2. ( SOMMAIRE 2012
tome I
nº1
6 54
16 74 84
4 ÉDITORIAL 64 VARIA
Michel Blay 64 Le CNRS face à la crise de la recherche
6 DOSSIER à la fin des années 1960
Bruno Marnot
L’AVENTURE EUROPÉENNE DU CNRS
À l’heure de l’Europe 74 TÉMOIGNAGE - Philippe Didier, secrétaire général
INTRODUCTION du CNRS de 1983 à 1989
Interview
Denis Guthleben
8 La politique européenne du CNRS 84 Biographie du Pirmat. Une illustration de l’ambiguïté
dans les années 1980 entre pluridisciplinarité et interdisciplinarité au CNRS
Emanuel Bertrand
Pierre Papon
16 L’élaboration du projet ESRF : la coopération
européenne dans le domaine du rayonnement 94 ANALYSES D’OUVRAGES
synchrotron Philip Kitcher. Science, vérité et démocratie
Yves Farge Analyse de Bernard Valade
26 La politique européenne du CNRS Jean-Paul Callède. La sociologie française et la
de 1988 à 1994 pratique sportive (1975-2005). Essai sur le sport.
Jean-François Stuyck-Taillandier Forme et raison de l’échange sportif dans les sociétés
36 La collaboration européenne en sciences modernes.
de l’Univers dans les années 1990 Analyse d’Odile Le Faou
Jean-François Minster
44 Bruxelles vue de l’intérieur 96 TABLE OF CONTENTS
Monika Dietl
54 L’aventure européenne du CNRS : un bilan,
des perspectives…
Pierre Papon et Arnold Migus
3. éditorial
HISTOIRE DE LA RECHERCHE
CONTEMPORAINE
2012 - Tome I - n° 1
Directeur de la publication
Alain Fuchs
Directeur de la rédaction
Michel Blay
Rédacteur en chef
René Bimbot
H
Rédacteur en chef adjoint ISTOIRE DE LA RECHERCHE
Denis Guthleben
CONTEMPORAINE, UNE NOUVELLE
Secrétaire de rédaction
Valérie Burgos REVUE, SANS DOUTE, MAIS AUSSI
Comité de rédaction UNE REVUE QUI DOIT BEAUCOUP
Jean-Gaël Barbara, René Bimbot, À LA REVUE POUR L’HISTOIRE DU CNRS.
Claude Blanckaert, Michel Blay,
Janet Borg, Valérie Burgos, Le travail mené ces dernières années
Corine Defrance, Jocelyn Dufour, pour la réalisation de La revue a permis
Woihiba El Khchai, Denis Guthleben,
Hélène Harter, André Kaspi, de tisser des liens ; des savoirs se sont
Odile Le Faou, Muriel Le Roux, construits et une expérience éditoriale
Isabelle Martelly, Michel Morange
Henri Ostrowiecki, Bernard Valade, s’est développée. Il est ainsi devenu
Catherine Vilkas possible de créer une revue nouvelle et
Conseil scientifique originale. Originale en ce sens qu’elle se
Massimo Borlandi, Eric Brian,
Olivier Darrigol, Claude Debru, Peter veut une histoire de la recherche au
Galison, Enrico Giusti, Robert Halleux, temps présent, une histoire de la
Jean-Pierre Luminet, Efthymios
Nicolaidis, Hans-Jörg Rheinberger, Claire recherche qui se fait ou, du moins, qui
Salomon-Bayet, Hourya Sinaceur, s’est faite depuis la fin de la Seconde
Philippe Taquet
Guerre mondiale. La création d’une telle
Maquette
Page B revue était devenue indispensable à plus
Photos d’un titre. D’abord, il n’en existe pas de
Sauf mention contraire, les photos sont semblable en France ni, semble-t-il, sur
réalisées par le Comité pour
l’histoire du CNRS le plan international. Ensuite, elle doit
http://www.cnrs.fr/ComiHistoCNRS/ permettre par un travail avec les acteurs
http://histoire-cnrs.revues.org de la recherche, en lien avec leurs
Correspondants : voir
http://www.cnrs.fr/ComiHistoCNRS/ archives, de construire un tissu
spip.php?article73 d’informations et de sources pour
Comité pour l’histoire du CNRS l’histoire à venir, pour l’histoire plus
27, rue Damesme
75013 Paris
longue, plus méditée. En outre, et ce n’est
Impression EMD S.A.S. - France
pas la moindre des choses, cette revue
Zone d’Activités Nord devrait favoriser, par son contenu, par
53110 Lassay-les-Châteaux
Dépôt légal : février 2011
cette réflexion sur le vif de la recherche,
ISSN : 1298-9800 l’élaboration de matériaux originaux
ISBN 13 : 978-2-271-07145-3
Achevé d’imprimer en
pour tout travail prospectif. En un certain
N° imprimeur : sens, nous imitons un peu Fontenelle qui,
au XVIIIe siècle, comme secrétaire
perpétuel de l’Académie royale des
sciences, rédigeait chaque année
l’« Histoire » de ce qui s’y était dit et fait.
