PLAN DE
L’ÉTUDE
1
2
3
4
INTRODUCTION & METHODOLOGIe
RÉSULTATS
ANALYSE quantitative
CONSTATS TRANSVERSAUX
CARTOGRAHIE DE TENDANCES &
PARCOURS PARISIENS :
VERSIONS FOODIE, ARTY, BY NIGHT,
SHOPPING & AS A TOURIST
LES LIEUX PRÉFÉRÉS DES PARISIENS :
TOP 5
1
INTRODUCTION & MÉTHODOLOGIe
A l’automne 2012, dans le cadre du lancement de la
plateforme Priceless Paris, nous avons réalisé une
première étude sociologique autour des moments
inestimables à Paris. A l’occasion du premier
anniversaire de Priceless Paris, nous sommes partis
une nouvelle fois à la rencontre des Parisiens en
cherchant à comprendre ce qui n’a pas de prix, pour
eux, et ce qu’ils préfèrent, à proprement parler, dans
Paris, notamment en termes de lieux. Nous avons,
cette année, interrogé 45 Parisiens.
Le panel était composé de :
21 hommes et 24 femmes
25 d’entre eux avaient déjà été interrogés par nos
soins l’an dernier dans le cadre de notre étude autour
de ”ces moments qui n’ont pas de prix à Paris”.
Représentativité des âges (19 à 73 ans) /
représentativité socio-professionnelle
Nous avons ainsi souhaité établir une cartographie
de l’inestimable parisien autour de 5 parcours
privilégiés : Foodie, Arty, By Night, Shopping & As
a tourist. Dans chacun de ces domaines, les Parisiens
nous ont raconté des histoires, des souvenirs et ont
évoqué les lieux qui ont leur préférence, ceux qui les
séduisent, et en creux ceux qui leur plaisent moins.
Nous avons exploré avec eux les lieux (et les raisons)
de leur attachement.
Nous avons assorti cette phase qualitative d’un
dispositif quantitatif basé sur un questionnement
instruit auprès d’un échantillon représentatif de
400 Parisiens (au prorata de la population totale de
chacun des 20 arrondissements de Paris). Les appels
ont été effectués du lundi 28 octobre au samedi
2 novembre 2013 inclus, principalement entre
18h30 et 21h00 et le samedi toute la journée. Cette
démarche nous a permis d’établir le Top 5 des endroits
préférés des Parisiens :
quartiers préférés ;
places préférées ;
musées préférés ;
parcs - jardins préférés ;
monuments préférés.
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LE PETIT VENDÔME
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LE JULES VERNE
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LE Chardenoux des Près
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La Buvette
L’entrée des artistes les 2 amis
MARCHÉ SAINT MARTIN Caffé dei cioppi
Lengué
LES 2 MAGOTS
Ze Kitchen Galerie
LA TOUR D’ARGENT
Le comptoir du relais
Le Bistrot 121
Simone, Le Resto & La Cave
LE TEMPS DES CERISES
Le Grand Pan
Chatomat
ASTIER
Au passage
le saut du loup
CAFÉ CAMPANA
Pottoka
FREDDY’S DELI
MARCHÉ
DES ENFANTS ROUGES
Le Rubis
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LE VERRE VOLÉ
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Les Pères populaires
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FOODIE
TENDANCE 1
LA FOODOLOGIE PARISIENNE : L’ANTITHÈSE DE L’INDUSTRIE DU GOÛT
Les Parisiens, qui plébiscitent l’innovation et les initiatives spontanées, se montrent peu réceptifs à tout ce qui peut se rapprocher d’une forme de récurrence. Aucune
chaîne de restaurants n’est citée par les personnes que nous avons interrogées et l’idée d’une déclinaison de tables par le même chef séduit certes mais uniquement
si le phénomène apparaît comme restant à taille humaine et ancré dans son voisinage : ainsi, Frenchie, Au Passage, Le Chateaubriand, Septime et d’autres, ouvrent
leur deuxième adresse, souvent plus accessible (et souvent très bien accueillie), et parfois même leur troisième adresse. Leur particularité : investir leur quartier, voire
leur micro-quartier et pour certains leur rue seule, les différents établissements se succédant à quelques encablures les uns des autres. Ce faisant, ils contribuent à
la création d’une nouvelle dynamique socio-culturelle : sous l’impulsion de ces chefs pour le moins fidèles d’un point de vue géographique, c’est un jeu de “Monopoly
culinaire” aux antipodes du concept de chaîne classique qui se dessine désormais à Paris. Pour les foodies parisiens, l’artisanat, voire l’art de la restauration (cf
l’exposition “Cookbook” en cours au Palais des Beaux-Arts) prévaut donc sur le business. On serait même tenté de penser que la dimension commerciale du travail
d’un chef peut le desservir, à Paris sans doute plus que partout ailleurs.
Sur ce terrain, tout se passe, à Paris, comme si une frontière invisible séparait les “intouchables contemporains” (Jean-François Piège et Thierry Marx - pour ne citer
qu’eux - dont les collaborations nombreuses n’entachent pas l’excellente réputation) de ceux qui ont peut-être abusé d’un système. Chefs stars des années 70 à 90,
ils ont pu souffrir de “l’effet Pierre Cardin” : le jambon industriel sous licence de chef et ses équivalents font horreur aux Parisiens. Reste le cas à part du télégénique
Cyril Lignac, dont la légitimité a pu être questionnée au début de sa carrière mais qui semble avoir gagné du crédit auprès des Parisiens, ceux-ci citant volontiers ses
différentes adresses.
A noter enfin, la persistance de la reconnaissance d’adresses considérées comme des monuments français : en gastronomie, on peut notamment citer Le Grand
Véfour et La Tour d’Argent – et du côté des brasseries typiques : Bofinger ou Mollard à Saint-Lazare. Un Mollard sans doute d’ailleurs très concurrencé par l’ouverture
récente du Lazare d’Eric Fréchon qui injecte ici une dimension gastronomique dans la tradition des grandes brasseries parisiennes.
