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@awintrebert
Conférence Blockchain 14 janvier 2016
Le Big Bang Blockchain – La nouvelle révolution numérique
Keynote Gilles Babinet
Digital champion pour la France à la commission européenne et entrepreneurs
Le Blockchain sera aussi disruptif que le protocole TCPIP qui a conduit à la révolution
digitale. Il s’agit d’une révolution anthropologique plutôt que technologique.
A l’ère de l’hypercapitalisme, la classe moyenne disparait depuis 1985 et la richesse se
concentre à cause des plateformes. Une nouvelle ère s’est ouverte avec l’open source
(wikipedia, fablabs…) qui vise à faire en sorte que tout le monde puisse profiter de la
révolution numérique.
Dans le monde numérique actuel, le passage par une plateforme était obligatoire car elle
garantit la sécurité et la certification.. Avec Blockchain, on n’a plus besoin de capitaliste. On
peut faire Uber sans Uber.
Par exemple :
- Bitproof certifie les contrats ;
- Monetis (western union déconcentré qui prélève 10% de tous les flux des diasporas) ;
- Factum fait du cadastre au Honduras = service public plus efficace.
Est-on victime de la courbe de la hype (après la hype, l’illusion collective, la déception et la
remontée progressive) ? La Blockchain a 3 limites importantes : un maxi de 1,8 transactions
par seconde, le minage demande de l’énergie et le temps réel n’est pas possible. Il est
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@awintrebert
probable qu’un retour aux réalités intervienne comme en 2002, lorsque le « mortar » est
revenu en grace !
Est-on capable d’horizontaliser le monde ? Il y a déjà beaucoup de signes que la terre
s’applatit :
- holacracie, agilité, scrum investissent de plus en plus d’entreprises ;
- La hiérarchie est de moins en moins importante. La connaissance et la compétence
ne sont plus le privilège de l’âge et de la hiérarchie.
- L’accès à l’éducation est de plus en plus facile (kahn academy, mooc, mooc en IA au
mozambique…). Ce savoir donne à tous une plus grande capacité d’empowerment.
Pour innover, la logique incrémentale n’est plus possible. Il faut repenser la société
radicalement. « Faites passer vos idées dans le réel et faites la révolution » !
Comprendre la Blockchain
Par Blockchain France
En 2008, dans un contexte de crise financière et de confiance dans les banques et les
monnaies, se formalise l’idée d’une monnaie numérique, le Bitcoin, pour devenir l’euro du
monde digital. Ses caractéristiques :
- Un échange directement d’utilisateur à utilisateur ;
- Une impossibilité d’échanger 2 fois le même Bitcoin ;
- Une monnaie sans autorité centrale.
Pour une transaction financière actuelle, c’est la banque qui décide de ces 3 points, pour la
Blockchain, c’est la communauté.
La solution proposée :
- Désintermédiation via l’utilisation des technologies d’échanges p2p ;
- Traçabilité par conservation des traces des transactions sur un registre global ;
- Consensus distribué par conservation du registre et vérification des transactions par
les participants.
Les bénéfices sont la diminution des couts, la simplicité de la preuve, la facilitation du travail
en commun et cela évite la fraude.
Table ronde : Vers la fin des banques ?
David François - Paymium / Philippe Herlin - économiste / Jean-Yves Rossi - Canton
consulting / Étienne Tatur – Moneytis*
Quels enjeux, quelles opportunités et quels dangers pour les banques ?
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@awintrebert
- Pour les banques, il y a plus de dangers que d’opportunités. Dès qu’on a un
monopole, il n’y a que des risques.
- Pour les transferts et pour garder son argent, on peut se passer de banque ! La
Blockchain, c’est décentralisé et ça vise la désintermédiation.
- La banque conserve sa vraie fonction sur le crédit (transformation de la maturité des
encours).
o Pour le paiement, le monopole n’existe plus depuis 2009. La Blockchain peut
être une réponse au défi de la fraude (entre 250 et 500 milliards) mais il
faudra permettre de payer avec le même niveau de service que le système
actuel (instantanéité, mondial, fiabilité).
