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Étude
sur l’attractivité
de l’Enseignement
et de la Formation
Professionnelle
en Guinée-Bissau
Réalisé dans le cadre du projetRESET
« Relance de l’Enseignement et
de la Formation Professionnelle et
Technique pour l’Emploi
en Guinée-Bissau »
©Enabel, 2022 • enabel.be
GOVERNO DA
GUINÉ-BISSAU
AUTEURS
• Dominique Gomis, Consultant Senior
• Braima Mané, Consultant National
CONTRIBUTEURS
• Benoit Walou, Expert en formation professionnelle à Enabel
• Sandro Tavares Moreira, Expert en Suivi & Évaluation à Enabel
• Agnès Ammeux, Intervention Manager à Enabel
• Les participants à l’atelier de restitution et de validation
UNE PUBLICATION DE :
Enabel –Agence belge de développement • Projet RESET
CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES :
Susanna Zu innhausen und knyph
CLAUSE DE NON-RESPONSABILITÉ
Cette publication a été financée par l’Union européenne. Son contenu relève de la seule responsabilité
de Enabel (Agence belge de développement) et ne reflète pas nécessairement le point de vue de l’Union
européenne.
Pas d’utilisation commerciale – Cette publication ne peut être utilisée à des fins commerciales.
Pas de modification – Cette publication ne peut être modifiée, transformée ou utilisée pour créer des œuvres
dérivées.
REMERCIEMENTS
Tous nos vifs remerciements vont :
• Principalement aux communautés, parents, élèves, lauréats, enseignants du lycée et les responsables des
structures de formation qui ont donné de leurs temps pour participer à cette enquête ;
• À l’ensemble des partenaires locaux, les autorités en charge du sous-secteur de l’EFP les personnels des
ONGs intervenants dans le secteur de la formation et emploi des jeunes, qui ont contribué à la réalisation
de cette enquête ;
• À toute l’équipe du projet RESET qui ont facilité cette étude ;
Nos remerciements vont également à l’Union Européenne.
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES ACRONYMES ............................................................................................................ 6
RESUME EXECUTIF .................................................................................................................... 7
1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION.............................................................................................. 10
2. RAPPEL DES OBJECTIFS ET DE LA METHODOLOGIE DE L’ETUD.E..................................... 13
2.1 Objectifs de l’étude ........................................................................................................ 13
2.2 Méthodologie ........................................................................................................ 13
2.2.1 Approche méthodologique ............................................................................. 13
2.2.2 Outils de collecte ................................................................................................ 15
2.2.3 Déroulement de l’étude...................................................................................... 15
2.2.4 Limites et biais de l’étude ................................................................................. 16
3. PRESENTATION DES RESULTATS DE L’ETUDE ................................................................. 17
3.1 Le bilan de la collecte des données ........................................................................... 17
3.2 Les facteurs qui jouent en défaveur de l’attractivité de l’EFP auprès des
jeunes ..................................................................................................................................... 18
3.2.1 La faible connaissance par les jeunes du sous-secteur de l’EFP et
des possibilités et avantages offerts. ..................................................................... 19
3.2.2 La faible influence de l’entourage des jeunes ainsi que leurs pairs
sur leur orientation professionnelle.......................................................................... 20
3.2.3 L’image négative souvent associée à l’EFP et aux opportunités
d’insertion professionnelle offertes ......................................................................... 22
3.2.4 Les faibles capacités économiques et financières des parents
ou intéressés à prendre en charge les frais de financement de la
formation professionnelle pour les jeunes informés sur les possibilités
et avantages offerts par l’EFP .................................................................................. 24
3.2.5 L’absence d’une politique nationale d’EFP..................................................... 25
3.3 Les facteurs socio-économiques qui entravent l’accès des jeunes des
zones rurales à l’EFP............................................................................................................. 26
3.3.1 Le faible investissement des pouvoirs publics dans l’éducation
en général associé à la loi de base du système éducatif et les critères
d’accès appliqués par certains centres de formation professionnelle................. 26
3.3.2 La faible adaptabilité des dispositions de la loi de base du système
éducatif au secteur de l’EFP ........................................................................................ 28
3.3.3 La faiblesse des ressources financières des ménages pour assurer
la prise en charge du financement de la formation................................................. 28
3.3.4 Les obstacles liés aux caractéristiques actuelles de l’offre de
formation professionnelle en vigueur dans le pays................................................. 29
3.3.5 Méconnaissance de la valeur de l’EFP............................................................. 31
3.4 Les barrières à l’accès des filles à l’éducation en général et à l’EFP en
particulier................................................................................................................................ 31
3.4.1 La faible valorisation de l’éducation des filles .............................................. 32
3.4.2 Les pratiques discriminantes à l’égard des filles........................................... 32
4
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
3.4.3 L’inaccessibilité des établissements de formation professionnelle
dans les zones rurales pose problème et limite l’accès des filles en
raison des réticences à laisser une fille sortir du foyer.......................................... 34
3.5 Les filières ou métiers de formation qui attirent les jeunes bissau-
guinéens et les facteurs qui déterminent leurs choix..................................................... 35
3.5.1 La préférence pour les jeunes des secteurs actuellement
pourvoyeurs d’emploi dans le pays : l’éducation, la santé et les « corps
habillés » (armée, police)............................................................................................ 36
3.5.2 Pour les autres filières, les préférences et choix des jeunes restent
assez partagés avec toutefois une attirance plus prononcée pour les
métiers dont le travail est moins pénible physiquement, bien rémunéré
et stable ....................................................................................................................... 36
3.5.3 Les stéréotypes de genre en termes de « métiers de femmes »,
« métiers d’hommes » influencent les préférences et choix des filières
chez certains jeunes..................................................................................................... 37
4. CONCLUSIONS ....................................................................................................................... 38
5. RECOMMANDATIONS........................................................................................................... 39
6. ANNEXES................................................................................................................................. 49
5
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
LISTE DES ACRONYMES
AFD Agence Française de Développement
AGR Activité Génératrice de Revenus
APC Approche Par Compétence
BCEAO Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest
BEPC Brevet d’Etudes du Premier Cycle
BIT Bureau International du Travail
CA Chiffre d’affaires (annuel)
CEDEAO Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest
CENFI Centre de Formation Industriel
CFP Centre de Formation Professionnelle
CIFAP Centre Industriel de Formation et de Perfectionnement Professionnel
COEL Comité des Elèves
COGES Comité de Gestion
COPA Comité des Parents
DG Directeur Général
DGPASE Direction Générale de la Planification, Évaluation du Système Éducatif
EAO Escola Artes e Oficios
ENA Ecole Nationale d’Administration
ENS Ecole Nationale de Santé
ETFP Enseignement Technique et Formation Professionnelle
FIP Formation et Insertion Professionnelle
FMI Fonds Monétaire International
FLAME Freedom Life African Ministries Emmanuel
GPEC Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences
HIMO Haute Intensité de Main d’œuvre
IDE Investissements Directs Etrangers
IECD Institut Européen de Coopération et de Développement
IMF Institution de Micro Finance
INEFD Institut National de l’Education Physique et de Sport
INE Institut National de Statistiques
IOM International Organization for Migration
ISG Institut Supérieur de Gestion
OHADA Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires
ONG Organisation Non Gouvernementale
PIB Produit Intérieur Brut
PTF Partenaires Techniques et Financiers (bailleurs et agences onusiennes)
RESEN Rapport d’Etat sur le Système Educatif National
RESET Relance de l'Enseignement et Formation Professionnelle et Technique pour l’Emploi
SAB Secteur Autonome de Bissau
SENAI Servicio Nacional de Aprendizaje Industrial (Service National d’Apprentissage Industriel)
SOT Service d’Orientation au Travail
TAA Transformation agroalimentaire
UE Union Européenne
USD Dollar américain
6
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
RÉSUMÉ EXÉCUTIF
Réalisée dans le contexte de mise en œuvre du projet Relance de l’Enseignement et Formation Professionnelle
et Technique pour l’Emploi (RESET), cette étude porte sur l’attractivité de l’Enseignement et la Formation
Professionnelle (EFP)1 en Guinée Bissau et s’est déroulée dans les quatre (4) régions suivantes : Quinara, Oio,
Cacheu et SAB.
Elle se donne comme objectifs de :
(i) identifier les facteurs qui jouent en défaveur de l’attractivité de l’EFP en Guinée Bissau ;
(ii) déterminer les facteurs socio-économiques qui entravent l’accès des jeunes des zones rurales
(régions à l’intérieur du pays) à la formation professionnelle ;
(iii)recueillir lesraisons, motivations et préjugés socioculturelsqui entravent l’accès des filles en général
et celles des zones rurales en particulier à l’EFP ;
(iv) identifier les filières ou métiers de formation qui attirent les jeunes bissau-guinéens et les facteurs
qui déterminent leurs choix ;
(v) faire des recommandations sur les actions à mener pour provoquer le changement de perceptions
et d’attitudes auprès des jeunes, des parents et de la communauté vis-à- vis de l’EFP.
L’approche méthodologique utilisée est essentiellement qualitative de type ethnographique et descriptif avec
comme objectif recherché obtenir la plus grande variabilité des opinions, perceptions, aspirations et attentes
pour dresser des tendances et non la représentativité statistique. Le principe d’enquête par saturation est
ainsi appliqué.
Les populations cibles de l’étude ont été :
• les jeunes (garçons et filles) ;
• les anciens apprenants des établissements d’EFP (ceux n’ayant pas pu terminer la formation et ceux
diplômés/lauréats) ;
• les parents (pères et mères) et tuteurs/tutrices ;
• les enseignants et responsables pédagogiques de l’enseignement général classique de niveau
secondaire ; les responsables et enseignants des établissements d’EFP ;
• les employeurs et opérateurs économiques ;
• et les autorités en charge du sous- secteur de l’EFP.
Au terme de la collecte des données, 339 personnes ont été interrogées dont 144 à travers les focus- groupes
et 195 à travers les entretiens individuels.
Par région, 116 personnes ont été interrogées à SAB, 86 à Cacheu, 85 à Oio et 52 à Quinara.
Par profil d’informateurs, 198 jeunes ont été interrogées (dont 144 à travers les focus-groupes et 54 à travers
les entretiens individuels), 61 parents et tuteurs, 35 anciens apprenants, 31 enseignants et formateurs, 6
responsables des établissements d’EFP, 6 employeurs et opérateurs économiques et 2 autorités en charge
du sous-secteur de l’EFP.
En raison du souci de ratisser large pour mieux se donner les chances d’atteindre la saturation des informations
recueillies dans la perspective d’obtenir la plus grande variabilité des opinions, perceptions, aspirations et
attentes, ce bilan dépasse largement les prévisions initiales.
1. L’emploi du terme Enseignement et Formation Professionnelle (EFP), résulte de la volonté des acteurs impliqués
dans l’élaboration de la politique du sous-secteur de l’EFP que le projet RESET est en train d’appuyer. L’emploi ou
l’utilisation du terme EFP permet selon les acteurs de l’élaboration de ladite politique, d’amplifier la compréhension du
développement des compétences de nature à inclure tous les types de compétences et non seulement les compétences
techniques (Source : Draft du document de Politique National de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle (31
Octobre 2022- Projet RESET financé par l’UE et mis en œuvre par Enabel).
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
7
Conformément aux objectifs de l’étude, les résultats clés se présentent comme ci-dessous :
1. Parmilescinq facteurs principaux quijouent en défaveur de l’attractivité de l’EFP dans le pays,il y a notamment :
(i) la faible connaissance par les jeunes de ce sous-secteur et des possibilités et avantages offerts ;
(ii) la faible influence de l’entourage des jeunes ainsi que leurs pairs (frères, sœurs, amis, parents,
enseignants et responsables pédagogiques de l’enseignement général classique de niveau
secondaire) sur leur orientation professionnelle ;
(iii) l’image négative souvent associée à l’EFP et aux opportunités d’insertion professionnelle
offertes ;
(iv) le coût de la formation très élevé par rapport aux moyens financiers des parents ou des
intéressés pour les jeunes informés sur les possibilités et avantages offerts par l’EFP ;
(v) l’absence de politique nationale d’EFP.
2. Cinq facteurs socioéconomiques entravent l’accès des jeunes des zones rurales à l’EFP. Il s’agit notamment :
(i) du faible investissement des pouvoirs publics dans l’éducation en général associé à la loi de
base du système éducatif2 et les critères d’accès appliqués par certains centres de formation
professionnelle ;
(ii) de la faiblesse des ressources financières des ménages pour assurer la prise en charge du
financement de la formation ;
(iii) des obstacles liés aux caractéristiques actuelles de l’offre de formation professionnelle dans
le pays ;
(iv) de la méconnaissance de la valeur de l’EFP.
3. Les principales barrières à l’accès des filles en général et celles des zones rurales en particulier à l’EFP sont :
(i) la faible valorisation de l’éducation des filles ;
(ii) les pratiques discriminantes à l’égard des filles (en raison notamment de la pauvreté des
familles, des mariages précoces et des facteurs socioculturels en relation avec la répartition
traditionnelle des rôles dans la contribution aux tâches domestiques, la censure/autocensure,
les interdictions à l’égard des filles, etc.) ;
(iii) l’inaccessibilité des établissements de formation professionnelle dans les zones rurales pose
problème et limite l’accès des filles en raison des réticences à les laisser sortir du foyer restent les
principales barrières à leur accès à l’EFP.
4. L’éducation, la santé et les « corps habillés » restent les secteurs de formation préférés des jeunes quelle
que soit la région en raison notamment de :
(i) la garantie en termes d’insertion professionnelle après la formation ;
(ii) meilleures perspectives d’emploi en termes de salaire décent et de respect des engagements
sociaux (paiement régulier de salaires, versement des pensions de retraite, etc.) ;
(iii) stabilité salariale. Pour les autres filières, les préférences et choix des jeunes restent assez
partagés avec toutefois une attirance plus prononcée pour les métiers dont le travail est moins
pénible physiquement et bien rémunéré.
Les stéréotypes de genre en termes de « métiers de femmes », « métiers d’hommes » influencent également
les préférences et choix des filières chez certains jeunes.
2. Il faut noter que c’est cette loi qui parle un peu de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle (EFP). Le sous-
secteur de l’EFP n’a pas de loi de base. Enabel à travers le projet RESET appuie actuellement le gouvernement de Guinée
Bissau à avoir une Politique Nationale du secteur de l’EFP.
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
8
9
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Tout comme les autres pays du continent africain, la Guinée Bissau connait l’une des croissances
démographiques les plus importantes de ces dernières années. Selon les dernières projections des Nations
Unies, la population du pays est appelée à croître à un rythme de 2,4% par an. Cela signifie que d’ici 2025, la
population du pays devrait dépasser les deux millions d’habitants3. En plus de cette augmentation rapide, la
population du pays se caractérise particulièrement par sa jeunesse : les individus âgés de 3-5 ans représentent
10% de la population totale, ceux de 6 à 17 ans représentent 29% de la population totale tandis que les
enfants en âge d’aller à l’enseignement de base (6-14 ans), représentent 22,7% de la population4.
En plus de la pression démographique qui sera très forte sur le système éducatif au cours de la prochaine
décennie, la croissance rapide de la population créera également une forte tension entre l’offre insuffisante
d’emplois et la croissance d’une main-d’œuvre non qualifiée. Par exemple en 2010, le taux de chômage des
jeunes a été évalué à 30 % (BAD, OCDE et PNUD, 2012). Le recensement de 2009 montre qu’à peine 5,4 %
de la population active possède une qualification professionnelle, de niveau moyen ou universitaire. Les
entreprises nationales et internationales installées dans le pays peinent à trouver une main d’œuvre qualifiée
et de qualité pour les différents secteurs et corps de métiers.
Compte tenu de cette situation, le pays et ses partenaires techniques et financiers se sont engagés à améliorer
la qualité de l’offre de formation professionnelle afin d’offrir un maximum d’opportunités aux personnes qui
souhaitent obtenir une qualification professionnelle et se donner les chances à s’insérer sur le marché du travail.
Il s’agit notamment de faire de la formation professionnelle un véritable choix de carrière professionnelle pour les
jeunes et leurs parents en vue de renforcer la compétitivité des entreprises et les qualifications des jeunes. C’est
l’une des priorités du projet Relance de l’Enseignement et Formation Professionnelle et Technique pour l’Emploi
(RESET) mis en œuvre par Enabel et financé par l’Union Européenne. Il vise à accroitre les opportunités socio-
économiques de la population à travers le renforcement de l’efficacité du système d’enseignement et de
formation professionnelle (EFP)5.
Dans la mise en œuvre des activités du projet RESET, une étude diagnostique des structures de formation
technique et professionnelle a été réalisée en 20216 dans le but de disposer des informations sur les structures
de formation (nombre de centres opérationnels, offre de formation existante, fonctionnement, effectifs des
apprenants, dynamique d’insertion...) et de mieux positionner les interventions en vue dans le cadre de ce
projet.
Les résultats de cette étude ont révélé que les centres de formation technique sont concentrés dans la capitale
Bissau avec un effectif de 2496 apprenants soit 87.18% versus 12.82% pour l’ensemble des autres régions.
Les jeunes dans les régions ont des difficultés à accéder à l’enseignement et la formation professionnelle. Il a
également été constaté une prédominance des garçons dans l’enseignement et la formation professionnelle
(63%) contre 37% pour les filles dans le pays, celles dans les régions représentant seulement 2,68% des
apprenants des centres en dehors de la capitale.
L’étude a aussi constaté que l’offre de formation proposée dans les centres de formation professionnelle est
très peu diversifiée et orientée principalement sur les métiers de la construction civile et du bâtiment et
avec une capacité limitée en termes d’opportunités d’emplois pour les sortants à cause d’un marché peu
développé jusqu’ici.
3. Source : Population de la Guinée-Bissau 2020 – ZAKWELI ;
disponible ici : (https://www.zakweli.com/population-guinee-bissau)
4. Programme Sectoriel Education de la Guinée-Bissau 2017-2025
5.Ilexistedenombreuxacronymesdésignantl’enseignementetlaformationtechniqueetprofessionnelle.Parcommodité
de langage, le terme générique « Enseignement et Formation Professionnelle » (EFP) sera utilisé dans ce rapport.
6. Rapport de diagnostic des Centres de Formation Technique et Professionnelle en Guinée-Bissau,
Relance de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle pour l’Emploi en Guinée-Bissau -
RESET
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
10
Le secteur du tourisme/hôtellerie a une grande potentialité et de réelles opportunités d’emplois pour les
jeunes mais la qualité de la formation proposée par certains centres de formation est en dessous des attentes
et exigences des acteurs du secteur. Les équipements d’apprentissage, le contenu pédagogique et le niveau
des formateurs ne donnent pas les garanties d’une formation de qualité et adaptée aux exigences du marché.
C’est dans le cadre de ce contexte qu’il a été envisagé de réaliser la présente étude sur l’attractivité de
l’enseignement et la formation professionnelle pour :
(i) identifier les facteurs qui jouent en défaveur de l’attractivité de l’EFP en Guinée Bissau ;
(ii) déterminer les facteurs socio-économiques qui entravent l’accès des jeunes des zones rurales
(régions à l’intérieur du pays) à la formation professionnelle ;
(iii) recueillir lesraisons, motivations et préjugés socioculturelsqui entravent l’accès des filles en général
et celles des zones rurales en particulier à l’EFP ;
(iv) identifier les filières ou métiers de formation qui attirent les jeunes bissau-guinéens et les facteurs
qui déterminent leurs choix ;
(v) faire des recommandations sur les actions à mener pour provoquer le changement de perceptions
et d’attitudes auprès des jeunes, des parents et de la communauté vis-à-vis de l’EFP.
11
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
12
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
2. RAPPEL DES OBJECTIFS ET DE LA METHODOLOGIE DE L’ETUDE
2.1 Objectifs de l’étude
L’objectif général de cette étude tel que décliné dans les termes de références est « d’identifier les facteurs
associés qui entravent l’attractivité de l’enseignement et la formation professionnelle, et analyser les stratégies et
orientations à mettre en place devant contribuer à rendre ce sous-secteur de l’éducation plus attrayant pour les
jeunes bissau-guinéens. L’étude s’intéressera également à l’analyse des préjugés socioculturels qui entourent
l’accès à l’enseignement et la formation professionnelle pour les jeunes filles ».
Spécifiquement, il s’agira de :
1. Identifier les facteurs qui jouent en défaveur de l’attractivité de l’Enseignement et la Formation
Professionnelle (EFP) en Guinée Bissau ;
2. Déterminer les facteurs socio-économiques qui entravent l’accès des jeunes des zones rurales (régions à
l’intérieur du pays) à la formation professionnelle ;
3. Recueillir les raisons, motivations et préjugés socioculturels qui entravent l’accès des filles en général et
celles des zones rurales en particulier à l’EFP ;
4. Identifier les filières ou métiers de formation qui attirent les jeunes bissau-guinéens et les facteurs qui
déterminent leurs choix ;
5. Faire des recommandations sur les actions à mener pour provoquer le changement de perceptions et
d’attitudes auprès des jeunes, des parents et de la communauté vis-à-vis de l’EFP.