Il s’attachait à présenter et à mettre en
perspective les différents Mémoires
de l’année tout en en précisant les
4. M i c h e l B l ay
Président du Comité pour l’histoire du C N RS
contextes historiques et scientifiques souvent plus politiques que scientifiques,
dans lesquels s’insérait telle ou telle de préserver la mise en place d’accords
nouvelle recherche. Par cela, et comme bilatéraux et multilatéraux portant sur
nous souhaitons le faire, il menait une des projets bien identifiés avec des
véritable réflexion sur le vif s’élaborant laboratoires bien définis et susceptibles
à partir de la science en acte. ainsi de faire l’objet d’évaluations
Par ailleurs, cette nouvelle revue, publiée scientifiques parfaitement claires.
par le Comité pour l’histoire du CNRS, Ce premier numéro, en donnant
ne restera pas, bien évidemment, à largement la parole aux acteurs de la
l’intérieur du cadre des recherches recherche, aux acteurs d’une recherche
effectuées au CNRS ni même en France. située au cœur de la nécessaire
Son ambition est européenne, voire Constitution européenne, montre les
mondiale. Européenne d’abord comme difficultés de cette construction, mais
en témoigne ce premier numéro qui aussi les espoirs qu’elle suscite.
porte principalement sur la construction À chacun d’en tirer les leçons pour
de l’espace européen de la recherche construire une réflexion prospective ;
dans les années 1980. une réflexion prospective pour l’Europe
Une construction qui, on le sait, n’a pas scientifique et indépendante de demain.
été sans difficulté ni sans contradiction.
Mais une construction qui, finalement,
s’accomplit bien souvent grâce à la
volonté, à la passion et à la ténacité des
scientifiques, à l’importance de leurs
réseaux et de leurs connivences. En un
mot, il importe, pour mettre en place et
développer un grand programme
scientifique et technologique, de les
écouter et de ne pas les mettre sous
la tutelle de simples financiers ou de
managers technocratiques sans
perspective ni ambition scientifique.
Il n’est, bien sûr, pas question de les
écouter comme des messies, mais de
savoir reconnaître les scientifiques dans
leurs compétences, leur exigence
intellectuelle et leur dignité.
Retenons aussi qu’il convient, au-delà
des grandes actions du type PCRD ou
autres, lancées avec grand fracas par la
Commission européenne avec des visées
HISTOIRE
DE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE
5
2012 - Tome I - n° 1
5. DOSSIER
L’Aventure eu
À l’heure de l’Europe
Introduction
Denis Guthleben1
Historien, attaché scientifique au Comité pour l’histoire du CNRS
D
ans sa livraison de printemps 2010, La celui de la toute jeune biologie moléculaire, et
revue pour l’histoire du CNRS a publié la bien loin du giron du CNRS, comme Michel Mo-
première partie d’un dossier consacré à range l’a souligné.
l’aventure européenne de l’établissement, fruit Le nouveau format de notre revue, désormais
d’un séminaire organisé par le Comité pour baptisée Histoire de la recherche contemporaine,
l’histoire du CNRS au cours de l’année universi- permet de regrouper au sein d’un second dos-
taire 2009-2010. Plusieurs témoignages et sier l’ensemble des contributions suivantes au
éclairages historiques, de Robert Chabbal, de séminaire, qui couvrent la période allant des an-
Bernard Jacrot et de Michel Morange, avaient nées 1980 à nos jours. À n’en pas douter, la
permis d’évoquer les « premiers pas » de cette muse Clio veille sur ce projet : c’est une coïnci-
aventure, accomplis au fil des années 1950, dence formidable que le calendrier éditorial de
1960 et 1970. Premiers pas ou… petits pas ? la revue permette ainsi de rassembler des textes
1. Denis Guthleben a été
le responsable de L’heure était encore à ces « réalisations qui, au-delà de leur apparente diversité, for-
l’organisation du séminaire concrètes créant d’abord une solidarité de ment un ensemble très cohérent. Le début des
sur l’Aventure européenne
du CNRS, à l’origine de ce fait », chères à Robert Schuman et à l’inspira- années 1980 a en effet vu la recherche scienti-
dossier. teur de sa déclaration du 9 mai 1950, Jean fique pénétrer au cœur des préoccupations de
2. Cern: Conseil européen Monnet. Ainsi que Robert Chabbal et Bernard l’Europe communautaire, une tendance qui n’a
pour la recherche nucléaire
Jacrot l’ont relevé, le Cern2 et, dans un contexte fait que s’amplifier à mesure des années pour
