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Aminata SOW FALL : La grève des bàttu




Imaginez une grande ville où, un beau matin, tous les mendiants feraient
grève. Pas de collecte, pas de sollicitation culpabilisante, pas de mendicité
jusqu’à nouvel ordre. On aurait tendance à penser " Pas de quoi fouetter un
chat ! ", " quel intérêt ? ", " bon débarras ! ", " bof ! ". En fait, de ce côté de
la Méditerranée, il est fort probable qu’on ne s’en rendrait pas compte.


Cependant, le contexte est un élément majeur puisque l’initiative se
déroule à Dakar en terre musulmane. L’aumône (la zakat) est un pilier de
l’Islam. C’est donc cette situation surréaliste qu’Aminata Sow Fall nous
décrit - à savoir une ville où les habitants sont obligés de faire des
kilomètres pour faire leur aumône ou leur sacrifice pour les mendiants -
dans son roman devenu un classique des lettres africaines, j’ai nommé " La
grève des bàttu ".


C’est ma période sénégalaise. Je me régale. Je pense que cette situation
que l’on pourrait qualifier de farfelue est une création de l’imaginaire
fertile de l’écrivaine. J’aimerai toutefois être contredit.


Le ministère de l’Intérieur sénégalais a reçu des instructions du sommet.
Afin de développer le tourisme dans le pays, l’état décide de débarrasser
les grandes villes de ses mendiants qui encombrent les artères principales
et les carrefours avec leurs bàttu. Sous la direction de Mour NDiaye, Keba
Dabo fonctionnaire zélé va appliquer toute sa science et ses angoisses
personnelles pour atteindre cet objectif. Par la violence souvent. C’est sans
compter sur la réaction (inattendue?) des mendiants harcelés qui décident
de faire grève. Faire la chasse aux mendiants n’est pas une situation
nouvelle.


En France, on entend les mesures de la RATP ou de certaines mairies pour
se débarrasser d’une population " encombrante ".


Mais Aminata Sow Fall choisit de nous entraîner dans la dimension
absurde d’une action qui a été menée sans tenir compte de ses
conséquences, du contexte social, des croyances profondes et séculaires.
Elle s’incarne dans ces mendiants en essayant de traduire leur existence,
leur dignité flouée par une tâche qui exige que cette dernière soit cachée au
plus profond d’eux-mêmes, leur désir de survivre. Etrange retournement de
situation où les méprisés ont la possibilité de décider du sort de leur
oppresseur.


Vous l’aurez compris cet ouvrage dégage plusieurs pistes de réflexion sur
un ton joyeux et non misérabiliste. C’est la force de ce magnifique roman.


Bonne Lecture
Gangoueus


Une interview intéressante de la grande dame de la littérature sénégalaise
sur le blog d'Alain Mabanckou


Aminata Sow Fall : La grève des bàttu
Collection Motifs (Edition du Serpent à plumes)
167 pages, 1ère Parution 1979
Publié par GANGOUEUS à l'adresse 20:54
Libellés : Auteur : Sow Fall Aminata, Littérature africaine

11 commentaires:
Anonyme a dit…

      Joey,

      Il y a tant à apprendre, tant à découvrir, que je ne sais où donner de la tête.


      pm.

      11 oct. 2007 23:35:00

GANGOUEUS a dit…

      Prends ton temps. J'aimerai dire que j'ai vraiment aimé ce livre. Parce que plutôt que de
      se figer dans la complainte ou de chercher en dehors de soi une source du mal, les
      boroom bàttu (les mendiants) se lèvent, font front commun et finalement améliorent leur
      situation.

      Aminata Sow Fall offre une perspective positive, ce qui est très rare dans les lettres
      africaines, je te le recommande.

      @+

      12 oct. 2007 20:38:00

Anonyme a dit…

      """Parce que plutôt que de se figer dans la complainte ou de chercher en dehors de soi
      une source du mal, les boroom bàttu (les mendiants) se lèvent, font front commun et
      finalement améliorent leur situation"""

      Belle leçon de developpement en effet pour un continent qui semble se complaire dans sa
      tragédie.

      Pm.

      12 oct. 2007 21:23:00

Anonyme a dit…

      Gangoueus,

      Effectivement, ce roman ouvre plusieurs pistes de réflexion. En voici quelques unes.

      Au travers de la révolte des petites gens que nous décrit l'auteur dans cette oeuvre
      éblouissante, beaucoup de questions fondamentales pour chacun mais aussi pour les
populations africaines se posent. Je me limiterai à ces dernières.

Les africains sont-ils responsables de leur situation?
Question peu orthodoxe que je me dois de poser au regard de la lecture que je fais de ce
roman. Tels les mendiants, les populations africaines sont humiliées par des agissements
beaucoup plus absurdes que ceux décrits dans la grève des bàttu. Mais dans la passivité
générale. Les africains se complaisent dans un misérabilisme nourrit d’un fatalisme qui
produit l’immobilisme. Les regards sont souvent jetés vers l’autre qu’on désigne aisément
comme coupable.

Les mendiants ont compris que par la culture et les croyances la société ne serait pas en
harmonie sans eux. Et ils ont utilisé cette force qui se trouve au-dedans de chaque être
humain pour réagir. La solution n’est pas venue forcement de l’extérieur. Tant qu’ils
restaient passifs, personne ne se rendait compte de la place importante qu’ils occupaient
dans l’organisation sociale et pour l’équilibre de tout un chacun.

Je touche ainsi le problème des moyens. D’où ma deuxième question.

Les africains ont-ils les moyens de susciter de véritables changements dans leurs pays ?
A l’évidence très peu. Mais on y regardant de plus près, beaucoup. Il suffit de vouloir,
pour trouver en soi les moyens d’actions et de pression pour contraindre les prédateurs à
un changement d’attitude. Combien de pouvoir résisterait à des grèves généralisées.
Combien de dictateurs resteraient insensibles à des marches de protestations quotidiennes
?

En prenant l’image saisissante des mendiants pour écrire ce roman-fiction, Aminata
enlève toute forme d’excuse à l’inaction en prétextant d’une certaine impuissance face à
son bourreau. En effet, c’est qui le mendiant? L’aveugle, le paralytique, l’orphelin, le
sourd, le muet… Bref, tout ce qu’il y a de plus faible dans une communauté.

C’est l'action qui provoque la réaction et ensuite l’interaction (donc suite à plusieurs
chocs), pour aboutir enfin à l'équilibre. Ce dernier peut-être instable ou insatisfaisant en
fonction des acteurs mais intègre toujours un changement par rapport aux conditions
initiales.

