Parution Double Sens dans le magazine Kiné Actualité - Janvier 2012
" Donnez du sens à vos vacances " - Double Sens Dans Mieux Vivre Votre Argent
1. 74 MIEUX VIVRE VOTRE ARGENT N° 445 JUIN 2019
Mieuxvivre
Tourisme
Donnez du
sens à vos
vacances
Combiner découvertes et partage,
tout en s’engageant dans des projets,
voilà le credo des tour-opérateurs
spécialisés dans le tourisme responsable.
Nous avons sélectionné quatre séjours
aux missions diverses.
Enquête: Thierry Beaurepère
L
es Nations unies avaient placé l’année
2017 sous le signe du tourisme durable,
dit aussi responsable. Une ambition qui
trouve écho auprès des voyageurs, de
plusenplussensiblesàl’impactdeleurs
séjours, notamment en matière envi-
ronnementale.SelonuneétuderécentedusiteTravelzoo,
près de sept voyageurs français sur dix se sentent forte-
ment concernés par la préservation de la planète, 47%
étant prêts à augmenter leur budget voyages s’ils sont
assurés de contribuer à protéger la nature. Du rêve à la
réalité, il y a pourtant un fossé. In fine, seulement 2 à 3%
des voyageurs franchissent le pas, à en croire le Syndicat
des entreprises du tour-operating.
La faute à des frontières parfois floues. Du tourisme
écoresponsable, qui vise à limiter l’impact d’un voyage
sur le plan environnemental et sociétal, au tourisme
solidaire favorisant l’économie locale (hébergements et
repas chez l’habitant…), le tourisme durable est un
SRILANKADOUBLESENS
Plantation de coraux à Koggala,
sur la côte sud du Sri Lanka,
au cours d’un voyage solidaire
organisé par Double Sens.
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fourre-tout. Il inclut même l’aide humanitaire dans sa
forme la plus extrême. Les voyageurs eux-mêmes s’y
perdent. « Pour la majorité des Français, le tourisme res-
ponsable est d’abord synonyme de respect du patrimoine,
de la culture et des populations locales. Pour d’autres, c’est
avanttoutlapréservationdelafauneetdelaflore.D’autres
encoreestimentquecelaconsisteessentiellementàfairedes
rencontres avec les habitants et à vivre à la mode locale. Et
15% seulement pensent qu’il s’agit de participer à un chan-
tier solidaire », détaille Julien Buot, directeur de l’asso-
ciation Agir pour un tourisme responsable (ATR,
Tourismesolidaire.org). Le manque de notoriété des
acteurs constitue un autre obstacle. A côté des grands
spécialistesdelarandonnée(AllibertTrekking,Chamina
Voyages, Nomade Aventure…) dont l’engagement est
largement reconnu, ce sont surtout des associations ou
petites agences comme Tamad ou Vision du monde qui
organisent les séjours.
Leslabels,unrepèreet
unegarantiedesérieux
Pour autant, le marché s’organise doucement. Les
professionnels explorent de nouvelles voies, encou-
ragent les voyageurs à oser les expériences participa-
tives, à choisir des circuits moins empruntés… « Le
tourisme responsable est à la croisée des chemins, dans
une situation analogue à celle de l’alimentation il y a vingt
ans. A l’époque, lorsque l’on voulait manger bio, il fallait
choisir des enseignes spécifiques et les prix étaient plus
élevés. Aujourd’hui, on trouve des rayons bio en grandes
surfaces et le marché se démocratise », constate Michel
Nahon, directeur du nouveau site Voyage-solidaire.com
qui sera en ligne d’ici à l’été.
Les labels sont aussi un fort levier pour faire le tri et
rassurer les voyageurs. Il en existe 200 uniquement en
Europe!Deuxsontreconnusmondialement:GreenKey,
créé au Danemark, qui certifie les hébergements pour
leur gestion écoresponsable, et Travel Fife, né au
Royaume-Uni. En France, ATR fédère une trentaine de
tour-opérateurs, des spécialistes de « l’aventure douce »
(activités sportives en pleine nature, par exemple), de la
randonnée et des généralistes. Parmi eux, quatorze sont
certifiés par l’organisme français de contrôle Ecocert sur
la base de critères stricts. Le groupe Voyageurs du
Monde (Voyageursdumonde.fr), avec ses différentes
marques comme Allibert Trekking, Grand Nord Grand
Large, Terres d’Aventure, s’engage, par exemple, à com-
penser l’impact carbone de ses clients en finançant des
projets verts destinés à réduire les émissions de CO2 et
multiplie les circuits écoresponsables.
Côté engagement solidaire, Salaün Holidays (Salaun-
holidays.com) finance des projets locaux (laiterie...)
comme avec son voyage « Madagascar autrement ». De
la compensation carbone à la rencontre des popula-
tions, en passant par des actions solidaires, Double Sens
(Doublesens.fr) a, lui, séduit 1500 voyageurs en 2018,
qui ont déboursé 2200 euros en moyenne. L’entreprise
en espère 5000 d’ici à trois ans. « Le billet d’avion repré-
sente 30% du prix, notre marge atteint 25% et sert à cou-
vrir nos frais, à payer les salariés. Les 45% restants béné-
ficient directement aux populations locales, dont 5%
servent aux financements d’actions solidaires », précise
Aurélien Sens, l’un des deux créateurs. Une transpa-
rence essentielle, alors que cer-
taines dérives jettent le trouble
(voir encadré).