- La Blockchain est l’uberisation ultime. Les plateformes type « uber » nécessitent des
ressources importantes et prennent de belles commissions. Il est probable que les
uberisateurs vont se faire uberiser, que de nouveaux acteurs vont émerger et écraser
les coûts.
Est-il possible pour des acteurs de réutiliser la technologie Bitcoin en se différenciant des
consortiums existants et de l’idéologie associée ?
- Le Bitcoin sera-t-il entravé par son côté sulfureux voire scandaleux (Dr Bitcoin et Mr
Blockchain) ? Non, car il y a un potentiel technologique énorme. En revanche, il y a
des contraintes comme la vitesse. C’est le début de l’aventure. Il ne faut pas
diaboliser le Bitcoin : il marche, est utilisé, a produit de la valeur et n’est pas encore
mort !
- Le Bitcoin se développe quand il y a beaucoup d’inflation, quand les monnaies ont
des pb (pays d’Amérique du Sud) ou quand il y a des contrôles des changes ou par un
effet « cool ».
- Swift coûte 4% des transferts : l’intérêt est évident.
- Le Blockchain privé a un intérêt mais pas aussi important que le public. Pour retarder
l’échéance, il est probable que les banquiers tentent de construire des systèmes
privés.
Quelles sont les problématiques d’implémentation dans les services financiers ?
- C’est une opportunité de repartir à 0 et d’assurer l’interopérabilité entre tous les
acteurs. C’est plutôt simple au niveau opérationnel. Mais il faut remplacer les SI
existants (il y a de la résistance).
- Si la technologie touche tout le monde, les banques iront (comme Skype a
abandonné sa techno propriétaire pour l’open source RTC embarqué dans firefox).
- Collaboration avec de grands acteurs => formation, échanges etc et qq
expérimentations, POC => Time stamping, certification avec la caisse de dépôt,
certification des diplomes avec Vinci, tenir le registre de titres.
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@awintrebert
*Moneytis = le service propose de rendre les transferts à l’étranger moins cher. L’usage des
services actuels est frustrant, agaçant et cher. Moneytis est le « booking.com » des solutions
de transferts. Moneytis indique être 3 fois moins cher que Transferwise qui est 3 fois moins
cher que les banques.
Les Smart Contracts
Nicolas Loubet cofondateur de Cellabz
Grâce aux Smart contracts (par ex Slock.it), on peut créer et exécuter ses propres règles de
contrats dans une architecture décentralisée, au lieu de passer par un point central, une
mairie, une préfecture etc..
La capacité de calcul se trouve dans chaque objet qui a une capacité de calcul, qui est
authentifié, et qui supporte les règles de l’organisation.
Réinventer la FrenchTech par la Blockchain
Pierre Alexis Ciavaldini fondateur de Résance (Fablabs) et étudiant à l’école 42
La stigmergie est un mécanisme de coordination indirecte entre agents ou actions. Le
principe est qu’une trace laissée par une action dans l’environnement stimule
l’accomplissement de l’action suivante, que ce soit par le même agent ou un agent différent.
L’open source est stigmergique !
La Blockchain est un registre daté global. Les Smart contracts sont les programmes posés sur
les Blockchains. Avec les blueprints (sorte de fichier zip qui contient tous les éléments pour
faire un objet) et la Blockchain, on pourrait breveter gratuitement les objets. En affectant
une partie de la valeur de l’objet à toutes les personnes qui ont contribué à un élément de
l’objet, on pourrait bâtir l’équivalent d’un droit d’auteur pour les objets.
Avec la BOP (programmation orienté Blockchain), on pourrait permettre l’exécution des
logiciels par la Blockchain.
Les enjeux de la mobilité et de la Blockchain
William el Kaim
Ce n’est pas le Blockchain qui est important, c’est la communauté.
De plus en plus de moyens de mobilité mais on ne se fait pas confiance. Pourquoi faut-il
autant de clés/cartes/identifiants ?
A côté des plateformes « étoiles noires » qui visent un monopole mondial, des plateformes
locales et collaboratives vont émerger. Elles favoriseront les échanges équitables entre
égaux.
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@awintrebert
Expérience intéressante de La’Zooz : toutes les relations sont gérées avec la zooz (monnaie
interne d’échange) et automatisées. La gamification est importante dans la communauté.
