1. EXPLICATION
L I T T É R A L E , H I S T O R I Q U E ET DOGMATIQUE,
DES PRIÈRES ET DES CÉRÉMONIES
DE LA MESSE,
SUIVANT LES ANCIENS AUTEURS,
ET LES MONUMEXS DE T O U T E S LES E G L I S E S DU
MO^DE CHRETIEN.
AVEC DES DISSERTATIONS ET DES NOTES SUR LES ENDROITS
DIFFICILES ? E T SUR L* O R I G I N E DES RITES.
F A R L E R. F. P I E R R E L E BRUN,
®rUrt bt ftârafoir*.
NOUVELLE ÉDITION.
TOME SECOND.
L1BKAIM Î E C A T H O L ^ y UJE D E P É R I S S E F R È R E S .
LYON, £ FAIUS,
AffClKXNC MAISON « ' XOVVILLB JIAlSOlf*
Grande rue Mercière, 3 3 , • R u e Saint-Sulpice, 38,
Jtl rue centrale, 68. JJ An$lt de U pl*c« St-Sulpict.
1860
5. EXPLICATION
DE LA MESSE,
P A R L E R . P. P I E R R E L E B R U N .
TOME II.
6.
7. Ce volume contient:
L e s TX p r e m i è r e s D i s s e r t a t i o n s s u r l e s L i t u r -
g i e s : i V ° , i . Sur les Liturgies des IVpremiers
siècles. 2. Sur l'origine des Liturgies écrites.
3 ° . Liturgie Amhrosienne, [. Liturgie Gal-
licane. 5 . Liturgie Mozarabe. 6. Liturgie
de Constantinople. y. Liturgie des Cophtes.
8 . Liturgie des Éthiopiens. 9. Liturgies
des Syriens et des Maronites ;
Où Ton voit ces liturgies , le temps auquel elles ont été écrites ,
comment elles se sont répandues et conservées dans tous les pa-
triachats, leur uniformité dant tout ce qu'il y a d'essentiel au sa-
e
crifice , et cette uniformité abandonnée par les sectaires du XVI
siècle.
8. Iniprîm. l c IV. SC&l'inf aîné, à Avignon. mu H juquerta, 11
9. P R É F A C E
DE L'AUTEUR.
S i je ne donne pas aujourd'hui au public les Dissertations
sur la Messe Latine , que j'ai promises il y a huit ou neuf
ans (r) , je viens lui présenter un ouvrage plus considéra-
ble qui pourra me servir d'excuse et me faire accorder
?
encore quelque délai.
Lorsqu'on imprima le premier Tome , je ne me propo-
sais pas de donner un ouvrage si étendu. Ce n'est pas
que je n'eusse le dessein de comparer autant qu'il me se-
rait possible , Ja messe de l'église latine avec les autres
liturgies de tout le monde chrétien. Mais je ne me flattais
pas de pouvoir les recouvrer toutes , moins encore de les
donner au public avec les éclaircissemens nécessaires. L'ou-
vrage me paraissait trop au-dessus de mes forces. En ef-
fet, comment me promettre de trouver toutes les litur-
gies ? Feu M. l'abbé Renaudot que je consultai, ne con-
naissait point celle des Arméniens schismatiques , et il ne
s'en trouvait rien alors , ni dans la bibliothèque du Roi ,
ni dans aucune autre bibliothèque de France.
Un autre obstacle se présentait encore , c'est qu'il me
semblait que pour travailler sur toutes ces liturgies avec
assurance de ne pas se tromper en donnant la version de
quelques endroits, ou en les éclaircissant , il était néces-
saire de savoir toutes les langues de ces liturgies, le Chal-
déen, le Cophte, l'Ethiopien , l'Arménien , l'Esclavon ,
le Suédois l'Anglais ; et qu'on devrait par conséquent
?
laisser ce soin à quelque personne qui sût toutes ces lan-
gues.
Mais je considérai qu'un tel homme ne se trouverait
pas facilement; et que quand on le trouverait, peut-être
ne serait-il pas capable de faire un pareil ouvrage ; car
Dieu partage souvent les talens entre ceux qui doivent
concourir à une même œuvre. Un seul homme ne lait pas
(t) Ln premier volume avait paru en i/J(>, les suivans ne furent pu-
blias qu'en 1726. iY. de t'Edit.
10. V.C PRÉFACE DE i/àUTEUR.
u n e belle m a i s o n , il faut différentes personnes p o u r a m a s -
ser diffère ns m a t é r i a u x , des ouvriers p o u r t a i l l e r i e s pier-
r e s , d'autres p o u r construire , et un architecte qui dirige
le t o u t . Ceux qui savent plusieurs langues é t r a n g è r e s , pas-
sent souvent p o u r les savoir toutes ; et soit qu'ils se le
p e r s u a d e n t à e u x - m ê m e s , ou qu'ils croient q u ' o n ne s'ap-
percevra pas des fautes qu'ils feront ils hasardent et se
7
t r o m p e n t l o u r d e m e n t . C'est ce qui arriva au savant M . d e
Saumaise. Il crut entendre assez, la langue des C o p h t e s
p o u r faire u n e traduction de leur prière de l'invocation 7
qu'il envoya au ministre Daillé ; mais les s a v a n s , c a t h o -
liques et p r o t e s t u n s , o n t r e c o n n u que cette version n ' é -
tait pas fidèle.
Il est d o u e bien plus à p r o p o s de m e t t r e en m i v r c If!
travail de différons auleurv , qui ont fait chacun u n e é t u d e
particulière d'une de ces langues, ISeun-usement nous trou-
v o n s de semblables secours p o u r les liturgies. M . Ludolf 7
savant protestant , qui s'était (oit appliqué à l'étude de
la langue éthiopienne , a d o n n e en cette langue , avec
u n e traduction de sa lacon plusieurs morceaux de leurs
y
anciennes liturgies. W a n s l e h , encore protestant , et ami
de M . L u d o l f , en avait fait imprimer une a u t r e à la (in
d ' u n e grammaire éthiopienne , et le m ê m e Vvansîeb , d e -
v e n u c a t h o l i q u e , nous a d o n n é , après u n long séjour eu
E g y p t e , b e a u c o u p de connaissance des liturgies et d<">
usages des Cophtes. I/excellent recueil des liturgie.-*
Cophtes et S y r i a q u e s , que M. l'abbé llennudot publia eu
1716*, ne p u t m a n q u e r de m encourager. Des critiques
n ' o n t pas à la vérité épargné quelques endroits des ouvra-
ges de ce savant h o m m e ; mais idessieurs F o u r m o n t , qui
sont si versés dans les- langues orientales . néon?, rendit
ce témoignage eu sa h u e u r , qu'il a traduit exactement
tout l'essentiel des liturgies cophtes.
La crainte que j'avais d e ne pouvoir d o n n e r la liturgie
arménienne avec les ériaiivisseineus nécessaires p o u r
la bien e n t e n d r e , a été heureusement dissipée, (le qui
m'est venu de flonie , de V e n i s e , de Couslanlinople , dtf
P e r s e , une excellente traduction latine, que j'ai eu le bon-
h e u r de trouver , et un grand u o m h r e d'Arméniens qui
s o n t venus à Paris depuis neuf ou dix a n s , m ' o n t mis en
Mat de donner celte liturgie a e c toute r e t e n d u e et les
eclaircissemens que je n osais me p r o m e t t r e .
Si j ' a i pu parvenir à être exactement informé des usages
11. PRÈFACK DE I/ÀIJTKUH. Vil
des pays mêmes les plus éloignés, on peut bien juger qu'il
ne m'a pas été difficile d'être instruit de ceux des peuples
les plus proches de nous. J'ai donc cru pouvoir rassembler
en un seul corps toutes les liturgies du monde chrétien.
Un des principaux usages qu'on peut tirer de ce recueil.
c'est de remarquer ce qu'il y a d'uniforme dans toutes les
liturgies.
Quelle consolation pour un catholique, de voir que cv
qui se pratique maintenant dans nos églises a été observé
dans tous les temps et par toutes les églises du moudo chré-
?
tien ! On trouve partout l'Autel, l'Oblation de Jésus-Christ,
Sa prière par laquelle on demande le changement du pain
et du vin au Corps et au Sang de notre Seigneur, l'ado-
ration de la victime sacrée sur l'autel, la confession de la
présence réelle , et le sacrifice regardé connue la princi-
pale source de toutes les grâces.
Quels que soient ceux qui nous présentent leurs litur-
gies, hérétiques ou schématiques, Nestoriens, Eutychiens
ou Mouopbysites , quelque opposés qu'ils soient entre
e u x , ils nous montrent les mêmes vérités et les mêmes
pratiques. Leurs erreurs n'ont point préjudiné aux vérités
du mystère de l'Eucharistie., Séparés de l'église caiholique
depuis treize cents ans , et sinathématisant les uns les au-
tres , ils n'ont point concerté entre eux , non plus qu'avec
n o u s , pour insérer dans leurs liturgies ce que nous y trou-
vons de conforme à la nôtre. Cette uniformité vient donc
de la première source , qui est la vérité établie avant tou-
tes les hérésies; ( i ) ifturf vent m quod primum.
Après une preuve si authentique et si consolante des vé-
rités que nous professons , qu'il est triste de voir cette
uniformité abandonnée dans le X T siècle par nos frè-
res séparés !
J'ai donné en français la première liturgie anglicane ,
qu'il n'est pas aisé de trouver; et je n'ai pas omis la litur-
gie suédoise, qui est aussi très-rare. Elle nous fait voir
qu'on a quelquefois reconnu le tort qu'on avait eu d'aban-
donner l'ancienne liturgie. Cet aveu ne produisit pas alors
un grand fruit; mais n'y a-t-il point lieu d'en espérer un
plus considérable de ce qu'on a imprimé à Stockholm en
i j o 3 , en donnant l'édition de la Scandinavie de Messe-
tiius: Scantlia ilfustmta. Cet auteur suédois qui est très-
?
(i) TcrlnH. adv* Prajs. t a.
12. VIT! P*I?FACE DE lÎAVTBQH*
exact, et qui a été mon guide dans l'histoire que j'ai faîte
de la liturgie suédoise, a mis à la tête du neuvième tome
une préface très-remarquable. Il y examine de quelle ma-
nière la Scandinavie avait embrassé la religion chrétienne;
et après avoir mis en vue tant de personnes illustres par
leurs miracles, tant de martyrs , de confesseurs de doc- 7
teurs fameux, qui avaient paru dans le nord avant le sei-
zième siècle , il montre qu'il est non-seulement impie 7
mais même absurde, de les avoir abandonnés, comme s'ils
avaient été des imposteurs. Quelques argumcus que les
Evangéliques ( i) puissent apporter pour soutenir leur cause y
il reconnaît qu7/.v ne son! pas capables d'arrêter un homme
prudent tpt! aime son saint.
Si Ton ne trouve pas mauvais à Stockholm , qu'on y
parle et qu'on y écrive avec cette franchise, plaise à Dieu
qu'elle fasse faire des réflexions efficaces pour ramener
enfin à l'unité ceux qui s eu sont séparés.
Après que les novateurs ont abandonné l'essentiel du
sacrifice, ils n'ont pu manquer de rejeter aussi beaucoup
de pratiques et de cérémonies qui se trouvent uniformé-
ment dans toutes ces liturgies. La satisfaction que Y u n i -
formité de l'usage présent avec les anciens rites doit cau-
ser , n'est que pour les catholiques.
Tous ces rites ne se trouvent pas toujours dans les litur-
gies. Il faut souvent les chercher .eu d'autres livres assez,
rares. C'est pourquoi, en donnant les liturgies des peuples
qui nous étaient peu connus, je n'ai rien oublié pour ta-
cher d'être exactement informé de leurs coutumes , en r e -
montant jusqu'à leur origine. Cette recherche devenait
nécessaire, surtout par rapport aux peuples dont on nous
débitait autrefois tant de fables , comme à l'égard des
llussiens , et principalement des Ethiopiens ou Al)iss"ms r
et d'un grand nombre de Jacobites, répandus en plusieurs
pays-
Les Nestoriens qui , depuis treize cents a n s , chassés de
J'Empire, n'ont pas laissé de se multiplier, et de s'établir
jusque dans les régions les plus éloignées, n'ont pu nous
être connus qu'après bien des recherches. J'espère que ce
que j'ai dit de leur origine , de leur progrès et de leur dé-
cadence , ne sera pas inutile.
Tous ces peuples qui nous ont donné leurs liturgies unî-
( i ) C'est le nom que plusieurs protestaus se d o n n e n t .
13. PRÉFACE DE l'a.UTE0R. IX
l O r m e s dans l'essentiel, nous fournissent aussi des maxi-
m e s bien opposées à c e u x qui ne font aucun cas de ce qui
n'est que de discipline. Un des premiers usages que les
novateurs s e soient prescrit e n introduisant de nouvelles
liturgies , a été de les faire célébrer e n langue vulgaire ; et
la plupart se sont persuadés qu'ils suivaient en cela l'usage
de tous les chrétiens orientaux. Mais tous ces orientaux,
au contraire , célèbrent la liturgie dans une langue qvû
n'est plus entendue du peuple, parce qu'ils n'ont pas voulu
assujettir lu liturgie aux vicissitudes du langage populaire:
c'est le sujet de la quatorzième Dissertation.