3. EMBL: European Molecular plus franco-allemand, l’Institut Laue-Langevin atteindre les proportions qu’on lui connaît au-
Biology Laboratory
de Grenoble comptaient parmi ces initiatives de jourd’hui – avec néanmoins toujours les forces
4. EMBO: European
Molecular Biology la première heure dans le champ de la re- et les faiblesses de notre espace européen de la
Organization cherche scientifique – des réalisations qui, soit recherche, auxquelles nos intervenants n’ont ja-
5. Esprit: European Strategic dit en passant, étaient tout sauf des « petits » mais manqué de faire référence. Dès l’origine,
Program on Research in
Information Technology
pas, tant du point de vue de l’importance des ce mouvement s’est notamment traduit par le
infrastructures que sous l’angle des avancées lancement de ces grands programmes dont les
scientifiques qu’elles ont permises. Idem pour Européens ne sont pas les seuls à avoir le secret
l’EMBL3 et l’EMBO4 dans un domaine différent, – Esprit5, Brite, Race, Bridge ou Eureka lancé en
HISTOIRE
DE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE
6
2012 - Tome I - N° 1
7. DOSSIER
La politique
européenne du CNRS
dans les années 1980
P i e r r e Pa p o n
Pierre Papon, directeur général du CNRS
entre 1982 et 1986, revient sur son expérience à
la tête du Centre pour évoquer l’Europe de la
recherche dans les années 1980. Au début de la
décennie, le Président de la République française
nouvellement élu, François Mitterrand, a pour
ambition de rendre indépendante et
compétitive la recherche européenne.
Cette volonté n’est pas nouvelle, mais elle prend
de l’ampleur à ce moment précis, alors que se
dessine le futur espace européen de la recherche,
qui trouve son équilibre entre coopération
intergouvernementale et fédérale.
E
n introduction, je reprendrai le diagnostic péen de la recherche » au début des années
porté par Robert Chabbal sur la façon dont 1980, des graines avaient déjà été semées :
les laboratoires du CNRS et de l’Univer- l’ESA3, l’ESO4, l’EMBO5 et l’ESF6 avaient vu le
sité vivaient l’Europe dans les années 1950 jour, de même que, plus spécifiquement pour le
et 1960 : hormis au Cern1, dont l’aventure a CNRS, l’ILL7, l’Iram8 et l’Eiscat9. En outre, la Com-
commencé dans les années 1950, l’Europe mission avait lancé ses premières actions euro-
n’était pas pour eux une grande préoccupation. péennes en 1974.
Le regard des scientifiques, surtout au CNRS,
était alors tourné vers les États-Unis, et faire un
post-doc outre-Atlantique équivalait à effectuer
|Le contexte : pour de la
une amplification
un pèlerinage à La Mecque. Je suis d’ailleurs coopération européenne
moi-même allé aux États-Unis après ma thèse. Concernant les années 1980, que j’ai connues
Un changement a néanmoins commencé à s’en- comme directeur général du CNRS, je parlerai
gager dans les années 1970. Je dirigeais alors d’abord de la politique du CNRS sous l’angle
une équipe de recherche associée au CNRS, et je des outils et moyens qui existaient ou qui ont
me souviens que nous avons établi des coopé- été créés à l’époque pour développer des coo-
rations avec une équipe italienne, une autre bri- pérations avec nos partenaires européens, en
tannique, ainsi qu’une équipe suisse d’IBM2 débutant toutefois par une évocation très brève
dont le patron, Alex Müller, allait obtenir quinze du contexte politique. Une loi d’orientation et
ans plus tard le prix Nobel de physique. Dès lors, de programmation (LOP) avait été votée en juil-
si on ne parlait pas encore d’un « espace euro- let 1982, à la suite du colloque national de la
HISTOIRE
DE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE
8
2012 - Tome I - N° 1
8. DOSSIER
L’Élaboration
du projet ESRF
la coopération européenne
dans le domaine du
rayonnement synchrotron
Y v e s Fa r g e Premier directeur du laboratoire Lure (Laboratoire pour
l’utilisation du rayonnement électromagnétique) en
1971, président du Comité du rayonnement synchrotron
de l’ESF (Fondation Européenne de la Science)
entre 1979 et 1985, Yves Farge évoque son expérience
à la tête du groupe de travail européen chargé de
concevoir le projet ESRF (European Synchrotron
Radiation Facility) et fait le récit d’une aventure
exemplaire en matière de coopération scientifique
européenne. Des années 1970 à nos jours, retour sur
la « saga » du rayonnement synchrotron en France et
en Europe, à laquelle a largement participé le CNRS.
