Extrait du livre "Projet d'animation en EHPAD" écrit par Anthony Merlin. L'ouvrage a pour objectif de donner les clefs pour concevoir, coordonner et évaluer un projet d'animation performant dans les structures d'accueil pour personnes âgées.
Ces dernières années, les chefs d’établissement ont fait évoluer
remarquablement les prestations des EHPAD. Ils visent ainsi à faire de
l’animation le dernier levier en faveur du mieux-vieillir. Ils sont donc amenés,
tout comme les professionnels qui les entourent, à mettre en œuvre un
projet d’animation.
Cependant,toutnouveloutilnécessiteunmoded’emploiafind’optimiser
son utilisation. Il en va de même avec le projet d’animation.
En traitant exclusivement le sujet du projet d’animation en EHPAD,
cet ouvrage a pour ambition de fournir une méthodologie à l’usage des
animateursetdeschefsd’établissementpourlesaideràmeneruneréflexion,
mettre en œuvre une politique participative, ainsi qu’une stratégie et une
démarche qualité pour faire évoluer le projet de vie sociale.
Bon nombre de professionnels du secteur médico-social conservent
une vision erronée de ce que représente le projet d’animation de la vie
sociale au sein d’un EHPAD. Il ne suffit pas d’enchaîner quelques activités
par semaine pour constituer un projet cohérent et utile au bien vivre dans
une résidence.
Cet ouvrage présente les différentes étapes à mettre en œuvre pour
développer un projet d’animation cohérent, de qualité, respectueux du
projet d’établissement et suscitant l’implication de l’équipe.
Le projet d’animation est un outil devenu incontournable dans tout
établissement. Il est défini selon la vision du chef d’établissement, mené
par un professionnel du secteur, l’animateur, et ses effets s’étendent à
l’ensemble des acteurs de la résidence.
Cet ouvrage est basé sur une riche expérience professionnelle et vise à
présenter, en trois parties, la méthodologie permettant de :
● Mettre en œuvre le projet d’animation au sein de la résidence
(Partie 1 : Concevoir) ;
● Faire vivre l’organisation liée au projet et susciter l’adhésion
(Partie 2 : Coordonner) ;
● Faire évoluer ce projet et l’améliorer (Partie 3 : Évaluer).
Concevoir le projet
d’animation
La conception du projet d’animation doit être considérée comme
l’étape la plus importante. C’est à ce moment clé que les bases du
dispositif d’animation de la résidence seront posées. Cette première
partie a pour but d’aider les personnes impliquées dans le projet à
nourrir leur réflexion.
De même qu’une maison ne peut tenir sans fondations solides, le
projet d’animation doit reposer sur des valeurs communes à l’ensemble
des professionnels chargés de le faire vivre. Le projet doit aussi s’inspirer
des règles liées à la profession et à la méthodologie d’animation. Enfin, il
doit intégrer le cadre institutionnel et les textes réglementaires garants
du respect de la personne.
Une grande partie de la qualité du projet d’animation se joue lors
de cette phase d’élaboration. Il convient donc de prendre le temps de
concevoir le socle qui constituera les bases du projet.
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Définir l’animation
Nous invitons ici le lecteur à porter un autre regard sur le métier
d’animateur en gérontologie. Bien qu’étant un professionnel qualifié
et faisant partie intégrante de l’équipe pluridisciplinaire, son rôle est
bien souvent méconnu au sein de l’équipe pluridisciplinaire. Pourtant, il
occupe une place essentielle au sein des établissements et d’un paysage
médico-social ayant pour objectif le bien vieillir des personnes âgées
accueillies.
Le cadre général de l’animation en EHPAD
Les enjeux
La vieillesse est une phase naturelle de la vie des hommes et des
femmes qui, pour la plupart, restent autonomes et lucides jusqu’au terme
de leur vie. Ces personnes tiennent alors jusqu’au bout leur rôle dans la
Cité, leur place de citoyen au sein de la collectivité, laquelle les reconnaît
et les accepte comme des personnes autonomes. Ces derniers sont donc
amenés à rester naturellement au contact des autres générations, à exercer
des activités socioculturelles, à vivre.