Enfin il a paru nécessaire de faire une dissertation sur
la manière de réciter les secrètes et le canon de la Messe ,
parce qu'au lieu de trouver présentement un rit uniforme
sur ce p o i n t , on voit en quelques lieux , depuis plusieurs
années, deux usages tout différens dans les mêmes églises.
Les u n s , suivant la rubrique, prononcent les secrètes et
le canon d'une voix non entendue du peuple; les autres
récitent tout à haute voix et se font répondre les Amen du
canon. Parmi ceux-ci, les uns disent que la rubrique n'a
été insérée que fort récemment dans les missels par des
rubricaires peu instruits. D'autres la croient un peu plus
ancienne, et la plupart ne cessent de soutenir que tout était
prononcé à haute voix pendant les huit premiers siècles,
et que l'assemblée répondait Amen aux paroles de la con-
sécration. Or en examinant cette matière avec beaucoup de
soin , j ' a i trouvé au contraire que lu rubrique de nos mis-
sels , qui prescrit la récitation secrète et silencieuse, est de
toute antiquité dans l'église de Rome, dont nous avons pris
le rit depuis Charlamagne: qu'on n'y a jamais fait répon-
dre d'autre Amen que celui qui précède le Pater; qu'à l'é-
gard de plusieurs églises d'Orient, il y a eu des variétés ,
surtout depuis le temps de Justinien ; mais qu'on ne trouve
point de liturgie selon laquelle on n'ait pas récité au moins
une partie des prières secrètement. Voilà ce qu'il m'a fallu
exposer dans la dernière dissertation pour voir c e qui s e
trouverait de plus conforme avec l'ancien rit.
J'espère de donner dans peu de temps les dissertations
sur chaque partie de la Messe, où Von verra les variétés
des églises ; et parmi ces variétés ce qui s'y trouve d'uni-
forme et qui vient de la plus haute antiquité.
14. X
APPROBATION
De M. PinssonnatDocteur de Sorbonnc, Lecteur et Professeur
du Roi au Collège Royal, et Censeur Royal des Livres.
J ' A i I n , p a r o r d r e d e M o n s e i g n e u r ** g a r c l o - d e s - s c e n u x , u n o u v r a g e
q u i a p o u r t i t r e : Dissertations historiques et dogmatiques sur les liturgies
lie toutes les églises du monde chrétien , etc. o ù j e n ' a i r i e n t r o m c q u i n e
soit r o n r o n n e ; u i s u i n t e s r o u t e s d e l à foi c l d e s b o n n e s m œ u r s . C e q u e
l ' a u t o u r a d é j à d o n n é s u r le s a i n t S a c r i f i c e d e l.i M e s s e , a , l ' a i l d é s i r e r
avec sujel cet o u r a g e , qui n e p e u t è t i o q u e t r è s - u t i l e à fKglise. Ou y
v e r r a la m è u i e p i é t é et ta m ê m e é r u d i t i o n q u i o u i p a r u d a n s l e s û u l ' a i e s
p r é c ê d c u s . Donné à Paris ce 22 de mars 171*3.
approbation des Docteurs de Sorbonne.
T j ' o n v n i C E q u ' u n p i e u x et, s a v a n t a u t e u r v i e n l d e c o m p o s e r s o u s c e l i -
t r e , Dissertations historiques et dogmati'iacs sur tes liturgies de tout te
monde eh ré tien , q u e n o u s a o u s l u a e c l'ail e u t i o n q u e d e m a n d e l ' i m p o r -
t a n c e d u s n j e l , n o u s a p a r u d i g n e d e l ' e s t i m e c l d e l ' a p p r o b a t i o n tlu p u -
blic. Q u o i q u e T o n n'y puisse v o i r , sans q u e l q u e s s e n l i m e n s de d o u l e u r ,
t a n t d e n a l i o n s c l d e s e c t e s s c p a i t'es p a r l e s c h i s m e cl p a r r i i é r e s i e d e l a
v é r i t a b l e é g l i s e , q u i est la base et la colonne de ta écrite , o n a la e o u s o l a -
I i o n d'y t r o u v e r d e q u o i c o n v a i n c r e les p r o l e . s l a n . s , a u m i l i e u d e s q u e l s
n o u s v i v o n s , d e la n é c e s s i t é d e r e n t r e r d a n s le s e i n d e l ' é g l i s e l e u r m è r e .
L e s s a i n t s d o c t e u r s d u o n z i è m e s i è c l e e u r e n t a u t r e f o i s la g l o i r e d e r a -
m e n e r a n c e n t r e d e la v é r i t é et d e l ' u n i l é . , l e s d i s c i p l e s d u f a n i e u v ï ï é r e n -
g e r , L'I p o n t - ê t r e l î é n M g c r l u i - m ê m e . e n l e u r f a i s a n t o i r q u ' i l s é t a i e n t
les seuls q u i osassent d o g m a t i s e r c o n t r e la p r é s e n c e réelle de J é s u s - C h r i s t
d a n s la d h i n e iïueharislic. ronrei-rous souffrir , leur disait-on que
entre nom soit diffamé jnsqncs-tà . que l'on dise de rous que cous pensez au-
trement que ce que lu foi catholique nous enseigne touchant le corps et ta
sang de Jésus-Christ qui est immolé tous les jours sur te saint autel dans tail-
lis les luttions de l'unicers... Qui est celui qui ne le croit p s , sinon celui
qui ne croit pas à Jésus-Christ ? Tous ceux qui sont on qui se disent chré-
tiens , .*<• foui glaire île recevoir dans le s'iercment la croie chair cl le vrai
sang de Jésus Christ. [Idchiuni, /:/>. ad llcrcngari.) Interrogez tous ceux
qui ont connaissance (le noire, langue; interrogez, tes Grecs, les Arméniens et
tons tes chrétiens , tic quelque nation que ce soit, tous d'une coi.v vous décla-
rent que c'est tel leur croyance et leur foi ; uno ore. /unie fhlem se habere tes-
tantur. [Lanfranc. Lib, de Corpore et Sanguine Christi, cap. ï>2.)
Cet a r g u m e n t q u i e u t la f o r é e d ' é t o u f f e r e n p e u d e t e m p s la s e c t e d e s
fiérenganens , n'est, p a s m o i n s p u i s s a n t c o n t r e c e u x q u i o n t v e n o m e l é
d a n s le M % s i è c l e l ' h é r é s i e d e H - V e n g e r . e n y a j o u t a n t p l u s i e u r s n u ! r e s
V
eri'c.'iirs. La r é a l i t é d a n s le s a c r e m e n t , la v é r i t é d u s a c r i f i é e , le c u l t e d e
la .sainte V i e r g e , l ' i n v o c a t i o n d e s S a i n t s , la p r i è r e p o u r 1rs m o r t s , Pus-;» go
d e s c é r é m o n i e s s a c r é e s , t o u s a r t i c l e s d e fui o u p r a t i q u e s d e p i é t é , q u e
) r s p r o l e s l a n s o n t r e j e t é , se l r o n e n t d a n s les l i t u r g i e s . Il n ' e s t p a s n é -
c e s s a i r e q u ' o n a i l l e i n t e r r o g e r les L a t i n s , l e s d ' r e c s , les A r m é n i e n s , l e s
M a r o n i t e s ; o n a l e u r d é e l e i M l i o n p u b l i q u e e t s o l e n n e l l e d a n s cet e x c e l -
lent o u v r a g e q u ' o n l e u r p r é s e n t e . P e u t - ê t r e a u r a i e n t - i l s h o n t e d ' ê t r e les
s e u l s q u i r e j e t t e n t o u m é p r i s e n t c e s p r é c i e u x u i o n u n i e n s d e la I r a d i i o n
c l fie la d o e h i n e d e s A p ô t r e s . A n r e s t e n o u s n ' a v o n s r i e n t r o u v é d a n s c e s
q u i n z e d i s s e r t a i i o n s , q u i n o soit c o u f o r m e â Ja d o c t r i n e o r t h o d o x e e t a u x
f c n t i i n e i ï s d e la p i é t é r i i r é l i e n n e . A Paris ce 15 septembre 172â.
D. Lm;i-:r . abbé de lictozanc. Sr.COCSSi: , curé de saint Vustaehe.
Tcvur,i,v. Y. Sviazo, bibliothécaire de la maison de Sorbonnc»
CiiOLZi.x. JHkozdï.
15. xr
Approbation de Monsieur de ta Mare , curé de saint Ben
Docteur de Sorbonne*
Ox n e p o n t assez l o u e r l ' e x c e l l e n t o u v r a g e q u e d o n n e ici a u p u b l i e le
r é v é r e n d l ' è r e L e B r u n , n i l a m a n i è r e a v e c l a q u e l l e il r a p p r o c h e l a m a -
tière qu'il traite , q u e l q u e élevée et q u e l q u e vaste qu'elle s o i t , cl la m e t
a p o r t é e d e t o u s les esprits : c a r les petits c l les g r a n d s . s e l o n l'expres-
sion de saint Augustin , y peuvent p u i s e r des l u m i è r e s , 1 affermissement
d e l e u r foi , e t d e q u o i n o u r r i r l a v é n é r a t i o n q u ' i l s o n t p o u r n o s s a i n l s
M y s t è r e s . Q u ' i l e s t a g r é a b l e d ' y o i r t o u t e s les é g l i s e s d u m o n d e c h r é L i e n
a p p o r t e r , c o m m e d e c o n c e r t , à c h a q u e fidèle , u n t é m o i g n a g e p a r l e q u e l
elles d é p o s e n t q u e ce qu'elles c r o i e n t et c e qu'elles o n t toujours c r u s u r
J ' K u c h a r i s l i e , le s a c r i f i c e e t p l u s i e u r s a u t r e s v é r i t é s d e n o t r e s a i n t e R e -
ligion conteslées p a r l e s p r o t e s l a n s , est p r é c i s é m e n t ce q u e n o u s e r o v o n s .
Q u e l r u o l i f p l u s p r o p r e à n o u s a f f e r m i r d a n s la foi s u r t o u t e s c e s v é r i t é s ,
q u e le consentement, g é n é r a l et p e r p é t u e l de tanl de peuples q u ' u n y
m e t s o u s les j e u x ? [S] Au s?. L. contra Ep. fundamenti !.. d.) Muita sunt
quee in ccctesùe gvemio me pofissimum teneant ; tenet consensus populorum
atque geniiitm. Q u o i d e p l u s c a p a b l e d ' i n s p i r e r p o u r n o s a u g u s t e s m y s t è -
r e s la v é n é r a t i o n q u i l e u r e s t d u e , q u e la v é n é r a t i o n m ê m e q u ' o n t p o u r
e u x t a n l d e n a t i o n s q u i , a e c d e s r i t e s et d e s c é r é m o n i e s di lié r e n t e s d e s
n ô t r e s , q u o i q u e n o n m o i n s p c . n p e u s c s n i m o i n s é d i f i a n t e s , n ' o n t (pie
le m ê m e esprit q u e n o u s , qui est d e r e n d r e à Dieu u n cnlle digne de
l u i , e n l u i offrant, d a n s l e s a c r i f i é e d e l a m e s s e s o n p r o p r e fils? P a r m i
t a n t de témoignages , j ' e n r e m a r q u e u n d'une n a t u r e plus singulière q u e
l e s a u 1res et p l u s p r o p r e e n c o r e à d é l r o m , e r l e s p r o l e s t a n s c l à f o r t i f i e r
les catholiques : c'est celui des prolestans m ê m e , qui convaincus p a r ce
qu'ils ont u o u ee qu'ils o n t e n t e n d u dans t e s o y n g e s qu'ils o n t f a i t ,
o n t r e c o n n u q u e l a foi d e c e s n a t i o n s s u r l ' E u c h a r i s t i e , est la m ê m e q u e
c e l l e d o l ' é g l i s e d e tto.ne. M a i s p e u t - ê t r e q u ' u n e réflexion s i m p l e e t n a -
t u r e l l e a l a r m e r a le f i d è l e l e c t e u r , l o r s q u ' a d m i r a n t d ' u n e p a r i la c o n -
f o r m i t é d e d o c l l'ine d a n s t o u t e s c e s é g l i s e s s u r F K u c h a r H J o , il fei a d ' u n e
a u t r e p a r t a t t e n t i o n a u s c h i s m e o u a u x e r r e u r s dan.» l e s q u e l l e s q u e l q u e s -
Unes dYiiIre-elles sont m a l h e u r e u s e m e n t engagées. Cet excellent o u w a g o
n ' e n d o i t ê t r e q u e p l u s u t i l e à c e u x q u i l e l i r o n t , il l e u r d o n n e r a l i e u
d ' a d o r e r et d e c r a i n d r e les j u s l e s j u g e m e u s d e î)icn, de r e c o n n a î t r e , à
quoi l ' h o m m e s'expose dès qu'il n e se s o u m e t p o i n t a u x décisions de l'É-
g l i s e , e t à n e p o i n t c e s s e r d e p r i e r p o u r la c o n v e r s i o n d e s i u l i d è l e s . j u s q u ' à -
c e q u e , s e l o n l a p r o m e s s e d e J é s u s - C * h r i - t , il n ' y a i t p l u s q u ' u n s e u l
t r o u p e a u et u n s e u l p a s t e u r . *p r è s a ï o i r l u ( o u i l ' o u v r a g e a v e c a t t e n t i o n ,
j e m e fais u n r a i p l a i s i r e u y d o n n a n t m o n a p p î o h a f k m , d e l ' a n n o n c e r
à c e u x q u i a u r o n t q u o i q u e c o n f i a n c e e n m a i , c o m m e u n l i v r e d o n t il*»
p e u e n l t i r e r b e a u c o u p d e f r u i t . A Paris ce 7 norembre 171*5.