J
e ne vais pas parler uniquement de l’ESRF, LAL, Pierre Marin, concepteur d’ACO,André Au-
car le CNRS a joué un rôle important dans thier, cristallographe et Vittorio Luzzati, biophy-
l’ensemble de la saga du rayonnement sicien travaillant avec son équipe sur les
synchrotron en France. Je parlerai d’abord de structures de protéines et les membranes. Pierre
cette saga, puis de l’ESRF. Marin exposa ce qu’est le rayonnement synch-
Au cours d’un séjour post-doctoral aux États- rotron. La machine existante, ACO, émettait
Unis, j’ai rencontré Marco Fontana qui m’a ap- dans la lumière visible, l’ultraviolet, surtout l’ul-
pris ce qu’était le rayonnement synchrotron, et traviolet lointain et les rayons X mous pour les-
qu’un anneau de stockage (ACO) était en ser- quels nous avions des détecteurs mais pas de
vice à Orsay, fabriqué par le Laboratoire de l’Ac- source lumineuse. Une deuxième machine d’une
célérateur Linéaire (LAL) pour faire des collisions énergie supérieure (DCI) allait être construite ; le
entre électrons et positrons ; le rayonnement rayonnement qu’elle produirait serait particuliè-
synchrotron produit par cette machine n’était rement intéressant dans le domaine des rayons
pas utilisé. En décembre 1970, j’en ai parlé à X, utilisés pour déterminer les structures cristal-
Jacques Friedel qui a sur le champ organisé un lographiques des matériaux et en particulier des
déjeuner avec André Lagarrigue, directeur du protéines et c’est lors de ce déjeuner que tout a
HISTOIRE
16
DE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE
2012 - Tome I - N° 1
9. DOSSIER
La politique
européenne du CNRS
de 1988 à 1994
J e a n - F r a n ç o i s S t u y c k-Ta i l l a n d i e r
Jean-François Stuyck-Taillandier a occupé
la fonction de directeur des relations
internationales du CNRS entre 1988 et 1994,
lorsque François Kourilsky en était le directeur
général. Il revient sur la politique européenne
et internationale du Centre à cette époque
et s’attache à dépeindre l’atmosphère de cette
période charnière de l’histoire de la recherche
européenne.
J
e vais vous parler de la politique internatio- mon prédécesseur et ami Jean-François Miquel,
nale et plus précisément de la politique eu- dont je reparlerai, et contrairement à mes suc-
ropéenne du CNRS entre 1988 et 1994, cesseurs, dont je ne parlerai pas, je n’étais ni un
période durant laquelle j’ai assuré la direction agent du CNRS, ni même un scientifique. Je ve-
des relations internationales de ce prestigieux nais en effet du ministère des Affaires étran-
organisme. Je ne vais pas vous abreuver de chif- gères, où j’avais passé de nombreuses années
fres et de statistiques pour deux raisons : d’au- tant en poste à l’étranger qu’à la Centrale, dans
tres l’ont fait ou le feront bien mieux que moi la direction en charge des affaires scientifiques.
et, de toute manière, je ne possède ni ces chif- Je précise bien que je n’étais pas un scientifique
fres ni ces statistiques. Je vais en revanche vous car, malgré une formation dans ce domaine, je
parler de l’atmosphère de cette époque et de la n’avais pas de thèse. Or, pour moi, on n’est pas
façon dont nous avons essayé de répondre à des un scientifique sans recherche et donc sans
demandes et propositions émanant de la France thèse. Cela n’empêchait d’ailleurs pas le minis-
et de l’étranger. tère des Affaires étrangères de me considérer
comme un scientifique, mais ce ministère a par-
|Du ministère des Affaires
étrangères…
fois quelques difficultés avec le monde réel.
Je suis donc arrivé au CNRS avec ce que je
Pour ce faire, il est malheureusement nécessaire considère comme deux atouts. Le premier est
de personnaliser un peu cette affaire en présen- que, quelles que soient les méchancetés que l’on
tant quelques-uns des acteurs. Je dis malheu- peut dire sur les Affaires étrangères, c’est un en-
reusement car je suis obligé de commencer par droit où l’on est capable d’élaborer une poli-
moi, mais cela sera court. Je suis arrivé au CNRS tique, dans le domaine politique même mais
en 1988 pour prendre cette fonction avec une aussi dans les domaines économique et scienti-
caractéristique importante : contrairement à fique. J’ai eu le plaisir de travailler avec un cer-
HISTOIRE
26
DE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE
2012 - Tome I - N° 1
10. DOSSIER
La collaboration
européenne en sciences
de l’Univers
dans les années 1990
Jean-François Minster Diplômé de l’École polytechnique, Jean-François
Minster a soutenu son doctorat d’État à
l’Institut de physique du globe de Paris, où il a
créé le laboratoire de physique et de chimie de
l’hydrosphère. Par ailleurs, il a dirigé le
laboratoire d’océanographie et de géophysique
puis l’Institut des sciences de la Terre de
Toulouse, de 1990 à 1996, avant de prendre la
direction de l’Insu jusqu’en 2000. Il revient sur
cette période riche de l’histoire de l’Insu, qu’il a
quitté pour prendre la présidence de l’Ifremer.
