Les migrants et les réfugiés font partie de cette importante tranche de la population mondiale en marge des systèmes financiers formels. Ce blog propose une brève analyse du cas des migrants et des réfugiés puis propose des recommandations pouvant aboutir à leur inclusion via la digitalisation et les solutions de paiement mobiles.

1. MONNAIE DIGITALE ET INCLUSION DES MIGRANTS ET LES REFUGIES
Charly LOUKAKOU : Consultant en Strategy & Operation – Transformation Digital – Services Financiers Digitaux
Contact : donnaloukakou@gmail.com
QUEL USAGE DE LA MONNAIE DIGITALE DANS LES CIRCONSTANCES
PROPRES AUX MIGRANTS ET LES REFUGIES ?
Rédigé par : Charly C. D. LOUKAKOU
Ces dix dernières années notre humanité a assisté à un déplacement massif de personnes
provenant d’une part des pays en conflits ou ravagés par les catastrophes naturelles ou de
changement climatique et d’autre part des pays sous développés ou des populations sont en
quêtes de meilleurs cadres de vie, de protection, de sécurité, de travail et de logement.
D’après le Haut Commissariat des Réfugiés (HCR1
) des Nations Unies, on en compte pour
l’année 2017 un total de 22,5 millions de personnes, soit moins de 1% de la population
mondiale. Ils sont de plus en plus nombreux, et viennent majoritairement du Moyen-Orient et
de l’Afrique plus particulièrement des pays comme : la Syrie, l’Afghanistan, Soudan du Sud,
la Somalie, la République Démocratique du Congo, la Centrafrique et le Burundi, etc…
Ces personnes qualifiées de réfugiés traversent le Sahel et la méditerranée pour intégrer
l’Europe (Voir figure ci-dessous).
Figure : Principale route migratoire pour rejoindre l’Europe (source HCR)
Cependant, ce flux de réfugiés fait face a plusieurs défis dont la difficulté d’accès aux ressources
financières : l’Argent.
La question que bon nombre d’organisation internationale se pose est alors de savoir :
Comment les migrants et/ou les réfugiés peuvent-ils accéder à l'argent plus facilement une
fois à destination ?
Ainsi ce premier blog sur la question des réfugiés tend à répondre à cette problématique en
clarifiant la notion de réfugiés et de migrants, en présentant et en analysant les moyens actuels
par lesquels les migrants accèdent à l’argent et pour finir en proposant des recommandations
afin de faciliter leur l’accès à l’Argent.
I. Clarification de la notion de réfugiés et de migrants.
Un réfugié a une définition juridique et technique régie par le droit international2
et il y’a une
convention relative au statut des réfugiés signés le 28 Juillet 1951 (Télécharger le rapport de la
Convention de Genève ici) par la grande majorité des pays dans le monde. Tous les signataires
sont tenus de respecter certaines obligations légales en vertu de ce traité. Ainsi, chaque pays
1
www.unhcr.org/fr/
2
http://www.unhcr.org/fr/about-us/background/4b14f4a62/convention-protocole-relatifs-statut-refugies.html

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doit notamment se doter d’une législation nationale lui permettant de décider si une personne
quelconque peut avoir le statut de réfugié ou pas. Par exemple aux Etats Unis, il faut en
moyenne 02 ans pour qu’une personne ait le statut de réfugié tel que défini par la loi américaine.
Ainsi, le HCR définit également les réfugiés comme « des personnes qui fuient des conflits
armés ou la persécution ou encore des catastrophes naturelles. On les identifie précisément,
car il est dangereux pour eux de retourner dans leur pays et qu’ils ont besoin d’un refuge
ailleurs.
Par contre, les migrants sont définis par l’ONU comme des personnes nées dans un pays et
vivant dans un autre pour une durée supérieure à un an. Les migrants peuvent choisir de quitter
leur pays, que ce soit pour échapper à la mort, ou simplement pour améliorer leurs conditions
de vie (on parle alors de migration économique), ou pour étudier à l’étranger. Par exemple, je
suis un migrant qui a quitté Cotonou pour le Sénégal pour des raisons académiques.
Par ailleurs, un réfugié ou un migrant est une personne qui a dû traverser une frontière
maritime, aérienne, terrestre ou ferroviaire. Le plus souvent illégalement, ou du moins hors de
tout contrôle policier, avec l’appui de passeurs ou contrebandiers qui monnaient leurs
services.
Ø En Conclusions, retenons que tous les réfugiés sont des migrants, mais tous les migrants
ne sont pas des réfugiés.
II. Comment les migrants et les réfugiés accèdent ils aujourd’hui à l’Argent ?
Il est avant tout primordial de voir que lorsque les gens ont été déplacés à cause d’un conflit ou
d’un désastre, les plus pauvres n’ont probablement pas les ressources nécessaires pour aller très
loin et finissent donc par être déplacés dans leur propre pays.
Prenons le cas de la Syrie, les études nous renseignent que les personnes qui avaient les
ressources suffisantes pour partir des zones en conflits l’ont fait alors que les plus pauvres y
sont encore. Par conséquent les réfugiés qui peuvent sortir ont très souvent accès à des
ressources financières suffisantes leur permettant d’acheter un billet ou la plupart du temps de
payer un contrebandier qui les aidera à traverser les frontières.
Cependant, une étude du HCR nous stipule que généralement les gens ont toujours apporter
avec eux leurs richesses sous forme de bijoux en or ou n’importe quelle chose de valeur bien
facilement transportable et échangeable contre de l’argent. Ainsi, elle énumère 03 manières
d’obtention de l’argent :
1- Cela peut être votre argent que vous avez épargné ou que votre famille a épargné où
collecter auprès de la communauté pour vous aider : Cette option à analyse est très
adéquate pour les familles modestes ou riches (la classe moyenne ou bourgeoise). Mais
imaginons un pauvre, un cultivateur ou un éleveur qui ne dispose pas d’épargne et qui
a tout abandonné, sa terre, ses activités quotidiennes à cause de conflits ou de
changement climatique à la quête d’un meilleur cadre de vie ou il pourra reproduire son
activité et être inclus financièrement.
2- Cela peut être de l’argent auquel vous aurez accès une fois à destination et pouvant
provenir d’un membre de la famille ou de quelqu’un qui vous enverra l’argent pour vous
aider une fois sur place : Dans ce cas imaginons un réfugié qui est arrivé à destination
mais ne dispose pas de papier légal ou n’en disposant même pas, du coup ça devient
plus difficile l’accès à la ressource financière formel quand elle doit être envoyé par nos
canaux de transfert habituel. Du coup l’usage des instruments financiers et des canaux
financiers deviennent très limités.
3- D’autre cas il y’a des agences humanitaires opérant autour de la Syrie, la Turquie, la
Jordanie et le Liban qui viennent en aides aux réfugiés et ont des programmes

