1. Sahara Green
Comment la coopération transméditerranéenne et l’énergie solaire du
Sahara apporteront bien-être, paix et prospérité en Méditerranée …
Sahara Green
Les Voies de l’Economie Verte en Méditerranée
Cas de l’Energie Solaire
Nasser Hadroug
http://fr.linkedin.com/in/nasserhadroug
Président de l’OMDD
Directeur des programmes Sahar@Green et Robotic@Green
OMDD Editions
2. Sahara Green
Synthèse
Depuis le début de ce millénaire, les dépêches se
bousculent à une vitesse étourdissante. Tempêtes géantes,
pollutions, conflits, crise des matières premières, crise
économique, catastrophes humanitaires, incompréhensions
Nord-Sud ; il semble irréel que toutes ces catastrophes à
répétitions aient un dénominateur commun, et pourtant il
est probable que la plupart auraient une ampleur bien
moindre si les principes du Développement Durable
étaient respectés, si les effets anthropiques était plus
canalisés, et si toutes les parties prenantes étaient prises en
compte dans la course effrénée à la mondialisation.
La mise à l’écart des classes sociales les plus défavorisées
a participé à la formation du terreau sur lequel ont pu se
développer le terrorisme, les guerres civiles, et les récentes
émeutes, du sud de la Méditerranée à l’Angleterre1.
Notre boulimie d’énergies fossiles est un des facteurs
principaux de l’effet anthropique. En quelques mois, il y a
eu la catastrophe de l’or noir au large des Etats-Unis, la
1
DANIEL J.M., professeur d'économie à l'ESCP Europe,
http://www.latribune.fr/opinions/20110216trib000601638/revoltes-frumentaires-et-
printemps-arabe.html, 2011
OMDD Editions
3. Sahara Green 2
catastrophe nucléaire au Japon, et l’envolée des prix de
l’énergie et des matières premières.
La mondialisation de l’économie par la financiarisation à
l’extrême, a précipité le monde dans la plus grave crise
économique depuis 1929. Depuis la crise des «subprimes»
qui a éclaté aux USA en Aout 2007, la confiance s’est
effondrée, entrainant dans le feu des critiques les
hypothèses d’ «efficience du marché» et d’ «anticipation
rationnelle» (donnant raison en partie au Keynésianisme)2.
Et il n’est plus à démontrer l’effet anthropique sur le
changement climatique et la désertification, entrainant par
ricochet les migrations forcées.
Ces sujets qui font la une de l’actualité sont l’expression
d’enjeux globaux, et nous questionnent sur les politiques
de développement durable à mener à l’échelle mondiale et
territoriale. Ils montrent la nécessité d’une implication
réelle et durable des états développés dans la mise en place
d’une régulation mondiale soutenable et la mise en place
de programmes de coopération Nord-Sud durable.
2
BLINDER A. S., Professor of Economics at Princeton University, « Keynesian
Economics », <http://www.econlib.org/library/Enc/KeynesianEconomics.html>, 2011
4. Sahara Green 3
Abordés dans l’Agenda 21, ces sujets complexes
nécessitent une réflexion et une législation au niveau
global mais doivent également être traités sous l’angle
territorial. Afin d’aider à la réflexion globale, il est
nécessaire comme pour toute analyse, de choisir un terrain
d’expérimentation. Ce livre s’inscrit dans cette perspective
en s’intéressant au cadre géographique «espace
méditerranéen». Car la Méditerranée, compte tenu de ses
asymétries sur les plans économique, environnemental, et
social, constitue un véritable laboratoire régional
d’innovation, d’expérimentation, et de coopération en
matière de développement durable (DD).
Le bassin méditerranéen, zone d’échanges et de tensions
entre trois continents, représente un ensemble économique
cohérent, une «économie monde» tel que le décrivait
Fernand Braudel. Mais contrairement à sa description3, la
Méditerranée n’est pas un «lac occidental» et le Sahara
n’est pas la «contre Méditerranée».
3
LIAUZU, C., « La méditerranée selon Fernand Braudel », Revues
plurielles, Confluences Méditerranée - N°31, Paris, automne 1999, p.
186
5. Sahara Green 4
Le bassin méditerranéen est une région ouverte sur le
monde où se côtoient des espaces géopolitiques divers,
porteurs de valeurs et d’intérêts souvent différents.