Cependant, au cours de la vieillesse, la maladie ou l’accident peuvent
survenir et altérer les capacités physiques ou mentales de la personne. C’est
alors qu’apparaît la dépendance et, avec elle, les contraintes quotidiennes,
un certain sentiment de culpabilité vis-à-vis d’un entourage personnel et
professionnel qui se doit désormais d’assurer l’accompagnement aux actes
de la vie de tous les jours.
C’est pour cette raison que l’animation auprès des publics âgés prend
et doit s’inscrire dans la vie quotidienne des structures d’accueil. Les chefs
d’établissement l’ont bien compris et mènent le plus souvent un projet de
vie sociale qui permet la mise en œuvre d’actions de loisirs socioculturels
adaptées aux personnes dépendantes. Car, en définitive, même en
situation de dépendance, les personnes âgées doivent pouvoir continuer à
exercer et faire respecter leurs droits, protéger leur dignité, pratiquer leurs
activités tels qu’ils le faisaient quand ils étaient autonomes. Il ne s’agit que
d’une question d’adaptation.
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L’animation est une pratique qui n’a pas pour objet de résoudre tous les
problèmes liés à la dépendance. Cependant, elle a un rôle à jouer et, de
ce fait, elle ne peut se résumer à la mise en place d’activités ludiques ou
thérapeutiques, car le but est d’aider au maintien de la vie sociale dans les
établissements.
Il s’agit alors de favoriser le vivre-ensemble, par des échanges dits
« socioculturels » pour permettre aux personnes âgées d’occuper la place de
citoyen qui leur est due. La tâche n’est pas simple : elle nécessite du temps,
des efforts, des compétences. Néanmoins, le cadre général mis en œuvre
permet, aujourd’hui, aux acteurs d’adapter les pratiques et d’inventer un
nouveau mode de vie quotidienne.
Les valeurs
Les principes fondamentaux du
projet d’animation visent à reconnaître,
et faire reconnaître, la dignité de la
personne âgée devenue dépendante
et de préserver ses droits. Du point de
vue de l’animation, ils se concrétisent
au travers d’activités de loisirs,
festives, collectives qui se joignent
aux autres activités de la résidence.
Le projet d’animation est complémentaire aux différents actes
d’accompagnement que sont les soins, les prestations hôtelières et est
inclus dans le projet de vie sociale. Il a pour but de développer des temps
de divertissement en faveur des personnes accueillies et des activités de
loisirs adaptées.
Le projet d’animation s’inspire notamment des travaux d’Abraham
Maslow, psychologue américain inventeur de la pyramide des besoins
fondamentaux. Alors que les soignants préfèrent se baser sur les quatorze
besoins définis par Virginia Henderson qui font partie d’un courant de
pensée davantage lié aux soins infirmiers, les acteurs de la vie sociale que
sont les animateurs se sentiront plus proches de l’approche humaniste
présentée par la pyramide de Maslow. Cet outil de référence définit une
hiérarchie des besoins de la personne : des plus élémentaires, comme
s’alimenter, aux besoins d’ordre supérieur tels que s’accomplir et s’épanouir.
14 | Concevoir le projet d’animation
L’équipe peut donc s’en inspirer pour nourrir l’élaboration du projet
d’animation, en gardant à l’esprit qu’une personne âgée ne sera motivée
pour se divertir, et par conséquent participer aux activités, que si elle a
satisfait ses besoins plus physiologiques. Il faut ainsi considérer que l’on
accède au sommet de la pyramide que si les besoins de base sont satisfaits.
En résumé, en dressant un cadre général efficace, cohérent et sécurisant,
à travers le projet d’établissement, la mise en œuvre des actions du projet
d’animation s’en trouvera facilitée. Les valeurs défendues par le projet
d’établissement, et donc par le projet d’animation, sont destinées à garantir
la place du résident comme un citoyen, un être humain à part entière.