2.2 Méthodologie
2.2.1 Approche méthodologique
L’approche méthodologique mise en œuvre pour la réalisation de cette étude est essentiellement qualitative
de type ethnographique et descriptif et vise principalement à recueillir les perceptions, opinions, aspirations et
attentes des populations d’étude. Cette démarche est d’autant plus justifiée qu’elle offre l’avantage de donner
des informations détaillées et précises sur l’état de la situation, les désirs, les perceptions, les aspirations et les
besoins des individus.
Compte tenu de la nature de cette approche, les méthodes d’enquête auxquelles on a fait appel sont semi-
directives et les guides d’entretiens sont utilisés quel que soit le groupe cible. Ce qui est recherché à travers
cette méthodologie, c’est d’obtenir la plus grande variabilité des opinions, perceptions, aspirations et attentes
pour dresser des tendances et non la représentativité statistique. Le principe d’enquête par saturation est ainsi
appliqué.
Nous sommes partis de l’idée que ni les approches classiques par questionnaire, ni les méthodes d’enquête rapide
et leurs variantes ne permettent7, selon nous, de saisir de façon fiable et compréhensive l’ensemble des problèmes
qui se posent à l’attractivité de l’Enseignement et la Formation Professionnelle (EFP) dans le contexte de la Guinée
Bissau. Nous avons ainsi pris l’option recourir à une approche ouverte, en grande partie exploratoire.
7. Les enquêtes par questionnaire, dès lors qu’elles s’intéressent aux connaissances, attitudes et pratiques,
connaissent de nombreux biais, en particulier en Afrique, biais liés aux situations d’enquête, aux réticences des
enquêtés, à la compétence des enquêteurs, aux langues utilisées, à la pertinence pour les enquêtés des questions
posées, et à la fiabilité des réponses enregistrées, etc. D’autre part, le recours exclusif à des «focus-group» aboutit
à privilégier des entretiens collectifs en situation artificielle, où le contrôle social peut-être fort. C’est pourquoi
entretiens individuels et entretiens collectifs vont être combinés.
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
13
ZONES CONCERNÉES PAR L’ÉTUDE SUR L’ATTRACTIVITÉ DE L’ENSEIGNEMENT
ET DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
ZONES CIBLES ET MÉTHODES DE COLLECTE
14
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
Oio
Cacheu
Biombo
Bafatá Gabú
Quinara
Bissau
Bolama
Tombali
2.2.2 Outils de collecte
Les outils de collecte ont été de type qualitatif. Lesdits outils de collecte sont en annexe 1 de ce rapport. Il
s’agit notamment du :
1. Guide d’entretien individuel et de groupe avec les jeunes (garçons et filles) en milieux scolaire et
communautaire ;
2. Guide d’entretien individuel avec les anciens apprenants des établissements d’EFP (ceux n’ayant pas pu
terminer la formation, et ceux diplômés/lauréats) ;
3. Guide d’entretien individuel avec les parents (pères, mères) et tuteurs ;
4. Guide d’entretien individuel avec les enseignants et responsables pédagogiques de
5. l’enseignement général classique de niveau secondaire ;
6. Guide d’entretien individuel aves les responsables des établissements d’EFP ;
7. Guide d’entretien individuel avec les employeurs et opérateurs économiques ;
8. Guide d’entretien individuel avec les autorités et autres acteurs clés.
2.2.3 Déroulement de l’étude
L’enquête de terrain s’est déroulée du 30 juin au 16 juillet 2022 dans les quatre (4) régions de la Guinée
Bissau suivantes : Quinara, Oio, Cacheu et SAB. Elle a démarré par une journée d’orientation de l’équipe des
enquêteurs et a porté sur :
(i) la présentation et discussions sur le projet RESET (historique, contexte et justification, objectifs et
résultats attendus, zones d’intervention et les partenaires de mise en œuvre en Guinée-Bissau) ;
(ii)lesobjectifsetlaméthodologiquedel’étude(contextedel’étude,objectifs,approcheméthodologique,
localités de collecte des données sur le terrain, informateurs, outils de collecte et échantillons) ;
(iii)le rappel sur les attitudes et comportements à avoir sur le terrain ; (iv) la présentation des outils et du
dispositif de collecte et d’extraction des principales informations recueillies et discussions.
15
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
* L’agenda de formation suivi du calendrier de collecte des données est en annexe 2 de ce rapport.
Toutes lesactivités d’enquête auprès des jeunes (garçons et filles),des anciens apprenants, des parents (pères,
mères et tuteurs) et des enseignants et responsables pédagogiques de l’enseignement général classique de
niveau secondaire et dans les établissements d’EFP, tant en milieu urbain qu’en milieu rural, ont été réalisées
par l’équipe des enquêteurs composée de deux dames et deux hommes de l’Institut National de Statistiques
(INE) et de la Direction Générale de la Planification, Évaluation du Système Éducatif (DGPASE).
REGIONS JOURS
Quinara
Oio
Cacheu
SAB
Jours de collecte Jours de voyage / Debriefing
La collecte des données auprès des responsables des établissements d’EFP, des employeurs et opérateurs
économiques et des autorités en charge du sous- secteur de l’EFP a été réalisée par les consultants en charge
de l’étude (le consultant senior chef de mission et le consultant national). La prise de contact avec les autorités
locales et la vigilance sur le respect des échantillons des personnes à interrogées dans chacune des régions
ont également été assurées par les consultants.
Tenant compte du fait que les enquêtes qualitatives sont peu habituelles dans le contexte de la Guinée
Bissau, nous avons pris le soin de recourir aux enquêteurs déjà expérimentés en la matière mais également
aux enquêtes en milieu scolaire. Il s’agit des enquêteurs venant essentiellement de la Direction Générale de
la Planification du Ministère de l’Education Nationale et de l’Institut National des Statistiques du Ministère
de l’Economie.
A la fin de la collecte des données dans chacune des quatre (4) régions de l’étude, un débriefing a été réalisé
pour extraire les principales informations recueillies. Les résultats obtenus lors de ces séances de débriefing
sont en annexe 3 de ce rapport.
2.2.4 Limites et biais de l’étude
Le travail de collecte de données étant en grande partie déterminé par les réalités du terrain qui peuvent être
envisageables en amont ou inattendues. Les premiers types de réalités (envisageables) ont pu être atténués par les
contacts avec les points focaux institutionnels, les services techniques déconcentrés dans le domaine de l’éducation
et de la formation professionnelle qui travaillent dans les différentes régions cibles mais aussi par la mise à profit des
différentes expériences du consultant national et des enquêteurs dans les zones de l’étude. Il s’agit principalement de
l’accessibilité géographique des zones rurales de l’étude et de la disponibilité des répondants.
La réalisation de la phase d’enquête de terrain pendant la saison hivernale n’a pas facilité la collecte des données
surtout dans les régions de l’intérieur du pays. Par exemple, dans certaines localités, il a été difficile de rassembler
les jeunes pour animer les focus-groupes. Cependant, lorsque la tenue des focus-groupes n’a pas été possible, les
entretiens individuels ont été privilégiés.
Globalement, les limites et biais de l’étude n’ont pas été de nature à altérer la qualité et la pertinence des données
collectées.
16
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
3. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS DE L’ÉTUDE
3.1 Le bilan de la collecte des données
ECHANTILLONS
PROFIL DES INFORMATEURS OUTILS DE COLLECTE TOTAL
Quinara Oio Cacheu SAB
Jeunes (garçons et filles)
en milieux scolaire et
communautaire
Focus- groupes 11 45 35 53 144
Entretiens individuels 11 12 15 16 54
Anciens apprenants des
établissements d’EFP (ceux
n’ayant pas pu terminer la
formation et ceux diplômés/
lauréats)
Entretiens individuels 9 7 8 11 35
Parents & tuteurs Entretiens individuels 12 12 16 20 61
Enseignants et responsables
pédagogiques de l’enseignement
général classique de niveau
secondaire
Entretiens individuels 7 6 8 10 31
Responsables des établissements
d’EFP
Entretiens individuels 1 1 2 2 6
Employeurs & opérateurs
économiques
Entretiens individuels 1 1 2 2 6
Autorités en charge du sous-
secteur de l’EFP
Entretiens individuels 0 0 0 2 2
TOTAL 52 85 86 116 339
Dans l’ensemble des quatre (4) régions d’enquête, 339 personnes ont été interrogées dont 144 à travers les
focus-groupes et 195 à travers les entretiens individuels.
Par région, 116 personnes ont été interrogées à SAB, 86 à Cacheu, 85 à Oio et 52 à Quinara.
Par profil d’informateurs, 198 jeunes ont été interrogées (dont 144 à travers les focus-groupes et 54 à travers
les entretiens individuels), 61 parents et tuteurs, 35 anciens apprenants, 31 enseignants et formateurs, 6
responsables des établissements d’EFP, 6 employeurs et opérateurs économiques et 2 autorités en charge
du sous-secteur de l’EFP.
Le nombre total de personnes interrogées dépasse largement les prévisions initiales. Ceci s’explique par le
souci de ratisser large pour mieux se donner les chances d’atteindre la saturation des informations recueillies
dans la perspective d’obtenir la plus grande variabilité des opinions, perceptions, aspirations et attentes pour
dresser des tendances.
Par contre, le nombre de personnes attendues pour participer aux focus-groupes n’a pas été atteint en raison
notamment des difficultés rencontrées sur le terrain pour réunir les participants. Cette difficulté s’explique
par le fait que l’enquête a eu lieu au mois de juillet, période des vacances scolaires, les élèves censés être
majoritaires sont dans déjà dans leurs familles.
17
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
3.2 Les facteurs qui jouent en défaveur de l’attractivité de l’EFP auprès des jeunes en Guinée
Bissau
FAIBLE IMPLICATION
DE L’ENTOURAGE
DES CANDIDATS
MOYENS FINANCIERS
INSUFFISANTS
FAIBLE
CONNAISSANCE DES
OPPORTUNITÉS
DE L’EFP POLITIQUE INCITATIVE
FACTEURS EN DÉFAVEUR DE L’ATTRACTIVITÉ DE L’EFP
AUPRÈS DES JEUNES EN GUINÉE-BISSAU
Il faut rappeler que les résultats du diagnostic des centres de formation réalisé en 2021 dans le cadre du
projet RESET montrent qu’en dépit de l’environnement d’instabilité constante qu’a connu le pays, il y a une
augmentation croissance du nombre de structures offrant des filières d’EFP. De trois centres à peine en 1984
(le Centre de Formation Industrielle - CENFI), le Centre de Formation Communautaire (CEFC) de Bedanda
et le Centre de Formation de la Congrégation Catholique Josefinos de Leonardo de Murialdo (CIFAP de Bula)),
aujourd’hui ils sont au nombre de 22 et sont majoritairement implantés à Bissau sous l’initiative des
Organisations Non Gouvernementales (ONG) essentiellement. Egalement, les effectifs des apprenants au
sein de ces centres ne cessent d’augmenter d’années en années.
18
ABSENCE DE
EFP
MAUVAISE
PERCEPTION DE L’EFP
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
Le sous-secteur de l’EFP peine encore à attirer davantage de jeunes au regard des possibilités et avantages
offerts même si au fil des années il y a une croissance du nombre des établissements d’EFP comme mentionné
ci-dessus. Les résultats de la présente étude montrent que s’il en est ainsi, c’est parce qu’il y a une série de
facteurs qui jouent directement en défaveur de l’attractivité de l’EFP auprès des jeunes. Parmi ces facteurs,
les plus saillants et récurrents sont notamment :
(i) la faible connaissance par les jeunes du sous-secteur de l’EFP et des possibilités et avantages offerts ;
(ii) la faible influence de l’entourage des jeunes (parents, enseignants et responsables pédagogiques
de l’enseignement général classique de niveau secondaire) sur leur choix de faire la formation
professionnelle ;
(iii) l’image négative souvent associée à l’EFP et aux opportunités d’insertion professionnelle offertes ;
(iv) pour les jeunes informés sur les possibilités et avantages offerts par l’EFP, les faibles capacités
économiques et financières des parents et des jeunes intéressés à prendre en charge les frais de
financement de la formation professionnelle ;
(v) l’absence d’une politique nationale d’EFP.
3.2.1 La faible connaissance par les jeunes du sous-secteur de l’EFP et des possibilités
et avantages offerts
Au cours de la collecte des données sur le terrain, les questions liées à la connaissance du sous-secteur de
l’EFP et des possibilités et avantages offerts ont été posées :
(i) aux jeunes (garçons et filles) en cours de scolarisation, déscolarisés et non scolarisés;
(ii) aux parents (pères et mères) et tuteurs/tutrices ;
(iii) aux enseignants et responsables pédagogiques de l’enseignement général classique de niveau
secondaire.
L’analyse des témoignages recueillis auprès de ces trois catégories d’informateurs mentionnés ci-dessus8 à
qui les questions liées à la connaissance du sous-secteur de l’EFP et des possibilités et avantages offerts ont
été posées, a permis de dégager les constats suivants concernant les jeunes :
• Comparativementauxautrescatégoriesd’informateurs,lesjeunesontleplusfaibleniveaudeconnaissance
du sous-secteur de l’EFP et des possibilités et avantages offerts et cela, quelle que soit la région. Par
exemple, à travers les différents témoignages recueillis, les jeunes interrogés avaient du mal à parler
de ce qu’ils savent de l’EFP et des possibilités et avantages offerts, encore moins des établissements/
centres d’EFP qu’ils connaissent, de l’intérêt d’une formation professionnelle en comparaison avec
l’enseignement général classique, etc. Comme dans la plupart des pays de la sous-région, les jeunes
bissau-guinéens qui sont présentement en cours de scolarisation semblent, dans leur grande majorité,
opter pour les études supérieures dans l’enseignement général classique notamment dans les domaines
de la santé, des sciences politiques, des sciences sociales, etc.
• Par région, les jeunes de Quinara ont le niveau de connaissance le plus faible du sous-secteur de l’EFP
et des possibilités et avantages offerts comparés à ceux des autres régions de l’étude. Ils sont suivis
par ceux de Oio, de Cacheu et de SAB. Globalement la tendance générale qui se dégage au regard des
témoignages recueillis est que plus on s’éloigne de la capitale du pays et des capitales régionales moins
la connaissance du sous-secteur de l’EFP est au rendez-vous.
8. Il s’agit notamment :
(i) des jeunes (garçons et filles) en cours de scolarisation, déscolarisés et non scolarisés ;
(ii) des parents (pères et mères) et tuteurs ;
(iii) des enseignants et responsables pédagogiques de l’enseignement général classique de niveau secondaire.
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
19
• Les niveaux de connaissance du sous-secteur de l’EFP en termes de possibilités et avantages offerts sont
quasi similaires entre les jeunes de la région de Cacheu et ceux de SAB. La forte scolarisation des jeunes,
la proximité et présence ancienne des centres de formation professionnelle et l’influence de l’extérieur
(diaspora) constituent, entre autres, les facteurs explicatifs des niveaux de connaissance du sous-secteur
de l’EFP quasi similaires entre les jeunes de la région de Cacheu et ceux de SAB. D’ailleurs, le plan sectoriel
de l’Education 2015- 2025 confirme ce constat en mentionnant que la région de Cacheu vient derrière le
SAB en termes d’accès à l’éducation en 2010.
• En termes de genre, les garçons connaissent mieux le sous-secteur de l’EFP et des possibilités et
avantages offerts aux jeunes comparés aux filles et cela, quelle que soit la région de l’étude en raison
notamment des différences de niveaux de scolarisation. Par exemple, les données de MICS (UNICEF,
2014), mentionnent que 50,5 % de jeunes filles et 70,4 % de jeunes garçons sont scolarisés dans le pays.
Il faut également noter que cette différence de niveau de connaissance peut s’expliquer par des préjugés
liés au fait que dans le passé, les formations offertes par les centres d’EFP en termes de métiers enseignés
sont considérés comme une affaire des hommes, ce qui a certainement justifié le moins d’intérêt des
filles à l’EFP.
• Dans chacune des régions de l’étude, les jeunes du milieu urbain ont une connaissance plus accentuée
du sous-secteur de l’EFP et des possibilités et avantages offerts comparés à ceux du milieu rural, excepté
à Empada (localité rurale de la région de Quinara ayant abritée l’un des premiers centres de formation
professionnelle du pays) où les jeunes ont un niveau de connaissance plus affirmée que ceux de la ville
de Buba (la capitale régionale).
Quelle que soit la région, il y a une absence de mécanisme d’information et d’orientation permettant de
fournir aux jeunes des informations sur les opportunités éducatives et professionnelles des établissements
d’EFP.
3.2.2 La faible influence de l’entourage des jeunes ainsi que leurs pairs (frères, sœurs,
amis, parents, enseignants et responsables pédagogiques de l’enseignement général
classique de niveau secondaire) sur leur orientation professionnelle
20
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
“Autrefois, on accordait beaucoup d’importance
Les témoignages recueillis auprès des parents (pères et mères) et tuteurs permettent de faire les constats
suivants :
• Quelle que soit la région de l’étude, les parents ont une bonne connaissance de l’EFP et souhaitent que
ce sous-secteur soit davantage promu pour résoudre le problème de l’accroissement du chômage des
jeunes. Ils sont informés sur les possibilités et avantages offerts par le sous-secteur de l’EFP à travers la
médiatisation des premiers centres de formation du pays, juste après l’indépendance du pays notamment
le Centrede Formation Industrielle (CENFI), le Centre de Formation Communautaire (CEFC) de Bedanda et
le Centre de Formation de la Congrégation Catholique Josefinos de Leonardo de Murialdo (CIFAP de Bula)
et/ou l’influence de la vision de développement du père fondateur de la Guinée Bissau en l’occurrence
Amilcar Cabral, etc.
• Quelle que soit la région, même si les parents connaissent les structures d’EFP, les possibilités et avantages
offerts, leur influence sur le choix des jeunes de faire une formation professionnelle reste très faible. Par
exemple, sans spécifier la tranche d’âge la plupart des mères interrogées disent être favorables au libre
choix des jeunes quant à l’éventualité de suivre ou non une formation professionnelle. Certaines d’entre
elles estiment d’ailleurs qu’actuellement ce sont les jeunes qui font leurs propres choix et viennent
simplement informer les parents. Les propos ci-dessous recueillis auprès d’une dame interrogée à Buba
dans la région de Quinara illustrent cet état de fait : « Autrefois, on accordait beaucoup d’importance
à l’avis de nos parents, ce qui est largement moins le cas aujourd’hui ». Pour les pères, la plupart
reconnaissent que les jeunes actuels ont des aspirations professionnelles qui n’ont rien à voir avec celles
de leurs parents comme en témoignent les propos suivants recueillis à SAB : « Aujourd’hui, la plupart des
jeunes pensent que le travail doit être d’abord une source d’épanouissement personnel avant d’être un
moyen de subsistance (...), ce qui n’était pas le cas quand nous avions leur âge ». Certains vont même
jusqu’à dire que les jeunes d’aujourd’hui n’aiment pas le travail en dehors des bureaux et des villes.
DAME INTERROGÉE À BUBA
DANS LA RÉGION DE QUINARA :
• Quellequesoitlarégion,lesenseignantsetresponsablespédagogiquesdel’enseignementgénéralclassique
de niveau secondaire ont une très bonne connaissance des structures de formation professionnelle dans
le pays et des possibilités et avantages offerts. Cependant, ils ne se voient pas habilités de devoir
conseiller leurs élèves à s’orienter vers la formation professionnelle. Certains vont même jusqu’à dire que
le choix revient aux élèves eux-mêmes.
• Il apparait dès lors que si les jeunes ont une faible connaissance de ce sous-secteur de l’EFP et des
possibilités et avantages offerts et que leur entourage a une faible influence sur leurs choix de faire une
formation professionnelle. Il va s’en dire que les chances de les voir choisir la formation professionnelle
restent assez minces.
21
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
3.2.3 L’image négative souvent associée à l’EFP et aux opportunités d’insertion
professionnelle offertes
L’analyse des témoignages recueillis sur le terrain auprès des jeunes, des parents et des anciens apprenants
des établissements d’EFP et des résultats de la revue documentaire laisse apparaitre les constats suivants
en termes de :
(i) doutes quant à la qualité des enseignements ;
(ii) caractère assez limité des opportunités/possibilités d’insertion professionnelle et des salaires en
dessous des attentes ;
(iii) pénibilité du travail notamment dans certains secteurs d’activités ;
(iv) inexistence de passerelle permettant de passer des qualifications les plus basses aux plus élevées
dans l’architecture actuelle du système éducatif national;
(v) prédominance de l’emploi informel souvent sans respect des engagements sociaux (en termes
notamment d’indemnités de départ en retraite, de gratifications d’ancienneté, etc.) ni de garantie ;
(vi) faible connaissance et utilisation des outils favorisant l’employabilité des diplômés.