FOODIE
TENDANCE 2
On veut du bon : quand Paris met les grands plats dans les petits
Il apparaît de manière très claire que ce sont aussi des figures et des mouvements résolument ancrés dans leur époque et dans leur environnement qui ont permis à
Paris de dépasser son héritage pour en tirer le meilleur et atteindre, peut-être enfin, l’équilibre. La culture Fooding, la “Nouvelle vague” de la cuisine selon le New Yorker,
y est évidemment pour beaucoup. C’est une cuisine moins rigide qui est arrivée par ces nouveaux agitateurs culinaires que sont des acteurs comme Omnivore, le
Fooding ou encore Gelinaz ; une cuisine peut-être moins française finalement, plus ouverte sur le monde en tous cas. Ainsi, Paris s’encanaille depuis plusieurs années :
les écoles et appentis accueillent de jeunes étudiants étrangers, futures stars de nos tables, les nappes en tissu sont loin de nous, les tabliers ne sont plus blancs
mais bleus marine ou rayés, les cartes n’existent parfois plus du tout (menu unique) et les vins font le mur en nous venant eux aussi, très souvent, d’hors de France.
En quelques mots, la grande cuisine, on n’en fait plus tout un plat ! Si la tradition bistrotière et l’attachement à certains attributs hauts en couleur (gouaille du patron
de café) perdurent ponctuellement, la simplicité et l’humilité sont de rigueur. L’épure, même, dans une certaine mesure. Les noms des restaurants eux-mêmes se
font discrets : “Table”, “Brut”, “Glou” il y a déjà quelques années. On retiendra également l’ouverture récente de “Manger” rue Keller : un mot, un énoncé performatif
qui ne fait que dire l’acte – et c’est tout. L’enjeu : faire de la place au(x) produit(s) (et, un peu, aussi, aux chefs / créateurs / artisans / artistes qui les subliment tout
de même !).
Car ce sont bien les produits, les éléments centraux. Comme le respect des saisons. La promesse de la Buvette NYC, qui installe sa seconde adresse à Paris, dans le
9ème arrondissement, se joue sur ce terrain. Avec sa baseline “la gastrothèque”, le lieu imprime ses exigences : ici, on défend la qualité, la rareté et la diversité des
saveurs, semble nous dire la marque. L’histoire de Terroirs d’avenir s’inscrit dans un cadre similaire. Ce fournisseur de restaurants parisiens devenu épicier version
+++ amène désormais le meilleur des produits de bouche aux Parisiens. Et fait aussi revenir la campagne dans la ville. D’autres initiatives tout aussi exigeantes
apparaissent comme la Brûlerie Belleville, à peine ouverte, centrée sur le café. Ces histoires de produits et de défenseurs des produits séduisent davantage les
Parisiens que les Fauchon / Hédiard / Ladurée et consorts. Mais précisément, l’industrialisation et ses travers sont sans doutes passés par là...
C’est peut-être là le grand paradoxe à retenir : celui d’un monde qui, en période de pleine croissance, lors des 30 Glorieuses, a fait naître des machines industrielles
aux effets significatifs sur les modes de vie alimentaires (junk-food) et qui voit advenir, aujourd’hui en période de crise, l’élévation, en qualité et nécessairement en
prix, de plats précisément supposés inférieurs (avènement de la “street-good“ avec les take-away et autres food-truck très qualitatifs). Les années 2000s sont bien
parties pour être celles du recentrage sur le bon...
FOODIE
TENDANCE 3
Cook It Yourself + Food & the Gang = the future
Le bien-manger se situe ainsi très clairement au cœur des préoccupations des Parisiens. L’appréciation de la vérité du produit, voire de sa beauté, et de la logique de
la taille humaine, nous l’avons vu, parle d’elle-même. C’est aussi l’acte de faire qui attire. Dans une ville dans laquelle les métiers du tertiaire sont sur-représentés,
l’envie de gestes plus manuels, l’attrait de l’artisanat new generation et la noblesse de la fabrique, en tant qu’acte de production, sont des éléments récurrents dans
le discours développé par les personnes interrogées.
Cuisiner est un plaisir et cela peut être relativement simple, nous dit notre panel. En travaillant de bons produits et sur la base des nombreux conseils et autres
astuces qui leur parviennent depuis maintenant plusieurs années que ce soit par le biais du petit écran ou de la webosphère culinaire, les Parisiens ont adopté le Cook
It Yourself. Les “cooking boxes” ou kits disponibles sur Internet apparaissent également comme des atouts non-négligeables dans des quotidiens laissant souvent
peu de place au temps libre. Au travers de sa large offre de lieux dans lesquels on apprend à cuisiner comme de ceux dans lesquels on s’équipe. Paris les y a également
aidés. Jusqu’à pour certains, en faire un peu plus qu’un hobby. Les reconversions ne sont plus si rares et elles sont souvent plus précoces qu’avant. Prenons l’exemple
de Bertrand Grébaut, sacré chez Septime, qui a délaissé sa formation initiale de graphiste pour se consacrer à la cuisine. Ou d’Inaki Aizpitarte, chef autodidacte
révélé à la fin de sa vingtaine.
Et les projets ne manquent pas. L’innovation non plus. La grande nouveauté sur ce terrain, c’est peut-être la nature de l’initiative qui évolue. Le plus souvent
individuelle il y a quelques années encore, elle se fait désormais régulièrement collective. Crise oblige, on ne se lance peut-être plus aussi facilement seul mais on
le fait différemment, ensemble, en tribu ou en famille : c’est l’effet “Food & the Gang” bien symbolisé par une aventure comme celle de La République pâtissière, ce
collectif de becs sucrés qui s’est rassemblé pour ouvrir son premier lieu physique il y a quelques mois, rue de Saintonge. Même dynamique pour Les Camionneuses, le
projet de 4 filles, parisiennes, foodies passionnées, qui ouvriront prochainement la première cuisine partagée destinée aux nouveaux acteurs de la scène culinaire que
sont les chefs des food-trucks, les traiteurs à domicile ou encore les petits producteurs artisanaux. Leur ambition : mettre à la disposition de ces “Sans Cuisine Fixe”
un labo et un atelier partagés.
C’est une nouvelle génération de food-entrepreneurs qui se met en marche. Une génération coolaborative dont les Parisiens raffolent.