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fournissant de l’argent liquide sous forme de bons et cela représente une source de
revenu. Mais ces bons ne peuvent être échangés contre de l’argent liquide, ils ne peuvent
qu’être utilisés dans les supermarchés agréés une fois à destination.
En définitive l’étude du HCR nous révèle également que les criminels, les contrebandiers et les
gardes frontières volent les ressources de valeurs des réfugiés. Cette situation s’avère être
critique car si les contrebandiers, les criminels volent les réfugiés donc le port d’Argent ou
d’objet de valeur (Bijoux, or, etc…) sur soi s’avère être un risque et une menace pour les vies
humaines.
III. Recommandations pour que les migrants et les réfugiés accèdent plus
facilement à l’Argent ?
Fort de tous ce qui précède, nous formulons des recommandations à court, moyen et afin de
faciliter durablement l’accès à l’argent et d’améliorer le taux d’inclusion financière ou de
bancarisation dans les différents pays hospitaliers des migrants ou des réfugiés.
v Recommandations à court terme
Sensibilisation de toutes les parties prenantes ;
Enrôlement numérique de tous les migrants et réfugiés à destination. L’enrôlement consistera
à prendre numériquement les identifiants (Nom, prénoms, âge, profession, pays de
provenance, empreinte digitale) des réfugiés
Cartographie géographique et démographique des réfugiés et structurée par profil.
Les régulateurs doivent engager des réflexions de portabilité de numéro entre les pays à forte
implication migratoire.
Mise en place des mesures incitatives d’usage du roaming entre les pays à forte implication
migratoire.
Structuration et consolidation des données à l’échelle nationale de tous les pays signataires
de l’accord de Genève. La structuration des données permettra d’agrandir le champ
d’informations sur le citoyen réfugié au plan national et international et la consolidation
éviterait les doublons de données et confirmerait leur fiabilité.
Mettre en en place des mesures incitatives au projet d’interopérabilité auprès des institutions
encore défavorables.
v Recommandations à moyen terme
Accord d’interopérabilité ou de correspondance institutionnelle entre les institutions
financières, Opérateurs mobiles afin de permettre aux migrants ou réfugier l’accès à leur
compte d’origine via le matricule international des réfugiés ou un accord permettant
l’identification unique du réfugié et son accès aux instruments de paiements (Carte bancaire,
Mobile money, etc…)
Détermination du statut des migrants et des réfugiés afin de faciliter rapidement le traitement
des requêtes de demande d’asile.
Les régulateurs et les gouvernements doivent définir des cartes officielles de réfugiés afin de
faciliter la libre circulation et l’accès à plus d’opérations financières.
Attribution aux migrants ou réfugiés de matricule unique international afin d’accéder à tous
les services de bases et plus encore à l’argent.
Les agences où organisations humanitaires doivent élargir leur portefeuille de partenaires
institutionnels afin de favoriser une plus grande accessibilité des réfugiés au point d’échange
ou de retrait des bons.
Les gouvernements doivent mettre en place des projets sociaux, des partenariats publics
privés d’assistance financière et social aux réfugiés et aux migrants.
Remerciements
HUGUES LANDRY N'GBESSO - NAILATH MAKARIMI – NANGA COULIBALY