Dk I, M i n i ; , curé itc saint lienott.
Approbation de Monsieur dArnavdin , Docteur de Sorbonne,
Censeur lloijaï des Lier es , et Chanoine du Saint-Sépulcre.
Di; toutes les m a t i è r e s de religion dont les ecclésiastiques doivent être
i n s t r u i t s , u n e d e * p l u s p r o p r e s à l e u r é t a t <•( d e s p i n s n é c e s s a i r e s , e s t
3a connaissance d e s l i t u r g i e s . C o m m e ils sont o c c u p é s à s e r v i r à l ' a u t e l
e t à o f f r i r l e s s a i n t s M y s l e r e s . ils n e s a u r a i e n t I r o p s ' a p p l i q u e r a s a v o i r
l e s r i t e s , les u s a g e s e t l e s c o u t u m e s q u ' o n a o h s e r é e s e t q u ' o n o b s o n e
d a n s t o u t e * l e s é g l i s e s d u m o n d e c h r é t i e n e u o l f r a n l le s a c r i f i c e , (j'ost
d a n s c e l l e u e q u e le r é v é r e n d T o r e L e B r u n c o n t i n u " d a n s s e * t r o i s o -
l u m e s d e d i s s e r t a t i o n s à t r a i t e r c e l l e i m p o r t a n t e m a t i è r e . 11 U l r a i l e e u
m a î t r e . T o u t c e q u e les s . i v a n s l e s p l u s d i l l i c i l e s à e o n l e n l e r p e u e n l d é -
s i r e r d a n s c e s s o r t e s d ' o m raires , s e t r o u v e ici ; d o s r e c h e r c h e s et d e s
r e c u e i l s e n g r a n d n o m b r e e m p l o y é s a v e c o r d r e et m é t h o d e . u n e c r i t i q u e
s a a u t e et l o u j o u i ' s j u d i c i e u s e , d e s n o i e s c u r i e u s e s cl n é c e s s a i r e s . u n
s i x t e c o n c i s e ! t o r r e e t , cl u n e e o u n a î - s a n c e p a r f a i t e d e l ' a n l ï q n i l é e c -
c l é s i a s t i q u e . C ' e s t c e q u i f a i t s o u h a i t e r a e c e m p r e s s e m e n t sa B i b l i o L h e -
16. XII
q u e l i t u r g i q u e , el s e s s a v a n t e s d i s s e r t a t i o n s s u r l ' h i s t o i r e e c c l é s i a s t i q u e
d o n t il a p r o m i s d ' e n r i c h i r i e p u b l i c . C e s a v a n t a u t e u r n e s ' é c a r t e e n
rien d a n s c e t ouvrage des s e n t i m e n s d e l'église catholique , apostolique
e t r o m a i n e - Â Paris ce 5 janvier 1 7 2 0 .
D'AimUDIN.
approbation de Monsieur Desmoulins , Docteur de Sorbonne,
curé de saint Jacques~da-Haut-Pas*
•T'i l u a v e c b e a u c o u p d e s a t i s f a c t i o n l ' o u v r a g e d u r é v é r e n d P è r e L e
l î r u n , p r ê t r e d e l ' O r a t o i r e , i n t i t u l é : Dissertations historiques et dogma-
tiques sur toutes tes liturgies* etc. L e s u j e t q u e c e s a v a n t a u t e u r a e n t r e -
pris est d i g n e m e n t traiLé. (l'est u n o u v r a g e d ' u n e g r a n d e é r u d i t i o n » e t
d ' u n e r e c h e r c h e poussée au delà des forces d ' u n p a r t i c u l i e r qui a p u i s é
d a n s les s o u r c e s o r i g i n a l e s d e t a n t d e n a t i o n s e t d e t o u t e s l e s é g l i s e s c h r é -
t i e n n e s , q u i c o n c o u r e n t à t e n d r e u n t é m o i g n a g e s u i v i d e la p r é s e n c e
r é e l l e d u c o r p s e t d u s a n g d e J é s u s - C h r i s t d a n s la s a i n t e E u c h a r i s t i e .
Trions Dieu q u ' a d o r a n t ce g r a n d m y s t è r e , n o u s d e m e u r i o n s d a n s les
s e n t i m e n s d ' u n e foi p a r f a i t e , l o u a n t e t h o n o r a n t D i e u d ' u n m ê m e c œ u r
e t d ' u n e m ê m e b o u c h e . A u s u r p l u s , il n ' y a r i e n d a n s c e t o u v r a g e q u i n e
f o i l c o n f o r m e a u x m a x i m e s d e l a foi e t d e s b o n n e s u i c e u i s . Donné à Pa-
ris le 11 mai 172*>.
DiiSMOUMSS , docteur en théologie de ta faculté de Paris,
curé de la paroisse saint Jacques-du-Haut-Pas.
17. TABLE
DES TITRES
CONTENUS DANS CE VOLUME.
E.EMIERE DISSERTATION SUR LES LITURGÎES DES
q u a t r e premiers siècles. i ° . On montre qu'on n'a pas
de celles des Constitutions apostoliques, et des six li-
vres des sacremens qui renferment le canon et qu'on at-
tribue à saint Ànibroise. 3°. Comment la seule tradition
a conservé tout Tordre de la liturgie, les prières et la
règle de la consécration jusqu'au cinquième siècle.
Page i
ARTICLE I. Preuves qu'il n'y a point eu de liturgies écrites dans au-
cune église pendant tes quatre premiers siècles* 4
ART. 11. Que les liturgies attribuées à sai?it Jacques et aux autres apôtres,
à saint Basile et à saint Chrysostômc > n'ont pas été écrites par ces saints.
1a
Iïkponsr à l'autorité de Proelus. i4
ART.. III. On marque le temps auquel les liturgies des Constitutions apos-
toliques attribuées au pape saint Clément ont été écrites* et quelle peut
cire leur autorité, it>
ART. IV. On montre que les six livres attribués à saint Ambroise sont d'un
auteur du sirième siècle. 2a
ART. V. Comment te canon de ta liturgie s'est conservé jusqu'au cinquième
siècle par la seule tradition non écrite. On expose l'ordre de toute la li-
turgie qu'on trouve dans tes auteurs ecclésiastiques jusqu'au commence-
ment du cinquième siècle* a5
ART. VI. Ordre de la liturgie exposée par saint Cyrille de Jérusalem dans
ses catéchèses l'an 347- Examen de ces catéchèses* 4**
ART. VII. Réflexions sur l'exposition de ta liturgie desaint Cyrille de Jéru-
salem* et sur plusieurs autres témoignages qui montrent que Von con-
servait arec soin le canon , mais sans l'écrire. 5i
ART. VIII. Ordre des liturgies des Constitutions apostoliques ; avec des re-
marques sur la description de l'église qui y est désignée f comparée à te
que d'autres auteurs ont dit des églises du quatrième siècle. 5S
Petits mtuhgik tirée du second livre des Constitutions apostoliques* 5g
Liturgie kntièhk tirée du huitième livre des Constitutions apostoliques, 64
Momtiows et prières pour les catéchumènes. ibid.
Momtions , prières et bénédiction pour tes énergumènes. 66
M o n t i o n s , prières et bénédiction pour tes competens qui sont admis à rece-
voir le baptême. Gy
M.nmciJ, prières, impositions des mains et kénêd*ct'i?n pour tf$ pénitens,
ibid.
18. xiv t a b l e des t i t r e s .
MoirtTiorrg et prières pour tes fidèles» 69
Le Baiskh de paix et l'obtation. yi
La Piuèrk secrète ci ta préface. ^3
Le Snfirus et le canon. ~4
Prière et bénédiction de t'évoque après ta divine oblaiton avant la commit-
7iion. ^ -8
La communion. -o.
Action de gnices après la communion* »o
S
Dernière bénédiction de revenue* 81
U M n U î sur tes deux liturgies des Constitutions apostoliques comparées
x A Q Ki
entre elles, et arec ta liturgie de saint Cyrille de Jérusalem. On marque
en quoi rites diffèrent. 8a
Drscmption des anciennes églises scion les Constitutions apostoliques et les
auteurs qui ont parlé des églises du quatrième siècle. Si
A UT. IX. Des jours et de Vheure de ta messe durant les quatre premiers
siècles avant que tes liturgies fussent écrites. io3
Hkijkë de ta messe. 108
S E C O N D E D I S S E R T A T I O N SUR ï/oRIGINE DES LITURGIES
ÉCRITES DANS TOÏFS LES PATRIARCHATS DE i/EgLÏSE ; et pie-
Jiiièrement des liturgies du patriarchat de Rouie et des
églises d'Occident. ii.j
AUTIC L 5 ï. Que les- liturgies des églises d'Orient et d'Occident ont été mi-
T
ses pur écrit au cinquième siècle, liaisons qu'on a eu de ne pas différer
davantage. Application de plusieurs saints et savans auteurs tt'Italie ,
%
d Afrique et des Gaules pour écrire toutes les prières de la messe cl des
autres .Sacremens. ibicl.
A UT. Iï. Liturgie de l'église de Home durant tes quatre premiers siècles. Du
canon et des saeramentaircs des papes saint Gélose et saint Grègoirc-tc-
Grand. 1 iq
§. ï. Sacrameniaire de saint Gctase. i5i
^ II. Du sacrameniaire de saint Grégoire. ï34
III. Mkssrs ajoutées au sac rament aire de saint Grégoire jusqu'au temps
Je Ch.irtemagne. i3o,
IV. Mélange du Gèlasicn et du Grégorien dans les saeramentaircs écrits
en France , en Angleterre , en Allemagne au huitième et au neuvième siè-
cle, oit l'on recueillait ce qu'on trouvait d'ancien. i43
§. V. Différences entre te sacrameniaire Gètasien et le sacramentaire Gré-
gorien. 147
§. VI. Ordre de ta liturgie Romaine selon tes saeramentaircs Grégoriens
écrits depuis le neuvième siècle. 149
T R O I S I E M E D I S S E R T A T I O N . L i t u r g i e ambrosienne ou
de l'église de Milan. r5i
ARTICLE I. Histoire de cette liturgie. ibid.
JJXtiiait d'une lettre écrite en Italien de la propre main de saint Chartes à
M. César Spceiano , pvotonoiaire apostolique à Home pour la conserva-
tiôn du rit Ambrosien. i65
A UT. II. Ordre de ta messe Ambrosicnne. 171
L'obtation. 176
Le canon. 178
t'a Fraction j te Pater, la Paix cl la Communion. 181
'•'action de- graves, iS4
'Vpj'kisdick touchant tes l'.lurgics d'Italie. »85
H I. Fragment d'une ancienne lit urgic d'Italie écrite vers l'an Soo.
» ibid.
II. Ancien rit di'j-iilée appelé le Patriarchin. 188
19. TABLE DES TITRES. XV
Q U A T R I È M E D I S S E R T A T I O N . Ancuhïne liturgie des
Ga.ules. 196
A R T I C L E L Origine cf durée de cette liturgie. ibid.
A FÎT. J J. Des livres de la liturgie Gallicane qui sont venus jusqu'à nous, a o i
E x p o s i t i o n de la messe Gallicane par saint Germain , eveque de Paris. 20Û
A R T . I I I . Ordre de la messe Gallicane. ai3
A R T . E V. De.quelques usages de l'ancienne liturgie Gallicane qui subsistent
encore à présent. 228
C I N Q U I È M E D I S S E R T A T I O N . Ancienne et nouvelle
L I T U R G I E DES ÉGLISES d ' E s P A G N E . 235
A R T I C L E I . De l'origine et des auteurs de ta liturgie d'Espagne. D'oùvient
qu'on la nommée Gothique ou Mozarabe. ibid.
A R T . I I . Erreurs attribuées au missel Mozarabe corrigées. Histoire de Fin*
trodactivn du missel Romain-Gallican en Espagne. Rétablissement du mit'
sel Mozarabe par te cardinal Xi menés.