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Musée de la vie romantique
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Galerie Marcelle Alix
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Galerie Jocelyn Wolff
Galerie Balice Hertling
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L’Olympia
ARTS ET MÉTIERS
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GRAND PALAIS Concorde
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PICASSO
le LOUVRE
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La Douane
Théâtre du Châtelet
Galerie 154
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Théâtre de la ville
Marmottan
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MAISON DES MÉTALlOS
Galerie Oberkampf
Louvre-Rivoli
musée ORSAY
PALAIS DE TOKYO
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le jardin du musée rodin
Chez Gibert
La Pagode
le salon du panthéon
CAFÉ DE LA DANSE
LA MAISON ROUGE
INSTITUT CULTUREL autrichien
LES INSTITUT CULTUREL finlandais
maisons d’édition
DU 6Ème
LE 100
Cité de la mode et du Design
INSTITUT CULTUREL irlandais
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la Cinémathèque
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TENDANCEs 1
Le temps du “bouillonnement”
Avant tout spontanément perçue comme ville-musée et ville-cinéma, et ce de manière assez naturelle au regard de ses 130 musées et 370 salles, Paris est saluée
pour la profusion de son offre culturelle : d’un point de vue global, les Parisiens interrogés applaudissent la politique de la ville et sont de fait très attachés à des
manifestations telles que la Nuit Blanche par exemple. La capitale éveille toujours la curiosité de ceux qui y vivent et de ceux qui la traversent, notamment grâce à
ses institutions (grands musées et centres d’art) dont la fréquentation ne faiblit pas, mais également en raison d’un élan d’initiatives récentes et souvent hybrides
venant régulièrement directement de la société civile.
A l’est de Paris particulièrement, des galeries s’ouvrent, les quartiers s’organisent (en première ligne Belleville, Ménilmontant et leurs ateliers d’artistes), les créateurs
se regroupent en collectifs, le tout dans une démarche d’ouverture à double niveau : une ouverture en termes de contenus et de supports, sur laquelle nous reviendrons
dans un instant et une ouverture au public, au travers de laquelle la traditionnelle contemplation de l’œuvre s’enrichit désormais de la possibilité de rencontrer
l’artiste, découvrir son atelier, parfois assister à l’acte de création... voire être invité à créer soi-même. Ces expériences sont unanimement appréciées par les
Parisiens qui y voient l’avantage d’appréhender la sphère culturelle de manière moins descendante, plus participative. A l’image de ce qui se passe dans un univers
comme celui de la gastronomie, l’envie de se frotter soi-même à l’acte de création est saillante : plus de la moitié des personnes que nous avons interrogées nous ont
dit, à titre d’exemple, photographier Paris. D’autres ont cité des lieux dans lesquels ils apprennent des techniques de création et mettent en pratique le Do It Yourself
(exemple du bar à tricot La Penderie).
L’arty-mixologie
Le second niveau d’ouverture, nous l’avons dit, se situe autour de la nature des contenus et supports. L’art à Paris, n’a plus à être cloisonné, les Parisiens eux-mêmes
apprécient qu’il le soit moins. Ainsi, les nouveaux espaces s’ouvrent toujours davantage au pluridisciplinaire ; les collectifs jouent de la complémentarité des savoirfaire de chacun de leurs membres (pour exemple, les membres de la Splendens Factory officiant en illustration / photographie / cinéma / spectacle – entertainment)
et globalement, de plus en plus d’endroits “mixent” l’art et le shopping ou la cuisine (le récent café/galerie düo notamment - ou encore la “maison d’édition” du Bon
Marché qui tend, avec cette marque, à intellectualiser l’acte d’achat).
Ainsi le mouvement dans lequel s’inscrit le Paris Arty contemporain semble décloisonner sciemment les univers. Surtout, ici comme ailleurs, on préfère la qualité à la
profusion, on se concentre sur l’authentique et l’expérience, tant du côté du créateur que de celui de l’amateur/consommateur parisien.
ARTY3
TENDANCE
Art and the City
L’évolution du mouvement Street-Art nous fournit sans doute une grille de lecture significative sur les rapports entre l’art et la ville : originellement, c’est bien sûr
l’art qui s’invite dans la rue. Mais on constate depuis quelque temps que la rue “entre” et s’impose toujours plus dans les musées, galeries, ...et même au-delà : les
Parisiens citent notamment spontanément l’exposition “Etat des Lieux” à la Galerie du Jour – agnès b, la Tour Paris 13 ou encore l’application My Paris Street Art,
subventionnée par la Mairie de Paris.
A revers de ce mouvement, l’art, d’un point de vue plus global, se vit de plus en plus hors les murs : les Parisiens se réfèrent ainsi presque davantage aux versants “off”
ou “avant-première” des grandes manifestations culturelles qu’aux manifestations en tant que telles. De la même façon, ils semblent entretenir un rapport d’autant
plus particulier à une œuvre ou un artiste que ceux-ci s’intègrent à leur quotidien : les personnes que nous avons rencontrées évoquent ainsi tour à tour les parcours
des Ateliers de Ménilmontant, les rues-galeries, les quartiers-éditeurs, les rencontres de figures intellectuelles possibles au détour d’une rue ou d’une terrasse
parisienne ou encore le jardin du Musée Rodin ou celui du Musée de la Vie Romantique (parfois avant les musées eux-mêmes!).
L’institution n’est plus un prérequis à la qualité intrinsèque d’une œuvre : les Parisiens, en quête d’émotion et de ressentis, se passent volontiers du piédestal et du
décorum bien que dans le même temps, ils continuent d’entretenir le fantasme de l’accès aux coulisses des grands mythes parisiens (exemple : pouvoir accéder au
toit du Panthéon ou aux loges de l’Opéra Garnier).
L’expérience artistique en est de fait bouleversée. Les personnes interrogées nous racontent se promener, faire des courses, dîner entre amis, se soumettre, plus
globalement, à des activités au sein desquelles ils ne sont pas nécessairement en recherche active et exclusive d’une expérience culturelle, quand, parfois sans
prévenir, celle-ci se présente à eux et les invite à faire une pause. En dehors de la sortie culturelle prévue et programmée, tout se passe donc également comme si l’art
pouvait simplement émerger dans la vie des Parisiens et provoquer une parenthèse bienvenue. De là à penser l’avènement du “Stop Art”, il n’y a qu’un pas...
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la Maroquinerie
La Bellevilloise
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Experimental Cocktail Club
Flow
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le perchoir
Café Charbon
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Prescription Cocktail Club
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Le square Trousseau
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BY NIGHT
TENDANCE 1
La nuit parisienne se serait-elle réveillée ?