• Quelle que soit la région, les témoignages recueillis auprès de certains jeunes, parents et anciens
apprenants des établissements d’EFP mentionnent que les équipements d’apprentissage, le contenu
pédagogique, le niveau des formateurs ainsi que les difficultés à trouver des opportunités de stage, d’une
part, et de trouver un emploi décent, d’autre partne donnent pas les garanties d’une formation de qualité
et adaptée aux exigences actuelles du marché du travail. Ainsi, chez certains anciens apprenants
interrogés, quelle que soit la région, la frustration est le sentiment le plus partagé comme en témoignent
ces propos recueillis auprès d’un d’entre eux à Bissorã dans la région de Oio : « Concernant mon cas et
plusieurs de mes collègues qui sont dans la même situation que moi, de plus en plus l’espoir et l’optimisme
de possibilités d’insertion professionnelle cèdent la place à la frustration et au désespoir ». Cet ancien
apprenant a terminé sa formation dans un des établissements d’EFP du pays depuis plus de quatre ans
et jusqu’au moment où il a été interrogé dans le cadre de cette étude, il n’a jamais pu bénéficier d’une
moindre opportunité de stage.
ANCIEN APPRENANT INTERROGÉ À
BISSORÃ DANS LA RÉGION DE OIO :
22
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
“Concernant mon cas et plusieurs de mes
collègues qui sont dans la même situation que
moi, de plus en plus l’espoir et l’optimisme de
possibilités d’insertion professionnelle cèdent la
place à la frustration et au désespoir”.
• Certains témoignages recueillis auprès des anciens diplômés des établissements d’EFP qui ont pu
décrocher une opportunité d’insertion professionnelle mentionnent des niveaux de salaires très bas
souvent proposés aux diplômés dans le secteur informel. Lesdits salaires se situeraient entre 40.000
et 60.000 F CFA et leur versement ne serait pas toujours régulier. Certains employeurs et opérateurs
économiques interrogés confirment ce constat. Ils estiment qu’en l’état actuel du pays, en plus du
manque criant d’infrastructures (routes, structures de santé, etc.), l’électricité, les moyens de transport,
le mauvais état de routes n’encouragent pas la venue d’investisseurs potentiels et le développement de
l’environnement des affaires.
• La pénibilité du travail liée, par exemple, au travail manuel dans la plupart des cas, à un rythme de travail
éprouvant, à l’effort physique notamment les positions provoquant des problèmes articulaires, les
vibrations dues aux machines, aux températures parfois extrêmes sans des mesures de compensation
est évoquée par certains comme un des facteurs en défaveur de l’attractivité de l’EFP auprès des jeunes.
Parmi les secteurs d’activités pour lesquels la pénibilité du travail est évoquée, il y a notamment les
métiers du bâtiment (maçonnerie, plomberie, électricité, soudure, charpenterie, froid et climatisation),
de la mécanique auto, de l’agriculture et de la transformation agroalimentaire, de la pêche, etc.
• L’impossibilité de gravir les échelons en passant des qualifications les plus basses aux plus élevées dans
l’architecture actuelle de la formation professionnelle a été mentionnée par certains anciens diplômés de
l’EFP. Par exemple, après un diplôme de base en informatique, il est actuellement impossible d’obtenir une
équivalence pour intégrer un master informatique à l’université ou dans une école d’ingénieurs spécialisée au
niveau national. Cette situation est ainsi présentée comme une des entraves à l’attractivité de l’EFP.
• Plusieurs documents consultés pour les besoins de cette étude mentionnent que le travail informel est une
réalité prépondérante en Guinée Bissau et touche la majorité des diplômés des établissements d’EFP. Par
exemple, le Plan National de Développement (PND) 2020-2023 mentionne que le secteur informel est
le principal pourvoyeur d’emplois, près de neuf emplois sur dix (88,9%) sont générés par le secteur
informel, quel que soit le secteur d’activité. La prédominance de l’emploi informel est plus prononcée dans
le secteur agricole avec 99,5% que dans le secteur non agricole avec 85,9%9. Selon les estimations de l’OIT
(Organisation Internationale du Travail), le travail informel représente environ 60% des emplois dans
les centres urbains et 25% de tous les secteurs confondus. Du point de vue qualitatif, c’est le secteur
formel constitué par l’administration publique et une bonne partie des entreprises commerciales qui
présentent les meilleures perspectives d’emploi (en termes de respect des engagements sociaux en termes
notamment d’indemnités de départ en retraite, de gratifications d’ancienneté, etc.) et de garantie. Les
employés rattachés à ces deux secteurs ont un revenu moyen qui dépasse 87,251 F CFA/mois (132 EUR)
et en raison de cela ne font pas partie de la population vivant en-dessous du seuil de pauvreté (Instituto
Nacional de Estatisticas, 2017). Les résultats de l’étude réalisée par Enabel sur le diagnostic des pratiques
d’insertion des lauréats de l’EFTP sur le marché du travail salarié10 confirment ce constat en relevant que le
taux d’insertion reste en dessous de 50% en moyenne. Les résultats de cette étude mentionnent également
que l’auto-emploi qui peut être une des options crédibles pour l’insertion des sortants des centres de
formation professionnelle est encore timide dans le pays et seuls deux centres de formation disposent
d’un dispositif d’orientation de leurs apprenants à la création d’activités génératrices de revenus et/ou des
micros et petites entreprises.
9. Plano Nacional de Desenvolvimento (PND) 2020-2023, page 12.
10. RESET - Reforçar a eficácia do sistema de ensino e formação tecnica e profissional na Guiné – Bissau • Projeto
financiado pela União Europeia
11. UNESCO, Institut International de planification de l’éducation, Assurance qualité interne et employabilité :
Comment renforcer le lien entre éducation et emploi, Note d’orientation de l’IIPE, disponible à www.iipe.unesco.org
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
23
• Les témoignages recueillis auprès des responsables des établissements d’EFP et des résultats de la revue
documentaire permettent de constater la faible connaissance et utilisation des outils d’assurance qualité
interne favorisant l’employabilité des diplômés11. Lesdits outils sont les études de suivi des diplômés, les
enquêtes sur la satisfaction des employeurs et les analyses du marché du travail. Ils constituent des outils
d’assurance qualité interne favorisant l’employabilité et facilitant la collecte d’informations auprès des
parties prenantes. La plupart des responsables des établissements d’EFP interrogés ne connaissent pas et/ ou
n’utilisent pas ces outils.
• Par exemple, les études de suivi des diplômés servent à étudier leur intégration au marché du travail
et leurs conditions d’emploi. Elles permettent également de comparer le niveau d’emploi par domaine
de spécialisation et le niveau de préparation des diplômés en ce qui concerne les connaissances, les
compétences et les attitudes requises dans le milieu du travail. Les enquêtes auprès des employeurs
informent sur la façon dont ces derniers apprécient les compétences et les aptitudes des diplômés dans le
milieu du travail. Il vise à recenser les commentaires des employeurs sur les performances des diplômés
et sert, par conséquent, à améliorer la qualité et la pertinence des enseignements et apprentissages. En
général, les enquêtes de satisfaction portent sur les forces et les faiblesses de chaque diplômé en matière
de compétences professionnelles et transversales (par exemple, communication, travail d’équipe, éthique,
responsabilité sociale, attitude au travail, connaissances et compétences spécifiques) par rapport aux autres
diplômés. L’analyse du marché du travail est effectuée soit lors de la conception des programmes d’études,
pour refléter les besoins du marché du travail, soit à partir des programmes existants, pour identifier les
opportunités d’emploi offertes aux diplômés. En général, les résultats de ces outils servent à améliorer les
programmes d’études ou les services d’aide aux diplômés dans le but ultime de favoriser l’employabilité
des diplômés.
3.2.4 Les faibles capacités économiques et financières des parents ou intéressés à
prendre en charge les frais de financement de la formation professionnelle pour les
jeunes informés sur les possibilités et avantages offerts par l’EFP
En plus des facteurs qui jouent directement en défaveur de l’attractivité de l’EFP auprès des jeunes, il y a
également les faibles capacités économiques et financières des parents et des jeunes à prendre en charge les
frais de financement de la formation professionnelle. Par exemple, chez ceux qui sont au courant de l’EFP, bien
qu’ils aient conscience des avantages et possibilités offerts par ce sous-secteur, les moyens financiers sont des
obstacles. À titre illustratif, il y a le cas du centre de formation SENAI (Service National d’Apprentissage Industriel
sous la tutelle de la coopération brésilienne) où l’accès à la formation est quasi gratuit, la question de l’accès
financier ne se pose plus puisque, selon le Directeur des Etudes de cette structure, chaque année au moment
des inscriptions les candidats se bousculent nuit et jour pour y avoir une place. En plus de la quasi gratuité de la
formation, la qualité des installations et équipements d’apprentissage disponibles donnent certainement envie
aux jeunes à y suivre une formation professionnelle.
Globalement, la formation professionnelle pâtit en général d’une mauvaise image au sein de l’opinion publique.
Elle est souvent considérée comme une voie de garage réservée aux élèves en difficultés et ne dispose pas du
prestige social accordé aux cursus universitaires et aux filières générales. Il est ainsi nécessaire d’opérer un
changement de discours au sujet de la formation professionnelle et de valoriser ces filières en informant et
communiquant à leur sujet : mise en avant des opportunités de carrière, des taux d’insertion professionnelle,
des niveaux de rémunération attendus et de la qualité des emplois.
24
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
3.2.5 L’absence d’une politique nationale d’EFP
En plus des quatre (4) facteurs ci-dessus mentionnés qui entravent l’attractivité de l’EFP, les participants à
l’atelier de restitution et de validation du rapport provisoire de l’étude ont indiqué que l’absence de politique
nationale d’EFP est un de ces facteurs. En effet, cette absence (de la Politique Nationale de l’EFP) peut être
interprétée comme un manque de volonté et de considération des autorités nationales vis-à-vis de ce sous-
secteur malgré le défi du chômage endémique des jeunes. Par exemple, l’INAFOR qui est sensée travailler de
manière articulée avec le gouvernement et tous les acteurs concernés au développement du sous-secteur de
l’EFP et l’AGEFP qui est l’entité chargée de promouvoir la formation continue des employés sont dépourvus de
ressources financières et techniques pour s’acquitter de leurs missions. Également, l’Observatoire National de
l’Emploi qui est l’entité qui devrait jouer ce rôle mais elle est aussi limitée en terme technique et opérationnel.
Il faut noter que Enabel appuie actuellement le pays à disposer d’une Politique Nationale de l’EFP. Le document
de Politique EFP va davantage clarifier le rôle et les responsabilités de chacune de ces institutions de coordination
de sous-secteur EFP.
25
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
3.3 Les facteurs socio-économiques qui entravent l’accès des jeunes des zones rurales à l’EFP
3. Faiblesse des ressources
financières des ménages
2. Faible adaptabilité
des dispositions de la loi de base
rendant l’accès sélectif
4. Offre de formation souvent
inadéquate selon les besoins
du marché
1. Faible investissement
des pouvoirs publics
dans l’éducation en général
Les facteurs socio-économiques
qui entravent l’accès des jeunes
des zones rurales à l’EFP
5. Méconnaissance
de la valeur de l’EFP
L’analyse des témoignages recueillis et des résultats de la revue documentaire a permis d’identifier une série
de facteurs qui entravent l’accès des jeunes, particulièrement ceux des zones rurales à bénéficier d’une
formation professionnelle. Parmi ces facteurs, il y a notamment :
(i) le faible investissement des pouvoirs publics dans l’éducation en général associé à la loi de base du
système éducatif et les critères d’accès appliqués par certains centres de formation professionnelle ;
(ii) la faible adaptabilité des dispositions de la loi de base du système éducatif au secteur de l’EFP ;
(iii) la faiblesse des ressources financières des ménages pour assurer la prise en charge du financement
de la formation en termes de frais de scolarité, de logement, de nourriture et de transport des
apprenants des localités lointaines ;
(iv) les obstacles liés aux caractéristiques propres à l’offre de formation professionnelle dans le pays ;
(v) la méconnaissance de la valeur de l’EFP.
3.3.1 Le faible investissement des pouvoirs publics dans l’éducation en général associé
à la loi de base du système éducatif et les critères d’accès appliqués par certains centres
de formation professionnelle
Il ressort de la revue documentaire que l’Etat reste dans tous les pays le plus grand contributeur aux dépenses de
l’éducation12. Dans le cas spécifique de la Guinée Bissau, les ressources internes de l’État ne représentent que 7 %
du PIB, un niveau très faible, 3 fois inférieur à la moyenne observée sur le continent africain et deux fois inférieur au
cadre indicatif de l’initiative Fast Track qui est 14%. Et de ces faibles ressources, l’éducation n’est pas une priorité,
puisque la part du budget qui y est consacrée (13 % en 2013) est deux fois inférieure à celle des pays de niveau de
richesse comparable. Par exemple, en 2013, l’État dépensait en moyenne 18 000 Fcfa par enfant scolarisable (moins
de 40dollars),unniveauinsuffisantpourdispenserunenseignementde basede qualitépourtouslesenfants13.
12. Financement de la Formation Professionnelle en Afrique : Rôles et Spécificités des Fonds de Financement de la
formation professionnelle, Agence Française de Développement, ADEA, Novembre 2014
13. En Guinée-Bissau, le système éducatif reste en grande partie à construire, UNESCO, Pôle de Dakar, Novembre
26
2016 – Note Pays 26, disponible sur : www.iipe-poledakar.org
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
Selon le rapport de l’étude diagnostic du MEN (2014), 23% des enfants n’entrent jamais à l’école et 18% de
ceux qui entrent abandonnent avant d’atteindre la 6ème année.
L’analyse effectuée dans le cadre du RESEN donne un certain nombre de facteurs pouvant expliquer ces
résultats. Il s’agit en premier lieu de l’organisation des écoles, la majorité de celles-ci n’offrant pas tous les
niveaux des cycles. Particulièrement, après l’enseignement de base 1er cycle, les chances de poursuivre les
études sont très réduites. Selon les résultats de la revue documentaire, seulement 25% des écoles offrent
l’opportunité d’avoir tous les niveaux des cycles, ce qui signifie que les 75% des écoles restantes n’offrent
pas les 6 niveaux de scolarité. Cette impossibilité de suivre un cycle primaire complet dans la même école
concerne à peu près la moitié des élèves (47%). Ceci oblige les élèves concernés à aller chercher une place
dans d’autres écoles situées dans d’autres localités et qui très souvent n’ont pas les capacités d’accueillir un
grand monde. Cette situation génère donc des dépenses d’éducation additionnelles pour les familles dans le
cas où les élèves sont dans l’impossibilité de trouver une place ailleurs, ils abandonnent les études.
Dans ces conditions, les familles doivent financer avec leurs propres moyens l’éducation de leurs enfants. En
moyenne, la contribution des ménages est supérieure à celle versée par l’État, elle équivaut à 63% des
dépenses totales d’éducation, une valeur bien supérieure à ce qui est observé ailleurs en Afrique (24 %), alors
que 70 % de la population vit sous le seuil de pauvreté14 .
L’économie du pays est peu diversifiée, peu performante et fortement dépendante du cajou qui génère plus
de 87,7% des exportations et dont les revenus nourrissent près de 80% de la population. Quoique sixième
producteur mondial, le pays ne capte que 11% de la valeur d’achat des amandes, car plus de 95% des
exportations de cajou concerne les noix brutes15. Selon plusieurs sources documentaires, le pays est
profondément handicapé par 40 années d’instabilité institutionnelle et son système éducatif est dans une
situation critique. Par exemple, même à Bissau, la capitale, les enfants marchent jusqu’à 3 km pour aller à
l’école, et doivent souvent porter leurs propres tabourets ou chaises (UNICEF, 2021). Pour beaucoup d’enfants
en Guinée-Bissau, l’accès à une éducation de qualité reste un défi ; le pays a le plus bas taux d’achèvement
des études primaires en Afrique de l’Ouest.
En plus des éléments ci-dessus mentionnés, les participants à l’atelier de restitution et de validation du
rapport provisoire de la présente étude ont mentionné que le faible investissement des pouvoirs publics dans
l’EFP en particulier s’est traduit notamment par :
• l’absence de préparation de programmes de formation pour leur mise en œuvre par les centres d’EFP ;
• le manque de financement public et de formation des formateurs pour les centres d’EFP ;
• le manque d’équipement (matériel didactique) ;
• le manque d’infrastructures adéquates ;
• la faible présence des centres d’EFP dans les régions en adéquation avec les réalités locales.
14. En Guinée-Bissau, le système éducatif reste en grande partie à construire, UNESCO, Pôle de Dakar, Novembre
2016 – Note Pays 26, disponible sur : www.iipe-poledakar.org
15. Projet d’Appui à l’Autonomisation et l’Inclusion Financière des Femmes et des Jeunes dans les Filières
Porteuses Cajou et Tomate et Légumes en Guinée-Bissau, République de Guinée-Bissau Ministère de l’Agriculture
et du Développement Rural et Banque Africaine de Développement Fonds Africain de Développement
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
27
3.3.2 La faible adaptabilité des dispositions de la loi de base du système éducatif au
secteur de l’EFP
Les dispositions de la loi de base du système éducatif sont très faiblement adaptées au secteur de l’EFP. En
effet, le propre d’une formation professionnelle est de donner/offrir la possibilité à tous y compris ceux n’ont
pas eu la chance d’atteindre ce niveau de scolarité exigé par la loi de pouvoir suivre une formation qualifiante.
Or cette loi prévoit la 7ème année de scolarité comme condition d’entrée à la formation professionnelle
(voir article 31). Également, chaque centre détermine les critères d’admission à la formation technique et
professionnelle et dans la plupart des cas, l’accès est réservé aux élèves qui ont un niveau de scolarité qui
varie entre 7ème et 12ème année16.
Il apparait dès lors que le problème d’accès à l’EFP résulte des dispositions de cette loi de base du système
éducatif qui est d’abord une loi de l’enseignement classique/général. Cette loi se préoccupe peu du secteur
de l’EFP. Pour preuve la question du sous-secteur de l’EFP est abordé dans une disposition de la loi de
manière très superficielle. C’est pourquoi, l’adoption de la Politique nationale de l’EFP permettrait de mieux
prendre en compte les priorités et besoins du sous-secteur EFP y compris la question d’accès/admission aux
structures de formation professionnelle.
Il est clair qu’il faut fixer les conditions d’admission aux structures de formation mais il faut aussi prévoir la
possibilité pour les jeunes qui n’ont pas eu la chance d’atteindre ce niveau de scolarité de pouvoir suivre une
formation qualifiante. Ainsi, le dispositif de Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) qui permet aux
personnes qui ont appris le métier de manière informelle (petit atelier du quartier ou du village) de pouvoir
avoir cette possibilité d’accéder à une reconnaissance de leur qualification professionnelle pourrait être une
alternative crédible. Ce système n’existe pas encore en Guinée Bissau mais pourrait être une des solutions
pour attirer les jeunes dans l’EFP.
3.3.3 La faiblesse des ressources financières des ménages pour assurer la prise en
charge du financement de la formation en termes de frais de scolarité, de logement,
de nourriture et de transport des apprenants des localités lointaines
Dans le sous-secteur de l’EFP, en raison notamment de la faiblesse des moyens publics attribués et de la
concentrationdesétablissementsdeformationprofessionnelleàSABetmajoritairementprivé,lefinancement
de la formation en termes de frais de scolarité, de logement, de nourriture et de transport des apprenants
des localités rurales lointaines repose principalement sur les ménages.
La majorité de ces ménages est constituée de petits exploitants agricoles qui ne dépendent que de la
monoculture de la noix de cajou. Ces ménages sont extrêmement vulnérables aux fluctuations des cours
mondiaux de la noix de cajou, car ils troquent souvent les noix contre du riz pour nourrir leur famille. Avec
des cours qui sont tombés de 1,4 dollar par kilogramme en 2017 à 0,5 dollar par kilogramme en 202017, les
ménages ont de plus en plus de difficultés à accéder aux ressources financières pour financer l’EFP des jeunes.
La diversification limitée des moyens d’existence, l’absence de capacités de transformation des aliments,
la dégradation de l’environnement et les difficultés d’accès au crédit et à la terre exercent des pressions
supplémentaires sur les revenus de ces ménages.