L
a question qui m’est posée, c’est de parler suis conscient de ces limites et je ne prétends
de l’aventure européenne du CNRS pen- pas faire un travail d’historien. J’ajoute égale-
dant la période où j’ai été directeur de ment que je n’ai pas travaillé seul, mais avec
l’Insu. Évidemment, c’est un peu compliqué pour toutes les équipes qui font marcher un départe-
plusieurs raisons. D’une part, je n’ai dirigé l’Insu ment au sein du CNRS. Une bonne partie de
que pendant trois ans et demi : on commence toutes les analyses que je fais aujourd’hui est le
juste à apprendre son travail, à comprendre le résultat de ce travail d’équipe.
fonctionnement du CNRS, à s’initier aux autres
disciplines avec l’aide des directeurs scienti-
fiques adjoints, et en particulier dans mon cas, il
|Le travail d’un directeur
de l’Insu
fallait que j’apprenne l’astronomie. Le directeur Je considère que le travail de directeur scienti-
de l’Insu étant nommé par le directeur général fique est d’être au service de sa discipline, ce qui
du CNRS et par le ministre de la Recherche, il y ne signifie pas simplement d’affecter les moyens
a donc aussi des interfaces avec le monde poli- du CNRS. J’avais des a priori quand je suis arrivé
tique qu’il faut apprendre. D’autre part, je me à l’Insu, notamment celui qu’un programme
suis plongé dans les archives mais je sais que je n’est pas une niche écologique pour une popu-
les ai relues avec ma mémoire défaillante et lation. En fait je n’ai eu de cesse de casser les
avec le biais de mon expérience postérieure, niches écologiques des chercheurs dans leur pé-
parce que mon engagement européen a été très rimètre de programme et les pousser à travailler
actif à l’Ifremer. Ma vision des dimensions euro- en partenariat avec l’extérieur. Je trouvais que
péennes des années 1990 est donc biaisée. Je le boulot de directeur scientifique de l’Insu, le
HISTOIRE
36
DE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE
2012 - Tome I - N° 1
11. DOSSIER
Bruxelles
vue de l’intérieur
Monika Dietl, directrice du Bureau du CNRS à
Bruxelles, partage les réflexions qui font
aujourd’hui débat autour de la Commission
Monika Dietl européenne. Tour à tour experte mise à
disposition par le CNRS auprès de la Commission
européenne, présidente du Clora en 2009 et
aujourd’hui directrice du bureau Cost
(programme cadre de coopération scientifique
et technique intergouvernemental), elle dresse
un portrait vivant de l’espace européen de la
recherche, vécu de l’intérieur. Dans une Europe
complexe et en constante évolution, où le CNRS
tente de conserver son leadership scientifique,
Monika Dietl rappelle que ce sont avant tout les
chercheurs qui construisent par leur travail
l’Europe de la recherche.
|Pour une excellence
J
e suis partie à la Commission européenne il
y a un peu plus de 5 ans comme experte na- administrative
tionale détachée. Je ne présenterai cepen- L’Europe de la recherche, qui était déjà fort com-
dant pas aujourd’hui le programme-cadre, ni les pliquée, continue dans cette voie : les pro-
activités du Bureau de Bruxelles. Je partagerai grammes se sont multipliés, de nouvelles entités
plutôt les réflexions, les pensées, les idées qui légales qui font de la recherche ou qui la finan-
font débat actuellement. On oublie parfois, à cent sont créées, les règles se complexifient au
force de travailler sur des dossiers, que l’aven- point que l’on s’y perd. Complexification aussi,
ture européenne est en fait et avant tout celle de avec la réforme en France et la création des al-
nos chercheurs, ceux qui ont le courage de coor- liances qui se mettent en place, l’articulation et
donner des projets transnationaux. Lorsqu’il le positionnement de nos organismes et de nos
s’agit de projets financés et coordonnés à universités, des alliances parallèles créées à
l’échelle de l’Union, cela exige notamment un l’échelle européenne et, enfin, l’espace euro-
investissement tout particulier de leur part et de péen de la recherche qui s’ouvre maintenant de
leur entourage professionnel, sans compter les manière très volontariste sur le monde.Tout cela
répercussions sur la vie familiale. Souvent, dans nous rend parfois la vie très difficile.