Elle a, semble-t-il, en tous cas, retrouvé un élan de vivacité, constaté par l’ensemble des professionnels comme par ses différents publics - ce dont atteste une offre
qui s’étoffe chaque jour (ou chaque nuit) un peu plus. Le récent mouvement pour l’élection du Maire de la nuit (baseline : “une initiative citoyenne pour donner une voix
et un visage à la Nuit”) est en parallèle un bon indicateur du besoin profond des Parisiens de revendiquer leurs droits nocturnes. Paris reprend ainsi doucement sa
place sur le podium des capitales de la nuit au travers de changements profonds.
Si elle plébiscite plutôt explicitement la Rive Droite, la carte du “Paris by Night” préféré des Parisiens témoigne surtout d’un paysage plus éclaté, d’une offre plus
millimétrée, quasi microcosmique (le Maire de la nuit va-t-il devoir nommer un “préposé municipal à la nuit” du 5ème, du 11ème, du 18ème…?) : à mesure que la nuit
s’étend, ses espaces se rétractent. “Aller en boîte” est devenu “sortir en club” : les noctambules ne sont plus attirés par les discothèques, trop vastes et impersonnelles,
et se mettent en quête de lieux à taille humaine et leur ressemblant (aucun des établissements historiques de Paris – le Queen, le Duplex, le Rex, les Planches, le VIP
Room – n’a été cité par les personnes interrogées). Les portes d’entrée évitent la grandiloquence, la guichetière dans sa guérite a disparu et, ultime symbole, l’accès
est souvent gratuit. “Happy few” n’est désormais plus synonyme de VIP.
Cette mutation d’une nuit désormais plus active et moins “show-off” se retrouve également dans l’ADN des projets des “bandes” à succès de Paris (Baron, Splendens,
Experimental à l’origine de la grande vogue des lieux orientés “cocktails”), soit des lieux créés par un groupe d’amis... pour accueillir des groupes d’amis. Des lieux
où il est tout aussi possible de danser que de parler. Dès lors, la nuit n’appartient plus à la jet-set, elle s’offre aux initiés, aux membres d’une même communauté : à
chacune son club, dans lequel le carré VIP n’a plus sa place et n’existe d’ailleurs même plus. Même dans les clubs maintenant une forte sélection à l’entrée, aucune
hiérarchie n’existe entre noctambules, une fois à l’intérieur.
Finalement, si le Parisien plébiscite massivement une fois par an la Nuit Blanche, le noctambule, lui, part en quête chaque semaine de sa “Nuit Franche“, une nuit qui
lui ressemble. Et si, pour s’y rendre, il peut prendre la ligne 2 ou la 6 et profiter du métro aérien de nuit, cela lui va encore mieux !
BY NIGHT
TENDANCE 2
Noctambulisme nomade et partie de cache-cache à ville ouverte
Dès lors que l’offre se multiplie en une myriade de petites portes d’entrée, le peuple de la nuit ne tient plus en place, Paris se fête par étapes, en picorant dans chaque
quartier les ambiances complémentaires qui s’y trouvent : tournée des bars à Oberkampf ou Barbès, puis direction les clubs de SoPi avant de faire un saut sur les
quais d’Austerlitz... et écarter définitivement le sommeil en passant la journée sur le dancefloor des “soirées d’après-midi” Concrete.
Les classes d’âge monopolisant massivement les planchers et bitumes du Paris By Night ont soit grandi dans le tout-digital, soit appris à l’intégrer et l’utiliser. Les
Parisiens ont ainsi, dans la journée, pris l’habitude d’avoir accès à tout, tout de suite. Ils ont également pris l’habitude de “zapper” et de passer d’une activité à une
autre très facilement. Le phénomène apparaît comme particulièrement saillant sur le domaine de la nuit quand on analyse les comportements des Parisiens une fois
le soleil couché : la Nuit Franche de chacun doit être multiple, optimisée et pleine de rebondissements – on ne veut et on ne peut pas avoir le temps de s’ennuyer !
Le phénomène d’ouvertures multiples et répétées de nouveaux lieux (et leur succès tout aussi systématique – les clubs vides se font rares) répond à cette demande et
à cette recherche d’une capacité de choix multiples et variés que manifestent les Parisiens. Dans cette variété de la nuit parisienne, on constate ainsi l’émergence de
deux dynamiques fortes et opposées : d’un côté, la multiplication et le succès de lieux “à ciel ouvert” où l’on s’expose en pleine ville (roof tops, quais et péniches – on
pense bien sûr au déjà célèbre Perchoir mais également à cette nouvelle Seine qui émerge au bord de l’eau) ; de l’autre, les lieux résolument clos, voire cachés, avec
des speakeasy inspirés par les bars clandestins américains du temps de la Prohibition (une porte dérobée au fond d’un restaurant donne accès à un bar qu’aucune
signalisation n’indique depuis la rue).
S’exposer au grand jour pour se réapproprier la capitale, faire la tournée des bars d’un même quartier, se calfeutrer derrière une porte dérobée pour lui échapper : les
Parisiens multiplient les expériences, souvent au cours d’une seule et même nuit, dans une grande et collective partie de cache-cache avec le quotidien.
BY NIGHT
TENDANCE 3
La nuit, cet ailleurs qui doit rassurer
C’est donc une vraie tendance : la nuit parisienne, dont on a longtemps dit qu’elle avait connu son apogée dans les années 80, est en retour de grâce et le moins qu’on
puisse dire, c’est que cela réjouit les Parisiens ! Mais tout comme les lieux ont évolué, les manières de faire la fête également. Au travers de leurs expériences, les
Parisiens dans leur identité noctambule nous disent qu’ils veulent s’évader... sans être déstabilisés : le désir (besoin ?) de se sentir à l’extérieur “comme à la maison”
comme celui de chercher, pour danser, un lieu à peine plus grand qu’un appartement, en sont deux signes significatifs. Tout comme l’est le fait que les clubs montés
par des “bandes de potes” (qui pourraient dans un sens être les leurs) mais aussi les projets “artisanaux” sont préférés aux “machines” lancées par des magnats de la
nuit. Il semble enfin qu’une offre ludico-régressive (le Ping-Pong, le Fantôme, les soirées KaraYaourt du 114, la soirée EdBanger...) s’impose sur la carte du Paris By Night.