16. Rapport de diagnostic des Centres de Formation Technique et Professionnelle en Guinée-Bissau, Relance de
l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle pour l’Emploi en Guinée-Bissau – RESET, page 24
17. Banque mondiale. Indicateurs du développement dans le monde, données 2020
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
28
Les témoignages recueillis sur le terrain auprès des jeunes, des parents, des anciens apprenants des
établissements d’EFP (ceux n’ayant pas pu terminer la formation et ceux diplômés/lauréats) confirment ces
constats. En effet, quelle que soit la région de l’étude, le financement de la formation professionnelle en
termes de prise en charge par les ménages des frais de scolarité, de logement, de nourriture et de transport
des apprenants des localités rurales lointaines est considérée comme la principale entrave à l’accès des
jeunes des zones rurales à l’EFP.
3.3.4 Les obstacles liés aux caractéristiques actuelles de l’offre de formation
professionnelle en vigueur dans le pays
3.3.4.1 La concentration des établissements de formation professionnelle à SAB au détriment
des autres régions
Dans la mise en œuvre des activités du projet RESET, une étude diagnostique des structures de formation
technique et professionnelle a été réalisée en 202118 dans le but de disposer des informations sur les
structures de formation (nombre, fonctionnement, effectifs des apprenants, dynamique d’insertion…) et de
mieux positionner les interventions en vue dans le cadre de ce projet. Les résultats de cette étude ont révélé
que les centres de formation technique sont concentrés dans la capitale Bissau avec un effectif de 2496
apprenants soit 87.18% versus 12.82% pour l’ensemble des autres régions. Les jeunes dans les régions à
l’intérieur du pays ont des difficultés à accéder à l’EFP.
Ce manque de décentralisation de l’offre de formation professionnelle oblige les jeunes des zones non
pourvues qui le souhaitent à se déplacer de leurs localités de résidence vers les zones où il y a le centre
de formation de leur préférence. Cette situation augmente les dépenses de la formation professionnelle.
En effet, en plus des frais de scolarité, il faut aussi prendre en charge les frais de logement, de nourriture
et de transport des apprenants de leurs localités de résidence vers les villes d’implantation des centres de
formation professionnelle. En effet, plusieurs témoignages recueillis font état de plus en plus de difficultés à
trouver des tuteurs pour les apprenants dans les villes où il y a des centres de formation.
3.3.4.2 L’offre de formation professionnelle actuelle est très majoritairement payante et
maintient les inégalités sociales et professionnelles entre filles et garçons
Les résultats du diagnostic des centres de formation réalisé en 2021 dans le cadre du projet RESET permettent
de faire les constats suivants :
- A l’exception de SENAI de Bissau sponsorisé par la coopération brésilienne et le centre de formation du
village SOS financé par l’UE et SOS Hollande qui ne demandent aucun frais de scolarité, les autres centres de
formation sont payant et les frais mensuels varient entre 5000 à 25000 FCFA.
- Une prédominance des garçons dans l’enseignement et la formation professionnelle (63%) contre 37% pour
les filles dans le pays. Les filles dans les régions représentant seulement 2,68% des apprenants des centres
en dehors de la capitale.
Pourtant, dans la Recommandation révisée sur l’Enseignement Technique et Professionnel adoptée par la
Conférence Générale de l’UNESCO à sa 18ème session, il est, d’une part, stipulé au paragraphe 27 que :
«Comme il est souhaitable que les femmes participent plus largement à l’exercice de toutes les catégories de
professions, elles devraient avoir les mêmes possibilités de formations que les hommes et être encouragées,
par des mesures législatives appropriées et par une information largement diffusées, à faire usage de ces
possibilités».
18. Rapport de diagnostic des Centres de Formation Technique et Professionnelle en Guinée-Bissau, Relance de
l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle pour l’Emploi en Guinée-Bissau - RESET
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
29
Et d’autre part, souligné au paragraphe 57 que :
«L’orientation des jeunes filles et des jeunes femmes devrait faire l’objet d’une attention particulière :
(a) Cette orientation devrait porter sur les possibilités d’enseignement, de formation et d’emploi aussi
variées que pour les garçons et les hommes ;
(b) Elledevraitencouragersystématiquementlesjeunesfillesetlesfemmesàtirerpartiedespossibilités
qui leur sont offertes».
C’est par référence à ces normes que doit se développer l’action visant à encourager l’accès des jeunes filles
et des jeunes femmes à l’EFP.
3.3.4.3 La faible diversification et prise en compte des besoins et potentialités des régions dans
l’offre de formation professionnelle
L’étude a aussi constaté que l’offre de formation proposée dans les centres de formation professionnelle est
très peu diversifiée et orientée principalement sur les métiers de la construction civile et du bâtiment et avec
une capacité limitée en termes d’opportunités d’emplois pour les diplômés à cause d’un marché peu
développé jusqu’ici. Le secteur du tourisme/hôtellerie a une grande potentialité et de réelles opportunités
d’emplois pour les jeunes mais la qualité de la formation proposée par certains centres de formation est en
dessous des attentes et exigences des acteurs du secteur.
3.3.5 Méconnaissance de la valeur de l’EFP
En plus des trois (3) facteurs socio-économiques ci-dessus mentionnés qui entravent l’accès des jeunes des
zones rurales à l’EFP, les participants à l’atelier de restitution et de validation du rapport provisoire de l’étude
ont indiqué que la méconnaissance de sa valeur est un de ces facteurs. Selon eux, les populations notamment
non scolarisées connaissent très peu la valeur de l’EFP. En fait, la méconnaissance de la valeur de l’EFP serait
notamment liée à la faible connaissance par les jeunes de ce sous-secteur et des possibilités et avantages
offerts et à l’image négative souvent associée à l’EFP et aux opportunités d’insertion professionnelle offertes
comme précédemment abordée.
30
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
3.4 Les barrières à l’accès des filles à l’éducation en général et à l’EFP en particulier
faible valorisation
de l’éducation des filles
pratiques discriminantes
à l’égard des filles
Accès limité des filles
aux établissements éloignés
En Guinée Bissau tout comme dans les autres pays en Afrique subsaharienne particulièrement, l’accès et le
maintien dans le système éducatif ou dans l’apprentissage sont un réel défi. Pour les filles, l’accès à l’éducation,
les conditions d’apprentissage, les taux de rétention ou encore les taux d’achèvement sont tous influencés
par les discriminations et stéréotypes de genre. Par exemple, l’une des caractéristiques démontrées par le
RESEN19 est la faible équité du système éducatif bissau-guinéen. Ceci est constaté aussi bien dans l’accèsà
l’école que dans l’achèvement des cycles d’enseignement et sur plusieurs dimensions : genre, milieu de
résidence, niveau de richesse et régions20.
L’analyse des témoignages recueillis et des résultats de la revue documentaire dans le cadre de cette étude
met en exergue une série de barrières à l’accès des filles à l’éducation en général et à l’EFP en particulier.
Parmi elles, il y a notamment :
(i) la faible valorisation de l’éducation des filles ;
(ii) les pratiques discriminantes à l’égard des filles ;
(iii) l’inaccessibilité des établissements de formation professionnelle dans les zones rurales pose
problème et limite l’accès des filles.
19. Rapport sur l’État du Système Éducatif National
20. Ministère de l’Education Nationale, Programme Sectoriel de l’Education de la Guinée Bissau (2017 -2025),
Juillet 2017
31
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
3.4.1 La faible valorisation de l’éducation des filles
Malgré les importants progrès réalisés et le changement de mentalités21 au sujet de la scolarisation des filles
dans les différentes régions de l’étude, l’analyse des témoignages recueillis auprès de certains parentset
jeunes filles notamment à l’intérieur du pays (dans les régions de Oio et Quinara) laisse apparaitre l’idée qu’il
est moins « utile » que les filles soient scolarisées. Les partisans de cette idée la justifient à partir d’une
supposée division des tâches qui cantonnerait les hommes au rôle productif et les femmes aux rôles
reproductifs de mères et d’épouses.
Dans cette perspective, elles n’ont en effet pas besoin d’avoir accès à l’éducation pour apprendre la gestion
et la réalisation des tâches ménagères et communautaires, compétences qu’elles peuvent acquérir avec
les autres femmes du ménage. Dès lors, elles ne seront pas priorisées au sein des ménages par rapport aux
garçons. D’ailleurs, l’une des caractéristiques démontrées par le RESEN22 est la faible équité du système
éducatif bissau-guinéen. Ceci est constaté aussi bien dans l’accès à l’école que dans l’achèvement des cycles
d’enseignement et sur plusieurs dimensions : genre, milieu de résidence, niveau de richesse et régions23.
L’analyse de l’équité des genres du système éducatif effectuée dans le cadre de l’élaboration du Programme
sectoriel de l’éducation de la Guinée Bissau (2017 – 2025) montre que les filles ont moins accès par rapport
aux garçons et abandonnent beaucoup plus que les garçons. Cette analyse observe également que le
manque d’écoles offrant les 6 premiers niveaux du cycle de base pénalise plus les filles que les garçons.
Ceci s’expliquerait par le fait que s’il faut aller poursuivre les études dans une autre localité, les familles
préfèrent envoyer les garçons au détriment des filles.
Plusieurs témoignages recueillis auprès des filles interrogées mentionnent que fonder une famille reste une
priorité pour elles. En discutant plus profondément avec elles il apparait clairement que ce sont souvent les
parents qui projettent et reproduisent ce type d’attentes pour leurs enfants.
3.4.2 Les pratiques discriminantes à l’égard des filles
Parmi les raisons des pratiques discriminantes à l’égard des filles en termes de barrières à leur accès à
l’éducation en général et à l’EFP en particulier, il y a notamment :
3.4.2.1 La pauvreté des familles
La formation professionnelle n’étant pas toujours gratuite, lorsque les conditions budgétaires ne sont
pas favorables, la scolarité vient concurrencer d’autres activités potentiellement rémunératrices pour les
ménages et les filles en sont souvent les victimes comme en témoignent les propos suivants recueillis auprès
d’une jeune femme à SAB : « Pour certains foyers, scolariser une fille se traduit par une perte de revenu
ou d’aide à la maison. Il arrive également que les familles n’aient pas les moyens de contribuer aux frais
scolaires ou d’acheter les fournitures et les uniformes. Et souvent, lorsqu’il faut faire un choix entre une
fille et un garçon, la famille consacrera ses maigres ressources à l’éducation du garçon, considérant qu’il
s’agit d’un meilleur investissement à long terme ».
L’analyse de l’équité des genres du système éducatif effectuée dans le cadre de l’élaboration du Programme
sectoriel de l’éducation de la Guinée Bissau (2017 – 2025) mentionne qu’une fille issue d’un ménage pauvre
vivant en milieu rural n’a que 52% de chances d’accéder à l’école contre 93% pour un garçon issu d’un ménage
riche vivant en milieu urbain.
21. Grâce notamment à la sensibilisation réalisée par de nombreuses initiatives, mais aussi car les mentalités ont
évolué avec l’urbanisation, les médias et l’ouverture au monde extérieur, les vertus de l’éducation pour les filles ont
été assimilées et les inégalités d’accès de ces dernières se sont réduites.
22. Rapport sur l’État du Système Éducatif National
23. Ministère de l’Education Nationale, Programme Sectoriel de l’Education de la Guinée Bissau (2017 -2025),
Juillet 2017
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
32
Aussi, certains témoignages mentionnent que quand les filles sont déscolarisées leur force de travail est plus
souvent employée pour fournir des revenus à la famille ou pour vaquer à des tâches domestiques. Dansles
zones urbaines par exemple, l’entrée précoce des enfants sur le marché du travail reste un phénomène
préoccupant et les filles sont les plus touchées. Les garçons sont plus souvent employés comme apprentis et
poursuivent leur investissement en capital humain sous une autre forme.
3.4.2.2 Les mariages précoces
Quelle que soit la région, certains témoignages recueillis mentionnent clairement que les mariages précoces
ont des conséquences graves sur l’éducation des filles de manière générale comme en témoignent les propos
suivants recueillis auprès d’une dame commerçante à Bula : « Lorsqu’une fille scolarisée se marie tôt, elle doit
généralement quitter l’école, perdant la possibilité de prendre des décisions concernant sa formation. Elle
ne pourra pas apprendre un métier pour éventuellement être indépendante financièrement dans l’avenir ».
Inversement, on sait que plus la durée de scolarisation des filles est longue, moins les filles ont de chances
d’être mariées trop tôt et plus elles peuvent devenir des femmes libres et autonomes.
3.4.2.3 Les facteurs socioculturels en termes notamment de répartition traditionnelle des rôles
dans la contribution aux tâches domestiques, de réticences culturelles des familles à laisser
une fille sortir du foyer, de censure/autocensure, d’interdits et d’injonctions à l’égard de la fille
Dans l’éducation familiale et communautaire, sont inculquées les routines du travail domestique, la censure,
les interdits et les injonctions qui conditionnent l’obéissance de la fille, limitent sa capacité à prendre des
décisions et son autonomie. S’il y a disponibilité financière pour étudier, les garçons seront souvent prioritaires
par rapport aux jeunes femmes. Dans cet environnement, beaucoup de filles grandissent en acceptant malgré
elles ce statut « d’infériorité », et limitent donc leurs rêves à celui de « bonne ménagère » ou d’épouse.
Les contraintes liées aux stéréotypes de genre influent sur l’accès à l’éducation au sens large, mais aussi sur
l’accès à certaines filières en particulier. Avec l’idée qu’il y aurait des métiers « typiquement féminins
» (comme masculins), on observe alors une ségrégation éducative, liée à la division sexuelle du travail, qui
s’exerce généralement par une forme d’autocensure provenant des représentations collectives. Par exemple,
certaines filles interrogées dans le cadre de cette étude ont intériorisé le fait que certaines filières et certains
emplois sont destinés ou réservés aux garçons, et qu’elles ne pourront y accéder. Ces emplois dits féminins
sont généralement orientés vers le service à la personne (coiffure, esthétique, etc.), la restauration, le travail
domestique, la pâtisserie, la couture, etc. Dès lors, les orientations des filles en termes de filières limitent
leurs opportunités futures.
33
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
3.4.3 L’inaccessibilité des établissements de formation professionnelle dans les zones
rurales pose problème et limite l’accès des filles en raison des réticences à laisser une fille
sortir du foyer
Selon les résultats de l’étude diagnostique réalisée en 202124, 63% des établissements d’EFP sont implantés à
Bissau, le reste est réparti dans les autres régions du pays excepté les régions de Bafata, Gabu et Biombo qui
ne disposent d’aucun centre de formation technique et professionnelle. Cette disparité dans la répartition
géographique des centres de formation oblige les jeunes des zones dépourvues à quitter leur localité de
résidence pour aller poursuivre ailleurs leur formation. Dans le cadre de cette situation et pour plusieurs
raisons liées notamment aux stéréotypes de genre, les familles préfèrent généralement envoyer les garçons
au détriment des filles. Les filles étant considérées comme destinées essentiellement aux rôles reproductifs
dans le cadre marital, la crainte d’une grossesse hors mariage décourage les parents et les incitent à ne pas
prioriser l’envoi des filles en formation ailleurs.
Egalement, certains témoignages recueillis indiquent que le manque de moyens financiers des ménages pour
supporter les frais de scolarisation, de logement et de transport des apprenants les amène parfois à
discriminer les filles au profit des garçons.
Entre barrières socioculturelles, pratiques discriminantes et obstacles économiques et matériels, les possibilités d’accès
àl’éducationausens large et au sous-secteur de l’EFP pour les filles sont réduites dans bon nombre de cas par rapport à
celles des garçons. Ces barrières se renforcent toutes mutuellement, étant elles-mêmes étroitement articulées sur des
stéréotypesconcernantlerôlesocialdesfemmes(etdeshommes).
Ilfautcependantremarquerquetouscesobstaclesliésaugenresontdemoinsenmoinscontraignants,maisrestenttout
de même actuels et pertinents pourunetelle analyse.
24. Rapport de diagnostic des Centres de Formation Technique et Professionnelle en Guinée-Bissau, Relance de
l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle pour l’Emploi en Guinée-Bissau - RESET
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
34
3.5 Les filières ou métiers de formation qui attirent les jeunes bissau-guinéens et les facteurs qui
déterminent leurs choix
CORPS
HABILLÉS
SANTÉ ÉDUCATION
PRÉFÉRENCE DES JEUNES POUR
LES CORPS HABILLÉS ET
POURVOYEURS D’EMPLOIS
L’analysedestémoignagesrecueillisetlesrésultatsdelarevuedocumentaireausujetdesfilièresoumétiersdeformation
préféréspermettent de faire les constats suivants:
(i) la préférence pour les jeunes des secteurs actuellement pourvoyeurs d’emploi dans le pays : l’éducation, la
santéet les «corpshabillés »(armée, police);
(ii)pour les autres filières, les préférences et choix des jeunes restent assez partagés avec toutefois une attirance
plus prononcée pour lesmétiersdontletravailestmoinspénible physiquement,bienrémunéréet stable ;
(iii)lesstéréotypesdegenreentermesde«métiersdefemmes»,«métiersd’hommes»influencentlespréférences
et choix desfilières chez certains jeunes.
35
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
3.5.1 La préférence pour les jeunes des secteurs actuellement pourvoyeurs d’emploi dans le
pays:l’éducation,lasantéetles«corpshabillés» (armée,police)
Lafaibleconnaissanceparlesjeunes dusous-secteurdel’EFPet despossibilitésetavantagesofferts ainsiquelecontexte
actuel du pays en termes de gel des investissements et recrutements dans de nombreux domaines impactent très
fortementleurspréférencesetchoixdesfilièresetsecteursdeformation.Eneffet,quelle que soit la région, les jeunes
interrogés souhaitent très majoritairement être formés dans l’un des trois secteurs suivants : éducation, santé
et « corps habillés » (armée, police). En guise de mise en contexte, il faut rappeler que les difficultés financières du
gouvernement ont entrainé depuis quelques années un gel des investissements et des recrutements dans de nombreux
domaines, sauf l’éducation et la santé. Les Ministères de la Santé et de l’Education sont ainsi les seuls à embaucher. Dès
lors pour les jeunes, ce sont ces secteurs qui semblent donner des garanties en termes d’insertion professionnelle après
la formation.
Troisprincipauxfacteurs déterminentles préférencesetchoixde cessecteurs parlesjeunes :
(i) lesgarantiesentermes d’insertionprofessionnelle aprèslaformation;
(ii) les meilleures perspectives d’emploi en termes de salaire décent et de respect des engagements sociaux
(paiementrégulierdesalaires,versementdespensionsderetraite,etc.);
(iii) la stabilité salariale. En plus de ces trois principaux facteurs, certains jeunes justifient le choix de ces secteurs
par leurvolonté de contribuerau développementdupays.
Le choix du secteur des « corps habillés » (armée, police) semble répondre au souci de rester en cohérence avec la «
traditiond’hommesdetenue»auseindecertainsgroupesethniquesdupays.
3.5.2 Pour les autres filières, les préférences et choix des jeunes restent assez partagés
avec toutefois une attirance plus prononcée pour les métiers dont le travail est moins
pénible physiquement, bien rémunéré et stable.
En plus des trois secteurs préférés (éducation, santé, et « corps habillés »), les préférences et choix des jeunes
restent assez partagés avec toutefois une attirance plus prononcée pour les métiers dont le travail est moins pénible
physiquement, bien rémunéré et stable. Par exemple, aussi bien chez les parents que chez les jeunes, les témoignages
recueillis dans les régions de Quinara et Oío sont plus favorables aux filières de l’agriculture et l’élevage tandis que dans
la région de Cacheu et à SAB, les filières préférées sont plus variées et touchent à la fois les métiers des secteurs du
logement et des infrastructures, de la mécanique, de la construction civile, de la plomberie, du froid et climatisation,
de l’agriculture et de la transformation agroalimentaire, tourisme et restauration, etc.
Au regard des témoignages recueillis, la pénibilité physique au travail (en termes, par exemple, de : rester longtemps
debout, rester longtemps dans une posture pénible, effectuer des déplacements à pied longs ou fréquents, devoir
porter ou déplacer des charges lourdes, subir des secousses ou des vibrations, etc.) est un des facteurs qui affecte les
préférences et choix des filières chez les jeunes. La plupart d’entre eux ne souhaitent pas exercer un métier qui les
exposerait à cette pénibilité physique au travail. D’autres jeunes ont justifié leurs préférences et choix des filières par
leurs espoirs et attentes en termes de niveau de rémunération et de stabilité salariale.
