton au niveau des cĂąbles dans l’ouvrage soumis Ă  ses seules charges permanentes. Comme Ep /Ecm est, en pratique, voisin de 6, l’ordre de grandeur de la perte par dĂ©formation instantanĂ©e du bĂ©ton est donnĂ© par : σσσ =∆=∆ (23)
  • 53. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 53 4. Tension initiale C’est celle qui subsiste dans le cĂąble une fois effectuĂ©es toutes les pertes instantanĂ©es analysĂ©es : !!!! " σσσσσ ϕ ∆−∆−∆−= 5. Pertes diffĂ©rĂ©es 5.1. Pertes par retrait Les cĂąbles, liĂ©s au bĂ©ton Ă  leurs extrĂ©mitĂ©s par les ancrages, et tout au long de leur tracĂ© par le coulis d’injection, sont astreints Ă  subir les mĂȘmes variations de dĂ©formations que le bĂ©ton adjacent. Si t0 est l’ñge du bĂ©ton au moment de la mise en tension d’un cĂąble, la partie non encore effectuĂ©e du retrait vaut : [ ] [ ] ΔΔΔΔΔΔ −=−+− La perte finale de tension par retrait est donc, pour le cĂąble considĂ©rĂ© : [ ] [ ]ΔΔΔΔσ −∞+−∞=∆ (25) 5.2. Pertes par fluage La contrainte du bĂ©ton au niveau des armatures de prĂ©contrainte n’est pas constante dans le temps, mĂȘme si l’on fait abstraction des charges variables appliquĂ©es Ă  la structure pendant des durĂ©es trop brĂšves pour avoir une influence significative sur le fluage. Cette contrainte σ varie Ă  cause (Figure 28) : — des diffĂ©rentes phases de construction qui se traduisent par l’application de nouvelles charges permanentes ; — des pertes diffĂ©rĂ©es de toute nature qui entraĂźnent une Ă©volution progressive de la tension dans les cĂąbles. Si l’on dĂ©signe par σ max et σ min les valeurs extrĂȘmes qu’elle prĂ©sente, il est facile de montrer, dans le cadre des hypothĂšses de la viscoĂ©lasticitĂ© linĂ©aire que la dĂ©formation totale du bĂ©ton satisfait, Ă  tout instant Ă  : ( )( ) ( )( )! φ σ Δφ σ +≀≀+ avec t0 Ăąge du bĂ©ton au moment de la mise en tension des armatures considĂ©rĂ©es.
  • 54. 54 Chapitre V - Calcul de la force de prĂ©contrainte Figure 28 - Variation de la contrainte du bĂ©ton au niveau d’un cĂąble Pour simplifier, on peut se contenter de la formule simplifiĂ©e suivante, obtenue en faisant la moyenne des contraintes maximales et minimales : ( )! φ σσ Δ + = De ce fait, la perte finale par fluage vaut : ( ) ( ) ! φ σσσ += Si l'on poursuit la simplification en admettant que σmin est dĂ» aux charges permanentes ( σ= ), que σmax est infĂ©rieur Ă  1,5 fois σmin et que le coefficient de fluage vaut Ă  peu prĂšs 2, alors : σσ = soit environ σσ = 5.3. Pertes par relaxation Comme on l’a vu prĂ©cĂ©demment, la perte de tension finale due Ă  la relaxation peut ĂȘtre estimĂ©e par la formule (valable pour la classe 2 – trĂšs basse relaxation) : − − = ∆ ρ σ σ 5.4. Pertes diffĂ©rĂ©es totales Pour tenir compte de l’interaction du retrait et du fluage avec la relaxation des armatures, les pertes diffĂ©rĂ©es finales sont Ă©valuĂ©es par la formule : ( ) ,0,8,0 σϕσΔσ +∆+=∆ ++ (26) Le coefficient 0,8 traduit la rĂ©duction de relaxation du fait des pertes par retrait et fluage. L’Eurocode 2 introduit une formule plus compliquĂ©e tenant compte de l’excentricitĂ© " de la prĂ©contrainte par rapport au centre de gravitĂ© du bĂ©ton :
  • 55. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 55 ( ) [ ]( ) ϕ σϕσΔ σ +++ +∆+ =∆ ++ (27) Le dĂ©nominateur est cependant gĂ©nĂ©ralement peu diffĂ©rent de 1. On pourra gĂ©nĂ©ralement se contenter de la formule (26) qui est sĂ©curitaire. 6. Tension Ă  un instant quelconque En valeur probable, elle s’établit ainsi : !!! ++∆−∆−= σσσσ Les valeurs caractĂ©ristiques de la tension sont donnĂ©es par : ## !σσ = et $$ !σσ = 7. Calcul manuels de pertes Les calculs de pertes sont aujourd’hui intĂ©grĂ©s dans la plupart des logiciels de calcul de structure qui permettent de traiter de façon exacte le problĂšme. Dans les calculs manuels, on effectue couramment les approximations suivantes : l’abscisse de la poutre et l’abscisse curviligne du cĂąble sont confondues (les cĂąbles Ă©tant gĂ©nĂ©ralement peu inclinĂ©s par rapport Ă  l’axe de la poutre) les exponentielles dĂ©croissantes sont linĂ©arisĂ©es les pertes diffĂ©rĂ©es par fluage sont Ă©valuĂ©es forfaitairement Ă  partir des contraintes extrĂȘmes subies par le bĂ©ton (voir prĂ©cĂ©demment) l’interaction entre pertes diffĂ©rĂ©es est traitĂ©e Ă  l’aide de rĂšgles de cumul simplifiĂ©es (26)
  • 56.