Parfois un peu nostalgiques, confrontés à une conjoncture fragilisante, les noctambules parisiens semblent dans un sens demander à la nuit une fois tombée, de se
montrer rassurante ; de les divertir tout en les ramenant à des cocons familiers (amis, maison, enfance) – c’est une nouvelle dynamique dans le cadre de la nuit à
proprement parler mais elle rejoint probablement des signaux déjà constatés il y a quelques années dans d’autres univers lifestyle. Prenons l’exemple de la comfortfood et des coquillettes-jambon à la carte de dizaines de restaurants et également servis dans des dîners d’enfants pourtant devenus (très) grands...
A la différence d’une nuit londonienne sans doute plus festive ou encore d’une nuit berlinoise perçue comme sans limites, la nuit parisienne, restée ces dernières
années en veilleuse, se doit peut-être, pour son grand retour, d’être une nuit “bienveillante”. C’est aussi d’une certaine manière, ce que nous dit le mouvement pour
l’élection d’un Maire de la nuit à Paris : donner la parole aux noctambules ; harmoniser les rapports avec le voisinage ; rendre la nuit parisienne attentive à tous, pour le
bénéfice de tous, riverains comme organisateurs, va dans ce même sens d’une nuit parisienne “cosy”. Finalement, les Parisiens demandent peut-être tout simplement
à la ville de prendre soin d’eux lors de leur voyage au bout de la nuit, une nuit parisienne devenue “comfort-night” depuis peu.
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L’Artisan Fleuriste
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SHOPPING
TENDANCE 1
Paris est un village
Contrairement à d’autres villes aspirationnelles comme New York par exemple, Paris bénéficie d’un effet village, unanimement apprécié par ses habitants. Sur le plan
du shopping, c’est le “tout à proximité” qui est le plus souvent cité – et la capacité d’accès qui ressort particulièrement en second lieu. En résumé : “je peux choisir
d’acheter mon pain à deux pas mais si, pour une occasion spéciale, je souhaite aller à l’autre bout de la ville dans une boulangerie spécifique dont on m’a parlé, je sais
que je peux y être vite et facilement.”
Dans “leur” quartier - et le “leur” a toute son importance tant ils peuvent se sentir non propriétaires mais acteurs (principaux ou secondaires selon les personnalités)
de leur environnement immédiat -, les Parisiens interagissent et nouent des liens. Ceci est particulièrement vrai dans la relation entretenue avec les commerçants.
Ce qui apparaît de manière très évidente, c’est que Paris n’est pas une ville de commerces anonymes, c’est une ville de commerces incarnés par “le petit fleuriste”, le
boulanger ou le boucher du coin, “mon” cordonnier, voire par “Patrick” quand le fil du temps permet de passer à une forme d’intimité qui autorise l’usage du prénom.
La bienveillance mutuelle, dans la relation commerciale de proximité, est inestimable pour les Parisiens qui apprécient le fait d’échapper à la sensation d’être un
numéro comme un autre.
Les natifs, qui restent le plus souvent dans leur quartier de naissance, peuvent ainsi encore bénéficier de leur statut d’enfant du quartier quand les Parisiens arrivés
d’ici et d’ailleurs, se réjouissent de pouvoir retrouver, à Paris, dans leur quartier, une dimension provinciale. A l’image du Village Jourdain ou du Village Saint Blaise,
tous deux situés dans le 20ème arrondissement, Paris pourrait de fait facilement n’être pas qu’un village, mais des villages, certainement. Imaginer le Village
Batignolles, le Village Ledru-Rollin ou encore le Village Mouton-Duvernet ne paraît pas si incongru...
SHOPPING
TENDANCE 2
L’artisanat du commerce, ou le goût du bel ouvrage parisien
Sur le plan des courses du quotidien, sont particulièrement appréciés, les lieux qui concentrent une énergie et une vitalité particulières : les marchés bien sûr (sur
lesquels viennent se superposer le regret des Halles de Paris et le fantasme autour de Rungis), les rues de bouche et tous ceux qui contribuent à réinventer leur métier
au quotidien (Causses par exemple sur l’alimentaire et le traiteur avec son enseigne La Fabrique, bien-nommée au regard de l’appréciation très valorisée du faitmaison). Ce sont également les figures et traits de caractères des commerçants qui sont cités spontanément par les répondants : la gentillesse de la jeune fille du
pressing, l’accent amusant du traiteur polonais, les bons conseils du boucher, etc.
Dans ce petit théâtre des rapports humains que représente le commerce de proximité, fleuriste et coiffeur / coiffeuse sont 2 professions qui ressortent particulièrement
dans le discours des répondants : on peut considérer que la dimension “esthétisante” de leur travail résonne particulièrement à Paris, ville de beauté(s). De l’artisanat
à l’art, il n’y a qu’un pas. Cette même appréciation esthétique se retrouve également dans les références nombreuses accordées aux échoppes désuètes et aux
maisons “qui ont une histoire” (Cire Trudon, épicerie Lion, etc.), souvent portées par des figures très appréciées des Parisiens.
Car l’acte d’achat idéalisé à Paris reste au final ultra-personnalisé. Le concept du “mall” est aux antipodes du référentiel des Parisiens d’où une curiosité intriguée
à l’évocation de projets comme le Centre Beaugrenelle et un rapport aux grands magasins significatif : le plus grand, les Galeries Lafayette, est appréhendé dans
sa dimension utilitariste. Le Bon Marché imprime une certaine idée du luxe à la Française qui continue de plaire mais aussi d’intimider dans une certaine mesure les
Parisiens. Enfin, la Samaritaine est un lieu dans lequel se concentre un imaginaire fort, principalement du fait de sa superbe passée et des incertitudes autour du
devenir du bâtiment.
Au final, le shopper parisien ressort dans toute sa complexité en comparant les habitus en magasin dans la vie réelle et les pratiques mobiles / numériques : quand il
se déplace physiquement, le client parisien souhaite pouvoir compter sur un rapport humain, une relation privilégiée, une discussion, une complicité. Il ne s’agit pas
seulement d’acheter - parfois, il s’agit d’ailleurs moins d’acheter que de vivre une expérience particulière. Quand sur le plan du commerce online, ce sont les notions
de facilité / praticité comme d’inspiration et de découverte qui retiennent l’attention du panel. Sont ainsi citées plusieurs initiatives online dans la continuité de
la tendance dite des boxs et autres kits : on peut notamment citer chictypes.com (livraison d’une sélection de vêtements pour hommes, choix à conserver, reste à
renvoyer, facture à régler en fin de transaction) ou masurprise.com (votre enfant que vous avez pris le soin d’abonner reçoit une boîte surprise par mois).