§• I , Remarques sur le missel Mozarabe du cardinal Ximenès. Mélange du
Mozarabe et du missel de Tolède qui était Romain-Gallican. a5o,
§ . I I . Différence des missels discglisis d'Espagne depuis le onzième siècle
d'avec le pur Romain, et leur conformité uvtc Us missels de France du
onzième siècle, 262
A H T . I I I . Ordre de la messe du missel Mozarabe , avec des remarques pour
distinguer ce qui y était anciennement d'avec ce qui y a été ajouté sur h
missi.1 Mozarabe du Cardinal Simenès. 26.I
A U T . I V . Conformité de la Liturgie Mozarabe avec L'ancienne liturgie Gai'
Hcanc, 285
ÀrPKflDiCK touchant la messe donnée par lllyricus. 290
S I X I È M E D I S S E R T A T I O N . Liturgies du patriarchat de
COXSTANTINOPLE. 2C)6
A R T I C L E T. De la liturgie grecque de saint Jacques, ibid.
g. I . Ordre et précis de la liturgie grecque de saint Jacques. 5oa
§, M.'Différences entre ta liturgie de saint Jacques et celle de saint Cyrille
de Jérusalem, Changemens et additions faits à la liturgie de saint Jac-
ques , et à presque toutes les églises orientales aux cinquième et sixième
A ti'ctfS, Ol6
A UT. 11 .Antiquité des deux liturgies de saint Basile et de saint Chrysostôme,
qui sont en usage en divers jours, auxquelles on joint la messe des presnne-
tiftès pour les jours de jeûne du carême. 518
A H T . ML En quel temps la liturgie de Conslantinople a porte tenom de saint
Ch rysos tome. 3a5
A R T . I V . Ordre de la liturgie des Grecs de Ctmstnnilnopfo et de tout lepa-
triarchat , tiré des liturgies de suint Chrysostôme et de saint Basile s et
de divers auteurs qui tes ont expliquées. 5aj)
A H T . V, Liturgie de (. onstantinopte suivie dans toutes les églises du patrrar-
chat , et dans les pays qui ont été convertis par tes Grecs , tels que les
Russiens ou Moscovites. 7>5y
A R T . V I . Liturgie- de Constantinnpfc suivie par les patriarches Melchilcs d'4-
lexandrie , d'Antioche et de Jérusalem. Disputes sur les autres liturgies
qu'ils routaient sttirre. Cérémonies du Jeudi saint au grand Caire , et des
autresjours de la semaine sainte et de Pâques au célèbre monastère du Mont
Simm» 3S;
20. XVI TABLE DES TITRES.
SEPTIÈME DISSERTATION. Liturgies du p a t r i a r c h a t
d'Alexandrie conservées principalement par les Cophtcs
Jacobites. 4° 5
ARTICLE I. Histoire des Cophtes Jacobites. ibid.
ART. IL Ordre et précis de ta liturgie des Cophtcs Jacobites tiré principale-
ment de leur liturgie commune , et des traités de quelques anciens au-
teurs égyptiens , d& l'histoire d'Alexandrie du Père ïVanslcb ci de quel-
ques autres relations. fyi?)
lW.ri.i-:xii>Ny sur cette liturgie qu'on donne en latin. ^ôG
HUITIÈME DISSERTATION sur l e christianisme e t les
LITURGIES DES ETHIOPIENS. 447
ARTICLE I. Diverses notions d'Ethiopiens. Conversion des Ethiopiens nom'
mes Abisstns et Axumiles , et leur dépendance du patriarche d'Alexandrie.
ibid.
ART. II. Des coutumes des Abissins et de leurs liturgies. 4V
LiTUttcïiKs Ethiopiennes. 483
LifLficii: de Di^score , patriarche d'Alexandrie , trouvée dans un ancien
manuscrit éthiopien d'Etv, Pncoh , et mise en latin par J. AJ Tfansteb m
d'Erfurt. Consccralio Oôlationis S. Oioscori. fSb
Rkmakoj'rs. /|8i)
Otuno sanctijlcatovia , id est Eucharistîa Domini et Salvaloris nostri Jesu
Christi. /(91
Rmmahqck.s. 4'P
Tjîuuks de ta consécration. 4y^*
Co.Yrsssio.Y de la foi avant ta communion. ibid.
NEUVIÈME DISSERTATION. Liturgies des chrétii:ns
RÉPANDUS DANS l'ÊTENDUE DU PATRIARCHAT i/AnTJOCJIK ,
e t de t o u t l ' O r i e n t ; premièrement des Syriens , et e n -
suite des Maronites. 5oo
ARTICLE I. Liturgie des Syriens catholiques et Jacobites. 5oi
Ordre et précis de la liturgie, des Syriens orthodoxes et Jacobites , tiré du mis-
sel syriaque imprimé a Home en , du livre du Ministre (du Diacre
et du Clerc} en i5yG , et des manuscrits que M. Ilcnaudot a traduits en
latin. 5oi
Ordre de la préparation. ibid.
Anaphora , l'ablation ou le canon. .'iïo
OitATio ante osculum pacis. ibid.
Mémoires. 5i3
Remarques sur tes mémoires des morts. S14
Fraction de Chus tic. 5 15
Prière générale. ibid.
Saacta SAZfcns. Elévation du Sacrement. 5j8
Explication de la liturgie des Syriens. ^ 5?. 1
Lettre de Jacques d'EJcssc , touchant l'ancienne liturgie des Syriens. Saa
Suite de- ta lettre. Variétés des liturgies. 526
JJlurgics en plus grand nombre parmi les Syriens , 7«« parmi tes autres
chrétiens, 5aS
Art, 11. Des Maronites et de leurs Liturgies.
§. i. Origine du christianisme et du nom des Maronites ; des erreurs d.mt
on lis a accusés , et de leurs croyance.
5- II. Du missel et dis liturgies des Maronites. 54
21. D I S S E R T A T I O N S
HISTORIQUES ET DOGMATIQUES
SUR LES LITURGIES
DE TOUTES LES ÉGLISES.
PREMIÈRE DISSERTATION
SUR LES LITURGIES DES QUATRE PREMIERS SIECLES.
1°. O n montre qu'on n'a pas mis par écrit le Canon
de la Liturgie avant le F*. Siècle.
2°. On examine quel jugement on doit porter des Li-
turgies attribuées aux apôtres * ou à d'autres
Saints j de celles des Constitutions Apostoliques *
et des six Livres des Sacremens * ou est le Canon
qu'on attribue à saint Ambroisc.
3°. Comment la seule tradition a conservé tout tor-
dre de la Liturgie * les prières, et ta règle de la
consécration jusqu'au V* Siècle.
O n a vu q u e le m o t d e l i t u r g i e signifie le service
public M , et q u e les églises d ' O r i e n t se s e r v e n t de
ce t e r m e , p o u r m a r q u e r I o r d r e o u la forme des
prières et d e s c é r é m o n i e s d e s SS. M y s t è r e s ; mais la
(a) Explication litt. et hist de la Messe pag. l u i , et pag. 2.
Gabriel, archevêque de Pliiladelphe, a expliqué de même le mot
de liturgie daas s o n Traité des Sacremens, donné par ie père
»• ï
22. a DISS. I, LITURGIES
p l u p a r t d e s O r i e n t a u x , Grecs , S y r i e n s e t C o p h -
tes , a p p e l l e n t aussi assez c o m m u n é m e n t les
p r i è r e s d u s a c r i f i c e , anaphora* q u i signifie p r o -
p r e m e n t élévation à D i e u , d u v e r b e ivaçip» re-
fera o u sursàinfera ; p r e m i è r e m e n t , p a r c e (pie la
plupart des liturgies Orientales n e c o n t i e n n e n t ,
de m ê m e q u e n o s a n c i e n s s a c r a m e n t a i r e s , (pie l'es-
sentiel d e la l i t u r g i e , q u i c o m m e n c e à la préface
Sursiun corda* C'est là le t e m p s p r i n c i p a l e m e n t
d élever les e s p r i t s e t les c œ u r s vers Dieu , p o u r
lui p r é s e n t e r l ' o b l a t i o n sainte , l a q u e l l e est aussi
a p p e l é e s o u v e n t p a r les SS. Pères anaphora , p a r c e
q u e les d o n s n e s o n t s u r l'autel q u e p o u r ê t r e of-
ferts à D i e u ; et c'est u n e s e c o n d e raison p o u r la-
q u e l l e les liturgies O r i e n t a l e s s o n t i n t i t u l é e s ana-
phora > p a r la p a r t i e essentielle d e la l i t u r g i e , q u i
e s t l'oblation à D i e u e t l e sacrifice.
Saint I r é n é e , q u i avait é t é i n s t r u i t p a r saint P o -
Jycarpc disciple d e s a i n t Jean l'Evangéliste , n o u s
a
( l i t q u e Jésus-Christ i n s t i t u a n t l ' E u c h a r i s t i e , ( ) ap-
prit la nouvelle ablation du nouveau testament, que
l'église instruite par les si pâtres offre à Dieu dans
tout le monde.
Mais les Evangélistes n ' o n t p o i n t m a r q u é c o m -
m e n t Jésus-Christ avait b é n i et r e n d u grâces en
c o n s a c r a n t et e n i n s t i t u a n t l ' E u c h a r i s t i e : l e s a u t r e s
livres d u n o u v e a u T e s t a m e n t n e le m a r q u e n t p a s
n o n p l u s , et l'on n e voit p a s q u e les A p ô t r e s a i e n t
m i s p a r é c r i t , d è s le c o m m e n c e m e n t de l'JÈglise, tous
les t e r m e s d e s p r i è r e s , ni réglé t o u t e s les c é r é m o -
nies q u i d e v a i e n t a c c o m p a g n e r le sacrifice d a n s
b
t o u s les t e m p s e t d a n s t o u s les lieux. Saint Paul ( )
Richard Simon ; liturgia dicitur à voce As7r«v, quœ idem est ac
puhticum et ro tpysv, se a optes ; hoc est pnblica actio , omnis
enim sacerdos , et omnis tliurgia fil pro unlcerso populo fiddl,
et Deo pro omnibus vives , et in chrislo m or luis > ajfertvr. Fid.
F.ecies. Orient, p. 57.
(a) Iren. I. j v . c 32. Edit. non* c. 17. n. 5.
(!>) Laudo antcin v o s . . . quod sicut tradidi vobis prœcepta inea
tenetis. t. Cor. i 2 ,
23. DES IV. PREMIERS SIÈCLES» 3
l o u e les C o r i n t h i e n s d e c e q u ' i l s g a r d a i e n t d a n s l e s
assemblées les règles q u ' i l l e u r a v a i t d o n n é e s . Il
l e u r p r e s c r i t q u e l q u e s n o u v e l l e s o b s e r v a t i o n s . Il
l e u r r e c o m m a n d e d e faire t o u t selon l'ordre M ;
omnla autan honestè et secundiwi ordinem fiant :
et il a j o u t e q u ' i l réglera le r e s t e q u a n d il sera v e n u ;
b
cèlera autern cùtn venero , disponum. l )
L e s a u t r e s A p ô t r e s en u s è r e n t s a n s d o u t e d e m ê m e
d a n s les églises q u ' i l s f o n d è r e n t . Mais c o m m e s a i n t
P a u l n'a p a s m i s p a r é c r i t t o u t e s ces a u t r e s p r a t i -
q u e s qu'il p r e s c r i v i t , les a u t r e s A p ô t r e s se c o n t e n -
t è r e n t a u s s i d ' e n s e i g n e r s i m p l e m e n t d e vive voix
ce qu'il fallait faire p o u r offrir le sacrifice , sans
qu'il paraisse n u l l e p a r t qu'ils l'aient j a m a i s écrit ,
u i q u ' i l s a i e n t o r d o n n é d e l'écrire.
C e t t e réflexion d o i t servir à t e n i r u n j u s t e milieu
e n t r e les c a t h o l i q u e s q u i o n t s o u t e n u q u e les l i t u r -
gies q u i p o r t e n t le n o m d e saint J a c q u e s , d e s a i n t
M a r c , ou en générai des Apôlres , sont leurs pro-
p r e s é c r i t s , e t e n t r e les p r o t e s t a n s , R i v e t , e t les
a u t r e s , q u i o n t a b s o l u m e n t rejeté ces o u v r a g e s .
C a r le vrai m i l i e u , q u ' u n e e x a c t e c r i t i q u e doit faire
p r e n d r e , e s t q u e la l i t u r g i e , p a r e x e m p l e , q u i
p o r t e le n o m d e s a i n t J a c q u e s , est la liturgie d e
J é r u s a l e m e t d e q u e l q u e s a u t r e s églises d e Syrie
q u i a v a i e n t c o n s e r v é ce q u ' e l l e s a v a i e n t a p p r i s d e
ce s a i n t A p o t r e ; e n s o r t e q u e q u a n d on a mis p a r
é c r i t c e t t e l i t u r g i e , o h a d û lui d o n n e r le n o m d e
saint J a c q u e s , q u o i q u ' o n y a i t j o i n t q u e l q u e s a d -
d i t i o n s c o n v e n a b l e s a n t e m p s p o s t é r i e u r , e t q u i ne
m a n q u e r o n t j a m a i s d e se r e n c o n t r e r d a n s ces s o r -
tes d e livres d ' u s a g e .
Nous allons d o n c m o n t r e r dans cette première
d i s s e r t a t i o n q u e les liturgies n ' o n t p a s é t é e n t i è r e -
e
m e n t é c r i t e s a v a n t le V . s i è c l e , et q u e les églises
n'ont conservé q u e p a r l a seule tradition non écrite,
la p a r t i e p r i n c i p a l e d e la l i t u r g i e , q u i est le c a n o n
ou la r è g l e d e la c o n s é c r a t i o n .