36
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
3.5.3 Les stéréotypes de genre en termes de « métiers de femmes », « métiers d’hommes »
influencent les préférences et choix des filières chez certains jeunes
Au cours de la collecte des données sur le terrain, la question suivante a été posée aux jeunes : « quel (s) métier (s)
souhaiteriez-vous exercer plus tard ? Pourquoi ? ». Les réponses recueillies suite à cette question montrent clairement
que les stéréotypes de genre en termes de « métiers de femmes », « métiers d’hommes » influencent les préférences
et choix des filières chez certains jeunes quelle que soit la région.
Selon les témoignages recueillis, les filles souhaitent majoritairement s’orienter vers les filières dites « féminines »
telles que secrétariat/bureautique, santé, communication, coiffure, esthétique, restauration, pâtisserie, couture, etc.
Les raisons et motivations évoquées pour faire ces choix montrent clairement que les filles manquent de modèles de
réussite pour se projeter dans certains métiers considérés comme masculins.
Les témoignages recueillis auprès des garçons mentionnent leurs préférences pour les métiers traditionnellement
considérés comme masculins tels que la maçonnerie, la mécanique automobile, la menuiserie métallique, la soudure,
la plomberie, etc.
37
Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
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  • 1. Étude sur l’attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau Réalisé dans le cadre du projetRESET « Relance de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle et Technique pour l’Emploi en Guinée-Bissau » ©Enabel, 2022 • enabel.be GOVERNO DA GUINÉ-BISSAU
  • 2.
  • 3. AUTEURS • Dominique Gomis, Consultant Senior • Braima Mané, Consultant National CONTRIBUTEURS • Benoit Walou, Expert en formation professionnelle à Enabel • Sandro Tavares Moreira, Expert en Suivi & Évaluation à Enabel • Agnès Ammeux, Intervention Manager à Enabel • Les participants à l’atelier de restitution et de validation UNE PUBLICATION DE : Enabel –Agence belge de développement • Projet RESET CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES : Susanna Zu innhausen und knyph CLAUSE DE NON-RESPONSABILITÉ Cette publication a été financée par l’Union européenne. Son contenu relève de la seule responsabilité de Enabel (Agence belge de développement) et ne reflète pas nécessairement le point de vue de l’Union européenne. Pas d’utilisation commerciale – Cette publication ne peut être utilisée à des fins commerciales. Pas de modification – Cette publication ne peut être modifiée, transformée ou utilisée pour créer des œuvres dérivées. REMERCIEMENTS Tous nos vifs remerciements vont : • Principalement aux communautés, parents, élèves, lauréats, enseignants du lycée et les responsables des structures de formation qui ont donné de leurs temps pour participer à cette enquête ; • À l’ensemble des partenaires locaux, les autorités en charge du sous-secteur de l’EFP les personnels des ONGs intervenants dans le secteur de la formation et emploi des jeunes, qui ont contribué à la réalisation de cette enquête ; • À toute l’équipe du projet RESET qui ont facilité cette étude ; Nos remerciements vont également à l’Union Européenne.
  • 4. TABLE DES MATIÈRES LISTE DES ACRONYMES ............................................................................................................ 6 RESUME EXECUTIF .................................................................................................................... 7 1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION.............................................................................................. 10 2. RAPPEL DES OBJECTIFS ET DE LA METHODOLOGIE DE L’ETUD.E..................................... 13 2.1 Objectifs de l’étude ........................................................................................................ 13 2.2 Méthodologie ........................................................................................................ 13 2.2.1 Approche méthodologique ............................................................................. 13 2.2.2 Outils de collecte ................................................................................................ 15 2.2.3 Déroulement de l’étude...................................................................................... 15 2.2.4 Limites et biais de l’étude ................................................................................. 16 3. PRESENTATION DES RESULTATS DE L’ETUDE ................................................................. 17 3.1 Le bilan de la collecte des données ........................................................................... 17 3.2 Les facteurs qui jouent en défaveur de l’attractivité de l’EFP auprès des jeunes ..................................................................................................................................... 18 3.2.1 La faible connaissance par les jeunes du sous-secteur de l’EFP et des possibilités et avantages offerts. ..................................................................... 19 3.2.2 La faible influence de l’entourage des jeunes ainsi que leurs pairs sur leur orientation professionnelle.......................................................................... 20 3.2.3 L’image négative souvent associée à l’EFP et aux opportunités d’insertion professionnelle offertes ......................................................................... 22 3.2.4 Les faibles capacités économiques et financières des parents ou intéressés à prendre en charge les frais de financement de la formation professionnelle pour les jeunes informés sur les possibilités et avantages offerts par l’EFP .................................................................................. 24 3.2.5 L’absence d’une politique nationale d’EFP..................................................... 25 3.3 Les facteurs socio-économiques qui entravent l’accès des jeunes des zones rurales à l’EFP............................................................................................................. 26 3.3.1 Le faible investissement des pouvoirs publics dans l’éducation en général associé à la loi de base du système éducatif et les critères d’accès appliqués par certains centres de formation professionnelle................. 26 3.3.2 La faible adaptabilité des dispositions de la loi de base du système éducatif au secteur de l’EFP ........................................................................................ 28 3.3.3 La faiblesse des ressources financières des ménages pour assurer la prise en charge du financement de la formation................................................. 28 3.3.4 Les obstacles liés aux caractéristiques actuelles de l’offre de formation professionnelle en vigueur dans le pays................................................. 29 3.3.5 Méconnaissance de la valeur de l’EFP............................................................. 31 3.4 Les barrières à l’accès des filles à l’éducation en général et à l’EFP en
  • 5. particulier................................................................................................................................ 31 3.4.1 La faible valorisation de l’éducation des filles .............................................. 32 3.4.2 Les pratiques discriminantes à l’égard des filles........................................... 32 4 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 6. 3.4.3 L’inaccessibilité des établissements de formation professionnelle dans les zones rurales pose problème et limite l’accès des filles en raison des réticences à laisser une fille sortir du foyer.......................................... 34 3.5 Les filières ou métiers de formation qui attirent les jeunes bissau- guinéens et les facteurs qui déterminent leurs choix..................................................... 35 3.5.1 La préférence pour les jeunes des secteurs actuellement pourvoyeurs d’emploi dans le pays : l’éducation, la santé et les « corps habillés » (armée, police)............................................................................................ 36 3.5.2 Pour les autres filières, les préférences et choix des jeunes restent assez partagés avec toutefois une attirance plus prononcée pour les métiers dont le travail est moins pénible physiquement, bien rémunéré et stable ....................................................................................................................... 36 3.5.3 Les stéréotypes de genre en termes de « métiers de femmes », « métiers d’hommes » influencent les préférences et choix des filières chez certains jeunes..................................................................................................... 37 4. CONCLUSIONS ....................................................................................................................... 38 5. RECOMMANDATIONS........................................................................................................... 39 6. ANNEXES................................................................................................................................. 49 5 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 7. LISTE DES ACRONYMES AFD Agence Française de Développement AGR Activité Génératrice de Revenus APC Approche Par Compétence BCEAO Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest BEPC Brevet d’Etudes du Premier Cycle BIT Bureau International du Travail CA Chiffre d’affaires (annuel) CEDEAO Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest CENFI Centre de Formation Industriel CFP Centre de Formation Professionnelle CIFAP Centre Industriel de Formation et de Perfectionnement Professionnel COEL Comité des Elèves COGES Comité de Gestion COPA Comité des Parents DG Directeur Général DGPASE Direction Générale de la Planification, Évaluation du Système Éducatif EAO Escola Artes e Oficios ENA Ecole Nationale d’Administration ENS Ecole Nationale de Santé ETFP Enseignement Technique et Formation Professionnelle FIP Formation et Insertion Professionnelle FMI Fonds Monétaire International FLAME Freedom Life African Ministries Emmanuel GPEC Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences HIMO Haute Intensité de Main d’œuvre IDE Investissements Directs Etrangers IECD Institut Européen de Coopération et de Développement IMF Institution de Micro Finance INEFD Institut National de l’Education Physique et de Sport INE Institut National de Statistiques IOM International Organization for Migration ISG Institut Supérieur de Gestion OHADA Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires ONG Organisation Non Gouvernementale PIB Produit Intérieur Brut PTF Partenaires Techniques et Financiers (bailleurs et agences onusiennes) RESEN Rapport d’Etat sur le Système Educatif National RESET Relance de l'Enseignement et Formation Professionnelle et Technique pour l’Emploi SAB Secteur Autonome de Bissau SENAI Servicio Nacional de Aprendizaje Industrial (Service National d’Apprentissage Industriel) SOT Service d’Orientation au Travail TAA Transformation agroalimentaire UE Union Européenne USD Dollar américain 6 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 8. RÉSUMÉ EXÉCUTIF Réalisée dans le contexte de mise en œuvre du projet Relance de l’Enseignement et Formation Professionnelle et Technique pour l’Emploi (RESET), cette étude porte sur l’attractivité de l’Enseignement et la Formation Professionnelle (EFP)1 en Guinée Bissau et s’est déroulée dans les quatre (4) régions suivantes : Quinara, Oio, Cacheu et SAB. Elle se donne comme objectifs de : (i) identifier les facteurs qui jouent en défaveur de l’attractivité de l’EFP en Guinée Bissau ; (ii) déterminer les facteurs socio-économiques qui entravent l’accès des jeunes des zones rurales (régions à l’intérieur du pays) à la formation professionnelle ; (iii)recueillir lesraisons, motivations et préjugés socioculturelsqui entravent l’accès des filles en général et celles des zones rurales en particulier à l’EFP ; (iv) identifier les filières ou métiers de formation qui attirent les jeunes bissau-guinéens et les facteurs qui déterminent leurs choix ; (v) faire des recommandations sur les actions à mener pour provoquer le changement de perceptions et d’attitudes auprès des jeunes, des parents et de la communauté vis-à- vis de l’EFP. L’approche méthodologique utilisée est essentiellement qualitative de type ethnographique et descriptif avec comme objectif recherché obtenir la plus grande variabilité des opinions, perceptions, aspirations et attentes pour dresser des tendances et non la représentativité statistique. Le principe d’enquête par saturation est ainsi appliqué. Les populations cibles de l’étude ont été : • les jeunes (garçons et filles) ; • les anciens apprenants des établissements d’EFP (ceux n’ayant pas pu terminer la formation et ceux diplômés/lauréats) ; • les parents (pères et mères) et tuteurs/tutrices ; • les enseignants et responsables pédagogiques de l’enseignement général classique de niveau secondaire ; les responsables et enseignants des établissements d’EFP ; • les employeurs et opérateurs économiques ; • et les autorités en charge du sous- secteur de l’EFP. Au terme de la collecte des données, 339 personnes ont été interrogées dont 144 à travers les focus- groupes et 195 à travers les entretiens individuels. Par région, 116 personnes ont été interrogées à SAB, 86 à Cacheu, 85 à Oio et 52 à Quinara. Par profil d’informateurs, 198 jeunes ont été interrogées (dont 144 à travers les focus-groupes et 54 à travers les entretiens individuels), 61 parents et tuteurs, 35 anciens apprenants, 31 enseignants et formateurs, 6 responsables des établissements d’EFP, 6 employeurs et opérateurs économiques et 2 autorités en charge du sous-secteur de l’EFP. En raison du souci de ratisser large pour mieux se donner les chances d’atteindre la saturation des informations recueillies dans la perspective d’obtenir la plus grande variabilité des opinions, perceptions, aspirations et attentes, ce bilan dépasse largement les prévisions initiales. 1. L’emploi du terme Enseignement et Formation Professionnelle (EFP), résulte de la volonté des acteurs impliqués dans l’élaboration de la politique du sous-secteur de l’EFP que le projet RESET est en train d’appuyer. L’emploi ou l’utilisation du terme EFP permet selon les acteurs de l’élaboration de ladite politique, d’amplifier la compréhension du développement des compétences de nature à inclure tous les types de compétences et non seulement les compétences techniques (Source : Draft du document de Politique National de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle (31 Octobre 2022- Projet RESET financé par l’UE et mis en œuvre par Enabel). Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022 7
  • 9. Conformément aux objectifs de l’étude, les résultats clés se présentent comme ci-dessous : 1. Parmilescinq facteurs principaux quijouent en défaveur de l’attractivité de l’EFP dans le pays,il y a notamment : (i) la faible connaissance par les jeunes de ce sous-secteur et des possibilités et avantages offerts ; (ii) la faible influence de l’entourage des jeunes ainsi que leurs pairs (frères, sœurs, amis, parents, enseignants et responsables pédagogiques de l’enseignement général classique de niveau secondaire) sur leur orientation professionnelle ; (iii) l’image négative souvent associée à l’EFP et aux opportunités d’insertion professionnelle offertes ; (iv) le coût de la formation très élevé par rapport aux moyens financiers des parents ou des intéressés pour les jeunes informés sur les possibilités et avantages offerts par l’EFP ; (v) l’absence de politique nationale d’EFP. 2. Cinq facteurs socioéconomiques entravent l’accès des jeunes des zones rurales à l’EFP. Il s’agit notamment : (i) du faible investissement des pouvoirs publics dans l’éducation en général associé à la loi de base du système éducatif2 et les critères d’accès appliqués par certains centres de formation professionnelle ; (ii) de la faiblesse des ressources financières des ménages pour assurer la prise en charge du financement de la formation ; (iii) des obstacles liés aux caractéristiques actuelles de l’offre de formation professionnelle dans le pays ; (iv) de la méconnaissance de la valeur de l’EFP. 3. Les principales barrières à l’accès des filles en général et celles des zones rurales en particulier à l’EFP sont : (i) la faible valorisation de l’éducation des filles ; (ii) les pratiques discriminantes à l’égard des filles (en raison notamment de la pauvreté des familles, des mariages précoces et des facteurs socioculturels en relation avec la répartition traditionnelle des rôles dans la contribution aux tâches domestiques, la censure/autocensure, les interdictions à l’égard des filles, etc.) ; (iii) l’inaccessibilité des établissements de formation professionnelle dans les zones rurales pose problème et limite l’accès des filles en raison des réticences à les laisser sortir du foyer restent les principales barrières à leur accès à l’EFP. 4. L’éducation, la santé et les « corps habillés » restent les secteurs de formation préférés des jeunes quelle que soit la région en raison notamment de : (i) la garantie en termes d’insertion professionnelle après la formation ; (ii) meilleures perspectives d’emploi en termes de salaire décent et de respect des engagements sociaux (paiement régulier de salaires, versement des pensions de retraite, etc.) ; (iii) stabilité salariale. Pour les autres filières, les préférences et choix des jeunes restent assez partagés avec toutefois une attirance plus prononcée pour les métiers dont le travail est moins pénible physiquement et bien rémunéré. Les stéréotypes de genre en termes de « métiers de femmes », « métiers d’hommes » influencent également les préférences et choix des filières chez certains jeunes. 2. Il faut noter que c’est cette loi qui parle un peu de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle (EFP). Le sous- secteur de l’EFP n’a pas de loi de base. Enabel à travers le projet RESET appuie actuellement le gouvernement de Guinée Bissau à avoir une Politique Nationale du secteur de l’EFP. Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022 8
  • 10. 9 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 11. 1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION Tout comme les autres pays du continent africain, la Guinée Bissau connait l’une des croissances démographiques les plus importantes de ces dernières années. Selon les dernières projections des Nations Unies, la population du pays est appelée à croître à un rythme de 2,4% par an. Cela signifie que d’ici 2025, la population du pays devrait dépasser les deux millions d’habitants3. En plus de cette augmentation rapide, la population du pays se caractérise particulièrement par sa jeunesse : les individus âgés de 3-5 ans représentent 10% de la population totale, ceux de 6 à 17 ans représentent 29% de la population totale tandis que les enfants en âge d’aller à l’enseignement de base (6-14 ans), représentent 22,7% de la population4. En plus de la pression démographique qui sera très forte sur le système éducatif au cours de la prochaine décennie, la croissance rapide de la population créera également une forte tension entre l’offre insuffisante d’emplois et la croissance d’une main-d’œuvre non qualifiée. Par exemple en 2010, le taux de chômage des jeunes a été évalué à 30 % (BAD, OCDE et PNUD, 2012). Le recensement de 2009 montre qu’à peine 5,4 % de la population active possède une qualification professionnelle, de niveau moyen ou universitaire. Les entreprises nationales et internationales installées dans le pays peinent à trouver une main d’œuvre qualifiée et de qualité pour les différents secteurs et corps de métiers. Compte tenu de cette situation, le pays et ses partenaires techniques et financiers se sont engagés à améliorer la qualité de l’offre de formation professionnelle afin d’offrir un maximum d’opportunités aux personnes qui souhaitent obtenir une qualification professionnelle et se donner les chances à s’insérer sur le marché du travail. Il s’agit notamment de faire de la formation professionnelle un véritable choix de carrière professionnelle pour les jeunes et leurs parents en vue de renforcer la compétitivité des entreprises et les qualifications des jeunes. C’est l’une des priorités du projet Relance de l’Enseignement et Formation Professionnelle et Technique pour l’Emploi (RESET) mis en œuvre par Enabel et financé par l’Union Européenne. Il vise à accroitre les opportunités socio- économiques de la population à travers le renforcement de l’efficacité du système d’enseignement et de formation professionnelle (EFP)5. Dans la mise en œuvre des activités du projet RESET, une étude diagnostique des structures de formation technique et professionnelle a été réalisée en 20216 dans le but de disposer des informations sur les structures de formation (nombre de centres opérationnels, offre de formation existante, fonctionnement, effectifs des apprenants, dynamique d’insertion...) et de mieux positionner les interventions en vue dans le cadre de ce projet. Les résultats de cette étude ont révélé que les centres de formation technique sont concentrés dans la capitale Bissau avec un effectif de 2496 apprenants soit 87.18% versus 12.82% pour l’ensemble des autres régions. Les jeunes dans les régions ont des difficultés à accéder à l’enseignement et la formation professionnelle. Il a également été constaté une prédominance des garçons dans l’enseignement et la formation professionnelle (63%) contre 37% pour les filles dans le pays, celles dans les régions représentant seulement 2,68% des apprenants des centres en dehors de la capitale. L’étude a aussi constaté que l’offre de formation proposée dans les centres de formation professionnelle est très peu diversifiée et orientée principalement sur les métiers de la construction civile et du bâtiment et avec une capacité limitée en termes d’opportunités d’emplois pour les sortants à cause d’un marché peu développé jusqu’ici. 3. Source : Population de la Guinée-Bissau 2020 – ZAKWELI ; disponible ici : (https://www.zakweli.com/population-guinee-bissau) 4. Programme Sectoriel Education de la Guinée-Bissau 2017-2025 5.Ilexistedenombreuxacronymesdésignantl’enseignementetlaformationtechniqueetprofessionnelle.Parcommodité de langage, le terme générique « Enseignement et Formation Professionnelle » (EFP) sera utilisé dans ce rapport. 6. Rapport de diagnostic des Centres de Formation Technique et Professionnelle en Guinée-Bissau, Relance de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle pour l’Emploi en Guinée-Bissau - RESET Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022 10