Par cette lettre Aminata lance un défi à tout un chacun quelque soit sa condition et ses
responsabilités à se regarder d’abord avant de regarder l’autre. La solution à nos
problèmes dépend d’abord de nous même. Car chacun a en lui une force de changement.
Il suffit d'en être conscient et d'avoir le courage d'aller la chercher.

Cette fiction s’interprète tout aussi bien dans une dimension personnelle que collective et
dans n’importe quel environnement. J’ai choisi volontairement la dimension collective
des populations africaines pour rester proche de l’espace de narration de l’auteur et ainsi
de sa pensée.

La Chêne.
1 nov. 2007 14:53:00

GANGOUEUS a dit…

      Que dire après un tel exposé, La Chêne? Merci pour cette riche contribution.

      De nombreux bouleversements peuvent effectivement venir de la société civile. Si elle dit
      non.

      Mais dire non, ne suffit pas. L'aveugle qui incarne magnifiquement le refus de l'injustice,
      la révolte suite au décès d'un des leurs, a besoin du soutien et d'organisation.

      C'est cette femme, Salla Niang, qui a réalisé tous les métiers de la terre et qui surtout à
      cotoyer les puissants dans leur intimité qui va apporter son savoir et sa détermination
      pour que cette grève atteigne son objectif.

      Tu me diras que c'est un peu tiré par les cheveux, mais dans mon esprit je ne pouvais
      dissocier Salla Niang de la diaspora africaine en Occident. Une manière sûrement de
      m'impliquer et de trouver ma place dans cette histoire.

      Mais dire non, a un coût. Elevé souvent.

      Les africains sont responsables de leur situation actuelle? Oui et cette reflexion de A.
      Sow Fall malheureusement d'actualité un quart de siècle plus tard.

      Je partage ton analyse sur les moyens de faire avancer les choses qui impliquent la
      responsabilité de chaque africain où qu'il soit.

      Il y a un aspect qui m'a interpellé. C'est tout le contexte autour de l'aumône et de sa mise
      en oeuvre. L'écrivaine dénonce quelque part l'hypocrisie qui accompagne cette pratique et
      quelque part, je me demandais, si ce n'est pas notre relation à nos traditions qu'elle
      interrogeait.

      Je crois qu'il y a quelque chose à creuser car quelque part certains de nos us et coutumes
      sont subis comme un véritable fardeau sans que ces derniers soient questionnés sur leurs
      fondements et leurs sens, aujourd'hui.

      @+
      Merci encore!

      1 nov. 2007 23:21:00

Anonyme a dit…

      Gangoues,
***Mais dire non, ne suffit pas. L'aveugle qui incarne magnifiquement le refus de
      l'injustice, la révolte suite au décès d'un des leurs, a besoin du soutien et
      d'organisation***

      Evidemment, il faut une organisation et une stratégie bien élaborée pour éviter tout
      enlisement, toute action sans réel impact et toute débauche d'énergie inutile.

      *** Tu me diras que c'est un peu tiré par les cheveux, mais dans mon esprit je ne pouvais
      dissocier Salla Niang de la diaspora africaine en Occident. Une manière sûrement de
      m'impliquer et de trouver ma place dans cette histoire.***

      Effectivement la dispora à un rôle à jouer. Car l'exilé subit sans cesse une force de rappel
      à son pays d'origine, bénéficie d'un recul intéllectuel et d'une lucidité que ceux qui sont
      pris dans le tourment quotidien de la terre d'origine n'ont pas. Il peut alors contribuer de
      façon efficace à la mise en place de cette stratégie.

      ***Mais dire non, a un coût. Elevé souvent.***

      Les belles victoires sont celles obtenues dans la douleur et tout changement souhaité a
      une part de mélancolie.

      Peut-être parceque les indépendances des pays africains ont été obtenus pour la plupart
      par des conférences et non de véritables luttes de libération que les élites n'ayant pas bien
      mésuré le prix de la liberté ce sont facilement laissés corrompre?

      ***Je crois qu'il y a quelque chose à creuser car quelque part certains de nos us et
      coutumes sont subis comme un véritable fardeau sans que ces derniers soient questionnés
      sur leurs fondements et leurs sens, aujourd'hui.***

      Entierement d'accord avec vous.

      Les coutumes sont par principe dynamiques comme les sociétés. Elles évoluent avec le
      temps et les intéractions avec d'autres cultures. Ce qui devrait subsister au passage du
      temps c'est l'esprit de la coutume et non pas forcement la pratique. Les réalités du siècles
      présents ne sont pas celles du moyen âge mais la nature de l'homme est la même quelque
      soit les temps.

      Concernant les coutumes africaines, le problème c'est qu'il y a très peu de pédagogie sur
      leur essence et leur sens. Ce qui expliquerait le caractère subit puisqu'il y a déficit de
      compréhension.

      La Chêne.

      3 nov. 2007 10:46:00

Anonyme a dit…
La Chêne,

     Le lien entre l'esprit de la coutume et la nature de l'homme qui transparaît dans votre
     discours ne me semble pas si évident que ça.

     En effet, la coutume considérée comme le fruit de la vie en société de nos ancêtres, ne
     saurait-être forcement une émanation de la nature humaine.

     L'exemple probant est celui des dirigeants africains qui malgré nos traditions de solidarité
     et d'entraide, se caractérisent par un égoisme inimaginable.

     Berthe K.

     3 nov. 2007 11:33:00

GANGOUEUS a dit…

     Evidemment, il faut une organisation et une stratégie bien élaborée pour éviter tout
     enlisement, toute action sans réel impact et toute débauche d'énergie inutile.


     Cela semble évident mais dans la réalité c'est une autre histoire...


     Les belles victoires sont celles obtenues dans la douleur et tout changement souhaité
     a une part de mélancolie.

     Peut-être parceque les indépendances des pays africains ont été obtenus pour la
     plupart par des conférences et non de véritables luttes de libération que les élites
     n'ayant pas bien mésuré le prix de la liberté ce sont facilement laissés corrompre?

     L'Algérie serait une anti-thèse à votre propos dans ce cas. Mais reconnaissons que le cas
     algérien est complexe.On peut aisément dire que De Gaulle, dirigeant extrêmement
     visionnaire, a fait le pire des présents aux africains subsaharéens.