SHOPPING
TENDANCE 3
La boutique-slash, concept-store des années 2010s
Nous l’avons vu, le centre commercial n’appartient pas à la culture des Parisiens. Le détournement de la formule par les créateurs de Veja qui ont ouvert leur conceptstore (baptisé “Centre commercial” donc...) en 2010, rue de Marseille, a marqué les esprits.
Plus globalement, le concept-store, en général, est sans doute entré dans une phase 3 de son histoire. En phase 1, colette a naturellement dominé le marché pendant
des années. Si le magasin reste une source d’inspiration pour de nombreux acteurs, il n’est pas cité spontanément par les personnes rencontrées.
Merci, en revanche, apparaît très clairement comme le point d’origine de la phase 2 du concept-store contemporain. En imaginant un espace de vie plus qu’un
magasin, la famille Cohen, créatrice de Bonpoint, composée de nombreuses figures “dynamisantes” de la vie parisienne (décorateurs, restaurateurs, créateurs),
a contribué à changer radicalement la physionomie du boulevard Beaumarchais, repère initial de magasins photo, en passe de devenir l’une des artères les plus
“mode” de la capitale. Et a probablement fait des émules.
On assiste ainsi aujourd’hui, avec une adresse telle que The Broken Arm, à l’aboutissement d’un phénomène qui voit le magasin multi-marques élargir et concentrer
son offre à la fois : ces nouveaux lieux de vie décompartimentent le shopping. Ils proposent ainsi de la mode mais aussi de la maison, de l’alimentaire, de la librairie
et autres beaux objets (élargissement), le tout autour d’un nombre de références très limité (concentration). C’est la boutique-slash, à savoir le magasin/restaurant/
librairie/papetier/... et c’est également l’anti-Babou : dans ces magasins, il y a au final très peu de produits mais ceux-ci sont très bien mis en valeur. Dans ces
nouveaux espaces donc, chaque objet compte et la conception du display comme de l’aménagement global des lieux est pensée au millimètre. On se rend compte de
nouveau que l’art du raffinement et de la délicatesse sied particulièrement à Paris.
Le point commun de ces 3 âges du concept-store est à chercher du côté de la figure de l’entrepreneur : que l’on regarde les exemples de colette, Merci ou The Broken
Arm, on s’aperçoit que leurs créateurs présentent la plupart du temps des personnalités très fortes, mi-commerçants, mi-créateurs en tant que tels. A l’image de ce
qui se passe dans la gastronomie ou dans le domaine culturel, le collectif (“gang”) est ici aussi une tendance lourde (The Broken Arm monté par la bande du blog “Des
jeunes gens modernes”).
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TENDANCE 1
Entre l’intime et le magistral : le Parisien touriste voit double
Le Parisien touriste se repère dans un Paris dédoublé : celui de la grandeur monumentale de la Concorde et celui de l’intimité d’un square ou d’une petite place de son
quartier (“place Sainte Marthe ou square Montholon”). Les Parisiens ne renient pas leur statut d’amoureux (“comme au premier jour”) de leur propre ville, bien au contraire.
Ils assument et déclarent souvent aimer regarder Paris avec leurs yeux d’enfants ou d’éternels touristes. Cette impression du premier jour est très présente et encore
vive dans leurs récits. Ils se laissent toujours la possibilité de re-devenir touristes et découvreurs de leur propre métropole quand bon leur semble : c’est le mythe du mois
d’août et plus généralement des vacances à Paris, fréquemment cité comme objet de fantasme par les personnes rencontrées.
L’idée du Parisien qui redevient un touriste relève également d’un “idéal retrouvé”, qui se présente, dans les faits, lors de la visite d’amis ou de la famille. Le moment est
alors venu de remonter sur la Tour Eiffel, d’aller à Notre-Dame ou de visiter les grands magasins. Ces “valeurs sûres” qui font pratiquement partie de la “marque Paris”
semblent rassurer dans un sens les Parisiens.
La Tour Eiffel se situe au premier rang de ces “monuments repères” qui sont la marque du Paris touristique intemporel et qui sont souvent aimés davantage au travers de
leur force représentative que pour leur fréquentation à proprement parler : ça, c’est Paris !
A ce sujet et de façon assez surprenante, la Tour Eiffel, justement, est un faux cliché. Elle occupe une place symbolique très importante pour le “Parisien-touriste”.
Contrairement aux Champs-Elysées, souvent perçus comme vulgaires et contaminés par la “global culture” consumériste, il y a une grande histoire de cœur entre les
Parisiens et la Tour Eiffel. C’est un monument incarné, qui à lui seul contient à la fois l’idée, le goût de Paris (son design) et son aura dans le reste du monde.
La Seine bénéficie également dans le cœur des Parisiens d’un statut très particulier : elle est, elle aussi, un de leurs repères préférés, alliant à la fois la dimension
monumentale et l’intimité.
as a tourist
TENDANCE 2 & 3
Paris-sur-Seine, transformations du “vivre ensemble”
Nous l’avons vu, le monumental cohabite donc avec le “village de Paris”, celui des quartiers résidentiels et commerçants auquel chacun est attaché pour des raisons
différentes. Ce Paris-Villages est un Paris “sur mesure”, plus confidentiel qui commence souvent en bas de chez soi ; c’est aussi un Paris plus relationnel et plus intimiste,
un Paris plus social. Il gagne du terrain en ce que les besoins se (re)localisent et les enjeux de proximité se renforcent en matière de consommation, d’activités culturelles
et de vie sociale.
Il est actuellement le terrain d’une transformation sociale visible et transversale : cette transformation s’exprime au travers d’une vie de quartier renforcée et d’une
volonté de “tester” de nouveaux modèles du “vivre ensemble”. Ainsi ce sont dans ces nouveaux villages qu’émergent des tiers-lieux, des espaces de co-working, de
nouvelles formes d’engagement civique ou de co-création. L’exemple de l’innovation numérique avec une initiative comme La Cantine illustre bien cette tendance. Si le
Paris monumental rassemble autour du passé, le Paris intime se tourne plus volontiers vers le futur et la volonté d’agir en mode collectif.