  • 12. Le secteur du tourisme/hôtellerie a une grande potentialité et de réelles opportunités d’emplois pour les jeunes mais la qualité de la formation proposée par certains centres de formation est en dessous des attentes et exigences des acteurs du secteur. Les équipements d’apprentissage, le contenu pédagogique et le niveau des formateurs ne donnent pas les garanties d’une formation de qualité et adaptée aux exigences du marché. C’est dans le cadre de ce contexte qu’il a été envisagé de réaliser la présente étude sur l’attractivité de l’enseignement et la formation professionnelle pour : (i) identifier les facteurs qui jouent en défaveur de l’attractivité de l’EFP en Guinée Bissau ; (ii) déterminer les facteurs socio-économiques qui entravent l’accès des jeunes des zones rurales (régions à l’intérieur du pays) à la formation professionnelle ; (iii) recueillir lesraisons, motivations et préjugés socioculturelsqui entravent l’accès des filles en général et celles des zones rurales en particulier à l’EFP ; (iv) identifier les filières ou métiers de formation qui attirent les jeunes bissau-guinéens et les facteurs qui déterminent leurs choix ; (v) faire des recommandations sur les actions à mener pour provoquer le changement de perceptions et d’attitudes auprès des jeunes, des parents et de la communauté vis-à-vis de l’EFP. 11 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 13. 12 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 14. 2. RAPPEL DES OBJECTIFS ET DE LA METHODOLOGIE DE L’ETUDE 2.1 Objectifs de l’étude L’objectif général de cette étude tel que décliné dans les termes de références est « d’identifier les facteurs associés qui entravent l’attractivité de l’enseignement et la formation professionnelle, et analyser les stratégies et orientations à mettre en place devant contribuer à rendre ce sous-secteur de l’éducation plus attrayant pour les jeunes bissau-guinéens. L’étude s’intéressera également à l’analyse des préjugés socioculturels qui entourent l’accès à l’enseignement et la formation professionnelle pour les jeunes filles ». Spécifiquement, il s’agira de : 1. Identifier les facteurs qui jouent en défaveur de l’attractivité de l’Enseignement et la Formation Professionnelle (EFP) en Guinée Bissau ; 2. Déterminer les facteurs socio-économiques qui entravent l’accès des jeunes des zones rurales (régions à l’intérieur du pays) à la formation professionnelle ; 3. Recueillir les raisons, motivations et préjugés socioculturels qui entravent l’accès des filles en général et celles des zones rurales en particulier à l’EFP ; 4. Identifier les filières ou métiers de formation qui attirent les jeunes bissau-guinéens et les facteurs qui déterminent leurs choix ; 5. Faire des recommandations sur les actions à mener pour provoquer le changement de perceptions et d’attitudes auprès des jeunes, des parents et de la communauté vis-à-vis de l’EFP. 2.2 Méthodologie 2.2.1 Approche méthodologique L’approche méthodologique mise en œuvre pour la réalisation de cette étude est essentiellement qualitative de type ethnographique et descriptif et vise principalement à recueillir les perceptions, opinions, aspirations et attentes des populations d’étude. Cette démarche est d’autant plus justifiée qu’elle offre l’avantage de donner des informations détaillées et précises sur l’état de la situation, les désirs, les perceptions, les aspirations et les besoins des individus. Compte tenu de la nature de cette approche, les méthodes d’enquête auxquelles on a fait appel sont semi- directives et les guides d’entretiens sont utilisés quel que soit le groupe cible. Ce qui est recherché à travers cette méthodologie, c’est d’obtenir la plus grande variabilité des opinions, perceptions, aspirations et attentes pour dresser des tendances et non la représentativité statistique. Le principe d’enquête par saturation est ainsi appliqué. Nous sommes partis de l’idée que ni les approches classiques par questionnaire, ni les méthodes d’enquête rapide et leurs variantes ne permettent7, selon nous, de saisir de façon fiable et compréhensive l’ensemble des problèmes qui se posent à l’attractivité de l’Enseignement et la Formation Professionnelle (EFP) dans le contexte de la Guinée Bissau. Nous avons ainsi pris l’option recourir à une approche ouverte, en grande partie exploratoire. 7. Les enquêtes par questionnaire, dès lors qu’elles s’intéressent aux connaissances, attitudes et pratiques, connaissent de nombreux biais, en particulier en Afrique, biais liés aux situations d’enquête, aux réticences des enquêtés, à la compétence des enquêteurs, aux langues utilisées, à la pertinence pour les enquêtés des questions posées, et à la fiabilité des réponses enregistrées, etc. D’autre part, le recours exclusif à des «focus-group» aboutit à privilégier des entretiens collectifs en situation artificielle, où le contrôle social peut-être fort. C’est pourquoi entretiens individuels et entretiens collectifs vont être combinés. Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022 13
  • 15. ZONES CONCERNÉES PAR L’ÉTUDE SUR L’ATTRACTIVITÉ DE L’ENSEIGNEMENT ET DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE ZONES CIBLES ET MÉTHODES DE COLLECTE 14 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022 Oio Cacheu Biombo Bafatá Gabú Quinara Bissau Bolama Tombali
  • 16. 2.2.2 Outils de collecte Les outils de collecte ont été de type qualitatif. Lesdits outils de collecte sont en annexe 1 de ce rapport. Il s’agit notamment du : 1. Guide d’entretien individuel et de groupe avec les jeunes (garçons et filles) en milieux scolaire et communautaire ; 2. Guide d’entretien individuel avec les anciens apprenants des établissements d’EFP (ceux n’ayant pas pu terminer la formation, et ceux diplômés/lauréats) ; 3. Guide d’entretien individuel avec les parents (pères, mères) et tuteurs ; 4. Guide d’entretien individuel avec les enseignants et responsables pédagogiques de 5. l’enseignement général classique de niveau secondaire ; 6. Guide d’entretien individuel aves les responsables des établissements d’EFP ; 7. Guide d’entretien individuel avec les employeurs et opérateurs économiques ; 8. Guide d’entretien individuel avec les autorités et autres acteurs clés. 2.2.3 Déroulement de l’étude L’enquête de terrain s’est déroulée du 30 juin au 16 juillet 2022 dans les quatre (4) régions de la Guinée Bissau suivantes : Quinara, Oio, Cacheu et SAB. Elle a démarré par une journée d’orientation de l’équipe des enquêteurs et a porté sur : (i) la présentation et discussions sur le projet RESET (historique, contexte et justification, objectifs et résultats attendus, zones d’intervention et les partenaires de mise en œuvre en Guinée-Bissau) ; (ii)lesobjectifsetlaméthodologiquedel’étude(contextedel’étude,objectifs,approcheméthodologique, localités de collecte des données sur le terrain, informateurs, outils de collecte et échantillons) ; (iii)le rappel sur les attitudes et comportements à avoir sur le terrain ; (iv) la présentation des outils et du dispositif de collecte et d’extraction des principales informations recueillies et discussions. 15 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 17. * L’agenda de formation suivi du calendrier de collecte des données est en annexe 2 de ce rapport. Toutes lesactivités d’enquête auprès des jeunes (garçons et filles),des anciens apprenants, des parents (pères, mères et tuteurs) et des enseignants et responsables pédagogiques de l’enseignement général classique de niveau secondaire et dans les établissements d’EFP, tant en milieu urbain qu’en milieu rural, ont été réalisées par l’équipe des enquêteurs composée de deux dames et deux hommes de l’Institut National de Statistiques (INE) et de la Direction Générale de la Planification, Évaluation du Système Éducatif (DGPASE). REGIONS JOURS Quinara Oio Cacheu SAB Jours de collecte Jours de voyage / Debriefing La collecte des données auprès des responsables des établissements d’EFP, des employeurs et opérateurs économiques et des autorités en charge du sous- secteur de l’EFP a été réalisée par les consultants en charge de l’étude (le consultant senior chef de mission et le consultant national). La prise de contact avec les autorités locales et la vigilance sur le respect des échantillons des personnes à interrogées dans chacune des régions ont également été assurées par les consultants. Tenant compte du fait que les enquêtes qualitatives sont peu habituelles dans le contexte de la Guinée Bissau, nous avons pris le soin de recourir aux enquêteurs déjà expérimentés en la matière mais également aux enquêtes en milieu scolaire. Il s’agit des enquêteurs venant essentiellement de la Direction Générale de la Planification du Ministère de l’Education Nationale et de l’Institut National des Statistiques du Ministère de l’Economie. A la fin de la collecte des données dans chacune des quatre (4) régions de l’étude, un débriefing a été réalisé pour extraire les principales informations recueillies. Les résultats obtenus lors de ces séances de débriefing sont en annexe 3 de ce rapport. 2.2.4 Limites et biais de l’étude Le travail de collecte de données étant en grande partie déterminé par les réalités du terrain qui peuvent être envisageables en amont ou inattendues. Les premiers types de réalités (envisageables) ont pu être atténués par les contacts avec les points focaux institutionnels, les services techniques déconcentrés dans le domaine de l’éducation et de la formation professionnelle qui travaillent dans les différentes régions cibles mais aussi par la mise à profit des différentes expériences du consultant national et des enquêteurs dans les zones de l’étude. Il s’agit principalement de l’accessibilité géographique des zones rurales de l’étude et de la disponibilité des répondants. La réalisation de la phase d’enquête de terrain pendant la saison hivernale n’a pas facilité la collecte des données surtout dans les régions de l’intérieur du pays. Par exemple, dans certaines localités, il a été difficile de rassembler les jeunes pour animer les focus-groupes. Cependant, lorsque la tenue des focus-groupes n’a pas été possible, les entretiens individuels ont été privilégiés. Globalement, les limites et biais de l’étude n’ont pas été de nature à altérer la qualité et la pertinence des données collectées. 16 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 18. 3. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS DE L’ÉTUDE 3.1 Le bilan de la collecte des données ECHANTILLONS PROFIL DES INFORMATEURS OUTILS DE COLLECTE TOTAL Quinara Oio Cacheu SAB Jeunes (garçons et filles) en milieux scolaire et communautaire Focus- groupes 11 45 35 53 144 Entretiens individuels 11 12 15 16 54 Anciens apprenants des établissements d’EFP (ceux n’ayant pas pu terminer la formation et ceux diplômés/ lauréats) Entretiens individuels 9 7 8 11 35 Parents & tuteurs Entretiens individuels 12 12 16 20 61 Enseignants et responsables pédagogiques de l’enseignement général classique de niveau secondaire Entretiens individuels 7 6 8 10 31 Responsables des établissements d’EFP Entretiens individuels 1 1 2 2 6 Employeurs & opérateurs économiques Entretiens individuels 1 1 2 2 6 Autorités en charge du sous- secteur de l’EFP Entretiens individuels 0 0 0 2 2 TOTAL 52 85 86 116 339 Dans l’ensemble des quatre (4) régions d’enquête, 339 personnes ont été interrogées dont 144 à travers les focus-groupes et 195 à travers les entretiens individuels. Par région, 116 personnes ont été interrogées à SAB, 86 à Cacheu, 85 à Oio et 52 à Quinara. Par profil d’informateurs, 198 jeunes ont été interrogées (dont 144 à travers les focus-groupes et 54 à travers les entretiens individuels), 61 parents et tuteurs, 35 anciens apprenants, 31 enseignants et formateurs, 6 responsables des établissements d’EFP, 6 employeurs et opérateurs économiques et 2 autorités en charge du sous-secteur de l’EFP. Le nombre total de personnes interrogées dépasse largement les prévisions initiales. Ceci s’explique par le souci de ratisser large pour mieux se donner les chances d’atteindre la saturation des informations recueillies dans la perspective d’obtenir la plus grande variabilité des opinions, perceptions, aspirations et attentes pour dresser des tendances. Par contre, le nombre de personnes attendues pour participer aux focus-groupes n’a pas été atteint en raison notamment des difficultés rencontrées sur le terrain pour réunir les participants. Cette difficulté s’explique par le fait que l’enquête a eu lieu au mois de juillet, période des vacances scolaires, les élèves censés être majoritaires sont dans déjà dans leurs familles. 17 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 19. 3.2 Les facteurs qui jouent en défaveur de l’attractivité de l’EFP auprès des jeunes en Guinée Bissau FAIBLE IMPLICATION DE L’ENTOURAGE DES CANDIDATS MOYENS FINANCIERS INSUFFISANTS FAIBLE CONNAISSANCE DES OPPORTUNITÉS DE L’EFP POLITIQUE INCITATIVE FACTEURS EN DÉFAVEUR DE L’ATTRACTIVITÉ DE L’EFP AUPRÈS DES JEUNES EN GUINÉE-BISSAU Il faut rappeler que les résultats du diagnostic des centres de formation réalisé en 2021 dans le cadre du projet RESET montrent qu’en dépit de l’environnement d’instabilité constante qu’a connu le pays, il y a une augmentation croissance du nombre de structures offrant des filières d’EFP. De trois centres à peine en 1984 (le Centre de Formation Industrielle - CENFI), le Centre de Formation Communautaire (CEFC) de Bedanda et le Centre de Formation de la Congrégation Catholique Josefinos de Leonardo de Murialdo (CIFAP de Bula)), aujourd’hui ils sont au nombre de 22 et sont majoritairement implantés à Bissau sous l’initiative des Organisations Non Gouvernementales (ONG) essentiellement. Egalement, les effectifs des apprenants au sein de ces centres ne cessent d’augmenter d’années en années. 18 ABSENCE DE EFP MAUVAISE PERCEPTION DE L’EFP
  • 20. Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 21. Le sous-secteur de l’EFP peine encore à attirer davantage de jeunes au regard des possibilités et avantages offerts même si au fil des années il y a une croissance du nombre des établissements d’EFP comme mentionné ci-dessus. Les résultats de la présente étude montrent que s’il en est ainsi, c’est parce qu’il y a une série de facteurs qui jouent directement en défaveur de l’attractivité de l’EFP auprès des jeunes. Parmi ces facteurs, les plus saillants et récurrents sont notamment : (i) la faible connaissance par les jeunes du sous-secteur de l’EFP et des possibilités et avantages offerts ; (ii) la faible influence de l’entourage des jeunes (parents, enseignants et responsables pédagogiques de l’enseignement général classique de niveau secondaire) sur leur choix de faire la formation professionnelle ; (iii) l’image négative souvent associée à l’EFP et aux opportunités d’insertion professionnelle offertes ; (iv) pour les jeunes informés sur les possibilités et avantages offerts par l’EFP, les faibles capacités économiques et financières des parents et des jeunes intéressés à prendre en charge les frais de financement de la formation professionnelle ; (v) l’absence d’une politique nationale d’EFP. 3.2.1 La faible connaissance par les jeunes du sous-secteur de l’EFP et des possibilités et avantages offerts Au cours de la collecte des données sur le terrain, les questions liées à la connaissance du sous-secteur de l’EFP et des possibilités et avantages offerts ont été posées : (i) aux jeunes (garçons et filles) en cours de scolarisation, déscolarisés et non scolarisés; (ii) aux parents (pères et mères) et tuteurs/tutrices ; (iii) aux enseignants et responsables pédagogiques de l’enseignement général classique de niveau secondaire. L’analyse des témoignages recueillis auprès de ces trois catégories d’informateurs mentionnés ci-dessus8 à qui les questions liées à la connaissance du sous-secteur de l’EFP et des possibilités et avantages offerts ont été posées, a permis de dégager les constats suivants concernant les jeunes : • Comparativementauxautrescatégoriesd’informateurs,lesjeunesontleplusfaibleniveaudeconnaissance du sous-secteur de l’EFP et des possibilités et avantages offerts et cela, quelle que soit la région. Par exemple, à travers les différents témoignages recueillis, les jeunes interrogés avaient du mal à parler de ce qu’ils savent de l’EFP et des possibilités et avantages offerts, encore moins des établissements/ centres d’EFP qu’ils connaissent, de l’intérêt d’une formation professionnelle en comparaison avec l’enseignement général classique, etc. Comme dans la plupart des pays de la sous-région, les jeunes bissau-guinéens qui sont présentement en cours de scolarisation semblent, dans leur grande majorité, opter pour les études supérieures dans l’enseignement général classique notamment dans les domaines de la santé, des sciences politiques, des sciences sociales, etc. • Par région, les jeunes de Quinara ont le niveau de connaissance le plus faible du sous-secteur de l’EFP et des possibilités et avantages offerts comparés à ceux des autres régions de l’étude. Ils sont suivis par ceux de Oio, de Cacheu et de SAB. Globalement la tendance générale qui se dégage au regard des témoignages recueillis est que plus on s’éloigne de la capitale du pays et des capitales régionales moins la connaissance du sous-secteur de l’EFP est au rendez-vous. 8. Il s’agit notamment : (i) des jeunes (garçons et filles) en cours de scolarisation, déscolarisés et non scolarisés ; (ii) des parents (pères et mères) et tuteurs ; (iii) des enseignants et responsables pédagogiques de l’enseignement général classique de niveau secondaire. Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022 19
  • 22. • Les niveaux de connaissance du sous-secteur de l’EFP en termes de possibilités et avantages offerts sont quasi similaires entre les jeunes de la région de Cacheu et ceux de SAB. La forte scolarisation des jeunes, la proximité et présence ancienne des centres de formation professionnelle et l’influence de l’extérieur (diaspora) constituent, entre autres, les facteurs explicatifs des niveaux de connaissance du sous-secteur de l’EFP quasi similaires entre les jeunes de la région de Cacheu et ceux de SAB. D’ailleurs, le plan sectoriel de l’Education 2015- 2025 confirme ce constat en mentionnant que la région de Cacheu vient derrière le SAB en termes d’accès à l’éducation en 2010. • En termes de genre, les garçons connaissent mieux le sous-secteur de l’EFP et des possibilités et avantages offerts aux jeunes comparés aux filles et cela, quelle que soit la région de l’étude en raison notamment des différences de niveaux de scolarisation. Par exemple, les données de MICS (UNICEF, 2014), mentionnent que 50,5 % de jeunes filles et 70,4 % de jeunes garçons sont scolarisés dans le pays. Il faut également noter que cette différence de niveau de connaissance peut s’expliquer par des préjugés liés au fait que dans le passé, les formations offertes par les centres d’EFP en termes de métiers enseignés sont considérés comme une affaire des hommes, ce qui a certainement justifié le moins d’intérêt des filles à l’EFP. • Dans chacune des régions de l’étude, les jeunes du milieu urbain ont une connaissance plus accentuée du sous-secteur de l’EFP et des possibilités et avantages offerts comparés à ceux du milieu rural, excepté à Empada (localité rurale de la région de Quinara ayant abritée l’un des premiers centres de formation professionnelle du pays) où les jeunes ont un niveau de connaissance plus affirmée que ceux de la ville de Buba (la capitale régionale). Quelle que soit la région, il y a une absence de mécanisme d’information et d’orientation permettant de fournir aux jeunes des informations sur les opportunités éducatives et professionnelles des établissements d’EFP. 3.2.2 La faible influence de l’entourage des jeunes ainsi que leurs pairs (frères, sœurs, amis, parents, enseignants et responsables pédagogiques de l’enseignement général classique de niveau secondaire) sur leur orientation professionnelle 20 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 23. “Autrefois, on accordait beaucoup d’importance Les témoignages recueillis auprès des parents (pères et mères) et tuteurs permettent de faire les constats suivants : • Quelle que soit la région de l’étude, les parents ont une bonne connaissance de l’EFP et souhaitent que ce sous-secteur soit davantage promu pour résoudre le problème de l’accroissement du chômage des jeunes. Ils sont informés sur les possibilités et avantages offerts par le sous-secteur de l’EFP à travers la médiatisation des premiers centres de formation du pays, juste après l’indépendance du pays notamment le Centrede Formation Industrielle (CENFI), le Centre de Formation Communautaire (CEFC) de Bedanda et le Centre de Formation de la Congrégation Catholique Josefinos de Leonardo de Murialdo (CIFAP de Bula) et/ou l’influence de la vision de développement du père fondateur de la Guinée Bissau en l’occurrence Amilcar Cabral, etc. • Quelle que soit la région, même si les parents connaissent les structures d’EFP, les possibilités et avantages offerts, leur influence sur le choix des jeunes de faire une formation professionnelle reste très faible. Par exemple, sans spécifier la tranche d’âge la plupart des mères interrogées disent être favorables au libre choix des jeunes quant à l’éventualité de suivre ou non une formation professionnelle. Certaines d’entre elles estiment d’ailleurs qu’actuellement ce sont les jeunes qui font leurs propres choix et viennent simplement informer les parents. Les propos ci-dessous recueillis auprès d’une dame interrogée à Buba dans la région de Quinara illustrent cet état de fait : « Autrefois, on accordait beaucoup d’importance à l’avis de nos parents, ce qui est largement moins le cas aujourd’hui ». Pour les pères, la plupart reconnaissent que les jeunes actuels ont des aspirations professionnelles qui n’ont rien à voir avec celles de leurs parents comme en témoignent les propos suivants recueillis à SAB : « Aujourd’hui, la plupart des jeunes pensent que le travail doit être d’abord une source d’épanouissement personnel avant d’être un moyen de subsistance (...), ce qui n’était pas le cas quand nous avions leur âge ». Certains vont même jusqu’à dire que les jeunes d’aujourd’hui n’aiment pas le travail en dehors des bureaux et des villes. DAME INTERROGÉE À BUBA DANS LA RÉGION DE QUINARA : • Quellequesoitlarégion,lesenseignantsetresponsablespédagogiquesdel’enseignementgénéralclassique de niveau secondaire ont une très bonne connaissance des structures de formation professionnelle dans le pays et des possibilités et avantages offerts. Cependant, ils ne se voient pas habilités de devoir conseiller leurs élèves à s’orienter vers la formation professionnelle. Certains vont même jusqu’à dire que le choix revient aux élèves eux-mêmes. • Il apparait dès lors que si les jeunes ont une faible connaissance de ce sous-secteur de l’EFP et des possibilités et avantages offerts et que leur entourage a une faible influence sur leurs choix de faire une formation professionnelle. Il va s’en dire que les chances de les voir choisir la formation professionnelle restent assez minces. 21 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 24. 3.2.3 L’image négative souvent associée à l’EFP et aux opportunités d’insertion professionnelle offertes L’analyse des témoignages recueillis sur le terrain auprès des jeunes, des parents et des anciens apprenants des établissements d’EFP et des résultats de la revue documentaire laisse apparaitre les constats suivants en termes de : (i) doutes quant à la qualité des enseignements ; (ii) caractère assez limité des opportunités/possibilités d’insertion professionnelle et des salaires en dessous des attentes ; (iii) pénibilité du travail notamment dans certains secteurs d’activités ; (iv) inexistence de passerelle permettant de passer des qualifications les plus basses aux plus élevées dans l’architecture actuelle du système éducatif national; (v) prédominance de l’emploi informel souvent sans respect des engagements sociaux (en termes notamment d’indemnités de départ en retraite, de gratifications d’ancienneté, etc.) ni de garantie ; (vi) faible connaissance et utilisation des outils favorisant l’employabilité des diplômés. • Quelle que soit la région, les témoignages recueillis auprès de certains jeunes, parents et anciens apprenants des établissements d’EFP mentionnent que les équipements d’apprentissage, le contenu pédagogique, le niveau des formateurs ainsi que les difficultés à trouver des opportunités de stage, d’une part, et de trouver un emploi décent, d’autre partne donnent pas les garanties d’une formation de qualité et adaptée aux exigences actuelles du marché du travail. Ainsi, chez certains anciens apprenants interrogés, quelle que soit la région, la frustration est le sentiment le plus partagé comme en témoignent ces propos recueillis auprès d’un d’entre eux à Bissorã dans la région de Oio : « Concernant mon cas et plusieurs de mes collègues qui sont dans la même situation que moi, de plus en plus l’espoir et l’optimisme de possibilités d’insertion professionnelle cèdent la place à la frustration et au désespoir ». Cet ancien apprenant a terminé sa formation dans un des établissements d’EFP du pays depuis plus de quatre ans et jusqu’au moment où il a été interrogé dans le cadre de cette étude, il n’a jamais pu bénéficier d’une moindre opportunité de stage. ANCIEN APPRENANT INTERROGÉ À BISSORÃ DANS LA RÉGION DE OIO : 22 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022 “Concernant mon cas et plusieurs de mes collègues qui sont dans la même situation que moi, de plus en plus l’espoir et l’optimisme de possibilités d’insertion professionnelle cèdent la place à la frustration et au désespoir”.