les discussions que l’on mène avec le ministère, Aujourd’hui, on entend sans cesse qu’il faut
la Commission européenne ou le Parlement, on se coordonner, que l’on n’est pas assez efficace,
a l’impression que ceux qui dessinent les qu’il faut se concerter en amont, qu’il faut tra-
grandes stratégies de l’Union européenne en vailler ensemble en aval… et, tout cela, à tout
matière de recherche oublient un peu qu’au final prix! Parfois je me demande: à quel prix? Je dé-
c’est le chercheur qui devra mener de front cette fends beaucoup la diversité, la spécificité de nos
politique ! organismes. Je pense, et cela devient une convic-
HISTOIRE
44
DE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE
2012 - Tome I - N° 1
12. DOSSIER
L’aventure
européenne du CNRS
un bilan,
des perspectives… Lors de la dernière rencontre du séminaire
P i e r r e Pa p o n « L’aventure européenne du CNRS », Pierre Papon
et Arnold Migus et Arnold Migus, tous deux anciens directeurs
généraux de l’établissement, brossent le tableau
de l’Europe de la recherche, depuis l’après
Deuxième Guerre mondiale jusqu’à l’aube des
années 2010. Évoquant ses succès et ses échecs,
ils en tirent les enseignements, dressent un bilan
et esquissent des perspectives pour les années
à venir : quel sera le visage de la recherche
européenne de demain ?
|Leslagrandes avenues1945
«
de recherche après
» Je pourrais brosser aussi un tableau de la
science à l’époque : la physique nucléaire avait
Pierre Papon : Dans les années d’après- fait sa percée et Hiroshima l’avait montré ; l’in-
guerre, il y avait déjà une vision de ce qu’allait formatique, quelques années après cet appel de
être la science dans les années 1950 et 1960. Schrödinger, allait faire ses débuts. On savait
J’en veux pour preuve un passage d’un petit donc à peu près ce qu’allaient être les grandes
livre que je cite souvent d’un physicien autri- avenues de la science mondiale, y compris vers
chien bien connu, Schrödinger, qui avait passé l’espace : les premières fusées avaient fait leurs
la guerre à Dublin après avoir fui l’Anschluss. preuves, malheureusement, avec les V1 et les V2
Schrödinger est célèbre grâce à son équation et fabriquées à Peenemünde en particulier par
à sa contribution à la physique quantique, mais Wernher von Braun, que les Américains allaient
dans un livre publié en 1944 intitulé Qu’est-ce exfiltrer d’Allemagne. En 1944-1945, l’Europe
que la vie? il écrivait : « La fibre chromosomique continentale était par terre, le Royaume-Uni
contient chiffrée dans une sorte de code minia- avait réussi à survivre à la guerre avec son po-
ture tout le devenir d’un organisme, de son dé- tentiel scientifique, mais la France, l’Allemagne,
veloppement, de son fonctionnement… » Dans les grandes puissances scientifiques d’avant-
la foulée, un certain nombre de biologistes et de guerre avaient leur potentiel démoli physique-
physiciens ont dit : « Ah ! Il y a, derrière ça, ment. C’est alors qu’à la fin des années 1940,
l’amorce d’une nouvelle vision de la biologie », un certain nombre d’hommes politiques ont
et certains physiciens, dont Max Perutz, se sont voulu construire l’Europe et en particulier faire
convertis à la biologie, lançant le mouvement de de la science l’un des outils d’une coopération
la biologie moléculaire. européenne.
HISTOIRE
54
DE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE
2012 - Tome I - N° 1
15. VARIA
Biographie
du Pirmat
(1982-1994).
Une illustration
de l’ambiguïté entre
pluridisciplinarité
et interdisciplinarité
Au début des années 1980, le CNRS prend une
au CNRS initiative dans le domaine de la recherche sur les
Emanuel Bertrand matériaux, domaine en plein essor dans divers pays
depuis les années 1960. Ainsi, le Programme
Emanuel Bertrand, Centre interdisciplinaire de recherche sur les matériaux du
Alexandre Koyré, UMR 8560
(CNRS/EHESS/MNHN), 27 rue CNRS, ou Pirmat, dure de 1982 à 1994. Au début de
Damesme, 75013 Paris, et ESPCI- cette période, la recherche sur les matériaux est
ParisTech, Direction des études, officiellement présentée, par le gouvernement,
10 rue Vauquelin, 75231 Paris
comme une priorité nationale. En racontant une
Cedex 05 ; adresse électronique :
emanuel.bertrand@espci.fr. histoire du Pirmat, cet article essaiera de montrer en
quoi l’effort budgétaire public correspondant n’a
jamais été à la hauteur de ce statut prioritaire
Maître de conférences à l’ESPCI revendiqué. Cette biographie du Pirmat sera aussi
ParisTech depuis 2003, Emanuel l’occasion d’aborder la question plus générale de la
Bertrand a travaillé, jusqu’en mise en œuvre de l’interdisciplinarité au CNRS. En
2009, sur la physique des
interfaces et des colloïdes.
