1. NON au plan social déguisé aux DNA - OUI à une presse
régionale au service du public
C’est avec grande inquiétude que les organisations du Front de Gauche ont pris connaissance
du fait que 55 journalistes des Dernières Nouvelles d’Alsace seront assujettis à la clause de
cession, suite à l’acquisition du titre par la banque commerciale « Crédit Mutuel ». Nous
mesurons la portée des propos des représentants du Syndicat National des Journalistes, qui
évoquent un plan « social » déguisé.
La presse régionale de l’Est est désormais sous le contrôle d’un empire bancaire. Le
Crédit Mutuel a racheté L’Est Républicain alors déficitaire. Il a pris prétexte des déficits pour
« restructurer » l’ensemble du groupe, comprenant pas moins de 13 titres, distribués du nord
de la Lorraine jusqu’au sud de la région Rhône-Alpes. L’importance du phénomène mériterait
d’être soulignée davantage. L’Alsace est désormais touchée dans l’une de ses institutions
sociales : les Dernières Nouvelles d’Alsace.
Les causes structurelles invoquées pour ces déficits sont les mêmes depuis des années :
baisse du nombre de lecteurs, concurrence de l’Internet et des quotidiens gratuits. Les causes
conjoncturelles, liées à la crise économique, à savoir la baisse du chiffre d’affaires lié aux
annonces, ne nous ont pas échappé. Le modèle proposé est alors l’alignement de toute la
presse régionale sur un modèle de presse « low cost ».
Les conséquences sur les travailleurs sont révoltantes : précarité, baisse des salaires,
réduction des effectifs, dégradation des conditions de travail. La « mutualisation » des sources
d’information se fait au détriment du travail sérieux de l’enquête journalistique. Ce terme
cache une volonté d’opérer des économies d’échelle en vue de maximiser un profit.
L’automatisation et l’informatisation à marche forcée – via la filiale « Euro Information »
employant des centaines d’ingénieurs – conduisent à un pillage planifié du savoir-faire
technique et culturel des salariés de ce secteur.
Le journal serait une « marque » et le lectorat un « marché », tel est l’horizon technique et
intellectuel des dirigeants qui prétendent commander au groupe L’Est Républicain.
Nous dénonçons le plan du Crédit « Mutuel » qui conduira inéluctablement à la main
mise de la finance sur la presse régionale et à un recul sans précédent pour ses
travailleurs.
2. D’un point de vue économique, la situation financière du groupe n’a rien d’une fatalité.
La baisse de la demande est la conséquence de la baisse du pouvoir d’achat des Français. Le
Front de Gauche propose donc la hausse des salaires et du pouvoir d’achat. Il privilégie, dans
la presse comme ailleurs, un modèle coopératif pour une production de haut niveau,
indépendant des intérêts des marchés.
La population et les travailleurs ont besoin d’une presse régionale de qualité, employant des
journalistes qualifiés et des ouvriers compétents dans des conditions de travail et de
rémunération conformes à la noble tâche de produire une bonne information au service du
débat public.
Le Front de Gauche affirme son soutien aux travailleurs de la presse dans leur
résistance à ce projet, au nom de l’intérêt général. La presse n’est pas une marchandise
comme une autre.