2. 2
On venait voir de
la danse et on
a vu des corps
indistincts qui ne
bougeaient pas
forcément.
3. 3
Pour qui apprécie l’art chorégraphique, la
danse contemporaine peut souvent dérou-
ter : scènes sans corps, présence accrue
d’autres arts ou technologies qui perturbent
l’identité de la représentation. On epliquera
dans ce livre que la danse cultive l’art de
déjouer toute les tentative de substantiali-
sation et que le projet d’être contemporain
ne se confond pas avec celui de faire rup-
ture avec l’histoire de la danse ou de l’art.
Qu’est-ce que la danse
contemporaine ?
FRIMAT, François, Qu’est-ce que la danse contem-
poraine ?
6. 6
Calé au fond de
mon fauteuil,
je distingue
mal, dans une
pénombre,
quelques
mouvements
convulsifs d’un
corps indistinct
que je suppose
évoluer au ras du
sol, sur la scène.
7. 7
Évoquer la danse contemporaine à partir de
la notion de danse ou de spectacle Hybride
n’a rien d’original en soi, puisque nombre
d’artistes revendiquent eux-mêmes cette
dénomination depuis quelques années
déjà. L’usage de l’expression a pour origine
un fait : l’apparition de l’usage croissant des
techniques numériques dans l’art chorégra-
phique. Mais il y avait aussi le désir de dépas-
ser une autre expression qui fut un temps
en vogue, celle d’« interdisciplinarité », ou
de « pluridisciplinarité ». Cette dernière fut
a raison jugée très insuffisante pour rendre
compte de la spécificité du renouvellement
en cours dans le domaine de la danse. On
ne peut d’ailleurs qu’approuver cette vo-
lonté de dépassement qui lève toute confu-
sion possible avec ce que ces anciennes
notions véhiculent d’expérimentations
hasardeuses dans le domaine pédagogique
où, dans la pratique, l’interdisciplinarité a,
malheuresement, souvent consisté à vou-
loir substituer au dialogue, possiblement
fécond entre disciplines, un mixte impro-
bable où se perdaient toutes les exigences
fondatrices des disciplines elle-mêmes.
Premiers pas
10. 10
Il n’y avait pas
forcément de
musique, encore
moins de décor.
Cette faible
lumière rasante
m’oblige à me
concentrer sur
d’autres sens que
la vue pour saisir
ce qui se passe.
11. 11
Christian Rizzo donne [...] à voir, depuis
quelques années, une chorégraphie pour deux
robes agitées par une soufflerie. Il n’y a, dans
cette danse même plus présence d’un corps
humain. Pour autant cette perplexité est déjà
lourde de préjugés et d’habitudes concer-
nant les notions d’oeuvre, de danse et de
contemporanéité. Ces présupposés, induits
par une longue tradition, sont souvent ceux
que la danse contemporaine interroge, ceux
qu’elle défie et dont elle se méfie. Le public,
qui s’en remet le plus souvent aux pro-
grammes des différents lieux qui diffusent
les spectacles, ne peut hélas espérer un aide
quelconque pour s’expliquer à lui-même ce
que l’on peut entendre par danse contem-
poraine aujourd’hui. Essayons de préciser.
14. 14
Plus tard, il y aura
une construction
d’image
compliquée
délivrant une vue
partielle d’un
corps. On pourra
alors identifier
comme féminin
sans que cela ait
de l’importance et
nous précise ce
à quoi, enfin, on
nous convoque.
15. 15
À examiner ce qui se passe dans le moment
de la recherche en studio pourrait naître
l’idée que danser est une affaire, sous
les auspices de l’auto affection qui lui est
consubstantielle, qui ne se passe qu’entre
soi et soi. Il est vrai que même à l’égard
de certaines propositions présentées sur
scène, on peut avoir l’impression d’être en-
tré dans une salle comme par effraction et
se trouver ramené à la situation d’un voyeur
malgré lui regardant ce qui n’aurait pas dû
lui être montré. Cependant, il serait naïf de
penser également qu’une danse s’adresse
à autrui seulement dans le cas de pièces
collectives ou dans le cas d’une intention
d’exhibition assumée. Le lieu de la première
présence de l’altérité, nous l’avons vu,
c’est le corps même du danseur, véritable
« champ de bataille », selon l’expression de
Sally Banes, puisque traversé en son mou-
vement par des courants de pensée, des
idéologies, des rapports de forces, souvent
en conflit. « À chaque nouvelle étape d’un
« déplacement » dans les structures du
corps et du mouvement, quelque chose est
gagné sur l’histoire et surtout sur le destin. »
20. 20
Le titre que j’ai donné à mon
livre indique quelle est la
tradition d’idées sur le rêve dont
j’aimerais me réclamer. Je me
suis proposé de montrer que
les rêves sont susceptibles
d’être interprétés, et, si je
contribue à éclaircir quelques-
unes des questions traitées
plus haut, ce ne sera là qu’un
profit accessoire, un à-côté du
problème essentiel que j’ai à
résoudre. En admettant que les
rêves peuvent êtres interprétés,
je vais à l’encontre de la théorie
régnante, à l’encontre de toutes
les théories du rêve, sauf celle
de Scherner.