     Vu sous cet angle, le roman d'Aminata Sow Fall a quelque chose d'idyllique. Pour les
     mendiants, il faut dire, non. C'est tout. Il n'y a pas de prix à payer à partir du moment où
     ils ne cèdent plus au diktat des autorités. Et leur vie bascule, le rapport de pouvoir
     change. La puissance de la fiction réside sûrement dans ce genre de projet.

     L'exemple probant est celui des dirigeants africains qui malgré nos traditions de
     solidarité et d'entraide, se caractérisent par un égoisme inimaginable.

     Bienvenue Berthe K.,
     La question que tu poses est très intéressante. Je suis impatient d'avoir l'avis de La Chêne.
@ suivre...

      4 nov. 2007 16:40:00

Anonyme a dit…

      Quelques précisions.

      - A Berthe K.

      Merci pour l’attention que vous avez portée à mes mots.

      Je reconnais que ce lien n’est pas si tangible que cela dans mon discours. Pour apporter
      un peu plus de clarté, je dirais que, j’ai voulu simplement mettre en évidence l’un des
      facteurs de pérennisation de l’esprit de la coutume. A savoir, la nature humaine dans son
      côté reproducteur voire imitateur ou même grégaire. Il y a certes d’autres aspects comme
      le climat, la religion, la géographie qui participent à cela.

      Par ailleurs, si cette même nature auprès de quelques uns peut travestir certaines
      traditions cela ne remet pas en question ces dernières tant qu’elles se constatent au niveau
      du plus grand nombre. Pour reprendre votre exemple, la question est de savoir si de façon
      générale les africains sont portés vers la solidarité ou pas.

      J'espère que ces quelques mots supplémentaires ont pu éclairer votre lanterne.

      - A Gangoueus,

      L’Algérie un cas complexe en effet, où malgré les luttes il y a corruption des élites. Mais
      cela ne constitue pas un contre-exemple à mon hypothèse qui suggère que sans lutte on se
      laisse facilement corrompre. Une anti-thèse? Certainement.
      Je sens que je serai encore interpellé par Berthe K...

      La Chêne.

      5 nov. 2007 21:52:00

GANGOUEUS a dit…

      @ La Chêne,

      On attend l'interpellation de Berthe K !

      Merci d'être passé.

      Je reviendrai, dès que possible, sur ses aspects des traditions qui ne sont pas à rejeter,
mais à réinventer. L'un des volets de la question des traditions est celui très finement
      abordé de la polygamie avec cette phrase magnifique d'Aminata Sow Fall : Toutes les
      femmes ont rêvé au moins une fois dans leur vie d'avoir un homme à elle toute seule.

      C'est d'ailleurs marrant car l'épisode sur l'annonce d'une nouvelle épouse à sa première
      femme par Mour N'Diaye rompt quelque part la continuité de ce roman, comme si
      l'écrivaine avait tenté par tous les moyens de caser son propos.

      @ plus
      Gangoueus

      7 nov. 2007 22:11:00


Ndack a dit…

      La Chêne,

      J'ai bien aimé ton analyse qui s'est développé dans ces commentaires grâce à la vigilance
      de Gangoueus.

      Je ne suis pas convaincue que l'Algérie esoit une anti-thèse à ton propos. Je dis ça car j'ai
      été frappé par le chaleureux accueil que le Sénégal (mon pays) a fait à Mr. Sarkozy et
      l'aisance avec laquelle ce dernier a prononcé son fameux discours à Dakar (avec cette
      idée que l'homme africain n'est pas suffisamment entré dans l'histoire dans une enceinte
      qui porte le nom de Cheikh Anta Diop), versus l'accueil que Mr. Sarkozy a reçu en
      Algérie: pas de négociation, de contrat, tant que vous n'avez pas reconnu les actes
      criminels de l'État français à notre égard.

      Il y a aussi l'exemple du Sénégal à nouveau qui signe prestement des accords
      d'immigration avec la France versus le Mali du président ATT qui s'y refuse - le Mali a
      déjà vécu une révolution sanglante avec sa jeunesse, ATT sait ce qui l'attend s'il n'est pas
      suffisamment ferme avec l'Occident.

      Et surtout, je trouve que les africains n'ont pas été si passifs que cela, beaucoup de choses
      se sont passés en 60 ans - ce n'est pas beaucoup 60 ans pour apprendre à vivre ensemble
      dans de nouvelles frontières tout en continuant de se faire aspirer son énergie vitale de
      l'extérieur ! Évidemment ça se passe par des guerres et des soulèvements avec des
      minorités du Nord comme du Sud qui se taillent la part du lion, mais on y arrive, on y
      arrive. Et pas grâce à l'extérieur, ni même aux élites, mais grâce au peuple africain lui-
      même. Grâce à la maman qui se lève à 3 heures du matin pour aller acheter le poisson
      qu'elle va vendre au marché, et grâce au papa qui ne parle pas français mais qui va
      jusqu'en Turquie en avion pour son commerce (et c'est un africain intello comme toi ou
      moi qui lui remplit sa fiche pour la douane avant l'atterrissage !).
Ghffffffffffffffffffffffffffffffffffff



A non-fictional version of the fictitious strike story told in Aminata Sow Fall's The Beggars
Strike, is about to be staged. But unlike Sow Fall's political satire, the characters in the factual
version set to be dramatized are African nations (the beggars), led by Ghana and assisted by
Uganda and Malawi; and Western nations (the donors), championed by Briton (i.e. England,
Wales, Scotland and Northern Ireland).

For the benefit of those who are not familiar with the Senegalese, Aminata Sow Fall's
masterpiece and its subject matter let me provide a very brief synopsis.

The story is set in a Muslim dominated African community where people, particularly powerful
and affluent figures are required by their religion and their 'marabouts' (holy men) to give alms
or gifts to beggars and poor people. An unnamed capital city is flooded with filthy beggars who
are called unfortunate names such as 'dregs of society', 'conglomeration of humanity', 'a running
sore that must be kept hidden', etc. The sight of these disease-ridden beggars in the streets of this
unnamed city is giving it a bad image and driving away tourists. But if Mour Ndiaye, the
Director of Public Health and Hygiene can get rid of them, he will have a massive chance of
being appointed as the Vice President of the nation.

Ndiaye together with his competent assistant, Keba Dabo (who ironically was raised in extreme
poverty), zealously rids the city's streets of these verminous scroungers through constant
intimidation, beatings and repeated imprisonment. This move is obviously motivated by Ndiaye's
ambition to become Vice President of the nation.