particulier, l’ambiguïté entretenue entre
En 2009, il a entrepris une pluridisciplinarité et interdisciplinarité, ainsi que de
reconversion thématique réels obstacles à cette dernière, liés à la structure
radicale, et effectue désormais
institutionnelle du CNRS, seront mis en évidence.
ses recherches en histoire
et sociologie des sciences.
HISTOIRE
84
DE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE
2012 - Tome I - N° 1
16. ( TABLE OF CONTENTS
EDITORIAL
Michel Blay
DOSSIER
CNRS'S EUROPEAN ADVENTURE
CNRS AND EUROPE
Introduction
Denis Guthleben
CNRS's European Policy in the 1980s
Pierre Papon
Pierre Papon recalls his experience as General Director of CNRS, from 1982 to 1986 and evokes European research in
the 1980s. At the beginning of that decade, France's new President François Mitterrand intends to give European
research greater independence and make it more competitive. This longstanding goal becomes increasingly important,
as the future European Research Area begins to take shape and to find a balance between federal and
intergovernmental cooperation.
ESRF Development:
The European Synchrotron Radiation Facility
Yves Farge
First director of Lure (Laboratory for Electromagnetic Radiation Use) in 1971, president of the committee established by
the European Science Foundation to develop the ESRF (European Synchrotron Radiation Facility) from 1979 to 1985,
Yves Farge remembers his experience at the head of this working group and tells an exemplary story of European
scientific cooperation. The CNRS history committee looks back on the synchrotron radiation “saga” in France and
Europe, in which CNRS played a key role.
CNRS's European Policy from 1988 to 1994
Jean-François Stuyck-Taillandier
Jean-François Stuyck-Taillandier was director of international relations at CNRS, from 1988 to 1994. He gives an
overview of the organization's European and international policy during that period, providing a detailed description of
the atmosphere surrounding this turning point in the history of European research.
European Collaboration in Sciences of the Universe in the 1990s
Jean-François Minster
A graduate from École polytechnique, Jean-François Minster holds a PhD from the Institut de physique du globe in Paris,
where he set up the laboratory of physics and chemistry of the hydrosphere. He headed the Earth Science Institute in
Toulouse from 1990 to 1996, then became director of the National Institute for Earth Sciences and Astronomy (Insu).
Jean-François Minster looks back on this important period in the history of Insu, which he left in 2000 to become
chairman of the French Research Institute for Exploration of the Sea (Ifremer).
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17. Brussels Seen from within
Monika Dietl
Rather than listing the activities of CNRS’s Brussels office, Monika Dietl, who managed it in the early 2010s, prefers to
discuss current European Commission issues. Former CNRS expert on secondment in Brussels, President of Clora in
2009,current COST (European Cooperation in Science and Technology) Office Director, she draws a dynamic portrait from
within the European Research Area. In an increasingly complex Europe, where CNRS seeks to maintain its scientific
leadership, she reminds us that researchers are the first builders of European research.
CNRS's European Adventure: Assessment and Prospects
Pierre Papon and Arnold Migus
During the last meeting of the “CNRS European Adventure” seminar Pierre Papon and Arnold Migus, both former General
Directors of the National Center for Scientific Research, provide a picture of European research between the end of
WorldWar II and the very beginning of the 2010s. By mentioning its successes and setbacks, they highlight the lessons to
be drawn, make a general assessment of the period and try to answer the following question: What will research be like in
tomorrow’s Europe?
MISCELLANEOUS
Late 1960s: CNRS Faces the Crisis in Research
Bruno Marnot
From the 1960s onwards the developed world rejected the traditional objectives of fundamental research, which was
blamed for being on a different wavelength and not meeting society’s needs. Its capacity to innovate and contribute to a
competitive economy was also questioned. France had to reflect on the future of its fundamental research. This was the
beginning of a major change in the history of CNRS, which was the pillar institution of the French research system.
TESTIMONY: Philippe Didier, CNRS Secretary-General from 1983 to 1989
From 1983 to 1989, Philippe Didier was Secretary General of CNRS under the management of Pierre Papon, Serge
Feneuille and François Kourilsky. Following a conference focused on CNRS in the 1980s, he agreed to recount his careeer
within the organization. This review publishes excerpts of his interview, which is kept in its entirety by the CNRS History
Commitee. This article provides an opportunity to explore six key years of CNRS administration.