Le touriste parisien assimile par ailleurs parfaitement la sociologie des arrondissements, zones communautaires et identitaires jalonnées de frontières invisibles qui
structurent fortement l’espace urbain. Etre un touriste à Paris, c’est donc aussi se promener dans la société, tout simplement en changeant d’arrondissement : sortir
d’une bouche de métro “en terre inconnue” et faire l’expérience d’une autre “tribu” pour quelques heures. Mais c’est aussi revendiquer une appartenance sociale et son
attachement à un quartier d’origine parce que “je ne pourrais jamais vivre dans le 16ème ou... dans le 20ème !”.
Paris, je t’aime moi non plus
Les contraintes de temps, la pression, le manque de spontanéité dans les relations sociales font partie des critiques courantes adressées à la vie parisienne. Et cependant,
la plupart des répondants ne quitteraient Paris pour rien au monde. Simplement parce qu’il y a un prix à payer pour vivre à Paris. Les interrogés le reconnaissent avec
fatalité : la grisaille fait même partie intégrante de leur expérience de Paris. Plus généralement, les Parisiens se plaisent aussi à dire qu’ils souffrent. Leur relation avec
la ville reste ainsi passionnelle et paradoxale. Le Paris préféré n’est pas très loin d’un Paris sublimé, pas toujours en phase avec l’expérience quotidienne de la ville.
Rien de mieux que le témoignage de Sophie pour saisir cette idée : “Ce que j’ai du mal à comprendre, c’est que tu travailles comme un chien, tu te tapes une heure de bouchons,
tu vis dans dix mètres carré et quand on t’interroge sur Paris... tu réponds que des trucs géniaux ! C’est quand même évocateur. Moi j’arriverai sans doute jamais à partir d’ici. Mon
entourage me dit que je serais trop malheureuse sans Paris, comme si Paris était une personne ! Ca c’est inestimable, une ville qui ressemble à une personne...”
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LE PETIT PARISIEN
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la Cité des Fleurs
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Musée de la vie romantique
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LE PETIT VENDÔME
LE DERRIÈRE
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terrasse de l’hôtel Westin
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Ground Zero
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Les 3 maillets
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piscine de Pontoise
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L’Imprévu
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MARCHÉ SAINT MARTIN
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Le square Trousseau
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ANALYSE COMPLéMENTAIRE
Nous avons interrogé les Parisiens sur leurs lieux de
prédilection, en leur demandant de citer spontanément
leurs trois endroits préférés à Paris dans chacune des
catégories suivantes : Quartiers / Places / Monuments
/ Parcs & Jardins / Musées. A partir de leurs réponses
nous avons établi le Top 5 des lieux préférés des Parisiens
dans chaque domaine. A titre d’exemple, 64,75% des
Parisiens interrogés ont cité la Place de la République
comme figurant parmi leurs places préférées à Paris.
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LIEUX PRÉFÉRÉS DES
PARISIENS : TOP 5
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Buttes Chaumont
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Parc Montsouris
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N°5
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Jardin des Tuileries
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Notre Dame de Paris
48,50%
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la Pyramide du Louvre
41,50%
N°3
N°4
N°5
Le Sacré-Cœur
24,75%
La Concorde
22,75%
L’Arc de Triomphe
17,75%
N°6
la Tour Eiffel
15%
CONSTATS
TRANSVERSAUX
TENDANCE 1
LA GéOGRAPHIE DU PARIS PRéFéRé DES PARISIENS éVOLUE
Première conclusion de l’étude : le rapport rive gauche - rive droite se transforme. En perception, le découpage des différents quartiers ou zones géographiques est
clair : il apparaît sur nos différentes cartographies que le nord de Paris attire davantage que le sud. Au nord, c’est le nord-est qui “bouillonne” le plus quand au sud,
le sud-ouest semble relativement moins attractif dès lors qu’il s’agit de sortir dîner (Foodie), danser (By Night), aiguiser sa curiosité (Arty / As a tourist), etc. Même
lorsqu’il s’agit de faire des courses (Shopping), on s’aperçoit que les Parisiens vivant à Paris-sud (et particulièrement dans le sud-ouest de Paris) sortent davantage
de leur quartier que ceux du nord qui semblent trouver leur bonheur dans leur environnement immédiat.
Une nouvelle géographie de la vitalité urbaine touchant tous les domaines étudiés semble ainsi se dessiner dans un nord-est de Paris étendu allant du 18ème au
nord du 12ème. Dans cette zone, à l’instar de ce que l’on voit à New York et à Londres par exemple, les quartiers se rebaptisent - comme s’il s’agissait de désigner
un nouveau projet de quartier. SoPi (South Pigalle) est “né” il y a déjà quelques années, NoMo (North Montmartre) semble bien parti pour prendre la même voie. East
Belleville ou MaBaCha (Marais-Bastille-Charonne) peuvent-ils exister demain ? La question est posée…
A cette géographie de la vitalité et de la créativité relative aux notions d’énergie et de dynamisme se superpose une géographie du plaisir ou des plaisirs. Des plaisirs
souvent simples, parfois bruts. Ce deuxième niveau géographique est lié au bon : aux bons moments, aux bons produits, aux bons restaurants et parfois même aux
bons sentiments, nous y reviendrons. Il est plus diffus, recoupe différentes réalités de Paris et existe sur l’ensemble du territoire parisien bien qu’il semble là aussi plus
marqué au nord (voir la carte “Paris Foodie” à titre d’exemple).
Finalement, on s’aperçoit en croisant ces deux géographies que ce qui est peut-être le plus important aujourd’hui pour les Parisiens, ce sont précisément ces deux
notions : le bon et l’énergie - quand la norme était davantage centrée autour du beau et d’une certaine idée de l’élégance, il y a quelques années encore. Le fait que
la rive gauche soit finalement assez peu présente dans le référentiel des préférences des Parisiens illustre bien cette idée. C’est donc une transformation sociale
importante à laquelle nous assistons : les valeurs et l’inspiration populaires sont de retour. De là à estimer qu’aujourd’hui, le populaire est devenu le nouveau “chic
parisien”, il n’y a qu’un pas… Le recentrage sur l’essentiel vs l’existentiel semble quoi qu’il en soit manifeste.