Le Sahara, séparant le Maghreb de l’Afrique sub-
saharienne, fait apparaître le nord de l’Afrique comme une
ile entourée de deux mers : la mer Méditerranée et la mer
de sable. Cette vaste zone désertique, malgré ses
apparences, comporte bien des atouts qui peuvent être mis
au service du bassin méditerranéen, tel que son
gigantesque potentiel d’énergie solaire.
La Méditerranée dispose quant à elle, d’atouts
incontestables et offre des opportunités réelles de
développement, grâce notamment à la coopération
transméditerranéenne énergétique. La récession nous offre
une rare opportunité d’effectuer de tels investissements,
car les gouvernements étant conduits à dépenser davantage
pour stimuler l’économie, ils peuvent tout aussi bien le
faire en affectant certaines dépenses à des projets «verts».
Mais les enjeux financiers sont si énormes qu’ils peuvent
attiser bien des convoitises et emmener les marchés
financiers vers ce qu’on pourrait appeler une «bulle verte».
A titre d’exemple, la chine a alloué 40 % de son plan de
6. Sahara Green 5
relance (586 milliards USD) à des projets verts, la
transformant en premier marché mondial des énergies
renouvelables, alors que Citigroup estime que faute
d’interconnexions, 30% des centrales éoliennes chinoises
n’étaient pas en service en 2009. Cela illustre la nécessité
d’une stratégie de développement durable pour baliser tout
chemin menant à une «économie verte».
L’UE a ainsi lancé sa stratégie pour une croissance verte.
Encore faut-il une institution forte pour mettre en place
une politique qui viserait à stimuler l’éco-innovation au
service de la coopération transméditerranéenne tout en
abordant les questions clés de la transition vers une
économie verte, comme l’emploi, les compétences,
l’investissement, la fiscalité, les échanges, le
développement.
L’Union Pour la Méditerranée (UfM), a bien été créée
dans cette optique, mais tourne au ralenti. Cette institution,
appelée aujourd’hui «Secrétariat de l’Union Pour la
Méditerranée», était censée être centrale, puisqu’elle
regroupe l’Union Européenne (UE) et 15 pays de
l’Adriatique et de la Méditerranée. Devant les difficultés
rencontrées, ces pays se sont mis d’accord pour une
7. Sahara Green 6
institution légère, ce qui ne facilite guère la mise en œuvre
d’une politique de développement durable dans un espace
aussi tumultueux.
La politique de l’UfM met l’accent sur plusieurs
programmes, dont la coopération scientifique et
universitaire. Cette dernière pourrait s’intéresser à l’étude
de la transposition des principes de l’Agenda 21 à un
territoire aussi complexe que la Méditerranée, afin d’aider
l’émergence d’un comité structuré en collèges, dans
lesquels tous les acteurs de la société civile seraient
regroupés. Sa mission serait de contribuer à la mise en
œuvre d’Agenda 21 méditerranéens, d’assurer la
cohérence de ces projets territoriaux de développement
durable, et de renforcer la coopération entre les
collectivités et les entreprises du bassin méditerranéen.
Quant au Plan Solaire Méditerranéen (PSM), autre
programme d’importance, il a ouvert la voie à des
initiatives industrielles prometteuses, mais qui ont du mal
à se montrer convaincantes. Malgré leur côté pharaonique
et extraordinaire, elles ne génèrent ni l’espoir des
populations du Sud, ni l’enthousiasme du Nord. L’analyse
du cas concret de la coopération énergétique solaire
8. Sahara Green 7
transméditerranéenne, a permis d’apporter des pistes
d’amélioration de la politique de développement durable
de ces initiatives, ce qui permettrait de gagner une
adhésion élargie.
Par ailleurs, de ce balbutiement d’initiatives, un espoir
européen nous illumine. Les citoyens européens vont-ils
utiliser leur nouvel outil de démocratie participative pour
remettre l’Union Méditerranéenne sur les rails,
promouvoir des projets transméditerranéens durables, dans
le but d’initier une « économie verte » dans le bassin
Méditerranéen ?
De telles opportunités se présentent rarement.