Pirmat's Biography: an Illustration of the Ambiguity Between Pluridisciplinarity
and Interdisciplinarity at CNRS
Emanuel Bertrand
At the beginning of the 1980s, CNRS took an initiative in materials research – a field that had been thriving in many
countries since the 1960s. The corresponding interdisciplinary program in materials research (Pirmat) lasted from 1982 until
1994.When it was launched, research in this field was officially described as a national priority by the government. By
telling the story of Pirmat, this article seeks to demonstrate that the effort in terms of public budget was never up to this
ambition.
This “biography” of the Pirmat programme will also raise the more general question of interdisciplinarity at CNRS. In
particular, the constant ambiguity between multidisciplinarity and interdisciplinarity, as well as genuine obstacles to the
latter – due to the institutional structure of CNRS – will be highlighted.
BOOK REVIEWS
Philip Kitcher. Science, vérité et démocratie
Analysis by Bernard Valade
Jean-Paul Callède. La Sociologie française et la pratique sportive (1975-2005)
Essai sur le sport. Forme et raison de l’échange sportif dans les sociétés modernes
Analysis by Odile Le Faou
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DE LA RECHERCHE CONTEMPORAINE
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18. Instructions aux auteurs
La revue est de langue française, mais les articles écrits en anglais sont Les emplacements de ces illustrations dans l’article seront indiqués par
également susceptibles d’être acceptés. Son titre, aussi explicite que le nom du document en question, ainsi que sa légende et la mention
possible, doit être donné en français et en anglais. Le Comité de rédac- exacte du copyright.
tion pourra proposer à l’auteur de le modifier en vue de le rendre plus Rappelons que, comme l’ensemble de la revue, elles seront éditées en
intelligible par un large public. L’article doit comporter au maximum deux couleurs (actuellement, noir et bleu), excepté dans la publication
30 000 signes espaces compris (s.e.c.) et être accompagné : électronique où elles pourront être en quadrichromie.
• Du titre en anglais,
• de 5 mots-clés en français et 5 en anglais, Le nombre et le volume des notes de bas de page pouvant être éditées
• d’une présentation de quelques lignes aussi attractive que possible en marge de l’article devront être modérés.
(chapô de moins de 300 s.e.c.) écrit dans la langue de l’article,
• d’un résumé de moins de 600 s.e.c. en français et un abstract de Les sigles et acronymes :
moins de 600 s.e.c. • seront explicités en note de bas de page ou dans le corps de texte lors
de leur première mention
Le nom de chacun des signataires de l’article sera accompagné de son • devront respecter la règle suivante : intégralement en majuscules si
unité d’appartenance et de son adresse électronique. non lisibles comme un mot (ex. : CNRS) ; seule la première lettre en
Une présentation de quelques lignes (<300 s.e.c.) permettra de situer majuscules dans le cas contraire (ex. : Cern, Ganil).
son domaine d’activité et sa fonction.
Les majuscules seront accentuées lorsque cela s’avérera nécessaire.
Sauf accord préalable avec la rédaction, les textes seront fournis en for-
mat .doc ou .rtf, avec une mise en page minimale (Les chapitres et sous- Les références bibliographiques doivent être présentées conformément
chapitres seront indiqués, mais il est inutile de soigner les polices et les aux modèles suivants :
corps de caractères qui seront revus lors de l’édition). Ouvrages : Lacoste Yves, Géopolitique de la Méditerranée, Armand Colin,
Paris, 2006.
Des encadrés pourront permettre d’expliciter un point, ou d’inclure un (Auteur(s), Titre de l’ouvrage, Éditeur, Ville, date.)
aparté si l’auteur le juge utile. Articles : Crozon Michel, Maitte Bernard, « La culture scientifique en
France : institutions, enjeux », Esprit, n° 10, oct. 2001, pp. 105-119.
Des figures, tableaux et illustrations rendant l’article plus attractif sont (Auteur(s) «Titre de l’article », Nom du journal, numéro du journal, date,
également bienvenus. Les illustrations seront fournies, de préférence, pages de début et de fin.)
sous forme de fichier image (format .tif ou .jpg) de bonne résolution
(300 dpi dans le format final). Avant acceptation, le manuscrit sera soumis à deux lecteurs (referees).
Elles seront, de préférence, libres de droit (gratuites). Au cas où le manuscrit n’est pas accepté en l’état, les rapports des refe-
Dans le cas contraire, prière de le faire savoir à la rédaction qui ne les rees seront communiqués à l’auteur (ou aux auteurs), accompagnés
acceptera que si le montant des droits n’est pas trop élevé. éventuellement d’une demande de révision du manuscrit.
Les illustrations ne seront pas intégrées au fichier texte mais fournies en
fichiers annexes. La rédaction
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