To make sure that he gets the post in question, Ndiaye consults a marabout (a holy man or a
spiritual adviser) who tells him that his chances of becoming Vice President will be enhanced
only if he gives certain gifts to real beggars in their customary locations. But all the beggars have
vacated the streets following the persecution. If Ndiaye's dream of becoming Vice President is to
come to fruition, he needs to persuade the beggars to return to their various posts in the city to be
offered alms; his fate lies in their hands. But now the beggars are organized and have formed a
unified community outside the city vowing never to return to the streets for alms. At this point,
the “pious” city civil servants and businessmen whose success is dependent on regular charitable
gestures to beggars and the poor are beginning to panic. The beggars' strike is yielding the
required results as the so-called alms givers or donors now need the beggars more than the
beggars need them. What a paradox!

People must give alms to the poor to attain spiritual favour and earthly rewards, so if Mohammed
will not go to the mountain, the mountain must come to Mohammed. When all attempts to
persuade the beggars to return to the streets fail, Ndiaye is compelled to carry his assorted gifts to
the strikers' new location begging them to accept the donations. But this is not exactly what the
marabout's instruction is – beggars to benefit from Ndiaye's gifts have to be real street beggars
and not a well-organized community. Finally the appointment of a Vice President is announced
and he is not Mour Ndiaye. The beggars are having the last laugh – victory is theirs.
Reading this interesting novella for my 1996 GCE, 'A' level Literature in English at St Hubert's
Seminary and Secondary School, I saw no likelihood of such an amusing story – beggars on
strike, happening in real life. My position was obviously influenced by the popular adage: 'a
beggar has no choice' – which I had parochially interpreted as beggars not having the right to
choose what they want but accepting whatever donations given to them even if there are difficult
strings attached. However, after reading and reflecting on the entire content of the book, I came
to the full realization that beggars indeed have choices, only that their options are not many –
probably just two: deciding to continue begging and being scorned and treated like idiots all the
time, or opting out of begging and enjoying immense respect and dignity.

Unfortunately, for over five decades African nations have willingly gotten themselves entangled
in the dirty and shameful web of the former (begging). But it appears things are about to change;
African political elites are perhaps becoming a bit more enlightened, and they may sooner rather
than later opt for the latter option (refusing to beg); the signs are visible almost everywhere.
What somehow worries me is the fact that it is taking the antics and arrogance of a small boy to
make the men with greying hair, Hitler-like moustaches, Moses-like beards and big academic
titles to come to their senses and brainstorm.

It all began when the 45-year-old British Prime Minister, Mr David Cameron vowed to cut or
withdraw aid to African countries which fail to respect and protect gay rights or legalize
homosexual relationships, making special mention of Ghana and a few other African countries.
His remark was reported by a considerable section of both the UK and African media on the 10th
and 11th of October 2011. Boiling with rage, I swiftly provided a response to Mr Cameron's ill-
informed and arrogant statement.

In my article 'David Cameron Commits the Fallacy of Argumentum ad Baculum', published on
Modernghana.com and Ghanaweb.com on October 11 and 12 respectively, I rebuked Mr
Cameron and western leaders for hiding behind a façade of human rights promotion to impose
their norms, decisions and will on the usual victims – Africans and less developed countries. It
was made clear that Africans are not going to be told how to run our countries and how to live
our lives by foreigners. I concluded that Mr Cameron would in fact be doing Africans,
particularly Ghanaians a huge favour if the so-called aid to Ghana is diametrically withdrawn as
that will make our greedy and selfish leaders less powerful and oppressive, and make Ghanaians
more hardworking and imaginative, for necessity is the mother of invention.

A couple of weeks later, the Second Deputy Speaker and NPP Member of Parliament for Dome-
Kwabenya, Professor Mike Ocquaye; Ghana's Trade and Industry Minister, Ms Hannah Tetteh;
and Ghana's presidential spokesman Mr Koku Anyidoho, also joined in the debate, expressing
anger at what they perceived to be the British government's attempts to manage the affairs of the
Ghanaian and African people.

Prof. Ocquaye, pronounced that Ghana can survive without depending on aid from Britain,
charging the government not to succumb to UK's threats. Ms Hannah Tetteh emphasized that
every society has its norms and what it considers to be acceptable; and gay relationships are not
part of the Ghanaian and African norms. Mr Koku Anyidoho emphatically stated that
government would not compromise its morals for money; and questioned the wisdom in
accepting aid if that aid is going to be tied to things that will destroy the moral fibre of society.

Responding to Mr Cameron's comment a couple of days ago, Ghana's President John Atta Mills
categorically proclaimed that the UK cannot impose its values on Ghana and that he would never
initiate or support any attempt to legalize homosexuality. He stressed that Mr Cameron is entitled
to his views, but he does not have the right to 'direct to other sovereign nations as to what they
should do'. His position has received the backing of the nation's law makers and religious
leaders.

Ghana's response to Mr Cameron's threat is not different from that of Uganda. The Ugandan
presidential adviser John Nagenda is quoted as saying that Mr Cameron is showing a 'bullying
mentality' and that Ugandans would not tolerate being treated like 'children'. The following
words of Mr Nagenda are noteworthy: 'Uganda is, if you remember, a sovereign state and we are
tired of being given these lectures by people. If they must take their money, so be it.'

Malawi has also made her voice heard. The spokesperson of the Malawian Government, Patricia
Kaliati describes Britain's decision to have 'pro-gay strings' to aid as 'unfortunate', adding that
homosexuality which is part of the legacy of British rule is and will continue to be illegal in
Malawi. Defending Malawi laws that criminalize same-sex unions, President Bingu wa
Mutharika described gays as worse than dogs. He stated that even though his country needs aid,
it would not welcome donations from countries that command them to legalize same sex
marriages as the practice is not only a threat to the family unit but contradicts Malawi's rich
culture.

It is evident that like the beggars in 'The Beggars Strike', all the above-mentioned nations and
many others are resolved never to go chasing hand-outs or alms at the expense of their rich
norms or values and dignity. They are set to commence a strike that could aptly be dubbed 'The
African Beggars' Strike'. There is no doubt at all that Africa shall be loved when she is lack'd
(rewording a line in Shakespeare's Coriolanus). In other words, the indispensability, supreme
beauty, and real value of Africans will be realized and missed by the West when she is no more
going to them for 'LALASULALA' (alms).

