Présentation de Marie-Claude Drouin, sexologue et coordonnatrice du Comité sur les infections transmissibles sexuellement et par le sang de l’Institut national de santé publique du Québec proposant une analyse des questions liées à la santé posées sur des sites de rencontre gais en ligne.
Des préoccupations de santé d’hommes gais et bisexuels; une analyse des questions posées sur des sites de rencontre gais en ligne
1. Des préoccupations de santé d’hommes gais et bisexuels; une analyse des questions posées sur des sites de rencontre gais en ligne. Par Marie-Claude Drouin, sexologue MA Coordonnatrice du Comité ITSS, Unité ITSS Institut national de santé publique du Québec Sous la direction de Alain Léobon, CNRS. École d’été de l’Axe Internet et santé 18 mai 2011
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12. 4. Résultats Description de l’échantillon selon les sites de rencontre X2=8,676; dl3; p=0,0001*** Rapports protégés: Site de rencontre Jamais ou rarement Souvent ou toujours Total Généraliste québécois 0,9% 99,1% 100,0% SM 3,0% 97,0% 100,0% Généraliste français 7,1% 92,9% 100,0% Bareback 96,0% 4,0% 100,0% Total 22,5% 77,5% 100,0%
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Editor's Notes
Depuis les années 60, période où internet a été développé et ensuite popularisé au niveau de l’information, la communication, le commerce et les relations interpersonnelles, son utilisation n’a cessé d’augmenter chez les internautes. Notons que Statistique Canada a recensé en 2007 que 73% des Canadiens de plus de 16 ans utilisaient internet à des fins personnelles comparativement à 68% en 2005.
Les caractères anonyme, abordable et accessible d’internet, tout comme le fait de pouvoir expérimenter des relations en ligne (approximation) dans une acceptation de soi et de sa sexualité (acceptabilité), font de ce dernier un média intéressant à utiliser pour répondre à ses besoins et ses préoccupations relatifs à la sexualité gaie (Ross et coll., 2007). De plus, internet permet d’augmenter les ressources de santé et de faciliter leur accès, ressources bien souvent manquantes dans les communautés LGBT (Léobon , 2009). Sur la toile, ces HARSAHs peuvent se regrouper selon leurs intérêts sexuels et sociaux sur différents sites de rencontre en ligne formant ainsi des cultures de sexe aussi diversifiées que celles retrouvées dans les lieux de rencontre traditionnels (Léobon et Frigault, 2008). À la différence, ces cultures de sexe sont davantage perméables et diffuses dans l’espace internet (Léobon, 2009; Grov et coll. , 2007). L es sites de rencontre gais en ligne deviennent alors plus qu’un site où il est possible de faire des rencontres affectives et sexuelles, mais aussi un endroit pour trouver du soutien social et moral, et évidemment pour répondre à ses questions. Plusieurs sites de rencontre gais français et québécois se sont dotés d’une section de questions et réponses sur la santé où des intervenants répondent aux préoccupations des usagers du site, et ce, dans un cadre anonyme. Ces préoccupations pouvant être diverses et en même temps spécifiques aux cultures de sexe, il était intéressant d’y jeter un regard analytique.
Les questions réponses de santé : Rubrique développée sur des sites de rencontre en ligne en partenariat avec Sida Info Service (France). Les questions étaient posées par les usagers à partir d’un formulaire à remplir sur les sites de rencontre. Les questions étaient posées dans un cadre anonyme, l’adresse internet de l’usager n’apparaissait pas, et ce dernier choisissait lui-même les éléments du profil sociodémographique qu’il voulait dévoiler (âge, lieu de résidence, comportement de santé sexuelle, sérotriage, et son positionnement (passif/actif). Ce projet était associé à des permanences d’intervention de santé en ligne dans les salles de «chat» des sites de rencontre gais assurées par SIDA Info Service, et à des publicités de SIDA Info Service afin de créer des groupes de discussion.
La distribution par année montre qu’il y a plus de questions de la période de 2005 à 2007. Par site de provenance : Les questions provenaient du site sm (n=474, 37,7%), du site généraliste français (n=424, 33,7%), du site bareback (n=245, 19,5%) et en minorité du site généraliste québécois (n=115, 9,1%). La sur représentativité des sites français et surtout sm et généraliste constitue une limite. Afin de pallier à ce biais, les sites seront décrits individuellement et ensuite une comparaison sera donnée entre eux.
La distribution par année montre qu’il y a plus de questions de la période de 2005 à 2007. Par site de provenance : Les questions provenaient du site sm (n=474, 37,7%), du site généraliste français (n=424, 33,7%), du site bareback (n=245, 19,5%) et en minorité du site généraliste québécois (n=115, 9,1%). La sur représentativité des sites français et surtout sm et généraliste constitue une limite. Afin de pallier à ce biais, les sites seront décrits individuellement et ensuite une comparaison sera donnée entre eux.
Analyse qualitative= pas vraiment une analyse qualitative puriste. Ne s’intègre pas dans un modèle conceptuel. Plutôt une extraction du contenu des questions pour construire une base données permettant une analyse quantitative.