La Blockchain et l’avenir du travail
Philippe Honigman
La Blockchain, c’est de la décentralisation à grande échelle ! Ça permet de bâtir du
consensus sans autorité de régulation, par exemple dans l’entreprise.
Aujourd’hui, le modèle c’est la hiérarchie managériale qui commande et contrôle. Il y a une
dissociation entre la décision et l’éxecution à l’inverse de ce qu’il faudrait pour libérer la
créativité !
On a vu des essais pour réduire les strates, voire supprimer le management (holacratie…).
Les plateformes remplacent les hiérarchies des managers par des réseaux plats coordonnés
par du logiciel. Le contrôle existe mais il est très allégé. C’est un réseau d’indépendants
managé par le logiciel. Le problème est que toute la valeur peut être extraite totalement
(facebook) ou partiellement, (ebay, uber etc…).
La blockchain permet une organisation collaborative décentralisée (OCD), c'est-à-dire
l’association libre d’individus au sein de communautés ouvertes poursuivant un objectif
commun et définissant elle mêmes leurs règles de fonctionnement. Dans ce cas, il y a une
autorégulation et partage de la valeur au sein du réseau.
L’enabler des plateformes, c’est le web et le web 2.0. L’enabler des OCD, c’est la Blockchain.
Pour l’individu, la Blockchain permet de garantir la permanence, l’intégrité,
l’interopérabilité des mes actifs et de ma réputation ;
Pour l’organisation, elle permet de garantir la transparence et la résilience des
mécanismes de distribution de valeur et de gouvernance.
La blockchain est un vecteur de développement du travail décentralisé dont les
caractéristiques sont :
Fluidité et ouverture (ouvert à n’importe qui, qui peut choisir son rôle) ;
Auto organisation (à la place de la hiérarchie) ;
Méritocratie organique (non démocratique / reconnaissance activité, de
l’ancienneté, de la méritocratie…) ;
Distribution de la valeur (selon l’évaluation des pairs, en parts et en monnaie).
La place de l’Etat dans la Blockchain
Yves Moreau - Université de Louven
La Blockchain, c’est comme l’imprimerie, c’est une révolution.
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@awintrebert
De nos jours, le centre de la puissance, c’est la finance. La technologie peut avoir un impact
majeur sur cette situation.
Comment sommes nous régulés aujourd’hui ? La régulation présente des strates
historiques : les normes, les religions, le droit. Une nouvelle srate pourrait être le code
informatique. Selon Lawrence Lessig : « code is law ».
Comme à chaque apparition d’une nouvelle technologie, le rêve libertarien ressurgit.
Blockchain et revenu de base pourraient être le socle d’une nouvelle société. Mais comme
on a cru que le web, c’était la liberté, on a la même impression avec le Blockchain. 20 ans
après, le rêve s’est éteint sauf l’open source.
Objectifs au-delà de l’optimisation financière => optimiser les communs
François d’orléans Stratum
Décentralisation et démocratie
Le vote sur une Blockchain, c’est possible car toute transaction est incorruptible et
immuable. Avec un actif programmable, un protocole et une clé via la Blockchain et
Counterparty.
Conclusion
Primavera de Filippi - Chercheuse à Harvard et au CNRS
Un peu de prospective pour l’avenir.
Le Bitcoin est une technologie « trustless ». Il est possible de réaliser une> transaction avec
n’importe qui voire avec des objets, voire sans intervention humaine.
Or, dans des relations humaines, on a besoin de confiance. Une couche pour gérer les
relations humaines est nécessaire. Initiative Backfeed : système de réputation et de
répartition de la valeur en fonction de ce qui a été apporté. Il faut que les règles soient
décentralisées : gouvernance décentralisée. Créer un incentive économique pour inciter les
gens à participer / Nécessaire de trouver le système de gouvernance.
D’un point de vue juridique, ces organisations autonomes posent la question de la
responsabilité et régulabilité notamment pour les activités illicites. Même si on arrête celui
qui a créé le logiciel les transactions ne peuvent être arrêtées
Il faut bâtir des nouvelles normes et règles pour ces nouvelles technologies pour rapatrier le
Blockchain dans le monde réel. Réfléchir aux implications éthiques, aux rapports de forces
etc .