  • 57. Cours de bĂ©ton prĂ©contraint 57 Chapitre VI - Contexte rĂ©glementaire Avant de dĂ©crire dans les chapitres suivants le comportement des structures en bĂ©ton prĂ©contraint, ce chapitre rassemble un certain nombre de donnĂ©es et prescriptions d’origine rĂ©glementaire nĂ©cessaires au calcul d’une structure en bĂ©ton prĂ©contraint. Nous nous efforcerons pas la suite de ne pas faire appel au rĂšglement pour dĂ©crire le comportement physique de la prĂ©contrainte. 1. GĂ©nĂ©ralitĂ©s Le bĂ©ton prĂ©contraint est actuellement rĂ©gi par les rĂšgles BPEL qui sont progressivement remplacĂ©es par les normes Eurocodes, en particulier l’Eurocode 2 (bĂ©ton) partie 1.1 (rĂšgles gĂ©nĂ©rales et bĂątiment) et partie 2 (Ponts). Les charges sont dĂ©finies dans l’Eurocode 1. L’Eurocode 1 et 2 sont des normes semi probabilistes basĂ©es sur la notion d’états limites. Les donnĂ©es de base (valeurs des actions Ă  prendre en compte, performances mĂ©caniques des matĂ©riaux mis en oeuvre, etc.) de la justification d’une structure Ă©tant des grandeurs alĂ©atoires, une sĂ©curitĂ© absolue ne peut ĂȘtre assurĂ©e. Partant de cette remarque, les normes proposent la dĂ©marche suivante : — recherche des phĂ©nomĂšnes Ă  Ă©viter (par exemple : fissuration, dĂ©formations excessives, vibrations, plastification locale des matĂ©riaux, ruine) ; — analyse des consĂ©quences de chacun de ces phĂ©nomĂšnes (par exemple : inconfort, diminution de la durĂ©e de vie escomptĂ©e des ouvrages, risques pour les usagers) ; — dĂ©finition de critĂšres de sĂ©curitĂ© rĂ©duisant d’autant plus la probabilitĂ© d’occurrence de ces phĂ©nomĂšnes que les consĂ©quences de leur apparition sont plus graves. En pratique, Ă  chaque phĂ©nomĂšne Ă  Ă©viter correspond un Ă©tat limite. Selon la gravitĂ© des risques qui leurs sont associĂ©s, ces Ă©tats limites se rangent en deux grandes catĂ©gories : les Ă©tats limites de service (ELS) et les Ă©tats limites ultimes (ELU). Vis-Ă -vis des ELS, on souhaite que les matĂ©riaux se comportent de façon rĂ©versible (Ă©lastique la plupart du temps). Vis-Ă -vis des ELU, au contraire, on accepte gĂ©nĂ©ralement qu’ils entrent dans leur domaine de fonctionnement plastique. Par ailleurs, les actions aussi bien que les caractĂšres mĂ©caniques des matĂ©riaux sont dĂ©finis par diffĂ©rentes valeurs reprĂ©sentatives, en particulier par des valeurs dites caractĂ©ristiques. À partir des valeurs reprĂ©sentatives des actions, on forme alors des combinaisons d’actions (ensemble d’actions Ă  considĂ©rer simultanĂ©ment pour le dimensionnement) dans lesquelles les valeurs caractĂ©ristiques Fi sont affectĂ©es de coefficients de prise en compte Îł d’autant plus importants qu’on souhaite rĂ©duire la probabilitĂ© d’atteinte des effets des combinaisons en cause (ces coefficients Îł sont donc plus grands dans les combinaisons aux ELU que dans les combinaisons aux ELS). Ces effets de calcul doivent ĂȘtre comparĂ©s aux capacitĂ©s de rĂ©sistance de la structure, elles-mĂȘmes estimĂ©es Ă  partir, non pas des valeurs caractĂ©ristiques des caractĂšres mĂ©caniques des matĂ©riaux