(a) U Cor. x i v . 4 0 . (b) i . Cor. x i . 3 4 .
1.
24. fl DISS. ï- ART. 1. LITURGIES
ARTICLE I.
Preuves qu'il n'y a point vu de Liturgies écrites dans
r
aucune Eglise pendant tes LJ . premiers Siècles.
i ° . {JN n e s a u r a i t c i t e r a u c u n t é m o i g n a g e d ' u n a u -
t e u r c o n n u d u r a n t les q u a t r e p r e m i e r s siècles , q u i
ait parlé d ' u n e l i t u r g i e é c r i t e , e t en u s a g e clans u n e
é g l i s e , q u i e x p o s â t l ' o r d r e d e t o u t c e q u ' i l fallait
f a i r e , et les p r i è r e s q u e le p r ê t r e d e v a i t r é c i t e r p o u r
la c o n s é c r a t i o n d e l ' E u c h a r i s t i e .
e
S a i n t E p i p h a n e , au milieu du I V . s i è c l e , a s s u r e
b i e n , ce q u i est i n d u b i t a b l e , q u e les A p o l r e s o n t
é t é les o r d o n n a t e u r s des SS. M y s t è r e s : Pierre, d i t -
a
i l , ( ) et Andréa Jacques et Jean, Philippe et Bar-
thélémy , Thomas , Thadêe et Jacques jils d'Al-
phée, et Judas fils de Jacques, et Simon le Cha-
nanèen , et Mathias choisi pour remplir le nombre
de douze: ils ont tous été élus Apôtres pour prêcher
le saint Évangile dans le monde avec Paul et Bar-
nabe , et les autres ; et ils ont été les ordonnateurs
des Mystères, ('') avec Jacques frère du Seigneur
et le premier èvêque de Jérusalem.
Saint E p i p h a n e fait u n e m e n t i o n p a r t i c u l i è r e d e
s a i n t J a c q u e s , c o m m e d u p r e m i e r é v é q u e «te J é -
r u s a l e m , o ù les A p ô t r e s o n t d ' a b o r d t o u s e n s e m b l e
c é l é b r é la l i t u r g i e . Mais il n e dit p a s q u e saint J a c -
q u e s , ni q u e les a u t r e s Apôtres a i e n t m i s p a r écrit
ce q u ' i l s f a i s a i e n t , e t ce q u ' i l s d i s a i e n t en c é l é b r a n t
les SS. M y s t è r e s .
2 ° . Si les p r i è r e s q u e le p r ê t r e doit faire s u r l'o-
b l a t i o n , e t q u i s o n t la p r i n c i p a l e p a r t i e cle la l i -
t u r g i e , e u s s e n t é t é é c r i t e s , t o n s les p r è l r c s les a u -
raient laites d a n s les m ê m e s t e r m e s , e t elles a u r a i e n t
(a) / / « . 7 * ) , «yni. 3 . (b) Kxi fA'ifitiôi*? «payera.
25. DES IV. PREMIERS SIÈCLES. 5
é t é d ' u n e égale l o n g u e u r . O r s a i n t J u s t i n n o u s fait
voir q u e le p r ê t r e n ' y é t a i t p o i n t a s t r e i n t , e t qu'il
n e s e s e r v a i t p o i n t d e livres. C e s a i n t M a r t y r se
t r o u v a o b l i g é d e p a r l e r assez o u v e r t e m e n t d e la
liturgie a u x P a ï e n s , p a r c e q u ' o n c a l o m n i a i t l'E-
glise s u r les M y s t è r e s . Voici c o m m e il parle aux
a
E m p e r e u r s d a n s s o n a p o l o g i e . ( ) « Les prières q u e
» n o u s faisons t o u s e n s e m b l e é t a n t a c h e v é e s , n o u s
» n o u s c n l r e s a l u o n s a v e c u n b a i s e r d e paix : p u i s
» celui q u i p r é s i d e p a r m i les f r è r e s ayant reçu
» le pain et le calice , o ù e s t le v i n mêlé d'eau ,
» q u ' i l s l u i p r é ^ u t e n t , offre a u P è r e c o m m u n d e
» t o u s , a u u o m d u Fils e t d u Saint-Esprit la l o u a n g e
» e t la g l o i r e q u i lui e s t d u e , e t e m p l o i e b e a u c o u p
» d e t e m p s à la c é l é b r a t i o n d e l ' E u c h a r i s t i e , c e s t -
» à-dire , d e l'action d e g r â c e s q u e n o u s r e n d o n s
» à Dieu p o u r les d o n s q u e n o u s a v o n s r e ç u s d e
» sa b o n t é . L e p r é l a t a y a n t a c h e v é ces prières e t
» ces a c t i o n s d e g r â c e s , t o u t le p e u p l e fidèle , q u i
» e s t p r é s e n t , s'écrie d ' u n e c o m m u n e voix , amen,
» p o u r t é m o i g n e r p a r ses a c c l a m a t i o n s e t par ses
» v œ u x la p a r t q u ' i l y p r e n d ; c a r amen en H é b r e u
» s i g n i f i e , q u e cela s o i t vrai. »
Le saint Martyr continue à exposer clairement
q u e le p a i n e t le v i n s o n t c h a n g é s a u c o r p s e t a u
s a n g d e J é s u s - C h r i s t , p a r les p r i è r e s q u e le V e r b e
de Dieu n o u s a apprises. Il r e t o u c h e encore avant
la fin d e l'apologie t o u t ce q u i s e faisait d a n s les
a s s e m b l é e s le D i m a n c h e , q u ' i l n o m m e le j o u r d u
soleil : la l e c t u r e d e s P r o p h è t e s o u d e s A p ô t r e s , le
«liscours d e p i é t é d e c e l u i q u i p r é s i d a i t ; « a p r è s
» l e q u e l , p o u r s u i t - i l , n o u s n o u s levons t o u s ; n o u s
« p r i o n s ; e t ces p r i è r e s q u e n o u s faisons tous e n -
» s e m b l e é t a n t finies , c o m m e n o u s a v o n s déjà d i t ,
» o n offre d u p a i n e t d u vin m ê l é d ' e a u . Le p r é l a t
» f a i t , a u t a n t qu'il p e u t , les p r i è r e s , e t l'action
» d e g r â c e s a u x q u e l l e s le p e u p l e a p p l a u d i t e n d i -
» s a n t amen ; e t o n d i s t r i b u e à c e u x q u i s o n t p r c -
(n) Just ApoL
26. G DISS. I. ART. I. LITURGIES
s e n s les choses s a n c t i f i é e s , q u ' o n e n v o i e a u x a b -
) s e n s p a r les d i a c r e s . »
>
O n voit d o n c p a r s a i n t J u s t i n , r°. q u e îe p r ê t r e
p r i a i t l o n g - t e m p s , qu'il priait a u t a n t qu'il p o u v a i t ,
et p a r c o n s é q u e n t q u e t o u t e la p r i è r e de la consé-
ç
c r a t i o n u ' é l a i t p a s fixe el d é t e r m i n é e . i N o u s
v o y o n s qu'il ne lisait pas d a n s u n livre u n e cer-
t a i n e f o r m u l e q u i a u r a i t t o u j o u r s été la m ê m e y
sans q u ' o ù e û t p u d i m i n u e r ou a j o u t e r ; et q u ' a i n s i
il n'y avait pas a l o r s u n e l i t u r g i e q u i c o n t i n t la
f o r m u l e , et les l e r m e s des p r i è r e s d e la consécra-
t i o n , q u e les p r ê t r e s e u s s e n t d û a b s o l u m e n t r é c i t e r .
3 ° . T e r t u ! I i e n n o u s fait c l a i r e m e n t e n t e n d r e q u ' o n
n e savait q u e par u n e t r a d i t i o n n o n é c r i t e les for-
m u l e s îles S a c r e m e n s , et la m a n i è r e d e les a d m i -
a
n i s t r e r . V o y o n s , d i t - i l , ( ) s'il n'y a pas des c h o -
ses qu'il faut a d m e t t r e p a r u n e s i m p l e t r a d i t i o n
n o n é c r i t e . C o m m e n ç o n s p a r le B a p t ê m e . . . . A v a n t
q u e d ' e n t r e r d a n s l ' e a u , celui q u i d o i t ê t r e b a p t i s é
se tient q u e l q u e t e m p s d a n s I église et p r o t e s t e
y
(sous la main d e l ' é v è q u e ) qu'il r e n o n c e à s a t a n , à
ses a n g e s , et à ses p o m p e s . II est e n s u i t e p l o n g é
t r o i s fois d a n s l ' e a u , et il fait p l u s i e u r s r é p o n s e s
q u i ne s o n t p a s m a r q u é e s d a n s l'Evangile ; dès q u ' i l
est h o r s de l'eau , on lui fait g o û t e r d u lait et d u
miel , et il s ' a b s t i e n t d u b a i n t o u t e la s e m a i n e .
Q u o i q u e le s a c r e m e n t de l ' E u c h a r i s t i e ait é t é insti-
t u é p e n d a n t le s o u p e r , et q u e l ' e x e m p t e de J é s u s -
(a) Qu ara mus an et tradilio nisï scripta non debeat recïpf.. u t
baptismate ingrediar aquam adituri, ibidem , sed aliquantô prias
in ecclesia suh antistitis manu contestamtir nos renuntiare diabolo
et pompis , et angelis ejus. Deliiuc ter mergitamur ampliùs alitjuid
respondentes qtiàm Doiuimis in evangWio determtnavit. Inde sus-
cepti lactis, et mellts coneordîam p r a ^ u s t a m n s , exque ea die la-
vacro quolidiano pe.r totam hebdomadam abstinemus. Kucbaristhc
sacramentum et in tempore vietiis et omnibus niandatuiu à D o m i n o ,
etiam antelucanis coelibus, née de aliorum manu quàm pnrsiden-
tium sutrûmus ; oblationes pro defunrtis, pro nataiitiis anntui die
facîmus harum et aliarum ejusmodi disciplinanim , si ïejrem
expostules scripturarum , millain invenies : traditio tibi prœtende-
tur auetn'x , consuetudo confirmatrix, e t / i d e s observatrix. TeriuL
de Coron. Mil. n. 3.4.
27. DES IV, PREMIERS SIÈCLES. *
Christ d u t n o u s s e r v i r d e l o i , n o u s l e p r e n o n s n é a n -
m o i n s d a n s les a s s e m b l é e s q u e n o u s faisons a v a n t le
j o u r , e t n o u s n e le r e c e v o n s q u e d e la main d e ceux
q u i p r é s i d e n t . N o u s c é l é b r o n s t o u s les ans les obla-
tions p o u r les m o r t s , e t p o u r la s o l e n n i t é d e la
naissance d e s M a r t y r s . , . Si v o u s d e m a n d e z u n e loi
écrite p o u r ces p r a t i q u e s e t p o u r p l u s i e u r s a u t r e s ,
vous n ' e n t r o u v e r e z p o i n t , vous a u r e z p o u r s u p -
p l é m e n t d e la loi é c r i t e la t r a d i t i o n q u e la c o u t u m e
c o n f i r m e , et q u e la foi fait o b s e r v e r .
U n e l i t u r g i e é c r i t e a u r a i t c o n t e n u ces usages ,
ainsi q u ' o n les voit d a n s n o s a n c i e n s s a c r a m e n t a i -
res , a p p e l é s p o u r ce sujet les livres d e s s a c r e m e n s ,
codex sacramentortun ; mais i l n ' é t a i t pas e n c o r e
t e m p s d e les é c r i r e .
e
4°. S'il y avait e u u n e l i t u r g i e é c r i t e a u I I I . s i è -
cle , s a i n t C y p r i e n n ' a u r a i t p a s m a n q u é de s'en ser-
vir p o u r p r o u v e r q u e le calice q u ' o n offrait devait
a
ê t r e m ê l é d e vin e t d'eau. ( )
Au t e m p s d e s a i n t C y p r i e n il y a v a i t des p e r s o n n e s
ui p a r i g n o r a n c e o u p a r s i m p l i c i t é n'offraient q u e
e l'eau d a n s le c a l i c e , soit p a r c e q u ' e l l e s c r o y a i e n t
q u ' i l n ' é t a i t p a s s é a n t .de p r e n d r e d u vin d a n s les
b
a s s e m b l é e s q u i se faisaient a v a n t l e j o u r : t ) Anillâ
sibi aliquis contempîatione blanditur, quod et si
manè aquâsolâ offerrividetur, etc. soit parce qu'ils
c r a i g n a i e n t q u e l ' o d e u r d u v i n n e fit c o n n a î t r e a u x
Païens q u ' i l s v e n a i e n t d'offrir le sacrifice de Jésus-
c
Christ;. ( ) Nisi in sacris matutinis hoc guis veretur,
ne per saporem vini redoleat sanguinem Christi.