CONSTATS
TRANSVERSAUX
TENDANCE 2
PROXIMITé ET BIENVEILLANCE AU CŒUR D’UNE NOUVELLE ESTHéTIQUE PARISIENNE
Les Parisiens privilégient donc aujourd’hui une forme d’épure, d’humilité, de nouveau une forme de simplicité, que ce soit dans les lieux qu’ils fréquentent ou dans leurs
relations sociales. Ce qui est ostentatoire a probablement moins de place dans leur cœur et ils se disent demandeurs de spontanéité. Ils aimeraient d’ailleurs pouvoir
en trouver davantage dans Paris en général - et dans leur vie à Paris, en particulier.
La notion de proximité est essentielle pour les Parisiens. L’ancrage dans leur quartier apparaît comme déterminant. Il est d’ailleurs intéressant de noter que cette
tendance touche Paris et ceux qui font / sont Paris à différents niveaux : que je m’appelle Sophie vivant rue Lepic depuis toujours ou presque, que je sois Inaki
Aizpitarte, chef-entrepreneur propriétaire de plusieurs établissements avenue Parmentier, ou que, dirigeant le BHV, je décide de repositionner mon magasin et de le
rebaptiser “BHV Marais”, au final je suis ancré(e) dans mon quartier : avant d’être Parisien, j’appartiens à mon quartier autant qu’il m’appartient.
Dans ce cadre, les rapports humains sont beaucoup plus valorisés à Paris que dans d’autres capitales. Plusieurs personnes nous ont dit que le fait que Paris reste une
capitale à taille humaine était quelque chose d’inestimable pour eux. Pourquoi ? Sans doute parce que les Parisiens ont besoin de ces relations très individualisées,
très personnalisées, comme celles qu’ils peuvent entretenir avec des commerçants qu’ils connaissent finalement parfois depuis très longtemps. Ils en ont besoin
car ils reconnaissent la valeur ajoutée que ce type de rapports apporte à leur quotidien. La reconnaissance, la chaleur, la complicité qui peuvent parfois naître de la
proximité sont très valorisées à Paris. Et aujourd’hui sans doute davantage que dans le passé, cet état de fait prend encore un nouveau virage avec l’entrée en scène
de toutes ces mouvances collectives et “coollaboratives” que l’on voit émerger dans chacun des domaines étudiés. Les Parisiens sont peut-être aussi tout simplement
un peu moins solitaires ; ils ont peut-être tout simplement davantage besoin et envie de se (re)trouver ensemble qu’avant.
A ce titre, ce que l’on observe dans l’univers de la nuit est bien représentatif de ces nouveaux comportements : nous avons évoqué une nuit moins show-off, une
nuit dans laquelle on veut pouvoir se sentir bien, “entre amis”, au final une nuit parisienne “bienveillante”. Il nous semble que cette notion de bienveillance draine une
nouvelle esthétique parisienne, une esthétique là aussi sans doute moins orientée sur la forme que sur le fond. Elle prend forme dans une démarche ou recherche
de vérité (vérité du produit et de la consommation, vérité des relations, vérité de l’engagement vis-à-vis de personnes ou de lieux etc.) qui n’a pas de prix pour les
Parisiens et à laquelle ils ne renonceraient pour rien au monde : c’est tout à la fois les notions de “Good around the corner” et “Care around the corner”.
CONSTATS
TRANSVERSAUX
AUTRES TENDANCES ET OBSERVATIONS
Une nuance se dégage toutefois : si l’effet du “Paris intime”, voire intimiste, est incontestable, dans le même temps, tout ce qui est magistral / monumental continue
d’émouvoir ou d’impressionner. En définitive, les Parisiens nous disent aimer ce qui est petit et charmant (exemple : la place Sainte Marthe) mais ils restent attachés
à un certain nombre de symboles parisiens beaucoup plus spectaculaires (exemple : la place de la Concorde).
Un autre élément significatif qui a retenu notre attention est lié à la prépondérance de la cuisine, en tant qu’acte de manger, dans les points d’attachement des
répondants : très souvent, ce que choisissent de nous raconter les gens est intimement lié au repas, à la préparation des temps de repas (à la maison ou dehors) ou
encore à la discussion ayant trait aux temps de repas. La tendance #foodlove est très clairement présente ailleurs qu’en France mais c’est peut-être à Paris qu’on
en parle et qu’on y pense le plus. Le #foodtalk / #foodthought serait-il spécifiquement parisien ? A voir…
Au terme de cette étude, il nous semble de manière évidente que les Parisiens aiment Paris. Mais nous l’avons vu, le rapport des Parisiens à leur ville peut être
profondément contrasté pour ne pas dire paradoxal. Notons dans les éléments que regrettent le plus les Parisiens : le manque de nature, d’espace, de temps et
d’improvisation. Finalement, Paris a peut-être aussi, pour ses habitants les défauts de ses qualités : sur la question de l’espace par exemple, c’est peut-être parce
que Paris est une petite capitale plutôt concentrée que la dimension “VillageS” y est bien plus saillante qu’ailleurs (exemples : New York ou Berlin).
Dans ce même ordre d’idées, nous avons cherché à comprendre les “traits de caractère” sur lesquels Paris est moins spontanément identifiée vs d’autres villes
internationales. Il apparaît que Paris semble d’une manière générale moins “débridée” que d’autres : l’énergie festive et la notion d’exutoire nocturne par exemple sont
très peu associées à Paris alors qu’elles le sont à New York, Londres ou encore Istanbul. Les relations sociales, même si elles s’inscrivent dans un cadre d’authenticité
et de sincérité réel, sont probablement plus structurées, peut-être plus conventionnelles qu’à Madrid par exemple, où la convivialité est citée spontanément comme
“facteur de vie” n’ayant pas de prix. Les signes extérieurs et éléments de représentation de soi sont sans doute également plus contraignants à Paris qu’à Londres où
n’importe qui peut devenir quelqu’un d’autre le temps d’une journée ou d’une soirée, s’il le souhaite…
Pour conclure, on émettra l’hypothèse suivante : si les Anglo-saxons semblent avoir gagné la bataille du soft power culturel, on pourrait estimer que Paris garde la
main sur le “chic power” - ce fameux chic parisien ayant toutefois largement évolué, nous l’avons vu : transformation de l’esthétique, de la marque, du goût de Paris
et donc du goût propre aux Parisiens intégrant un référentiel désormais plus populaire.
ÉTUDE
LE PARIS PRÉFÉRÉ DES PARISIENS
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