However, that which is still shrouded is whether or not the African nations will have the last
laugh when the strike begins. Remember, the golden rule governing such strikes is simple but
tough: IF YOU CAN'T PERSEVERE, DON'T START IT – IT SHOULD CONTINUE AD
INFINITUM (without end). So wait, don't jubilate or heave a sigh of relief yet, as our African
politicians are highly unpredictable partly due to their fickle-mindedness, greed and cash-
conscious nature. Never be surprised if they make a U-turn, and the strike doesn't take place, or it
begins and comes to unceremonious and fruitless end.

Emmanuel Sarpong Owusu-Ansah (Black Power) is an Investigative Journalist and the author of
Fourth Phase of Enslavement (2011). He may be contacted via email
(andypower2002@yahoo.it).

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Aminata sow fall

  • 1. Aminata SOW FALL : La grève des bàttu Imaginez une grande ville où, un beau matin, tous les mendiants feraient grève. Pas de collecte, pas de sollicitation culpabilisante, pas de mendicité jusqu’à nouvel ordre. On aurait tendance à penser " Pas de quoi fouetter un chat ! ", " quel intérêt ? ", " bon débarras ! ", " bof ! ". En fait, de ce côté de la Méditerranée, il est fort probable qu’on ne s’en rendrait pas compte. Cependant, le contexte est un élément majeur puisque l’initiative se déroule à Dakar en terre musulmane. L’aumône (la zakat) est un pilier de l’Islam. C’est donc cette situation surréaliste qu’Aminata Sow Fall nous décrit - à savoir une ville où les habitants sont obligés de faire des kilomètres pour faire leur aumône ou leur sacrifice pour les mendiants - dans son roman devenu un classique des lettres africaines, j’ai nommé " La grève des bàttu ". C’est ma période sénégalaise. Je me régale. Je pense que cette situation que l’on pourrait qualifier de farfelue est une création de l’imaginaire fertile de l’écrivaine. J’aimerai toutefois être contredit. Le ministère de l’Intérieur sénégalais a reçu des instructions du sommet. Afin de développer le tourisme dans le pays, l’état décide de débarrasser les grandes villes de ses mendiants qui encombrent les artères principales et les carrefours avec leurs bàttu. Sous la direction de Mour NDiaye, Keba Dabo fonctionnaire zélé va appliquer toute sa science et ses angoisses personnelles pour atteindre cet objectif. Par la violence souvent. C’est sans compter sur la réaction (inattendue?) des mendiants harcelés qui décident de faire grève. Faire la chasse aux mendiants n’est pas une situation
  • 2. nouvelle. En France, on entend les mesures de la RATP ou de certaines mairies pour se débarrasser d’une population " encombrante ". Mais Aminata Sow Fall choisit de nous entraîner dans la dimension absurde d’une action qui a été menée sans tenir compte de ses conséquences, du contexte social, des croyances profondes et séculaires. Elle s’incarne dans ces mendiants en essayant de traduire leur existence, leur dignité flouée par une tâche qui exige que cette dernière soit cachée au plus profond d’eux-mêmes, leur désir de survivre. Etrange retournement de situation où les méprisés ont la possibilité de décider du sort de leur oppresseur. Vous l’aurez compris cet ouvrage dégage plusieurs pistes de réflexion sur un ton joyeux et non misérabiliste. C’est la force de ce magnifique roman. Bonne Lecture Gangoueus Une interview intéressante de la grande dame de la littérature sénégalaise sur le blog d'Alain Mabanckou Aminata Sow Fall : La grève des bàttu Collection Motifs (Edition du Serpent à plumes) 167 pages, 1ère Parution 1979 Publié par GANGOUEUS à l'adresse 20:54 Libellés : Auteur : Sow Fall Aminata, Littérature africaine 11 commentaires:
  • 3. Anonyme a dit… Joey, Il y a tant à apprendre, tant à découvrir, que je ne sais où donner de la tête. pm. 11 oct. 2007 23:35:00 GANGOUEUS a dit… Prends ton temps. J'aimerai dire que j'ai vraiment aimé ce livre. Parce que plutôt que de se figer dans la complainte ou de chercher en dehors de soi une source du mal, les boroom bàttu (les mendiants) se lèvent, font front commun et finalement améliorent leur situation. Aminata Sow Fall offre une perspective positive, ce qui est très rare dans les lettres africaines, je te le recommande. @+ 12 oct. 2007 20:38:00 Anonyme a dit… """Parce que plutôt que de se figer dans la complainte ou de chercher en dehors de soi une source du mal, les boroom bàttu (les mendiants) se lèvent, font front commun et finalement améliorent leur situation""" Belle leçon de developpement en effet pour un continent qui semble se complaire dans sa tragédie. Pm. 12 oct. 2007 21:23:00 Anonyme a dit… Gangoueus, Effectivement, ce roman ouvre plusieurs pistes de réflexion. En voici quelques unes. Au travers de la révolte des petites gens que nous décrit l'auteur dans cette oeuvre éblouissante, beaucoup de questions fondamentales pour chacun mais aussi pour les
  • 4. populations africaines se posent. Je me limiterai à ces dernières. Les africains sont-ils responsables de leur situation? Question peu orthodoxe que je me dois de poser au regard de la lecture que je fais de ce roman. Tels les mendiants, les populations africaines sont humiliées par des agissements beaucoup plus absurdes que ceux décrits dans la grève des bàttu. Mais dans la passivité générale. Les africains se complaisent dans un misérabilisme nourrit d’un fatalisme qui produit l’immobilisme. Les regards sont souvent jetés vers l’autre qu’on désigne aisément comme coupable. Les mendiants ont compris que par la culture et les croyances la société ne serait pas en harmonie sans eux. Et ils ont utilisé cette force qui se trouve au-dedans de chaque être humain pour réagir. La solution n’est pas venue forcement de l’extérieur. Tant qu’ils restaient passifs, personne ne se rendait compte de la place importante qu’ils occupaient dans l’organisation sociale et pour l’équilibre de tout un chacun. Je touche ainsi le problème des moyens. D’où ma deuxième question. Les africains ont-ils les moyens de susciter de véritables changements dans leurs pays ? A l’évidence très peu. Mais on y regardant de plus près, beaucoup. Il suffit de vouloir, pour trouver en soi les moyens d’actions et de pression pour contraindre les prédateurs à un changement d’attitude. Combien de pouvoir résisterait à des grèves généralisées. Combien de dictateurs resteraient insensibles à des marches de protestations quotidiennes ? En prenant l’image saisissante des mendiants pour écrire ce roman-fiction, Aminata enlève toute forme d’excuse à l’inaction en prétextant d’une certaine impuissance face à son bourreau. En effet, c’est qui le mendiant? L’aveugle, le paralytique, l’orphelin, le sourd, le muet… Bref, tout ce qu’il y a de plus faible dans une communauté. C’est l'action qui provoque la réaction et ensuite l’interaction (donc suite à plusieurs chocs), pour aboutir enfin à l'équilibre. Ce dernier peut-être instable ou insatisfaisant en fonction des acteurs mais intègre toujours un changement par rapport aux conditions initiales. Par cette lettre Aminata lance un défi à tout un chacun quelque soit sa condition et ses responsabilités à se regarder d’abord avant de regarder l’autre. La solution à nos problèmes dépend d’abord de nous même. Car chacun a en lui une force de changement. Il suffit d'en être conscient et d'avoir le courage d'aller la chercher. Cette fiction s’interprète tout aussi bien dans une dimension personnelle que collective et dans n’importe quel environnement. J’ai choisi volontairement la dimension collective des populations africaines pour rester proche de l’espace de narration de l’auteur et ainsi de sa pensée. La Chêne.