S a i n t C y p r i e n m o n t r e qu'il faut n é c e s s a i r e m e n t s u i -
v r e c e q u i est p r e s c r i t p a r l'Évangile e t p a r la tradi-
t i o n ; (<*) Ut ubique lex evangelica, et tradilio domU
nica servetur. L ' E v a n g i l e n o u s a p p r e n d clairement
qu'il y avait d u vin d a n s le calice q u e Jésus-Christ
c o n s a c r a et d i s t r i b u a à ses A p ô t r e s , e t l'on sait p a r la
t r a d i t i o n q u e c e v i n é t a i t m ê l é d ' e a u . S'il y avait e u
(a) Cypr. F.ptet ad C&ctl. 6 3 . (b) Pag. 2 7 7 . bis.
(c) ibidem, {à) Pag. 2 7 8 .
28. 8 DISS. T ART. I .
« LITURGIES
a l o r s u n e l i t u r g i e é c r i t e , elle a u r a i t é t a b l i ce d e r -
n i e r p o i n t p a r m i t é m o i g n a g e écrit e t décisif, e n
m ê m e t e m p s s u r l'un et s u r l ' a n t r e p o i n t , e t s a i n t
C y p r i e n n ' a u r a i t p u m a n q u e r de la citer. C'est ainsi
e
q u e les Pères d u V I . Concile g é n é r a l a s s e m b l é s a u
d o m e d e C o u s t a n t i n o p l e Vvn (ïcp , r é f u t è r e n t Ter-
r e u r des Arméniens qui ne consacrent qu'avec d u
vin sans e a u : c a r a p r è s avoir m o n I r é q u ' i l s a b u -
s a i e n t d e ce q u e s a i n t C h r y s o s t o m e avait dit c o n t r e
les a n c i e n s h é r é t i q u e s M a n i c h é e n s , q u i n'offraient
q u e d e l'eau , p a r c e q u ' i l s c r o y a i e n t q u e le vin v e -
a
n a i t d u m a u v a i s p r i n c i p e , ils p r o u v e n t l ) p a r la
l i t u r g i e q u e c e saint D o c t e u r avait laissée à l'église
d e C o u s t a n t i n o p l e , e t p a r les a u t r e s l i t u r g i e s , q u e
le sacrifice devait ê t r e offert avec d u vin m ê l é d ' e a u ,
e t q u e cet u s a g e é t a i t o b s e r v é d a n s t o u t le m o n d e
c o m m e v e n a n t d e Jésus-Christ ; p u i s q u e saint J a c -
q u e s , frère d u S e i g n e u r selon la c h a i r , e t s a i n t
B a s i l e , a r c h e v ê q u e d e Césa'rée, n o u s le t é m o i g n e n t
d a n s T o r d r e d e c é l é b r e r les s a i n t s M y s t è r e s q u ' i l s
n o u s o n t laissé p a r écrit. La l i t u r g i e d e saint J a c -
q u e s , et celle d e s a i n t Basile, et d e s a i n t C h r y s o s -
t o m e , o n d e l'église de C o u s t a n t i n o p l e , q u i é t a i e n t
a l o r s en u s a g e d a n s t o u t le p a t r i a r c h a t d e C o u s t a n -
t i n o p l e , s o n t citées c o m m e u n e p r e u v e s a n s r é p l i -
q u e . Voilà ce q u ' o n n e p o u v a i t faire a u t e m p s d e
s a i n t C y p r i e n ; il fallait a l o r s se c o n t e n t e r d e la
p r e u v e d e la t r a d i t i o n : c a r q u o i q u ' o n s o n t e m p s
o n s û t fort b i e n e n Afrique d e q u e l l e m a n i è r e o n
c é l é b r a i t les SS. Mystères à J é r u s a l e m , ainsi q u e
n o u s le v e r r o n s p l u s b a s , o n n e p o u v a i t p a s c i t e r
la liturgie d e s a i n t J a c q u e s , q u i en a é t é le p r e m i e r
é v o q u e , p a r c e q u ' e l l e n'était p a s e n c o r e é c r i t e .
5°. O n n e voit p a s n o n p l u s q u e q u a n d D i o c t é -
tien fit r e c h e r c h e r et b r û l e r les livres saints q u i
é t a i e n t p a r m i les C h r é t i e n s , il a i t j a m a i s . é t é fait
m e n t i o n d e s l i t u r g i e s . L e s r e p r o c h e s q u ' o n faisait
a u x t r a d i t c u r s d ' a v o i r livré l ' É c r i t u r e s a i n t e , n e rc-
(a) Conc. TruL Can. 3 2 .
29. DES IV. PREMIERS S1KCLES. 9
g a r d a i e n t q u e l e s livres d e l ' a n c i e n e t d u n o u v e a u
T e s t a m e n t , e t g é n é r a l e m e n t c e u x q u i étaient l u s
a
p a r les l e c t e u r s clans les a s s e m b l é e s , l ) C'est p o u r -
q u o i q u a n d les officiers d e m a n d a i e n t , en g é n é r a l ,
q u ' o n livrât t o u s les livres d e la loi , et t o u t ce
qu'ils a v a i e n t q u i a p p a r t î n t à l'église , les é v ê q u e s
t r a d i t e u r s , q u i n ' a v a i e n t pas c r a i n t e d e livrer les va-
ses sacrés . disaient ; ce sont les l e c t e u r s q u i o n t
les livres s a i n t s : Scripturas lectures habent, sed
b
nos quodhic habemus damas. ( ) II n'y avait d o n c
p o i n t d ' a u t r e s livres q u e c e u x q u i é t a i e n t g a r d é s
p a r les l e c t e u r s ; p a r c e qu'ils é t a i e n t chargés d'en
faire la l e c t u r e d a n s l'assemblée. O r les lecteurs n e
r é c i t a i e n t p o i n t les p r i è r e s d e la l i t u r g i e : il n'y
avait d o n c p o i n t d e l i t u r g i e é c r i t e , p u i s q u ' o n c o n -
v e n a i t q u e les églises n ' a v a i e n t p o i n t d ' a u t r e s livres
q u e ceux d o n t les l e c t e u r s é t a i e n t c h a r g é s . Les p r ê -
t r e s d e v a i e n t c o n s e r v e r d a n s l e u r m é m o i r e les priè-
res d e la c o n s é c r a t i o n , et il fallait l e u r dire ce q u e
s a i n t A u g u s t i n disait p a r r a p p o r t a u s y m b o l e ,
q u ' o n n e m e t t a i t p a s n o n p l u s p a r é c r i t , sit vobis
codex vestra me/noria. Aussi les é v ê q u e s étaient-ils
obligés l o r s q u ' o n les c o n s a c r a i t , d e savoir p a r c œ u r
et d ç r é c i t e r la f o r m u l e d e l o b l a t i o n , celle d u Ilap-
t c m e et les a u t r e s p r i è r e s s o l e n n e l l e s , c o m m e o n
le voit l'an 541 , d a n s les lois d e l ' e m p e r e u r J u s t i -
c
n i e n . ( ) 11 se p l a i n t qu'il s'était t r o u v é des é v ê q u e s
q u i n e s a v a i e n t p a s p a r c œ u r les p r i è r e s d e la sacrée
o b l a t i o n e t d u b a p t ê m e : Et quidam etiam intereos
invenirentur, quinecipsam quidem vel sacrosanctce
oblationis , vel baptismi orationem tenerent aut
scirent.
f>°. U n e s i x i è m e p r e u v e q u ' a u c u n e des liturgies
d ' u s a g e q u ' o n r e g a r d e c o m m e les p l u s a n c i e n n e s , e t
q u i p o r t e n t le n o m de saint J a c q u e s , d e saint M a r c ,
(a) Baron.
(b) S Awj. L 3. Cottt. Crescon. 20? et Baron* ami. 303. « . 7.
et 12.
(c) Novett. 37.137. Co// t
30. IO DISS. I . ART. I . — LITURGIES
et de saint Basile, n'ont été écrites que vers le
e
commencement d u V . siècle, c'est qu'on ne trouve
d a n s a u c u n e d e ces liturgies ni les p r i è r e s p o u r les
p é u i t e n s , ni le r e n v o i d e ces p é u i t e n s ; n'est-ce p a s
u n e m a r q u e é v i d e n t e qu'elles n ' o n t é t é écrites qu'a-
p r è s la cessation d e la p é n i t e n c e p u b l i q u e a b r o g é e
par Nectaire , patriarche de Coustantinople , q u i
m o u r u t l'an 397 ? Si le renvoi d e s p é n i l e n s avait
été dans les l i t u r g i e s , o n l'y a u r a i t s a n s d o u t e laissé,
c o m m e o n y a t o u j o u r s laissé le r e n v o i d e s Caté-
chumènes.
0
7 . Saint Basile n o u s dit p i n s e x p r e s s é m e n t ce
q u e T e r t u l l i e n uotis avait déjà (ait e n t e n d r e , q u e
les f o r m u l e s d e s S a c r e m e n s , et s u r t o u t les p r i è r e s
d u c a n o n p o u r la c é l é b r a t i o n d e s SS. M y s t è r e s ,
n'étaient p a s écrites... « Q u i est-ce d e s S a i n t s , dit-
a
» i l , ( ) q u i n o u s a laissé p a r é c r i t les paroles de
» l'invocation p o u r faire le pain d e l'Eucharistie ,
» et la c o u p e d e b é n é d i c t i o n ? c a r n o u s n e n o u s
» c o n t e n t o n s p a s d e s paroles r a p p o r t é e s d a n s l'A-
» p o t r e , et d a n s l'Evangile ; nous en a j o u t o n s d'an-
» 1res d e v a n t et a p r è s , c o m m e a y a n t b e a u c o u p d e
» force p o u r les M y s t è r e s , et q u i n ' o n t p a s é t é
» écrites. » II fallait d o n c q u e les p r ê t r e s a p p r i s s e n t
ces paroles p a r c œ u r , e t q u ' o n n ' o s â t les é c r i r e
p o u r les c o n s e r v e r d a n s le secret e t d a n s le silence.
On n e p e u t p a s d o u t e r q u ' o n n'instruisit avec
soin les n o u v e a u x baptisés d e la v e r t u d u B a p t ê m e
q u ' o n l e u r c o u l e r a i t . C e p e n d a n t s a i n t Basile n o u s
fait r e m a r q u e r q u e les paroles a v e c lesquelles o n
consacrait l'eau et l ' h u i l e , et celui q u i recevait le
B a p t ê m e , v e n a i e n t d ' u n e t r a d i t i o n q u i se conser-
vait t o u j o u r s d a n s le silence , e t d a n s le m y s t è r e .
O n sera p e u t - ê t r e bien aise d e lire ici les e x p r e s -
s i o n s d e saint Basile d e la version d ' E r a s m e :
secramus autern aquatn baptismatis, et oletun une-
tionis, preeterea ipsurn qui baptismum accipit, ex
quibus scriptis ? nonne à tacita secretuque tradi-
(a) DeSpir. sanct. cap. 27.
31. DES IV. PREMIERS* SIÈCLES. II
tione? L e m ê m e s a i n t Basile n o u s d i t a u c o m m e n -
c e m e n t d e c e c h a p i t r e , q u e n o u s a v o n s des usages
q u i n o u s v i e n n e n t d e la t r a d i t i o n d e s A p ô t r e s q u e
n o u s c o n s e r v o n s e n m y s t è r e e t e n s i l e n c e , et q u i
o n t p o u r t a n t la m ê m e force p o u r la p i é t é : Quœdam
habemus è doclrina scripto traditu, quœdam rur-
sus ex Apostolat um traditione in tnysterio > id est 9
in occulta tradita recepimus : quorum utraque pa-
rem vim hubent ad pietatem, nec hisquisquam con-
tradicit, quisquis sanè vel tenuiter expertus est quœ
sint jura ecclesiastica.
L'église a d o n c c o n s e r v é p l u s i e u r s c h o s e s , m ê m e
p a r r a p p o r t a u x fidèles t o u c h a n t les SS. Mystères ,
p a r u n e s i m p l e t r a d i t i o n s e c r è t e , e t n o n écrite >
c o m m u n i q u é e a u x seuls m i n i s t r e s d e l'autel. Nonne
ex doctrinâ quam patres nostri silentio quieto mini-
mèque curioso servarunt? pulchrè quidem illi nimi-
rùm docte arcanorum venerationem silentio con-
servari.
8°. Ce q u e n o u s v e n o n s d e v o i r p o u r l'Orient a u
e
I V . siècle , é t a i t e x a c t e m e n t g a r d é e n Occident a u
e
c o m m e n c e m e n t d u V . Le saint Pape Innocent L ,
c o n s u l t é p a r D e c e n t i u s , é v ê q u e d ' i ù i g u b i o , s u r les
S a c r e m e n s , e t s u r l ' e n d r o i t a u q u e l o n devait d o n -
n e r la p a i x à la M e s s e , l u i r é p o n d q u ' i l a u r a i t p u
se c o n t e n t e r d'avoir a p p r i s à B o r n e l'usage q u ' o n y
g a r d e e n c o n s a c r a n t les SS. M y s t è r e s , et e n fai-
a
s a n t les a u t r e s choses s e c r è t e s : ( ) Scepe ditectio-
nem tua m ad urbetn venisse , ac nobiscum in ec-
clesia convenisse non dubium est, et quam morem
vel in consecrandis mysteriis, vel in cœteris agen-
dis arca/us teneat, cognovisse quod sufjicere arbi-
trarer ad informationem ecclesice tuœ , vel refor-
mationem , si preedecessores tui minus aliquid , aut
aliter tenuerint.