  • 25. • Certains témoignages recueillis auprès des anciens diplômés des établissements d’EFP qui ont pu décrocher une opportunité d’insertion professionnelle mentionnent des niveaux de salaires très bas souvent proposés aux diplômés dans le secteur informel. Lesdits salaires se situeraient entre 40.000 et 60.000 F CFA et leur versement ne serait pas toujours régulier. Certains employeurs et opérateurs économiques interrogés confirment ce constat. Ils estiment qu’en l’état actuel du pays, en plus du manque criant d’infrastructures (routes, structures de santé, etc.), l’électricité, les moyens de transport, le mauvais état de routes n’encouragent pas la venue d’investisseurs potentiels et le développement de l’environnement des affaires. • La pénibilité du travail liée, par exemple, au travail manuel dans la plupart des cas, à un rythme de travail éprouvant, à l’effort physique notamment les positions provoquant des problèmes articulaires, les vibrations dues aux machines, aux températures parfois extrêmes sans des mesures de compensation est évoquée par certains comme un des facteurs en défaveur de l’attractivité de l’EFP auprès des jeunes. Parmi les secteurs d’activités pour lesquels la pénibilité du travail est évoquée, il y a notamment les métiers du bâtiment (maçonnerie, plomberie, électricité, soudure, charpenterie, froid et climatisation), de la mécanique auto, de l’agriculture et de la transformation agroalimentaire, de la pêche, etc. • L’impossibilité de gravir les échelons en passant des qualifications les plus basses aux plus élevées dans l’architecture actuelle de la formation professionnelle a été mentionnée par certains anciens diplômés de l’EFP. Par exemple, après un diplôme de base en informatique, il est actuellement impossible d’obtenir une équivalence pour intégrer un master informatique à l’université ou dans une école d’ingénieurs spécialisée au niveau national. Cette situation est ainsi présentée comme une des entraves à l’attractivité de l’EFP. • Plusieurs documents consultés pour les besoins de cette étude mentionnent que le travail informel est une réalité prépondérante en Guinée Bissau et touche la majorité des diplômés des établissements d’EFP. Par exemple, le Plan National de Développement (PND) 2020-2023 mentionne que le secteur informel est le principal pourvoyeur d’emplois, près de neuf emplois sur dix (88,9%) sont générés par le secteur informel, quel que soit le secteur d’activité. La prédominance de l’emploi informel est plus prononcée dans le secteur agricole avec 99,5% que dans le secteur non agricole avec 85,9%9. Selon les estimations de l’OIT (Organisation Internationale du Travail), le travail informel représente environ 60% des emplois dans les centres urbains et 25% de tous les secteurs confondus. Du point de vue qualitatif, c’est le secteur formel constitué par l’administration publique et une bonne partie des entreprises commerciales qui présentent les meilleures perspectives d’emploi (en termes de respect des engagements sociaux en termes notamment d’indemnités de départ en retraite, de gratifications d’ancienneté, etc.) et de garantie. Les employés rattachés à ces deux secteurs ont un revenu moyen qui dépasse 87,251 F CFA/mois (132 EUR) et en raison de cela ne font pas partie de la population vivant en-dessous du seuil de pauvreté (Instituto Nacional de Estatisticas, 2017). Les résultats de l’étude réalisée par Enabel sur le diagnostic des pratiques d’insertion des lauréats de l’EFTP sur le marché du travail salarié10 confirment ce constat en relevant que le taux d’insertion reste en dessous de 50% en moyenne. Les résultats de cette étude mentionnent également que l’auto-emploi qui peut être une des options crédibles pour l’insertion des sortants des centres de formation professionnelle est encore timide dans le pays et seuls deux centres de formation disposent d’un dispositif d’orientation de leurs apprenants à la création d’activités génératrices de revenus et/ou des micros et petites entreprises. 9. Plano Nacional de Desenvolvimento (PND) 2020-2023, page 12. 10. RESET - Reforçar a eficácia do sistema de ensino e formação tecnica e profissional na Guiné – Bissau • Projeto financiado pela União Europeia 11. UNESCO, Institut International de planification de l’éducation, Assurance qualité interne et employabilité : Comment renforcer le lien entre éducation et emploi, Note d’orientation de l’IIPE, disponible à www.iipe.unesco.org Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022 23
  • 26. • Les témoignages recueillis auprès des responsables des établissements d’EFP et des résultats de la revue documentaire permettent de constater la faible connaissance et utilisation des outils d’assurance qualité interne favorisant l’employabilité des diplômés11. Lesdits outils sont les études de suivi des diplômés, les enquêtes sur la satisfaction des employeurs et les analyses du marché du travail. Ils constituent des outils d’assurance qualité interne favorisant l’employabilité et facilitant la collecte d’informations auprès des parties prenantes. La plupart des responsables des établissements d’EFP interrogés ne connaissent pas et/ ou n’utilisent pas ces outils. • Par exemple, les études de suivi des diplômés servent à étudier leur intégration au marché du travail et leurs conditions d’emploi. Elles permettent également de comparer le niveau d’emploi par domaine de spécialisation et le niveau de préparation des diplômés en ce qui concerne les connaissances, les compétences et les attitudes requises dans le milieu du travail. Les enquêtes auprès des employeurs informent sur la façon dont ces derniers apprécient les compétences et les aptitudes des diplômés dans le milieu du travail. Il vise à recenser les commentaires des employeurs sur les performances des diplômés et sert, par conséquent, à améliorer la qualité et la pertinence des enseignements et apprentissages. En général, les enquêtes de satisfaction portent sur les forces et les faiblesses de chaque diplômé en matière de compétences professionnelles et transversales (par exemple, communication, travail d’équipe, éthique, responsabilité sociale, attitude au travail, connaissances et compétences spécifiques) par rapport aux autres diplômés. L’analyse du marché du travail est effectuée soit lors de la conception des programmes d’études, pour refléter les besoins du marché du travail, soit à partir des programmes existants, pour identifier les opportunités d’emploi offertes aux diplômés. En général, les résultats de ces outils servent à améliorer les programmes d’études ou les services d’aide aux diplômés dans le but ultime de favoriser l’employabilité des diplômés. 3.2.4 Les faibles capacités économiques et financières des parents ou intéressés à prendre en charge les frais de financement de la formation professionnelle pour les jeunes informés sur les possibilités et avantages offerts par l’EFP En plus des facteurs qui jouent directement en défaveur de l’attractivité de l’EFP auprès des jeunes, il y a également les faibles capacités économiques et financières des parents et des jeunes à prendre en charge les frais de financement de la formation professionnelle. Par exemple, chez ceux qui sont au courant de l’EFP, bien qu’ils aient conscience des avantages et possibilités offerts par ce sous-secteur, les moyens financiers sont des obstacles. À titre illustratif, il y a le cas du centre de formation SENAI (Service National d’Apprentissage Industriel sous la tutelle de la coopération brésilienne) où l’accès à la formation est quasi gratuit, la question de l’accès financier ne se pose plus puisque, selon le Directeur des Etudes de cette structure, chaque année au moment des inscriptions les candidats se bousculent nuit et jour pour y avoir une place. En plus de la quasi gratuité de la formation, la qualité des installations et équipements d’apprentissage disponibles donnent certainement envie aux jeunes à y suivre une formation professionnelle. Globalement, la formation professionnelle pâtit en général d’une mauvaise image au sein de l’opinion publique. Elle est souvent considérée comme une voie de garage réservée aux élèves en difficultés et ne dispose pas du prestige social accordé aux cursus universitaires et aux filières générales. Il est ainsi nécessaire d’opérer un changement de discours au sujet de la formation professionnelle et de valoriser ces filières en informant et communiquant à leur sujet : mise en avant des opportunités de carrière, des taux d’insertion professionnelle, des niveaux de rémunération attendus et de la qualité des emplois. 24 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 27. 3.2.5 L’absence d’une politique nationale d’EFP En plus des quatre (4) facteurs ci-dessus mentionnés qui entravent l’attractivité de l’EFP, les participants à l’atelier de restitution et de validation du rapport provisoire de l’étude ont indiqué que l’absence de politique nationale d’EFP est un de ces facteurs. En effet, cette absence (de la Politique Nationale de l’EFP) peut être interprétée comme un manque de volonté et de considération des autorités nationales vis-à-vis de ce sous- secteur malgré le défi du chômage endémique des jeunes. Par exemple, l’INAFOR qui est sensée travailler de manière articulée avec le gouvernement et tous les acteurs concernés au développement du sous-secteur de l’EFP et l’AGEFP qui est l’entité chargée de promouvoir la formation continue des employés sont dépourvus de ressources financières et techniques pour s’acquitter de leurs missions. Également, l’Observatoire National de l’Emploi qui est l’entité qui devrait jouer ce rôle mais elle est aussi limitée en terme technique et opérationnel. Il faut noter que Enabel appuie actuellement le pays à disposer d’une Politique Nationale de l’EFP. Le document de Politique EFP va davantage clarifier le rôle et les responsabilités de chacune de ces institutions de coordination de sous-secteur EFP. 25 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 28. 3.3 Les facteurs socio-économiques qui entravent l’accès des jeunes des zones rurales à l’EFP 3. Faiblesse des ressources financières des ménages 2. Faible adaptabilité des dispositions de la loi de base rendant l’accès sélectif 4. Offre de formation souvent inadéquate selon les besoins du marché 1. Faible investissement des pouvoirs publics dans l’éducation en général Les facteurs socio-économiques qui entravent l’accès des jeunes des zones rurales à l’EFP 5. Méconnaissance de la valeur de l’EFP L’analyse des témoignages recueillis et des résultats de la revue documentaire a permis d’identifier une série de facteurs qui entravent l’accès des jeunes, particulièrement ceux des zones rurales à bénéficier d’une formation professionnelle. Parmi ces facteurs, il y a notamment : (i) le faible investissement des pouvoirs publics dans l’éducation en général associé à la loi de base du système éducatif et les critères d’accès appliqués par certains centres de formation professionnelle ; (ii) la faible adaptabilité des dispositions de la loi de base du système éducatif au secteur de l’EFP ; (iii) la faiblesse des ressources financières des ménages pour assurer la prise en charge du financement de la formation en termes de frais de scolarité, de logement, de nourriture et de transport des apprenants des localités lointaines ; (iv) les obstacles liés aux caractéristiques propres à l’offre de formation professionnelle dans le pays ; (v) la méconnaissance de la valeur de l’EFP. 3.3.1 Le faible investissement des pouvoirs publics dans l’éducation en général associé à la loi de base du système éducatif et les critères d’accès appliqués par certains centres de formation professionnelle Il ressort de la revue documentaire que l’Etat reste dans tous les pays le plus grand contributeur aux dépenses de l’éducation12. Dans le cas spécifique de la Guinée Bissau, les ressources internes de l’État ne représentent que 7 % du PIB, un niveau très faible, 3 fois inférieur à la moyenne observée sur le continent africain et deux fois inférieur au cadre indicatif de l’initiative Fast Track qui est 14%. Et de ces faibles ressources, l’éducation n’est pas une priorité, puisque la part du budget qui y est consacrée (13 % en 2013) est deux fois inférieure à celle des pays de niveau de richesse comparable. Par exemple, en 2013, l’État dépensait en moyenne 18 000 Fcfa par enfant scolarisable (moins de 40dollars),unniveauinsuffisantpourdispenserunenseignementde basede qualitépourtouslesenfants13. 12. Financement de la Formation Professionnelle en Afrique : Rôles et Spécificités des Fonds de Financement de la formation professionnelle, Agence Française de Développement, ADEA, Novembre 2014 13. En Guinée-Bissau, le système éducatif reste en grande partie à construire, UNESCO, Pôle de Dakar, Novembre 26
  • 29. 2016 – Note Pays 26, disponible sur : www.iipe-poledakar.org Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 30. Selon le rapport de l’étude diagnostic du MEN (2014), 23% des enfants n’entrent jamais à l’école et 18% de ceux qui entrent abandonnent avant d’atteindre la 6ème année. L’analyse effectuée dans le cadre du RESEN donne un certain nombre de facteurs pouvant expliquer ces résultats. Il s’agit en premier lieu de l’organisation des écoles, la majorité de celles-ci n’offrant pas tous les niveaux des cycles. Particulièrement, après l’enseignement de base 1er cycle, les chances de poursuivre les études sont très réduites. Selon les résultats de la revue documentaire, seulement 25% des écoles offrent l’opportunité d’avoir tous les niveaux des cycles, ce qui signifie que les 75% des écoles restantes n’offrent pas les 6 niveaux de scolarité. Cette impossibilité de suivre un cycle primaire complet dans la même école concerne à peu près la moitié des élèves (47%). Ceci oblige les élèves concernés à aller chercher une place dans d’autres écoles situées dans d’autres localités et qui très souvent n’ont pas les capacités d’accueillir un grand monde. Cette situation génère donc des dépenses d’éducation additionnelles pour les familles dans le cas où les élèves sont dans l’impossibilité de trouver une place ailleurs, ils abandonnent les études. Dans ces conditions, les familles doivent financer avec leurs propres moyens l’éducation de leurs enfants. En moyenne, la contribution des ménages est supérieure à celle versée par l’État, elle équivaut à 63% des dépenses totales d’éducation, une valeur bien supérieure à ce qui est observé ailleurs en Afrique (24 %), alors que 70 % de la population vit sous le seuil de pauvreté14 . L’économie du pays est peu diversifiée, peu performante et fortement dépendante du cajou qui génère plus de 87,7% des exportations et dont les revenus nourrissent près de 80% de la population. Quoique sixième producteur mondial, le pays ne capte que 11% de la valeur d’achat des amandes, car plus de 95% des exportations de cajou concerne les noix brutes15. Selon plusieurs sources documentaires, le pays est profondément handicapé par 40 années d’instabilité institutionnelle et son système éducatif est dans une situation critique. Par exemple, même à Bissau, la capitale, les enfants marchent jusqu’à 3 km pour aller à l’école, et doivent souvent porter leurs propres tabourets ou chaises (UNICEF, 2021). Pour beaucoup d’enfants en Guinée-Bissau, l’accès à une éducation de qualité reste un défi ; le pays a le plus bas taux d’achèvement des études primaires en Afrique de l’Ouest. En plus des éléments ci-dessus mentionnés, les participants à l’atelier de restitution et de validation du rapport provisoire de la présente étude ont mentionné que le faible investissement des pouvoirs publics dans l’EFP en particulier s’est traduit notamment par : • l’absence de préparation de programmes de formation pour leur mise en œuvre par les centres d’EFP ; • le manque de financement public et de formation des formateurs pour les centres d’EFP ; • le manque d’équipement (matériel didactique) ; • le manque d’infrastructures adéquates ; • la faible présence des centres d’EFP dans les régions en adéquation avec les réalités locales. 14. En Guinée-Bissau, le système éducatif reste en grande partie à construire, UNESCO, Pôle de Dakar, Novembre 2016 – Note Pays 26, disponible sur : www.iipe-poledakar.org 15. Projet d’Appui à l’Autonomisation et l’Inclusion Financière des Femmes et des Jeunes dans les Filières Porteuses Cajou et Tomate et Légumes en Guinée-Bissau, République de Guinée-Bissau Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural et Banque Africaine de Développement Fonds Africain de Développement Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022 27
  • 31. 3.3.2 La faible adaptabilité des dispositions de la loi de base du système éducatif au secteur de l’EFP Les dispositions de la loi de base du système éducatif sont très faiblement adaptées au secteur de l’EFP. En effet, le propre d’une formation professionnelle est de donner/offrir la possibilité à tous y compris ceux n’ont pas eu la chance d’atteindre ce niveau de scolarité exigé par la loi de pouvoir suivre une formation qualifiante. Or cette loi prévoit la 7ème année de scolarité comme condition d’entrée à la formation professionnelle (voir article 31). Également, chaque centre détermine les critères d’admission à la formation technique et professionnelle et dans la plupart des cas, l’accès est réservé aux élèves qui ont un niveau de scolarité qui varie entre 7ème et 12ème année16. Il apparait dès lors que le problème d’accès à l’EFP résulte des dispositions de cette loi de base du système éducatif qui est d’abord une loi de l’enseignement classique/général. Cette loi se préoccupe peu du secteur de l’EFP. Pour preuve la question du sous-secteur de l’EFP est abordé dans une disposition de la loi de manière très superficielle. C’est pourquoi, l’adoption de la Politique nationale de l’EFP permettrait de mieux prendre en compte les priorités et besoins du sous-secteur EFP y compris la question d’accès/admission aux structures de formation professionnelle. Il est clair qu’il faut fixer les conditions d’admission aux structures de formation mais il faut aussi prévoir la possibilité pour les jeunes qui n’ont pas eu la chance d’atteindre ce niveau de scolarité de pouvoir suivre une formation qualifiante. Ainsi, le dispositif de Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) qui permet aux personnes qui ont appris le métier de manière informelle (petit atelier du quartier ou du village) de pouvoir avoir cette possibilité d’accéder à une reconnaissance de leur qualification professionnelle pourrait être une alternative crédible. Ce système n’existe pas encore en Guinée Bissau mais pourrait être une des solutions pour attirer les jeunes dans l’EFP. 3.3.3 La faiblesse des ressources financières des ménages pour assurer la prise en charge du financement de la formation en termes de frais de scolarité, de logement, de nourriture et de transport des apprenants des localités lointaines Dans le sous-secteur de l’EFP, en raison notamment de la faiblesse des moyens publics attribués et de la concentrationdesétablissementsdeformationprofessionnelleàSABetmajoritairementprivé,lefinancement de la formation en termes de frais de scolarité, de logement, de nourriture et de transport des apprenants des localités rurales lointaines repose principalement sur les ménages. La majorité de ces ménages est constituée de petits exploitants agricoles qui ne dépendent que de la monoculture de la noix de cajou. Ces ménages sont extrêmement vulnérables aux fluctuations des cours mondiaux de la noix de cajou, car ils troquent souvent les noix contre du riz pour nourrir leur famille. Avec des cours qui sont tombés de 1,4 dollar par kilogramme en 2017 à 0,5 dollar par kilogramme en 202017, les ménages ont de plus en plus de difficultés à accéder aux ressources financières pour financer l’EFP des jeunes. La diversification limitée des moyens d’existence, l’absence de capacités de transformation des aliments, la dégradation de l’environnement et les difficultés d’accès au crédit et à la terre exercent des pressions supplémentaires sur les revenus de ces ménages. 16. Rapport de diagnostic des Centres de Formation Technique et Professionnelle en Guinée-Bissau, Relance de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle pour l’Emploi en Guinée-Bissau – RESET, page 24 17. Banque mondiale. Indicateurs du développement dans le monde, données 2020 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022 28