Quant à ceux qui cherchent
une expérience en France, ils
pourront s’intéresser à deux
associations: Accueil Paysan
(Accueil-paysan.com) ou Wwoof (Wwoof.fr) permettent
de profiter gratuitement du gîte et du couvert dans une
ferme biologique en échange d’une participation aux
travaux quotidiens (environ vingt-cinq heures par
semaine). Pour une première approche, nous avons
sélectionné quatre voyages aux missions diverses, et
pour des budgets allant de 1700 à 3000 euros (voirpage
suivante). De quoi vivre une expérience différente, tout
en profitant de séjours dépaysants. Car il ne faut pas
l’oublier, le but de ce type de tourisme est d’abord de
passer de bonnes vacances! ●
Leslimitesdu
«volontourisme»
Certains acteurs, dont les
principaux sont Projects
Abroad ou Planète Urgence,
mixent tourisme et missions
de volontariat (« volontou-
risme ») liées à la santé,
l’éducation, la protection
de l’environnement, parfois
dans le cadre du congé de
solidarité (paiement possible
par son entreprise). Les
marges excessives dégagées
par certains de ces opéra-
teurs sont contestées par des
associations et des profes-
sionnels. « En clair, dénonce
un tour-opérateur, il faut
payer pour être volontaire.
Certaines de ces structures,
qui surfent sur l’émotion, sont
de vraies entreprises et
dégagent des marges
dépassant 60 %. » Le prix,
généralement plusieurs
milliers d’euros, couvre les
frais d’hébergement et la
nourriture, mais l’avion est
en sus. Surtout, des dérives
ont été constatées par
le passé. Projects Abroad,
notamment, a multiplié les
missions dans les orphelinats
au Cambodge, au point
que ces derniers y ont fleuri,
avec des enfants retirés
à leur famille au motif de
leur donner une meilleure
éducation! En 2017, le
tour-opérateur a stoppé ce
type de mission après l’alerte
lancée par plusieurs ONG.
Deux conseils avant de vous
laisser tenter: consultez les
témoignages sur les réseaux
sociaux et soyez sélectif, tant
pour la mission que pour
l’organisme. Car plutôt que
de chercher à se donner
bonne conscience, il convient
de s’interroger sur l’utilité
d’une mission et son bénéfice
réel pour les populations.
Lesdérivesont
transformé
l’humanitaire
enmarchandise
lucrative
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MieuxvivreTourisme
Cameroun: contribuer à préserver la faune
L’association Planète Urgence dispose d’un catalogue
pléthorique, de l’éducation à l’environnement. Notre choix
s’est porté sur un séjour de deux semaines pour effectuer
un suivi écologique dans le parc national de Campo Ma’An.
La collecte des données sur les animaux, afin d’orienter
les actions d’aménagement et de protection, nécessite
de dormir en forêt (sous tente) durant une semaine
et de marcher 10 km/jour. Si vous êtes salarié, vous pouvez
demander un « congé de solidarité » à votre employeur.
Prix: 2450 € (sans le vol). Site: Planete-urgence.org
Inde : favoriser la survie des villages isolés
Quatorze jours pour découvrir les incontournables du
Rajasthan (Taj Mahal, Jaipur…) par le spécialiste de la
randonnée La Balaguère. Le voyage inclut trois jours dans
un village labellisé « Villages Ways ». Son principe? Une
immersion dans la vie locale avec des habitants associés à
un projet en amont, avec hébergement en chambre d’hôtes
et découverte des activités (fabrication de tapis, récolte des
pastèques…). La démarche permet à des populations de
rester vivre sur place grâce à une activité complémentaire.
Prix: à partir de 1735 € (sans le vol). Site: Labalaguère.com
Madagascar: participer à l’éducation
Durant deux semaines, vous partirez explorer les paysages
de l’île-continent, tout en participant à des actions de
développement durable dans une petite ville pendant
cinq jours: animations culturelles et linguistiques, ateliers
d’introduction à l’informatique pour les adultes et
animations socio-éducatives auprès d’enfants. Le reste
du voyage est consacré à la découverte de la capitale
Antananarivo, des lémuriens du parc d’Anja, à des
randonnées dans le massif de l’Isalo…
Prix: à partir de 2370 € (vol inclus). Site: Doublesens.fr
Pérou : partager le quotidien
Lauréat 2017 des Palmes du tourisme durable, remises par
les associations ATD Quart Monde et ATR et par Tourmag.
com, Terres des Andes explore le Pérou en favorisant le
logement chez l’habitant. De la rencontre avec les enfants
pris en charge par l’ONG Enfants des Andes dans la région
de Nasca, à l’immersion avec les communautés locales,
à Paramis (sur les rives du lac Titicaca) et à Chichubamba
(Vallée sacrée), ce périple de seize jours est l’occasion de
les faire bénéficier des retombées économiques du voyage.
Prix: à partir de 3090 € (vol inclus). Site: Terresdesandes.org
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