L e P a p e v e u t p o u r t a n t b i e n r é p o n d r e à ces dif-
ficultés, mais ce n e sera p a s e n c o r e sans b e a u c o u p
d e r é s e r v e : v o u s a s s u r e z , dit-il , q u e les p r ê t r e s
(a) Ep ad Dec
m
32. la DÏSS. I. ART. H. LITURGIES
v e u l e n t se d o n n e r la paix , et la faire d o n n e r au
p e u p l e a v a n t la c o n s é c r a t i o n d e s M y s t è r e s , au lieu
qu'il ne faut la d o n n e r q u ' a p r è s t o u t e s les c h o s e s
a
q u e je ne dois pas d é c o u v r i r ici ; ( ) Pucetn igitur
asseris utile co/i/ecta Mjsteria quosdatn populis
imperliriy imperure , vel sibi inter sa ce/claies Ira-
dere , cutn post omnia , quœ apeiire non debeo ,
pax sit necessario indicenda. C o m m e n t aurait p u
c r a i n d r e ce s a i n t Pape d ' e x p o s e r , et de d é c o u v r i r
ce q u i est d a n s le c a n o n , s'il avait é t é é c r i t , e t
q u ' o n p û t l'avoir facilement? Le P a p e a s s u r e n é a n -
m o i n s de n o u v e a u , en finissant sa l e t t r e , qu'il y
a des choses q u ' i l n'est pas p e r m i s d ' é c r i r e , m a i s
qu'il p o u r r a lui d i r e q u a n d il v i e n d r a à R o m e : Re*
hqua vero quœ scribifas non erat, cwn adfueris y
interrogati poterimus edicere.
C'en est assez p o u r ê t r e p e r s u a d é q u ' o n n ' a v a i t
p a s e n c o r e mis le c a n o n p a r écrit l'an /|it>, q u i
est la d a t e de la lettre d u Pape I n n o c e n t I. Cela
p o u r r a aussi suffire p o u r t e r m i n e r p l u s i e u r s q u e s -
tions q u i o n t é t é agitées p a r m i les s a v a n s , et p o u r
c o n n a î t r e e x a c t e m e n t le t e m p s d e s p r e m i e r s é c r i t s
d a n s lesquels le c a n o n se t r o u v e .
ARTICLE IL
Que les Liturgies attribuées à saint Jacques et aux
autres Apôtres > à saint Basile * et à saint Chry-
soslomr > n'ont pas été écrites par ces Saints* On
répond à iautorité de Proclus.
TVons d e v o n s i n f é r e r , des r e m a r q u e s p r é c é d e n t e s ,
i ° . q u e les liturgies qui s o n t en usage d a n s les égli-
s e s , et q u i o n t p a r u s o u s le n o m de saint P i e r r e ,
de s a i n t J a c q u e s , de saint M a r c , o u des a u t r e s A p ô -
(a) i:p. ad Dec. n. t.
33. DES IV. PREMIERS SlàcLES. l3
t r è s , n ' o n t pas é t é é c r i t e s p a r e u x . E t v é r i t a b l e m e n t
si c e s liturgies étaient d e s Apôtres mêmes dont elles
p o r t e n t le n o m , les églises d e s q u a t r e p r e m i e r s siè-
cles les a u r a i e n t c o n s e r v é e s p a r t o u t d a n s les m ê -
m e s t e r m e s , c o m m e o n a c o n s e r v é les actes d e s
A p ô t r e s , e t les a u t r e s livres s a c r é s ; on n ' a u r a i t ja-
m a i s o s é y faire q u e l q u e s a d d i t i o n s , o u q u e l q u e s
c h a n g e m e n s ; e t le concile d e L a o d i c é e les a u r a i t
insérées a u n o m b r e d e s livres c a n o n i q u e s d o n t il
fait T é n u m é r a t i o n , c a n . (>o.
a ° . N o u s d e v o n s i n f é r e r q u e ces liturgies d e s
A p ô t r e s , s a n s e x c e p t e r celle d e s a i n t J a c q u e s , q u ' o n
p e u t r e g a r d e r c o m m e la p l u s a n c i e n n e d e t o u t e s
les liturgies d'usage, n'étaient p a s encore entière-
e
m e n t é c r i t e s a u c o m m e n c e m e n t d u V . siècle ,
p u i s q u ' e l l e s c o n t i e n n e n t l e c a n o n q u i n e s'écrivait
p a s a l o r s , s e l o n le t é m o i g n a g e d u P a p e I n n o c e n t I.
en /|i6. A j o u t o n s q u e si elles a v a i e n t été écrites a u
e
I V . siècle a u t e m p s des A r i e n s , o u vers l'an 43o f
au c o m m e n c e m e n t d e s N e s l o r i e n s , les Pères n ' a u -
r a i e n t p a s m a n q u é d e les c i t e r c o n t r e ces h é r é t i -
q u e s ; parce qu'elle contiennent d e s prières direc-
t e m e n t o p p o s é e s à leurs h é r é s i e s .
Il-faut i n f é r e r en t r o i s i è m e lieu p a r les m ê m e s
r a i s o n s , q u e la l i t u r g i e d e s a i n t B a s i l e , et celle d e
s a i n t C h r y s o s t ô m e , m o r t e n 407, n'étaient p a s e n -
core écrites alors.
Il est vrai q u e s a i n t Basile a fait u n f o r m u l a i r e
d e p r i è r e . S a i n t G r é g o i r e d e N a z i a n z e le d i t e x p r e s -
a
s é m e n t ( ) ; p l u s i e u r s s a v a n s o n t c r u q u e c'était u n
f o r m u l a i r e d e t o u t e s les p r i è r e s d u sacrifice ; m a i s
o n n e l'a dit q u e plus d ' u n siècle après.saint Basile.
e
On voit s e u l e m e n t au c o m m e n c e m e n t du V I . s i è -
cle q u ' e n p l u s i e u r s églises d ' O r i e n t on disait q u e l -
q u e s o r a i s o n s d e saint Basile.
En 5^o , P i e r r e D i a c r e , et ses c o m p a g n o n s , e n
c i t e n t u n e d a n s l e u r s lettres a u x é v ê q u e s d'Afrique
b
exilés en S a r d a i g n e : ( ) Hinc etiam ùeuttts Baiilius
(a) Orafîo 20. de Bas. p. 40.
(h) la Bibtu Pair, et in append. T» X. 5 . Àug.p. M79
34. l/| DISS. I . ART. II. LITURGIES
Cœsariensis episcopus in oratiom sacri altaris quam
penè universus fréquentât Oriens i doua, i n q u i t ,
domine virtutem ac tutamentum etc. Mais il n e p a -
r a î t pas q u ' o n l u i a t t r i b u â t e n c o r e u n e liturgie
entière.
RfepoasE à F autorité de Proclus.
Véritablement on a un petit ouvrage o u plutôt
u n f r a g m e n t de traditione divince missce sous le
n o m d e P r o c l u s , d a n s l e q u e l il e s t d i t M q u e s a i n t
Basile a b r é g e a les liturgies d e s a i n t C l é m e n t et d e
saint J a c q u e s , d o n t la l o n g u e u r e n n u y a i t a l o r s les
assistans ; e t q u e saint Jean C h r y s o s t ô m e la r e n d i t
e n c o r e p l u s c o u r t e . Mais j e n e vois p a s c o m m e n t
on p o u r r a i t a t t r i b u e r avec f o n d e m e n t c e t o u v r a g e
à P r o c l u s , q u i fut fait é v ê q u e d e C o n s t a n t i n o p l e
en 434- Q u e l q u e i n t é r ê t q u ' a i t Allatius de faire va-
l o i r le t é m o i g n a g e d e l ' a u t e u r d e c e t o u v r a g e p o u r
a u t o r i s e r la l i t u r g i e d e s a i n t J a c q u e s qu'il d é -
b
fend ( ) , il n e laisse p a s d e d i r e j u d i c i e u s e m e n t
d a n s sa d i s s e r t a t i o n d e s livres ecclésiastiques d e s
c
Grecs ( ) : Si tamen illius Procli tractatus ille est.
V i n c e n t R i c a r d , q u i a fait i m p r i m e r à R o m e les
analectcs d e P r o c l u s , fait u n e l o n g u e é n u m é r a t i o n
des a u t e u r s q u i ont donné cet ouvrage à Proclus ;
et il a j o u t e c e t t e réflexion : Sed nec tractatus inte-
ger est sed potius fragmenttun quoddam excerp-
9
ium ex epistola vel tractatu sancti Procli à librario
qui liturgias exscripsit. Nam ita abrupte hœc ipsa
fuisse co/nposila haud crediderim unquam.
i°. Il m e s e m b l e qu'il n'y a q u ' à faire réflexion q u e
si Proclus a v a i t c o n n u l a liturgie d e s a i n t J a c q u e s ,
il n ' a u r a i t p u m a n q u e r d'en faire valoir l ' a u t o r i t é
(!
c o n t r e N e s t o r i u s . ( ) O n sait a v e c q u e l l e force il
(a) Quare T). lîasiliws, médira ([iiàdani ratione u s u s , breviornn
eani ac coacisiorem rrriclit. Haut! muliô post pater noster Joan-
n e s , cui aurea iinjiua oognomen d e d i l , mulla praHâditel utbrcwor
essi i ennstiluit, etc.
(!)) Opuscitf. Gnrc. p. 170.
{<;) De Jjùr. Jùci. Grwe. Dissert. 17.
(<1) Cône. Ephes. pari. l.
35. DES IV. PREMIERS SIÈCLES. l5
a
p r ê c h a c o n t r e lui à C o n s t & n t i n o p l e ( ) d e p u i s Tan
4^9» j u s q u ' a u concile d ' E p h è s e o ù il a s s i s t a , e t
Ton n e p e u t pas i g n o r e r q u e la q u a l i t é de m è r e d e
D i e u , Theotocos, est d o n n é e à la sainte V i e r g e
d a n s la l i t u r g i e de s a i n t J a c q u e s , et quelle y e s t
m ê m e a c c o m p a g n é e , a v e c b e a u c o u p de d i g n i t é ,
d e p l u s i e u r s a u t r e s e x p r e s s i o n s magnifiques. P r o -
clus n'a d o n c pas p u c o n n a î t r e c e t t e liturgie s a n s
en faire u s a g e d a n s ses vrais d i s c o u r s , qui se s o n t
c o n s e r v é s c o n t r e les N e s t o r i e n s . Ajoutons q u e d a n s
le f r a g m e n t a t t r i b u é à P r o c l u s , le célèbre Jean d e
C o n s l a n l i n o p l e est a p p e l é C h r y s o s t ô m e , n o m q u i
e
n ' a pas é t é d o n n é à ce s a i n t D o c t e u r avant le V I I .
s i è c l e , c o m m e n o u s le v e r r o n s p l u s bas.
0
a . N o u s a v o n s vu p a r les t e r m e s m ê m e s de s a i n t
B a s i l e , q u ' e n son t e m p s les p r i è r e s de la c o n s é -
c r a t i o n n ' é t a i e n t pas é c r i t e s : q u ' i l n'y avait p a r
c o n s é q u e n t p o i n t de l i t u r g i e , o ù elles se t r o u v a s -
s e n t p a r é c r i t ; et q u ' o n n ' a v a i t d o n c pas alors c e t t e
l i t u r g i e d e saint J a c q u e s . Si elle n e subsistait p a s ,
c o m m e n t s a i n t Basile l'aurait-il a b r é g é e ? et si elle
s u b s i s t a i t , c o m m e n t est-ce q u e ce saint D o c t e u r
a u r a i t pu d i r e (pie les p r i è r e s ( q u i se t r o u v e n t a u
l o n g d a n s la l i t u r g i e de s a i n t J a c q u e s ) n ' a v a i e n t
p o i n t é t é m i s e s p a r écrit ?
Si Ton p o u v a i t a j o u t e r q u e l q u e foi à la vie d e
saint Basile d o n n é e p a r u n a u t e u r q u i s'est n o m m é
A m p l i i l o c i i i u s , n o u s d i r i o n s , . n o n pas avec le p r é -
t e n d u P r o c l u s , q u e s a i n t Basile a b r é g e a les l i t u r -
gies de s a i n t C l é m e n t e t d e s a i n t J a c q u e s , m a i s
q u ' a p r è s a v o i r d e m a n d é à D i e u d u r a n t six j o u r s ,
la g r â c e d e c o m p o s e r d e ses p r o p r e s paroles les
p r i è r e s de la Messe. « Jésus-Christ lui a p p a r u t le
» s e p t i è m e j o u r p o u r lui a c c o r d e r sa d e m a n d e , e t
» qu'il mit d ' a b o r d s u r d u p a p i e r le c o m m e n c e m e n t
» d e s p r i è r e s , et t o u t le r e s t e de la liturgie. » Mais
c e t t e n a r r a t i o n d u p r é t e n d u A m p h i l o c h i u s est e n -
fa) ïl rtait alors éverpie titulaire de Cyzique, et faisait les fonc-
tions de nrctre ù Constaatinople.