  • 32. Les témoignages recueillis sur le terrain auprès des jeunes, des parents, des anciens apprenants des établissements d’EFP (ceux n’ayant pas pu terminer la formation et ceux diplômés/lauréats) confirment ces constats. En effet, quelle que soit la région de l’étude, le financement de la formation professionnelle en termes de prise en charge par les ménages des frais de scolarité, de logement, de nourriture et de transport des apprenants des localités rurales lointaines est considérée comme la principale entrave à l’accès des jeunes des zones rurales à l’EFP. 3.3.4 Les obstacles liés aux caractéristiques actuelles de l’offre de formation professionnelle en vigueur dans le pays 3.3.4.1 La concentration des établissements de formation professionnelle à SAB au détriment des autres régions Dans la mise en œuvre des activités du projet RESET, une étude diagnostique des structures de formation technique et professionnelle a été réalisée en 202118 dans le but de disposer des informations sur les structures de formation (nombre, fonctionnement, effectifs des apprenants, dynamique d’insertion…) et de mieux positionner les interventions en vue dans le cadre de ce projet. Les résultats de cette étude ont révélé que les centres de formation technique sont concentrés dans la capitale Bissau avec un effectif de 2496 apprenants soit 87.18% versus 12.82% pour l’ensemble des autres régions. Les jeunes dans les régions à l’intérieur du pays ont des difficultés à accéder à l’EFP. Ce manque de décentralisation de l’offre de formation professionnelle oblige les jeunes des zones non pourvues qui le souhaitent à se déplacer de leurs localités de résidence vers les zones où il y a le centre de formation de leur préférence. Cette situation augmente les dépenses de la formation professionnelle. En effet, en plus des frais de scolarité, il faut aussi prendre en charge les frais de logement, de nourriture et de transport des apprenants de leurs localités de résidence vers les villes d’implantation des centres de formation professionnelle. En effet, plusieurs témoignages recueillis font état de plus en plus de difficultés à trouver des tuteurs pour les apprenants dans les villes où il y a des centres de formation. 3.3.4.2 L’offre de formation professionnelle actuelle est très majoritairement payante et maintient les inégalités sociales et professionnelles entre filles et garçons Les résultats du diagnostic des centres de formation réalisé en 2021 dans le cadre du projet RESET permettent de faire les constats suivants : - A l’exception de SENAI de Bissau sponsorisé par la coopération brésilienne et le centre de formation du village SOS financé par l’UE et SOS Hollande qui ne demandent aucun frais de scolarité, les autres centres de formation sont payant et les frais mensuels varient entre 5000 à 25000 FCFA. - Une prédominance des garçons dans l’enseignement et la formation professionnelle (63%) contre 37% pour les filles dans le pays. Les filles dans les régions représentant seulement 2,68% des apprenants des centres en dehors de la capitale. Pourtant, dans la Recommandation révisée sur l’Enseignement Technique et Professionnel adoptée par la Conférence Générale de l’UNESCO à sa 18ème session, il est, d’une part, stipulé au paragraphe 27 que : «Comme il est souhaitable que les femmes participent plus largement à l’exercice de toutes les catégories de professions, elles devraient avoir les mêmes possibilités de formations que les hommes et être encouragées, par des mesures législatives appropriées et par une information largement diffusées, à faire usage de ces possibilités». 18. Rapport de diagnostic des Centres de Formation Technique et Professionnelle en Guinée-Bissau, Relance de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle pour l’Emploi en Guinée-Bissau - RESET Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022 29
  • 33. Et d’autre part, souligné au paragraphe 57 que : «L’orientation des jeunes filles et des jeunes femmes devrait faire l’objet d’une attention particulière : (a) Cette orientation devrait porter sur les possibilités d’enseignement, de formation et d’emploi aussi variées que pour les garçons et les hommes ; (b) Elledevraitencouragersystématiquementlesjeunesfillesetlesfemmesàtirerpartiedespossibilités qui leur sont offertes». C’est par référence à ces normes que doit se développer l’action visant à encourager l’accès des jeunes filles et des jeunes femmes à l’EFP. 3.3.4.3 La faible diversification et prise en compte des besoins et potentialités des régions dans l’offre de formation professionnelle L’étude a aussi constaté que l’offre de formation proposée dans les centres de formation professionnelle est très peu diversifiée et orientée principalement sur les métiers de la construction civile et du bâtiment et avec une capacité limitée en termes d’opportunités d’emplois pour les diplômés à cause d’un marché peu développé jusqu’ici. Le secteur du tourisme/hôtellerie a une grande potentialité et de réelles opportunités d’emplois pour les jeunes mais la qualité de la formation proposée par certains centres de formation est en dessous des attentes et exigences des acteurs du secteur. 3.3.5 Méconnaissance de la valeur de l’EFP En plus des trois (3) facteurs socio-économiques ci-dessus mentionnés qui entravent l’accès des jeunes des zones rurales à l’EFP, les participants à l’atelier de restitution et de validation du rapport provisoire de l’étude ont indiqué que la méconnaissance de sa valeur est un de ces facteurs. Selon eux, les populations notamment non scolarisées connaissent très peu la valeur de l’EFP. En fait, la méconnaissance de la valeur de l’EFP serait notamment liée à la faible connaissance par les jeunes de ce sous-secteur et des possibilités et avantages offerts et à l’image négative souvent associée à l’EFP et aux opportunités d’insertion professionnelle offertes comme précédemment abordée. 30 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 34. 3.4 Les barrières à l’accès des filles à l’éducation en général et à l’EFP en particulier faible valorisation de l’éducation des filles pratiques discriminantes à l’égard des filles Accès limité des filles aux établissements éloignés En Guinée Bissau tout comme dans les autres pays en Afrique subsaharienne particulièrement, l’accès et le maintien dans le système éducatif ou dans l’apprentissage sont un réel défi. Pour les filles, l’accès à l’éducation, les conditions d’apprentissage, les taux de rétention ou encore les taux d’achèvement sont tous influencés par les discriminations et stéréotypes de genre. Par exemple, l’une des caractéristiques démontrées par le RESEN19 est la faible équité du système éducatif bissau-guinéen. Ceci est constaté aussi bien dans l’accèsà l’école que dans l’achèvement des cycles d’enseignement et sur plusieurs dimensions : genre, milieu de résidence, niveau de richesse et régions20. L’analyse des témoignages recueillis et des résultats de la revue documentaire dans le cadre de cette étude met en exergue une série de barrières à l’accès des filles à l’éducation en général et à l’EFP en particulier. Parmi elles, il y a notamment : (i) la faible valorisation de l’éducation des filles ; (ii) les pratiques discriminantes à l’égard des filles ; (iii) l’inaccessibilité des établissements de formation professionnelle dans les zones rurales pose problème et limite l’accès des filles. 19. Rapport sur l’État du Système Éducatif National 20. Ministère de l’Education Nationale, Programme Sectoriel de l’Education de la Guinée Bissau (2017 -2025), Juillet 2017 31
  • 35. Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 36. 3.4.1 La faible valorisation de l’éducation des filles Malgré les importants progrès réalisés et le changement de mentalités21 au sujet de la scolarisation des filles dans les différentes régions de l’étude, l’analyse des témoignages recueillis auprès de certains parentset jeunes filles notamment à l’intérieur du pays (dans les régions de Oio et Quinara) laisse apparaitre l’idée qu’il est moins « utile » que les filles soient scolarisées. Les partisans de cette idée la justifient à partir d’une supposée division des tâches qui cantonnerait les hommes au rôle productif et les femmes aux rôles reproductifs de mères et d’épouses. Dans cette perspective, elles n’ont en effet pas besoin d’avoir accès à l’éducation pour apprendre la gestion et la réalisation des tâches ménagères et communautaires, compétences qu’elles peuvent acquérir avec les autres femmes du ménage. Dès lors, elles ne seront pas priorisées au sein des ménages par rapport aux garçons. D’ailleurs, l’une des caractéristiques démontrées par le RESEN22 est la faible équité du système éducatif bissau-guinéen. Ceci est constaté aussi bien dans l’accès à l’école que dans l’achèvement des cycles d’enseignement et sur plusieurs dimensions : genre, milieu de résidence, niveau de richesse et régions23. L’analyse de l’équité des genres du système éducatif effectuée dans le cadre de l’élaboration du Programme sectoriel de l’éducation de la Guinée Bissau (2017 – 2025) montre que les filles ont moins accès par rapport aux garçons et abandonnent beaucoup plus que les garçons. Cette analyse observe également que le manque d’écoles offrant les 6 premiers niveaux du cycle de base pénalise plus les filles que les garçons. Ceci s’expliquerait par le fait que s’il faut aller poursuivre les études dans une autre localité, les familles préfèrent envoyer les garçons au détriment des filles. Plusieurs témoignages recueillis auprès des filles interrogées mentionnent que fonder une famille reste une priorité pour elles. En discutant plus profondément avec elles il apparait clairement que ce sont souvent les parents qui projettent et reproduisent ce type d’attentes pour leurs enfants. 3.4.2 Les pratiques discriminantes à l’égard des filles Parmi les raisons des pratiques discriminantes à l’égard des filles en termes de barrières à leur accès à l’éducation en général et à l’EFP en particulier, il y a notamment : 3.4.2.1 La pauvreté des familles La formation professionnelle n’étant pas toujours gratuite, lorsque les conditions budgétaires ne sont pas favorables, la scolarité vient concurrencer d’autres activités potentiellement rémunératrices pour les ménages et les filles en sont souvent les victimes comme en témoignent les propos suivants recueillis auprès d’une jeune femme à SAB : « Pour certains foyers, scolariser une fille se traduit par une perte de revenu ou d’aide à la maison. Il arrive également que les familles n’aient pas les moyens de contribuer aux frais scolaires ou d’acheter les fournitures et les uniformes. Et souvent, lorsqu’il faut faire un choix entre une fille et un garçon, la famille consacrera ses maigres ressources à l’éducation du garçon, considérant qu’il s’agit d’un meilleur investissement à long terme ». L’analyse de l’équité des genres du système éducatif effectuée dans le cadre de l’élaboration du Programme sectoriel de l’éducation de la Guinée Bissau (2017 – 2025) mentionne qu’une fille issue d’un ménage pauvre vivant en milieu rural n’a que 52% de chances d’accéder à l’école contre 93% pour un garçon issu d’un ménage riche vivant en milieu urbain. 21. Grâce notamment à la sensibilisation réalisée par de nombreuses initiatives, mais aussi car les mentalités ont évolué avec l’urbanisation, les médias et l’ouverture au monde extérieur, les vertus de l’éducation pour les filles ont été assimilées et les inégalités d’accès de ces dernières se sont réduites. 22. Rapport sur l’État du Système Éducatif National 23. Ministère de l’Education Nationale, Programme Sectoriel de l’Education de la Guinée Bissau (2017 -2025), Juillet 2017 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022 32
  • 37. Aussi, certains témoignages mentionnent que quand les filles sont déscolarisées leur force de travail est plus souvent employée pour fournir des revenus à la famille ou pour vaquer à des tâches domestiques. Dansles zones urbaines par exemple, l’entrée précoce des enfants sur le marché du travail reste un phénomène préoccupant et les filles sont les plus touchées. Les garçons sont plus souvent employés comme apprentis et poursuivent leur investissement en capital humain sous une autre forme. 3.4.2.2 Les mariages précoces Quelle que soit la région, certains témoignages recueillis mentionnent clairement que les mariages précoces ont des conséquences graves sur l’éducation des filles de manière générale comme en témoignent les propos suivants recueillis auprès d’une dame commerçante à Bula : « Lorsqu’une fille scolarisée se marie tôt, elle doit généralement quitter l’école, perdant la possibilité de prendre des décisions concernant sa formation. Elle ne pourra pas apprendre un métier pour éventuellement être indépendante financièrement dans l’avenir ». Inversement, on sait que plus la durée de scolarisation des filles est longue, moins les filles ont de chances d’être mariées trop tôt et plus elles peuvent devenir des femmes libres et autonomes. 3.4.2.3 Les facteurs socioculturels en termes notamment de répartition traditionnelle des rôles dans la contribution aux tâches domestiques, de réticences culturelles des familles à laisser une fille sortir du foyer, de censure/autocensure, d’interdits et d’injonctions à l’égard de la fille Dans l’éducation familiale et communautaire, sont inculquées les routines du travail domestique, la censure, les interdits et les injonctions qui conditionnent l’obéissance de la fille, limitent sa capacité à prendre des décisions et son autonomie. S’il y a disponibilité financière pour étudier, les garçons seront souvent prioritaires par rapport aux jeunes femmes. Dans cet environnement, beaucoup de filles grandissent en acceptant malgré elles ce statut « d’infériorité », et limitent donc leurs rêves à celui de « bonne ménagère » ou d’épouse. Les contraintes liées aux stéréotypes de genre influent sur l’accès à l’éducation au sens large, mais aussi sur l’accès à certaines filières en particulier. Avec l’idée qu’il y aurait des métiers « typiquement féminins » (comme masculins), on observe alors une ségrégation éducative, liée à la division sexuelle du travail, qui s’exerce généralement par une forme d’autocensure provenant des représentations collectives. Par exemple, certaines filles interrogées dans le cadre de cette étude ont intériorisé le fait que certaines filières et certains emplois sont destinés ou réservés aux garçons, et qu’elles ne pourront y accéder. Ces emplois dits féminins sont généralement orientés vers le service à la personne (coiffure, esthétique, etc.), la restauration, le travail domestique, la pâtisserie, la couture, etc. Dès lors, les orientations des filles en termes de filières limitent leurs opportunités futures. 33 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 38. 3.4.3 L’inaccessibilité des établissements de formation professionnelle dans les zones rurales pose problème et limite l’accès des filles en raison des réticences à laisser une fille sortir du foyer Selon les résultats de l’étude diagnostique réalisée en 202124, 63% des établissements d’EFP sont implantés à Bissau, le reste est réparti dans les autres régions du pays excepté les régions de Bafata, Gabu et Biombo qui ne disposent d’aucun centre de formation technique et professionnelle. Cette disparité dans la répartition géographique des centres de formation oblige les jeunes des zones dépourvues à quitter leur localité de résidence pour aller poursuivre ailleurs leur formation. Dans le cadre de cette situation et pour plusieurs raisons liées notamment aux stéréotypes de genre, les familles préfèrent généralement envoyer les garçons au détriment des filles. Les filles étant considérées comme destinées essentiellement aux rôles reproductifs dans le cadre marital, la crainte d’une grossesse hors mariage décourage les parents et les incitent à ne pas prioriser l’envoi des filles en formation ailleurs. Egalement, certains témoignages recueillis indiquent que le manque de moyens financiers des ménages pour supporter les frais de scolarisation, de logement et de transport des apprenants les amène parfois à discriminer les filles au profit des garçons. Entre barrières socioculturelles, pratiques discriminantes et obstacles économiques et matériels, les possibilités d’accès àl’éducationausens large et au sous-secteur de l’EFP pour les filles sont réduites dans bon nombre de cas par rapport à celles des garçons. Ces barrières se renforcent toutes mutuellement, étant elles-mêmes étroitement articulées sur des stéréotypesconcernantlerôlesocialdesfemmes(etdeshommes). Ilfautcependantremarquerquetouscesobstaclesliésaugenresontdemoinsenmoinscontraignants,maisrestenttout de même actuels et pertinents pourunetelle analyse. 24. Rapport de diagnostic des Centres de Formation Technique et Professionnelle en Guinée-Bissau, Relance de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle pour l’Emploi en Guinée-Bissau - RESET Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022 34
  • 39. 3.5 Les filières ou métiers de formation qui attirent les jeunes bissau-guinéens et les facteurs qui déterminent leurs choix CORPS HABILLÉS SANTÉ ÉDUCATION PRÉFÉRENCE DES JEUNES POUR LES CORPS HABILLÉS ET POURVOYEURS D’EMPLOIS L’analysedestémoignagesrecueillisetlesrésultatsdelarevuedocumentaireausujetdesfilièresoumétiersdeformation préféréspermettent de faire les constats suivants: (i) la préférence pour les jeunes des secteurs actuellement pourvoyeurs d’emploi dans le pays : l’éducation, la santéet les «corpshabillés »(armée, police); (ii)pour les autres filières, les préférences et choix des jeunes restent assez partagés avec toutefois une attirance plus prononcée pour lesmétiersdontletravailestmoinspénible physiquement,bienrémunéréet stable ; (iii)lesstéréotypesdegenreentermesde«métiersdefemmes»,«métiersd’hommes»influencentlespréférences et choix desfilières chez certains jeunes. 35 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 40. 3.5.1 La préférence pour les jeunes des secteurs actuellement pourvoyeurs d’emploi dans le pays:l’éducation,lasantéetles«corpshabillés» (armée,police) Lafaibleconnaissanceparlesjeunes dusous-secteurdel’EFPet despossibilitésetavantagesofferts ainsiquelecontexte actuel du pays en termes de gel des investissements et recrutements dans de nombreux domaines impactent très fortementleurspréférencesetchoixdesfilièresetsecteursdeformation.Eneffet,quelle que soit la région, les jeunes interrogés souhaitent très majoritairement être formés dans l’un des trois secteurs suivants : éducation, santé et « corps habillés » (armée, police). En guise de mise en contexte, il faut rappeler que les difficultés financières du gouvernement ont entrainé depuis quelques années un gel des investissements et des recrutements dans de nombreux domaines, sauf l’éducation et la santé. Les Ministères de la Santé et de l’Education sont ainsi les seuls à embaucher. Dès lors pour les jeunes, ce sont ces secteurs qui semblent donner des garanties en termes d’insertion professionnelle après la formation. Troisprincipauxfacteurs déterminentles préférencesetchoixde cessecteurs parlesjeunes : (i) lesgarantiesentermes d’insertionprofessionnelle aprèslaformation; (ii) les meilleures perspectives d’emploi en termes de salaire décent et de respect des engagements sociaux (paiementrégulierdesalaires,versementdespensionsderetraite,etc.); (iii) la stabilité salariale. En plus de ces trois principaux facteurs, certains jeunes justifient le choix de ces secteurs par leurvolonté de contribuerau développementdupays. Le choix du secteur des « corps habillés » (armée, police) semble répondre au souci de rester en cohérence avec la « traditiond’hommesdetenue»auseindecertainsgroupesethniquesdupays. 3.5.2 Pour les autres filières, les préférences et choix des jeunes restent assez partagés avec toutefois une attirance plus prononcée pour les métiers dont le travail est moins pénible physiquement, bien rémunéré et stable. En plus des trois secteurs préférés (éducation, santé, et « corps habillés »), les préférences et choix des jeunes restent assez partagés avec toutefois une attirance plus prononcée pour les métiers dont le travail est moins pénible physiquement, bien rémunéré et stable. Par exemple, aussi bien chez les parents que chez les jeunes, les témoignages recueillis dans les régions de Quinara et Oío sont plus favorables aux filières de l’agriculture et l’élevage tandis que dans la région de Cacheu et à SAB, les filières préférées sont plus variées et touchent à la fois les métiers des secteurs du logement et des infrastructures, de la mécanique, de la construction civile, de la plomberie, du froid et climatisation, de l’agriculture et de la transformation agroalimentaire, tourisme et restauration, etc. Au regard des témoignages recueillis, la pénibilité physique au travail (en termes, par exemple, de : rester longtemps debout, rester longtemps dans une posture pénible, effectuer des déplacements à pied longs ou fréquents, devoir porter ou déplacer des charges lourdes, subir des secousses ou des vibrations, etc.) est un des facteurs qui affecte les préférences et choix des filières chez les jeunes. La plupart d’entre eux ne souhaitent pas exercer un métier qui les exposerait à cette pénibilité physique au travail. D’autres jeunes ont justifié leurs préférences et choix des filières par leurs espoirs et attentes en termes de niveau de rémunération et de stabilité salariale. 36 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022
  • 41. 3.5.3 Les stéréotypes de genre en termes de « métiers de femmes », « métiers d’hommes » influencent les préférences et choix des filières chez certains jeunes Au cours de la collecte des données sur le terrain, la question suivante a été posée aux jeunes : « quel (s) métier (s) souhaiteriez-vous exercer plus tard ? Pourquoi ? ». Les réponses recueillies suite à cette question montrent clairement que les stéréotypes de genre en termes de « métiers de femmes », « métiers d’hommes » influencent les préférences et choix des filières chez certains jeunes quelle que soit la région. Selon les témoignages recueillis, les filles souhaitent majoritairement s’orienter vers les filières dites « féminines » telles que secrétariat/bureautique, santé, communication, coiffure, esthétique, restauration, pâtisserie, couture, etc. Les raisons et motivations évoquées pour faire ces choix montrent clairement que les filles manquent de modèles de réussite pour se projeter dans certains métiers considérés comme masculins. Les témoignages recueillis auprès des garçons mentionnent leurs préférences pour les métiers traditionnellement considérés comme masculins tels que la maçonnerie, la mécanique automobile, la menuiserie métallique, la soudure, la plomberie, etc. 37 Étude sur l’Attractivité de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle en Guinée-Bissau • ENABEL • Octobre 2022