  • 5. 1 nov. 2007 14:53:00 GANGOUEUS a dit… Que dire après un tel exposé, La Chêne? Merci pour cette riche contribution. De nombreux bouleversements peuvent effectivement venir de la société civile. Si elle dit non. Mais dire non, ne suffit pas. L'aveugle qui incarne magnifiquement le refus de l'injustice, la révolte suite au décès d'un des leurs, a besoin du soutien et d'organisation. C'est cette femme, Salla Niang, qui a réalisé tous les métiers de la terre et qui surtout à cotoyer les puissants dans leur intimité qui va apporter son savoir et sa détermination pour que cette grève atteigne son objectif. Tu me diras que c'est un peu tiré par les cheveux, mais dans mon esprit je ne pouvais dissocier Salla Niang de la diaspora africaine en Occident. Une manière sûrement de m'impliquer et de trouver ma place dans cette histoire. Mais dire non, a un coût. Elevé souvent. Les africains sont responsables de leur situation actuelle? Oui et cette reflexion de A. Sow Fall malheureusement d'actualité un quart de siècle plus tard. Je partage ton analyse sur les moyens de faire avancer les choses qui impliquent la responsabilité de chaque africain où qu'il soit. Il y a un aspect qui m'a interpellé. C'est tout le contexte autour de l'aumône et de sa mise en oeuvre. L'écrivaine dénonce quelque part l'hypocrisie qui accompagne cette pratique et quelque part, je me demandais, si ce n'est pas notre relation à nos traditions qu'elle interrogeait. Je crois qu'il y a quelque chose à creuser car quelque part certains de nos us et coutumes sont subis comme un véritable fardeau sans que ces derniers soient questionnés sur leurs fondements et leurs sens, aujourd'hui. @+ Merci encore! 1 nov. 2007 23:21:00 Anonyme a dit… Gangoues,
  • 6. ***Mais dire non, ne suffit pas. L'aveugle qui incarne magnifiquement le refus de l'injustice, la révolte suite au décès d'un des leurs, a besoin du soutien et d'organisation*** Evidemment, il faut une organisation et une stratégie bien élaborée pour éviter tout enlisement, toute action sans réel impact et toute débauche d'énergie inutile. *** Tu me diras que c'est un peu tiré par les cheveux, mais dans mon esprit je ne pouvais dissocier Salla Niang de la diaspora africaine en Occident. Une manière sûrement de m'impliquer et de trouver ma place dans cette histoire.*** Effectivement la dispora à un rôle à jouer. Car l'exilé subit sans cesse une force de rappel à son pays d'origine, bénéficie d'un recul intéllectuel et d'une lucidité que ceux qui sont pris dans le tourment quotidien de la terre d'origine n'ont pas. Il peut alors contribuer de façon efficace à la mise en place de cette stratégie. ***Mais dire non, a un coût. Elevé souvent.*** Les belles victoires sont celles obtenues dans la douleur et tout changement souhaité a une part de mélancolie. Peut-être parceque les indépendances des pays africains ont été obtenus pour la plupart par des conférences et non de véritables luttes de libération que les élites n'ayant pas bien mésuré le prix de la liberté ce sont facilement laissés corrompre? ***Je crois qu'il y a quelque chose à creuser car quelque part certains de nos us et coutumes sont subis comme un véritable fardeau sans que ces derniers soient questionnés sur leurs fondements et leurs sens, aujourd'hui.*** Entierement d'accord avec vous. Les coutumes sont par principe dynamiques comme les sociétés. Elles évoluent avec le temps et les intéractions avec d'autres cultures. Ce qui devrait subsister au passage du temps c'est l'esprit de la coutume et non pas forcement la pratique. Les réalités du siècles présents ne sont pas celles du moyen âge mais la nature de l'homme est la même quelque soit les temps. Concernant les coutumes africaines, le problème c'est qu'il y a très peu de pédagogie sur leur essence et leur sens. Ce qui expliquerait le caractère subit puisqu'il y a déficit de compréhension. La Chêne. 3 nov. 2007 10:46:00 Anonyme a dit…
  • 7. La Chêne, Le lien entre l'esprit de la coutume et la nature de l'homme qui transparaît dans votre discours ne me semble pas si évident que ça. En effet, la coutume considérée comme le fruit de la vie en société de nos ancêtres, ne saurait-être forcement une émanation de la nature humaine. L'exemple probant est celui des dirigeants africains qui malgré nos traditions de solidarité et d'entraide, se caractérisent par un égoisme inimaginable. Berthe K. 3 nov. 2007 11:33:00 GANGOUEUS a dit… Evidemment, il faut une organisation et une stratégie bien élaborée pour éviter tout enlisement, toute action sans réel impact et toute débauche d'énergie inutile. Cela semble évident mais dans la réalité c'est une autre histoire... Les belles victoires sont celles obtenues dans la douleur et tout changement souhaité a une part de mélancolie. Peut-être parceque les indépendances des pays africains ont été obtenus pour la plupart par des conférences et non de véritables luttes de libération que les élites n'ayant pas bien mésuré le prix de la liberté ce sont facilement laissés corrompre? L'Algérie serait une anti-thèse à votre propos dans ce cas. Mais reconnaissons que le cas algérien est complexe.On peut aisément dire que De Gaulle, dirigeant extrêmement visionnaire, a fait le pire des présents aux africains subsaharéens. Vu sous cet angle, le roman d'Aminata Sow Fall a quelque chose d'idyllique. Pour les mendiants, il faut dire, non. C'est tout. Il n'y a pas de prix à payer à partir du moment où ils ne cèdent plus au diktat des autorités. Et leur vie bascule, le rapport de pouvoir change. La puissance de la fiction réside sûrement dans ce genre de projet. L'exemple probant est celui des dirigeants africains qui malgré nos traditions de solidarité et d'entraide, se caractérisent par un égoisme inimaginable. Bienvenue Berthe K., La question que tu poses est très intéressante. Je suis impatient d'avoir l'avis de La Chêne.