Afin de comparer les sites de rencontre sur les usagers du service de questions réponses et sur les différentes préoccupations, des analyses bivariées ont été réalisées avec les variables du profil et les familles de thèmes
Le but ici n’est pas de décrire les sites de rencontre mais plutôt les usagers du service de questions réponses santé sur ces sites internet. Une différence d’âge est notable entre les sites de rencontre (F=3,047, dl=3, p=0,028).Les usagers su service du site SM étaient les plus vieux.
Les lieux de résidence variaient selon le site de provenance : Les répondants du site généraliste français provenaient aussi surtout de la France (95,6%), et l’autre partie provenait d’ailleurs en Europe (1,9%), et d’ailleurs dans le monde (2,5%). Les usagers du site bareback provenaient aussi surtout de la France (95,0%) et 5,0% d’ailleurs en Europe. Les usagers du site SM ne font pas exception en provenant majoritairement de la France (89,3%), et minoritairement d’ailleurs en Europe (9,6%), du Canada (0,4%) et d’ailleurs dans le monde (0,7%). La majorité des hommes sur le site de rencontre généraliste québécois provenaient du Canada (91,2%), pour le reste 5,3% provenaient de la France et 3,5% d’ailleurs dans le monde. (X 2 =1,083, p=0,000). On voit que même si le site généraliste québécois touchent plus de canadiens, il touche quand même aux autres nationalités. De plus, les canadiens quoique minoritaires sont aussi représentés dans le site sm.
Selon le site de rencontre, les taux de rapports protégés rapportés variaient. Ceux qui se protégeaient le plus sont les usagers du site généraliste québécois (99,1%), ils sont suivis par le site sm (97,0%) et généraliste français (92,9%). Ceux qui affirmaient se protéger le moins souvent étaient les usagers du site bareback (4,0%). (X2=8,676,dl3, p=0,000).
Trié en ordre d’importance, on peut voir que le risque (40,0%), le domaine médical (23,0%) et psychosocial (14,0%) sont les trois sujets qui ont préoccupés le plus souvent les usagers de tous les sites. De façon générale, l’esthétisme, les lieux de rencontre, les pratiques et autres sont les quatre sujets ayant préoccupé le moins souvent les internautes dans leur question posté en ligne.
On voit ici que la dimension du risque (56,5%) est la préoccupation qui a touché le plus d’usagers, suivi des pratiques (29,3%) et de la dimension médicale (16,0%) sur le site SM.
La configuration des préoccupations de santé est différente sur le site généraliste français. La dimension psychosociale (30,0%) est celle qui a été traitée dans le plus de questions, suivi par la dimension médicale (26,4%). De façon équivalente, les pratiques et le risque (16,3%) ont inquiété ces usagers.
Chez les usagers du site bareback, c’est la dimension du risque (49,4%) qui l’emporte (comme pour le site SM) suivi de la dimension médicale (32,2%) et de la transmission des ITS et du VIH (22,2%).
La configuration des préoccupations du site généraliste québécois ressemble davantage à celle du site SM; la dimension du risque (39,1%), des pratiques (20,9%) et la dimension médicale (19,1%) sont celles qui ont préoccupés surtout les usagers du site généraliste québécois.
Toutes les familles de thèmes ont une différence significative quant au site de rencontre à l’exception de deux. Les questions quant au lieu de rencontre et par rapport aux autres sujets n’ont pas obtenus de différence significative selon le groupe de référence. Dans le but d’alléger la présentation, seuls les résultats significatifs seront présentés. On peut constater que la dimension du risque a été plus abordée par les usagers du site SM (52,3%) suivis de ceux du site bareback(24,1%). Dans la même logique, la transmission du VIH et des ITS a préoccupé davantage les usagers du site SM (42,1%) et du site bareback (34,0%). Pareillement, les symptômes des ITS et du VIH ont aussi préoccupé davantage les usagers du site SM (36,4%) et du site bareback (34,8 %). La dimension médicale, elle, a été plus traitée par les usagers du site généraliste français (38,8%), suivis de près par ceux qui avaient le plus de préoccupations par rapport au risque le site bareback (27,3%) et le site SM (26,3%). De la même façon, le domaine du psychosocial a davantage touché les usagers du site généraliste français (72,2%), il en est de même pour les préoccupations quant à la performance sexuelle (63,4% suivis par le site SM), les relations affectives, amoureuses et sociales (72,1%), et l’esthétisme (89,5%). Dans un autre ordre idée, les différentes pratiques ont questionné surtout les usagers du site SM (52,1%), suivis du site généraliste français (25,8 %). Finalement, la terminologie a suscité des questions davantage chez les usagers du site SM (50,0%), suivi de loin parle site généraliste québécois (19,7%).
On peut se questionner à savoir si la différence des préoccupations entre les sites de rencontre est liée directement à la culture de sexe. Il est logique de croire que les pratiques particulières aux différentes cultures de sexe suscitent des questionnements spécifiques qui se retrouvent regroupés dans les différents sites de rencontre. Ces préoccupations de santé sexuelle, physique et psychologique liées aux sexualités minoritaires se posent plus aisément dans un cadre anonyme, ce qu’internet permet.
Critères de réussite: Bonne connaissance de la communauté dans lequel se trouve le contenu analysé= permet une bonne analyse qualitative pour l’extraction des données. Habiletés et connaissance des analyses statistiques