Ces valeurs telles que l’esprit de famille, l’écoute et le dialogue, le
respect des personnes doivent être formalisées et seront inscrites dans le
projet d’animation.
L’intérêt majeur est de faire reconnaître l’attention particulière portée :
● Au respect du libre-choix, à la préservation de l’identité, à l’expres-
sion des souhaits ;
● Au maintien des repères et à la stimulation aux gestes de la vie
quotidienne ;
● À l’entretien des relations avec la famille.
Les principes de base
L’animation en EHPAD consiste à permettre à la personne âgée de
maintenirsescapacitésd’autonomiesociale,physiqueetpsychiqueàtravers
des activités adaptées à ses besoins, à ses capacités et à ses attentes.
Deux principes servent de cadre pour le respect des valeurs : le sens et
l’adaptation.
1° Donner du sens
Le principe fondateur est de passer du concept d’animation ludique
systématique à une définition plus large qui vise les rapports du résident
au quotidien. C’est pourquoi, le projet d’animation doit s’inscrire dans le
projet de vie sociale de la résidence, afin de passer d’une proposition de
jeux à une véritable organisation du temps. Ces activités seront centrées
sur l’identité du résident, ses attentes et ses capacités, pour apporter une
Définir l’animation | 15
réponse adaptée et individualisée. Elles se dérouleront pendant les temps
libres de la personne et se concrétiseront par la réalisation de gestes de la
vie quotidienne, la pratique d’activités de loisirs individuelles et collectives,
la participation aux temps forts dans et en dehors de la résidence.
Il apparaît nécessaire de s’interroger sur l’activité essentielle de la
personne âgée avant son entrée dans l’établissement. Le respect de ses
habitudes, de son histoire et de son rythme de vie permettra d’instaurer
un climat de confiance propice au bien-être de la personne accueillie.
De même, toute activité doit s’inscrire naturellement dans une pratique
dont l’individu peut comprendre le sens et où il peut trouver un intérêt.
Mobiliser plusieurs résidents autour d’un thème qui leur semble utile et
qui vise l’intérêt général est une manière de maintenir leur attention et
leur implication. Cette méthode de stimulation du public est testée et
approuvée dans de nombreuses structures. Par exemple, la réalisation
d’objets artisanaux peut être proposée dans le cadre d’un atelier d’activité
manuelle et à l’occasion d’une manifestation caritative ou festive.
Le programme d’animation est alors élaboré en fonction de l’évaluation
des attentes de chaque résident, en prenant pour supports le projet de
vie individualisé et des entretiens menés avec la personne et sa famille.
Enfin, pour favoriser le maintien de l’autonomie et l’entretien des capacités
motrices de ces personnes, il faut développer des activités selon une
méthode d’animation destinée à promouvoir la participation active : « Nous
ne le faisons pas pour vous, mais nous le faisons avec vous. »
2° Adapter
En effet, il faut avoir à l’esprit que ce public peut présenter différents
troubles cognitifs, être plus ou moins autonome et appartenir à des
catégories socioprofessionnelles diverses. Cette génération d’antan vit
donc différemment le rapport aux divertissements. Il n’y a pas d’activités
type à préconiser, il faut faire du sur mesure, en un mot : adapter. Un
modèle simple ne peut pas être reproduit partout parce que les publics, les
attentes, les besoins, les situations liées à l’établissement sont différentes.
Pour autant, il est absolument nécessaire de veiller et s’assurer de ne
pas infantiliser les personnes âgées en leur proposant des activités pour
enfants. La facilité d’accès à ces milliers de supports enfantins, grâce aux
nouvelles technologies, présente un risque que ne mesurent pas toujours
les professionnels. L’idée qui consiste à penser que ces activités pour
enfants, comme le coloriage ou le bricolage élémentaire, conviennent
16 | Concevoir le projet d’animation
également à des résidents désorientés est erronée. Les fabricants
multiplient d’ailleurs leurs efforts pour développer des supports répondant
aux intérêts des adultes, même très âgés. Il faut appréhender le résident en
tant que personne et ne pas proposer des contenus trop difficiles ou trop
infantilisants.