  • 8. @ suivre... 4 nov. 2007 16:40:00 Anonyme a dit… Quelques précisions. - A Berthe K. Merci pour l’attention que vous avez portée à mes mots. Je reconnais que ce lien n’est pas si tangible que cela dans mon discours. Pour apporter un peu plus de clarté, je dirais que, j’ai voulu simplement mettre en évidence l’un des facteurs de pérennisation de l’esprit de la coutume. A savoir, la nature humaine dans son côté reproducteur voire imitateur ou même grégaire. Il y a certes d’autres aspects comme le climat, la religion, la géographie qui participent à cela. Par ailleurs, si cette même nature auprès de quelques uns peut travestir certaines traditions cela ne remet pas en question ces dernières tant qu’elles se constatent au niveau du plus grand nombre. Pour reprendre votre exemple, la question est de savoir si de façon générale les africains sont portés vers la solidarité ou pas. J'espère que ces quelques mots supplémentaires ont pu éclairer votre lanterne. - A Gangoueus, L’Algérie un cas complexe en effet, où malgré les luttes il y a corruption des élites. Mais cela ne constitue pas un contre-exemple à mon hypothèse qui suggère que sans lutte on se laisse facilement corrompre. Une anti-thèse? Certainement. Je sens que je serai encore interpellé par Berthe K... La Chêne. 5 nov. 2007 21:52:00 GANGOUEUS a dit… @ La Chêne, On attend l'interpellation de Berthe K ! Merci d'être passé. Je reviendrai, dès que possible, sur ses aspects des traditions qui ne sont pas à rejeter,
  • 9. mais à réinventer. L'un des volets de la question des traditions est celui très finement abordé de la polygamie avec cette phrase magnifique d'Aminata Sow Fall : Toutes les femmes ont rêvé au moins une fois dans leur vie d'avoir un homme à elle toute seule. C'est d'ailleurs marrant car l'épisode sur l'annonce d'une nouvelle épouse à sa première femme par Mour N'Diaye rompt quelque part la continuité de ce roman, comme si l'écrivaine avait tenté par tous les moyens de caser son propos. @ plus Gangoueus 7 nov. 2007 22:11:00 Ndack a dit… La Chêne, J'ai bien aimé ton analyse qui s'est développé dans ces commentaires grâce à la vigilance de Gangoueus. Je ne suis pas convaincue que l'Algérie esoit une anti-thèse à ton propos. Je dis ça car j'ai été frappé par le chaleureux accueil que le Sénégal (mon pays) a fait à Mr. Sarkozy et l'aisance avec laquelle ce dernier a prononcé son fameux discours à Dakar (avec cette idée que l'homme africain n'est pas suffisamment entré dans l'histoire dans une enceinte qui porte le nom de Cheikh Anta Diop), versus l'accueil que Mr. Sarkozy a reçu en Algérie: pas de négociation, de contrat, tant que vous n'avez pas reconnu les actes criminels de l'État français à notre égard. Il y a aussi l'exemple du Sénégal à nouveau qui signe prestement des accords d'immigration avec la France versus le Mali du président ATT qui s'y refuse - le Mali a déjà vécu une révolution sanglante avec sa jeunesse, ATT sait ce qui l'attend s'il n'est pas suffisamment ferme avec l'Occident. Et surtout, je trouve que les africains n'ont pas été si passifs que cela, beaucoup de choses se sont passés en 60 ans - ce n'est pas beaucoup 60 ans pour apprendre à vivre ensemble dans de nouvelles frontières tout en continuant de se faire aspirer son énergie vitale de l'extérieur ! Évidemment ça se passe par des guerres et des soulèvements avec des minorités du Nord comme du Sud qui se taillent la part du lion, mais on y arrive, on y arrive. Et pas grâce à l'extérieur, ni même aux élites, mais grâce au peuple africain lui- même. Grâce à la maman qui se lève à 3 heures du matin pour aller acheter le poisson qu'elle va vendre au marché, et grâce au papa qui ne parle pas français mais qui va jusqu'en Turquie en avion pour son commerce (et c'est un africain intello comme toi ou moi qui lui remplit sa fiche pour la douane avant l'atterrissage !).
  • 10. Ghffffffffffffffffffffffffffffffffffff A non-fictional version of the fictitious strike story told in Aminata Sow Fall's The Beggars Strike, is about to be staged. But unlike Sow Fall's political satire, the characters in the factual version set to be dramatized are African nations (the beggars), led by Ghana and assisted by Uganda and Malawi; and Western nations (the donors), championed by Briton (i.e. England, Wales, Scotland and Northern Ireland). For the benefit of those who are not familiar with the Senegalese, Aminata Sow Fall's masterpiece and its subject matter let me provide a very brief synopsis. The story is set in a Muslim dominated African community where people, particularly powerful and affluent figures are required by their religion and their 'marabouts' (holy men) to give alms or gifts to beggars and poor people. An unnamed capital city is flooded with filthy beggars who are called unfortunate names such as 'dregs of society', 'conglomeration of humanity', 'a running sore that must be kept hidden', etc. The sight of these disease-ridden beggars in the streets of this unnamed city is giving it a bad image and driving away tourists. But if Mour Ndiaye, the Director of Public Health and Hygiene can get rid of them, he will have a massive chance of being appointed as the Vice President of the nation. Ndiaye together with his competent assistant, Keba Dabo (who ironically was raised in extreme poverty), zealously rids the city's streets of these verminous scroungers through constant intimidation, beatings and repeated imprisonment. This move is obviously motivated by Ndiaye's ambition to become Vice President of the nation. To make sure that he gets the post in question, Ndiaye consults a marabout (a holy man or a spiritual adviser) who tells him that his chances of becoming Vice President will be enhanced only if he gives certain gifts to real beggars in their customary locations. But all the beggars have vacated the streets following the persecution. If Ndiaye's dream of becoming Vice President is to come to fruition, he needs to persuade the beggars to return to their various posts in the city to be offered alms; his fate lies in their hands. But now the beggars are organized and have formed a unified community outside the city vowing never to return to the streets for alms. At this point, the “pious” city civil servants and businessmen whose success is dependent on regular charitable gestures to beggars and the poor are beginning to panic. The beggars' strike is yielding the required results as the so-called alms givers or donors now need the beggars more than the beggars need them. What a paradox! People must give alms to the poor to attain spiritual favour and earthly rewards, so if Mohammed will not go to the mountain, the mountain must come to Mohammed. When all attempts to persuade the beggars to return to the streets fail, Ndiaye is compelled to carry his assorted gifts to the strikers' new location begging them to accept the donations. But this is not exactly what the marabout's instruction is – beggars to benefit from Ndiaye's gifts have to be real street beggars and not a well-organized community. Finally the appointment of a Vice President is announced and he is not Mour Ndiaye. The beggars are having the last laugh – victory is theirs.