Ce serait du gaspillage que de l’ignorer …
9. Sahara Green 8
SYNTHESE
1
INTRODUCTION
11
I)
LES
ENJEUX
GEOSTRATEGIQUES
MEDITERRANEENS
ET
LE
DEFI
DE
L’
«
ECONOMIE
VERTE
»
15
I.1)
LES
ENJEUX
GEOSTRATEGIQUES
EURO-MEDITERRANEENS
16
I.2)
INTEGRATION
STRATEGIQUE
DE
L’ESPACE
MEDITERRANEEN
:
POINT
DE
VUE
DU
PARLEMENT
EUROPEEN
ET
CONTRAINTES
EXTERNES
26
I.3)
ANALYSE
DE
LA
SITUATION
DU
BASSIN
MEDITERRANEEN
SUR
LA
VOIE
DU
DEVELOPPEMENT
DURABLE
35
1.3.1)
METHODOLOGIE
ET
CADRE
GEOGRAPHIQUE
DE
L’ANALYSE
35
1.3.2)
ETUDE
COMPARATIVE
BASEE
SUR
LE
DEVELOPPEMENT
HUMAIN
37
1.3.3)
ETUDE
COMPARATIVE
BASEE
SUR
LA
SOUTENABILITE
ET
LA
DURABILITE
43
I.4)
RESULTATS
DE
L’ETUDE.
VERS
QUELS
PARTENARIATS
DURABLES
?
57
II)
LES
VOIES
DE
LA
COOPERATION
TRANSMEDITERRANEENNE
DURABLE
ET
EQUITABLE
70
II.1)
L’UNION
MEDITERRANEENNE,
AU
SERVICE
D’UN
DEVELOPPEMENT
DURABLE
EN
MEDITERRANEE
74
10. Sahara Green 9
II.2)
POLITIQUE
DE
DEVELOPPEMENT
DURABLE
EN
MEDITERRANEE
:
NECESSITE
D’UN
OBSERVATOIRE
MEDITERRANEEN
DU
DEVELOPPEMENT
DURABLE
?
78
II.2.1)
INITIATIVES
ACTUELLES
DE
DEVELOPPEMENT
DURABLE
EN
MEDITERRANEE
79
II.2.2)
L’
«UNION
POUR
LA
MEDITERRANEE»
VISIBLE
ET
ACCESSIBLE
AUX
CITOYENS
DES
DEUX
RIVES
?
83
II.3)
COOPERATION
DECENTRALISEE
ET
APPROCHE
TERRITORIALE:
VERS
UN
AGENDA21
MEDITERRANEEN
?
84
II.4)
LA
DIPLOMATIE
D’ENTREPRISE
ET
LA
GOUVERNANCE
PAR
PROJET,
AU
SERVICE
DU
DEVELOPPEMENT
DURABLE
EN
MEDITERRANEE.
88
II.5)
L’INITIATIVE
CITOYENNE
EUROPEENNE
AU
SERVICE
DE
L’INTEGRATION
MEDITERRANEENNE
92
II.6)
«
FINANCEMENT
DE
L’ECONOMIE
VERTE
MEDITERRANEENNE
»
VS
«
BULLE
VERTE
»
?
97
II.7)
COOPERATION
NORD-SUD
:
TECHNOLOGIES
ET
DEVELOPPEMENT
DURABLE
AU
DELA
DES
FRONTIERES
101
II.7.1)
QUELLES
OPPORTUNITES
POUR
LE
DEVELOPPEMENT
DURABLE
EN
MEDITERRANEE
?
101
II.7.2)
CAS
CONCRETS
DE
PROJETS
INTERREGIONAUX
107
III)
LE
CAS
DE
LA
COOPERATION
ENERGETIQUE
TRANSMEDITERRANEENNE
:
L’ELECTRICITE
VERTE
107
11. Sahara Green 10
III.1)
AVANTAGES
ET
LIMITES
DES
INITIATIVES
ET
PLANS
SOLAIRES
ACTUELS
109
III.1.1)
COUP
D'ENVOI
D’UN
NOUVEAU
PARTENARIAT
ENERGETIQUE
EURO-‐MEDITERRANEEN
:
LE
PLAN
SOLAIRE
MEDITERRANEEN
111
III.1.2)
LES
INITIATIVES
INDUSTRIELLES
ACTUELLES
113
III.1.3)
LES
PLANS
SOLAIRES
DES
PAYS
DU
MAGHREB
118
III.2)
PROPOSITION
D’UN
CONCEPT
QUI
REPONDE
AUX
ENJEUX
DE
FAÇON
GLOBALE
ET
LOCALE
120
CONCLUSION
129
SOURCES
DOCUMENTAIRES
134
ANNEXE-1
:
QUESTIONNAIRE
SUR
LA
«
COOPERATION
TRANSMEDITERRANEENNE
DURABLE
»,
REALISE
PAR
N.
HADROUG
139