En effet, « interpréter un rêve »
signifie indiquer son « sens », le
L’INTERPRÉTATION DES RÊVES
Sigmund FREUD extraits
21. 21
remplacer par quelque chose qui
peut s’insérer dans la chaine de
nos actions physiques, chaînon
important semblable à d’autres
et d’égale valeur. Ainsi que
nous avons pu le constater, les
théories scientifiques du rêve ne
laisse nulle place au problème de
l’interprétation puisque, pour elles,
le rêve n’est point un acte mental,
mais un processus somatique
révélé seulement par certains
signes psychiques. Le point de
vue du sens commun a toujours
été autre. Fort de son droit à
l’inconséquence, il accorde que
le rêve est incompréhensible et
absurde, mais n’ose lui refuser
une signification. Guidé par un
pressentiment obscure, il semble
admettre que le rêve à un sens,
mais un sens caché, qu’il se
23. 23
substitue à un
autre processus
de pensée,et
qu’il n’est,pour
comprendre ce
sens caché,que de
savoir exactement
comment s’est
faite la substitution.
L’humanité s’est
detouttemps
efforcée
d’« interpréter »
lesrêveseta
utilisépourcela
deuxméthodes
essentiellement
différentes;Le
premierprocédé
considèrele
contenudurêve
commeuntout
etchercheà
luisubstituer
uncontenu
intelligibleet
enquelquesorte
analogue.C’est
l’interprétation
symbolique.Elle
échouedevantb
lesrêvesquine
sontpasseulement
incompréhensibles,
maisencoreconfus.
L’explicationque,
danslaBible,Joseph
donnedusonge
dePharaonest
unbonexemple
deceprocédé:
lesseptvaches
maigresdévorant
lesseptvaches
grassessont
uneprédiction
symboliquedes
septannéesde
famineenEgypte
quidévoreront
toutceque
lesannées
d’abondance
aurontaccumulé
deréserves.
24. 24
On pourrait l’appeler méthode
de déchiffrage, car il traite le
comme un écrit chiffré où chaque
signe est traduit par un signe au sens
connu, grâce à une clef fixe. Je sup-
pose que j’ai rêvé d’une lettre, puis
d’un enterrement, etc; j’ouvre une
« clef des songes », et je trouve qu’il
faut traduire lettre par dépit, et enter-
rement par fiançailles. Il me reste alors
à construire, en partant de ces mots
essentiels, une relation que de nou-
veau je considérerai comme future.
R ê
25. 25
Artémidore de Daldis donne, dans
son écrit sur l’interprétation des rêves,
une variantes intéressante de cette
méthode de déchiffrage. Le caractère
purement mécanique de la traduc-
tion est ici en quelque façon corrigé;
il est tenu compte, non seulement
du contenu du rêve, mais encore de
la personnalité et des circonstances
de la vie du rêveur : tel détail a une
autre signification pour l’homme riche,
l’homme marié, l’orateur, que pour le
pauvre, le célibataire, le marchand.
ve
26. 26
La plupart des rêves artificiels crées
par les poètes sont destinés à être
ainsi interprétés symboliquement :
ils rendent la pensée de l’auteur
sous un déguisement où notre
expérience découvre les caractères
de nos propres rêves. La notion que
le rêve a trait surtout à l’avenir, qu’il
en révèle l’aspect, est un résidu
de la valeur prophétique qu’on lui
accordait autrefois. Elle fait qu’ensuite
on transpor te au futur le sens
trouvé. On ne saurait enseigner la
manière de trouver ce sens symbolique.
Le succès dépend de l’ingéniosité, de
l’intuition immédiate, c’est pourquoi
sy m b o l i q u e d e s s o n g e s a p u
s’élever à la dignité d’un art qui
exigeait des dons par ticuliers.
s y m b oli q u e
L’ interprétation
29. 29
La caractéristique
de ce procédé est
que l’interprétation
ne porte pas sur
l’ensemble
durêve,
maissur
chacun
deseséléments,
commesilerêveétait
unconglomératoù
chaquefragment
doitêtre
déterminéà
part.
30. 30
Une jeune femme était habituée à
recevoir, lors de son anniversaire,
des fleurs de son mari. Ce signe
de tendresse manqua une fois,
elle pleura. Le mari ne savait com-
ment expliquer ses larmes quand elle
lui dit : « C’est mon anniversaire ». Il
se frappe alors le front, s’écrie : « Par-
donne-moi, je l’avais complètement
oublié », et veut courir chercher des
Mais cela ne la console pas, car elle
voit dans l’oublie de son mari une
preuve qu’elle ne tient plus dans ses
pensées la même place qu’autre-
fois. Cette dame L… a rencontré ma
F L E
31. 31
femme il y a deux jours, lui a dit qu’elle
se portait bien et lui a demandé mes
nouvelles. Elle a été ma cliente il y a
quelques années. Autre fait. J’ai bien
fait autrefois quelque chose comme
la monographie d’une plante : c’était
un travail sur la coca, il a attiré l’atten-
tion de K. Koller sur les propriétés
anesthésiantes de la cocaïne. J’avais
moi-même indiqué cette utilisation,
mais n’avais pas approfondi la
question. Là dessus, je songe que,
dans la matinée du jour qui a suivi le
rêve j’avais pensé à la cocaïne au
cours d’une sorte de fantasme diurne.
U R S