Il faut d’ailleurs conseiller aux agents d’animation de préalablement
tester eux-mêmes ou faire réaliser par un tiers les activités envisagées, afin
qu’ils se rendent compte de leur niveau d’adaptabilité.
Les textes officiels
Le cadre institutionnel a mis en place de nombreux outils pour aider
les acteurs et ainsi permettre le respect des droits fondamentaux des
personnes âgées. Parmi la multitude de dispositions réglementaires,
l’animateur mènera, dans le cadre de son activité professionnelle, une
réflexion conjointe avec le chef d’établissement pour appliquer les principes
énoncés par deux textes : la loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action
sociale et médico-sociale et la loi n° 2015-1776 du 28 décembre 2015 relative
à l’adaptation de la société au vieillissement.
1° La loi n° 2002-2 rénovant l’action sociale
et médico-sociale
Appelée aussi par les professionnels, « Loi des sept outils », le texte
rénovant l’action sociale et médico-sociale du 2 janvier 2002, dite « Loi n°
2002-2 », a transformé en profondeur les pratiques dans les établissements
et services de ce secteur. De plus, elle pose clairement le principe de
l’évaluation des prestations et donc leur évolution. Pour les acteurs du
projet d’animation, ce principe a pour corollaire la nécessaire évaluation
quantitative et qualitative des activités menées, afin de conduire à
l’évolution du projet.
En définissant des fondements en faveur de la promotion de l’autonomie
des personnes, de la cohésion sociale et de l’exercice de la citoyenneté, elle
a étayé les contours sur lesquels s’appuie le projet d’animation. À ce titre,
un des principes énoncés par la loi est particulièrement proche des valeurs
qui soutiennent le projet d’animation : le respect de la dignité, de l’intégrité,
de la vie privée, de l’intimité et de la sécurité. L’animateur devient ainsi le
garant de la qualité du projet et de sa cohérence avec la politique sociale
définie par le chef d’établissement.
Définir l’animation | 17
Un projet d’animation en EHPAD réussi
doit permettre d’assurer le bien-être
des résidents, faire de la structure d’accueil
un lieu où il fait bon vivre, tout en contri-
buant à sa bonne réputation auprès
des partenaires locaux et des familles.
Ce guide pratique a pour ambition d’aider
les chefs d’établissement, les animateurs
et les équipes à concevoir un projet
d’animation apte à maintenir les capacités
d’autonomie sociale, physique et psychique
de la personne âgée, à travers des activités
adaptées à ses besoins, à ses capacités
et à ses attentes.
Véritable outil méthodologique, ce livre
présente les différentes étapes à mettre
en œuvre pour développer un projet
d’animation de qualité, respectueux
du projet d’établissement et suscitant
l’implication de l’équipe. Il est ainsi
organisé autour de trois thématiques :
1° Concevoir le projet d’animation ;
2° Coordonner le projet d’animation ;
3° Évaluer le projet d’animation.
L’ouvrage est enrichi d’une dizaine de mo-
dèles prêts à l’emploi (projet d’animation,
budget, fiches d’évaluation…) afin d’aider
les professionnels en charge de l’anima-
tion dans leur organisation quotidienne.
Riche d’une première
expérience d’animateur
coordinateur en EHPAD,
Anthony Merlin a poursuivi
sa carrière dans la formation
des étudiants préparant
le BPJEPS (Brevet profes-
sionnel de la jeunesse, de
l’éducation populaire et
du sport), puis de celle des
professionnels du secteur de
l’animation sociale.
Anthony Merlin est
aujourd’hui chargé de projet
d’insertion par l’économie
sociale et solidaire. Il assure
à ce titre le développement
des formations et projets
organisés par l’association
Graines de liens implantée
sur le territoire des Hauts-
de-France.
http://www.editionsphalente.fr
19,90 € TTC
ISBN 978-2-36835-120-8