36. lG DISS. I. ART. III. LITURGIES
c o r e p l u s v i s i b l e m e n t f a b u l e u s e q u e celle d e P r o -
clus, Q u o i q u e le p è r e G o a r , d a n s s o n E u c o l o g e ,
ait t â c h é de faire d o n n e r q u e l q u e c r o y a n c e à ces
r é c i t s , nous ne saurions sur de semblables témoi-
gnages d ' a u t e u r s f a b u l e u x , et q u i se c o n t r e d i s e n t ,
d o n n e r à s a i n t Basile u n e l i t u r g i e e n t i è r e ; o n v e r r a
e
s e u l e m e n t q u ' a u V . siècle on vit p a r a î t r e q u e l q u e s
liturgies s o u s son n o m , o ù l'on m i t les o r a i s o n s
qu'il avait c o m p o s é e s , et q u i é t a i e n t très-estimées
dans tout l'Orient.
ARTICLE III.
On marque le temps auquel les Liturgies des Consti-
tutions Apostoliques attribuées au Pape saint
Clément (*) ont été écrites j et quelle peut être leur
autorité.
b
E n s È B E n o u s a p p r e n d ( ) q u ' o u t r e les l e t t r e s q u e
s a i n t C l é m e n t , P a p e , écrivit à l'église de C ô r i n -
t h e , o n lui a t t r i b u a i t f a u s s e m e n t d i v e r s o u v r a g e s
écrits <n g r e c , mais il ne n o m m e pas en p a r t i c u -
l i e r les C o n s t i t u t i o n s a p o s t o l i q u e s , divisées en
e
h u i t l i v r e s ; il est c e p e n d a n t c e r t a i n q u ' a u I V . siè-
cle , on c o n n a i s s a i t u n livre i n t i t u l é , la doctrine
des Apôtres , (°) q u i est cité p a r le m ê m e E u s è b e .
Saint E p i p h a n c c o n n a i s s a i t cet o u v r a g e . Mais o u t r e
ce livre de la d o c t r i n e des A p ô t r e s d o n t il p a r l e
q u e l q u e f o i s en p a s s a n t , il y avait en son t e m p s u n
a u t r e o u v r a g e i n t i t u l é , les Constitutions des Apo-
(a) Quelques-uns se sont avisés de dire (nie les constitutions ont
été attribuées à quekufautre Clément, qu'a saint C l é m e n t , Pare ,
qui étant Romain , n aurait pas écrit en grec. îIais on de^iit luire
attention que saint C l é m e n t , quoique R o m a i n , a écrit des lettres
en grec , et que le titre porte expressément par C l é m e n t , évtque et
citoyen de Rome.
(b) Ilist. h'ccles. I. 3. r. 32.38.
(C) rm uTroifaw hiïxx&i. Ibid, C. 10.25.
37. DES IV. PREMtEHS SIECLES. 17
très M q u ' i l cite p a r t i c u l i è r e m e n t d a n s l'hérésie
9
b
70 , p a g . 822 , de l'édition d u p è r e Petau : ( ) saint
E p i p h a n e n o u s a p p r e n d d a n s cet e n d r o i t , q u e cet
o u v r a g e n'était pas r e c o n n u p o u r ê t r e des A p ô t r e s ,
et qu'il l ' a d m e t p o u r t a n t à c a u s e qu'il y avait d e
b o n n e s c h o s e s , et qu'il n'y v o y a i t rien qui s'éloi-
gnât de la foi , et de la d i s c i p l i n e de l'Église. Mais
les c o n s t i t u t i o n s n ' é t a i e n t p o i n t les m ê m e s q u e
celles q u e n o u s a v o n s H p r é s e n t , et q u i o n t été
p l u s i e u r s fois i m p r i m é e s d e p u i s c e n t ans. Ou voit
p a r l ' e n d r o i t q u e r a p p o r t e s a i n t E p i p h a n e , et d o n t
les A u d i e n s a b u s a i e n t , q u e les A p ô t r e s r e c o m m a n -
d e n t d e faire la P â q u e selon l'usage des frères qui
viennent de la circoncision, et o n lit tout a u t r e m e n t
d a n s les c o n s t i t u t i o n s q u e n o u s a v o n s . Le p è r e P e -
tau a r e m a r q u é cette différence , et p l u s i e u r s a u -
c
tres ; a p r è s q u o i il a j o u t e : ( ) apparet igitur aliud
fuisse constitutionum genus quam quibus hodie dé-
mentis nomen inscribitur. C e p e n d a n t cet o u v r a g e
p r é s e n t e t a n t de m a r q u e s d ' a n t i q u i t é , qu'il est r e -
c o n n u p l u s a n c i e n q u e le C o n c i l e de Nicée , p a r
p r e s q u e t o u s les savans ; le P. Morin , d a n s son
Traité des Ordinations, p a g . 1 0 . M. de Marca , d a n s
d
sa Concorde du Sacerdoce et de l* empire i ) ; Bevere*
e
gins , p r ê t r e anglican ( ) ; M. de L a u b e p i n e , d a n s
ses o b s e r v a t i o n s , 1. 1. c. i 3 . M. C o t e l i e r , etc. Cela
p e u t ê t r e r e g a r d é c o m m e i n c o n t e s t a b l e , par r a p -
p o r t au fond et à la p l u s g r a n d e p a r t i e des c o n s -
t i t u t i o n s . Mais la c o m p i l a t i o n t o u t entière , telle
q u ' e l l e est a u j o u r d ' h u i , n e p e u t pas ê t r e t o u t - à -
fait si a n c i e n n e . Ce q u e n o u s v e n o n s de r e m a r q u e r
d a n s s a i n t E p i p h a n e , est u n e p r e u v e q u ' o n y a d u
m o i n s fait d e s a d d i t i o n s e t des c h a n g e m e n s . Le Con-
(a) KTCoçl^M <2W*|/v. ( b j Epiph. hères 70. audian.
(c) Petav. animado. in Epiph. J 2. p. 291.
(d) Difficile est in tam alto veterum scriptorum silentio tempus
hujus colleetionis indagare, quam tamen certum est concilii INi-
1
crcni temnora anteeessisse. /. 3. c. 2. ». 5. p. ,3l.
(e) Conex eanonum Kcclesiœ primitive vindicatus ac illuslratus.
LOND. ÏG78.
38. |8 DISS. I . ART. III. LITURGIES
cile in Trulloy c a n o n 2. d i t p o s i t i v e m e n t , q u e l l e s
o n t é t é altérées et corrompues p a r des hérétiques.
IL e s t v i s i b l e e n effet q u e d e s A r i e n s y o n t i n s é r é
leurs erreurs en quelques endroits , quoiqu'ils e n
a i e n t laissé p l u s i e u r s q u i l e u r s o n t c o n t r a i r e s . T â -
chons de connaître par quelques observations, à
p e u p r è s le t e m p s d e cette c o m p i l a t i o n ; e t s u r t o u t
des l i t u r g i e s q u ' e l l e s c o n t i e n n e n t .
Il y a a u s e c o n d livre u n p r é c i s d e la l i t u r g i e ,
q u i n ' e s t q u ' u n s i m p l e e x p o s é d e (ont ce q u i d o i t
ê t r e o b s e r v é à la Messe j u s q u ' a u c a n o n ; après quoi,
dit la l i t u r g i e , on fait le sacrifice, tout le peuple
priant en secret ; et c h a c u n r e ç o i t avec c r a i n t e , e t
r é v é r e n c e le c o r p s et le s a n g d e J é s u s - C h r i s t , les
f e m m e s é t a n t voilées. Il n ' y a r i e n là q u i n e p u i s s e
c o n v e n i r a u x siècles a p o s t o l i q u e s .
Au s e p t i è m e livre o n n e t r o u v e q u e d e u x o r a i -
s o n s t o u c h a n t la l i t u r g i e : l ' u n e p o u r r e m e r c i e r
D i e u a y a n t la c o m m u n i o n , d e la grâce q u ' i l a faite
à s o n Église p a r J é s u s - C h r i s t N o i r e - S e i g n e u r ; l'au-
tre p o u r dire a u m o m e n t q u ' o n s'approche de la
s a i n t e c o m m u n i o n . Ces o r a i s o n s c o n v i e n n e n t à l a
e
fin d u I V . siècle , l o r s q u ' a p r è s celles q u e s a i n t
Basile avait écrites , p l u s i e u r s p e r s o n n e s se m ê l è -
r e n t d ' e n f a i r e : o n n e voit p o i n t e n c o r e ici , n o n
p l u s q u ' a u t e m p s d e s a i n t Basile , les p r i è r e s d e l a
consécration.
L e h u i t i è m e livre c o n t i e n t la l i t u r g i e t o u t e n -
t i è r e a v e c la p r i è r e d e l ' i n v o c a t i o n , et le r e s t e d u
c a n o n . L ' a u t e u r e n dit ici p l u s q u ' i l n'avait o s é e n
d i r e a u s e c o n d livre. 1 faut d o n c qu'il ait é c r i t c e c i
1
p l u s t a r d , et qu'il y ait e u d e s e x e m p l a i r e s q u i n e
c o n t e n a i e n t p a s cette l i t u r g i e ; e t e n effet M . R e -
a
n a u d o t ( ) p a r l e d ' u n e version S y r i a q u e d e ces c o n s -
titutions , q u i a plus d e mille a n s d'antiquité , o ù
t o u t e c e t t e l i t u r g i e n e se t r o u v e p a s . On n e s a u r a i t
r a i s o n n a b l e m e n t placer c e t o u v r a g e q u e vers la fin
e
d u I V . siècle a p r è s s a i n t B a s i l e , q u i m o u r u t Tan
(a) L î U r . Orient. T. J. pag. x . M$, AJed.
39. DES IV. PREMIERS SIÈCLES. IQ
879 , p u i s q u e ce s a i n t D o c t e u r n o u s a a p p r i s posi-
t i v e m e n t q u e la p r i è r e q u ' o n faisait a v a n t e t a p r è s
les p a r o l e s d e J é s u s - C h r i s t , n e s'écrivait p o i n t . Au
e
c o m m e n c e m e n t m ê m e d u V . siècle les Pères n e
n o u s p a r l e n t e n c o r e d e s p a r o l e s d e la c o n s é c r a t i o n ,
q u e c o m m e d'une prière mystérieuse ou secrète , ê
prece mysticâ consecrcdurn , selon l'expression d e
s a i n t A u g u s t i n . E n u n m o t , ils n ' e n p a r l e n t q u e
c o m m e d ' u n e p r i è r e q u ' o n n'écrivait p o i n t ; et si
o n a c o m m e n c é d ' é c r i r e les liturgies p l u t ô t e n
O r i e n t q u ' e n O c c i d e n t , ce n e d o i t ê t r e d u m o i n s
q u ' a p r è s la m o r t d e s a i n t Basile q u ' o n s'est avisé
d'en é c r i r e u n e e n t i è r e , et d e l ' a t t r i b u e r à s a i n t
J a c q u e s , c o m m e a fait l ' a u t e u r d u h u i t i è m e livre
des constitutions.
Alais il e s t à p r o p o s aussi d e faire q u e l q u e s o b -
servations, qui puissent empêcher des auteurs de
la p l a c e r t r o p t a r d . O n p e u t p o u r c e sujet o b s e r -
v e r , i ° . q u ' e l l e a é t é é c r i t e a v a n t l'empire d e J u s -
t i n i e n , q u i c o m m e n ç a à r é g n e r l'an hi*] , c'est-à-
d i r e , a v a n t q u e c e t e m p e r e u r a i t fait faire , c o m m e
n o u s v e r r o n s , q u e l q u e s c h a n g e r n e n s d a n s la p l u -
p a r t d e s liturgies , q u i é t a i e n t a l o r s e n usage d a n s
les églises d e s o n e m p i r e .
D a n s c e l t e l i t u r g i e le c a n o n s e t r o u v e p l u s c o n -
f o r m e à l'usage a n c i e n . Il e s t fort l o n g , le p r ê t r e
le r é c i t e t o u t seul , e t les assistans n e r é p o n d e n t
amen q u ' à la fin d e s p r i è r e s ; ce q u i c o n v i e n t fort
a v e c ce q u e n o u s a v o n s v u d a n s s a i n t Justin , q u e
le p r ê t r e p r i e l o n g - t e m p s , et a u t a n t qu'il p e u t , e t
q u ' à la fin d e s p r i è r e s o n l u i r é p o n d amen. D a n s
les autres liturgies g r e c q u e s , au c o n t r a i r e , q u i
s o n t p o s t é r i e u r e s , le p r ê t r e n e p r i e pas seul d e s u i t e
et u n i f o r m é m e n t . Il d i t u n e p a r t i e des prières à voix
b a s s e , l ' a u t r e à voix h a u t e , et il est i n t e r r o m p u
p a r d e s amen q u e les assistans r é p o n d e n t , ce q u i
n e s e t r o u v e q u e d e p u i s l ' e m p i r e d e J u s t i n i e n . Elle
est d o n c p l u s a n c i e n n e q u e la c o n s t i t u t i o n d e ce
p r i n c e , q u i sera r a p p o r t é e p l u s b a s .
2.