  • 11. Reading this interesting novella for my 1996 GCE, 'A' level Literature in English at St Hubert's Seminary and Secondary School, I saw no likelihood of such an amusing story – beggars on strike, happening in real life. My position was obviously influenced by the popular adage: 'a beggar has no choice' – which I had parochially interpreted as beggars not having the right to choose what they want but accepting whatever donations given to them even if there are difficult strings attached. However, after reading and reflecting on the entire content of the book, I came to the full realization that beggars indeed have choices, only that their options are not many – probably just two: deciding to continue begging and being scorned and treated like idiots all the time, or opting out of begging and enjoying immense respect and dignity. Unfortunately, for over five decades African nations have willingly gotten themselves entangled in the dirty and shameful web of the former (begging). But it appears things are about to change; African political elites are perhaps becoming a bit more enlightened, and they may sooner rather than later opt for the latter option (refusing to beg); the signs are visible almost everywhere. What somehow worries me is the fact that it is taking the antics and arrogance of a small boy to make the men with greying hair, Hitler-like moustaches, Moses-like beards and big academic titles to come to their senses and brainstorm. It all began when the 45-year-old British Prime Minister, Mr David Cameron vowed to cut or withdraw aid to African countries which fail to respect and protect gay rights or legalize homosexual relationships, making special mention of Ghana and a few other African countries. His remark was reported by a considerable section of both the UK and African media on the 10th and 11th of October 2011. Boiling with rage, I swiftly provided a response to Mr Cameron's ill- informed and arrogant statement. In my article 'David Cameron Commits the Fallacy of Argumentum ad Baculum', published on Modernghana.com and Ghanaweb.com on October 11 and 12 respectively, I rebuked Mr Cameron and western leaders for hiding behind a façade of human rights promotion to impose their norms, decisions and will on the usual victims – Africans and less developed countries. It was made clear that Africans are not going to be told how to run our countries and how to live our lives by foreigners. I concluded that Mr Cameron would in fact be doing Africans, particularly Ghanaians a huge favour if the so-called aid to Ghana is diametrically withdrawn as that will make our greedy and selfish leaders less powerful and oppressive, and make Ghanaians more hardworking and imaginative, for necessity is the mother of invention. A couple of weeks later, the Second Deputy Speaker and NPP Member of Parliament for Dome- Kwabenya, Professor Mike Ocquaye; Ghana's Trade and Industry Minister, Ms Hannah Tetteh; and Ghana's presidential spokesman Mr Koku Anyidoho, also joined in the debate, expressing anger at what they perceived to be the British government's attempts to manage the affairs of the Ghanaian and African people. Prof. Ocquaye, pronounced that Ghana can survive without depending on aid from Britain, charging the government not to succumb to UK's threats. Ms Hannah Tetteh emphasized that every society has its norms and what it considers to be acceptable; and gay relationships are not part of the Ghanaian and African norms. Mr Koku Anyidoho emphatically stated that
  • 12. government would not compromise its morals for money; and questioned the wisdom in accepting aid if that aid is going to be tied to things that will destroy the moral fibre of society. Responding to Mr Cameron's comment a couple of days ago, Ghana's President John Atta Mills categorically proclaimed that the UK cannot impose its values on Ghana and that he would never initiate or support any attempt to legalize homosexuality. He stressed that Mr Cameron is entitled to his views, but he does not have the right to 'direct to other sovereign nations as to what they should do'. His position has received the backing of the nation's law makers and religious leaders. Ghana's response to Mr Cameron's threat is not different from that of Uganda. The Ugandan presidential adviser John Nagenda is quoted as saying that Mr Cameron is showing a 'bullying mentality' and that Ugandans would not tolerate being treated like 'children'. The following words of Mr Nagenda are noteworthy: 'Uganda is, if you remember, a sovereign state and we are tired of being given these lectures by people. If they must take their money, so be it.' Malawi has also made her voice heard. The spokesperson of the Malawian Government, Patricia Kaliati describes Britain's decision to have 'pro-gay strings' to aid as 'unfortunate', adding that homosexuality which is part of the legacy of British rule is and will continue to be illegal in Malawi. Defending Malawi laws that criminalize same-sex unions, President Bingu wa Mutharika described gays as worse than dogs. He stated that even though his country needs aid, it would not welcome donations from countries that command them to legalize same sex marriages as the practice is not only a threat to the family unit but contradicts Malawi's rich culture. It is evident that like the beggars in 'The Beggars Strike', all the above-mentioned nations and many others are resolved never to go chasing hand-outs or alms at the expense of their rich norms or values and dignity. They are set to commence a strike that could aptly be dubbed 'The African Beggars' Strike'. There is no doubt at all that Africa shall be loved when she is lack'd (rewording a line in Shakespeare's Coriolanus). In other words, the indispensability, supreme beauty, and real value of Africans will be realized and missed by the West when she is no more going to them for 'LALASULALA' (alms). However, that which is still shrouded is whether or not the African nations will have the last laugh when the strike begins. Remember, the golden rule governing such strikes is simple but tough: IF YOU CAN'T PERSEVERE, DON'T START IT – IT SHOULD CONTINUE AD INFINITUM (without end). So wait, don't jubilate or heave a sigh of relief yet, as our African politicians are highly unpredictable partly due to their fickle-mindedness, greed and cash- conscious nature. Never be surprised if they make a U-turn, and the strike doesn't take place, or it begins and comes to unceremonious and fruitless end. Emmanuel Sarpong Owusu-Ansah (Black Power) is an Investigative Journalist and the author of Fourth Phase of Enslavement (2011). He may be contacted via email (andypower2002@yahoo.it).